Wallaby Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 L'embargo sur les armes iraniennes a expiré en octobre 2020 : https://www.arabnews.com/node/2129166 (25 juillet 2022) Depuis octobre 2020, date d'expiration de l'embargo sur les armes imposé à l'Iran par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie et la Chine tentent de conclure des accords d'armement avec Téhéran. Ces deux puissances mondiales restent toutefois préoccupées par les éventuelles sanctions américaines résultant de ces tentatives. En outre, ce geste démontre également que Moscou a délibérément franchi les lignes rouges de Washington en ce qui concerne l'embargo sur les transactions d'armes avec l'Iran, allant jusqu'à importer des armes de l'État voyou. Il ne fait aucun doute que cette mesure encouragera d'autres pays à conclure des accords d'armement avec l'Iran dans le but de contourner les restrictions américaines. Cela pourrait conduire Washington à imposer des restrictions, des contrôles et des sanctions supplémentaires aux industries militaires iraniennes. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
fraisedesbois Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 il y a une heure, Wallaby a dit : L'embargo sur les armes iraniennes a expiré en octobre 2020 (...) et j'ai lu quelque part une extension de l'embargo jusqu'à 2022 en ce qui concerne de la "technologie balistique". heu, les drones Shahed c'est balistique? (rigolez pas). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 il y a 1 minute, fraisedesbois a dit : et j'ai lu quelque part une extension de l'embargo jusqu'à 2022 en ce qui concerne de la "technologie balistique". heu, les drones Shahed c'est balistique? (rigolez pas). Si la définition de "balistique" se réfère à des engins sans guidage, qu'on ne peut plus dévier une fois qu'ils sont lancés (comme la flèche d'un arc, un boulet de canon), alors cela semble difficile à appliquer à un drone qui est un engin guidé du début jusqu'à la fin. À l'origine, le "baliste" est une grande catapulte. On pourrait imaginer que cela s'applique aux "missiles balistiques" qui ont vocation à porter des têtes nucléaires (ou autres) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Missile_balistique Mais là encore, cela parait plutôt concerner une interdiction par des pays extérieurs d'aider l'Iran à s'en procurer ou à en fabriquer, alors qu'il n'est probablement pas en mesure de le faire, donc une interdiction d'importation, plutôt qu'une interdiction d'exportation. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
vno Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 3 heures, olivier lsb a dit : Et sans surprise, on livre du gaz à l'Allemagne... J'espère qu'on le leur revend bien cher, mais de çà, l'article ne pipe mot. Cela veut aussi dire que nos réserves sont pleines et pas encore entamées, malgré la baisse progressive des températures. https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/crise-energetique-la-france-a-livre-du-gaz-a-l-allemagne-dans-le-cadre-de-la-solidarite-europeenne_5415073.html Prix plancher autour de 1,6 euros le MW par appel d'offre pour un volume de 100 GW jour max lorsque les travaux seront finis si j'ai bien compris. C'est les abonnés au gaz Français qui payent les travaux, comme pour le raccordement de l'éolien. Pas impossible que Lemaire se soit planté pour les tarifs, puisqu'il se plaint que les américains nous font payer le gaz (pour les Allemands) 4 fois le prix de leur marché domestique. Il a du oublier d'intégrer les pertes par fuite avec certains méthaniers, qui sont colossales sur ces distances. Les nouveaux méthaniers ont une station de récupération et re-injection en phase liquide des fuites, mais il y en a peu. 1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
fraisedesbois Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 il y a 9 minutes, Wallaby a dit : (...) alors qu'il n'est probablement pas en mesure de le faire, donc une interdiction d'importation, plutôt qu'une interdiction d'exportation. ... et les "balistiques" Houthis sur Marib, par exemple, ils viennent d'où à ton avis? Pour les drones Shahed en mode "drone suicide", j'étais un peu sarcastique en effet, songeant à la trajectoire finale, en piqué vers la cible au sol. "Balistique". 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 3 heures, Wallaby a dit : Je répète ma question, qui est sérieuse : qu'est-ce qui dans ce texte sur le nucléaire iranien empêche l'Iran de fabriquer et de vendre des drones ? Où est le problème ? Il y a 2 heures, fraisedesbois a dit : je n'ai rien trouvé de tel (sans l'avoir relue in extenso j'admets, mais j'ai parcouru différents sites) https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N15/225/28/PDF/N1522528.pdf?OpenElement J'ai recherché les occurrences de "export" dans ce document - 49. Aucune ne se réfère à l'exportation par l'Iran de matériel sans rapport avec le nucléaire. il y a 33 minutes, Wallaby a dit : Si la définition de "balistique" se réfère à des engins sans guidage, qu'on ne peut plus dévier une fois qu'ils sont lancés (comme la flèche d'un arc, un boulet de canon), alors cela semble difficile à appliquer à un drone qui est un engin guidé du début jusqu'à la fin. À l'origine, le "baliste" est une grande catapulte. Dans ce cas, le mot "engin balistique" englobe aussi les ballons de foot Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 https://theconversation.com/ukraine-war-latest-un-vote-shows-world-wants-conflict-to-end-but-cant-agree-on-how-to-prevent-putin-going-nuclear-192219 (13 octobre 2022) La Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud, qui se sont toutes abstenues lors du vote, se sont inquiétées du fait que la résolution négligeait les conséquences plus larges de la guerre et n'était pas propice à la recherche d'une solution politique. Le Brésil, qui a voté en faveur de la résolution, a fait écho à ces sentiments. Son représentant a exprimé la déception du pays quant au fait que la "proposition d'inclure un message clair exhortant les parties à cesser les hostilités et à s'engager dans des négociations de paix n'a pas été incluse dans le projet". Tant que des pays comme la Chine et l'Inde refusent d'exiger de la Russie qu'elle mette fin à son occupation de l'Ukraine - et tant que l'Ukraine et ses soutiens occidentaux insistent pour ne pas négocier avec la Russie d'ici là ["no negotiations with Russia until then" : l'auteur, Professeur de sécurité internationale à l'université de Birmingham, exprime ici sa conviction que c'est l'Occident qui refuse de négocier], l'impasse qui en résulte permet à Poutine de poursuivre l'escalade en Ukraine. il y a 6 minutes, Alexis a dit : Dans ce cas, le mot "engin balistique" englobe aussi les ballons de foot Tout ce qui a une trajectoire parabolique (en fait plus précisément elliptique, obéissant aux lois de Newton). Y compris la lune, les planètes, et même la terre. Les astéroïdes. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Benoitleg Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 (modifié) Il y a 2 heures, Wallaby a dit : L'embargo sur les armes iraniennes a expiré en octobre 2020 : https://www.arabnews.com/node/2129166 (25 juillet 2022) Depuis octobre 2020, date d'expiration de l'embargo sur les armes imposé à l'Iran par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie et la Chine tentent de conclure des accords d'armement avec Téhéran. Ces deux puissances mondiales restent toutefois préoccupées par les éventuelles sanctions américaines résultant de ces tentatives. En outre, ce geste démontre également que Moscou a délibérément franchi les lignes rouges de Washington en ce qui concerne l'embargo sur les transactions d'armes avec l'Iran, allant jusqu'à importer des armes de l'État voyou. Il ne fait aucun doute que cette mesure encouragera d'autres pays à conclure des accords d'armement avec l'Iran dans le but de contourner les restrictions américaines. Cela pourrait conduire Washington à imposer des restrictions, des contrôles et des sanctions supplémentaires aux industries militaires iraniennes. La résolution 2231 /2015 ne porte pas sur le commerce des armes (au sens large) mais elle consiste à l'encadrement au domaine civil du nucléaire en Iran, contre la levée de certaines sanctions des embargos décidés par les USA et l'Union européenne envers l'Iran, ce qui permettait à nouveau de commercer sur une large liste de biens civils (rien sur le sujet de l'armement dans les levées de sanction). A la lecture de ce seul document, on peut comprendre que les embargos UE/USA interdisent en autre le commerce des armes, et que les USA sanctionneront fortement toute entité faisant commerce d'armes avec l'Iran (d’où les hésitations de ceux inclinant à ce commerce). La fin de la résolution 2231 n'entraîne pas l'autorisation du commerce des armes, pas plus que cette résolution ne l'interdit. Par contre et de fait, l'Iran se conformait au reste des interdits imposés par les embargos UE/USA pour respecter les conditions de la résolution et pouvoir commercer dans le domaine civil. L'acte de contrevenir à ces interdits (qui ne sont pas fixés par la résolution 2231) a pour effet direct de sortir du cadre de la résolution, subtilité du juridisme.... Et comme les USA ont dénoncé la résolution en 2018, il devenait assez vide de sens de la respecter pour l'Iran, les USA revenant à leur régime intégral d'embargo (dont les armes) avec sanctions à l'appui contre toute entité contrevenant à leurs règles, ce qui explique les hésitations chinoises et russes. Ces derniers n'en ont plus rien à faire pour maintenant, en fonction directe de leur propre niveau de sanction aujourd'hui.... A priori, le journaliste a juste interprété à l'envers le sens de la résolution 2231, mais on peut le comprendre, vu la finesse de sa construction. Modifié le 14 octobre 2022 par Benoitleg 2 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il est temps de relire Brzezinski. Ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Zbigniew Brzezinski (1928-2017) est célèbre notamment pour avoir publié en 1997 Le Grand Echiquier, fresque géopolitique mondiale discutant notamment les conditions et stratégies pour maintenir sur le long terme la prépondérance (voire la domination) des Etats-Unis sur le système international Une certaine citation de ce livre est répétée ces temps-ci. J'ai eu la curiosité de vérifier si elle n'était pas apocryphe. C'est facile, car le texte est maintenant intégralement disponible en ligne Eh bien, non. La citation est authentique Potentiellement, le scénario le plus dangereux [ à la primauté américaine ] serait une grande coalition de la Chine, de la Russie et peut-être de l'Iran, une coalition "anti-hégémonique" unie non pas par une idéologie mais par des griefs complémentaires. Elle rappellerait, par son ampleur et sa portée, le défi posé autrefois par le bloc sino-soviétique, même si, cette fois, la Chine serait probablement le leader et la Russie le suiveur Pour parer à cette éventualité, aussi lointaine soit-elle, il faudra que les États-Unis fassent preuve de compétences géostratégiques sur les périmètres occidental, oriental et méridional de l'Eurasie simultanément. (Potentially, the most dangerous scenario would be a grand coalition of China, Russia, and perhaps Iran, an "antihegemonic" coalition united not by ideology but by complementary grievances. It would be reminiscent in scale and scope of the challenge once posed by the Sino-Soviet bloc, though this time China would likely be the leader and Russia the follower. Averting this contingency, however remote it may be, will require a display of U.S. geostrategic skill on the western, eastern, and southern perimeters of Eurasia simultaneously.) Ce que Brzezinski décrivait comme une éventualité "lointaine" il y a 25 ans est arrivé. Il faut croire que les Etats-Unis n'ont pas fait preuve de "compétences géostratégiques" suffisantes. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Mes dernières notes sur Brzezinski : Le 26/07/2022 à 12:34, Wallaby a dit : https://www.lenouvelespritpublic.fr/podcasts/357 (24 juillet 2022) Interview de Jérémie Gallon, prof à Sciences Po, auteur en 2021 de Henry Kissinger. L’Européen. Je suis d’ailleurs frappé que Brzeziński et Kissinger ont eu la même analyse sur l’Ukraine. Tous deux analysaient la situation du pays depuis une perspective historique de long terme, tous deux considèrent qu’historiquement, la Russie a toujours eu un Etat-tampon entre elle et l’Europe. En 2014, Kissinger écrivit un long article dans le Washington Post, dans lequel il appelait à une « finlandisation » de l’Ukraine. Je pense qu’il n’utiliserait plus ce terme aujourd’hui, mais pencherait davantage pour une solution de type autrichien, avec une Ukraine membre de l’UE mais pas de l’OTAN. Brzeziński partageait cette analyse. On a souvent opposé les deux hommes à propos de leur analyse de la Russie, en disant que Brzeziński était très dur, là où Kissinger était favorable à la détente. Je pense que c’était bien plus nuancé que cela, et l’exemple ukrainien le montre. - Le 23/06/2022 à 16:04, Wallaby a dit : https://www.commondreams.org/views/2022/06/21/amid-new-cold-war-us-playing-fire-ukraine À la fin de la guerre froide, alors que les États-Unis semblaient chevaucher le globe comme un Titan de la légende grecque, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter et fervent adepte de la théorie géopolitique de Mackinder, a averti que Washington devait veiller à éviter trois écueils susceptibles d'éroder sa puissance mondiale. Elle doit, a-t-il averti, préserver son "perchoir stratégique sur la périphérie occidentale" de l'Eurasie par le biais de l'OTAN ; elle doit empêcher "l'expulsion de l'Amérique de ses bases offshore" le long du littoral du Pacifique ; et elle doit bloquer la montée en puissance d'"une entité unique affirmée" dans "l'espace intermédiaire" de cette vaste masse continentale. Quoi que Washington ait fait pour renforcer son "perchoir stratégique" en Europe en ralliant l'OTAN et ses alliés dans le Pacifique également, il n'a manifestement pas réussi à satisfaire le troisième critère essentiel de Brzezinski pour la préservation de sa puissance mondiale. En effet, la montée en puissance de la Chine en tant qu'"entité unique qui s'affirme" dans l'"espace médian" de l'Eurasie pourrait potentiellement porter un coup géopolitique fatal aux ambitions mondiales de Washington, l'équivalent de l'impact que la scission sino-soviétique a eu sur Moscou pendant l'ancienne guerre froide. S'inspirant du manuel géopolitique de Staline [jusqu'à sa mort en 1953, Staline a maintenu l'armée américaine enlisée en Corée], le président Xi a beaucoup à gagner du plongeon obstiné de Vladimir Poutine en Ukraine. À court terme, l'accent mis par Washington sur l'Europe ralentit tout "pivot" stratégique sérieux vers le Pacifique, permettant à Pékin d'y consolider davantage sa domination commerciale naissante. En s'alliant à la Russie et en répondant ainsi à ses propres besoins alimentaires et énergétiques, tout en maintenant ses liens avec l'Europe par une neutralité formelle dans la guerre en Ukraine, Pékin pourrait en sortir, comme Moscou après la guerre du Vietnam, avec une influence mondiale nettement renforcée et une position géopolitique des États-Unis considérablement affaiblie. La guerre ayant déjà provoqué ce que la Banque mondiale appelle une "énorme crise humanitaire", des pressions s'exercent pour trouver un moyen de réintégrer la Russie dans une économie mondiale qui souffre gravement de l'ostracisme d'un pays qui se classe au premier rang mondial pour les exportations de blé et d'engrais, au deuxième pour la production de gaz et au troisième pour la production de pétrole. En bloquant les ports ukrainiens de la mer Noire et en avançant vers son principal port, Odessa, Poutine a perturbé les exportations de céréales de la Russie et de l'Ukraine, qui fournissent à elles deux près d'un tiers du blé et de l'orge du monde et sont donc essentielles à l'alimentation du Moyen-Orient et d'une grande partie de l'Afrique. Avec le spectre de la famine de masse qui plane sur quelque 270 millions de personnes et, comme l'ont récemment averti les Nations unies, l'instabilité politique croissante dans ces régions instables, l'Occident devra, tôt ou tard, trouver un terrain d'entente avec la Russie. Alors que le conflit en Ukraine se transforme en une impasse militaire prolongée, certains signes indiquent que les deux parties atteignent leur limite en matière de guerre et pourraient être contraintes de rechercher une solution diplomatique. Même si l'afflux d'armes lourdes en provenance de l'Ouest se poursuit, l'armée ukrainienne meurtrie peut, au mieux, repousser la Russie sur le territoire qu'elle détenait avant le début des hostilités actuelles, laissant peut-être Moscou contrôler le sud-est de l'Ukraine, une grande partie ou la totalité de la région de Donbas et la Crimée. Contrairement à la rhétorique triomphaliste du Pentagone, qui entend utiliser la guerre pour "affaiblir" définitivement l'armée russe, le président français Emmanuel Macron a suggéré sobrement que "nous ne devons pas humilier la Russie pour... pouvoir construire une rampe de sortie par des moyens diplomatiques". Bien que controversée, cette opinion peut encore prévaloir. Si c'est le cas, il pourrait bien y avoir un accord diplomatique dans lequel l'Ukraine échange des morceaux de territoire contre l'acceptation d'un statut de neutralité semblable à celui de l'Autriche, lui permettant de rejoindre l'Union européenne, mais pas l'OTAN. En attaquant l'Ukraine et en s'aliénant l'Europe, Poutine a subi un coup géopolitique grave mais pas nécessairement fatal. Empêché de s'étendre vers l'ouest, il accélère désormais le "pivot vers l'est" de la Russie et intègre rapidement son économie à celle de la Chine. Ce faisant, il est susceptible de consolider la domination géopolitique de Pékin sur la vaste masse terrestre eurasienne, l'épicentre de la puissance mondiale, tandis que les États-Unis, vautrés dans le chaos intérieur, subissent un déclin qui n'a rien à voir avec la guerre froide. Alfred W. McCoy est professeur d'histoire à l'Université du Wisconsin-Madison. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 elle doit bloquer la montée en puissance d'"une entité unique affirmée" dans "l'espace intermédiaire" de cette vaste masse continentale. Intéressant de voir que Zbigniew Brzezinski tien a ce concept. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Région_intermédiaire 3 hours ago, Skw said: L'exportation d'armes par l'Iran ou l'importation d'armes depuis l'Iran, notamment par la Russie ? Il me semble que c'est plutôt la Russie qui serait contrevenante à la résolution. A moins que les deux pays puissent être considérés comme entités contrevenantes. Les deux. La résolution vise à mettre fin à terme au régime de sanction. Dedans il y a le sanctions concerné notamment import et export d'armement. Et le processus et délai de réduction des sanctions. En théorie la résolution est valable pour 5 ans avec une autre échéance le respect du programme nucléaire civil avec la certification par l'AIEA. Le souci c'est que depuis septembre 2000. Les USA poussent la poursuite du régime de sanction... Sauf que en pratique je ne sais pas quel est aujourd'hui l'état du régime de sanction puisque sans nouvelle résolution la précédente devait finir au bout de 5 ans après 2015. Donc je sais pas si l'embargo est toujours d'actualité au sens de l'OTAN. 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Manuel77 Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 17 heures, olivier lsb a dit : A quel point l'Allemagne est compromise ? On peut se le demander, avec les forts soupçons qui pèsent actuellement sur le patron de l'équivalent de l'ANSSI @Manuel77 Comment cette information est perçue en Allemagne ? https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/11/berlin-pourrait-limoger-son-m-cybersecurite-soupconne-de-collusion-avec-la-russie_6145268_3210.html En Allemagne, « M. Cybersécurité » soupçonné de collusion avec la Russie Directeur de l’Office fédéral pour la sécurité des techniques de l’information, il a fondé, en 2012, et présidé, jusqu’en 2016, une association présumée proche des services russes de renseignement. Bonjour Olivier, le ténor de nos médias est qu'il s'agit plutôt d'un canular de journal hystérisé. Tu peux lire ici, mais je ne te le conseille pas, ce n'est pas très intéressant : https://www.heise.de/news/BSI-Affaere-Spekulationen-um-lancierte-Vorwuerfe-und-ein-Bauernopfer-7304787.html https://www.wiwo.de/technologie/digitale-welt/nach-boehmermann-recherche-wird-bsi-praesident-schoenbohm-zum-bauernopfer/28733918.html On va révoquer ce directeur de la sécurité de l'information, mais la raison est qu'il était de toute façon impopulaire auprès de sa chef politique (ministre de l'Intérieur). Il était considéré comme trop proche des intérêts des entreprises. Il est en outre transatlantique et fils d'un général de l'armée allemande qui est ensuite devenu homme politique au sein de la CDU. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Kelkin Posté(e) le 14 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 3 heures, Alexis a dit : Une certaine citation de ce livre est répétée ces temps-ci. J'ai eu la curiosité de vérifier si elle n'était pas apocryphe. C'est facile, car le texte est maintenant intégralement disponible en ligne Eh bien, non. La citation est authentique Potentiellement, le scénario le plus dangereux [ à la primauté américaine ] serait une grande coalition de la Chine, de la Russie et peut-être de l'Iran, une coalition "anti-hégémonique" unie non pas par une idéologie mais par des griefs complémentaires. Elle rappellerait, par son ampleur et sa portée, le défi posé autrefois par le bloc sino-soviétique, même si, cette fois, la Chine serait probablement le leader et la Russie le suiveur Pour parer à cette éventualité, aussi lointaine soit-elle, il faudra que les États-Unis fassent preuve de compétences géostratégiques sur les périmètres occidental, oriental et méridional de l'Eurasie simultanément. (Potentially, the most dangerous scenario would be a grand coalition of China, Russia, and perhaps Iran, an "antihegemonic" coalition united not by ideology but by complementary grievances. It would be reminiscent in scale and scope of the challenge once posed by the Sino-Soviet bloc, though this time China would likely be the leader and Russia the follower. Averting this contingency, however remote it may be, will require a display of U.S. geostrategic skill on the western, eastern, and southern perimeters of Eurasia simultaneously.) Ce que Brzezinski décrivait comme une éventualité "lointaine" il y a 25 ans est arrivé. Pas tout à fait. En effet, il n'y a pas véritablement de coalition entre la Russie et les deux autres. La Chine, tout comme l'Iran d'ailleurs, sont encore à chercher à ménager la chèvre et le chou, malgré les tensions. Pour la Chine, il est encore trop tôt pour espérer se couper de l'Occident, surtout avec l'épidémie de covid-19 qui continue à perturber le bon fonctionnement du pays. L'Iran a de même ses propres problèmes internes. Enfin, la Russie se comporte encore comme si elle était le leader, ce qui explique d'ailleurs peut-être en partie la tiédeur affichée de la Chine... 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ciders Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 3 heures, Alexis a dit : Il est temps de relire Brzezinski. Ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Zbigniew Brzezinski (1928-2017) est célèbre notamment pour avoir publié en 1997 Le Grand Echiquier, fresque géopolitique mondiale discutant notamment les conditions et stratégies pour maintenir sur le long terme la prépondérance (voire la domination) des Etats-Unis sur le système international Une certaine citation de ce livre est répétée ces temps-ci. J'ai eu la curiosité de vérifier si elle n'était pas apocryphe. C'est facile, car le texte est maintenant intégralement disponible en ligne Eh bien, non. La citation est authentique Potentiellement, le scénario le plus dangereux [ à la primauté américaine ] serait une grande coalition de la Chine, de la Russie et peut-être de l'Iran, une coalition "anti-hégémonique" unie non pas par une idéologie mais par des griefs complémentaires. Elle rappellerait, par son ampleur et sa portée, le défi posé autrefois par le bloc sino-soviétique, même si, cette fois, la Chine serait probablement le leader et la Russie le suiveur Pour parer à cette éventualité, aussi lointaine soit-elle, il faudra que les États-Unis fassent preuve de compétences géostratégiques sur les périmètres occidental, oriental et méridional de l'Eurasie simultanément. (Potentially, the most dangerous scenario would be a grand coalition of China, Russia, and perhaps Iran, an "antihegemonic" coalition united not by ideology but by complementary grievances. It would be reminiscent in scale and scope of the challenge once posed by the Sino-Soviet bloc, though this time China would likely be the leader and Russia the follower. Averting this contingency, however remote it may be, will require a display of U.S. geostrategic skill on the western, eastern, and southern perimeters of Eurasia simultaneously.) Ce que Brzezinski décrivait comme une éventualité "lointaine" il y a 25 ans est arrivé. Il faut croire que les Etats-Unis n'ont pas fait preuve de "compétences géostratégiques" suffisantes. Encore et toujours le vieux fantasme du bloc continental hétérogène, très différent dans tous les domaines mais uni face à la seule idée d'une menace américaine/occidentale/démocratique ? On avait le bloc communiste dans les années 1950, on retouille la même soupière ? Que les Américains ne soient pas terriblement efficaces en matière de gestion géopolitique, d'accord. Mais enfin, quand on voit l'état de la "menace" russe et l'absence totale de contre-mesures unifiées de la part de ce "bloc", on est en droit de se poser des questions sur la réalité du problème supposé se poser ici. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 10 minutes ago, Ciders said: Encore et toujours le vieux fantasme du bloc continental hétérogène, très différent dans tous les domaines mais uni face à la seule idée d'une menace américaine/occidentale/démocratique ? On avait le bloc communiste dans les années 1950, on retouille la même soupière ? Pourtant ces théories ne sont pas récentes, elles font toujours l'objet de recherches sérieuses et sont toujours très largement enseigné dans les écoles militaires américaine. Accessoirement elles ont été plus ou moins validé par l'histoire ... ... j'ai du mal à comprendre pourquoi tu rejettes ces recherches d'un revers de la main? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ciders Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 il y a 1 minute, g4lly a dit : Pourtant ces théories ne sont pas récentes, elles font toujours l'objet de recherches sérieuses et sont toujours très largement enseigné dans les écoles militaires américaine. Accessoirement elles ont été plus ou moins validé par l'histoire ... ... j'ai du mal à comprendre pourquoi tu rejettes ces recherches d'un revers de la main? "Plus ou moins". Voilà le problème. Je pourrais aussi dire que ce qui est enseigné dans les écoles militaires américaines n'a pas toujours été de la meilleure qualité, notamment dans les années 1950 à 1970. Mais concrètement, restons-en à cette constatation qui me paraît assez juste depuis quelques dizaines d'années, voire davantage. La carpe, le lapin et la calandre de R19 peuvent toujours essayer de s'associer contre le distributeur automatique, ça ne marchera pas ou alors ça finira mal pour eux. Et historiquement parlant, malgré tout ce qui a pu être dit, proposé, annoncé en grandes pompes depuis 1991 et même avant, on ne voit rien de cette alliance supposée être la mère de toutes les menaces pour la suprématie américaine. Ceci dit, du temps où je jouais à Jane's Fleet Command, c'était le scénario de départ. Y'avait l'Inde aussi dedans de mémoire. 2 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
U235 Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 6 hours ago, vno said: Pas impossible que Lemaire se soit planté pour les tarifs, puisqu'il se plaint que les américains nous font payer le gaz (pour les Allemands) 4 fois le prix de leur marché domestique. Il a du oublier d'intégrer les pertes par fuite avec certains méthaniers, qui sont colossales sur ces distances. Les nouveaux méthaniers ont une station de récupération et re-injection en phase liquide des fuites, mais il y en a peu. Je ne comprends vraiment pas cette plainte de Le Maire, mais je me demande s'il s'agit d'un problème lié au fait que je ne comprends pas certaines subtilités de la langue française. D'après ce que j'ai lu, il se plaint que l'Amérique vend le gaz à un prix déraisonnablement élevé à l'Europe, "4 fois plus cher" que sur le marché intérieur américain. Il donne l'impression que l'Amérique donne spécifiquement à l'Europe (seulement l'Europe ?) un prix plus élevé. Il est le ministre de l'économie, donc je ne doute pas qu'il soit très instruit sur les questions économiques et qu'il soit compétent et accompli à un degré qui le qualifie pour être nommé à un poste aussi élevé. C'est pourquoi ses déclarations me laissent si perplexe. 1) Le GN extrait, acheminé par gazoduc vers un terminal d'exportation, liquéfié, chargé sur des navires spécialisés dans le GNL, transporté à travers l'Atlantique, déchargé dans un terminal d'importation, gazéifié et transporté jusqu'au consommateur coûtera toujours plus cher que le GN extrait et acheminé directement par gazoduc sur le territoire continental des États-Unis. Sans parler des frictions et des dépenses liées au commerce, aux tarifs, aux douanes, etc. qui peuvent être impliqués dans le commerce international. S'attend-il à ce que les États-Unis couvrent tous ces coûts supplémentaires afin que le prix final soit le même que s'il recevait le gaz d'un terminal de gazoduc à Cushing, en Oklahoma ? 2) "L'Amérique" ne fixe pas le prix du gaz naturel ou du pétrole. Nous ne faisons pas partie d'un cartel de matières premières et "l'Amérique" n'est pas dans le secteur pétrolier. Il existe des entreprises privées individuelles basées aux États-Unis qui vendent leur GN au meilleur prix qu'elles peuvent obtenir tant que l'effort à fournir reste rémunérateur. "L'implication principale de l'Amérique est de réguler ces entreprises et de s'assurer qu'elles ne forment pas de cartel. Encore une fois, ce n'est pas comme si Biden avait dit à ses employés de vendre le gaz naturel à un certain prix, il ne peut tout simplement pas le faire. La propriété gouvernementale de l'industrie est un anathème aux États-Unis. Il n'y a eu que quelques occasions dans l'histoire où le gouvernement a pris une participation dans une entreprise ou l'a nationalisée, et c'était toujours temporaire. Il existe quelques entreprises qui ont une charte gouvernementale (par exemple, le service postal américain, la Federal Crop Insurance Corp, etc. Je me rends compte que la situation est différente en France, où l'État possède des parts dans un certain nombre d'entreprises, mais Le Maire doit sûrement être conscient de ces différences nationales. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
herciv Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 La SUède soupçonnée de vouloir mener une investigation indépendante sur la destruction des NS à cause du niveau de classification de l'enquète : https://www.t-online.de/nachrichten/ausland/id_100066078/nord-stream-sabotage-andersson-dementiert-alleingang-bei-ermittlungen.html Andersson nie faire cavalier seul dans les enquêtes de Nord Stream Fuite de gaz sur le gazoduc Nord Stream: « Nous travaillons avec le Danemark et l’Allemagne », a déclaré Andersson à propos de l’enquête. (Source : images IMAGO/Danska Forsvaret/imago) Les médias avaient rapporté dans la matinée que la Suède voulait enquêter seule sur les fuites de Nord Stream. Maintenant, le chef du gouvernement a commenté. La Première ministre suédoise Magdalena Andersson a rejeté un rapport selon lequel la Suède ne veut plus enquêter sur la fuite de gaz sur les gazoducs Nord Stream endommagés avec le Danemark et l’Allemagne. « Si je comprends bien, ce n’est pas vrai. Nous travaillons avec le Danemark et l’Allemagne sur cette question », a déclaré Andersson dans une interview télévisée avec Reuters à Berlin vendredi soir. « L’enquête suédoise est toujours en cours. Nous avons été rapidement dans l’eau pour des enquêtes et avons amené du matériel au sommet. L’enquête est toujours en cours. » Auparavant, le « Spiegel » avait rapporté que la Suède aurait refusé une enquête conjointe pour des raisons de sécurité. t-online en avait également fait état. Andersson: les pays de l’UE vulnérables aux infrastructures Andersson a déclaré qu’elle ne savait pas si la Russie était derrière le sabotage des pipelines. L’incident montre que les États de l’UE sont vulnérables en termes d’infrastructures, en plus du secteur de l’énergie, également dans les trains comme en Allemagne. « Mais avec Nord Stream, la leçon la plus importante est que nous ne devrions pas dépendre des combustibles fossiles de pays dont nous ne devrions pas dépendre. » Cela inclut la Russie, mais cela s’applique également à d’autres pays qu’elle n’a pas nommés. La conversion à une industrie de l’énergie verte doit être accélérée. « L’approvisionnement n’est pas menacé » : Un rapport d’expert montre des erreurs avec Nord Stream Après les explosions sur le gazoduc : Fuites nord stream : la police fédérale enquête Der Spiegel avait rapporté que la Suède avait rejeté la formation de l’équipe internationale pour l’enquête. La décision était fondée sur le fait que leurs cotes de sécurité des résultats de l’enquête étaient trop élevées pour être partagées avec d’autres États. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 9 heures, Skw a dit : L'exportation d'armes par l'Iran ou l'importation d'armes depuis l'Iran, notamment par la Russie ? Il me semble que c'est plutôt la Russie qui serait contrevenante à la résolution. A moins que les deux pays puissent être considérés comme entités contrevenantes. En venant de là, lien au second paragraphe, page 109 ; je lis 5 ans : Tous les États sont tenus : [...] b) De prendre les mesures nécessaires pour empêcher, sauf si le Conseil de sécurité en décide autrement à l’avance au cas par cas, la fourniture, la vente ou le transfert par leurs ressortissants, ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, d’armes ou de matériels connexes provenant d’Iran, qu’ils soient ou non originaires du territoire iranien, jusqu’au cinquième anniversaire de la Date d’adoption du Plan d’action ou jusqu’à la date de la présentation par l’AIEA d’un rapport confirmant la Conclusion élargie, si elle est antérieure ; Ca interdit le transport mais pas l'achat direct par un état à l'Iran, si je lis bien. Légèrement ambigu... mais 5 ans. Version anglaise (pas mieux) : b) Take the necessary measures to prevent, except as decided otherwise by the UN Security Council in advance on a case-by-case basis, the supply, sale, or transfer of arms or related materiel from Iran by their nationals or using their flag vessels or aircraft, and whether or not originating in the territory of Iran, until the date five years after the JCPOA Adoption Day or until the date on which the IAEA submits a report confirming the Broader Conclusion, whichever is earlier; Donc l'Iran pouvait vendre mais pas livrer des armes à partir de 2015. Et si elle vendait, elle n'était nominalement en cause : seul ceux qui transportaient ces armes étaient en contravention. C'était mon exercice de para-juridisme du soir... Et d'ailleurs je note la signature sur ces documents du Haut Représentant pour la politique extérieure de l'Union, quel délice pour la réponse sur un autre fil ! 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
U235 Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 On 10/7/2022 at 6:14 PM, Alexis said: Les messages que j'entends sont les suivants : 1. Le président Biden a parlé de façon inadaptée et imprudente 2. La France maintient et maintiendra sa "claire" doctrine de dissuasion nucléaire protégeant ses seuls intérêts vitaux. En filigrane - enfin à peine - le rappel que l'Ukraine n'est pas un intérêt vital de la France 3. En filigrane aussi, ou du moins en conséquence assez immédiate, le fait qu'une campagne militaire contre une autre puissance dotée - la Russie - pourrait mettre en danger les intérêts vitaux de la France. Bref, que dans le cas où les Etats-Unis attaqueraient les forces russes suite à des tirs nucléaires russes en Ukraine, la France n'y participerait pas Quoi que l'on pense de Macron, et les opinions politiques les plus diverses peuvent être soutenues, je crois nécessaire de reconnaître une chose : Emmanuel Macron n'est pas en état de mort cérébrale Reveal hidden contents Source personnelle privée, avec deux intermédiaires. C'est-à-dire que Macron parle à X qui est en position et droit d'en connaître, lequel parle à Y, qui me parle. Le message de Y équivalait à "X me l'a confirmé, même dans le cas où la Russie passe au nucléaire en Ukraine, la dissuasion c'est seulement pour les intérêts vitaux" On 10/12/2022 at 4:45 PM, Alexis said: Macron a été sans ambiguïté aucune. Je regrette que Biden n'ait pas à ce jour fait preuve de la même clarté. J'entends bien qu'il n'est pas dans la même situation, parce qu'il cherche à maintenir la théorie de la dissuasion étendue, comme quoi l'Amérique serait prête à utiliser le nucléaire en cas d'attaque non sur son propre territoire, mais sur celui d'un de ses alliés.... Mais Biden gagnerait à mon avis à clarifier la position en ce qui concerne l'Ukraine. Laquelle n'est pas un allié de l'OTAN. Faire croire que les Etats-Unis passeraient au nucléaire pour l'Ukraine n'est de toute façon pas crédible, et il n'y arrivera pas, mais cela introduit une inquiétude sur un éventuel enchaînement nucléaire américano-russe qui ne fait que troubler les populations. On 10/8/2022 at 5:54 AM, Wallaby said: Il y a un autre président qui a parlé de façon inadaptée et imprudente : ... Le point de vue opposé. Reportage du Financial Times. Emmanuel Macron critiqué pour avoir rompu avec l'"ambiguïté stratégique" sur les armes nucléaires Le président précise que la France ne répondrait pas en nature à une attaque atomique russe en Ukraine. Leila Abboud à Paris et Henry Foy à Bruxelles, le 13 octobre. Emmanuel Macron a déclaré que la doctrine nucléaire française reposait sur les "intérêts fondamentaux de la nation", qui ne seraient pas affectés par une attaque contre l'Ukraine © Gonzalo Fuentes/Reuters Le président français Emmanuel Macron a fait face à des critiques au sein de l'alliance de l'OTAN pour avoir déclaré que la France ne répondrait pas avec des armes nucléaires si la Russie utilisait son propre arsenal atomique contre l'Ukraine ou "la région", ce qui rompt avec la politique standard d'"ambiguïté stratégique". Dans une interview à France 2 mercredi soir, M. Macron a déclaré que la doctrine nucléaire du pays reposait sur les "intérêts fondamentaux de la nation", qui "ne seraient pas directement affectés si, par exemple, il y avait une attaque nucléaire balistique sur l'Ukraine, ou dans la région". Il est rare que les dirigeants des pays dotés d'armes nucléaires précisent explicitement quand ces armes seront utilisées, en raison de la théorie vieille de plusieurs décennies de la dissuasion par l'ambiguïté stratégique, et afin de ne pas fournir aux adversaires un livre de jeu potentiel pour d'éventuelles attaques. "Une partie de notre dissuasion consiste également à ne pas spéculer publiquement sur le type de réponse, dans quel type de situation, qu'ils obtiendraient", a déclaré Kasja Ollongren, ministre de la défense des Pays-Bas, interrogée sur les déclarations de Macron. "Le président de la France parle pour la France et pour lui-même. Je pense que notre choix est [...] de condamner [la rhétorique nucléaire de Poutine], de garder notre calme et de nous préparer", a-t-elle ajouté. "Je ne commenterais pas les différentes possibilités et ne dirais pas 'oui' ou 'non'". Les responsables de l'OTAN ont refusé de commenter les remarques de Macron. Mais parlant en privé, ils ont dit que si une réponse avec des armes conventionnelles à une attaque nucléaire russe en Ukraine était très probable, la politique de l'alliance était de ne pas préciser dans quelles circonstances exactes les armes nucléaires seraient ou non utilisées. La France est l'un des trois membres de l'OTAN dotés de l'arme nucléaire et un élément essentiel de la dissuasion occidentale contre la Russie. Les propos de M. Macron ont été amplifiés à la veille d'une réunion des ministres de la défense de l'OTAN à Bruxelles, en partie consacrée à des discussions sur la planification nucléaire de l'alliance. S'exprimant jeudi après ces discussions, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que l'alliance ne ferait aucun commentaire sur la manière dont ses membres réagiraient à l'utilisation d'une arme nucléaire. "Nous ne nous étendrons pas sur la manière exacte dont nous réagirons", a déclaré Stoltenberg aux journalistes. "Cela aura de graves conséquences si la Russie utilise une quelconque arme nucléaire contre l'Ukraine". La France ne participe pas aux mécanismes officiels de l'OTAN en matière d'armes nucléaires, et ne prendra pas part aux exercices nucléaires annuels de l'alliance la semaine prochaine. La guerre de huit mois en Ukraine entre dans une phase délicate, le président russe Vladimir Poutine menaçant d'utiliser des armes nucléaires si le territoire russe est attaqué. La Russie a subi des revers militaires à la suite des contre-offensives ukrainiennes, ce qui a fait monter la pression sur Poutine et incité ses hauts responsables à avertir que "tous les moyens disponibles" seraient utilisés, y compris les armes atomiques. En France, les experts en défense sont également restés perplexes face aux déclarations de M. Macron, qui diffèrent de la manière dont les précédents présidents français ont souvent éludé les questions relatives à la doctrine nucléaire. Certains ont fait remarquer que la région entourant l'Ukraine comprend plusieurs membres de l'OTAN avec lesquels la France a un engagement de défense mutuelle. M. Macron avait auparavant exposé son point de vue sur la doctrine nucléaire dans un discours prononcé en 2020, qui soulignait le rôle de la dissuasion nucléaire française dans le soutien de la sécurité européenne. "Nos forces nucléaires ont en elles-mêmes un effet dissuasif, notamment en Europe", avait alors déclaré Macron. "Elles renforcent la sécurité de l'Europe par leur existence même et elles ont, en ce sens, une dimension véritablement européenne." Interrogé sur le fait de savoir si les commentaires du président dans l'interview télévisée représentaient un changement de politique, un fonctionnaire de l'Elysée a déclaré que ce n'était pas le cas et qu'ils ne remettaient pas en question les engagements de défense de la France envers les pays de l'OTAN. "La dissuasion nucléaire est la prérogative du chef de l'Etat et son appréciation à un moment donné de ce qui est nécessaire pour préserver nos intérêts vitaux", a déclaré cette personne. Bruno Tertrais, un expert militaire qui a coécrit un livre sur les présidents français et la bombe, a déclaré que Macron était dans son droit en tant que commandant en chef de parler de la doctrine nucléaire, mais a mis en doute la sagesse de le faire. "J'imagine qu'il a voulu rassurer le public français, qui est inquiet à juste titre", a-t-il déclaré au journal Le Figaro. "La dissuasion est un art subtil qui doit mêler clarté et subtilité. Le président a poussé le curseur très loin - trop loin à mon avis - vers la clarté." 1 2 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 14 octobre 2022 Share Posté(e) le 14 octobre 2022 @U235 : bien que personnellement aussi critique que Bruno Tertrais sur cette déclaration (l’ambiguïté aurait dû persister ! ), je me demande si l'un des éléments qui a entraîné cette formulation, outre un éventuel message "rassurant" à destination des français (pas nécessaire !), n'est pas la crainte d'être entraîné dans un conflit nucléaire par un manque de retenu de... la partie ukrainienne. Pas pour dire aux ukrainiens de cesser le combat, les forcer à négocier maintenant ou je ne sais quoi, non : juste pour leur rappeler qu'ils ne sont pas mécaniquement couverts par la dissuasion (française en tout cas). Peut être une conséquence de l'affaire Douguine, par exemple, si une certaine implication étatique ukrainienne y était confirmée. C'est une question. 1 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Heorl Posté(e) le 14 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Il y a 2 heures, g4lly a dit : Pourtant ces théories ne sont pas récentes, elles font toujours l'objet de recherches sérieuses et sont toujours très largement enseigné dans les écoles militaires américaine. Accessoirement elles ont été plus ou moins validé par l'histoire ... ... j'ai du mal à comprendre pourquoi tu rejettes ces recherches d'un revers de la main? Les théories d'Ibn Khaldoun sont toujours enseignées et étudiées et pourtant elles n'ont pas été validées par l'Histoire. Elles sont même enseignées précisément pour être démontées derrière. Quant aux théories de Brzezinski elles n'ont absolument pas été validées par l'Histoire. Il part du principe que le monde est stable s'il y a une domination d'une alliance façon Ligue de Délos avec un membre principal. Ce qui est, on va pas se mentir, est complètement faux. L'une des tendances de l'Histoire dans les sociétés modernes est au contraire la stabilité via un système d'équilibre des puissances, où chacun essaie de pousser ses pions jusqu'à ce que sa montée en puissance provoque une coalition qui revient à un équilibre. Depuis le XVIème siècle et l'apparition de l'État moderne, c'est le monde multipolaire qui est la norme, et non la domination incontestée. À l'opposé dès qu'une puissance devient trop dominante, elle est défiée par des puissances qui ne sont pas d'accord avec le statu-quo. Empire universel des Habsbourg, France napoléonienne, Angleterre victorienne, aucun n'a tenu plus de deux générations. Entre ces épisodes ce sont les structures type Concert des Nations qui fonctionnent. 1 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. olivier lsb Posté(e) le 14 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 14 octobre 2022 Le président Rahmon du Tadjikistan qui sermonne VVP sur l'importance de ne pas négliger "les petites nations... car après tout, j'étais présent lors de la chute de l'URSS, et les mêmes causes les mêmes effets". Rien que la liberté de ton en dit très long sur le recul de la puissance géopolitique de la Russie. 5 2 1 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. U235 Posté(e) le 15 octobre 2022 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 15 octobre 2022 J'en ai une bonne pour vous les gars ici, le niveau de qualité habituel des Foreign Affairs. Ce que la fin de partie de Nixon révèle sur celle de Poutine La guerre de la Russie en Ukraine peut-elle se terminer comme la guerre du Vietnam ? Par Gideon Rose | 14 octobre 2022 Des recrues russes dans la région de Donetsk, en Ukraine, octobre 2022 - Alexander Ermochenko / Reuters Le président russe Vladimir Poutine a répondu aux récents revers militaires par la défiance. Après les succès militaires ukrainiens de cet automne, Poutine a ordonné la mobilisation précipitée de plusieurs centaines de milliers de soldats supplémentaires, orchestré des référendums fictifs dans les zones occupées pour les incorporer officiellement à la Russie, émis des menaces nucléaires de plus en plus explicites et lancé une vague de frappes de missiles à travers l'Ukraine. Nombreux sont ceux qui attribuent ce comportement aux caractéristiques terrifiantes uniques de Poutine et de son régime et qui soutiennent que l'Occident devrait forcer l'Ukraine à céder, de peur que la guerre n'atteigne de nouveaux niveaux terrifiants de carnage et de destruction. Ce serait une erreur. Au début de la guerre, l'effort de Moscou a été miné par l'ignorance, un excès de confiance et une mauvaise planification. Ces problèmes ne sont pas propres à la Russie, ils ont également marqué de nombreuses interventions américaines. Maintenant que Moscou est en difficulté, la colère du Kremlin face à la défaite est également familière, ressemblant à la façon dont l'administration Nixon a abordé la guerre du Vietnam il y a un demi-siècle. Les fanfaronnades, les bombardements et le bruit du sabre nucléaire n'ont pas fonctionné à l'époque et, finalement, Washington a accepté la réalité et s'est retiré du conflit. Il est possible d'amener Moscou à faire de même aujourd'hui. Malgré les problèmes auxquels il est confronté, Poutine semble penser que s'il peut tenir jusqu'à l'hiver, tout ira bien. Ses nouvelles recrues stabiliseront le champ de bataille, le rythme des opérations militaires ralentira, ses menaces d'escalade effraieront tout le monde, et l'opposition occidentale à la guerre augmentera à mesure que les prix élevés de l'énergie et l'inflation mordront. Tout cela, espère-t-il, ouvrira la voie à un conflit durablement gelé ou à un règlement négocié suffisamment généreux pour lui permettre de crier victoire. Ce plan peut toutefois être contrecarré tant que Washington et l'Europe peuvent résister à l'intimidation russe et maintenir la pression militaire ukrainienne sur le terrain. Des opérations conventionnelles incessantes peuvent continuer à faire reculer les lignes russes et forcer Moscou à accepter l'option la moins mauvaise - un règlement négocié qui rétablit le statu quo territorial du 24 février. Et dès que la réalité s'impose du côté russe et qu'un tel règlement devient possible, Washington devrait travailler avec Kiev et l'Europe pour le verrouiller et mettre fin aux combats. L'ÉTÉ 69 Comme les échecs, la guerre comporte trois phases : une ouverture, un milieu et une fin de partie. Dans la première, les parties s'engagent l'une envers l'autre et déploient leurs forces. Dans la deuxième, elles s'affrontent. Et dans la troisième, elles règlent les détails de l'issue. Le passage à la phase finale d'une guerre n'est pas un événement militaire ou politique, mais un événement psychologique. Il implique la reconnaissance par les belligérants que le conflit est dans une impasse ou qu'il s'oriente irréversiblement dans une direction. Cette reconnaissance est toujours difficile pour les perdants. Ils doivent abandonner leurs espoirs de victoire, en passant par les cinq célèbres étapes du deuil de la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation. On peut voir le Kremlin agir de la sorte en temps réel, alors que le succès des opérations ukrainiennes rapproche l'issue de cette guerre. Les menaces nucléaires de Moscou, par exemple, sont à la fois une forme exacerbée de colère et une forme implicite de marchandage. Pourtant, aussi choquantes et transgressives que puissent paraître ces manœuvres d'épouvante aujourd'hui, il n'est pas nécessaire de les attribuer à une psyché individuelle perturbée sans précédent ou à un contexte national particulier. Les États-Unis se sont comportés de la même manière lorsqu'ils ont fait face à la défaite au Viêt Nam avant de se sortir de ce bourbier - comme la Russie est également susceptible de le faire plus tard, si tous ses autres choix semblent encore pires. En 1965, l'administration du président Lyndon Johnson a intensifié l'engagement des États-Unis au Viêt Nam pour sauver son allié sud-vietnamien de la défaite. On pensait qu'une combinaison de bombardements aériens et de combats terrestres augmentant progressivement convaincrait le Nord-Vietnam d'abandonner ses efforts pour unifier le pays et permettrait au régime de Saigon de survivre. Mais les communistes refusent de céder, se révélant bien plus résistants et compétents que prévu, et Washington n'a pas de plan B. En 1968, ne voulant pas se retirer mais réalisant que les Américains n'ont pas le courage d'une nouvelle escalade, Johnson, frustré, annonce qu'il ne se représentera pas aux élections, limite le déploiement des troupes américaines, restreint les bombardements dans le Nord et confie le problème à son successeur. Richard Nixon entre dans le bureau ovale en janvier 1969, déterminé à poursuivre le même objectif que son prédécesseur - un règlement négocié garantissant un Sud-Vietnam intact et sûr - mais sachant que la patience des États-Unis à l'égard de la guerre était à bout. Il décida donc, avec son conseiller en matière de sécurité nationale, Henry Kissinger, d'essayer d'amener Hanoi à la table des négociations avec des bâtons et des carottes. Comme l'a dit le chef de cabinet de la Maison-Blanche, H. R. Haldeman, Nixon voulait mêler des menaces de force extrême à des promesses d'aide généreuse : Grâce à cette combinaison d'un avertissement ferme et d'une générosité sans précédent, il était certain de pouvoir forcer les Nord-Vietnamiens - enfin - à entamer des négociations de paix légitimes. La menace était la clé, et Nixon a inventé une expression pour sa théorie..... Il a dit : "Je l'appelle la théorie du fou, Bob. Je veux que les Nord-Vietnamiens croient que j'ai atteint le point où je pourrais faire n'importe quoi pour arrêter la guerre. Nous allons juste leur glisser le mot que, pour l'amour de Dieu, vous savez que Nixon est obsédé par le communisme. Nous ne pouvons pas le retenir quand il est en colère - et il a la main sur le bouton nucléaire - et Ho Chi Minh lui-même sera à Paris dans deux jours pour supplier la paix." Les précédents efforts américains de coercition n'avaient pas fonctionné parce qu'ils n'étaient pas pris suffisamment au sérieux, pensait-on. Mais la nouvelle équipe pouvait amener ses adversaires à se soumettre en montrant sa fermeté. Kissinger a demandé à son personnel de planifier un "coup sauvage et punitif" contre l'ennemi, en disant : "Je ne peux pas croire qu'une puissance de quatrième ordre comme le Nord-Vietnam n'ait pas un point de rupture." Au printemps 1969, la Maison-Blanche autorise des campagnes de bombardement sans précédent contre les zones communistes du Laos et du Cambodge. En été, elle a menacé de lancer de nouvelles attaques massives. Et à l'automne, elle a envoyé des patrouilles de bombardiers B-52 équipés d'armes thermonucléaires dans des arcs de cercle au-dessus de la calotte polaire en direction de l'Union soviétique afin d'effrayer Moscou et de l'amener à maîtriser Hanoi. Cette première stratégie de Nixon a cependant échoué, car les communistes ont tout simplement absorbé les coups et ont appelé le bluff de Washington. Se rendant compte que la mise à exécution de ses menaces aggraverait la situation au lieu de l'améliorer, le président change de cap. En novembre, il avait adopté une deuxième stratégie d'extirpation, diminuant progressivement l'engagement militaire américain tout en maintenant un engagement envers le régime existant à Saigon. Après trois années de guerre supplémentaires, un accord a été conclu permettant aux États-Unis de se retirer, de récupérer leurs prisonniers et de ne pas trahir officiellement un allié. Ce même accord a néanmoins ouvert la voie à la chute du Sud-Vietnam deux ans plus tard. DU VIETNAM À L'UKRAINE Trois leçons peuvent être tirées de cet épisode pour ceux qui souhaitent pousser une puissance nucléaire plus forte hors de leur pays. La première concerne l'importance de la réussite des combats au sol. Les Américains tentent souvent de remporter la victoire dans une guerre par des mesures indirectes telles que des sanctions, des bombardements ou des menaces de futures actions dévastatrices. Mais il n'en reste pas moins qu'au bout du compte, les guerres se décident sur le champ de bataille. Les compétences militaires et la passion des communistes vietnamiens les ont maintenus dans la guerre contre un ennemi plus fort et les ont finalement conduits à la gagner. La même chose se produit actuellement en Ukraine, où des forces ukrainiennes compétentes et passionnées repoussent les Russes, champ par champ, village par village. Si cette progression sur le terrain peut se poursuivre, rien d'autre n'aura d'importance, et la guerre sera terminée en temps voulu. Permettre à la guerre de se poursuivre devrait donc être la priorité absolue de Washington. La deuxième leçon est qu'il faut résister aux brimades. Les puissances perdantes ne s'endorment pas tranquillement, surtout les puissances fortes pour lesquelles la défaite est une mauvaise surprise. Il faut donc s'attendre à ce que Moscou s'insurge contre son sort aujourd'hui, tout comme Washington l'a fait il y a un demi-siècle. Les menaces bruyantes d'escalade sont un signe de faiblesse, pas de force ; si la Russie avait de bonnes options pour changer la situation en sa faveur, elle les aurait déjà utilisées. Les États-Unis et l'Europe devraient donc ignorer la plupart du temps les menaces et les provocations russes et éviter de se laisser distraire de leur tâche principale : aider l'Ukraine à gagner sur le terrain. La troisième leçon consiste à intégrer la force et la diplomatie. Les États-Unis ont eu du mal à le faire en Corée, comme le notait Kissinger en 1957 : "Notre décision d'arrêter les opérations militaires, sauf celles de nature purement défensive, au tout début des négociations d'armistice reflétait notre conviction que le processus de négociation fonctionnait selon sa propre logique inhérente, indépendamment des pressions militaires exercées", écrivait-il. "Mais en arrêtant les opérations militaires, nous avons supprimé la seule incitation chinoise à un règlement ; nous avons produit la frustration de deux années de négociations non concluantes." Dans les dernières étapes du Vietnam, les deux parties ont évité cette erreur et ont continué à se battre tout en négociant. La même chose se produira probablement en Ukraine, et chacun doit donc s'attendre à ce que l'intensité de la guerre augmente, et non à ce qu'elle diminue, à mesure que le règlement approche. La Russie voudra couvrir sa retraite par une explosion de violence, pour libérer sa fureur de perdre et démontrer publiquement sa puissance restante. Ce schéma peut être observé dans la réponse de Poutine à la destruction du pont du détroit de Kerch par l'Ukraine, et des actions similaires suivront les futurs succès ukrainiens. Mais là encore, ce n'est pas nouveau. Les États-Unis ont fait encore pire avec les bombardements dits de Noël sur Hanoi et Haiphong en décembre 1972, les raids les plus destructeurs de toute la guerre du Vietnam. (Comme le disait John Negroponte, l'assistant de Kissinger, "Nous avons bombardé les Nord-Vietnamiens pour qu'ils acceptent nos concessions"). Les communistes n'ont pas laissé un tel comportement américain faire dérailler leurs propres efforts militaires ou diplomatiques à l'époque, et l'Occident ne devrait pas non plus laisser de telles actions russes le faire aujourd'hui. Poutine canalise les tsars, pas Hitler. Malgré toutes ses prétentions anticolonialistes, le président russe se bat pour récupérer des provinces de l'empire perdu de son pays. Lorsque les guerres coloniales tournent mal, les puissances impériales finissent par réduire leurs pertes et rentrer chez elles. Et les élites métropolitaines savent faire la différence entre le noyau et la périphérie. Les votes organisés dans le territoire occupé par la Russie en septembre étaient une tentative désespérée de peindre une jolie surface sur la réalité laide qui se trouve en dessous. (L'homme d'État russe du XVIIIe siècle Grigori Potemkine, enterré à Kherson, aurait trouvé la manœuvre amusante). Mais même l'incorporation formelle d'une colonie dans le territoire national d'une grande puissance n'est pas une garantie de résidence permanente ; demandez simplement à un Pied-Noir d'Algérie. Si l'Ukraine peut maintenir une pression militaire suffisante, à un moment donné, la Russie commencera à chercher la sortie et la fin de cette guerre commencera sérieusement. C'est à ce moment-là, et pas avant, que les inévitables compromis nécessaires de tous les côtés apparaîtront au grand jour et que des compromis difficiles devront être faits. La Russie sera meurtrie, mais pas battue, humiliée, mais pas humiliante. Comme la Maison Blanche au début des années 1970, le Kremlin sera obsédé par le maintien de son influence et de sa crédibilité dans le pays et à l'étranger. Tout règlement qui émergera ne sera pas une capitulation résultant d'un effondrement, mais une décision délibérée de se retirer afin d'endiguer le flux de sang, de trésor et de capital politique. Compte tenu de la puissance résiduelle que conservera la Russie, certains objectifs ukrainiens, même majeurs, devront être reportés. Le moins que l'on puisse exiger est un retour aux positions du 24 février, montrant clairement que Moscou n'a rien gagné territorialement de son agression. Les progrès réalisés à ce niveau pourraient être exploités ultérieurement dans d'autres domaines, tels que le sort des autres zones occupées dans le Donbas, le statut final de la Crimée, les crimes de guerre russes et les accords de sécurité régionaux plus larges. POUTINE BLUFFE-T-IL ? Il y a toutes les raisons de croire que la Russie n'utilisera pas d'armes nucléaires en Ukraine. Menacer de le faire est logique. Elle effraie les gens, suscite l'inquiétude et la prudence chez les partisans de l'Ukraine et incite à des négociations rapides pour écarter le danger, le tout à coût nul. Toutefois, l'utilisation effective de ces armes inverserait le calcul, en apportant peu d'avantages et de nombreux coûts supplémentaires, notamment des représailles, l'opprobre et la perte du soutien international. C'est pourquoi toutes les menaces nucléaires précédentes depuis 1945 n'ont pas été suivies d'effet. Mais même si elles étaient utilisées, cela n'améliorerait pas la position de la Russie et ne changerait pas le résultat. Une utilisation nucléaire à grande échelle - par exemple, la destruction d'une grande ville avec une bombe géante - reste dissuadée par les multiples conséquences catastrophiques qui s'ensuivraient rapidement pour Moscou. Les utilisations les moins improbables seraient donc à plus petite échelle, avec des ogives à l'extrémité inférieure du spectre nucléaire tactique, soit au-dessus de zones désertes à titre de démonstration, soit contre les forces ukrainiennes pendant le combat. L'intérêt d'une démonstration nucléaire serait de montrer sa détermination et son intention. En substance : "Que personne ne bouge, ou la prochaine fois, nous provoquerons l'apocalypse." De tels mouvements ont été envisagés par les décideurs politiques de nombreux pays à de nombreuses reprises et ont toujours été rejetés, pour de bonnes raisons. Les restrictions mêmes imposées à la manifestation, telles que l'éloignement et le peu de victimes, la rendraient inefficace en véhiculant l'hésitation autant que la résolution. Si vous avez eu peur de faire le grand saut cette fois-ci, pourquoi auriez-vous moins peur la prochaine fois ? Quant à l'utilisation de petites armes nucléaires au combat, elle pourrait s'avérer utile dans certains contextes militaires, par exemple pour neutraliser un porte-avions en mer, détruire une grande formation de chars dans le désert ou bloquer un passage crucial dans les montagnes. Mais la guerre en Ukraine ne présente aucune de ces caractéristiques. Il s'agit d'unités relativement petites qui combattent au corps à corps sur un territoire que la Russie revendique désormais comme sien. Le déploiement d'armes nucléaires tactiques dans de telles circonstances n'affecterait pas le tableau stratégique plus large, tout en empoisonnant les endroits mêmes que Moscou est censé essayer de sauver. Dans l'un ou l'autre de ces scénarios, après les explosions, l'Ukraine serait toujours en passe de vaincre la Russie sur le terrain, ses partisans occidentaux seraient encore plus déterminés à maintenir leur soutien et à refuser à Moscou tout ce qui ressemble à une victoire, et le soutien étranger à la Russie s'évaporerait. L'utilisation de l'arme nucléaire serait vouée à l'autodestruction - elle ne serait ni le prélude à une guerre générale ni un modèle à suivre, mais un exemple d'ineptie stratégique téméraire. Le fait central de cette guerre est qu'un camp surpasse l'autre sur le champ de bataille conventionnel. Le camp perdant dispose d'armes nucléaires, et le conflit risque de se terminer, comme d'autres conflits similaires avant lui, avec ces armes qui restent inutilement sur la touche pendant que l'issue du conflit est décidée. Parmi les nombreuses victimes de la guerre en Ukraine, il se pourrait donc que les jugements sur la valeur et l'utilité des vastes arsenaux nucléaires que les grandes puissances maintiennent à un coût, un effort et un risque si importants. A PROPOS DE L'AUTEUR : GIDEON ROSE est Mary and David Boies Distinguished Fellow in U.S. Foreign Policy au Council on Foreign Relations et l'auteur de How Wars End. 1 7 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
BPCs Posté(e) le 15 octobre 2022 Share Posté(e) le 15 octobre 2022 (modifié) Il y a 7 heures, U235 a dit : . Le camp perdant dispose d'armes nucléaires, et le conflit risque de se terminer, comme d'autres conflits similaires avant lui, avec ces armes qui restent inutilement sur la touche pendant que l'issue du conflit est décidée. Parmi les nombreuses victimes de la guerre en Ukraine, il se pourrait donc que les jugements sur la valeur et l'utilité des vastes arsenaux nucléaires que les grandes puissances maintiennent à un coût, un effort et un risque si importants. Il y a 7 heures, U235 a dit : faire reculer les lignes russes et forcer Moscou à accepter l'option la moins mauvaise - un règlement négocié qui rétablit le statu quo territorial du 24 février. Et dès que la réalité s'impose du côté russe et qu'un tel règlement devient possible, Washington devrait travailler avec Kiev et l'Europe pour le verrouiller et mettre fin aux combats. L'article envisage une issue de conflit type fin de la guerre au Vietnam, où la grande puissance nucléaire est contrainte à trouver une posture de retrait négocié sans faire usage du nuke pour compenser sa défaite conventionnelle. L'auteur suppute un point d'accord basé sur l'état territorial pré-24 février. La non-utilisation, une nouvelle fois du nuke questionnerait sur l'utilité des arsenaux pléthoriques des grandes puissances. @U235 Un article aussi long devrait être mis en citation et non inséré in extenso, car cela obère la lisibilité du forum. Merci. Modifié le 15 octobre 2022 par BPCs 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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