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Guerre civile en Syrie


Messages recommandés

Il y a 8 heures, Vince88370 a dit :

Ca déménage dure côté Russes le port de tartous se remplit peut à peut. Le problème c'est que les Russes risquent de manquer de moyen de transport

 

D'autant qu'avec un Tapir et trois Ropucha perdus en Ukraine, ça n'aide pas...

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https://www.lefigaro.fr/international/syrie-trump-affirme-que-la-turquie-a-realise-une-prise-de-controle-inamicale-du-pays-20241216

Trump affirme que la Turquie a réalisé « une prise de contrôle inamicale » du pays

« La Turquie est très intelligente. C'est un gars intelligent, et il est très tenace », a déclaré le futur président américain lors d'une conférence de presse, vraisemblablement en allusion au président turc Recep Tayyip Erdogan, avant d'ajouter : « La Turquie a fait une prise de contrôle inamicale sans que beaucoup de vies ne soient perdues. Je peux dire qu'Assad était un boucher », a-t-il ajouté.

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Il y a 6 heures, Wallaby a dit :

https://www.lefigaro.fr/international/syrie-trump-affirme-que-la-turquie-a-realise-une-prise-de-controle-inamicale-du-pays-20241216

Trump affirme que la Turquie a réalisé « une prise de contrôle inamicale » du pays

« La Turquie est très intelligente. C'est un gars intelligent, et il est très tenace », a déclaré le futur président américain lors d'une conférence de presse, vraisemblablement en allusion au président turc Recep Tayyip Erdogan, avant d'ajouter : « La Turquie a fait une prise de contrôle inamicale sans que beaucoup de vies ne soient perdues. Je peux dire qu'Assad était un boucher », a-t-il ajouté.

Les USA laissent leurs alliés régionaux "gérer" ce théâtre. La Turquie-otan; Israël. Tant, du moins, que ça n'enclenche pas un conflit "chaud" avec l'Iran.

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il y a 28 minutes, fraisedesbois a dit :

Les USA laissent leurs alliés régionaux "gérer" ce théâtre. La Turquie-otan; Israël. Tant, du moins, que ça n'enclenche pas un conflit "chaud" avec l'Iran.

Cela laisse quand même planer la question de ce que Trump va dire ou ne pas dire aux Kurdes et de savoir si on considère que Daèche également a vocation à rejoindre le "gentil gouvernement pluraliste" qui se met en place à Damas.

Est-ce qu'on sait si Daèche ou Al-Qaïda ont fait des déclarations pour ou contre le nouveau régime ?

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Pour l'instant, AQ et EI se font bombarder par les Américains, les Israéliens et peut-être d'autres avions égarés au-dessus de la Syrie. Ils ont un peu autre chose à faire que de communiquer, si tant est qu'ils le puissent.

Trump ? Que veux-tu qu'il fasse des Kurdes ? Il ne doit même pas savoir ce que c'est. Au mieux, c'est un tribu arabe un peu plus armée que les autres, et sans grandes ressources monnayables. 

il y a 42 minutes, Fred974 a dit :

J'imagine que pas mal d'Ukrainiens rêvent de faire un strike ici...

Ça risque d'être trop compliqué d'un point de vue opérationnel. Et tout ce qui a vraiment de la valeur (missiles sol-air, avions, radars) partira vraisemblablement par la voie des airs, comme la plupart des éléments des batteries de S-400 l'ont déjà fait.

il y a 52 minutes, fraisedesbois a dit :

Les USA laissent leurs alliés régionaux "gérer" ce théâtre. La Turquie-otan; Israël. Tant, du moins, que ça n'enclenche pas un conflit "chaud" avec l'Iran.

Là par contre, il y a une inconnue. Si Trump envisage l'Iran comme un dossier facile à traiter avec quelques missiles et quelques dollars, il pourrait éventuellement se laisser tenter. Surtout si ça permet d'effacer un échec ailleurs ou de glaner des points "facilement" dans l'opinion.

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Il y a 4 heures, Wallaby a dit :

Est-ce qu'on sait si Daèche ou Al-Qaïda ont fait des déclarations pour ou contre le nouveau régime ?

AQ est sous étroite surveillance (parfois en prison) de HTC dans Idlib, et Daech a condamné HTC à de multiples reprises et confirmé le 5 décembre

Qualifiant la victoire de HTC de « révolution impie incapable d’instaurer la charia », l’EI rappelle qu’il considère Ahmed Al-Charaa, le fondateur du Front Al-Nosra – ancienne branche syrienne d’Al-Qaida ayant rompu avec la maison mère et renoncé au djihad global –, comme un ennemi qui doit craindre pour sa vie

Modifié par gustave
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Il y a 5 heures, fraisedesbois a dit :

Les USA laissent leurs alliés régionaux "gérer" ce théâtre. La Turquie-otan; Israël. Tant, du moins, que ça n'enclenche pas un conflit "chaud" avec l'Iran.

Et si ça devenait le cas? Que peuvent faire les iraniens pour maintenir la jonction avec leur proxy libanais de toutes façon? Ils vont être affaiblis et d'autres vont vouloir en profiter.

Dans le contexte des déclarations d'erdogan qui a forcément condamné fortement les opérations militaires israéliennes à Gaza, pourrait-il tenter un gambit anti-israélien en Syrie en soutenant par exemple les palestiniens de Syrie qui jusqu'ici comptaient dans leurs rangs des soutiens d'Assad?

Comment vois-tu la suite? Partition de la Syrie en zones d'influences? Mais sur quels acteurs locaux compterait Israel?

Et surtout le plus important pour nous, quel avenir pour les FDS et les Kurdes?

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Il y a 16 heures, Fred974 a dit :

J'imagine que pas mal d'Ukrainiens rêvent de faire un strike ici...

Aucune chance que ça arrive dans tout les cas les navires en mer noir sont bloquées en mer noir donc la perte des navires russes chance rien au problème...

Les Russes ont une flottes de Roulier civile pour se genre d'opération on a déjà au moins 2 roulier qui sont en direction de la Méditerranée en plus du ropucha. 

Et dans tout les cas il y a peu de chance que les Turcs laissent passer des rouliers Russes remplis de matériel militaire traversé le Bosphore. 

C'est la direction une fois chargé qui sera intéressante. Si il remonte en Russie où il redéploi une partie du matériel en Afrique ou en Iran. On a déjà plusieurs avions de transport qui ont fait des navettes entre c'est 2 destinations..

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il y a 24 minutes, Vince88370 a dit :

Aucune chance que ça arrive dans tout les cas les navires en mer noir sont bloquées en mer noir donc la perte des navires russes chance rien au problème...

Les Russes ont une flottes de Roulier civile pour se genre d'opération on a déjà au moins 2 roulier qui sont en direction de la Méditerranée en plus du ropucha. 

Et dans tout les cas il y a peu de chance que les Turcs laissent passer des rouliers Russes remplis de matériel militaire traversé le Bosphore. 

C'est la direction une fois chargé qui sera intéressante. Si il remonte en Russie où il redéploi une partie du matériel en Afrique ou en Iran. On a déjà plusieurs avions de transport qui ont fait des navettes entre c'est 2 destinations..

Ce serait plutôt le matériel militaire qui pourrait être visé pour éviter de le retrouver sur le sol Ukrainien mais les Ukrainiens ont d'autres préoccupations actuelles sur leur sol  mais ils peuvent surprendre. 

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On ne comprendra jamais complètement l'effondrement du régime, si l'on ne se penche pas sérieusement sur les crimes du régime d'Assad, les horreurs infligées à la population et les conséquences que cela a pu avoir en matière d'exode des syriens. Cela me parait nécessaire pour faire le bilan d'un dirigeant souvent qualifié de "laïc", une grille de lecture un peu courte, impertinente et si typiquement occidentale, qui a fini par produire l'inverse de ce qu'on pouvait espérer. 


https://www.lemonde.fr/international/article/2024/12/17/en-syrie-la-liberation-amere-des-supplicies-de-la-ghouta_6452861_3210.html

Citation

En Syrie, la libération amère des suppliciés de la Ghouta

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Par Eliott Brachet (Mouadamiyat Al-Cham, Syrie, envoyé spécial) Publié le 17 décembre 2024 à 05h15, modifié le 17 décembre 2024 à 12h46

 

ReportageMouadamiyat Al-Cham, dans la banlieue de Damas, a tout connu de la férocité du régime de Bachar Al-Assad : détentions arbitraires, tortures, famine organisée, bombardements, armes chimiques. Aujourd’hui, exilés de retour et habitants survivants demandent justice.

Des tirs de Kalachnikov annoncent le retour en terre promise. A Mouadamiyat Al-Cham (Syrie), en banlieue de Damas, il suffit de tendre l’oreille pour localiser les comités d’accueil. Au compte-gouttes, des combattants rebelles rentrent chez eux, dans cette ville de la Ghouta occidentale, parsemée d’oliviers. Après des années de séparation, les familles et les voisins les reçoivent à coups de tambours, de mizmar – une sorte de flûte – et de youyous stridulés par les femmes qui s’interrompent pour crier aux jeunes du quartier d’arrêter de tirer en l’air.

« Je n’ai pas reconnu ma propre maison », lâche Mahmoud Al-Shalabi, couteau et chargeurs de munitions harnachés à son uniforme de l’Armée nationale syrienne, une des factions rebelles soutenue par la Turquie qui a participé à l’offensive victorieuse de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), précipitant la chute de Bachar Al-Assad.

Si sa ville natale a changé, Mahmoud Al-Shalabi n’est plus le même non plus. Au début de la révolution, il avait 25 ans, travaillait comme boucher et n’avait jamais vu la mort de ses yeux. Aujourd’hui, il a la barbe longue, le visage strié de rides et son regard bleu a pris un air grave après neuf ans d’exil dans l’enclave rebelle d’Idlib, constamment pilonnée par le régime syrien et ses alliés russes et iraniens.

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Mahmoud Al-Shalabi visite le cimetière des martyrs de Mouadamiyat Al-Cham (Syrie) avec sa famille, le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

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Ahmed Abo Hassan embrasse la main de sa mère, alors que sa famille célèbre son retour d’Allemagne, à Mouadamiyat Al-Cham (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

« C’était plus facile de revenir ici à Mouadamiyat Al-Cham que d’en partir », poursuit le combattant qui ne s’attendait pas à une telle déroute de l’armée syrienne. En 2011, il défendait son quartier à jets de pierre contre les assauts des forces de l’ordre venues mater dans le sang les premières manifestations pacifiques qui dénonçaient alors la spoliation par le régime de terres agricoles aux abords de la ville avant d’exiger des réformes, plus de libertés, puis la chute du régime. Après des mois de répression incessante, il décide de prendre les armes avec d’autres insurgés du quartier, formant une branche de l’Armée syrienne libre.

« Ceci n’est pas une victoire »

Au coin des rues, l’heure est aux retrouvailles, aux embrassades. Devant la porte des maisons, on déballe des tables et des chaises en plastique, on sert le thé, on discute et on savoure un instant de liberté impensable il y a quelques jours encore.

Mais, pour beaucoup, la libération a une saveur amère. A Mouadamiyat, les célébrations du jour cachent mal la tragédie d’une décennie d’horreurs. « Je ne peux pas dire que je suis heureux. Ceci n’est pas une victoire. Ma joie de voir tomber Bachar est incomplète. Où sont nos prisonniers ? Et comment ne pas pleurer tous ceux qui ont été sacrifiés ? », se désole Ratib Rajab en se réchauffant les mains devant le poêle rougeoyant du salon de sa maison.

Avant la révolution, cet homme était chauffeur de taxi, il conduisait même des officiers de l’armée. En 2012, au début du ramadan, il est arrêté pendant cent jours pour « collaboration avec un groupe terroriste ». Ses tortionnaires lui infligent, entre autres sévices, des décharges électriques dans les testicules, les mains accrochées au plafond, les pieds touchant à peine le sol, selon la technique devenue célèbre du « shabah » (fantôme). A sa libération, le siège de la Ghouta commence. Sous prétexte de ramener ces « bastions terroristes au sein de la patrie », le régime encercle et pilonne plus d’une quarantaine de poches rebelles à travers le pays, laissant les habitants mourir de faim.

Connue pour ses oliveraies qui poussent au milieu des pâtés de maisons, Mouadamiyat Al-Cham était une banlieue de la classe moyenne, principalement peuplée de fonctionnaires et de paysans. La population de la ville, estimée avant-guerre à 50 000 habitants, a été divisée par cinq alors que le régime s’est acharné sur cette enclave rebelle.

A 4 kilomètres du centre-ville de Damas, à l’extrémité de la Ghouta occidentale, Mouadamiyat Al-Cham, porte d’entrée de la capitale, occupait une position stratégique. « Nous étions entourés par les quartiers généraux de tous les sbires du régime : les services de renseignement de l’aéroport militaire de Mazzeh, la police, la garde républicaine, l’Organisation de libération de la Palestine et le pire, le quartier général de la 4e division de l’armée », raconte Mohammed Idriss, activiste dans le comité de la ville.

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Un abri antiaérien abandonné après avoir été bombardé par Israël peu après le renversement de Bachar Al-Assad, à l’aéroport militaire de Mazzeh (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

Le siège de la ville était supervisé par le général de brigade Ghassan Bilal, chef des services de renseignement de la 4e division de l’armée, bras droit de Maher Al-Assad, le frère du président déchu, tous deux inscrits sur la liste noire des criminels de guerre établie par l’ONG Pro Justice. Perchée au sommet de la chaîne du mont Qassioun qui surplombe la capitale, cette division de l’armée syrienne a bombardé sans répit la localité et ses insurgés.

« Corps disloqués »

Alors que la population se faisait massacrer, Ratib Raja a revêtu une nouvelle casquette, s’improvisant fossoyeur de la ville. Depuis 2011, il a enseveli 4 867 cadavres sous la terre de Mouadamiyat. Rien que dans sa famille, 79 personnes ont été tuées. L’homme ne cille que d’un œil, l’autre est couvert d’un voile blanc.

En janvier 2013, il a reçu un éclat d’obus sur la paupière gauche alors qu’il enterrait des défunts. « Ce jour-là, dix-sept personnes ont été fauchées dans le cimetière. Les corps ont été disloqués par le missile. J’ai ramassé de la chair dans les rameaux des oliviers », se souvient-il, reprenant lentement son souffle pour ne pas craquer.

Sur la Route 40 qui borde Mouadamiyat, plusieurs barrages étaient tenus par des soldats des Forces de défense nationale, des unités paramilitaires regroupant plusieurs factions syriennes à majorité alaouite, mais aussi des miliciens chiites venus d’Iran, d’Irak et du Liban, créées pour exécuter les basses œuvres de l’armée. « Ils contrôlaient les pièces d’identité de chaque véhicule. Il suffisait d’être sunnite pour être débarqué, arrêté ou éliminé sur le bord de la route », raconte Ratib Rajab. Entre 2012 et 2013, l’homme aux mains de colosse a ramassé 407 cadavres anonymes le long de cet axe de la mort. « C’était inhumain. Beaucoup ont été égorgés, d’autres brûlés vifs. J’ai même secouru une femme qui avait été violée avec une bouteille de vin », soupire-t-il.

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Ratib Rajab, ancien chauffeur d’un commandant de l’armée, devenu fossoyeur à Mouadamiyat Al-Cham (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

Entre le mois de mars et novembre 2013, l’étau se resserre. Plus aucune denrée ne pénètre dans Mouadamiyat Al-Cham, la faim devient une arme de guerre. Si cela ne suffisait pas, à l’aube du 21 août, l’armée de Bachar Al-Assad va y instiller un nuage de mort. A 4 h 30, cinq missiles portant du gaz sarin s’abattent sur la ville. « On a entendu un sifflement étrange. Quand on est arrivé sur les lieux, les gens étaient allongés par terre, suffoquant, sans blessures ni traumatismes. De l’écume blanche s’écoulait à la commissure de leurs lèvres », se souvient Mohammed Qazzah, membre des casques blancs de la Ghouta occidentale. En 2013, les attaques à l’arme chimique dans la région feront plus de 1 400 victimes.

En 2016, alors que la population en est réduite à manger de l’herbe pour survivre, un accord est trouvé avec des représentants de la ville : les assauts de l’armée cesseront et des prisonniers seront relâchés à condition que les insurgés abandonnent leurs armes et évacuent vers l’enclave rebelle d’Idlib au nord du pays. Alors que 620 combattants et leurs familles sont évacués en bus, le siège est partiellement levé mais les prisonniers de Mouadamiyat Al-Cham, eux, ne seront jamais libérés.

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Ahmad Hamed, ancien prisonnier et combattant de l’Armée syrienne libre, à l’aéroport militaire de Mazzeh (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

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« Quand est-ce qu’on se verra », est-il écrit sur le mur de la prison du renseignement aérien militaire de l’aéroport de Mazzeh (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

Parmi eux, beaucoup croupissaient dans l’un des centres de détention les plus meurtriers de Syrie : les geôles des services de renseignement de l’armée de l’air dans les sous-sols de l’aéroport de Mazzeh, en bordure de la ville. Alors, le 8 décembre au matin, après l’annonce de la chute de Bachar Al-Assad et de la déroute de son armée, Ahmad Hamed s’est précipité vers ces lieux, parmi les plus sécurisés du pays quelques heures plus tôt. Certaines cellules avaient déjà été ouvertes et parmi les prisonniers libérés, il n’a reconnu personne.

« Le pire endroit sur terre »

Douze ans plus tôt, ce jeune révolutionnaire de Mouadamiyat Al-Cham avait été détenu ici. Battu par des officiers des renseignements pour avoir participé à des manifestations, il se réveille à l’isolement dans une cellule de 1 mètre carré sans lumière où il est torturé pendant vingt-deux jours. Agé d’à peine 17 ans, il est finalement relâché après avoir été jugé par un tribunal pour « collaboration avec un groupe terroriste ».

Dans les entrailles de l’aéroport, Ahmad Hamed, désormais la trentaine, tente de retrouver en vain la cellule dans laquelle il était retenu. « On nous bandait les yeux, je ne me souviens de rien », se désole-t-il. Un soldat du HTC le guide dans l’un des sous-sols où étaient entassés des dizaines de prisonniers dans d’étroites cellules. Quelques pommes de terre et du pain rassis moisissent dans un coin, des couvertures sales sont éparpillées, les murs recouverts d’inscriptions dessinées au savon et, dans la cour, du linge est encore étendu sous le grillage barbelé.

« C’est vraiment le pire endroit sur terre », lâche-t-il une fois dehors en marchant sur la piste d’atterrissage déserte de cette base militaire construite par Hafez Al-Assad en grignotant sur les terres agricoles de Mouadamiyat Al-Cham. C’est d’ici que décollaient les hélicoptères qui lâchaient des barils d’explosif sur les habitants de la Ghouta occidentale. Désormais, dans une odeur de mazout, des lance-missiles antiaériens et des avions de combat détruits jonchent le tarmac, bombardés par l’armée israélienne dans les jours qui ont suivi la chute du régime.

Depuis le 8 décembre, chaque jour, ils sont des dizaines à se presser devant l’entrée de l’aéroport. Penchées au-dessus de classeurs et d’un tas de cartes d’identité, des familles cherchent les noms de leurs proches disparus dans les entrailles du régime. Leurs doigts défilent sur des listes interminables. Ahmad ne dit rien. Il sait que leurs quêtes sont vaines. « Quand on a vu les vidéos de la prison de Saydnaya, les chambres d’acide utilisées pour faire disparaître les détenus, on a compris qu’on ne retrouverait plus personne », déplore-t-il.

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Des avions abandonnés, bombardés par Israël peu après le renversement de Bachar Al-Assad, à l’aéroport militaire de Mazzeh (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA

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Cartes d'identité de personnes disparues, disposées à l’entrée principale de l'aéroport militaire de Mazzeh (Syrie), le 14 décembre 2024. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

Après avoir pleuré leurs morts, les habitants de Mouadamiyat Al-Cham, comme des dizaines de milliers d’autres Syriens, s’étaient accrochés à l’espoir de retrouver vivants leurs proches disparus. Dans la Ghouta occidentale, l’euphorie de la victoire n’a pas refermé les plaies de plus de treize ans d’oppression. Longtemps considérés comme des terroristes, les habitants ont consigné scrupuleusement chaque preuve, documenté chaque crime. Désormais dans le camp des vainqueurs, ils comptent bien inverser le récit. Dans chaque foyer, on exige que justice soit faite.

 

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Le 18/12/2024 à 23:53, Patrick a dit :

Et si ça devenait le cas? Que peuvent faire les iraniens pour maintenir la jonction avec leur proxy libanais de toutes façon? Ils vont être affaiblis et d'autres vont vouloir en profiter.

Dans le contexte des déclarations d'erdogan qui a forcément condamné fortement les opérations militaires israéliennes à Gaza, pourrait-il tenter un gambit anti-israélien en Syrie en soutenant par exemple les palestiniens de Syrie qui jusqu'ici comptaient dans leurs rangs des soutiens d'Assad?

Comment vois-tu la suite? Partition de la Syrie en zones d'influences? Mais sur quels acteurs locaux compterait Israel?

Et surtout le plus important pour nous, quel avenir pour les FDS et les Kurdes?

les iraniens et les russes sont encore un peu dans le jeu syrien mais en seconde ligne. Nul doute qu'il y a des manières pour l'Iran de maintenir un minimum de jonction avec leur proxy, la Syrie est un pays de traffics. Sinon comment le HTS aurait pu s'armer vu leur position centrale? Pour la suite difficile d'envisager tous les scenarii, c'est même difficile d'estimer des facteurs externes ou internes ceux qui auront un effet marquant. 

en interne : le "problème à trois corps" demeure sur le long terme : sunnite, allaouite et kurdes (pour simplifier) ne peuvent se retrouver à 1v2 sans soutien extérieur. Le nouveau pouvoir semble prudent avec les uns et les autres. Tout dépend bien sur de la capacité de HTS à évoluer vers une forme de "normalité". Sa prudence actuelle déplace les risques sur les facteurs actuels.

en externe : le problème n'est pas moindre.

- les iraniens et les russes sont encore un peu dans le jeu syrien mais en seconde ligne. Leur objectifs va être de limiter la casse et chacun à des atouts. Les russes ont des chances de conserver leur base navale, car le nouveau pouvoir peut avoir besoin d'eux et de leur capacité à fournir des armes.  Les iraniens peuvent user de leur influence envers le nouveau pouvoir s'il fait preuve de mansuétude envers les protégés de l'Iran qui sauverait quelque chose.

- les prédateurs turcs et israéliens sont au nord et au sud.  Ils s'entendent très bien entre eux pour dépecer la Syrie, il n'y aura pas de gambit anti-israélien, ni de soutien aux kurdes par Israel.

- les puissances occidentales sont partagées entre puissances molles et lointaines (UE) et un interventionnisme  semi-chaotique des USA. 

Quant à l'EI, je ne sais pas si je dois le classer en facteur interne ou externe. Sans interventions étrangères externes, les principales factions syriennes s'en débarrasseraient, il est trop néfaste.

l'intervention turque : les kurdes sont visés avec un risque très élevé - probable déplacements massifs de populations, etc. Le soutien américain est à double tranchant, contre l'EI c'est bon, contre les turcs et leurs alliés, ils sont absents. Un deal USA - Turquie sur un partage de territoire et d'influence  est-il possible? A mon avis non, s'il y a un risque qu'une enclave kurde quasi indépendante  en résulte. Autrement le soutien américain est une issue non pérenne pour les kurdes, car ils sont destinés à être sacrifiés sur l'autel d'intérêts plus élevés. Peuvent-ils compter sur d'autres soutiens extérieurs ? Pas grand chose en vue, il reste un possible accord  interne avec le HTS pour contrer les milices pro turcques.

Si cela se présente, les turcs seront perdants sur un front diplomatique et militairement à terme à moins d'envoyer l'armée

 

 

 

 

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Il y a 14 heures, Akilius G. a dit :

les iraniens et les russes sont encore un peu dans le jeu syrien mais en seconde ligne. Nul doute qu'il y a des manières pour l'Iran de maintenir un minimum de jonction avec leur proxy, la Syrie est un pays de traffics. Sinon comment le HTS aurait pu s'armer vu leur position centrale? Pour la suite difficile d'envisager tous les scenarii, c'est même difficile d'estimer des facteurs externes ou internes ceux qui auront un effet marquant. 

en interne : le "problème à trois corps" demeure sur le long terme : sunnite, allaouite et kurdes (pour simplifier) ne peuvent se retrouver à 1v2 sans soutien extérieur. Le nouveau pouvoir semble prudent avec les uns et les autres. Tout dépend bien sur de la capacité de HTS à évoluer vers une forme de "normalité". Sa prudence actuelle déplace les risques sur les facteurs actuels.

en externe : le problème n'est pas moindre.

- les iraniens et les russes sont encore un peu dans le jeu syrien mais en seconde ligne. Leur objectifs va être de limiter la casse et chacun à des atouts. Les russes ont des chances de conserver leur base navale, car le nouveau pouvoir peut avoir besoin d'eux et de leur capacité à fournir des armes.  Les iraniens peuvent user de leur influence envers le nouveau pouvoir s'il fait preuve de mansuétude envers les protégés de l'Iran qui sauverait quelque chose.

- les prédateurs turcs et israéliens sont au nord et au sud.  Ils s'entendent très bien entre eux pour dépecer la Syrie, il n'y aura pas de gambit anti-israélien, ni de soutien aux kurdes par Israel.

- les puissances occidentales sont partagées entre puissances molles et lointaines (UE) et un interventionnisme  semi-chaotique des USA. 

Quant à l'EI, je ne sais pas si je dois le classer en facteur interne ou externe. Sans interventions étrangères externes, les principales factions syriennes s'en débarrasseraient, il est trop néfaste.

l'intervention turque : les kurdes sont visés avec un risque très élevé - probable déplacements massifs de populations, etc. Le soutien américain est à double tranchant, contre l'EI c'est bon, contre les turcs et leurs alliés, ils sont absents. Un deal USA - Turquie sur un partage de territoire et d'influence  est-il possible? A mon avis non, s'il y a un risque qu'une enclave kurde quasi indépendante  en résulte. Autrement le soutien américain est une issue non pérenne pour les kurdes, car ils sont destinés à être sacrifiés sur l'autel d'intérêts plus élevés. Peuvent-ils compter sur d'autres soutiens extérieurs ? Pas grand chose en vue, il reste un possible accord  interne avec le HTS pour contrer les milices pro turcques.

Si cela se présente, les turcs seront perdants sur un front diplomatique et militairement à terme à moins d'envoyer l'armée

 

 

 

 

Les Kurdes de Syrie ont un gros atout à négocier avec le nouveau pouvoir qui s'installe en Syrie, et c'est le pétrole !

Certes, ce n'est pas le Pérou, mais cest une bonne base pour relancer l'économie et l'administration du pays. Et je pense que ça pèsera dans une éventuelle future alliance.

D'un autre côté HTS, peut estimer que la Turquie pèse trop lourd, pour se mettre Ankara à dos...

Modifié par Shorr kan
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Il y a 3 heures, Shorr kan a dit :

Les Kurdes de Syrie ont un gros atout à négocier avec le nouveau pouvoir qui s'installe en Syrie, et c'est le pétrole !

Certes, ce n'est pas le Pérou, mais cest une bonne base pour relancer l'économie et l'administration du pays. Et je pense que ça pèsera dans une éventuelle future alliance.

D'un autre côté HTS, peut estimer que la Turquie pèse trop lourd, pour se mettre Ankara à dos...

En interne l argument est solide. En externe in peut aussi voir les choses autrement et s inquièter du développement économique de zones kurdes

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Il y a 3 heures, Shorr kan a dit :

Les Kurdes de Syrie ont un gros atout à négocier avec le nouveau pouvoir qui s'installe en Syrie, et c'est le pétrole !

Certes, ce n'est pas le Pérou, mais cest une bonne base pour relancer l'économie et l'administration du pays. Et je pense que ça pèsera dans une éventuelle future alliance.

D'un autre côté HTS, peut estimer que la Turquie pèse trop lourd, pour se mettre Ankara à dos...

A supposer que les Kurdes parviennent à en garder le contrôle avant qu'ils le négocient.

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Il y a 3 heures, Shorr kan a dit :

Les Kurdes de Syrie ont un gros atout à négocier avec le nouveau pouvoir qui s'installe en Syrie, et c'est le pétrole !

Certes, ce n'est pas le Pérou, mais cest une bonne base pour relancer l'économie et l'administration du pays. Et je pense que ça pèsera dans une éventuelle future alliance.

D'un autre côté HTS, peut estimer que la Turquie pèse trop lourd, pour se mettre Ankara à dos...

HTS risque aussi de se dire que le pétrole serait bien plus en sureté entre leur main. Et ça tombe bien ils auraient un allié tout trouvé pour ça. 

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Cela dépendra de ce que souhaite être HTS (en considérant que cette organisation reste unie) pour la Syrie (permettre des élections, une direction réunissant les divers groupes capables de peser, un pouvoir central incontesté…), des menaces prioritaires qui pèsent sur cette volonté (quel acteur est le plus dangereux) et des acteurs qui peuvent l’aider à atteindre ce but, au moins temporairement. Avec des acteurs extérieurs qui compliquent évidemment ces calculs.

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il y a 54 minutes, nemo a dit :

HTS risque aussi de se dire que le pétrole serait bien plus en sureté entre leur main. Et ça tombe bien ils auraient un allié tout trouvé pour ça. 

Avoir du pétrole, c'est bien. Pouvoir l'exporter, c'est encore mieux.

Et comme dit Gustave, il y a beaucoup de variantes qui vont entrer en jeu ici.

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il y a 25 minutes, Ciders a dit :

Avoir du pétrole, c'est bien. Pouvoir l'exporter, c'est encore mieux.

Et comme dit Gustave, il y a beaucoup de variantes qui vont entrer en jeu ici.

Je suis pas sur que la production soi suffisante pour exporter beaucoup. Les besoins interne doivent sucer l'essentiel de la production. 

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il y a 3 minutes, nemo a dit :

Je suis pas sur que la production soi suffisante pour exporter beaucoup. Les besoins interne doivent sucer l'essentiel de la production. 

Tout dépend la finalité. S'il s'agit d'obtenir des devises dans un contexte trouble (maintien des sanctions, besoin impérieux de liquidités, etc), ça peut s'entendre. A ce sujet, le maintien du contrôle russe sur les plus riches entreprises syriennes (notamment les mines de phosphates) pèseront sûrement lourd dans toute négociation éventuelle entre Damas et Moscou.

Après... oui, on parle d'une production modeste et de réserves limitées. La guerre civile a presque tué le secteur syrien. A priori, ils produiraient autour de 30 000 barils/jour depuis 2014, dix fois moins qu'en 2008.

https://www.ceicdata.com/en/indicator/syria/crude-oil-production

Le niveau des réserves est sujet à caution mais le chiffre qui revenait le plus dans les années 2010 était d'environ 2,5 milliards de barils.

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Il y a 2 heures, Akilius G. a dit :

En interne l argument est solide. En externe in peut aussi voir les choses autrement et s inquièter du développement économique de zones kurdes

 

Il y a 1 heure, Ciders a dit :

A supposer que les Kurdes parviennent à en garder le contrôle avant qu'ils le négocient.

 

il y a une heure, nemo a dit :

HTS risque aussi de se dire que le pétrole serait bien plus en sureté entre leur main. Et ça tombe bien ils auraient un allié tout trouvé pour ça. 

 

Et bien, je suppose que ça dépendra ultimement de la bonne volonté de ce petit bonhomme* à leur prêter ou non assistance...

* le "petit bonhomme" en question

Révélation

 

images?q=tbn:ANd9GcQGyIjE2zZQBAC1EIM4G-7

 

 

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Le wokisme et l'inclusivité n'épargnent aucun pays, pas mêmes les islamistes de Homs, qui semblent avoir décidé de détruire le christianisme par une méthode dite "douce", en association avec Pitbull. 

Révoltant. Patrick, t'avait raison... Un massacre est en cours. 

 

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Le 20/12/2024 à 15:28, Shorr kan a dit :

Les Kurdes de Syrie ont un gros atout à négocier avec le nouveau pouvoir qui s'installe en Syrie, et c'est le pétrole !

(...)

et @Patrick

+ la région de Hassaké, (encore) contrôlée par l'AANES, est considérée si je ne m'abuse comme le grenier à blé de la Syrie.

+ les quelques milliers de Daeshiens qu'ils détiennent et constituent un autre atout.

Joulani a bien dit et répété (tant aux Kurdes, qu'aux combattants de Dera'a (la 8ème Brigade), qu'aux Druzes) qu'il ne tolèrerait aucune forme de fédéralisme. Cela implique une représentativité tant au futur parlement, qu'au gouvernement.

Et je crois que les US resteront. En tout cas le Pentagon via le CENTCOM pousse fort.

_______

ps: désolé de ne pouvoir répondre aussi réactivement que je le souhaiterais.

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