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Tout ce qui a été posté par Manuel77
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Question linguistique : est-ce un cas de ménager les choux et la chèvre, ou le beurre et l'argent du beurre ? Ou est-ce sémantiquement identique ? Ici, on dit Lave-moi la fourrure, mais ne me mouille pas. Sinon, au vu des négociations en Arabie saoudite, j'ai lu que Trump envisageait de créer un cartel pétrolier composé de l'AS/des États-Unis/de la Russie pour dominer le reste du monde.
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Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Le contrat n'est pas encore prêt et on peut se demander si tous les points importants seront abordés. Le dernier contrat de coalition était le plus détaillé de l'histoire, et il a complètement échoué. Il est probable que l'on veuille garder plus de flexibilité. Ce que l'on entend actuellement : En matière de sécurité extérieure, la CxU est plus active et plus agressive envers les Etats-Unis. Merz ne veut pas de bombes atomiques propres, mais une sorte de partage nucléaire avec la France et l'Angleterre. La CxU veut un service militaire obligatoire. Le SPD ne voit pas les choses de manière aussi dramatique, il vaut mieux continuer comme avant, avec un peu plus d'armement conventionnel. Le SPD est désormais plus transatlantique que la CxU. La CxU est plus ouverte que le SPD aux forces de paix en Ukraine. Energie : le prix de l'électricité doit baisser de 5 centimes d'euro en réduisant la taxe sur l'électricité au minimum autorisé et en faisant prendre en charge par l'Etat les frais de réseau. Merz a sans doute aussi dit quelque chose sur les centrales à fusion. Pour le reste, il me semble que l'on veut opérer un tournant keynésien en dépensant de l'argent dans son propre pays, comme des marins en escale, et en espérant le meilleur. Un peu comme la France le fait habituellement ? Je ne vois pas encore de plan élaboré pour sauver le modèle d'exportation. On va probablement insister sur le libre-échange autant que possible, l'Inde, Mercusor, etc. D'ailleurs, les taux d'intérêt des obligations d'État allemandes et les taux immobiliers ont déjà augmenté ces derniers jours, de 0,4 point de pourcentage. Feu de paille, inflation, etc. -
USA - Criailleries 2 - Rumeurs, controverses, polémiques
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de rogue0 dans Politique etrangère / Relations internationales
"Sans Tazus" -
Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Les entretiens exploratoires pour les négociations de coalition sont terminés. Il y aura très probablement un contrat de coalition et un gouvernement CxU/SPD dans les prochains mois. Le ton est le suivant : on est parvenu aux compromis attendus, typiquement allemands. En ce qui concerne l'argent, cela va un peu plus dans le sens du SPD, les retraites sont augmentées plus que prévu, le salaire minimum est de 15 euros, la régulation des loyers. Le CxU peut appliquer l'aide sociale de manière un peu plus stricte. Sur le thème de l'immigration, le CxU a pu s'imposer un peu plus, tout devient un peu plus strict, mais Merz ne peut pas concrétiser sa rhétorique selon laquelle il voulait aller jusqu'à faire plier le droit avant les élections. Dans les deux partis, les satisfaits et les mécontents se manifestent maintenant un peu aussi bruyamment, ce qui est un indice que l'affaire va passer sans encombre. Il reste maintenant deux obstacles. Tout repose sur l'hypothèse qu'il est possible de modifier rapidement la loi fondamentale avec l'aide des Verts afin de légaliser de nouvelles dettes : 1. les Verts sont en colère, notamment à cause de l'aggravation de la migration. Ils sont de toute façon déjà de mauvaise humeur, car il faudra bientôt dépenser tout le bel argent qu'ils ont toujours réclamé. En outre, ils se plaignent que le mot climat n'ait pas été mentionné dans le projet. Les mauvaises langues supposent que le thème du climat a été sciemment omis entre le CxU et le SPD, afin de pouvoir offrir aux Verts quelques concessions supplémentaires en guise de chocolat, en tant que base de négociation. 2. Il se pourrait que la Cour constitutionnelle allemande mette un terme à une modification aussi rapide de la loi fondamentale, car les députés n'auront pas assez de temps avant le vote pour se familiariser avec les documents qu'on leur frapper devant le dossard à la dernière seconde. Mais la légalité du Bundestag déchu per se n'est pas mise en doute. https://archive.is/DHwMF -
Nous connaissons la mélodie depuis 1939, les juifs, les francs-maçons et les Anglais ont provoqué la guerre. Aujourd'hui, on emballe justement les choses dans la pipe à chien des „globalistes“.
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Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Avant les élections, on avait vu poindre une CDU plus à droite, plus intransigeante, incarnée par Friedrich Merz, considéré comme antipathique, notamment auprès des femmes. Aujourd'hui, les esprits naïfs s'étonnent que Merz fasse, après les élections, le strict contraire de ce qu'il avait annoncé dans de nombreux domaines. C'est une trahison ! But it's not a bug, it's a feature: https://archive.is/XDyvS .... Ces jours-ci, il vaut la peine de regarder une nouvelle fois avec attention qui est et qui était la CDU. Car c'est la seule façon de comprendre cette manœuvre à première vue délirante de mardi soir : Le parti qui a jadis inventé le frein à l'endettement et qui le défendait farouchement il y a encore deux semaines, veut maintenant le desserrer brusquement. Et ce, sans sourciller. 500 milliards pour les infrastructures, pas de limite pour les dépenses de défense, et une réforme du frein lui-même ? Un peu plus, peut-être ? Ce qui semblait impossible il y a un instant est déjà presque décidé aujourd'hui. Comment est-ce possible ? Et en quoi cela relève-t-il de la CDU ? Quelques citations célèbres de Konrad Adenauer nous sont parvenues. « Personne ne peut m'empêcher de devenir chaque jour plus intelligent », en est une. « Je suis prêt à ce que tout plan soit jeté par-dessus bord aujourd'hui ou demain », en est une autre. Adenauer a fêté son plus grand succès en 1957. 50,2 pour cent, la majorité absolue, le SPD déclassé. Une victoire improbable, car un an plus tôt, la cote de popularité d'Adenauer avait chuté. Malgré le miracle économique, les gens étaient mécontents. Les prix avaient augmenté, les salaires n'avaient pas suivi et le SPD semblait en profiter, puisqu'il promettait de s'occuper d'une répartition plus équitable des richesses et en particulier des retraités, qui ne profitaient guère de l'essor général à l'époque. Mais ce qui s'est passé par la suite illustre un modèle fondamental de la politique gouvernementale chrétienne-démocrate. Adenauer a reconnu la situation et a réagi. Il a contraint les entreprises (c'était encore la politique économique de l'époque) à ne plus augmenter les prix des biens de consommation jusqu'aux élections fédérales. Il augmenta les allocations familiales et l'aide au logement. Et il a mis en place l'une des grandes conquêtes sociopolitiques de la République fédérale : le couplage des retraites à l'évolution des salaires, financé par un système de répartition. Dans la pratique, cela signifiait une augmentation des retraites d'environ 70%. La démarche d'Adenauer a été vivement critiquée au sein de son parti. Son ministre de l'Économie, Ludwig Erhard, y vit notamment une trahison des principes ordolibéraux : « Nous avons manifestement perdu le sens du possible et nous nous apprêtons à mener une politique sociale qui veut peut-être le bien, mais qui crée certainement le mal, à savoir la destruction d'un bon ordre », déclara-t-il à l'époque en s'adressant au chancelier. Ce dernier s'intéressait toutefois moins aux principes qu'aux majorités. Les critères de sa politique ne découlaient pas des manuels d'économistes nationaux, mais de ce qu'Adenauer appelait un « réalisme sain ». On retrouve cette attitude, exacerbée, dans la célèbre phrase qui lui est attribuée : « Que m'importe mon bavardage d'hier ? » L'impitoyabilité, l'agilité, un pragmatisme qu'il est difficile de distinguer à l'œil nu de l'opportunisme - c'était la CDU pure, et pas seulement chez Adenauer. C'était la recette de son succès dans les années 1950 et un principe que l'on pouvait également observer chez les grands chanceliers CDU au cours des décennies suivantes. Par exemple chez Helmut Kohl. Le programme ? Seulement dans l'opposition En tant que politicien d'opposition, Kohl a lui aussi promis un « renouvellement complet, un changement de direction ». Tout comme Friedrich Merz, il a dressé le portrait d'un pays en déclin : une économie ligotée, une bureaucratie débordante, trop de bienfaits sociaux, sans oublier un déclin culturel et moral. Kohl promettait de mettre fin à « l'immigration incontrôlée et illimitée » en Allemagne et de promouvoir à nouveau des valeurs telles que la « disposition à la performance » et le « courage de l'indépendance », que le paternalisme des gouvernements sociaux-démocrates avait étouffées. Tous ces éléments constituaient le projet de Kohl, avec lequel il se positionnait dès la fin des années 1970 comme le futur chancelier : le « tournant spirituel et moral ». Le tournant intellectuel et moral est resté de la rhétorique. Ce récit a permis à Kohl de conquérir les médias, du moins d'y croire : « En tant que chancelier du centre, Kohl ne voudra pas rester longtemps (...). Son 'nouveau départ spirituel et moral' est trop sérieux pour cela », écrivait le grand reporter du Spiegel Jürgen Leinemann dans un portrait en 1982. Mais que s'est-il finalement passé lorsque Kohl a pris les rênes du gouvernement ? Le politologue Thomas Biebricher a rédigé il y a quelques années un livre très intéressant, Geistig-moralische Wende, sur cette figure rhétorique. Car le tournant est resté en premier lieu cela : de la rhétorique. La programmatique, en revanche, est essentiellement pour la CDU un sport pour les - rares - années passées dans l'opposition. Biebricher écrit que la CDU/CSU est « relativement inactive dans l'annulation des réformes sociales-libérales » du gouvernement précédent : il y a eu ici et là de petites coupes dans le budget social, ainsi qu'une douce augmentation des cotisations à l'assurance maladie et une hausse modérée de l'âge de la retraite. Mais à part ça ? Il n'y a pas eu la politique économique néolibérale forte que Kohl avait promise auparavant, ni la politique sociale conservatrice. Les intellectuels de droite, en particulier, ont réagi avec amertume. Le philosophe Günter Rohrmoser, l'un des porte-parole intellectuels de Kohl dans l'opposition, publia après trois ans de chancellerie CDU un livre intitulé Das Debakel (La débâcle). Son bilan : « La tentative d'une politique du tournant a déjà échoué après deux ans ». La CDU avait promis la « réforme de tout notre système de sécurité sociale » et la « renaissance d'une conscience nationale saine et décontractée ». Elle n'a rien livré de tout cela. Au contraire : « La direction spirituelle de la République a été reprise par les mouvements verts et alternatifs ». Helmut Kohl n'a guère prêté attention à ces ronronnements de professeurs d'université à cheval sur les principes. Sa devise en haussant les épaules était tout à fait dans l'esprit d'Adenauer : « Ce qui compte, c'est ce qui se passe derrière ». Et il en est ressorti 16 ans de chancellerie. Bien que - ou justement : parce que - les intellectuels conservateurs se sentaient déjà aussi trompés par Kohl après trois ans de chancellerie que les amis du frein à l'endettement le sont aujourd'hui par Friedrich Merz. Ou comme les libéraux économiques l'ont été par Angela Merkel en 2005. Car chez elle aussi, la loi secrète des candidats à la chancellerie de la CDU s'appliquait : Avant les élections, on promet un tournant, mais après les élections, on touche tout au plus le volant avec les doigts pointus. .... C'est tellement audacieux, mais ça marche C'est la loi fondamentale secrète de la politique chrétienne-démocrate : le caractère raisonnable des idées et des concepts politiques ne résulte pas de ce qu'ils contiennent, mais de qui les représente. Ce n'est que lorsque nous les représentons et parce que nous les représentons qu'ils deviennent automatiquement raisonnables. C'est tellement audacieux que cela ne peut se justifier que par une seule chose : Cela fonctionne. .... Pour le système politique de la République fédérale, la démocratie chrétienne remplit ainsi un rôle décisif : elle rend les changements accessibles à la majorité. Elle légitime l'avant-gardisme en l'avalant, le moment venu, pour le digérer et le vendre comme sa propre position. ..... -
Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Donc, bref résumé de l'état des négociations de coalition : Comme vous le savez, il y aura beaucoup de nouvelles dettes pour les infrastructures et l'armée. Ce fait (beaucoup de dettes) est interprété comme une victoire du SPD. Bien que le SPD ait été beaucoup plus faible que la CDU lors des élections, il peut maintenant s'asseoir confortablement, car ses souhaits sont satisfaits, alors que ceux de la CDU (migration plus dure, suppressions dans l'État social, baisses d'impôts) restent incertains. C'est pourquoi il y a beaucoup de colère au sein de la CDU pour que Merz, qui était considéré comme plus à droite que Merkel, ne puisse rien imposer. Les Verts sont offusqués, car les énormes dettes correspondent assez bien à leurs souhaits, dont la non-réalisation pendant des années a détruit l'ancien gouvernement. En fait, le nouveau gouvernement prévoit assez exactement ce sur quoi l'ancien gouvernement n'a pas pu se mettre d'accord à cause du FDP et du blocage de la CDU (la dette est le poison du diable !). Mais sans mettre l'accent sur le climat, comme les Verts l'ont toujours demandé. Ce qui est explosif, c'est que l'on aura besoin des Verts dans les prochaines semaines pour modifier la Loi fondamentale afin de pouvoir changer le frein à l'endettement. Le ministre-président Söder (Bavière, CSU) continue cependant de pratiquer la même rhétorique qu'avant les élections, en se réjouissant de la souffrance des Verts (Schadenfreude), mais en devant bientôt les convaincre de modifier la loi fondamentale. Cela pourrait s'avérer être une erreur. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Rien n'oblige ma femme à ne pas m'empoisonner avec le thé pendant des années. J'ai néanmoins confiance que cela n'arrivera pas... de plus, je viens de ranger sagement le lave-vaisselle. Les contrats sans autorité supérieure n'engagent que ceux qui s'y fient. L'article 5 avec la confiance, c'est bien. La confiance sans l'article 5, c'est bien. L'article 5 sans confiance est inutile. Pas de confiance sans article 5, c'est inutile. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'analyste George Friedman https://www.cicero.de/aussenpolitik/folgen-des-ukrainekriegs-fur-russland-vorstoss-gescheitert - La Russie a perdu la guerre car elle voulait conquérir toute l'Ukraine pour tenir l'OTAN/les USA à distance - Trump construit désormais un décor à Poutine pour qu'il puisse vendre une victoire chez lui - La Russie n'est désormais plus une grande puissance, à l'exception de ses armes nucléaires - Poutine doit maintenant accepter l'offre de Trump, déclarer la victoire et rentrer chez lui, sinon sa symbiose avec les oligarques sera durablement endommagée. - le sort futur de Poutine est incertain - Trump ne tardera pas à profiter de la faiblesse russe pour lui soutirer des ressources. - les concessions actuelles de Trump à Poutine sont une astuce pour paraître le plus faible possible, car Poutine acceptera alors rapidement le marché -
Qu'est-ce que je lis, Rubio est né catholique, puis il est devenu mormon, puis baptiste, pour ensuite redevenir catholique ? https://www.ncronline.org/blogs/ncr-today/five-faith-facts-about-marco-rubio-once-catholic-always-catholic Qui sont ces gens ? Suis-je fou de penser qu'ils n'ont pas toute leur tête ? Ou alors ils ont trop d'énergie, probablement à cause de Mountain Dew...
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Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Le plus grand journal centriste allemand : Macron a toujours eu raison. https://archive.is/eF15P#selection-3317.0-3323.470 La Boom La France, puissance nucléaire, est militairement indépendante des Etats-Unis. Et se considère ainsi comme un modèle pour l'Europe. Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine il y a trois ans, deux sous-marins nucléaires ont quitté leur port bien protégé, loin de là, en Bretagne française. Chacun d'entre eux mesure 138 mètres de long, pèse plus de 14.000 tonnes et peut être équipé de 16 missiles nucléaires. Au total, la flotte française compte quatre sous-marins de ce type, dont le lieu de navigation est couvert par le secret militaire. L'ordre de déploiement des deux bateaux supplémentaires n'a pas non plus été confirmé officiellement, mais plusieurs journaux français en avaient fait état de manière fiable. Et les puissances nucléaires se comprennent aussi sans paroles. Nous prenons la situation très au sérieux - c'était l'un des messages que le président français Emmanuel Macron avait alors envoyé à Vladimir Poutine à Moscou avec l'ordre de départ. L'autre message : Ne croyez pas que vous pouvez nous intimider ! Maintenant que la sécurité de l'Europe n'est pas seulement menacée par la Russie, mais aussi remise en question par Donald Trump, Emmanuel Macron a pris la tête de l'Europe avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. Tous deux ont invité à des réunions de crise au cours des dernières semaines, d'abord à Paris puis à Londres. Tous deux se sont rendus à Washington pour convaincre personnellement Trump de ne pas laisser tomber l'Ukraine et l'Europe. Tous deux se sont entretenus avec le président américain et avec Volodymyr Selenskyj, après que l'un ait montré l'autre à la Maison Blanche. Tous deux, Macron et Starmer, se sont déclarés prêts à envoyer leurs propres soldats en Ukraine s'il s'avérait nécessaire d'y assurer un cessez-le-feu. La France se considère comme le « plus vieil allié » des Etats-Unis depuis qu'elle a soutenu la guerre d'indépendance des Américains au 18e siècle. Le Royaume-Uni est quant à lui considéré comme « l'allié le plus proche » des États-Unis. Mais surtout, le Royaume-Uni et la France sont les deux seules puissances nucléaires en Europe. C'est surtout Macron qui montre ces dernières semaines ce que cela signifie. Le Français se voit plus que jamais comme le porte-parole et le moteur de l'Europe. Ce jeudi, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne se réunissent à Bruxelles pour un nouveau sommet extraordinaire. La Grande-Bretagne n'y est naturellement plus représentée. Et Olaf Scholz, qui n'a jamais joué un rôle fort dans l'UE, ne siège plus qu'en tant que remplaçant. En ces semaines de bouleversement, les Européens doivent répondre à deux questions à première vue contradictoires : Comment convaincre Trump à court terme de continuer à s'engager en faveur de la sécurité commune ? Et que doivent-ils faire pour devenir moins dépendants des Etats-Unis à long terme ? Jusqu'à récemment, la deuxième question était considérée comme une hérésie dans de nombreuses capitales européennes - et ceux qui la posaient quand même comme de dangereux dissidents. Il y a sept ans, Emmanuel Macron a parlé pour la première fois de la « souveraineté européenne » à l'université de la Sorbonne à Paris. Il vaut la peine de relire ce discours aujourd'hui. Macron avait alors déclaré que l'Europe n'avait pas suffisamment pris en compte la protection dont elle avait bénéficié au cours des dernières décennies. « Sa sécurité n'était pas son affaire : assurée par l'Amérique ». Mais « les digues derrière lesquelles l'Europe pouvait s'épanouir » ont disparu. Seule l'Union européenne pourrait donc à l'avenir « garantir la souveraineté, c'est-à-dire la capacité d'exister dans le monde actuel ». Le premier élément d'une future souveraineté, a déclaré Macron à l'automne 2017, est une défense commune. Car « nous vivons en Europe ... un désengagement progressif et inéluctable des États-Unis ». A l'époque, Donald Trump venait d'entamer son premier mandat. A Berlin, Angela Merkel gouvernait depuis douze ans. Elle aussi avait déjà eu ses premières rencontres avec Trump et avait constaté à cette occasion : « L'époque où nous pouvions totalement compter sur les autres est un peu révolue ». Merkel ne s'est toutefois pas montrée très inspirée par la demande de construire ensemble une « Europe souveraine ». Ce discours est « typiquement français », disait-on alors à Berlin. Jamais plus la France n'a voulu être aussi vulnérable. L'idée de se rendre aussi indépendant que possible est en effet très française - impensable sans l'histoire récente de la France. Et sans l'armement nucléaire du pays. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la France a pu constater à quel point elle était vulnérable. D'abord, la Wehrmacht a pu marcher presque sans encombre jusqu'à Paris ; ensuite, il a fallu l'intervention des Alliés pour libérer le pays. Les Françaises et les Français ont tiré une leçon de ces expériences traumatisantes : plus jamais on ne voulait être aussi vulnérable, plus jamais on ne voulait être aussi dépendant de l'aide étrangère que lors de la lutte pour la libération - même pas des Etats-Unis. Immédiatement après la guerre, Charles de Gaulle a donc créé un institut de recherche nucléaire, d'abord à des fins civiles. Lorsqu'il est redevenu président en 1958, il a accéléré l'ascension du pays en tant que puissance nucléaire militaire. Plus jamais la France ne doit remettre son destin « entre les mains d'un étranger, aussi amical soit-il », proclamait de Gaulle. L'Allemagne de l'Ouest, le voisin vaincu, avait tiré la leçon inverse après la Seconde Guerre mondiale - et s'était dès lors entièrement reposé sur l'OTAN et les Etats-Unis en matière de politique de sécurité. Les armes nucléaires françaises marquent depuis lors l'image de la France en matière de politique étrangère et de sécurité. Elles sont à la fois un instrument et l'expression de sa propre indépendance. Le programme nucléaire français repose sur le principe selon lequel tous les composants technologiques, des missiles aux sous-marins, sont entre les mains de la France. Macron souhaite également appliquer ce principe à la défense européenne : on ne peut être sérieusement indépendant que si les missiles, les chars ou les systèmes de défense aérienne sont en grande partie fabriqués en Europe. A Berlin ou à Varsovie, on s'y oppose : De nombreux systèmes d'armes dont on a besoin de toute urgence ne peuvent pas être achetés en Europe. Ces dernières années, Emmanuel Macron a souvent agacé ses partenaires européens. Il s'est toujours exprimé de manière trop provocante et trop peu diplomatique. Désormais, on se sent confirmé à Paris. Dans une interview spectaculaire, Macron avait déclaré l'OTAN « en état de mort cérébrale » en 2019. A la question des journalistes de savoir si l'article 5, la promesse centrale d'assistance de l'Alliance, était toujours en vigueur, Macron avait répondu : « Je ne sais pas ». A Washington, c'était déjà Donald Trump qui gouvernait. L'incompréhension et la colère contre Macron étaient grandes, notamment à Berlin. C'est désormais Friedrich Merz qui déclare qu'il faut se préparer « à ce que Donald Trump ne laisse plus s'appliquer sans restriction la promesse d'assistance du traité de l'OTAN ». Au printemps 2023, Macron a déclaré que l'Europe ne devait pas devenir un « vassal » des Etats-Unis. Il rentrait alors d'une visite à Pékin. Selon lui, l'Europe doit définir ses propres intérêts au lieu de courir derrière les autres. « La clé pour être moins dépendant de l'Amérique, c'est avant tout de renforcer notre industrie de la défense ». Ce qui semblait être un affront à l'époque est aujourd'hui la position commune de l'Union européenne. En février 2024, il y a un an, Macron a parlé pour la première fois publiquement d'un éventuel déploiement de soldats occidentaux en Ukraine. C'est Olaf Scholz qui l'avait alors contredit le plus bruyamment : « C'est clair : il n'y aura pas de troupes terrestres d'États européens ou de l'OTAN en Ukraine ». A l'époque, le président français était considéré comme un has been irresponsable, et pas seulement à Berlin. Aujourd'hui, les alliés européens discutent précisément de cette question : des soldats français, britanniques, voire allemands pourraient-ils assurer un cessez-le-feu en Ukraine ? Jean-Louis Bourlanges a longtemps été président de la commission des Affaires étrangères du Parlement français. A 78 ans, il a critiqué certaines actions isolées de Macron par le passé. « Mais sur le fond, il a gardé raison », déclare Bourlanges aujourd'hui. Le site d'information Politico écrit « Macron's told-you-so-moment » : beaucoup de ce qui est demandé aujourd'hui dans les capitales européennes a déjà été dit auparavant par le président français. Ces dernières années, la France a fourni beaucoup moins d'armes à l'Ukraine que l'Allemagne. Son budget de défense atteint à peine l'objectif de deux pour cent fixé par les pays de l'OTAN. La dissuasion nucléaire est une chose ; l'armée conventionnelle en revanche n'est pas en bon état. Pourtant, les dépenses de défense ont déjà nettement augmenté depuis l'entrée en fonction de Macron, passant de 32,3 à 47 milliards d'euros en sept ans. A cela s'ajoute le fait que la France est fortement endettée. Les ambitions européennes de Macron sont donc souvent contrecarrées par la précarité de sa situation budgétaire. Le patrimoine stratégique de la puissance nucléaire est d'autant plus important, y compris pour l'Ukraine. Dès l'été 2023, Paris a commencé à livrer des missiles de croisière à l'Ukraine, en collaboration avec Londres, indépendamment de Washington ou Berlin. Les Scalps et les Storm Shadows sont comparables au Taurus allemand. Ils ont considérablement aidé les Ukrainiens à combattre la flotte russe de la mer Noire. Il y a quelques semaines, Paris a envoyé plusieurs avions de combat de type Mirage à Kyiv ; les pilotes ukrainiens avaient été formés en France. Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral a refusé à Kyiv les deux systèmes d'armes, missiles de croisière et avions de combat, par crainte d'une éventuelle escalade de la guerre. La France a plus de facilité à se détacher des Etats-Unis A Paris aussi, les risques de chaque décision sont soigneusement évalués. Mais l'inquiétude face à une éventuelle extension de la guerre est moindre qu'en Allemagne. Les menaces répétées de Vladimir Poutine d'une attaque nucléaire ne trouvent pas un grand écho en France. Celui qui dispose lui-même d'armes nucléaires a manifestement moins peur de la guerre. Au cours des derniers mois, Macron n'a cessé de plaider pour une « ambiguïté stratégique » face à la Russie. Pour gagner cette confrontation, il faut laisser l'adversaire dans l'incertitude quant à ce que l'on est prêt à faire soi-même. Le fait que Joe Biden ait déjà exclu l'intervention de soldats américains en Ukraine est considéré à l'Élysée comme une erreur stratégique. Et peu de choses ont autant mis Macron et ses conseillers en colère que l'assurance avec laquelle Olaf Scholz a toujours tracé des lignes rouges - et fait dépendre ses décisions, comme la livraison de chars, des Etats-Unis. C'est pourquoi les attentes envers Friedrich Merz sont grandes. Macron l'avait déjà reçu à Paris en décembre 2023. Protocolairement inhabituel, après tout, le politicien de la CDU était alors encore chef de l'opposition. Trois jours après les élections fédérales, Merz s'est à nouveau rendu à Paris. Là aussi, c'est une nouveauté - à Berlin, les sondages sur une nouvelle coalition n'avaient même pas encore commencé. Mais le temps presse. Et Merz a récemment dit beaucoup de choses que l'on attendait depuis longtemps à Paris. Par exemple : l'Europe doit « prendre en main sa défense ». Ou encore : l'Europe doit être renforcée de telle sorte que « nous atteignons peu à peu l'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis ». Une interview que Merz a accordée au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung a également été enregistrée avec attention à Paris. Le futur chancelier y expliquait qu'il avait toujours considéré comme une erreur de faire dépendre du gouvernement américain les décisions concernant la livraison de certaines armes à l'Ukraine : « J'ai toujours trouvé qu'il manquait un peu de confiance en soi européenne ». Il souhaiterait même parler des armes nucléaires françaises et d'une éventuelle participation nucléaire en tant que chancelier. Macron avait proposé à plusieurs reprises de telles discussions, mais il avait toujours été brutalement rejeté. Son gouvernement a décidé de « poursuivre la participation nucléaire avec les Etats-Unis et au sein de l'OTAN », déclarait encore Olaf Scholz il y a un an. Une vingtaine d'armes nucléaires américaines sont encore stockées en Allemagne. Mais déjà à l'époque, Trump avait menacé, lors de la campagne électorale américaine, de laisser tomber les anciens alliés en tant que président. Un chancelier allemand désigné, chrétien-démocrate de surcroît, qui remet en question l'alliance avec les Etats-Unis et veut discuter avec la France d'un bouclier nucléaire - il n'aurait jamais pu imaginer une telle chose, déclare le Premier ministre français François Bayrou. Le ministre français des Affaires européennes, Benjamin Haddad, parle même d'un « moment historique ». Il est plus facile pour la France de se détacher des Etats-Unis que pour la plupart des autres Européens. Le pays est moins dépendant que l'Allemagne sur le plan militaire et économique. De plus, la puissance nucléaire dispose d'une confiance stratégique historique dont l'Europe et l'Ukraine peuvent profiter. Mais à Paris aussi, on sait qu'il faudra de nombreuses années pour renforcer la défense européenne. Et que cela coûtera plusieurs milliards d'euros. De l'argent qui manque surtout en France. Le projet de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros pour le « réarmement de l'Europe » est donc tout à fait dans l'esprit de Paris. Néanmoins, a déclaré Macron il y a quelques jours, « nous devons tout faire à court terme pour conserver le soutien des Américains ». L'Europe ne peut pas encore remplacer seule l'aide militaire américaine à l'Ukraine. Elle a encore besoin de la promesse de Washington que les soldats européens en Ukraine seraient également protégés par les Etats-Unis en cas d'urgence. Macron fait donc face à Trump avec un mélange d'assurance et de flatterie. En décembre, alors que ce dernier n'était pas encore en fonction, il avait invité Trump à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Lors de sa visite à Washington, Macron a contredit Trump devant les caméras. La puissance nucléaire est très sûre d'elle. Elle n'a pas la folie des grandeurs. -
Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Si, il existe aussi des livres blancs de l'armée allemande. Ils sont rédigés par le gouvernement fédéral dans son ensemble. Le premier a été publié pendant la guerre froide (en 1969 seulement !), puis ils ont été renouvelés relativement souvent, en moyenne tous les trois ans. Après 1985, ils ont été renouvelés de moins en moins souvent, environ tous les 10 ans. En tant que document de base suprême du gouvernement fédéral en matière de politique de sécurité et de défense, le Livre blanc a été remplacé en juin 2023 par la première stratégie nationale de sécurité allemande du gouvernement fédéral. https://de.wikipedia.org/wiki/Weißbuch_(Bundeswehr) En outre, il y a encore les directives de politique de défense, pour lesquelles seul le ministère de la Défense a son mot à dire. Rédigées en 1972, 1979, 1992, 2003, 2011 et 2023. Dans l'actuelle de 2023, il y a eu un fort revirement, on est passé de « il n'y a pas de menace » à « capacité de guerre ». https://de.wikipedia.org/wiki/Verteidigungspolitische_Richtlinien Mais surtout après la chute du mur, parler d'ennemis et d'intérêts nationaux était plutôt mal vu, ce n'était pas non plus des documents qui étaient reçus dans le débat public comme en France. Pourquoi en parler quand on est entouré d'amis depuis 1990... comment veux-tu en déduire des chiffres spécifiques pour les brigades blindées ? En Allemagne, jusqu'à aujourd'hui, nous parlons surtout de savoir si nous pourrions fournir les capacités exigées par l'OTAN. La stratégie s'appelle l'OTAN - jusqu'à présent. -
Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Certains acteurs espéraient par exemple que l'on inscrive dans la Constitution qu'il faut consacrer au moins 3 % du PIB à l'armée fédérale. Cette affaire du budget de la Bundeswehr et de la LPM est très difficile à comprendre, si je vois bien, il y a dans les deux pays le principe budgétaire du budget annuel et la souveraineté budgétaire du Parlement (avec des exceptions et des cas particuliers). En Allemagne, il y a toutefois une prise de conscience du problème, à savoir que les projets militaires à long terme ne sont pas bien gérés et budgétisés. Malheureusement, d'après mes observations, on parle trop peu en Allemagne des succès de la DGA/LPM, peut-être que Macron devrait faire un peu de publicité quand il parle avec Merz. -
Europe de la Défense ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Quand dit-on par-dela et quand dit-on au-dela ? Je ne trouve pas d'explication compréhensible. C'est pourquoi j'ai choisi le titre de Nietzsche. Cela sonnait plus philosophique. -
Europe de la Défense ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
L'ennemi politique n'a pas besoin d'être moralement mauvais, il n'a pas besoin d'être esthétiquement laid ; il n'a pas besoin d'être un concurrent économique, et il peut même sembler avantageux de faire des affaires avec lui. Il est justement l'autre, l'étranger, et il suffit à son essence qu'il soit, dans un sens particulièrement intense, existentiellement quelque chose d'autre et d'étranger, de sorte que, dans le cas extrême, des conflits (i.e. mortels, j'ajoute) sont possibles avec lui, conflits qui ne peuvent être tranchés ni par une normalisation générale établie à l'avance, ni par le verdict d'un tiers 'non concerné' et donc 'impartial'. Carl Schmitt, Le concept du politique Selon ce critère, je dirais que non, le sabotage de l'énergie nucléaire n'en fait pas un ennemi. Il n'existe pas de philosophie parfaite qui ait une réponse à toutes les questions politiques. Je plaide seulement contre l'extrémisme qui ne se réfère qu'à un seul concept (légalisme, moralisme,..). Il faut tenir compte de tous les facteurs, mais ne pas être paralysé pour autant. -
Europe de la Défense ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Et donc, ils n'ont pas d'ennemis non plus ? Quelle bonne nouvelle ce serait... Ce discours sur les intérêts n'est qu'une construction intellectuelle de la recherche académique sur les relations internationales, parce qu'ils ne veulent pas aller en profondeur sur le plan philosophique et déclarent que les États sont une boîte noire. Il n'y a pas d'intérêts objectifs. Pour que ces intérêts objectifs puissent commencer à se concrétiser, il faudrait que tu aies un État homogène qui ait détruit toutes ses contradictions internes, et donc tous ses ennemis internes. Ne penses-tu pas que Trump a des ennemis aux États-Unis ? Un État n'est aussi qu'une construction intersubjective, certes d'une grande efficacité, mais pas d'une force d'engagement absolue. -
Europe de la Défense ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Tu trouveras autant de philosophes moraux que tu le souhaites pour expliquer qu'il est moralement impératif de donner l'argent russe à l'Ukraine. Le légalisme n'est qu'une petite sous-catégorie du moralisme. Et si tu dis ensuite que les autres sont de toute façon des connards à qui il est inutile de faire des reproches moraux, mais que tu refuses en même temps d'identifier les amis et les ennemis, il ne reste logiquement que la conséquence du nihilisme. C'est par-delà de la morale et de la politique. -
En France, c'est inclus ! Et la mayo aussi ! C'était du moins le cas en 1994, si je me souviens bien. Des petites barquettes en papier dans lesquelles on pouvait remplir à volonté.
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Europe de la Défense ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Tiré du principal journal conservateur allemand :https://archive.is/J62f8 Nouveau document de référence : les besoins en matière de défense devraient « dépasser les 500 milliards d'euros ». L'économiste Moritz Schularick a imaginé le fonds spécial de 400 milliards. Il concrétise désormais avec des top-managers la manière dont cet argent sera dépensé - et augmente les besoins de financement. Depuis plusieurs jours, des propositions pour deux nouveaux fonds spéciaux, qui pourraient être décidées à court terme par la CDU/CSU, le SPD et les Verts, font la une des journaux. Il s'agit en premier lieu d'un pot de la dette de 400 milliards d'euros pour les dépenses de défense. Par ailleurs, il est question d'un budget financé par la dette de 400 à 500 milliards d'euros pour les infrastructures. C'est ce qu'a proposé un groupe d'économistes autour de Moritz Schularick, président de l'Institut d'économie mondiale de Kiel (IfW). Dans un document de référence que le F.A.Z. s'est procuré, Schularick concrétise désormais les propositions pour le fonds de défense en collaboration avec des spécialistes connus de l'économie. Les signataires sont, outre Schularick, l'ancien président du conseil d'administration d'Airbus Tom Enders, l'ancien patron de Deutsche Telekom et actuel président du conseil de surveillance d'Airbus René Obermann et l'entrepreneuse de capital-risque Jeannette zu Fürstenberg (Helsing CEO). Le cœur du document est un appel à orienter de manière ciblée les milliards de la défense vers la création d'une « supériorité asymétrique » en cas de guerre. Les auteurs écrivent : « En somme, les propositions visent “l'extrémité tranchante” de la défense, c'est-à-dire la supériorité sur le champ de bataille moderne, et moins les aspects de soutien ou de logistique de la défense ». En guise d'introduction, le scientifique et les managers appellent à ce que l'Allemagne devienne maintenant l'initiateur d'un projet « SPARTA » (Strategic Protection and Advanced Resilience Technology Alliance) pour la défense européenne, compte tenu de la guerre d'agression russe et de l'affaiblissement du soutien américain. Cela signifie « la mise en place immédiate de grands programmes d'armement axés sur les nouvelles technologies et l'acquisition souveraine intra-européenne ». La guerre en Ukraine montre que la supériorité sur le champ de bataille s'obtient aujourd'hui par la masse combinée à l'excellence technologique. Les auteurs énumèrent ensuite de nombreuses mesures concrètes, qui devraient toutes pouvoir être mises en œuvre dans un délai de six mois à cinq ans maximum. « Mur de drones à grande échelle au-dessus du flanc est de l'OTAN ». A court terme, ils demandent entre autres un « mur de drones à grande échelle au-dessus du flanc est de l'OTAN ». Une telle barrière pourrait, s'il s'agit de plusieurs dizaines de milliers de drones de combat, dissuader efficacement un agresseur. La surveillance sous-marine dans les pays baltes doit également être rapidement développée en collaboration avec les États riverains de la mer Baltique, « afin d'empêcher la Russie de mener une guerre hybride dans le domaine des infrastructures critiques ». Plutôt à moyen terme, les auteurs estiment que des améliorations techniques sont nécessaires, par exemple un « nuage combiné européen multi-domaines pour l'utilisation décentralisée et en réseau des données sur le champ de bataille ». Sur le thème de la dissuasion nucléaire, le document recommande une coopération de l'Allemagne avec la France et la Grande-Bretagne. Le scientifique et les managers estiment qu'un débat sur le nombre de chars et d'avions n'est pas pertinent. Ils déconseillent également implicitement l'acquisition de nouveaux avions de combat américains : « L'Allemagne a déjà dépensé des sommes considérables pour des avions de combat F-35 ». Leur fonctionnement nécessite des mises à jour régulières des logiciels et une maintenance contrôlée par les Etats-Unis, « ce qui entraîne une dépendance permanente », préviennent les auteurs. Le chef de la CDU Friedrich Merz avait évoqué le F-35 comme objet d'un éventuel accord avec le président américain. C'était toutefois avant la détérioration des relations transatlantiques. L'annexe du document indique en outre clairement comment se composent les 400 milliards d'euros dont il est question - et que, selon les auteurs, plus de 500 milliards d'euros pourraient même être nécessaires. La première hypothèse des auteurs est que l'Allemagne devra à l'avenir investir entre 3 et 3,5 pour cent de son produit intérieur brut (PIB) dans la défense, ce qui correspondrait à 130 à 150 milliards d'euros par an. La deuxième hypothèse est qu'un futur gouvernement fédéral pourrait réussir à réaffecter dix milliards d'euros par an du budget régulier à la défense. « Dans ces hypothèses, le deuxième fonds spécial devrait couvrir un déficit de financement d'environ 9,5 pour cent du PIB ou 429 milliards d'euros (en prix courants) d'ici 2035 », peut-on lire. Comme les auteurs ne croient pas à des efforts d'économie correspondants de la part des politiques, ils qualifient les besoins calculés de limite inférieure. Dans le cas contraire, le déficit de financement « augmenterait encore nettement et dépasserait les 500 milliards d'euros ». -
Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
En termes simples : La « bonne » nouvelle, c'est que le frein à l'endettement national ne s'applique plus aux dépenses d'armement. La « mauvaise » nouvelle est que le Bundestag peut continuer à décider chaque année du budget de la défense, si la situation s'améliore, on peut dépenser aussi peu que l'on veut. Sinon, 500 milliards seront consacrés aux infrastructures et les Länder pourront également s'endetter davantage. Ce n'est que le résultat des négociations de coalition, ce n'est pas encore une loi. -
Ils dépensent certes 3,5 PIB pour l'armée (c'est beaucoup, mais ce n'est pas délirant), mais s'ils veulent vraiment faire des économies, ils doivent aussi réduire les dépenses sociales et Medicare et Medicaid. À mon avis, ils ne prélèvent pas assez d'impôts sur leurs riches.
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Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Ach du Scheiße! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Cela ne m'étonne pas. Les nationalistes français ont historiquement le mérite louable de ne pas devenir aussi batshit crazy qu'on le voit chez certains autres peuples. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce texte provient de l'historien « officiel » de l'Allemagne en ce qui concerne le long chemin des Allemands vers l'« Ouest ». https://archive.is/ZPNkG#selection-2835.0-2847.160 Trahison sur scène Trump divise le monde en sphères d'influence impérialistes et ne reconnaît que la Chine et la Russie comme égales. L'esclandre avec Selenskyj marque la rupture avec la communauté de valeurs occidentale. L'Europe doit former une nouvelle alliance de défense. Quelques semaines après le début de la deuxième présidence de Donald Trump, il n'y a plus guère de doute : l'année 2025 devrait être le tournant le plus profond de l'histoire mondiale depuis la chute de l'empire soviétique dans les années 1989 à 1991, et même probablement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans - le 8 mai 1945 en Europe et quatre mois plus tard, le 2 septembre, en Asie orientale. Sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt, les États-Unis avaient assumé la responsabilité politique mondiale en tant que puissance dirigeante de l'Occident transatlantique. Sous la deuxième présidence de Donald Trump, ils s'apprêtent à se défaire non seulement de cette responsabilité, mais aussi de leur lien avec l'héritage normatif de leurs pères fondateurs. L'engagement immatériel envers les idées des droits de l'homme inaliénables, de la « rule of law », des « checks and balances » et de la séparation des pouvoirs n'est plus une force qui guide l'action de Trump et de son entourage le plus proche. Le monde se divise en sphères d'influence Une raison importante de ce revirement est évidente : la Russie d'aujourd'hui, contrairement à l'Union soviétique, n'est pas un dangereux rival idéologique des Etats-Unis en quête de domination mondiale, mais une grande puissance parmi d'autres avec laquelle, selon Trump, on peut et on doit faire des « deals ». C'est ce qui explique ce que le nouveau maître de la Maison Blanche et ses acolytes considèrent comme de la « realpolitik ». Ils divisent le monde en sphères d'influence à la manière impérialiste et ne reconnaissent comme égales que la Chine de Xi Jinping et la Russie de Vladimir Poutine. Le calcul de pouvoir contraindre la Russie, en cas de conflit militaire entre les Etats-Unis et la Chine, sinon à une alliance, du moins à une position neutre, joue manifestement un rôle. Cela équivaudrait à un « renversement des alliances » au détriment de l'Europe. Parallèlement à cette révolution des relations internationales, la nouvelle élite au pouvoir à Washington poursuit la transformation autoritaire des Etats-Unis. En ce qui concerne l'aspect international de sa politique, Trump fait actuellement ses adieux à l'ordre fondé sur des règles sous la forme de la Charte des Nations unies de juin 1945, qui est essentiellement l'œuvre des États-Unis, et à l'« ordre post-guerre froide » tricontinental sous la forme de la Charte de Paris de novembre 1990, qui déclare la démocratie comme seule forme légitime de gouvernement et garantit à tous les États membres de l'ancienne CSCE, aujourd'hui l'OSCE, le droit à la souveraineté nationale, à l'intégrité territoriale et au libre choix des alliances. Poutine a opéré sa rupture avec les ordres fondés sur des règles de 1945 et 1990 il y a onze ans déjà et de manière bien plus brutale : avec l'annexion de la Crimée et le début de la guerre larvée dans le Donbass en 2014 (et non pas seulement, comme beaucoup le pensent, notamment en Allemagne, avec la guerre d'agression ouverte contre l'Ukraine le 24 février 2022). L'exemple de l'Ukraine montre actuellement au monde entier le caractère non contraignant de telles prescriptions normatives. Un coup de force des « grands » doit déterminer les frontières de la future Ukraine, le degré de souveraineté de l'Etat résiduel et la certitude de son existence indépendante. Une telle issue de la guerre en Ukraine ne serait rien d'autre que la reconnaissance officielle par les Etats-Unis d'Amérique des résultats de l'agression russe. Un traité sans garanties de sécurité reviendrait à un nouveau Yalta Le coup d'éclat du 28 février, l'affrontement public entre les présidents américain et ukrainien à la Maison Blanche, a apporté des éclaircissements : la « paix » pour l'Ukraine, telle que Trump aimerait la convenir avec Poutine, serait un arrangement sans garanties de sécurité pour l'Etat attaqué. Il reviendrait à un nouveau Yalta, sans que les Etats-Unis puissent invoquer une situation de contrainte militaire comme au début de 1945 : une perspective inacceptable pour l'Ukraine et pour l'Europe. La relation entre les Etats-Unis et la Russie, telle qu'elle se dessine depuis l'arrivée de Donald Trump, apparaît comme une parodie de théories qui ont eu leur heure de gloire dans les années 1960 et 1970 : les théories de la convergence, selon lesquelles les systèmes rivaux du capitalisme et du communisme, confrontés aux mêmes défis économiques et technologiques, devraient se désidéologiser et se scientifiser, perdant ainsi leur caractère antagoniste. Comme on le sait, le conflit Est-Ouest s'est ensuite déroulé de manière moins symétrique que ne l'avait prédit une partie des sciences sociales. La convergence que nous observons aujourd'hui est placée sous le signe du rejet commun par Trump et Poutine des conceptions libérales de l'ordre et des normes contraignantes. Cette politique est bien plus en accord avec les traditions politiques russes qu'américaines. On peut donc se demander si le trumpisme pourra se maintenir longtemps au pouvoir aux Etats-Unis. Mais il ne faut pas attendre du gouvernement Trump-Vance qu'il se sente lié par les obligations de contribution du traité de l'OTAN. L'un des plus proches conseillers du président, Elon Musk, réclame même le retrait des Etats-Unis de l'alliance transatlantique. Les conséquences qui en découlent pour l'Europe sont actuellement le sujet dominant de tous les contacts interétatiques au sein de ce que l'on appelait jusqu'à présent la communauté de valeurs occidentale. L'association d'États de l'Union européenne joue un rôle important dans ces discussions, mais elle ne doit pas être surestimée en tant qu'acteur collectif pour deux raisons : Premièrement, l'UE ne peut pas parler d'une seule voix sur les questions de « grande politique » face à des États membres favorables à Poutine comme la Hongrie et la Slovaquie, et deuxièmement, il ne peut pas y avoir de défense européenne autonome sans la Grande-Bretagne, seule puissance nucléaire européenne avec la France. Une nouvelle communauté européenne de défense - avec le Canada Le fait que le dernier sommet européen sur l'Ukraine se soit tenu à Londres le 1er mars est donc hautement symbolique. La participation de la Norvège, qui n'est pas plus membre de l'UE que le Royaume-Uni, est également importante d'un point de vue stratégique. Dans cette situation, il est logique de rappeler un projet qui a fait l'objet de débats passionnés en Allemagne il y a sept décennies, mais qui n'est jamais devenu réalité : la Communauté européenne de défense (CED). Il s'agissait à l'origine d'une initiative française, soutenue avec emphase par le premier chancelier fédéral, Konrad Adenauer, et approuvée par sa coalition au Bundestag malgré une résistance parlementaire et extraparlementaire massive, mais qui échoua le 30 août 1954 à l'Assemblée nationale française en raison de l'opposition des gaullistes et des communistes. En mai 1955, la contribution allemande à la défense dans le cadre de la CED fut remplacée par l'adhésion directe de la République fédérale à l'OTAN. Il serait toutefois irréaliste aujourd'hui de viser une communauté de défense purement européenne. Un projet comparable de coalition des volontaires et des capables doit d'emblée inclure le Canada, donc être pensé de manière transatlantique et, si possible, être organisé au sein de l'OTAN - tant que cela est possible, en coopération avec les Etats-Unis et seulement s'il n'est pas possible de faire autrement, sans eux. Ce qui lie les États-Unis et l'Europe, c'est l'héritage commun de l'ancien Occident ou, en d'autres termes, de l'Europe latine. L'ébauche de séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel (imperium versus sacerdotium) au haut Moyen Âge, qui n'existait que dans le domaine de l'Église occidentale et pas dans celui de l'Église orientale, est devenue le germe d'autres séparations de pouvoirs et donc la condition de possibilité de l'individualisme, du pluralisme social et des Lumières : des acquis fondamentaux pour ce que nous appelons l'Occident. Les colonies de peuplement britanniques en Amérique du Nord faisaient également partie de cet Occident. C'est dans l'une d'entre elles, la Virginie, que fut adoptée, quelques semaines avant la déclaration d'indépendance américaine du 4 juillet 1776, la première déclaration des droits de l'homme de l'histoire - une idée révolutionnaire qui traversa aussitôt l'Atlantique Nord et trouva son écho historique dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée par l'Assemblée nationale de la France révolutionnaire le 26 août 1789. Droits de l'homme universels et inaliénables, primauté du droit, séparation des pouvoirs, souveraineté populaire et démocratie représentative : ce qui constitue l'Occident moderne sur le plan normatif est un projet commun transatlantique à l'aune duquel la politique pratique des démocraties occidentales doit être jugée à tout moment. Les Lumières ne sont pas arrivées jusqu'à la « bible belt ». A côté de ce qui rapproche, il y a ce qui sépare. Une première différence importante entre l'Europe continentale et les États-Unis a été soulignée dès 1835 par Alexis de Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » : L'essence de la civilisation anglo-américaine est le produit de deux éléments totalement différents qui, ailleurs, se sont souvent fait la guerre, mais qui, en Amérique, se sont mutuellement imprégnés et merveilleusement unis : l'esprit de religion et l'esprit de liberté. En Europe, et plus particulièrement en France, c'est la raison éclairée qui a donné naissance à la revendication de la liberté politique. « En Amérique, c'est la religion qui mène aux lumières ; c'est l'obéissance aux lois divines qui conduit l'homme à la liberté ». En 1952, dans son livre « The Irony of American History », le théologien américain Reinhold Niebuhr a encore nuancé le verdict de Tocqueville. Il considère que la vie spirituelle précoce de l'Amérique est marquée par deux traditions religieuses et morales : le « calvinisme de la Nouvelle-Angleterre et le déisme de la Virginie », qui s'accordent tous deux sur le fait que l'Amérique est une nation éminente, destinée par Dieu à prendre un nouveau départ avec l'humanité. Pour simplifier, on peut dire que l'Amérique pieuse et l'Amérique éclairée étaient d'accord sur leur mission historique. Formulé de manière frappante et avec un emprunt littéraire à Carlo Levi (« Le Christ n'est venu que jusqu'à Eboli ») : Voltaire n'est venu que jusqu'en Virginie (donc pas jusqu'à la Bible Belt). Le penchant de l'Amérique évangélique pour Trump a une longue histoire. Une deuxième différence fondamentale entre l'Europe et l'Amérique pourrait être résumée dans cette phrase : Max Weber n'est pas venu dans le Far West. La formule du sociologue allemand sur l'Etat qui détiendrait le « monopole de la violence physique légitime » reflète l'héritage de l'absolutisme de l'Europe continentale. En Amérique, pays de la « frontière » longtemps ouverte, cette conception de l'État n'a pu s'imposer que de manière limitée. Un droit individuel et collectif à la légitime défense armée, interprété de manière large, bénéficie d'un large soutien social bien au-delà de l'ancien Far West, sans lequel le populisme de type Trump ne serait pas concevable. Une troisième différence entre l'Europe et l'Amérique peut être résumée en une formule courte : Bismarck n'est pas venu à Buffalo. « Pourquoi le socialisme n'existe-t-il pas aux États-Unis ? Tel est le titre d'un livre écrit en 1906 par le sociologue allemand Werner Sombart. Dans sa réponse à la question qu'il s'est lui-même posée, l'absence de vestiges de classes précapitalistes et notamment d'aristocratie, en bref de féodalisme et d'absolutisme, joue un rôle décisif. Pour un pionnier de l'État de sécurité sociale allemand et européen comme le chancelier Otto von Bismarck, il était clair que « le socialisme d'État s'impose » (Bismarck à Moritz Busch, 26 juin 1881). La fin du siècle transatlantique Dans la bouche d'un président américain, une telle phrase était et reste inimaginable. Elle est totalement incompatible avec l'esprit du « rugged individualism » et l'aversion répandue pour le « big government ». En ce sens, Trump s'inscrit dans une vieille tradition américaine lorsqu'il condamne comme non-américain tout ce qu'il considère comme socialiste et qu'il mène une politique du « moins d'État possible ». L'Europe devra concevoir sa relation avec les Etats-Unis sous Donald Trump différemment que sous ses prédécesseurs. Sous l'influence de la présidence de George W. Bush, l'historienne américaine Mary Nolan parlait déjà en 2012 de la « fin du siècle transatlantique » - ce « long XXe siècle » qu'elle fait commencer par l'intensification marquante des relations entre l'Europe et les Etats-Unis au cours de la dernière décennie du XIXe siècle. Quel que soit le successeur de Trump : Une prolongation de ce siècle n'est pas en vue. Les Européens doivent maintenant concrétiser leurs annonces. Les Européens devront par conséquent développer une double stratégie : Reconnaître sobrement les rapports de force réels à Washington et coopérer de manière pragmatique avec les personnes actuellement au pouvoir, tout en insistant fermement sur les valeurs inaliénables de l'Occident, telles qu'elles ont été développées par les pères fondateurs des États-Unis et obtenues de haute lutte par le peuple américain. Ces dernières années, les Européens se sont certes engagés à plusieurs reprises à faire davantage pour leur propre défense et à s'appuyer moins unilatéralement qu'auparavant sur le parapluie américain. Mais ce qu'ils ont fait en pratique dans ce domaine est resté bien en deçà de la force de leurs paroles. « La vérité de l'intention n'est que l'acte lui-même », dit Hegel dans la “Phénoménologie de l'esprit”. A l'avenir, les Européens seront de plus en plus jugés sur l'efficacité de leurs annonces. Ce qui est valable pour l'Europe dans son ensemble l'est encore plus pour l'Allemagne. Dans les années qui ont suivi 1990, la conviction d'être entouré d'amis y était particulièrement répandue et la prise de conscience de la nécessité d'efforts propres dans le domaine de la sécurité extérieure particulièrement faible. La guerre d'agression russe contre l'Ukraine a donné lieu à une véritable guerre culturelle entre les pacifistes d'opinion autour du parti « Die Linke », de l'alliance Sahra Wagenknecht et d'une partie de l'aile gauche du SPD d'une part, et la majorité des partis démocratiques prêts à se défendre d'autre part, les « pacifistes » d'Allemagne de l'Est semblant avoir entre-temps conquis l'hégémonie culturelle. Il n'est pas difficile de prédire que ce conflit va encore s'intensifier. Vouloir l'éviter serait erroné et dangereux. L'Allemagne, dont les élites se sont en grande partie opposées aux idées de 1776 et 1789 au XIXe siècle et encore dans la première moitié du XXe siècle, doit son ouverture à la culture politique de l'Occident après 1945 avant tout à l'engagement militaire, économique, politique et humanitaire de l'Amérique. Si Washington remet aujourd'hui en question les valeurs de l'Occident, les Allemands ont, plus encore que les autres Européens, l'obligation de défendre face à l'autre, l'Amérique patriotique et constitutionnelle, ce que Trump et les siens considèrent comme un poids normatif. Si le 47e président des Etats-Unis devait contraindre l'Allemagne et l'Europe à cette prise de conscience, ce serait un aspect de son choix que Hegel aurait peut-être qualifié de ruse de la raison. Heinrich August Winkler est professeur émérite de l'université Humboldt de Berlin. Cet été, son livre « Warum es so gekommen ist. Erinnerungen eines Historikers » (Souvenirs d'un historien). -
Tu ne dois pas regarder autant de pornographie financière, sinon tu deviendras un Goldbug. D'ailleurs, puisqu'on en parle : il y a le fonds d'un prestataire français qui fait actuellement l'objet d'un engouement en Allemagne, c'est le Heiliger Amumbo / Saint Amumbo. Tu ne le connais pas ? Il confère une prospérité et une virilité éternelles. C'est un ETF Amundi à effet de levier sur les actions américaines. FR0010755611 (non, ce n'est pas une recommandation d'achat)