D'ailleurs, et c'est un point que j'avais initialement mis de côté car je voulais le développer davantage ce soir, le déménagement du Kuznetsov en Méditérranée orientale s'inscrit dans une politique d'interdiction qui se devinait depuis quelques temps. Du côté des stratèges de l'OTAN, on voyait venir depuis un moment - au moins depuis le premier semestre 2015 - la probable mise en oeuvre d'une politique d'anti-access et area-denial dure et durable dans la région. L'enjeu va bien au-delà du simple conflit syrien.
L'idée de faire de la Marine un instrument d'affirmation de puissance au delà du littoral, c'est dans l'histoire russe plus particulièrement poutinien... sauf que cela se fait pour le moment avec des moyens qui n'ont pas été prévus pour, sans quoi on les aurait imaginés et conçus différemment. A voir dans les années à venir quelles capacités aura le pouvoir russe pour faire infléchir les industriels de l'armement dans le sens souhaité. Si les forces armées ont connu une réforme assez marquée en 2008 en interne, certains considèrent qu'il reste une seconde réforme bien plus difficile et longue à opérer auprès de ces industriels de l'armement pour qu'ils s'adaptent aux nouvelles attentes du Kremlin. On ne change pas un complexe militaro-industriel aussi rapidement qu'une doctrine... surtout quand on n'a pas forcément assez de ronds pour les y encourager.