Pol
Members-
Compteur de contenus
885 -
Inscription
-
Dernière visite
-
Jours gagnés
11
Tout ce qui a été posté par Pol
-
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Non justement se retirer d'un traite ou en violer un ce n'est pas la même chose. Si de ton point de vue ça se rejoint, sache que dans le monde diplomatique c'est complètement différent. C'est comme dans tout, il y a des manières de faire, des manières d'être qui vont nuire plus ou moins diplomatiquement aux pays. C'est également le respect des engagements donnés qui peuvent ou non porter préjudice à la crédibilité des pays. Imaginons par exemple un pays qui signe un traité d'assistance militaire et qui en cas de guerre refuse à l'assister, vous pouvez entendre cette trahison 100 ans après. De même que si vous signez un traité de paix et que vous entrez en guerre, vous n'allez pas redevenir aux yeux du monde une nation amicale une fois que vous aurez terminé votre guerre. L'ensemble de ces traités régissent les relations interétatiques, ils participent à légitimer ou non des actions et les réponses à y apporter. Dans un contexte de guerre en Ukraine, la Russie a t-elle diplomatiquement la crédibilité suffisante pour apporter des assurances à l'Ukraine pour signer la paix? Si "oui", m'expliquer sur quoi repose cette crédibilité. La Russie ne peut miser que sur la victoire militaire pour arrêter la guerre, l'Ukraine ne peut miser que sur la victoire militaire pour obtenir la paix. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui au pays des analphabètes ou des bisounours. Tu as raison, partout dans le monde les pays ratifient des traités en se serrant la main, c'est moi qui ait un problème sur la parole des hommes. On parlerait des USA, que le discours changerait, mais comme toujours quand ça touche la Russie on a la même équipe qui lève le bouclier. Tu cherches à justifier n'importe quoi. Oui on peut rompre un traité, on peut se retirer d'un traité, on peut renégocier, on peut y rajouter des choses, en modifiant d'autres tant que les différentes partis se mettent d'accord, que veux-tu encore découvrir? Le problème aujourd'hui c'est qu'on continue encore d'accuser l'Otan d'avoir quasiment bafouer un traité qui n'existe pas afin de donner à la Russie la légitimité d'agir contre des engagements dans lesquels elle est encore tenue. C'est donc une violation d'un traité, donc les conséquences diplomatiques et relationnels sont et doivent être assumés. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Quand on s'accorde entre états, on met ça sur un papier et on le signe. C'est une base, ce n'est même pas un service minimum. Chercher à donner la même légitimité à une promesse et à un texte signé c'est passer pour un amateur, c'est prendre les autres pour des cons quand on cherche à convaincre un auditoire. Nous ne sommes pas là comme deux potes autour d'un café à se dire qu'on va venir l'aider à déménager, on parle de relations étatiques et de personnes qui engagent leur pays sur un avenir qui dépasse leur temps de gouvernance. Arrêtons un peu de défendre ce point de vue russe qui justement cherche à faire passer l'Otan comme celle qui irait à l'encontre de ses "promesses" (qu'on fait passer pour un engagement officiel) afin de légitimer la Russie à ne pas respecter de vrais engagements dans d'autres traités. TOUT se fait toujours à l'écrit et c'est justement ces textes qui permettent d'éviter le grand n'importe quoi, qui permettent d'éviter que derrière on vienne dire "mais j'étais pas d'accord" ou "il ne m'avait pas dit cela". Tout dans la vie se signe, de votre crédit à la banque à votre contrat de mariage, ce qui fait foi ce n'est pas la discussion que vous avez eût avec votre banquier ou le "oui je le veux" devant le maire du village, c'est ce qui est écrit et ce que vous signez! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Faut arrêter 10 secondes avec cette histoire de promesse de non extension de l'Otan que certains cherchent sans cesse à mettre en avant pour justifier les réactions russes. Dans quel monde on s'accorde autour de mots? Faire croire qu'un tel accord entre la Russie et les USA se serait fait autour d'une "promesse" orale c'est prendre les gens pour des cons. Un accord, on le rédige, on le signe. On fait cela depuis la nuit des temps pour tout et pour rien, pourquoi donc d'un coup la Russie se serait contenté d'une promesse sur une question géostratégique si importante? Tout ce qui n'est pas écrit et signé n'est aucunement un accord, peu importe ce qui a été dit, ça n'a et ça n'aura jamais aucune valeur. En fait toutes les personnes, dont Poutine qui évoque cette "promesse" passent réellement pour des cons à essayer de lui donner de la valeur ou quoi que ce soit. C'est justement une "idée" qui sous couvert de ne pas avoir fondamentalement un texte, sert aux russes à contester une expansion non souhaitée de l'Otan vers des pays qui l'ont choisis. Par contre les russes et ceux qui soutiennent leurs discours seront bien absents pour par exemple publier et rappeler des textes officiellement signé (donc qui engage réellement des pays quel que soit leurs dirigeants) comme le mémorandum de Budapest ! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Si les russes pourraient occuper toute l'Ukraine et se retrouver à la frontière polonaise (ils y sont déjà avec Kaliningrad) vous pensez qu'ils diraient "non", nous voulons qu'il y ait un espace entre nous et l'Otan, on va donc l'éviter" ? Le glacis est une pure invention qui résulte d'une incapacité de la Russie à occuper ces pays. La neutralité a été une excuse qui ne protège en rien ces pays, bien au contraire, c'est la porte ouverte pour pouvoir agir. Ce n'est donc pas étonnant qu'on a vu d'autres pays neutres après le coup ukrainien rejoindre l'Otan Le problème du Kremlin c'est sa perte d'influence et son incapacité à se faire apprécier de ses voisins et qui les poussent à rejoindre l'Otan, bien entendu dans la vision russe des choses, ces pays qui n'ont aucun droit à l'autodétermination, sont envahis par l'Otan qu'on présente comme une force destinée à s'approcher de la Russie pour l'attaquer. C'est un non sens idéologique qui joue sur une peur mais qui concrètement est totalement ridicule du moment qu'on comprend que cela fait déjà bien longtemps que l'Otan partage une frontière avec la Russie. L'Ukraine si elle n'avait aucun intérêt pour le Kremlin, ben croyez bien qu'on ne discuterait pas de la guerre qui s'y déroule et ne faisons pas passer les américains ou l'Otan pour responsables. Les russes ne comprennent pas les raisons de leur perte d'influence, les raisons du pourquoi il n'y aucun pays qui aimerait construire un niveau de coopération proche de ce qu'on peut voir avec l'UE ou d'une alliance militaire proche de ce qu'on peut voir avec l'Otan. Il y a toujours au Kremlin cette volonté de dominer et non de coopérer, il y a toujours cette vision de territoires à conquérir, d'un monde à se partager entre grandes puissances. Donc pour la Russie, être une grande puissance passe par la conquête et la domination. Voir l'Ukraine s'éloigner d'elle, plutôt que de chercher à remettre en question son propre rapport à ce pays, ils y ont vu une terre à conquérir qui allait devenir impossible à conquérir dans le futur, donc ils ont cherchés à prendre une part du gâteau. L'Ukraine n'a pas été une menace pour la Russie, son intégration à l'Otan n'aurait pas ouvert la voie de Moscou aux forces occidentales qui "rêveraient" d'envahir la Russie, tout cela c'est un délire propre aux russes. Les russes ne sauvent pas les russophones d'Ukraine, elle ne combat pas des nazis, elle ne joue pas au justicier peu importe qu'elle signe d'un Z ses véhicules. La Russie voyait tout simplement son influence lui échapper sur un pays qu'elle convoitait car son élite politique a l'esprit de l'URSS et a les frontières de cette dernière comme référence. Donc ils ont misés sur le coup de force militaire pour envahir l'Ukraine en pensant que ça passerait. Moscou voit l'Ukraine sur une carte, comme un territoire à colorier aux couleurs de la Russie, ils ne sont pas là à savoir ce que ça rapporte financièrement, ils s'en foutent d'avoir des villes en ruines et des champs pollués de mines du moment que flotte le drapeau russe. Il faut bien comprendre que la Russie est et a toujours été conquérante, c'est juste qu'il y a des situations ou elle ne pouvait pas l'exprimer ou qu'elle ne pouvait pas agir. Je le dis bien souvent, l'Otan n'est pas une menace pour la Russie, l'expansion de l'Otan n'est pas un danger pour elle, mais l'alliance lui enlève une "liberté" de conquérir et d'agir par les armes contre certains pays. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
La guerre de Géorgie c'était également une guerre dans laquelle la Russie n'était pas prête et qui a mis à rude épreuve son engagement. Ils ont rencontrés un paquet de problèmes et de limites qui conduiront à une vaste réforme de leurs armées. Sous Sarkozy c'était aussi la vente des BPC destinés à devenir les navires amiraux des 4 flottes russes, ça parlait de vendre des PVP ou VBL, les russes ont à cette époque été "invité" à découvrir le Félin (qu'on croyait vendre) puis ont réalisé leur Ratnik. Ils ont découverts notre VBCI qui venait d'arriver dans les forces par lequel ils ont été inspiré pour réaliser leur Boumerang. L'époque ou on a également vu Safran, Thalès et autres apporter nombre d'équipements de communication, d'optiques et autres qui auront permis de moderniser les véhicules et même des aéronefs russes. Poutine pratique une corruption par les contrats. Vous me direz qu'il n'est pas le seul à le faire, c'est vrai. Mais constatons quand même que si un type comme Orban en Hongrie a une complaisance avec la Russie et refuse de se positionner en faveur de l'Ukraine, c'est en raison de tuyaux de gaz, de centrales nucléaire et d'autres éléments sur lesquels il va tirer un profit économique (peut-être même personnel) qui va lui apporter un profit politique pour le conforter dans sa gouvernance. Cette influence, le Kremlin l'a beaucoup cherché en Europe, faire dépendre les autres par des contrats, des projets à plusieurs milliards pour qu'on "accepte" derrière sa politique et ses dérives. L'Allemagne est également un bon candidat, on a bien observé comment ses liens économiques avec la Russie l'ont bloqué face à la guerre en Ukraine, c'est typiquement ainsi que l'influence russe se faisait pour rendre les européens "spectateurs". Sans doute que Poutine pensait que cette dépendance pousserait l'Europe à regarder encore une fois sans agir plus que ça. Le Kremlin fait la même chose avec la vente de céréales, il force des pays à être dépendant de lui afin d'obtenir leur complaisance, en cherchant à "retirer" l'Ukraine du marché, il chercher à faire dépendre un peu plus ces pays. Pour la Turquie c'est un peu pareil, si demain on voit la rupture des gazoducs avec la Russie, vous allez voir que tout d'un coup la belle entente entre Poutine et Erdogan va s'évaporer. Et ses gazoducs qui devaient contourner les pays de l'Est, ça servait à quoi si ce n'était que de pouvoir gérer des prix d'amis à ceux qui sont "sympas" et de sanctionner les autres sans perturber l'approvisionnement des amis ? On ne parle pas là des pays qui sont ennemis par lesquels on comprendrait cette politique, on parle là de pays que Moscou souhaite soumettre et contrôler. L'Ukraine est l'un de ces pays ou il ne restait que la force militaire comme option. La Biélorussie est un pays idéal pour la Russie, un pays très soumis, mais même là ce n'est pas encore assez, car la finalité recherché par le Kremlin, c'est l'annexion pure et simple. Si demain la Biélorussie ne suit pas ce chemin tracé par Moscou, il subira le même destin que l'Ukraine, le grand ami russe viendra la "libérer" du nazisme. Nous nous refusons encore à comprendre que derrière les murs du Kremlin, on a un impérialisme qui vise à dominer et à conquérir. Forcément ceux qui ne veulent voir entre eux et nous que l'aspect économique trouveront que ce pays à plein de choses à offrir, qu'on pourrait développer un très bon partenariat. Mais là n'est pas le problème, c'est que côté russe on a tout le temps des idées derrière la tête qui dépassent l'aspect d'un échange économique qui serait gagnant-gagnant, il y a toujours cette forme de corruption des politiques. Surprenant de voir des Schröder, Fillon et compagnie devenir subitement des PDG d'entreprises russes? Surprenant de voir une banque russe financer un parti politique français en prétendant derrière que c'est totalement désintéressé alors qu'en réalité la finalité c'est d'acheter ce parti politique pour qu'il soit très "amical" avec la Russie s'il parvient au pouvoir. Quand on voit des hommes politiques comme Mariani qui va en Crimée pour défendre son appartenance à la Russie ou qui va serrer la main à Assad, il fait cela par conviction personnelle? On s'est refusé et beaucoup continue de refuser de voir et comprendre le réseau d'influence russe et son fonctionnement. Les réseaux d'influence r -
Niger
Pol a répondu à un(e) sujet de legionnaire dans Politique etrangère / Relations internationales
Je l'ai précisé plus haut, les juntes du Mali et du Burkina craignent de voir celle du Niger être mise en échec car cela va compromettre l'idéologie sur laquelle ils "surfent" et d'où ils tirent leurs soutiens. Constatons depuis le début, l'obsession de ces 3 juntes avant d'annoncer un grand plan de lutte contre le terrorisme, leur priorité c'était de voir la France partir, pour elles, l'ennemi idéologique c'est la France et le sens de la "révolution" est de forcer la France à partir de partout, c'est de renverser l'ensemble des dirigeants africains qui sont dans de bons termes avec elle. Il faut le comprendre, cette idéologie a besoin d'une désillusion pour que son enthousiasme se transforme en une forme de doute et d'agacement, il faut inverser le rapport de force car ils se sont mis dans la tête, à force de discours, de propagande que ce sont eux les "puissants" qui imposent. On doit leur imposer autre chose et montrer ainsi leur impuissance. Ces aéronefs restent une "démonstration" qui va faire plaisir aux adeptes de ces juntes, elle va entretenir l'idéologie. Pour nous quand on voit ça on rigole du coin de la bouche, mais croyez bien que pour eux, voir cela c'est la démonstration d'une puissance et la croyance qu'ils peuvent détruire des armées complètes avec. C'est de la dissuasion pour chercher à éviter une intervention, mais comme je l'ai déjà dit, on doit s'attendre à ce que le Mali et le Burkina amène à Niamey des contingents militaires si on tarde trop. Nous dépendons de l'aéroport, on fait quoi si demain on a 500 maliens, 500 burkinabés qui viennent le bloquer avec des nigériens? Moi je le dis très clairement, il va falloir au plus vite prendre le contrôle (pourquoi pas via la CEDEAO) de cet aéroport et assurer un périmètre de sécurité, quitte à ce que cela emmerde la junte et excite ses sympathisants. Cet aéroport est LA PRIORITÉ. Né négligeons pas ensuite l'idéologie des juntes voisines qui pourraient nous faire un scénario à l'ivoirienne (2004) en envoyant 1 ou aéronefs bombarder notre base de Niamey. Je le répète, nous restons "l'ennemi" idéologique et faire du bilan chez nous irait galvanisé leurs soutiens et c'est justement pour cela qu'ils n'hésiteraient pas à venir nous frapper même si le lendemain on viendrait effacer de la carte tous leurs aéronefs. Restons prudents et il ne serait pas ridicule d'amener un peu de Mistral dans le coin. Méfions nous aussi des russes qui pourraient glisser des manpads dans la balance. Le temps n'est pas notre ami dans cette affaire et je l'ai expliqué dans un autre commentaire, on peut passer d'une situation "simple" d'une prise du palais présidentiel en une situation plus complexe. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Tenir une ville en position défensive est moins une erreur que de s'obstiner à vouloir la prendre à l'offensive. Car la finalité c'est que les ukrainiens ont lessivés Wagner , le poussant à se retirer du conflit avec toute la suite qu'on connait. Nous sommes seulement dans des phases de cette guerre. Si à chaque bataille perdue d'un côté comme de l'autre on se jetterait aux négociations, bien des guerres auraient été écourtées. Dans le conflit actuel, peu importe les difficultés, ni les russes ni les ukrainiens cèderaient quoi que ce soit pour obtenir la paix. Malgré les fortes pertes, l'usure n'a pas atteint un niveau "suffisant" pour des concessions. Alors oui, les russes rêveraient que l'échec de l'offensive ukrainienne soit "définitif" et marquerait sa capitulation sous ses conditions, ils en font une propagande d'influence chez nous. Les russes à l'image des soviétiques d'hier, soutiennent les "pacifistes" chez nous, tous ceux qui peuvent amener à des négociations ou l'Ukraine cèderait aux russes. On parle ici de Sarkozy, mais c'est pareil, pourquoi Medvedev va le prendre en exemple juste après si ce n'est pour rappeler que la "voix de la raison" c'est de vouloir la paix en permettant à la Russie de gagner, comme pour la Géorgie. Les russes sont depuis plus d'un an dans l'espoir permanent que l'occident cesse son soutien à l'Ukraine, jouant presque à nous faire passer pour les responsables du malheur des ukrainiens. Les histoires des américains qui se battent jusqu'au dernier ukrainien, les espoirs de voir Trump arriver au pouvoir, qu'ils sont disposés à négocier mais que les ukrainiens refusent, que bientôt il n'y aura plus assez d'ukrainiens pour combattre, que notre aide amène le monde à l'apocalypse ou la 3e guerre mondiale etc. Toute cette idéologie est largement entretenue par le réseau pro-russe qui en utilisant des "non russes" pour diffuser le message, donne l'impression d'un débat interne à nos pays alors que sa finalité c'est l'intérêt russe et sa victoire. Pour Moscou, l'enjeu de la guerre, de la victoire ne se trouve pas dans l'usure ou la lassitude des ukrainiens, mais dans le soutien occidental. Les ukrainiens sont combattifs et il y a un fort courant patriotique qui encourage la lutte, bien entendu tout le monde aimerait bien que ça s'arrête, mais les ukrainiens n'accepteront pas une défaite et tant qu'ils pourront continuer à se battre, ils le feront. Donc pour les russes la victoire contre l'Ukraine ne peut s'obtenir que par deux manières, la première c'est de tellement user l'Ukraine dans cette guerre qu'elle se retrouverait à genoux pour une capitulation sans condition, la seconde c'est d'empêcher les ukrainiens à poursuivre la guerre en lui coupant le soutien occidental ou en forçant ces derniers à faire pression sur Kiev pour des concessions. Voilà la perspective russe pour la fin de la guerre et c'est autour de ces deux perspectives que le monde pro-russe gravite, plus ou moins subtilement, avec ses extrêmes bien entendu. Pour Kiev, l'enjeu de cette guerre c'est ni plus ni moins que son indépendance. Je l'ai déjà signalé, mais c'est aujourd'hui que l'identité nationale ukrainienne se construit, cette guerre laissera des héros à ce pays. La grande guerre patriotique elle est aujourd'hui pour l'Ukraine bien que la Russie cherche à jouer de ce refrain pour convaincre ses citoyens des sacrifices à devoir faire. L'Ukraine a besoin de l'occident pour continuer sa lutte, c'est indéniable, elle mise sur une victoire militaire et mise également sur l'instabilité à l'intérieur de la Russie. Cette dernière devant se faire sur l'usure militaire, sur l'usure économique, sur le doute politique, c'est également la position occidentale. Bien entendu le Kremlin le sait et va tout faire pour donner le sentiment que "tout va bien". Les ukrainiens espèrent la victoire militaire et font tout pour obtenir de plus en plus d'aides des occidentaux pour y parvenir. Reconnaissons et comprenons déjà que l'Ukraine est parvenue à un équilibre militaire face à l'armée russe et qu'aujourd'hui on est et on reste dans une situation ou c'est l'Ukraine qui a l'initiative de l'offensive alors qu'on est sensé être dans une guerre ou l'attaquant c'est la Russie. Le tournant majeur de cette guerre a été la bascule de la Russie à une posture défensive et il faut comprendre qu'elle y a été forcée par ses limites militaires. On peut tourner le truc dans tous les sens, mais factuellement la Russie a montrée qu'elle n'était pas la force militaire que beaucoup imaginaient, qu'elle n'était pas ce "rouleau compresseur". Aujourd'hui on assiste à une Russie qui se félicite de "tenir" face à l'armée ukrainienne, peu importe qu'elle se cache derrière l'idée qu'elle combattrait l'Otan en mettant en avant les blindés occidentaux qu'elle détruire 5 fois sous différents angles pour donner plus d'images et le sentiment de pertes plus importantes. Les ukrainiens peuvent galérer aujourd'hui sur les positions défensives russes, mais la dynamique n'est pas de considérer cela comme un échec, leur mentalité c'est d'obtenir plus et mieux pour continuer, cet aspect psychologique est très important à prendre en compte. L'occident de son côté, n'est pas rincée de l'aide apportée à l'Ukraine. On ne le répètera jamais assez, mais on continue à se limiter et à s'interdire beaucoup de choses. L'effort offensif actuel des ukrainiens est le résultat de transferts d'armes qui se sont fait sur environ 4 mois environ (février à mai), idem pour les formations. Des transferts d'armes toujours limités avec quelques véhicules symboliques sur lesquels on a l'impression que les russes cherchent à se rassurer eux-mêmes en voyant qu'ils peuvent les détruire. Mais l'occident n'a pas donné tout ce qu'il pouvait à l'Ukraine de février à mai, faut qu'on arrête de penser qu'on a gratter tout ce qu'on pouvait et que si cela ne permet pas à l'Ukraine de bouter la Russie hors de son territoire à la fin de l'été, qu'il faudra négocier car on ne pourra plus fournir l'Ukraine pour continuer sa guerre. Là c'est encore l'expression de la volonté russe que j'évoquais plus haut de voir l'occident cesser son aide. Dans les faits, ce qui va se passer à la fin de l'été, c'est qu'on va refaire une petite réunion sur laquelle on va préparer une nouvelle phase pour l'Ukraine. On va peut-être se dire qu'il faudra préparer 70 000 hommes et on va tous ensemble voir comment l'équiper, qui formera quoi, on verra les américains qui trouveront 300 Abrams, 1000 MRAP et 500 Bradley et 200 Stryker à envoyer, nous on trouvera une centaine de VAB et une trentaine de 10RC. On va dans le même temps remettre en état certaines choses déjà donné, bref redonner du potentiel. Tout cela étant annoncé au fil des semaines. D'ici là, les ukrainiens vont encore recevoir des choses déjà annoncés et ce sont des centaines de blindés en tout genre. Je veux bien qu'on fasse les gros yeux sur la perte de blindés d'origine occidentale confirmées sur Oryx, mais fondamentalement même si on va jouer sur la symbolique de certains véhicules, les pertes recensées ne sont pas folles par rapport à ce qui a été donné. Les ukrainiens ont fait l'erreur d'envoyer en plein dispositif ennemi (mines...) l'unité composée de Léopard 2 et de Bradley, amenant à un "saut" dans les pertes au début de l'offensive, mais il ne faut pas généraliser. De même que ce n'est pas en voyant un Lancet taper le véhicule de tel ou tel unité 30km derrière la ligne de front que cette perte devient la démonstration que les ukrainiens ont engagés cette unité à l'offensive. Les ukrainiens restent globalement sur la défensive et ont vite réduit leurs offensives, il n y a très clairement pas eût la "grande" offensive comme on l'attendait, c'est à dire un assaut massif de l'ensemble des "nouvelles" brigades. Il y a eût dès le départ un coup de frein et l'offensive ukrainienne a très vite pris le chemin d'une offensive prudente à faible engagement. Comme on l'observe à chaque fois, une attaque ukrainienne c'est de l'ordre d'une section d'infanterie parfois deux soutenu par 1 char ou deux. Bref, l'Ukraine est loin d'avoir tout jeter dans la balance et les russes sont loin de prétendre d'avoir épuisée l'armée ukrainienne dans son offensive. On peut prendre le Bradley pour en faire une généralité et un symbole des pertes ukrainiennes, mais il est plutôt l'exception que la règle. Si on se demande souvent ou sont les Challenger car on en fait également un véhicule symbolique (alors que peu nombreux), on peut se demander pourquoi nous n'avons observé que récemment le premier stryker victime (pas forcément détruit) d'un Lancet sur 150 livrés. On a vu aucune perte des 40 Marder, on a vu 1 KTO Rosomak sur les 100 livrés, 2 CV90 endommagés sur les 50, 8 Bushmaster sur 120, etc . En vérité les pertes en blindés occidentaux suivent plutôt ce niveau de pertes et non celui des Bradley ou du Léopard 2 par lesquels certains vont juger que 20% de ce qu'on leur a livré a été perdu au début de l'offensive. Non on est encore quoi qu'on en pense, qu'on en dise sur des pertes qui sont presque symboliques, on verra un Caesar sur 40 livrés et on va commenter cela sur des pages, on va voir les très rares pour ne pas dire souvent unique véhicule que les russes vont capturer pour les exhiber sur des chandelles en Russie. Comme je le disais plus haut, comprenons que nous n'avons aucunement arrêté d'aider l'Ukraine et que nous ne sommes pas dans l'attente de voir ce que donne son offensive estivale. Les américains ont déjà annoncés la livraison du double des Bradleys recensés sur Oryx et dont une partie seront in fine remis en service, car bien souvent ce sont des mines qui les ont immobilisés. On sait qu'on va voir venir l'Abrams, il ne fait que son entrée dans l'arène, faut pas croire que les 30 exemplaires sont la finalité de sa présence. On sait qu'il y a des centaines de blindés qui doivent venir pour ne pas dire des milliers si on va compter les blindés plus légers. On peut bien entendu continuer à voir dans la perte de quelques dizaines de blindés occidentaux la "fin" de l'armée ukrainienne, mais la tendance n'est pas du tout dans une diminution capacitaire de l'Ukraine, peut-être qu'il y a une désillusion sur l'ambition de l'offensive, peut-être que certaines unités ont connus des pertes importantes, mais globalement toutes les pertes ukrainiennes seront compensées très rapidement car il y a derrière un cumul de pays amenant des aides considérables. Est-ce que par exemple la Russie est en capacité par exemple d'amener par exemple 2000 blindés en 4 mois à ses forces? L'occident a fait cela pour l'Ukraine au début de l'année pour équiper ses nouvelles brigades, c'est peut-être pas précisément indiqué comme ça, car on va annoncer 50 véhicules par ci, 100 par là et on va rigoler en voyant un autre en annonçant que 15, mais le cumul est bien là. Comme je le disais, nous n'avons pas arrêté et on peut déjà compter des centaines de blindés qui doivent encore venir, il faut juste qu'on arrête de seulement compter les chars Léopard 2 pour chercher à illustrer nos "difficultés". Donc on ne doit pas surjouer les pertes ukrainiennes actuelles au point qu'ils en viennent à négocier, car la tendance encore une fois est dans un renforcement du potentiel ukrainien. Kiev n'a pas jeté toutes ses forces dans une ultime bataille dont la réussite déterminera notre soutien, c'est juste que la complexité imposée par les mines a littéralement donné le coup de frein tactique. Il y aura réadaptation, il y aura d'autres batailles. Les russes eux vont-ils connaitre un bon spectaculaire de leur armée? Non, ils vont continuer à creuser des trous et poser des mines pour défendre leurs positions, car ils n'ont plus la capacité d'inverser les rôles, c'est à dire de redevenir l'attaquant, ils savent que le potentiel ukrainien va croitre, même si au niveau de la communication ils essaient de faire croire que les ukrainiens sont au bout du rouleau afin de favoriser un lâchement occidental qui amènerait à une négociation. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
En Russie une "livraison" englobe tout ce qu'un industriel remet à l'armée, que ce soit une nouvelle production ou une modernisation même minime. C'est un aspect à prendre en compte dans les "chiffres". Si on devrait faire le même principe chez nous, Nexter aurait déjà livré 15 000 VBCI... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Le plus problématique concerne les équipages. Nous ne sommes plus 100 ans en arrière ou on allait produire des aéronefs au même rythme que les pilotes, de nos jours on met plus de temps à "produire" un pilote qu'un aéronef. Je parle là que d'une base de pilotes "sans expériences". En temps de guerre comme en ce moment, la perte est presque définitive, il ne faut pas compter comme pour des chars à avoir une industrie qui va venir combler les pertes avec un équipage qu'on formera en 1 mois. De même qu'en Russie comme ailleurs, les équipages expérimentés sont "transformés" sur de nouveaux aéronefs, un pilote qui vole aujourd'hui sur Su-34 était auparavant sur un Su-24, donc il ne faut pas croire que les vieux Su-24 vont remplacés par exemple les Su-34 perdus ou que les vieux Mi-24 vont remplacer les KA-52, car il n'y a pas le personnel. Ce n'est pas aussi simple que de sortir de vieux véhicules et je ne vous dis pas que pour les aéronefs la remise en état pour effectuer des opérations soutenues de guerre ça ne se néglige pas, la moindre faille et l'aéronef chute. Ce n'est pas pour rien que la Russie ménage son aviation depuis le début du conflit, l'attrition n'est pas aussi supportable que pour le domaine terrestre, d'autant plus qu'on a observé très souvent la perte d'équipages avec une expérience importante, parfois on voyait même des pilotes qu'on peut dire "vieux". La guerre use le potentiel d'une armée, il y a tout ce qu'on voit et tout ce qu'on ne voit pas. Le potentiel des aéronefs est un truc qu'on ne voit pas et qu'on néglige, pourtant il pousse à une usure globale des flottes, conduisant à réduire la durée de vie et à des pannes plus nombreuses qui amènent à des crashs. Ce sont des choses qui vont se remarquer sur des années. La guerre en Ukraine n'est pas terminée, mais on constate quand même que cette flotte de KA-52 a été la plus sollicitée car c'est sans doute aussi la plus fiable et celle qu'on considère la plus robuste (blindage...), pourtant on sait aussi que ce modèle d'hélico a des problèmes. 1/3 de la flotte en moins c'est énorme pour une "opération spéciale". On va voir si le Mi-28 va venir combler le vide petit à petit, pour l'instant il n'est qu'à 10% de perte de la flotte. -
Russie et dépendances.
Pol a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce sont les "valeurs" russes qui transforment les criminels en héros. Il y a la propagande qui va séduire jusqu'à l'étranger sur les valeurs supposément défendues par le Kremlin et il y a ce qui se passe en réalité. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Juste comme ça, peux tu me rappeler ton premier commentaire qui se trouve sur la première page du sujet: Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires. C'est juste histoire de comprendre la consistance de l'hypothèse. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
-
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
On devrait dans ce cas offrir aux russes un circuit touristique gratuit dans ces "nouvelles régions" de la Russie pour qu'ils constatent leur réussite. Pourtant on était nombreux à dire avant février 2022, qu'au delà de l'action militaire, la gestion de l'occupation ne sera pas facile, qu'avec le temps on aura de la résistance qui se transformera naturellement en un pot de pus. Il y aura toujours des collaborateurs, il y aura toujours une majorité silencieuse et il y aura toujours ceux qui résisteront. Poutine pensait assimiler le peuple ukrainien pour ne pas dire le "réunir" au peuple russe, on sait qu'il a obtenu tout le contraire. La guerre qui continue c'est juste pour sauver les apparences de cet échec, c'est juste pour éviter une humiliation qui serait politiquement et idéologiquement insupportable pour la Russie. Mais concrètement l'enjeu de ce combat, au final, c'est quoi? Qu'est-ce que la Russie aura gagné de plus qu'en janvier 2022 par rapport à tout ce qu'elle a perdu pour y arriver? Une liaison terrestre entre un Donbass et la Crimée (qui au passage a perdu de son intérêt avec la construction du pont) devenant un pot de pus militarisé et pollué par la guerre à gérer? De plus, depuis la destruction du barrage cette zone va devenir sèche, sans parler de la Crimée. L'Ukraine sera t-elle moins forte militairement qu'il y a un an et demi? Sera t-elle vassal à la Russie et opposé à l'Otan? D'ailleurs l'Otan s'est-elle renforcée ou est-ce qu'elle s'est repliée sur ses frontières de 1995 comme Poutine le demandait? L'armée russe plus forte qu'avant? L'influence russe? L'économie russe au final à part vanter sa capacité à résister, qu'a t-elle gagnée? Diplomatiquement on a désormais un Poutine qui se repose sur un Kim Jung Un ou une junte militaire en Afrique comme alliés. Bref des questions légitimes qu'on cherche à bien esquiver en Russie au profit d'un combat idéalisé pour ne pas dire existentiel. Et tout cela n'est pas terminé! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
-
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas une pelle dans le paquetage de base qu'il n'y a plus de pelles dans l'armée. Les pelles c'est aujourd'hui un peu comme d'autres équipements, c'est un un truc commun qu'on prend au besoin. Il y a des modèles récents mais on a encore également les vieux modèles. Maintenant faut rester sérieux, on creuse un trou de combat avec, généralement pour un temps bref, pas des tranchées. La tranchée devient un truc qui se construit sur un temps long avec des unités qui sont sur la défensive, c'est souvent une liaison de trous de combats qui va constituer le réseau, avec des aménagements divers et variés, que ce soit le coin repos, de stockage, poubelle, la zone pipi-caca etc. La galerie se fait ainsi petit à petit car il y a le temps et ça "occupe" la troupe (surtout l'hiver...). Ensuite on renforce en réalisant des bastions, on améliore le confort, on réalise le camouflage. En fait ce sont des bases "logiques" et simples qui se mettent en place, ni les russes ni les ukrainiens n'ont été formés avant la guerre à faire des tranchées, ça se fait naturellement. Et plus il y a le temps, plus la tranchée devient intéressante, plus on tend même vers des aménagements avec des bunker bétonné comme les ukrainiens en ont construits entre 2014 et 2022 au niveau du Donbass. Donc que les gars se prennent des ampoules aux mains car ils n'ont pas l'habitude de creuser, c'est bien possible, mais sincèrement il ne va pas y avoir une incapacité technique ou matériel pour y arriver, ce sera une question de temps et reste à savoir quand nous allons être concerné par une situation ou on aura des troupes qui vont camper défensivement pendant des mois sur une position? -
Niger
Pol a répondu à un(e) sujet de legionnaire dans Politique etrangère / Relations internationales
J'entends cela à chaque fois, c'est un refrain qui ressort systématiquement. Un pays qui a une élection présidentielle tous les 4 ans, avec les midterms au milieu, puis l'élection des représentants de parti, bref ils ne feraient alors jamais rien... En vérité, c'est surtout que certains semblent attendre impatiemment cette élection américaine dans l'espoir d'un changement, comme par exemple ceux qui espèrent voir Trump gagner pour qu'il cesse l'aide à l'Ukraine. Mais fondamentalement les USA c'est bien plus complexe que la simple destinée d'un président, il y a toute une multitude d'influence et de lobby qui construit le système politique américain. En tout cas ce n'est certainement pas le Niger qui va plonger les USA dans une guerre, ce serait surestimer la situation du problème nigérien. D'ailleurs c'est bien aussi sur cette peur d'un "conflit" que certains cherchent à jouer pour éviter qu'il y ait une intervention. On est dans une phase de dissuasion, mais concrètement ce n'est pas la junte militaire qui va poser un problème militaire à ceux qui vont intervenir. Je l'ai déjà répété, l'armée nigérienne ne va pas se battre à mort pour sauver le cul de cette junte, elle rentrera dans le rang de ce qui se présentera. Le problème extrémiste se trouve dans le noyau de population qu'on voit hyperactif dans les rues, pas dans les forces militaires. Il faudra rapidement que les nouvelles autorités agissent pour contenir et démanteler ces groupes. -
Pour ma part, je comprend qu'on cherche à reproduire des schémas tactiques "classiques" car il est compliqué de créer ou d'imaginer quelque chose de nouveau, de différent. Pourtant il est important de devoir désapprendre pour réapprendre. La guerre en Ukraine est pour moi un conflit d'un modèle ancien qui n'est pas exemplaire, qui n'est pas une référence sur laquelle on doit se projeter. Les pertes qu'on voit en Ukraine sont la conséquence de deux armées qui se valent et qui utilisent des procédés classiques, car elles font la guerre avec ce qu'elles ont et non pas avec ce qui serait idéal d'avoir pour obtenir la supériorité. On va donc analyser une guerre d'usure qu'on va maladroitement considérer comme étant "normale" et on va se dire que pour nous il faut pouvoir faire ce qu'ils font/subissent, donc qu'on doit connaitre la même usure. Mon analyse n'est peut-être pas commune à la plupart des personnes, mais j'estime que si on a une telle usure des forces en présence, c'est en raison de cet équilibre entre les deux belligérants qui ne permet pas de faire une différence, c'est qu'il y a un blocage, un truc qui ne va pas. Ce que je veux dire c'est que la victoire militaire à la Pyrrhus est une mauvaise victoire, c'est la pire victoire, c'est celle qu'on doit éviter. Pour moi il est toujours préférable d'obtenir la victoire avec le moins d'engagement possible, le moins de pertes possible. Qu'il est toujours préférable d'effectuer une tactique qui va encercler une armée et la contraindre à abdiquer sans combattre, plutôt que de chercher à combattre cette armée jusqu'au dernier homme. Détenir le renseignement c'est peut-être un truc qui ne se voit pas concrètement sur le terrain pourtant c'est à mon avis l'élément le plus important à détenir. Il permet d'établir une stratégie globale, d'établir la tactique à adopter pour être le plus efficace possible, c'est à dire d'obtenir la victoire avec le plus faible engagement possible et le moins de pertes possibles. L'anéantissement des forces adverses n'est pas et ne doit jamais être considéré comme le dessein de l'engagement militaire, si cela s'impose à soi , c'est qu'on a fait une erreur au préalable. Il faut toujours chercher à faire abdiquer l'ennemi sans combattre. Mais je ne vais pas développer, je pourrai en faire un livre. Pour revenir un peu plus sur l'aspect évoqué (char comme fer de lance), c'est tout le concept de l'arme de précision couplé au renseignement qui amène le problème tactique. La prolifération des drones amène un renseignement inégalé dans l'Histoire militaire, il n'y a aucun point de comparaison. Tout l'aspect reconnaissance, observation, dissimulation, communication est bousculé en temps réel. On est dans un système qui permet de savoir exactement ou se trouve l'ennemi, de le suivre en direct quand par le passé on se contentait d'une unité qui communique à la radio en disant que l'ennemi approche ou qu'il est environ dans telle zone. Ce renseignement précis impose la munition de précision pour y répondre. Il y a un réel besoin à toucher ce qu'on voit. Pour l'instant dans le conflit ukrainien on est encore dans un système hybride qui a ses contraintes, il manque le partage des images au-delà de l'opérateur du drone, il y a encore une communication indirecte et il manque de la désignation laser ainsi que des munitions appropriés pour obtenir la bonne efficacité. On entre donc dans un système qui est clairement incomplet mais qui cependant montre déjà son potentiel. L'allonge des drones et des munitions de précision implique à l'adversaire de prendre du recul et met à mal ses positions défensives et empêche de manoeuvrer tranquillement. Si vous pouvez maintenir en permanence ce renseignement drones sur le champ de bataille jour et nuit, vous obtenez un gain tactique considérable. Pour ma part il faut faire une reconnaissance par un essaim de drones et ouvrir des "corridors" de plusieurs km là ou on veut percer. Il faut obtenir le maximum de renseignements en un minimum de temps avant d'avancer et il ne faut pas chercher à foncer dans le dispositif ennemi en pensant que la cuirasse supportera les coups et que le canon d'un char permettra d'engager l'ennemi. Non, pour moi l'ennemi doit absolument être identifié avant d'avancer, l'essaim de reconnaissance étant accompagné par des munitions rôdeuses ou des drones de combat, une artillerie de précision à l'arrière capable de traiter ce qu'il faut au besoin, ainsi qu'une aviation prête à intervenir et à délivrer là aussi des munitions de précision à longue distance pour ne pas s'exposer. Ensuite quand on a fait ça on va pouvoir avancer tout en créant un deuxième espace de profondeur pour le renseignement. La force qui avancera disposera de ses unités de reconnaissance, disposera également des mini drones et agira avec prudence, on misera également sur l'interopérabilité et le TALVD de manière plus automatique et naturelle. C'est en cherchant à maintenir une distance permanente avec l'ennemi grâce à un renseignement massif que le besoin de disposer par exemple d'une roquette guidée ou d'un MMP prend son sens. Il devient dans un tel système impensable de se dire qu'on va confronter un blindé à un autre blindé, car cela marquerait alors l'échec du renseignement et du traitement de la cible en amont de l'avancée de la force terrestre. Il faut que ce genre de rencontres soit imprévues, il faut pouvoir y faire face mais ça ne doit pas devenir un concept. En dehors d'une percée dans des espaces ouverts, le combat urbain doit suivre la même logique. On doit commencer sérieusement par désapprendre nos pratiques actuelles pour en élaborer une nouvelle. Le drone a toute sa place encore une fois dans ce système, quitte à ce qu'il soit filaire dans les espaces clos. Mais c'est encore un autre sujet. Bien entendu aucune armée dans le monde n'est aujourd'hui en mesure d'appliquer un tel système. Même si demain on décide d'y parvenir, il se passera des années et il se passera un temps "mixte" ou tout ne sera pas là ou au point au même moment. Il faut penser à la protection des données, penser au brouillage et à s'en prémunir, former le personnel et revoir nombre de concepts. Mais en réalité tout est déjà accessible, il faut transformer et intégrer certaines choses, faire l'acquisition d'autres éléments. Le drone va bouleverser de plus en plus le champ de bataille et l'ensemble de ce qu'on a l'habitude de voir ou de faire, va falloir désapprendre pour réapprendre à faire autrement mais ça c'est très souvent impensable pour beaucoup qui ont toutes leurs connaissances qui reposent sur ce qu'ils pensent être comme intangible.
-
Niger
Pol a répondu à un(e) sujet de legionnaire dans Politique etrangère / Relations internationales
Les américains défendent leurs intérêts, nous défendons les nôtres. Si au lendemain de la 2e guerre mondiale, les américains étaient assez favorable à la décolonisation et donc ne participaient pas à défendre les positions de la France (ou même d'autres) ce n'est plus le cas depuis longtemps, mais beaucoup continuent à croire que rien n'a changé. En réalité les américains ne maitrisent pas l'Afrique, comme ils ne maitrisent pas les enjeux dans de nombreux endroits du monde, on le sait pourtant. Ils vont faire un truc à leur sauce, mais c'est toujours assez vide derrière, il y a en permanence un certain "détachement" qui est perceptible et qui est également une réalité dans leurs engagements militaires. Quoi qu'on en pense, la France continue à bien mieux connaitre l'Afrique et ses particularités, elle dispose d'une Histoire commune, il y a aussi la langue, des relations diplomatiques, des habitudes amenant un retour d'expériences. Les américains en Afrique sont en réalité très frileux à s'engager militairement car ils ne connaissent rien, l'Afrique c'est comme un vide qu'ils n'ont pas envie de comprendre, pour eux c'est un bordel incompréhensible qui ne suit aucune de leurs logiques. Contrairement à ce qu'on croit, les américains ne mettent pas des bâtons dans les roues de la France, ils sont bien content que nous soyons là pour agir sur certains points et ils sont suiveurs de nos actions. Ils ne vont jamais s'opposer à l'ONU de nos initiatives, ils ne vont pas mettre un véto et ils ne prennent pas position en faveur de nos opposants. L'américain est par nature très réfractaire à l'engagement militaire, cela ne date pas d'hier, peu importe qu'on pointe toujours un pays va t-en guerre, en vérité tant qu'ils ne sont pas attaqués, ils sont isolationnistes et ils sont à soutenir les engagements des autres. Leur puissance militaire fait que bien souvent on pense qu'ils sont les plus impliqués, mais c'est juste qu'ils ont plus de moyens, pas que leur effort est plus important. Ils cherchent en permanence à ne pas être seul dans leurs engagements, toujours ils veulent des coalitions avec eux. Ils vont toujours préférer soutenir par exemple les ukrainiens contre les russes, que d'y aller eux, ils vont préférer soutenir les irakiens ou les kurdes en Syrie contre Daesh, plutôt que d'y aller eux. Quand la France et le RU veulent bombarder Assad, ce sont eux qui ne veulent pas. En 2011 en Libye pareil, les américains ont suivis l'initiative d'une intervention. Liban, Kosovo, Yougoslavie et tout un tas d'autres conflits dans lesquels on aime toujours pointer les américains comme "faiseurs de guerre" dès lors qu'ils sont présents militairement, regardez bien, la plupart du temps ils ne sont pas "leader" de l'initiative ni ceux qui déclenchent la guerre. Quand on est intervenu sur Serval, les américains étaient surpris de notre efficacité. Le problème n'est pas que nous ayons une armée exceptionnelle, c'est juste que les américains ne comprennent pas l'Afrique. Pour eux, s'ils avaient dût intervenir comme on l'a fait, après étude de la situation, ils auraient mobilisés bien plus de moyens sur un plus long moment et sans doute qu'ils auraient alors refusé de s'impliquer de la sorte. Ici au Niger, c'est pareil, les américains sont présents, cherchent à maintenir leur présence, donc vont rester dans une position diplomatique "inactive", car ils ne comprennent pas ce qui se passe, ils ne savent pas quoi faire. Ils sont dans une situation de suivisme encore une fois, ils s'accrocheront à ce que nous allons faire. Les pays africains qui veulent intervenir savent bien que s'ils ne font rien, ils risquent d'être les prochains, ce n'est pas juste une question nigérienne, l'intérêt d'agir est là. Pour la France c'est la même chose, sauf que pour nous, contrairement aux américains encore naïfs de croire qu'ils pourront rester en laissant faire, on est une cible qu'on déclare ouvertement vouloir dégager pour ne pas dire combattre. On va donc soutenir les africains s'ils interviennent, mais s'ils ne le font pas, on agira seul même si on veut l'éviter et alors vous verrez que les américains seront avec nous. Ce que je crains, ce n'est pas que nous ayons du mal à dégager les putschistes, c'est que le temps que les pays africains interviennent, on voit venir au Niger d'autres intervenants cherchant à empêcher un coup de force, je pense aux pays putschistes aux alentours, mais aussi à Wagner. On pourrait se retrouver à devoir gérer un affrontement plus complexe qu'il ne l'est aujourd'hui, c'est à dire une prise du palais présidentiel et de quelques points clés, quelques accrochages armés et une gestion de foule qu'il faudra rapidement déléguer aux forces nigériennes. -
Quoi qu'on en pense, le petit panier de roquettes guidées pourrait bien se généraliser sur les véhicules en tout genre. On disposerait d'une munition unique et commune qu'on retrouverait sur des véhicules, sur hélicos, sur drones. Un bon scénario pour réaliser une commande et un stock important. Au niveau des véhicules, il pourrait être présenté sous forme de kit à intégrer sur VBCI, sur Griffon/Serval. On amènerait alors une capacité intéressante qui pourrait faire une jonction avec le MMP ainsi que l'AT4 dans certaines situations, qui plus est avec une meilleure portée. Après il faut bien entendu ne pas négliger le drone, car quoi qu'on en pense, il a sa place dans le domaine "missilerie". Il a beau être petit et moins impressionnant, mais on le voit en Ukraine, il y a des RPG qui volent et qui viennent frapper avec précision des blindés ou vont tomber dans des abris de tranchées, tout cela de fabrication artisanale. Ils font parfois mieux que ce qu'on pourrait faire derrière un poste de Milan ou Kornet en terme de précision. Le drone a l'avantage de la hauteur de vue qu'on ne retrouve pas au sol derrière un poste de tir AC classique. Un MMP c'est encore différent car on va lui donner de la hauteur et on le guide comme un drone par l'intermédiaire de caméras, c'est ce qui en fait sa plus grande qualité/efficacité. On peut imaginer ce que va rapidement devenir le segment du drone suicide quand on va passer de l'artisanal à l'industriel, le champ de bataille risque d'être noyé de ce genre d'engins et ce qui est aujourd'hui en Ukraine des frappes qu'on peut qualifier d'unique même si parfois répété à quelques minutes d'intervalles, les essaims arriveront, se généraliseront dans les armées qui auront investis le secteur, ce n'est qu'une question de temps. Donc la roquette guidée laser est une bonne chose à intégrer, mais il faut bien intégrer la "relecture" du champ de bataille qui amène à créer de plus en plus de recul avant de s'engager et qui amène également de plus en plus de profondeur dans l'engagement. Le drone est prédominant dans ce changement, il y a une complémentarité de drones, qui permet d'aller voir derrière un mur à 50m comme d'aller frapper une cible à 500km. C'est vraiment selon moi le secteur à ne pas rater pour les prochaines années.
-
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui mais ça fait chier! -
Niger
Pol a répondu à un(e) sujet de legionnaire dans Politique etrangère / Relations internationales
-
Niger
Pol a répondu à un(e) sujet de legionnaire dans Politique etrangère / Relations internationales
Non Serval était une opération au Mali, Barkhane une opération à vocation Sahélienne dans laquelle on a dissout l'opération Épervier. Barkhane permettant également d'incrémenter plus facilement les FS de l'opération Sabre dans une lutte globale à l'intérieur du G5 Sahel. Autour de Gao les GAT étaient résiduels, les vraies concentrations ont été dans l'ordre de notre arrivée, le Nord à la frontière algérienne, puis il a cherché à s'étendre en direction de Tombouctou et la frontière Mauritanienne (mais le terrain a été trop contraignant pour eux). Ils sont ensuite allé chercher du côté de la frontière du Niger (zone de Ménaka) avant d'aller dans la zone centre proche du Burkina. Nous avons systématiquement suivis cette tendance et nos installations/réarticulations y sont liées de même que les divers "débordements" frontaliers. Nous sommes partis en ayant bien entamé les gros rassemblements dans le centre, mais il fallait continuer car leurs mouvements allaient vers une réorganisation dans le Sud, au Burkina. Notre retrait a aussi permis la réémergence autour de Ménaka et on assiste déjà à des conflits entre GAT, ce qui est le signe d'expansion territoriale qui au final ne vont pas réduire le volume de GAT, mais amèneront à des alliances de circonstances quand les chefs finiront par se partager quelques bonnes places plutôt qu'à vouloir juste être "le" chef. Méfions nous de la situation actuelle qui peut donner l'illusion que c'est un peu près pareil qu'avant si ce n'est plus calme. Si c'est ainsi c'est par ce qu'ils sont tranquilles et comprennent que Bamako est un idiot utile, amenant au départ de la France, amenant au départ de la MINUSMA et libérant ses prisonniers dans l'espoir d'une paix négociée. Le truc va péter d'un coup, ce n'est qu'une question de temps. Aujourd'hui on parle souvent des putschistes et de wagner, mais ceux qui vont profiter sur le terrain de cette guerre d'influence, ce seront les terroristes. C'est inévitable et non ils ne vont pas "se démerder" Si le centre des attentions a toujours été le Mali, sur Barkhane la moitié des effectifs étaient en dehors du Mali -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Personnellement, je considère que du côté occidental (principalement américain), on mise justement sur un temps long pour user la Russie et son potentiel militaire. On a une Ukraine qui ne va pas lâcher son combat, les russes le savent très bien et ils jouent sur l'effet que les "américains se battront jusqu'au dernier ukrainien". Ils n'ont pas faux d'un côté, même si leur erreur c'est de faire croire que les ukrainiens sont téléguidés par l'étranger et qu'au fond ils se battent pour l'étranger. Non les ukrainiens se battent pour eux et nous les aidons, mais nous continuons d'y aller d'une manière lente. On fait tout le temps comme si on donnait énormément, mais nous ne le faisons pas. On donne aux ukrainiens de quoi faire durer la guerre, de quoi amener de l'attrition chez les russes, on leur donne des armes qui sont chez nous en fin de vie quand elles ne sont pas déjà en dehors des armées (comme pour le Léopard 1 justement). Pour les matériels qui sont vraiment dans nos inventaires, c'est au minimum pour que ça ne nous emmerdes pas trop. Plus généralement on voit plutôt ces dons comme des opportunités dans les armées occidentales d'acheter de l'équipement moderne, d'accélérer des transformations. En fait on se trompe beaucoup chez nous sur le sentiment que cette guerre nous la soutenons avec nos stocks alors que le réel enjeu se déroule dans l'augmentation des productions. L'occident semble laisser trainer cette phase en tenant à entretenir l'armée ukrainienne dans un combat qui se fait presque à l'équilibre avec une armée russe qui met tous ses moyens actifs, de "réserves" ou de productions. L'effort russe est considérable pour maintenir un équilibre face à une armée ukrainienne qui est soutenue par un paquet de pays occidentaux qui sont très loin d'être dans un effort militaire comparable à la Russie. On a beau faire dans le catastrophisme en pointant sur les munitions de 155mm, mais là encore, on parle de quoi en réalité? De stocks nationaux complètement vidés en occident? Ou de ce qu'on considère être du gras en attendant de bénéficier d'une plus grosse production? Nous sommes loin, très loin d'être à bout de ce qu'on peut faire, on continue de s'imposer des barrières, des limites mais on arrive quand même déjà à se projeter parfois sur des livraisons qui interviendront dans plus d'un an. Non mais rendez-vous compte, on voit les américains livrer par exemple 1 système Patriot, c'est devenu un tel événement qu'on avait l'impression d'assister au déploiement de toute la défense sol-air de l'Otan et les russes eux-mêmes en ont fait des tonnes. Les américains ont une centaine de ces systèmes... Quand on voit les américains livrer 30 Abrams alors qu'on sait qu'ils en ont des milliers dont des centaines en surplus, ce n'est pas pour offrir aux ukrainiens une victoire rapide, idem pour tout un tas d'autres trucs, la réticence avec les missiles à longue portée, les avions etc. On est vraiment face à une politique qui cherche à contenir et à maintenir une sorte d'équilibre favorable à user l'armée russe dans une guerre longue plutôt qu'obtenir une victoire rapide qui verrait la Russie prise dans une "peur" pouvant l'amener soit à vouloir prendre une revanche très rapidement avec un gros réarmement qui ne serait alors plus soumis aux "pertes" de la guerre soit à utiliser l'arme atomique comme coup d'arrêt. On sent une volonté d'amener la Russie à une lassitude à défaut d'opposition à la guerre, une lassitude qui fera accepter plus facilement certaines pertes. Chez des pays comme le nôtre, on a moins les moyens pour influer stratégiquement ce conflit. Nous offrons une contribution et ça participe à une stratégie qui de toute façon ne peut être portée que par les USA. Mais ça reste aussi très modeste, on va donner des canons Caesar, les premiers sont déjà remplacés par du neuf, le second lot arrivera lui aussi avec une production qui l'an prochain permettre de faire plus et plus vite. On va donner des VAB, bon d'accord, mais quand on sait qu'on le remplace en ce moment par des Griffons, idem pour le 10RC avec le Jaguar, ce genre de dons c'est presque faire de l'Ukraine un terrain de démantèlement "gratuit". Les russes qui pavoisent avec un 10RC comme s'ils avaient vaincus tout l'Otan (comme à chaque fois qu'ils détruisent un matériel d'origine occidental), tout cela c'est d'un ridicule dès lors qu'on mesure pleinement la réalité de la situation. On est là dans un effort productif occidental ou à l'image de ce qu'on voit chez nous en France, permet à nos armées d'obtenir du neuf contre du vieux qu'on va céder aux ukrainiens pour faire la guerre. On veut leur filer des F-16, oui bien entendu car le F-35 arrive derrière. C'est presque ainsi pour tout, on est encore (et pour un moment) du côté occidental dans le maintien (à quelques exceptions près) des armées d'actives en état, une production d'équipements neufs (même si ça vient de Corée ou d'Israël) qui servent ces armées à se maintenir vois à se renforcer. Il y a bien entendu toujours un décalage entre les commandes et les livraisons, mais le temps passe et ça va commencer par se voir plus sérieusement. L'occident peut donc faire durer ce processus pour maintenir l'Ukraine en capacité de tenir face aux russes encore un moment sans devoir fondamentalement se "sacrifier" et sans que son industrie soit directement à soutenir l'Ukraine. Ce sera encore et toujours essentiellement du "vieux" qu'on va refourguer aux ukrainiens pendant que du neuf viendra remplacer chez nous ce qui sera donné ou qui comblera avec un peu de retard certains trous, certains stocks. Côté russe ce n'est pas la même chose, son effort de production sert à alimenter le front et à combler directement les pertes. La Russie a subie un gros coup de sabre dans son armée d'active, elle a permis de combler les trous avec ses réserves, mais ces dernières arrivent ou arriveront au bout de leurs limites et ils vont devoir compter de plus en plus sur leur production "neuve". C'est là que malgré toutes les annonces, on atteint des limites capacitaires, structurelles, humaines (compétences), quand on n'est pas face à de nombreux "incidents" dans des usines ici et là. Les russes sont contraints de plus en plus à faire du low cost, à mettre un arrêt à de nombreux programmes d'armements qui devaient moderniser l'armée russe, on entre dans des productions de T-90 plutôt que de T-14, on va faire du BTR82 ou BMP3 plutôt que des T-15, Kurganets, Bumerang et j'en passe. On va avoir de plus en plus de drones Shahed qui vont remplacer les missiles de croisière. C'est ce que j'aime qualifier d'une "tendance" qu'il faut savoir bien interpréter sur la durée car même si sur l'instant présent on a l'impression d'avoir de quoi mettre un pansement ou d'avoir un truc qui permet d'avoir de la quantité, l'attrition est telle qu'on est aujourd'hui déjà certain que pour une Russie d'après guerre, reconstruire ses forces se fera encore sur un modèle d'équipements soviétiques connus car ils ne pourront pas se lancer dans la conception et l'industrialisation de modèles nouveaux, trop coûteux et trop long à fiabiliser. Même si beaucoup continuent à croire que la Russie détient le potentiel de l'URSS d'hier, la vérité est bien différente. On ne verra pas dans cette guerre l'industrie russe arriver à produire massivement de quoi gonfler ses armées, pour lui donner un avantage qui viendrait écraser l'Ukraine. Au mieux ils maintiendront l'équilibre en espérant comme ils l'espèrent que l'occident lâche l'Ukraine, au pire ils n'y arriveront pas (c'est peut-être déjà le cas sans qu'on puisse le percevoir) et l'occident n'aura qu'à maintenir son niveau d'aide pour que l'attrition face son travail du côté russe. Côté humain, ni l'un ni l'autre ne peut se prévaloir d'avoir une masse qui fait la différence. La propagande russe fait toujours passer le sentiment qu'ils vont arriver à un moment ou il n'y aura plus d'ukrainiens en face d'eux, mais quand même, on ne parle pas là d'un pays de la taille du Luxembourg. Tout cela n'est qu'une idéalisation (encore...) de la grande guerre patriotique ou on se dit bêtement que si on a un pays 3 fois plus nombreux, on se battra donc à 3 contre 1 et qu'au final on sera à 2 à 0, donc qu'en face ils auront disparus. Mais qui va bien me faire croire que les russes vont se sacrifier par millions dans l'idée qu'ils gagneront par la disparition humaine de l'armée ukrainienne? L'usure de cette guerre ne se jouera pas sur l'humain, elle se fera sur une usure global des deux pays qui amènera à des ouvertures militaires et à des fractures politiques, sociales et économiques. Le problème c'est que côté ukrainien on est pressé d'en finir, donc on se précipite pour obtenir la victoire rapide alors qu'on est dans une situation d'équilibre ou ce qu'on peut appeler de "blocage". Ce blocage/équilibre va amener comme je le dis depuis un moment les ukrainiens à vouloir frapper la Russie de la même façon que les russes frappent l'Ukraine. Ils vont vouloir amener des effets en dehors de la ligne de front, on verra donc de plus en plus de drones frapper la Russie et on verra de plus en plus les ukrainiens chercher à investir dans des équipements à long rayon d'action. Pour l'occident, on finira par l'accepter avant qu'on finisse à l'intégrer pleinement comme une capacité à soutenir et à développer dès lors qu'on verra et qu'on comprendra que la "réaction" russe reste molle. -
Niger
Pol a répondu à un(e) sujet de legionnaire dans Politique etrangère / Relations internationales
La force africaine en "attente" à l'heure ou on parle