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Tout ce qui a été posté par Tancrède
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USA - Criailleries 2 - Rumeurs, controverses, polémiques
Tancrède a répondu à un(e) sujet de rogue0 dans Politique etrangère / Relations internationales
L'article ne précise pas si le gars avait déjà été condamné pour violence conjugale: s'il l'a déjà été, c'est un cas où la loi fédérale a un problème d'application dans un Etat donné, s'il ne l'a pas été (mais qu'il est apparemment violent), c'est un de ces cas où la présomption d'innocence peut être rageante. Mais d'un autre côté, s'il n'a pas été condamné pour violence conjugale, que faire? Commencer à prélever des armes à titre "préventif", parce que les statistiques disent qu'il y a une probabilité accrue qu'il s'en serve un jour contre sa famille? On commence à ouvrir la "pre crime division" de Minority Report? Les statistiques montrent que vous correspondez aux bonnes catégories qui prédisent plus de propension au crime, donc on vous punit préventivement? Même si le mec en question est un pur salaud, ça fait un peu rude comme "remède". -
Avec les mêmes résultats à attendre, si ce n'est que le client ne sera pas l'employé de bureau ou l'ouvrier voulant son verre en fin de journée, mais l'ado ou le yuppie, et que les réseaux criminels se mitrailleront et feront péter des magasins à cause de guerres de turf fondées sur la revente de propylène glycol, soit essentiellement la matière première du sirop pour la toux. Mais à côté de ça, les joints seront en vente libre, la merde chimique de l'agro-business continue à être consommée en masse, et nos lieux de vie (littéralement toutes les surfaces qu'on touche, ce qu'on finit par lécher -les couverts par exemple, nettoyés avec quoi?-, l'air qu'on respire, les trucs qu'on ingère "pour la santé", ceux dont on se tartine "pour l'hygiène"....) seront toujours saturés d'agents chimiques/biologiques dont beaucoup sont nocifs par eux-mêmes, et dont le cocktail cumulé et permanent a des effets pas/peu étudiés (en partie à dessein), mais qu'on laisse vendre parce que s'en passer est inconcevable, que ça rapporte trop et que ça ne tue ou endommage que de façon moins rapide ou spectaculaire. Donc haro sur l'e-clope, parce que.... Y'en a qui ont des raisons? Et que ça va sûrement marcher . Surtout à l'ère du commerce électronique. Garanti, ça va marcher, et au final, on ne se retrouvera certainement pas avec une "interdiction" en-deçà d'un certain âge et une taxe supplémentaire pour rendre tout cela moral, surtout à San Francisco, la ville la plus taxée de l'Etat le plus taxé, où le niveau de vie, même de la classe moyenne supérieure, est aux chiottes, et où la mairie ne sait plus quoi ponctionner pour alimenter son train de dépenses hallucinant et son incapacité à satisfaire à ses missions de base: capitale mondiale des rues-crottoirs, squats, campements à ciel ouvert et des seringues au sol.
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Inde : politique intérieure et internationale
Tancrède a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est une industrie de 70 milliards de dollars mondialement, avec une lourde part d'abus et de corruption, de "tragédie des biens communs", et de criminalité; en Inde, ça a l'air assez développé: https://en.wikipedia.org/wiki/Sand_theft -
Allemagne
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Tu doutes du grand leader sacré encensé par tous (ceux qui comptent)? Tu vas avoir des problèmes! -
Inde : politique intérieure et internationale
Tancrède a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
Apparemment, l'Inde est en ce moment frappée par une dure sécheresse qui se juxtapose au fait que la mousson a l'air d'être en retard cette année, alors même que seulement 1/4 de la population a l'eau courante potable à domicile, que 600 millions d'Indiens sont directement touchés par la sécheresse, et que, déjà en temps ordinaires, 200 000 personnes meurent chaque année par manque d'eau ou contamination de leur eau (dans les deux cas, un problème d'infrastructure insuffisante ou absente, et/ou problématique). 400 à 700 manifestants dans l'Etat du Tamil Nadu (membres d'un parti d'opposition) ont été arrêtés, suite à un mouvement de protestation assez massif Mais le problème cette année atteint une plus grande échelle, non seulement par lui-même mais aussi parce qu'il se surimpose aux problèmes croissants posés par l'urbanisation dans le pays: 54% des puits indiens sont en grave déplétion en raison de ponctions bien supérieures aux capacités de renouvellement. De ce fait, 21 grandes villes devraient commencer à connaître de lourds problèmes d'approvisionnement en eau dès cette année, ce qui représente autour de 100 millions de personnes (source: NITI Aayog, une agence gouvernementale indienne). Chennai, la capitale du Tamil Nadu (et 6ème ville du pays), ne serait donc que la première dont le problème d'eau deviendrait un fait d'actualité politique majeur. Outre les problèmes du système de distribution d'eau (mal géré, très insuffisant, couverture très partielle du pays), il faut souligner que la mousson à elle seule couvre 75% des besoins en eau de l'agriculture (dont dépend 70% de la population). -
Un exemple datant de la semaine dernière: https://www.forbes.com/sites/evangerstmann/2019/06/17/race-the-jury-and-the-harsh-verdict-against-oberlin-college/ https://www.wsj.com/articles/oberlin-pays-for-smearing-the-town-grocer-11560294176 https://legalinsurrection.com/2019/06/irony-ultra-liberal-oberlin-college-will-save-millions-on-gibsons-bakery-verdicts-under-republican-tort-reform/ https://www.academia.org/gibson-bakery-wins-lawsuit-against-oberlin-college-to-the-tune-of-22-million-in-punitive-damages/ https://legalinsurrection.com/2019/06/student-journalist-shoplifting-at-gibsons-bakery-was-part-of-oberlin-colleges-culture-of-theft/ https://legalinsurrection.com/2019/06/oberlin-college-warfare-on-gibsons-bakery-shows-this-can-happen-to-anybody-its-not-just-a-campus-phenomenon/ Les échanges mails internes de l'administration de l'université Oberlin montrent par ailleurs à quel point cette aristocratie des campus s'estime au-dessus des lois réservées aux "paysans", et refuse d'assumer toute responsabilité, mais il semble bien que cette fois, un verdict réellement punitif ait été appliqué contre une de ces vagues "woke" de pure coercition politisée sans fondement légitime, pas contre les étudiants coupables, mais contre l'université qui a fait bien plus que leur laisser un "droit à la libre parole" (trop de preuves d'une participation active par la haute administration de la fac, et d'un refus de toute responsabilité après). La petite boulangerie familiale qui a été démolie dans l'histoire va récupérer une lourde compensation, qui sera sans doute rabaissée en raison de diverses lois de l'Etat (il est douteux qu'ils touchent les 44 millions infligés par le tribunal, ça pourrait même vraiment n'être qu'un quart de ça), mais l'événement fera date dans le milieu universitaire, et il est à souhaiter que le board de la fac vire sans façon toute la direction, qui est directement ou indirectement, ne serait-ce que par passivité et irresponsabilité, complice.
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Tiens, sur un sujet que j'affectionne et suis beaucoup: https://www.cnbc.com/2019/06/18/sen-hawley-bill-would-revoke-cda-section-230-for-large-tech-companies.html Beaucoup de choses dans cet article, surtout dans la façon dont le dit sujet est traité, plus que sur la substance même: dans les faits, le texte a peu de chances de jamais passer, même très amendé. Outre la différence de majorité entre les deux chambres, et l'extrême militance qui domine en ce moment dans une gauche guidée, comme la droite par le Tea Party et les Néocons en un autre temps (et encore plus dans le contexte électoral 2010, qui empêchera toute gouvernance utile encore plus qu'à l'ordinaire), il y a beaucoup, vraiment beaucoup de fric introduit dans la partie par les GAFA dont il est reporté depuis plusieurs mois qu'ils recrutent des bataillons d'avocats et élaborent des stratégies politico-légales en vue de l'inévitable débat sur leur réglementation. Mais le texte a touché un point sensible, et l'article en question, venant d'une partie tout sauf désintéressée, le montre. L'angle choisi pour l'article est de pointer une mise en danger du business model, alors que la réalité du texte vise plutôt, et de façon assez claire, à imposer un traitement politiquement/idéologiquement neutre de la gestion des contenus en ligne, parce que, et c'est là qu'est l'os aux USA, par rapport à la façon dont ces questions se posent par chez nous (où la censure est en train de s'imposer sans grand obstacle, garantissant à terme un même blocage des débats sur internet qui est arrivé dans le champ des médias tradis de grande audience, et avec lui la non représentation d'une portion croissante de l'électorat à gauche, à droit et ailleurs; par exemple, le parti de droite dure espagnole VOX vient d'être viré de Twitter: les GAFA choisissent les partis et candidats qui peuvent parler).... Les USA ont un Premier Amendement, et, plus largement, un certain niveau de contrainte à un débat ouvert. Techniquement, les GAFA sont des entreprises privées, donc n'ont pas, stricto censu, d'obligation de ne pas censurer, mais, et c'est sans doute à cela que le débat public, le combat politique, la guéguerre législative et réglementaire, et sans doute aussi des actions en justice (le tout au niveau fédéral ET au niveau des Etats) aboutiront, la question se corse autour de la distinction entre plates-formes et publication, et sur le sujet de la lutte antitrust. Jusqu'ici, les GAFA s'en sont tiré en agissant de fait, et de plus en plus (surtout depuis 2016) comme des publications, tout en se cachant derrière le statut de plate-forme/common carrier, auquel ils tiennent vraiment beaucoup. Comme les opérateurs téléphoniques ou les distributeurs d'eau (services qui n'ont pas le droit de discriminer), sous ce statut, ils ne peuvent être tenus pour responsables des actes, dires et choix de ceux utilisant leurs services (France Telecom ne peut être mis en cause si des terroristes ont planifié un attentat via son activité)... Mais ils vivent beaucoup de la pub, ils ont souvent une image et des axes de communication idéologisés, et une bonne partie de leur staff est très militante, sans compter qu'ils sont vulnérables aux harcèlement online par des groupes militants menaçant tout et son contraire si telle ou telle chose est dite sur leurs sites. Donc ils censurent, avant tout parce qu'ils veulent attirer et garder des annonceurs eux-mêmes en proie à des contraintes similaires, et parce qu'ils savent aussi qu'ils peuvent influer sur le débat public, peser politiquement, et par là servir leurs fins (dont certaines sont idéologiques, d'autres marchandes, d'autres de protection), et monnayer cette puissance (pour eux et d'autres). Cette orientation, qui est devenue très manifeste, tend à énerver du monde, surtout à droite et au centre, mais aussi dans certains quartiers de la gauche, sachant que d'autres n'aiment pas la tendance oligopolistique/monopolistique de ces boîtes. Donc les mettre en face d'un clair set de droits/devoirs comme plate-forme ou publication (régime sous lequel on est responsable de ce qu'on laisse dire/écrire dans son média) serait en soi une solution, et résoudrait beaucoup de choses actant le fait que les médias sociaux sont de facto devenus la nouvelle arène publique du temps, celle à laquelle tous doivent avoir accès pour des raisons démocratiques (les GAFA gardant le droit de monétiser ou non ce qui se dit par chez eux), sous peine de créer des inégalités lourdes et un abus de position dominante. Sous un régime de plate-forme, la seule obligation des GAFA serait de chasser des contenus illégaux ce qui, aux USA, veut dire la menace directe, le doxxing, l'incitation directe et explicite (la moins soumise à débat idéologique et à trop de partialité) à la violence (et au crime en général) et à la haine pour un nombre limité de motifs (raciaux, de sexe, de religion, d'orientation sexuelle), et des trucs comme la sexualité sur mineurs et la traite humaine. Rien de plus. En cette instance, un régime de plate-forme fait d'une entreprise une sorte d'opérateur de service public marchand, et dans ce domaine, un agent du 1er Amendement, contre lequel un gouvernement ne peut légiférer. C'est un garde-fou que l'on n'a pas vraiment en Europe où la "libre expression" est ce qu'il reste quand le "haut" a décidé de tout ce qu'il ne voulait pas voir, selon la mode et les compromis et intérêts politiciens du moment. Mais là, et ça vient de CNBC, donc NBC, donc un groupe média "classique" très impliqué dans le débat, d'autant plus que ce sont ceux qui se sont tout fait bouffer par les GAFA, audiences et budgets pub en tête, l'article se fait soudain "protecteur" en pointant un potentiel dommage fatal au business model des grands de l'internet. On a la larme à l'oeil devant tant d'altruisme. Le texte n'est certainement pas exempt de défauts du point de vue des opposants à la censure, notamment dans le fait qu'il risquerait de sédimenter la domination du marché qu'ont les GAFA actuellement (en enlevant tout attrait potentiel à des plates-formes plus petites qui proposeraient une liberté d'expression totale comme avantage compétitif), mais d'une manière ou d'une autre, ce débat doit avoir lieu, et s'il foire au Congrès (probable), il aura lieu dans les Etats, comme c'est déjà le cas au Texas, entre autres, il aura lieu dans la campagne présidentielle, et il aura lieu dans le système judiciaire (déjà des procès en phase initiale). Et il n'aura pas lieu que selon la césure "droite cherchant à retrouver des lieux d'expression" vs "gauche en position dominante absolue": Elizabeth Warren, qui a actuellement trouvé un peu de vent pour sa poupe (rien de sale) dans les primaires, en a fait un item majeur de sa campagne, dans l'optique d'une lutte antitrust (parce que la censure ne la gêne absolument pas), et beaucoup à gauche n'aiment pas non plus ces quasi monopoles, notamment la gauche qui est aussi censurée par eux (particulièrement la gauche anar et anti-guerre). Une réponse des GAFA ne s'est pas faite attendre, par un porte parole de "l'Internet Association" qui les rassemble: "ce texte force les plates-formes à faire un choix impossible: héberger des propos répréhensibles, mais protégés par le Premier Amendement, ou perdre la protection légale qui les autorise à effacer des contenus illégaux comme ceux liés au trafic d'êtres humains ou aux extrêmismes violents. Cela ne devrait pas être un compromis acceptable". La réponse illustre l'hypocrisie totale et complète, et la façon dont les GAFA se sont habitués à l'impunité: rien dans le texte ne leur enlève la possibilité de policer des contenus illégaux (ce que la traite humaine et l'incitation à la violence sont), mais adresse leur façon très arbitraire et personnelle de se moduler à l'envi la définition de ces choses (notamment la définition de "haine" et "d'incitation à la haine", ou de "violence", qui deviennent exactement ce qu'ils veulent: ne pas appeler un transgenre "Zey/Zem/Zer" devient un appel à la haine, ou carrément un acte de violence, par exemple, et même traiter certains sujets devient interdit, ou encore un documentaire historique sur le nazisme devient un "contenu dangereux"). L'hypocrisie de la réponse illustre assez parfaitement autant l'activisme idéologique/politicien et sa façon de vider les mots de senset d'étirer des définitions à l'infini pour la convenance, que l'abus d'un statut légal pour des fins commerciales, alliance d'activisme, d'intérêt politico-financier (de pouvoir) et de pur cynisme commercial qui a déjà emporté la presse, réduite actuellement à jouer les mafias au petit pied essayant de désigner méchants et gentils sans souci de vérité pour participer au jeu politique et y opérer un racket dans l'espoir de ramener un peu d'attention publicitaire de son côté. C'est un des grands débats de notre temps, et il est temps qu'il commence réellement, pas de façon détournée. Certains, par ailleurs, essaient de mettre sur la table un "Internet Bill of rights" suffisamment consensuel. Affaire à suivre. A beaucoup suivre. Etre mal lu avec de tels termes???!!!! Les bras m'en tombent ! Cachez cet esprit malsain que je ne saurais voir ! Mais je faisais un peu référence à la manière supputée de son exécution
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C'est pas tellement sur les flingues que les dites politiques, si elles étaient mises en place par une majorité "woke", seraient centrées, entre autres parce que ne pas réellement traiter ce sujet laisse à la gauche un de leurs sujets préférés pour taper médiatiquement sur la droite, tout comme ne surtout rien faire sur la sécurité à la frontière -aujourd'hui même pointée du doigt par nombre de "grands titres" de gauche, dont le NY Times, est une constante chez les Dems: ils s'alièneraient trop de monde en faisant quelque chose, et perdraient une bonne occasion de traiter la droite de nazie régulièrement. Ce serait plus sur quantités de "petites" et moins petites politiques de tous les jours. Pour ce qui est de la violence par armes à feu, et c'est aussi ce sur quoi les flics se fondent généralement beaucoup plus que sur une supposée forte proportion d'entre eux qui serait faite de "gun nuts", il faut noter que, hors des délires de la sphère médiatique, je crois que quelque chose comme 90% ou plus des morts et blessés par armes à feu (hors des suicides, qui comptent pour plus des 2/3 des morts) le sont par des armes illégales, issues de la contrebande et de vols. Moins de 10% le sont par des armes achetées légalement en magasin (et ce pourcentage est corrélé en fait avec la violence domestique qui se termine avec l'usage d'une arme à feu) ou issues des "gun shows loopholes" (des vides juridiques soi-disant énormes dans la réglementation des expositions d'armes à feu et des ventes qui s'y produisent) qui sont essentiellement des armes du champ médiatique, sans grande réalité mesurable. Et c'est là que la gauche médiatique US a créé une impasse dans le débat, parce qu'adresser le problème reviendrait à voir que la quasi totalité de la violence par armes à feu est liée au fait criminel, et pour l'essentiel à la criminalité organisée; or, traiter ce problème reviendrait essentiellement à parler de questions avant tout ethniques, vu que la part du lion, pour ne pas dire la quasi totalité, de la criminalité organisée violente, en tout cas la part du lion, est le fait aujourd'hui de gangs noirs et latinos (y'a encore un peu de russe, une quantité limitée d'asiatique, quasiment plus d'italien, un tout petit peu de nazillon, et du biker -ces derniers étant le plus souvent multi-ethniques, avec de grands gangs de bikers latinos et asiatiques). Et adresser la question sous cet angle est tabou et vous vaut l'ostracisme permanent. D'autant plus parce que l'essentiel de cette violence, au plan géographique, se concentre dans des zones urbaines et, électoralement, presque uniquement démocrates. Donc encore moins de raison de "parler vrai". Un sujet édifiant dans ce registre: les "fusils d'assaut", devenus en quelques années l'emblème iconique du débat après un petit nombre de tueries dont le lobby anti-armes à feu est parvenu à faire l'axe de toute politique en "habillant" le discours à sa sauce pour nommer le problème "automatic weapons" (note: quasiment toutes les armes vendues aux USA sont des "automatic": à part des revolvers à barillets et des fusils à pompe, tout est auto) et ainsi mieux stigmatiser les armes par de telles formulations. Dans la réalité, les armes longues (pas que les AR-15, dont la désignation est devenue synonyme, dans les médias, pour toute arme à feu faite pour la tuerie de masse) comptent pour moins de 0,5% des morts par armes à feu aux USA. Mais comme c'est évidemment un outil flippant, tout le débat s'y résume, dans une volonté éditoriale calculée (sans doute aussi mêlée d'ignorance du sujet) pour assimiler toute arme à feu à ces objets qualifiés indifféremment de "automatic" ou "military style". Comment va réagir le camp d'en face? Avec confiance sur la volonté de leurs adversaires pour une discussion raisonnable? On sait qu'environs 50% des électeurs démocrates sont pour l'abolition totale des armes à feu privées, et c'est disproportionné chez les citadins (qui tendent plus à être démocrate): comment, pour les partisans du droit au port d'arme (qui sont aussi nombreux à gauche, notamment chez les minorités ethniques), croire qu'un changement légal fait avec ces gens là ne sera pas juste un coin enfoncé dans la loi pour élargissement ultérieur? La confiance, préalable nécessaire au dialogue, n'est pas là. Et rien chez ceux qui animent le débat public n'est d'ailleurs là pour aplanir les différences et commencer à la créer: ils vivent trop bien de la caricature, de l'idéologie, du racolage émotionnel, de l'invective permanente et du sensationalisme. Donc l'essentiel de la plate-forme contre la violence par armes à feu côté démocrate est vouée à n'être qu'une matraque médiatique pour attirer d'une part le vote bien-pensant bobo, celui des gens choqués par quelques événements horribles (or, les school shootings représentent 1% à peine des morts par armes à feu), et celui des minorités ethniques. En face, malgré le fait qu'ils pointent de bien meilleures analyses et statistiques, les républicains proposent des solutions fondées sur le "pas touche à quoique ce soit", qui ne garantit aucun progrès non plus, et ce juste pour garder leurs électeurs ruraux, idéologiques et péri-urbains. Vu le niveau de cristallisation malsaine de ce débat et de décalage total des discours et postures médiatiques par rapport à la réalité pratique, il y a peu à espérer quand à l'idée-même d'un espace de compromis utile.
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[BREXIT]
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
... Qui le "percera" à jour ? -
Comme mentionné, la principale violence est sociétale, professionnelle/réputationnelle, culturelle, médiatique.... Tu peux ruiner des réputations, blacklister (des individus, des courants d'opinion, des groupes religieux/culturels/ethniques...), pousser des quotasde "catégories protégées" (donc de fait discriminer sur base ethnique/sexe/sexualité/religion) dans tels ou tels domaines, censurer (des ouvrages, des idées, des travaux de recherche....), fermer ou ouvrir l'accès à tous les niveaux de décision (politique nationale/locale, organisations spécialisées, milieu professionnel ou associatif....), impacter les programmes d'éducation à tous les âges, donner le "la" de qui est "condamnable" ou "louable" dans la société (exactement comme le faisait la "moral majority" sous Reagan, qui avait nettement moins de puissance de feu médiatique/culturelle/sociale).... Pour ce qui est de la violence physique, mais aussi de la violence réputationnelle, dans le monde réel ou online, qui se fout qu'il y ait des pros de la bagarre (très peu nombreux de toute façon) ou des rednecks surarmés? L'important est de savoir quelle faction est organisée et rôdée à ses méthodes, quel côté a de multiples niveaux de structuration (de la petite orga "grassroot" locale à la grande association nationale, et tous les échelons entre les deux) plus ou moins coordonnés entre eux et surtout partageant une même vision, ou au moins quelques directions communes. Ca donne toujours des hordes qui peuvent écraser des petits groupes et individus par la simple masse. Qu'ils soient tous des cloportes anémiques ou non, ils l'emportent, dans le monde physique comme dans la sphère publique. Cette idée qu'il y a des armées de rednecks et fanas du 2ème Amendement prêts à descendre dans la rue en unités organisées à une échelle autre qu'anecdotique est un fantasme made in MSNBC/CNN/Vox/Huffpo. De fait, tout ce qui n'est pas dans la gauche dure/SJW/"woke"/"progressiste" (en redéfinissant "progrès" très fort) est très, très peu organisé ou même très connecté aux USA, hors peut-être la droite évangéliste qui, quoiqu'on en dise, n'est pas violente (je ne parle pas de groupuscules ou autre, mais de mouvements démographiquement significatifs), et se cantonne juste à certains domaines du débat public, là où la gauche militante et la masse encore plus grande de ceux qui y sont plus ou moins affiliés puisent dans la méthode totalitaire: il n'y a pas un aspect de la vie qui ne puisse, pour eux, faire l'occasion d'une manif et d'actions concrètes (pour dire que c'est "colonialiste", "capitaliste", "oppressif", "raciste", "patriarcal"...). Et s'il te plaît, ne te moque pas du qinoa: c'est très bon, pour peu qu'on le serve avec le bon accompagnement (ratatouille et beaucoup de jambon pour moi) et par plâtrées d'1kg. Sinon, nature et avec du tofu et du kale, oui c'est vrai, ça fait tapette.... Mais c'est pas la faute du qinoa.
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La plus parfaite des opérations HOMO: l'exécution d'Edward II d'Angleterre: remplit la définition à plus d'un titre . Non, je ne sortirai pas, même si je devrais. On peut en rire, et on le doit tant qu'on y est encore un peu autorisé (ça va pas durer), mais sur le plan sérieux, et sans doute encore plus aux USA, où, comme par chez nous même si peut-être moins vite et pas via l'Etat, le libre débat, la liberté de propos et de ton, ainsi que la liberté d'expression, sont en train de mourir de fait plus que de droit par les forces médiatiques, sociales, académiques et corporate (GAFA en tête). Et la chose peut être ramenée de manière exemplaire à cet acronyme, ou à quelques autres mots et expressions: ça a commencé en "LGBT", c'est devenu "LGBTQ", puis ça a été "LGBTQ+", puis ça a pris des dizaines d'itérations (apparemment, "bien" le dire au Canada, par exemple, implique 16 lettres et sigles dans l'acronyme.... Au moins.... Et c'était l'actu la dernière fois que j'ai regardé; ça change vite), le point étant que ça change, ce n'est aucunement fixé dans le marbre, ce n'est jamais la même chose suivant à qui on parle, mais si on le dit mal et/ou qu'on a un ton spécifique en le disant, on est jugé et condamné immédiatement pour ça, sachant bien évidemment que "le dire mal" et "le dire avec un certain ton" est essentiellement arbitraire, entièrement ou presque dans la tête et les desideratas de la personne qui juge (et veut attaquer, veut blâmer quelqu'un pour quelque chose), et fondamentalement voué à être équivoque et ajustable à la tête du client, à l'hystérie de l'accusateur et au besoin du moment, comme dans tout bon système totalitaire. Pour citer Fouché, "nul ne saura s'il est en règle, car la règle sera équivoque.... Equivoque, mais, redoutable". Donc pas la peine de chercher le bon acronyme: il n'y a aucune forme arrêtée, c'est juste un piège pour accuser ceux qui "pensent mal" et confirmer la puissance sociétale/médiatique de ceux qui sont "du bon côté", ou tout simplement prompts au pointage de doigt. Comme sur les campus américains, ça donne une société d'accusateurs et de dénonciateurs (pointant des crimes en immense majorité maginaires par hystérie et/ou pour des besoins personnels, intéressés, politiques/idéologiques), où la confiance ne peut exister, où chacun se retranche (s'il le peut) sur une "identité" de substitution, un groupe dans les faits inexistants en tant que tel (le terme "communauté" sera souvent invoqué, sans grand contenu autre que des groupes pro d'hyper militants peu représentatifs), et où le jeu est uniquement de pouvoir coercitif plus ou moins violent, impliquant au besoin la violence physique, mais plus souvent une violence sociétale, médiatique, réputationnelle, culturelle.... Tous les attributs d'un certain passé estampillé de la faucille et du marteau, avec un accent particulier sur la forme adoptée lors de la révolution culturelle chinoise. Certains appellent ces gens "SJW", ou "SJ activists", "intersectionnels".... Personnellement, j'essaie maintenant de référer à cette mentalité comme à celle des "Gardes Rouges" des années 60, parce que c'est exactement ce qu'ils sont, au final, dans leur forme militante (groupes professionnels de "revendication" anti-raciste, anti-homophobie, "anti-fascistes".... Qui ne font réellement qu'invoquer ces causes pour bien autre chose), dans leurs formes académiques et médiatiques (c'est plus policé la plupart du temps, mais la même substance, la même volonté), et c'est ce qu'ils inspirent, guident, accompagnent.... Dans d'autres champs d'activité, de parole et de pensée, que ce soit à l'université et l'école, dans le débat public, la scène culturelle et de divertissement (même la presse des geeks est polluée maintenant), dans les entreprises (notamment la GRH et le marketing).... Et évidemment, il y a des élus activement militants, et surtout d'autres qui s'alignent servilement sur l'agenda. Si on cherche une ligne croissante de division "dure" de la société américaine, et un vrai danger de cassure, c'est sans doute là qu'il est le plus potentiellement grave.
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[BREXIT]
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Johnson ne sera jamais 1er ministre assez tôt à mon goût (s'il le devient jamais), car j'ai du mal à tempérer mon impatience quand au fait que, quand il sera en place, on pourra honnêtement dire que le 1er britannique est une queue ("johnson", un nom courant en anglo-saxonnie, est aussi un mot d'argot pour dire la bite)... Avec tous les memes et gags qui fleuriront encore plus sur internet. A quoi pourra ressembler "a Johnson's Brexit", selon vous? Pas d'images salaces sur ce digne forum, SVP . -
J'allais le dire! N'as tu pas honte de prononcer de tels mots: on est en plein milieu de "Pride Month"!!! Bordel! Toi, tu vas aller en centre de rééducation pour une session lourde de "sensitivity training".
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Ca s'appelle pas le code source ?
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Le moment où la chose est encore possible pourrait-il déjà être passé dans les démocraties? Je me demande.... Pour la note, au même moment où Libra était annoncé avec ses tout beaux partenaires financiers (si financiers), on avait des éclaircissements sur le développement de Google dans une vingtaine de pays supplémentaires (j'imagine qu'ils étaient déjà présents, mais qu'ils venaient de conclure des accords avec les gouvernements concernés). Maintenant, tu prononces ce nom 20 fois, à voix haute et à toute vitesse.
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Le marché publicitaire, c'est désormais Google et Facebook: le reste se partagent des clopinettes en comparaison. La sphère des médias sociaux, ce sont les deux compères encore (avec twitter), et par là, la "consommation" d'internet dont ils sont les intermédiaires privilégiés de fait (avec des nuances nationales). A quand un Facebook qui finit par "imposer" sans le dire aussi expressément, les tokens Libra comme le seul moyen de paiement, de régler des achats.... Sur ses plates-formes et affiliés, sur tout ce qui dépend directement ou indirectement de lui, constituant ainsi des bases de données permanentes sur chacun encore plus invasives que celles qu'ils ont aujourd'hui, et un contrôle de fait sur les comportements? A noter que les deux grands compères contrôlent aussi l'information et l'accès à l'information, avec de plus en plus, un pouvoir de censure et d'imposition de l'agenda plus ou moins complet qui ne dit pas son nom.... Mais ne le cache pas tellement non plus. Y'aura t-il à l'avenir un gouvernement qui prendra le risque de ne pas aller dans leur sens? Suffit de dire au gouvernant: "sympa ta campagne de réélection: t'as envie que tes débats, pubs de campagne.... Se voient? De pas être écrasé par le discours de ton adversaire?".
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Chacun sait que pour être qualifié pour le Pentagone, il faut plutôt avoir derrière soi plus qu'un placard de cadavres . Sinon, ça fait un peu léger, comme CV. Ca, c'est la nouvelle orwellienne du moment (on sait: avec ces boîtes, elles sont fréquentes): Zuckerberg semble vraiment vouloir mener la course pour les Bradbury/Huxley d'or. Faut voir la liste de boîtes qui se sont déjà alignées pour financer 'l'expérience" de Facebook (Paypal, Mastercard, Visa...); y'a quelque chose de vraiment flippant dans cette histoire, comme un parfum de future contrainte de fait.
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Les Tercios, lorsque l'infanterie espagnole dominait les champs de bataille
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Voir les nombreux écrits, depuis le XVIIème siècle, sur la façon dont l'Espagne s'est vidée de sa substance économique à partir de la 2ème moitié du XVIème siècle, notamment par l'émigration et l'investissement outre-mer, en parallèle de l'économie de rente qui a commencé à prévaloir dans le pays. Pour ce qui est de la dépense, les tercios viejos sont sans doute chers, comme toute unité permanente d'élite pour le budget d'un Etat pré-moderne de l'époque, sous administré et aux finances bancales, mais comme tu le dis, c'est la guerre qui coûte cher en général, et la surextension espagnole devient rapidement une permanence dès les guerres d'Italie: il y a tout simplement trop de théâtres d'opérations, trop de menaces, trop de conquêtes, trop de sollicitations de partout, sans même compter l'aventurisme imbécile (une certaine armada, pas un drame aussi terrible qu'on veut le dire au plan stratégique, mais le genre de dépense dont il est difficile de se remettre). Oui, comme indiqué plus haut, faut pas objectiviser la chose comme juste une formation monolithique de bataille: c'est une "mini-armée" dont le modèle a été établi had hoc à une époque où 3000h étaient un "coeur" de taille raisonnable pour l'infanterie d'une task force indépendante, soit la répartition initiale de 3 tercios en 3 zones du théâtre italien. C'est un réservoir de force, et une unité d'infanterie polyvalente et interarme. Surtout les "viejos" qui sont faits de professionnels ayant accumulé une forte expérience; ils savent faire plus que s'aligner en rangs d'oignons sur un champ de bataille. Par ailleurs, la "guerre de 80 ans" aux Pays Bas a laissé peu de chances de jamais voir des tercios déployés en bataille: c'est principalement une guerre constante, de relativement basse intensité, qui se réchauffe à l'occasion, sur un terrain généralement impropre aux grands déploiements, à la guerre de manoeuvre et aux batailles décisives. On a plutôt un affrontement permanent fait de sièges, de raids et de petites unités détachées qui se harcèlent en essayant de prendre des positions qui sont pour la plupart appuyées sur un relief littéralement traversé de cours d'eau omniprésents. On y voit plus de la première scène du film Alatriste que de la dernière. -
Les Tercios, lorsque l'infanterie espagnole dominait les champs de bataille
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Donc première moitié du XVIème siècle, au plus fort des guerres d'Italie? Je sais pas pour beaucoup d'infanteries européennes (en incluant ou non les Turcs): les Anglais étaient alors en train d'accumuler beaucoup de retard, l'Allemagne était un vaste bordel avec beaucoup de choses différentes, mais notamment le mercenariat souabe qui va faire tache, avec les Lansquenets dont le modèle (bâti en émulation et comme "réponse" aux Suisses) va être suivi hors de Souabe, et reposant essentiellement sur les mêmes recettes d'un gros carré de piquiers et d'unités de tireurs, avec des groupes de "choc" en embuscade derrière les piquiers (surtout à la grande épée à deux mains, voire des flamberges). Les Suisses se mercenarisent et perdent quelque chose ce faisant, par rapport à leur summum des guerres de Bourgogne (aussi du au fait qu'ils étaient alors le seul "game in town" côté infanterie de ligne moderne): ils restent une excellente infanterie de piquiers/hallebardiers, mais semblent avoir moins versé dans le développement de la partie "tir" des unités, se retrouvant de plus en plus largués à mesure que la chose prend de l'importance (contraintes du pays suisse, alors pas très riche?) et que de grands Etats chapeautent les changements. En France, l'infanterie est celle initialement créée par Louis XI: des "enseignes" ou "bandes, formées sur le modèle suisse (via les "bandes suisses" de mercenaires/consultants), puis suivant l'évolution pike and shot des guerres d'Italie. Une enseigne/bande, c'est essentiellement une compagnie d'alors, un bloc de piquiers/Hallebardiers de 300-400h, qui émane d'une "bande" (les termes se confondent). Initialement, la "bande", c'est le réservoir, le centre de formation et la garnison permanente, et la première est en Picardie, ce qui vaut le nom des "bandes de Picardie" (ou "d'en-deçà des monts"). Rapidement, on en forme d'autres suivant les besoins d'avoir une base à proximité d'un théâtre d'opération, à commencer par un détachement de Picardie (4000h, ou une dizaine d'enseignes/bandes) qui devient les "bandes d'au-delà des monts" (qui deviendront les bandes de Piémont, puis le régiment de Piémont) dès l'expédition de Charles VIII en Italie dans les années 1490. On subdivise de plus en plus selon les besoins du moment, et certains détachements deviennent permanents et répartis sur le territoire: Champagne (front est), Normandie (vs les Rosbifs).... Mais il ne semble pas y avoir eu alors de "méta organisation" permanente regroupant un nombre donné d'enseignes/bandes dans une unité de manoeuvre fixe, et mixée organiquement avec des tireurs qui, eux, étaient en unités séparées (notamment beaucoup d'unités gasconnes, avec des arbalétriers, puis des arquebusiers). Ce genre d'organisation devait se faire en cours de route, selon les choix d'un commandant d'armée arrangeant son mix à un moment où le coeur du dispositif français reposait plus sur un duo articulé entre artillerie et cavalerie lourde, l'infanterie formant la ligne autour desquelles ces armes décisives étaient censées faire leur boulot. Ce sont François Ier, et surtout Henri II qui expérimentent une organisation de ce type pour les enseignes existantes, rassemblées d'abord en "légions" (projet plusieurs fois porté par François Ier, puis par Henri II, qui dépassait la seule organisation tactique), puis en régiments à la fin des années 1550. -
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Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Pas vraiment: à Rocroi, et pour encore plusieurs décennies, si ce n'est un bon siècle, l'artillerie ne bouge pas une fois installée sur le champ de bataille, ou si peu. On ne les installe qu'une fois, sans vraiment pouvoir les re-bouger après; trop de temps. A Rocroi, c'est la prise des canons espagnols, et l'arrivée d'un renfort d'artillerie (pas encore installé) qui a aidé, mais dans l'ensemble, les canons étaient trop peu nombreux (et à l'époque, leur cadence est pas terrible du tout) pour avoir pesé tant que ça: la fuite de la cavalerie espagnole et d'une partie de l'infanterie (ainsi que du personnel d'artillerie), et surtout la situation acquise, ont décidé de l'issue de la bataille, qui a été en grande partie une bataille de cavalerie et de contournement autour d'un face à face d'infanterie plutôt statique une fois passé les mouvements initiaux au tout début de l'affrontement: l'attaque sur le flanc droit par Gassion, et surtout la décision d'Enghien/Condé de poursuivre l'attaque pour un encerclement, ont fait toute la journée. Une fois cette situation acquise (et la fuite d'éléments divers qui en résulte côté espagnol), c'est juste une question de calcul qui force les Espagnols à abandonner. Les canons étaient un des atouts dans l'équation, face à des Espagnols essentiellement coincés et bons pour un tir au pigeon sans espoir, mais il faut noter qu'ils acceptent d'encaisser le tir pendant un bon moment, ce qui rappelle que le nombre de canons sur le terrain est petit, que leurs cadences sont lentes. Dans les faits, le calcul est que les pertes seront TRES lourdes si ça dure encore pendant des heures, dans une situation où les tercios sont acculés et ne peuvent bouger. Qu'Enghien accorde les honneurs de la guerre et autorise une retraite fut un bon calcul, car qui sait ce que peut décider une troupe acculée et sans espoir: tué pour tué, ils peuvent décider de charger et de faire du dégât avant de crever, alors que les armées sont encore petites, difficiles à remplacer. Avoir le sens de l'honneur et de la décence n'implique pas forcément d'être con. Mais mon point ici est de souligner que l'artillerie d'alors, surtout celle disponible ce jour là, dans ces circonstance, n'était pas un régiment de mitrailleuses fauchant les fantassins par paquets de 100 chaque minute. -
Les Tercios, lorsque l'infanterie espagnole dominait les champs de bataille
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Mais pas d'uniforme standard/général, donc pas, au sens strict de la nouvelle réalité des armées nationales? De toute façon, à ce stade, tout le monde était passé au déploiement bataillonnaire. -
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Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Les uniformes ont commencé comme une réalité locale, pour l'essentiel: soit par des chefs/propriétaires d'unités privées ou semi-privées essayant de standardiser l'apparence de leurs troupes, soit par des seigneurs féodaux essayant d'arranger leurs levées avec des signes de reconnaissance. Il me semble que les premiers à avoir eu un uniforme proprement dit furent les Suédois de Gustave Adolphe pendant la Guerre de Trente Ans. Au Moyen Age proprement dit, outre les enseignes, ça n'allait guère au-delà d'un occasionnel foulard, des motifs peints sur les boucliers (comme dans l'Antiquité... Mais tout le monde n'a pas un bouclier, et il tend à disparaître rapidement à partir du XIVème siècle) ou sur un sur-vêtement, la plupart du temps moins en signe de reconnaissance "national" et plus au sein de cadres féodaux (le seigneur local, ou au plus, le suzerain féodal d'un grand domaine). Seuls les ordres de moines-soldats avaient vraiment des uniformes, ainsi que, si on peut réellement les voir ainsi, les gardes privées plus ou moins permanentes des seigneurs féodaux qui pouvaient en avoir, gardes qui portaient ainsi des livrées. Après, c'est l'armée de Cromwell, pendant un moment (l'habit vaguement rouge pour l'infanterie, le buffle et le casque rond pour la cavalerie), à un certain degré. C'est la France qui emboîte vraiment sur la Suède dans les années 1660 à 1680, avec l'habit gris qui se généralise (couleur la moins chère). Faut pas voir les productions de l'époque comme réellement standardisées, avec des labos de recherche et des retex organisées. Les productions se font dans des centaines d'ateliers et de petites entreprises individuelles dont on essaie à grand-peine d'homogénéiser vaguement les productions, de contrôler la qualité.... De leur initiative, et parce que ce peut être dans leur intérêt, des chefs militaires, pour l'essentiel de grands aristocrates, avec donc des moyens, l'accès institutionnel et souvent le contrôle pratique de tels ateliers (dans leur dépendance, dans leurs domaines et villes), parlent, directement ou non, avec des fabricants, le plus souvent pour équiper leurs unités et/ou faire du lobbying auprès de l'autorité supérieure pour imposer leur idée (bonne ou mauvaise), tenir compte de leur expérience, se faire attribuer un marché d'équipement (et coaliser des réseaux de producteurs derrière eux).... A plus bas niveau, tel vétéran peut avoir des contacts avec un maréchal-ferrant, forgeron, salpêtrier, armurier.... Et, s'il le peut, se faire faire un armement plus adapté à ce qu'il croit être bien; si la recette marche, elle se généralise, mais généralement plus de cette façon, "par le bas", par contagion d'un artisan ou d'un petit groupe d'entre eux qui ont ainsi trouvé une bonne idée, soit en innovant seuls, soit par des échanges avec des soldats qu'ils connaissent. Si l'info arrive à remonter à un "mover and shaker", un grand seigneur et/ou un vrai pro de la guerre qui a pu faire carrière (la petite noblesse qui réussit, quoi), là ça peut devenir sérieux. L'arbalète a accompagné la guerre sur mer, surtout en Méditerranée, depuis qu'elle a été inventée: infiniment supérieure à l'arc sur un navire, il a fallu attendre longtemps pour que l'arquebuse, ou plutôt le mousquet, devienne suffisamment performant pour la remplacer. -
Les Tercios, lorsque l'infanterie espagnole dominait les champs de bataille
Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Difficile à dire étant donné qu'il n'y a alors pas vraiment eu une guerre proprement dite, donc pas d'ordre de bataille en grand et, il me semble, pas vraiment beaucoup d'affrontements. A l'époque, côté Aragon/Castille (l'union est établie en 1469 par le mariage des deux souverains), il y a encore peu d'artillerie (elle ne se développera vraiment qu'avec la guerre de Grenade, en profitant notamment d'experts français et bourguignons fraîchement sortis des guerres entre Louis XI et le Téméraire), et pas, ou si peu, d'armes à feu individuelles, encore trop peu performantes, trop encombrantes et lourdes, et pas du tout fiables, en plus d'être chères. Comme mentionné plus haut, la chevalerie/cavalerie lourde est peu nombreuse, et trouverait bien peu d'occasions de brillet sur le terrain montagneux de la frontière franco-catalane. Donc des cavaliers légers comme les Jinetes dominaient la tactique et l'ordre de bataille à cheval: essentiellement une tactique de cavalerie légère (harcèlement, retraites feintes, manoeuvres....) utilisant des javelines en abondance secondées par une épée et un bouclier pour profiter d'ouvertures ou poursuivre un ennemi en déroute. Côté infanterie, je ne suis absolument pas sûr: l'adoption de la pique n'est pas encore faite à cette époque, et il semble que le catalyseur du changement vers une infanterie "pike and shot" se soit établi réellement pendant la Guerre de Grenade, pour laquelle la mobilisation d'importantes forces a été faite, ainsi qu'un changement militaire massif, copiant en une décennie ce qui avait été fait en France sur une plus longue période de temps (compagnies de gendarmes d'ordonnance et compagnies permanentes d'artillerie dans les années 1430-1440, milices de franc-archers au même moment puis adoption d'une infanterie pro dans les années 1470-1480). Essentiellement, l'adoption de la pique "à la suisse" se fait dans les deux pays au même moment: Camp du Pont de l'Arche ouvert en 1479 par Louis XI avec des "consultants" suisses pour créer les premières bandes d'infanterie (ce qui est aujourd'hui le 1er RI), et guerre de Grenade pour la double couronne ibérique dans les années 1480. Donc avant cela, je ne suis pas sûr d'avoir une vision claire d'un ordre de bataille catalan ou aragonais (ni dans quelle mesure le processus d'homogénéisation était en cours); les ingrédients fondamentaux étaient là, notamment les "réseaux" de l'hidalguia, sur base sociale et géographique (des "clans" analogues aux Ecossais ou Gascons), la fréquente pratique de la guerre, souvent seul gagne-pain pour nombre de ces gens, une longue pratique d'un type donné de combat d'infanterie.... Les Jinetes, spécificité espagnole, et plus particulièrement castillane, étaient à l'honneur, et côté infanterie, on est sûr d'effectifs d'arbalétriers en nombre. Les rodeleros des tercios sont une particularité espagnole dans l'infanterie "Pike and shot", donc on peut supposer qu'ils sont une évolution, ou une subsistance, d'un type de combattant existant préalablement et formant sans doute l'essentiel de la "ligne" d'infanterie (épée et/ou haches, hallebardes et autres armes d'hast) de contact avant l'adoption de la pique. L'emploi se fait alors, avant la coronella ou le tercio (plus nombreux et interarmes), comme souvent ailleurs, en compagnies, soit des groupes mono-armes de taille variable, mais on va dire d'environs 200 à 400h en moyenne. Il reste sans doute aussi encore une infanterie légère, souvent traditionnelle dans les régions montagneuses, de type ancien (remontant à l'antiquité, et dont les Almogavars étaient une évolution), souvent milicienne (qui se professionalise parfois), à base d'un duo javeline/épée courte ou coutelas. Côté français, à cette époque (années 1460 donc), l'armée de Louis XI est la plus importante armée permanente d'Europe (il a boosté la fiscalité), en tout cas d'Europe de l'ouest ("l'armée noire" de Jean Hunyadi et son fils Mathias Corvinus en Hongrie peut aussi être mentionnée), et reste fondée sur le mix issu de la guerre de 100 ans: compagnies d'ordonnance qui donnent de la cavalerie lourde pro et un certain nombre d'unités de fantassins associées (la "lance", l'unité de base, n'est pas une unité de combat, mais une administrative, et elle comprend un mix cavalerie lourde, infanterie/archerie montée, infanterie), une artillerie professionnelle et nombreuse, et des milices locales, les francs-archers, à la qualité discutée. S'y ajoutent, et c'est sans doute ce qui serait le plus concerné par une guéguerre de frontières, les Mortes-Payes, des vétérans continuant leur carrière comme cadres de garnisons dans des forteresses. -
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Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Je considère la noblesse dans ce contexte sur un angle plus pratique, celui de qui est capable de faire partie de la chevalerie au sens de la cavalerie lourde cuirassée, donc de s'équiper suivant ce critère. Oui, il y a au sens large une considérable noblesse, en incluant l'hidalguia, mais pour la plupart, ils n'ont pas ces moyens: le destrier est beaucoup plus cher et rare qu'un genêt d'Espagne, et n'a vraiment qu'une seule utilité, celle de servir de monture à un chevalier en armure. Il est très cher (espèce rare et spécifique, long entraînement), et d'autant plus quand il n'y a pas de vastes élevages spécialisés dans une région donnée, ou trop peu, ou qu'elles sont trop petites. Et un chevalier en a besoin de plusieurs (3 à tout moment au minimum), plus de chevaux de servitude et de monte "normale", et de quoi équiper et monter sa suite (son "unité logisitique individuelle": un page et un écuyer d'arme au minimum, et généralement un "gros valet") sans laquelle il ne peut pas fonctionner militairement. L'Espagne de la Reconquista, surtout à ses débuts, n'est pas très peuplée, et c'est pourquoi s'est développée cette tradition d'une importante petite noblesse (de droit et/ou de fait) combattante et d'unités d'infanterie et de cavalerie légère levées localement, contrairement à d'autres lieux où ce phénomène n'a pas été encouragé, voire a été activement découragé (pour que la noblesse garde le monopole de la capacité de combat et éviter que le pégu chope trop d'idées). L'Espagne conquise avait besoin de bras armés, donc la noblesse, micro-proportion d'une population déjà pas nombreuse dans les royaumes des débuts (le nord et les Pyrénées essentiellement), a du garder ses rangs ouverts et la définition de "noblesse" plus ouverte et souple, couvrant de fait des communautés données et ceux qui avaient plein statut d'hommes libres. L'hidalguia est ainsi comparable à la fois à la petite noblesse de zones comme la Gascogne (où il y avait beaucoup plus de "nobles" qu'ailleurs), et à la yeomanry anglaise (pas formellement "gentry", mais plus une forme d'élite étendue des hommes libres). Par ailleurs, faut pas oublier le facteur temps: le "système d'arme" qu'est le chevalier évolue beaucoup du XIème siècle aux guerres d'Italie (période de la chevalerie chargeant "à lance couchée"/à la normande), et sur le plan strictement pratique, il évolue du cher vers le hors de prix, même en comparant en PPA (si je puis dire) selon l'époque: du type en cote de maille et casque à nasal avec une lance assez basique des débuts au superhéros en harnois blanc pare-balle (partiellement) et cheval bardé du XVIème siècle, la proportion de la population noble ou assimilable qui peut se payer le package complet a drastiquement baissé, et là où les effectifs restent très importants, c'est le plus souvent parce que l'Etat est co-sponsor pour au moins une partie d'entre eux. -
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Tancrède a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Histoire militaire
Ferdinand, c'est l'Aragon, qui a été nettement plus en contact et interaction (régulièrement violente) avec la France et d'autres pendant plusieurs siècles, là où les autres entités politiques de la Reconquista étaient plus focalisées sur l'adversaire musulman.... Ou en train de se poutrer entre elles, ou en guerre dynastique: la cavalerie lourde/chevalerie était présente, mais à petite échelle, principalement en raison du facteur démographique (particulièrement la population noble, surtout la portion ayant les moyens de se payer l'équipement d'un chevalier et les chevaux: très réduite) et du type d'espace et de densités de population formant le théâtre de l'affrontement (plus propice à la guerre mobile pendant longtemps). Les ordres monastiques militaires ont amené aussi un élément de chevalerie/cavalerie lourde, mais, comme ailleurs, ils n'ont jamais été très nombreux. Il ne faut cependant jamais oublier que "petit" ne veut pas dire inexistant (ça implique surtout "permanent"): de toute façon, la guerre au Moyen Age, ce sont de petits effectifs la plupart du temps (surtout ceux permanents), et c'est très peu de batailles, beaucoup de sièges, beaucoup de raids (tactiques, mais aussi stratégiques -typique de la "chevauchée", raid plus important et longue distance, pour ravager le territoire ennemi), beaucoup d'attaques là où l'ennemi n'est pas, en grande partie parce que de toute façon, il a de grands espaces vides/peu densément peuplés, et que les armées sont très peu nombreuses. La "grande" guerre est rare, la "petite" est quasi permanente, en Espagne et ailleurs. Pour l'Aragon, rappelons que c'est le royaume qui a été souvent impliqué hors de la péninsule, depuis le XIIIème siècle (ce qui est bien l'origine de l'implication de l'Espagne dans les guerres d'Italie, avec en plus la revendication de l'héritage Hohenstaufen), depuis l'union avec le comté de Barcelone (XIIème) et la conquête de Majorque (XIIIème): les Vêpres Siciliennes, venir à "l'appel" des Siciliens en 1282, aider à chasser les Angevins, Roger de Lauria et Roger de Flor, Ramon Muntaner.... D'ailleurs, l'expédition de Pierre III d'Aragon en Sicile s'est faite avec de la cavalerie lourde (rappelons aussi que la "Compagnie Catalane" d'Almogavres, ta préférée, était accompagnée d'un élément de cavalerie lourde: les aristos) chargeant à lance couchée (et donc en armure: ce sport ne se pratique pas à la légère à l'époque). Dès le XIIIème siècle, l'Aragon/Catalogne était une semi-thalassocratie (je dis bien "semi") en contact, y compris violent et militaire (surtout avec Pierre III) fréquent avec d'autres puissances, d'autres terrains, et donc d'autres mix de forces et systèmes d'armes. Quand la maison d'Aragon s'éteint et qu'un Trastamare est choisi pour prendre la suite (Ferdinand Ier, en 1412), c'est bien cette entité particulière qui continue à fonctionner à cheval sur trois péninsules (et plusieurs des îles entre les deux). Les Aragonais se battent contre beaucoup plus d'adversaires différents que les Castillans, Portugais et ordres monastiques de la Reconquista. Je vais être cynique: ça dépend entièrement des finances, qui seules déterminent quel effectif on peut garder non seulement sous les drapeaux, mais en plus suffisamment entraîné, et avec un taux de cadres et de vétérans acceptable. Vu comme l'Espagne s'est vite, au XVIème siècle, enfouie dans un trip de surextension géopolitique permanente (avec en plus le drainage du Nouveau Monde, qui attirait beaucoup de soldats expérimentés en quête de fortune), ça devait pas être toujours folichon: pour comparaison, il a été estimé que Charles Quint, malgré l'extensivité de ses domaines et l'immensité de ses sources de revenus, une fois les obligations de base couvertes (et avec toute la complexité de multiples systèmes fiscaux), ne dégageait un budget discrétionnaire (cad celui qui pourra financer armée et flotte) qui n'était "que" équivalent à celui dont disposait François Ier (un seul royaume, mais concentré en une entité, mieux contrôlé, aussi peuplé que l'ensemble des possessions Habsbourg). Les ressources de métaux précieux du Nouveau Monde ne commencent réellement à alimenter significativement la couronne que tard dans le XVIème siècle, et à ce stade, c'est déjà insuffisant pour le tonneau des Danaïdes qu'est devenue la susmentionnée surextension géopolitique de la couronne (Italie, Pays-Bas, la Méditerranée contre les Turcs, Nouveau Monde et autres aventures "mondiales", Allemagnes, plus à l'occasion un ou deux fronts français et des expéditions en Afrique du Nord). Vu comme la guerre tue à cette époque (de maladie/blessures beaucoup plus que de combats), l'attrition devait, dans ce cadre, être suffisamment forte pour faire du soldat et du cadre expérimentés une denrée continuellement rare, malgré le recrutement et les effectifs maintenus en permanence sous les drapeaux: diluer les troupes sur tant de fronts garantit que la moyenne d'expérience, hors de quelques unités, devait pas être folichonne (sans doute pareil en face). Pour l'évolution des modèles d'infanterie "pike and shot", il faut noter aussi que, comme d'autres unités historiques, dont la légion romaine, le tercio est autant une unité purement tactique qu'une unité administrative, une unité de manoeuvre (opératique/stratégique) et un pool de forces: en tant qu'unité tactique, il est de facto une grande unité de manoeuvre du champ de bataille, analogue à une brigade plus qu'à un régiment (pour causer en termes modernes). Au fil de la période dont on parle (début XVIème jusqu'à la fin de la guerre de 30 ans), il est de moins en moins une unité tactique, et de plus en plus les autres fonctions. C'est un cadre permanent avec une variété de spécialités tactiques qu'on emploie de plus en plus telles qu'elles sur le champ de bataille, dans un ordre convenant mieux aux besoins et aux préférences du chef: arquebusiers et piquiers employés séparément de plus en plus souvent, en réunissant les armes à feu de plusieurs tercios entre elles, et les piquiers entre eux s'il le faut, plutôt que constamment essayer d'assembler la "forteresse mouvante" du carré de piquier avec 4 "tours" constituées par les armes à feu. Ou n'importe quelle autre combinaison. La pratique du combat évoluant toujours plus ainsi, surtout face aux nouvelles combinaisons d'infanterie des Suédois, Français et Hollandais, on finit par entériner la chose en "cassant" la forme classique du tercio pour réorganiser en régiments/bataillons comme les autres, puisqu'on ne déployait plus depuis longtemps le tercio sous sa forme des guerres d'Italie, ou plus très souvent (et de toute façon, comme mentionné plus haut, les proportions des types de troupes avaient beaucoup changé au fil du temps). Mais à la base, comme réservoir de forces, le tercio contenait, comme la légion classique (à un moindre degré cependant), un mix interarme relativement complet sur le seul plan tactique: mousquetaires/arquebusiers (et arbalétriers avant eux) étaient aussi bien des troupes de couverture des piquiers (et, chaque année un peu plus, un élément de combat d'infanterie primaire, jusqu'à devenir le principal), que l'accompagnement léger dans des confrontations de piquiers (ceux qu'on voit sous les piques, asticotant ceux d'en face), que les troupes légères chargées de tout ce qui se passe hors du champ de bataille proprement dit (reco et "commandos" -ce qui s'appelait alors les "enfants perdus"....). Les "troupes de choc" (épée/bouclier, hallebarde et/ou grande épée), avant de disparaître, avaient leur spécialité et constituaient aussi les troupes légères (d'ailleurs, la majorité des conquistadors sont des arquebusiers et rodeleros) hors du champ de bataille. De ce mix, on peut composer des task forces et trouver d'autres ordonnancements sur le champ de bataille, ce qui était sans doute l'un des objectifs initiaux, vu que les tercios, et même leur nom, viennent d'une organisation aussi bien tactique que stratégique/opérative pour gérer les troupes en Italie et les répartir en "tiers" sur le théâtre d'opération, donc en 3 "mini-armées" chargées chacune d'une zone. L'organisation purement tactique (l'image qu'on a du gros carré massif avec ses 4 petits carrés de tireurs et une ou deux lignes de tireurs devant) mise au point par Gonzalve de Cordoue n'avait sans doute pas vocation à être pérenne: c'était une adaptation temporaire à l'adversaire du jour et aux effectifs et types de troupes dispo. Le fait de conserver l'ensemble longtemps tient, pour moi, plus à la lenteur à réformer de toute administration, au conservatisme naturel d'un métier (on reproduit ce qu'on a connu), et à des facteurs plus intangibles comme l'esprit de corps et son attractivité en tant que telle, qu'on pourrait perdre en changeant trop la forme générale, ce dernier point tenant plus aux fonctions du tercio comme unité de recrutement, réservoir de forces diverses (qu'on peut ensuite déployer "à la carte"), entité symbolique (pour le recrutement, l'esprit de corps, le clientélisme qui va autour, le prestige/l'image), et peut-être à la fonction abstraite de "pion" opératique/stratégique (un ou deux tels groupes de 3-4000h -avec le soutien- assez polyvalent constituant un "coeur" d'armée ou de task force à déployer).