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Pol

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Tout ce qui a été posté par Pol

  1. En fait, c'est le rôle de l'infanterie qui se réduit, en particulier pour des raisons humaines (armée pro). L'armée a toujours été un ensemble d'éléments qui vont se compléter afin d'arriver à optimiser au mieux un modèle à qui on exige de l'efficacité. Il ne faut pas se dire qu'il n'y a que les "combattants" qui sont utiles et qui servent, que tous les "non combattants" travaillent uniquement pour eux. L'ensemble des types amènent un effet, on peut très bien avoir une armée qui va vous mettre 5000 combattants mais disposant d'un grand "vide" autour d'eux qui se retrouvera moins efficace qu'une force de 1000 hommes bien entourée et soutenue. Avec un bon commandement, des moyens de renseignements et de communications, que ce soit des appuis aériens, un système de santé, du génie, de l'artillerie ou de la logistique (faut tenir), on parvient à apporter cette efficacité d'ensemble. Quand on voit l'attrition adverse qu'on peut amener par les airs ou par l'artillerie, on ne peut nier certains impacts, idem pour le cas des drones de plus en plus répandu. C'est la tendance aussi des armées modernes, celle de vouloir traiter l'ennemi en amont du contact de proximité au sol, un besoin de se renseigner, un besoin de frapper loin avec précision. On va mettre des milliards et des milliards dans des aéronefs, dans du renseignement, dans des munitions "intelligentes" pour faire cette guerre à distance et on cherche à exposer le moins possible les combattants. On évite (quand c'est possible) le face à face, l'infanterie devient presque ceux qui vont nettoyer/débusquer les "restes" et non plus ceux qui vont tailler les forces ennemies (rôle qu'on va attribuer à l'aviation, l'artillerie, les missiles, les drones...).
  2. Le problème c'est de croire et ne pas savoir. On se donne RDV demain pour avoir la confirmation de ton info.
  3. Au bout d'un moment va falloir comprendre que dans le monde de la propagande russe, on fantasme d'un tel moment, seul lueur d'espoir pour la victoire. Ils sont en permanence à vouloir croire et voir la fin de l'aide occidentale à l'Ukraine, vouloir voir venir un Trump qui va y mettre fin, c'est obsessionnel mais ce n'est pas la réalité. Les américains votent un budget en fin d'année pour celle qui suivra, celui de l'Ukraine est déjà budgété depuis fin 2022 et celui de 2024 sera débattu dans plusieurs mois. Croire qu'en plein mois de juillet on annonce cela, c'est méconnaitre le système américain. Encore une fois, le désir des uns fait naitre la fake news qui va permettre d'exciter ceux qui veulent y croire. La réalité c'est que l'aide occidentale ne s'arrête pas, qu'elle ne s'arrêtera pas comme ça du jour au lendemain. Il n'y a que dans le monde de la propagande russe que cette aide serait douloureuse et lourde pour nos armées, notre économie, qu'il faut l'arrêter pour se sauver et améliorer notre situation. Au bout d'un temps, il faut bien saisir le narratif de la propagande russe, il est toujours le même, c'est toujours nous les désavantagés qui perdons et qui subissons quand toutes les difficultés en Russie sont ignorées ou sont des avantages à long terme.
  4. La Russie victime incomprise d'une guerre qu'elle subit... Vraiment qui sommes nous pour ne pas comprendre ses plaintes, ses volontés? Qui sommes nous pour ne pas les accepter? La position russe c'est celle d'un pays qui n'assume pas les conséquences d'une guerre qu'elle ne sait pas comment terminer pour s'en sortir au mieux. Elle va donc faire chier au maximum en espérant que faire le plus de mal et le plus de problèmes aux autres finira par lui faire oublier ses propres problèmes et lui donner un intérêt. Moscou cherche à créer une dépendance alimentaire de certains pays comme elle a longtemps chercher la dépendance énergétique. Mais ce n'est pas l'occident qui va manquer de grains, mais des pays qui généralement ont une attitude qu'on va dire conciliante (lié à une certaine nécessité) avec la Russie et pour laquelle le Kremlin espère créer un malaise, une opposition avec l'occident. Le narratif russe est déjà tracé, s'il y a des problèmes dans la fourniture de grains, la faute revient à l'occident qui n'écoute pas et ne satisfait pas l'intérêt de la Russie, c'est encore une manière pour Poutine de chercher à se faire passer pour la victime dans une guerre ou il est le responsable. D'ailleurs dans cette guerre on a l'impression que la Russie est désormais la victime qui résiste contre l'occident/otan, on oublie presque que c'est elle qui est venue chercher en Ukraine une victoire militaire, des gains territoriaux et géostratégique. Aujourd'hui la Russie est sur la défensive et s'inquiète logiquement des conséquences à long terme que cette guerre risque de laisser. Faut-il la plaindre? Faut-il défendre ses intérêts? Non, ce pays a besoin de comprendre qu'il n'est pas en position de force, il doit comprendre la responsabilité de sa situation et arrêter de se faire passer pour une victime. Poutine quoi qu'on en pense n'est pas à l'aise de cette situation sur le plan intérieur et cette guerre c'est sa survie politique. Il doit donc se montrer fort, doit se montrer comme celui qui impose, celui qui domine, celui qui protège, rien ne change au pays des tsars. Il joue avec le grain ukrainien, il pense tirer profit en espérant qu'on vienne lui offrir des choses sur un plateau d'argent, mais encore une fois, il risque d'obtenir tout l'inverse qu'il espère.
  5. Non en vérité s'ils font cela, c'est qu'il n'y a pas la place à l'intérieur. Vous ne rentrez pas un groupe de combat. Tu te retrouves en position fœtale, collé aux autres sans pouvoir bouger dans un environnement très inconfortable, pour faire un 500m débarqué, ça va le faire, mais quand tu es sur une phase plus longue c'est terrible. La phase d'embarquement et de débarquement est excessivement lente et compliqué, car l'ensemble est exigu mais ou les accès sont réduits, quand on a pas la bonne idée comme sur le BMP de faire des portes des réservoirs à carburant. Alors je ne dis pas, dans l'idée du combattant calqué sur le soldat de la 2e guerre mondiale, c'est à dire plus petit, plus fin et avec un équipement très faible, ça pouvait passer dans la conception, mais ce n'est plus le cas, ça ne l'est plus depuis longtemps. Aujourd'hui avec l'évolution des gabarits des soldats, l'évolution de l'équipement, ça devient un enfer ce genre d'engins. Donc ce n'est pas pour rien que très rapidement l'intérieur de ces véhicules sont devenus un coffre de rangement pour tous les équipements divers et variés du groupe de combat (du pack d'eau au lance roquette) et que les gars sont venus se mettre sur le toit du véhicule afin de pouvoir avoir de l'espace. Le fait que ces véhicules soient relativement bas permet de le faire, mais ce n'est pas pour une raison tactique ou pour mieux s'en sortir en roulant sur une mine. Un blindé a une vocation, c'est d'amener de la protection, vous n'allez pas exposer tout le groupe de combattants au feu d'armes légères en prétendant avoir une meilleure survivabilité face à une mine, car la probabilité est bien plus grande de se prendre une balle plutôt qu'une mine. C'est donc tout le paradoxe de ces engins soviétiques, des blindés qui n'apportent pas la protection aux soldats car ces derniers sont sur le toit en permanence, qu'ils iraient au front en pick-up ce serait pareil, le seul intérêt de ces véhicules étant l'appui-feu qu'ils peuvent apporter aux combattants débarqués. D'ailleurs bien souvent ces véhicules sont utilisés seuls, comme engin de combat, dépourvus de l'infanterie. Ce n'est pas pour rien si l'évolution des véhicules d'infanterie deviennent haut et spatieux (même du côté russe) pour les troupes embarqués, pas pour rien qu'on cherche des rampes d'accès. Le soldat doit avoir la place pour lui et son équipement, il doit pouvoir entrer et sortir rapidement du véhicule, il faut que le blindé protège les hommes. Notre VAB n'était pas exempt de reproche, mais quand même loin du cas de ces engins soviétiques. On avait vite fait d'être à l'étroit mais on tenait dedans. Et on connait aussi le nombre de victimes liés au fait qu'on adorait avoir des types la moitié du buste hors caisse (tape arrière, servant de mitrailleuse), entre les tirs directs, les mines, les renversements.
  6. Les russes font presque passer cela pour un équivalent à la JDAM, sauf qu'on en est loin. Restons sérieux, cette bombe n'étant pas guidée, ce kit va seulement permettre à un avion de la larguer à plus longue distance, mais pour un résultat très douteux sur ce qu'on cherche à viser ou toucher. En d'autres termes, c'est au bonheur la chance. Cela traduit cependant la difficulté russe de faire évoluer son aviation qui ne peut pas être convenablement être utilisé pour balancer des bombes lisses et des roquettes non guidées.
  7. C'est surtout qu'on constate que des drones peuvent arriver jusqu'à ce pont, sans doute via un navire civil relais. Par contre si les ukrainiens ont dans les mains des drones pouvant partir d'Odessa, ça peut devenir inquiétant pour les russes. Je sais qu'on a déjà évoqué un drone sous-marin suicide (Toloka) que l'Ukraine développe et pouvant aller jusqu'à 2000km dans sa plus grosse version mais sa version intermédiaire est déjà suffisante (1200km pour 500kg d'explo embarqué). En tout cas le pont de Crimée montrer une nouvelle fois qu'il est une cible, qu'il est atteignable et que structurellement de par sa conception, il peut vite être coupé. Est-ce un choix délibéré de l'Ukraine de ne toucher qu'une partie du pont ou est-ce une limite capacitaire de ne pas pouvoir faire plus en une fois? Nul ne le sait. Le pont de Crimée en soit c'est 3 cibles, réduite ici à 2... Je continue aussi de penser que les ukrainiens vont prochainement entrer dans une stratégie de frappes à longue distance plus importante contre la Russie, s'inspirant des frappes russes à l'aide des drones iraniens. Les ukrainiens aidés sans doute par d'autres pays (qui lui fourniront aussi les éléments) cherchent à obtenir cette allonge et on sent de plus en plus dans le discours de différents responsables la volonté de venir frapper en Russie et que s'ils ne peuvent pas le faire avec les armes qu'on leur donne, ils le feront avec leurs propres armes. Je pense donc que d'ici cet automne ou cet hiver, on va avoir du côté ukrainien un drone analogue au Shahed qui sera désigné comme ukrainien (alors même que peut-être tout ou presque sera fournit par les occidentaux) et qui mèneront des frappes en territoire russe de manière récurrente sur des sites importants. On est dans une phase ou l'Ukraine se dote d'armes de longue portée. Si il y a quelques mois on était dans du symbolique ou de l'exceptionnel (se reposant sur de vieux missiles ou drones d'origine soviétique) on va être de plus en plus dans une certaine normalité pour les capacités ukrainiennes et sur lesquels les russes vont devoir s'adapter. Il y a quelques mois la profondeur qu'on donnait à l'Ukraine c'était le HIMARS avec ses 70km. On sait que les ukrainiens obtiendront la GLSDB qui va amener le HIMARS à tirer des projectiles à 150km. Les anglais ont annoncés livrer des centaines de drones d'attaques d'une portée de 200km (ce qui pourrait laisser entendre qu'on est face à une production qui sera continue) et ont déjà donnés leurs Storm shadow. La France a récemment annoncé la même chose avec ses Scalp et faut pas se leurrer, les américains finiront eux aussi par fournir leurs ATACMS. On annonce côté ukrainien des drones aérien, naval et sous-marin allant à des distances de plus de 1000km avec 75kg d'explosif. Toutes ces choses sont déjà annoncés plus ou moins depuis des mois et elles ne se sont jamais inscrites directement avec l'offensive ukrainienne en cours, mais pour après. Le problème c'est qu'on continue de croire que pour l'occident, l'offensive ukrainienne est l'ultime étape de la guerre, soit elle réussit et l'Ukraine gagne, soit elle échoue et on arrête de l'aider pour négocier avec la Russie. Mais c'est totalement faux d'analyser cela ainsi, c'est presque vouloir faire plaisir au narratif russe qui rêve de voir l'occident arrêter son soutien à l'Ukraine. On constate au contraire qu'en occident on voit le conflit sur un long terme, que tout se fait étape par étape, ça n'ira peut-être jamais assez vite pour certains, mais on amène constamment des capacités supplémentaires aux ukrainiens. L'automne et l'hiver qui va venir sera encore dans une logique de renforcement de l'Ukraine et ce sera bien différent de celui qu'on a connu. L'idée n'est plus de voir une Russie tirant ses missiles/drones et de l'Ukraine cherchant à en détruire le plus, mais d'avoir l'Ukraine réalisant également des attaques en profondeur, ce sera peut-être moins important que ce que la Russie pouvait envoyer, mais le but n'est pas de savoir qui en tire le plus, mais c'est de rendre quotidien des frappes sur le territoire russe afin d'instaurer le climat de guerre qui ne serait plus uniquement sur l'Ukraine. Un drone qui va à 1000km, c'est un drone qui atteint Moscou mais peut aussi atteindre St-Petersbourg. Ce ne sont pas ces drones qui viendront raser des bâtiments à Moscou, mais ils peuvent être très nuisibles sur des cibles comme des aéronefs sur un aéroport, des infrastructures énergétiques, des navires. Les cibles ne manquent pas. Tout dépend fortement de la capacité de production/assemblage ukrainienne qui va déterminer les volumes à balancer.
  8. Exactement, nous ne sommes pas en guerre ni "tout comme". On offre une assistance technique et matériel à un pays en guerre, comme ça se voit très souvent depuis que l'on se fait la guerre. C'est tout l'intérêt pour un pays de cultiver une bonne entente avec les autres, de s'engager dans des alliances mais surtout de se trouver du bon côté, celui de l'agressé. C'est aussi pour ces raisons que le pays qui déclare une guerre de manière unilatérale n'est pas et ne sera jamais traité de la même manière que celui qui en est sa victime. C'est pour ces raisons aussi que bien souvent avant de vouloir déclencher une guerre, un pays va s'assurer d'être accompagné et soutenu par des alliés, qu'il va légitimer son intervention sur une base des principes de l'ONU, c'est un jeu diplomatique à mener. La Russie en intervenant en Ukraine s'est placée comme un pays qui agresse un autre sans aucune légitimité. Un prétexte d'intervention qui est centré sur elle-même (convaincre le peuple russe) avec l'espoir que ça prenne ailleurs. Nul recherche d'une résolution onusienne que la Russie cherche à fuir car elle sait parfaitement qu'elle joue le mauvais rôle et qu'elle suit un chemin hors droit international, cela depuis l'invasion de la Crimée. Moscou joue un nombrilisme qui fait qu'aujourd'hui, en dehors de la Biélorussie (mais on est plus dans une vassalisation tant Minsk est lié à la Russie), elle se retrouve seule à devoir gérer une guerre face à une coalition de pays qui ont tout le loisir d'apporter un soutien à l'Ukraine. Il est difficile pour un pays étranger de soutenir diplomatiquement l'action russe en Ukraine, la meilleure posture étant une sorte de neutralité. Mais il ne faut pas faire passer la neutralité de certains pays comme un soutien à la Russie ou une opposition à l'occident comme la propagande russe cherche à le faire croire. De nombreux pays vont profiter des faiblesses russes (par exemple un pétrole bradé) pour leur avantage et de nombreux pays n'ont tout simplement pas de relations économiques suffisantes pour entrer dans le club des pays capables d'imposer des sanctions quand d'autres ont un certain besoin de la Russie (énergie, céréales...) et sur lesquels cette dernière joue très bien la dépendance. Quoi qu'il en soit, la Russie est seule dans sa guerre et ce n'est jamais une bonne chose que de faire une guerre seule surtout quand elle n'est pas justifiée, surtout quand en face vous avez des dizaines de pays (et on ne parle pas de petits pays) qui soutiennent l'Ukraine. Qu'on me dise pourquoi la Russie continue la guerre si ce n'est de ne pas vouloir assumer une défaite qui serait catastrophique pour le pays, que ce soit sur le plan militaire, politique, économique, diplomatique, sociétale. L'enjeu stratégique global de l'intervention russe est en totale opposition de ce qui se passe. Non Poutine ne va pas empêcher l'Otan de s'étendre bien au contraire, on a la Suède et la Finlande qui vont y adhérer et le chemin pour l'Ukraine est plus que jamais ouvert. Rappelons nous, il déclarait juste avant l'invasion qu'il souhaitait même que l'Otan revienne à ses frontières de 1995 (je crois). Il se prend des sanctions qu'il fera toujours passer comme bienfaitrices pour le pays. On est loin de voir le pouvoir en Ukraine évoluer vers un pouvoir favorable à la Russie, cette intervention russe à raviver le nationalisme ukrainien, il a condamné l'influence russe sur le long terme. Aujourd'hui la Russie est sur la défensive, peu importe tout ce qu'on peut dire. Elle cherche à sauver le bout de territoire, voir à éviter de perdre plus qu'elle n'en possédait avant février 2022 (Crimée/Donbass). Vouloir faire croire que l'enjeu de la guerre pour les russes s'articule depuis le début sur ce qu'elle défend aujourd'hui (liaison terrestre Donbass-Crimée), que c'est pour cela qu'ils se mobilisent et perdent des dizaines de milliers d'hommes, c'est se foutre du monde . Définir une victoire russe n'a plus aucun sens en vérité car les objectifs visés initialement sont inatteignables pour ne pas dire qu'ils ont aggravés la situation géostratégique de la Russie à long terme. Moscou se bat pour éviter une défaite ou au mieux elle parviendra à garder ce qu'elle a, mais qu'est-ce que ça changera fondamentalement pour elle? Que Poutine l'explique aux russes. En attendant l'Ukraine garde un cap clair, son objectif est compréhensible par tous (on chasse l'occupant de nos terres) et sa finalité également (on s'arrête quand l'occupant n'est plus là) malgré les effets néfastes que la guerre engendre. Le soutien des alliés est essentiel, il n'est pas non plus très lourd au point que nos sociétés commencent par se dire qu'il faut arrêter les frais. La Russie sera amenée à perdre la guerre, même si cela doit prendre encore 2 ou 3 ans et on ira toujours plus loin dans les dons. Car même si certains diront qu'on offre beaucoup, en vérité ce n'est pas vrai, l'aide occidentale reste encore relativement faible, peu importe qu'il y ait des tensions sur des munitions, les armées de l'OTAN ne s'affaiblissent pas avec ce conflit, bien au contraire on entre dans des hausses un peu partout, une relance industrielle et capacitaire.
  9. Factuellement on sait tous que beaucoup de mal a été fait à nos armées, mais il convient aussi de ne pas tomber dans une exagération qui conduit à des erreurs. Goya exprime un point de vue terrestre qu'il globalise un peu trop. Attention aussi à certaines comparaisons qui peuvent donner une fausse impression. On connait tous le pourquoi du comment de la limite capacitaire de Daguet qui a conduit à la professionnalisation. On ne peut pas se comparer aux britanniques pour qui la professionnalisation est pleinement intégré, on reste encore une jeune armée professionnelle qui garde toujours la trace d'un système ancien. Les britanniques savent que pour exploiter au mieux une armée de conscrits, il faut pouvoir compter sur des réservistes qui viendront compenser et combler les trous d'un engagement important, c'est ce que nous cherchons à faire. Il ne faut pas non plus mal interpréter les capacités de déploiement des britanniques. Entre les effectifs terrestres réellement déployés sur le sol, le volumes des troupes ayant été engagés dans une opération (et pouvant inclure les rotations), il y a parfois de gros écarts. Dans la première guerre du golfe, les effectifs britanniques terrestres c'était à son maximum 28 000 hommes comprenant 7000 véhicules dont 179 chars Challenger, 316 Warriors, 79 pièces d'artillerie et 16 MLRS. Notre contrat opérationnel de 15 000 hommes c'est 140 Leclerc, 130 Jaguar, 48 Caesar et 800 véhicules d'infanterie (VBCI, Griffon, Serval). Donc je laisse le soin à chacun de voir et comprendre que la force des 60 000 britanniques engagés dans la première guerre du golfe, c'est un truc si on ne le décortique pas bien ,peut vraiment donner l'illusion d'une masse face à laquelle on pourrait se sentir très inférieur. Pour la 2e guerre d'Irak (2003), c'était la même chose, combien de fois on va lire que les britanniques avaient 46000 hommes déployés en Irak? Pour beaucoup de personnes on croit qu'on parle de la british army, sauf que là encore on parle du volume de force concerné par l'opération. Dans les faits la british army c'était 26 000 personnes engagés. Il faut comprendre qu'en réalité les britanniques tournent sur la projection d'une division et que contrairement à nous, ils ont un bien plus gros volume de troupes dans le soutien et la logistique qu'ils vont renforcer avec des réservistes (près de 7000 pour la guerre d'Irak de 2003). Donc même si on pourrait se dire qu'avec 15 000 hommes (force terrestre) on semble loin d'atteindre les 26 000 des britanniques de 2003, il faut comprendre que la différence en réalité se joue bien plus sur l'aspect soutien et logistique que sur l'aspect du potentiel "combattif" de la force qui reste celle d'une division. En attendant n'oublions pas que ce potentiel britannique il n'était pas tenable bien longtemps, très vite ils sont tombés à un niveau brigade pour la durée. Je le dis honnêtement, nous sommes dans le même cas et si on critique nos réformes, les britanniques aujourd'hui sont bien incapables de faire ce qu'ils pouvaient faire par le passé. Concernant notre réforme de 2008, il est faux de dire qu'on a supprimé 60 000 "soldats". Dans les faits, on a des milliers de civils (presque 15 000), on a des milliers de suppression de postes vacants. Ces milliers de trous entre l'effectif théorique permis et l'effectif réalisé, on l'oublie souvent. Le recrutement des pros n'a jamais permis d'atteindre les ambitions affichées au moment ou on a décidé la professionnalisation, ce n'est pas juste le politique qui en a fixé les limites ou qui est revenu sur une ambition, il s'est aussi adapté à une situation complexe, la même qui conduit aujourd'hui à accepter presque chaque personne qui se présente au centre de recrutement, tant l'augmentation de la FOT a amené un besoin. La sélection des meilleurs candidats n'est plus une réalité depuis longtemps, tous sont pris, les meilleurs auront juste plus de choix de régiments qu'on va dire plus "prestigieux", mais les autres auront un poste. Il faut en avoir conscience, dans les années 2000, il était très difficile de satisfaire le besoin et on savait parfaitement qu'on allait creuser le fossé avec le départ de ceux qui terminaient leur contrat dont beaucoup ont profité de la professionnalisation pour en signer un. Nous ne pouvions pas tout honorer et nous ne devons pas faire comme si sans ces réformes, on aurait pût maintenir le volume d'engagés au même niveau, il fallait faire une réforme pour amener l'armée au volume soutenable par le recrutement. Pour la même raison qu'aujourd'hui encore, on va privilégier de correctement équiper ce qu'on avec les hausses budgétaires plutôt que d'aller chercher une masse qu'on ne pourra pas honorer humainement. Car le problème n'est pas d'acheter 60 Griffon pour armer un nouveau régiment d'infanterie, le problème c'est de trouver et maintenir les 1200 types qui vont graviter autour. Je constate quand même que c'est encore mal compris, mal acquis dans les esprits de nombreuses personnes qui continuent de croire qu'il suffit qu'un président ordonne d'augmenter les forces militaires de 50 000 hommes pour que ça se fasse, qu'il suffit d'augmenter le budget pour le financer. Non ce n'est pas le cas. Autre élément à prendre en compte dans la restructuration, on a supprimé des milliers de postes à l'étranger. Du Gabon à Djibouti, en passant par d'autres, ces postes (permanents) qui participaient à un potentiel militaire étranger sont considérés au même titre que l'effectif des implantations en France. Pourtant ces postes étaient armés par du personnel effectuant un "séjour", issue des régiments de France. Ce sont donc des suppressions qui en fin de compte plutôt combler éviter des trous dans la raquette (effectif théorique/réalisé) dans les régiments en France en limitant les mutations. En fait c'est toute une gestion autour des mutations qui se met en place petit à petit, on va chercher à les limiter, on va y imposer des obligations. On doit bien comprendre que notre problème numéro 1, ce n'est pas l'argent, c'est l'humain. C'est lui qui conditionne tout. Bien entendu aujourd'hui on cherche à combler les trous dans l'équipement, chose que je considère à part encore de notre format. En fait depuis la professionnalisation nous n'avons pas trouvé le bon format d'armée humainement soutenable et on a "profité" de cette recherche (réforme de réduction du format) pour allonger les programmes, pour les décaler, pour ne pas trop les financer. On se retrouve aujourd'hui avec un format d'armée qui est humainement à la limite de ce qu'on peut tenir, on va augmenter les soldes pour chercher la fidélisation, mais avec un chômage qui baisse, nous ne sommes pas à l'abri d'être confronté à certains problèmes à l'avenir. On s'efforce financièrement d'équiper convenablement ce format d'armée (nouvelle LPM), mais il est vain de vouloir créer de la masse, car nous ne le pouvons pas. L'effort sur la réserve est le bienvenu, sans doute le seul possible pour donner de la profondeur humaine à nos armées. La création d'un plus grand nombre de postes civils peut également être profitable sur les installations en France afin de garantir une expérience et une continuité de l'activité en cas de projections de personnels militaires. Il serait intéressant de joindre au contrat de tout nouvel engagé une période de réserve obligatoire en RO1 d'un an avant d'enchainer sur 4 ans en RO2. Cette période de réserve pourrait également être lié à un programme de reconversion.
  10. Je pense aussi qu'il y a comme ordre général de ne pas reculer et que cela se répercute à tous les niveaux inférieurs. C'est pour ces raisons que les russes font l'effort de contre-attaques très localisées et avec peu de forces. Cette impression qu'un chef a peur de rendre compte d'un échec sur la tenue de son secteur et qu'il cherche à se rattraper en y allant avec tout ce qu'il peut quitte à ce que ça aggrave la situation sur la zone. Après il faut garder à l'esprit, les russes ont préparés cette ligne de défense depuis des mois. Ils ont aménagés le terrain, amenant les munitions, les hommes, les positions d'artillerie. C'est donc forcément qu'au départ il y a un potentiel défensif haut sur place à l'instant T ne traduisant pas forcément une tendance à long terme (renforcement, renouvellement, durabilité du feu d'artillerie...). Je crois que les russes ont malgré tout leur potentiel militaire un point de rupture structurel qui est grandement masqué par une volonté politique et du commandement qui veut que ça se passe bien, qui veut que ça se passe comme ils aimeraient que ça se passe. Cela peut amener à ne pas voir des faiblesses sur le front , ce genre de faiblesses qui vont du jour au lendemain "surprendre". On ne va pas le répéter, mais les ukrainiens ont un grand avantage dans le renseignement et ça joue, désormais que le front chauffe, on voit bien mieux les activités russes, leurs positions, leurs lignes logistiques, leurs zones de stockages de munitions. Est-ce qu'on est face à une stratégie ukrainienne qui vise justement à affaiblir le potentiel russe accumulé et à chercher d'exploiter une ouverture? Pas impossible, car visiblement les ukrainiens sont dans une certaine retenue dans des offensives qui ne visent pas la profondeur et ou les volumes engagés sont assez faibles. On cherche à faire bouger les russes, on cherche la brèche.
  11. Une attaque sur Sebastopol ne s'improvise pas. Pour que ce soit efficace, il faut une attaque importante amenant à des pertes significatives, en particulier sur la marine. Il faut donc disposer des missiles et de leurs vecteurs en quantité , couplés à des drones pour la saturation tout en étant prêt d'agir quand le renseignement aura identifié un bon "moment" (nombreux navires à quai). Mais je pense que l'option est sur la table, que ça viendra forcément. En tout cas ils ne vont pas y aller avec 2 missiles juste pour montrer qu'ils peuvent le faire, car les russes prendront les mesures nécessaires pour se prémunir d'autres attaques. Il est nécessaire de faire un gros coup plutôt que d'y aller un tout petit peu de temps en temps.
  12. Personnellement à des fins de propagande, j'aurai balancé un missile de croisière dessus, le tout filmé en plein jour par un drone, honnêtement vu l'usage qu'ils font de leurs missiles, ça n'aurait pas été du gâchis.
  13. Oui. En tout cas moi ce qui me frappe en permanence dans ce conflit, c'est qu'on a beau avoir de longues lignes de tranchées, c'est toujours relativement vide, c'est presque toujours les mines, l'artillerie, les drones et quelques missiles AC qui vont faire le coup d'arrêt.
  14. L'avantage des mines, c'est que ça immobilise un engin, son désavantage c'est qu'il n'est pas forcément détruit. Ce n'est pas pour rien que les ukrainiens "s'amusent" souvent à venir finir les engins abandonnés par les russes dans les zones non accessibles, ce n'est pas juste pour une belle explosion à des fins de propagande.
  15. Vidéo intéressante mais courte sur le besoin de dynamisme d'une action offensive sur une longue ligne de tranchée russe. On se demande s'il y a grand monde dedans et si oui, le risque de tir amis pris par l'artillerie russe.
  16. Elles sont très importantes dès lors qu'on arrête de chercher au cas par cas, comme pour les munitions. Rien qu'en France on va bientôt être à une capacité de sortir 300 blindés Griffon et Serval par an, donc une capacité de donner aux ukrainiens autant de VAB. Il en est de même dans un paquet de pays, je ne compte même pas les USA. Prenons aussi en considération d'autres pays alliés, cela va d'Israël ou de la Corée du Sud, il faut un peu arrêter de vouloir chercher des limites pour garder l'espoir que la Russie peut tenir sur la durée. Car le problème c'est bien de connaitre l'état réel des capacités de production russe, ce sont eux qui connaissent une forte attrition en tout. Mais il faut être réaliste, la Russie c'est une capacité de production qui est plutôt proche de la France qu'elle ne l'est des USA ou de l'Otan. Faut pas se le cacher, les russes sont heureux de compter sur les stocks de l'URSS, c'est cela qui permet de tenir, il n'y a pas une masse qui sort, ils n'ont pas beaucoup de sites de productions et ils ne vont pas multiplier les cadences par 10, ce n'est plus l'URSS. Mais comme je le disais, il faudra encore quelques mois pour que certains finissent par admettre les limites russes, en attendant on va espérer que les occidentaux n'ont plus rien en stock alors qu'en réalité, ce n'est pas qu'ils sont à sec, c'est que leur stock "normal" a été réduit. Mais allez cumuler l'ensemble des usines de productions d'obus de 155mm de tous ces pays, croyez moi que les russes ne tiennent pas ces quantités. L'usure se fera et pas du côté que vous souhaitez, ne vous en déplaise.
  17. L'élection aux USA c'est en novembre 2024. Le système américain fait que le président qui prendra ses fonctions en janvier 2025 va gérer avec un budget voté par le précédent gouvernement. Le président américain doit toujours faire avec le système bien complexe des différents pouvoirs qui bien souvent peuvent lui entraver tout son mandat, il n'a pas tous les pouvoirs. Ceux qui soutiennent l'aide l'Ukraine sont majoritaires dans le pays et ceux qui espèrent voir un Trump arriver et mettre un terme à cette aide sont généralement ceux qui défendent une victoire profitable à la Russie (mais qui est difficile à assumer ouvertement)
  18. N'oublions pas les objectifs initiaux qui ne sont pas ce pourquoi la Russie est aujourd'hui en position défensive. Car on a trop souvent tendance à l'oublier en regardant la ligne de front actuel comme l'enjeu de tout. La Russie reste celle qui a agressée l'Ukraine pour diverses raisons et prétextes qui ne sont pas et ne seront pas atteints. Qui veut bien croire à une défaite ukrainienne? Au mieux ce que Moscou peut espérer c'est un front figé par lequel elle en tirera certains territoires qu'elle mettra en avant pour se donner l'impression d'avoir "gagné". Aujourd'hui la Russie se bat pour cela, nul ne peut croire à une démilitarisation de l'Ukraine, à sa non intégration à l'Otan, à la préservation de l'influence russe. Le Kremlin en pensant que l'Ukraine serait un petit frère slave acceptant ou désireuse de devenir russe en a fait son ennemi pour des générations, la ligne de démarcation qui viendra de cette guerre sera une barrière assimilable au rideau de fer de la guerre froide. La Russie qui cherche à étendre son influence avec les fantômes d'un passé qu'elle seule envie, a une nouvelle fois agit de manière à obtenir tout l'inverse de ce qu'elle espérait. Elle imagine depuis des années être une puissance d'influence en Europe, désormais elle se tourne vers la Chine pour essayer de compenser une fracture profonde entre elle et l'Europe. Il devient problématique d'être proche de cette Russie, l'Otan prend ses aises, se renforce et voit venir de nouveaux membres. Il faut être particulièrement idiot pour penser que l'occident cessera de soutenir l'Ukraine sur la durée, l'investissement est si faible par rapport à l'effet stratégique global. On est dans une situation ou la Russie n'a pas plus à gagner que ce qu'elle a, c'est important de saisir cette situation, gagner la guerre pour elle revient désormais à en rester là. Je le dis depuis un moment, quand on analyse ce conflit, il faut le faire globalement, la Russie est dans une perspective de pertes, peu importe la complexité qu'elle peut poser aux ukrainiens sur certains points ici ou là du front. La Russie n'a pas et n'aura pas les moyens de refaire une invasion comme en février 2022. Peu importe si certains fantasment sur des armées secrètes d'appelés qui seraient équipés avec des masses de T-90M sortis d'usines, tout ça c'est pour fuir une réalité qu'on ne veut pas voir, celle d'une Russie qui a été poussé dans ses limites capacitaires, qui a vu son potentiel militaire fortement réduit et qui ne possède pas d'une industrie capable de produire à un rythme suffisant pour remplacer les pertes, encore moins pour augmenter la masse afin d'équiper des appelés formant de nouvelles armées. Ainsi la pression constante des ukrainiens n'est pas bonne pour les russes car ça amène une usure sur laquelle les occidentaux jouent. Le potentiel militaire de l'OTAN ne s'use pas, les dons de vieux matériels et l'industrie est là, même s'il faut un peu de temps pour atteindre certaines cadences. Ce n'est pas le cas en Russie dont le potentiel militaire se réduit inexorablement, il peut toujours être important, on peut toujours dire qu'ils peuvent tenir ainsi encore des mois, oui bien entendu, mais personne n'a dit qu'à la fin août tout va s'arrêter. L'Otan ce n'est pas rien, les capacités américaines sont immenses, les aides vont continuer à affluer de manière croissantes avec toujours des "nouveautés" permettant d'amener le maximum de pertes à l'armée russe. Les russes vont se féliciter d'avoir détruit 20 bradleys, laissant l'idée d'une armée ukrainienne s'affaiblissant, mais la réalité c'est qu'entre temps on a les américains qui ont déjà annoncés le double de ces pertes. On va voir quelques MRAP détruits, mais les américains en ont depuis des années des milliers à ne plus savoir quoi en faire. Dans le même temps les russes perdent aussi du matos, mais la production ne compense pas, ils sont obligés de piocher dans les réserves. C'est ce déséquilibre entre le potentiel militaire des pays de l'Otan (tant dans les stocks que dans la production) et le potentiel militaire russe qui dépend de son héritage soviétique pour garder une masse que sa capacité de production ne peut pas apporter malgré les efforts réalisés ou annoncés d'autant qu'elle a besoin d'éléments importés. Mais je sais qu'il faudra encore quelques mois pour que certains comprennent cela, comme il a fallu un temps pour comprendre l'an dernier qu'en fait non, la Russie ne gardait pas le meilleur de ses troupes et matériels en réserve, que cette opération militaire spéciale a été d'emblée massive et qu'elle a échouée à atteindre son objectif. La Russie se bat désormais pour réduire l'ampleur de l'échec de son opération militaire spéciale, elle n'a plus rien de plus à obtenir dans cette guerre que ce qu'elle a déjà. Mais n'en doutons pas, dans le narratif russe on mettra de côté l'objectif premier et on fera de ces régions capturées l'enjeu de la guerre sur lequel ils vont vouloir se sentir "gagnants". Et ce n'est pas terminé, les russes continueront à reculer, peu importe les images de Lancet ou de blindés ukrainiens détruits, infliger des pertes n'est pas une anormalité en guerre, ce n'est pas cela qui détermine la tendance du conflit. La tendance de ce conflit n'est pas la démilitarisation de l'armée ukrainienne, c'est de savoir jusqu'où les russes reculeront, combien de temps cela prendra et quels sont les moyens pour y arriver.
  19. Au point ou nous en sommes, ce n'est pas en donnant une victoire à Poutine qu'on va obtenir la paix. C'est quand même marrant, il y a un an et demi c'était : "on ne va quand même pas risquer de s'opposer aux russes, laissons l'Ukraine à Poutine pour éviter une 3e guerre mondiale" Il y a 1 an c'était: "qu'on se garde de trop soutenir l'Ukraine, la Russie doit gagner un minimum pour éviter qu'elle utilise l'arme nucléaire" Il y a 6 mois: "le conflit est figé, les deux adversaires sont dans l'impasse, l'Ukraine doit faire une croix sur les zones tenues par les russes" Aujourd'hui: "l'Ukraine doit arrêter son offensive pour que le malheur des uns et des autres s'arrête" Ce discours évolutif j'ai l'impression de le voir partout, ça en devient presque douteux, mais la finalité est toujours la même, offrir une victoire aux russes sous prétexte d'arrêter les morts pour rien, de "sauver" l'Ukraine, d'avoir la seule vraie paix possible. Non désolé, ce genre de discours n'est plus pour moi honnête, sérieux et crédible, il est devenu pour moi le discours qui fait l'affaire de la Russie dans les opinions occidentales. Ajoutons également le fameux refrain des aides qu'on apporte à l'Ukraine ou des sanctions envers la Russie qui affaiblissent considérablement nos économies, nos armées au détriment du bien être de notre population, ça y est, on a toute la propagande russe à destination de l'occident en résumé. L'obsession contre Zelenski est aussi assez symptomatique d'une idéologie russe qui cherche à en faire un moins que rien qui fait tout de travers, qui ne pense pas au bien être de son peuple. Là on est dans une propagande qui vise plutôt le peuple ukrainien mais déborde aussi sur l'occident. L'objectif étant de le rendre indésirable, remplaçable par un type plus "soumis" à l'idée d'offrir une victoire à la Russie. Zelenski emmerde les russes, il n'était peut-être pas grand chose avant la guerre, mais aujourd'hui il est devenu un symbole de résistance, il incarne bien plus le chef de guerre que Poutine dans ce conflit, il fait ce qu'il faut dans un pays en guerre, que ce soit en interne ou vis à vis de l'étranger pour tenir l'effort, la cohésion et obtenir du soutien. C'est cette réussite qui agace le camp russe, c'est pour ces raisons qu'ils cherchent à ridiculiser sa communication. Je le dis ici depuis un certain temps, la Russie n'est pas en position de gagner la guerre sur la durée. Moscou en février 2022 n'envisageait même pas de devoir faire une telle guerre, je reste persuadé qu'elle voulait juste réaliser une manoeuvre militaire amenant à une occupation totale ou quasi totale du pays comme ça s'est fait pour la Crimée. Depuis février 2022 elle galère face à l'armée ukrainienne. Elle a perdue un potentiel non négligeable et elle connait une usure qu'on sous-estime beaucoup, une limite industrielle qu'on ne veut pas voir et qu'ils cherchent à ce qu'on ne la voit pas en annonçant des choses qui donnent le sentiment que tout va bien, qu'ils vont tenir et augmenter l'effort de guerre, donc qu'ils vont tenir dans la durée. Pourtant croyez bien que s'ils sortiraient des dizaines et des dizaines de chars neufs des usines toutes les semaines, qu'ils diffuseraient de nombreuses vidéos de ces nouvelles productions et de leurs sites tournant à fond, ils ne le font pas. Ceux qui vont croire qu'ils cacheraient une telle production ne comprennent pas la propagande russe et son fonctionnement. Par contre on continue de voir du bricolage ainsi que des vieilleries pour tenir le front, on continue de voir une Russie qui dans son adaptation à la guerre se repose non pas sur une montée en puissance d'une industrie lui amenant des centaines de blindés et d'aéronefs neufs tous les mois avec la création de nouvelles armées, mais d'un système global très dégradé qu'on cherche à faire durer en espérant arriver au moment ou l'occident cesse de soutenir l'Ukraine. Les russes n'ont pas non plus un réel ascendant dans les combats, on va voir les ukrainiens rouler sur des mines, c'est la principale force défensive russe, mais au fond, ça reste une défense passive qui ne démontre pas une résistance russe dans le sens "combattif". Je m'informe des deux côtés, je constate factuellement que les vidéos ou l'on va voir des unités russes vaincre et dominer les ukrainiens dans des combats au sol sont presque exceptionnels. Les russes profitent actuellement d'une ligne défensive préparée depuis des mois, le défenseur est toujours avantagé. Mais les ukrainiens exercent une pression qui va très certainement amener à une fracture du dispositif russe, ce n'est pas parce que ça ne se fait pas en 2 jours qu'il faut conclure que c'est un échec. De la même façon qu'il ne faut pas trop s'exciter devant les pertes ukrainiennes, car derrière l'occident apporte continuellement des moyens. Prenons par exemple l'ensemble des images de la propagande russe de ce dernier mois qui montre la destruction de Bradley ou d'autres véhicules ou de système d'artillerie (parfois filmés sous pleins d'angles différents). On va se dire que c'est "beaucoup" et qu'à ce rythme ce sera vite plié. Mais c'est totalement faux, il ne faut pas négliger le soutien que reçoit l'Ukraine. Toutes les semaines les américains ont leur petite annonce, la dernière (hier) c'est entre autres 31 canons de 155mm, 32 Bradley, 32 stryker. Prenons l'ensemble des vidéos russe depuis le début de l'offensive ukrainienne qui vont montrer la perte d'un canon de 155mm, d'un VCI ou d'un VTT et les américains viennent presque de tout "effacer" dans leur nouvelle aide. Et ce n'est pas la première depuis l'offensive ukrainienne que les américains annoncent de nouveaux Bradleys et autres. L'occident (en particulier les américains) a une capacité d'apporter encore tellement à l'Ukraine. La nouvelle étape c'est l'arme à sous-munitions, interdite chez nous, mais pas pour les américains. On se dit que ça peut s'avérer très efficace (mais très polluant) contre des tranchées ou des champs de mines. D'autres annonces vont continuer à arriver, l'effort occidental à l'Ukraine ne s'est pas arrêté sur la constitution d'une force pour une offensive ukrainienne et s'arrêtera si cette dernière ne marche pas, elle s'inscrit dans la durée, si une offensive ne marche pas, on va s'adapter et préparer la suivante. Quand on réfléchit aujourd'hui sur les avions qu'on va fournir en 2024 à l'Ukraine, quand les américains annonçaient que les premiers Abrams viendront à la fin de l'été (donc qu'on savait déjà non présent pour l'offensive) c'est qu'on pense bien que cette guerre va encore durer. Il ne faut pas croire que ce temps va augmenter l'avantage militaire et territoriale de la Russie en Ukraine.
  20. La France restera toujours la coupable que cette junte et ses soutiens désigneront pour ne pas assumer une réalité différente de ce qu'ils espèrent. Nous serons accusé d'armer les terroristes comme on l'a déjà été. Nous serons accusé de vouloir nous venger en poussant des groupes armés à combattre l'armée malienne, ceci même si cette dernière aura lancé les hostilités. Les problèmes économiques c'est nous, la sécheresse c'est nous et si demain il y a des gens qui s'opposent à la junte, on va dire qu'ils sont manipulés par la France. Nous sommes et resterons le bouc émissaire de cette idéologie car nous sommes l'ennemi "stratégique". Entre combattre les terroristes et faire dégager la France, la priorité n'était pas les terroristes, peu importe les conséquences. C'est cette attitude inconsciente et rêveuse qui est l'ennemi de cette idéologie. Bamako se conforte à se croire le dominant qui va s'imposer aux autres "factions" en armes dans le pays. Mais comme je l'expliquais plus haut la dernière fois, l'armée malienne est faible, le retrait de la MINUSMA ne sera pas sans effets, l'armée malienne n'a pas les effectifs pour combler les trous que ces 12 000 hommes laisseront d'ici quelques mois.
  21. Le Mali est seul, peu importe que sa classe dirigeante joue le jeu d'un monde alternatif qu'on va présenter comme des pays "amis". Tout cela est une idéologie pour le petit peuple, la même idéologie qu'on va retrouver dans tout ce panafricanisme qui pense devoir se faire l'ennemi de tout l'occident pour obtenir la bonne grâce et les profits de ces nouveaux "amis" Sauf que tout ceci est une connerie, cela n'arrivera pas. Des pays comme la Russie ou encore la Chine jouent sur cette idéologie pour appuyer une stratégie anti-occidentale (guerre d'influence). Ils ne font pas ça pour aider ces pays ou pour les développer. Si la Russie (dont je ne vais pas dissocier Wagner qui a été pour moi "missionné" par le Kremlin) s'intéresse à des pays comme la RCA, la Libye, le Mali, ce n'est pas pour les aider, c'est qu'elle y a vu une opportunité à faible moyen de contrer l'influence occidentale. Pour Moscou la France c'est l'occident, c'est l'Otan, on ne fait pas la différence, nous sommes visés car nous sommes son ennemi et adversaire stratégique et idéologique, pas seulement car on est la France. Naturellement la Russie se place alors en soutien de tous ceux qui sont les plus remontés et les plus révoltés contre nous. L'intérêt russe en RCA était de contrer la France, désormais que nous ne sommes plus là bas, l'intérêt s'évapore petit à petit pour ce pays. Au Mali c'est pareil, dès lors que nous sommes partis, que nous avons rompus grandement nos relations, il n'y a plus grand chose à gratter. Wagner a été un grand acteur de la propagande devant mener à cela, les mines ou autres ne sont que de l'opportunisme de situation, un à côté, là aussi sur le dos des locaux. Les russes commençaient à s'intéresser au Burkina, de plus en plus, même objectif sauf que visiblement ils n'ont pas eût le besoin d'aller bien loin tant leur "gouvernement" voulait imiter le voisin et satisfaire la population à qui on a soufflé la douce idéologie que j'ai évoqué et pour qui la France était une obsession plus grande que les terroristes qui continuent leurs méfaits. Désormais l'intérêt russe se porte vers le Niger, vers la Côte d'Ivoire ou le Tchad, car c'est là que nous sommes. Les russes n'ont aucun modèle alternatif à proposer au reste du monde contrairement à l'URSS (communisme), c'est pour ces raisons que la politique russe se base sur la destruction du monde occidental et de son influence, le problème c'est que derrière cela il n'y a rien. Le Mali va suivre le chemin si prévisible sur lequel il se trouve et finira par s'effondrer. Les russes ne feront rien, car en vérité ils sont contraints de suivre le mouvement de ceux qu'ils soutiennent, ce mouvement mène inéluctablement à la confrontation contre les touaregs et la capture de Kidal. Cela fait des années qu'on accuse la France d'empêcher Bamako d'aller au Nord, ce n'est certainement pas les russes qui vont leur dire "niet". L'Afrique est un bordel instable et imprévisible, tout se fait et se défait en un rien de temps. Wagner est la garde rapprochée de Goïta, cela le met d'une certaine façon en une relative sécurité vis à vis d'un putsch. C'est un problème car parfois un chamboulement politique permet de tourner une page, sauf qu'ici on a un fort risque de voir encore plus Bamako s'isoler du reste du pays, de voir les touaregs ainsi que les groupes terroristes conquérir des zones très rapidement. On ne s'en rend pas compte, mais les touaregs, ce n'est pas 500 types, ils sont des milliers en armes, ce n'est pas pour rien que nous français avons cherché à en faire un allié car l'armée malienne était dans un état catastrophique à notre arrivée. En mai 2014, l'armée malienne avait déjà tentée de reprendre Kidal, elle s'est prise une cuisante défaite avec une débandade totale. Je vous le dis, sans Barkhane et la MINUSMA, les touaregs auraient pris Tombouctou et Gao, l'armée malienne ayant désertée la zone, c'étaient des villes ouvertes. Les accords d'Alger ont suivis et si c'est vécu avec amertume et une certaine frustration du côté des "souverainistes" de Bamako, c'est car cela fait suite à une défaite largement minimisée et qu'on cherche à oublier tant on semble depuis 2-3 ans se satisfaire de communiqués élogieux sur des victoires alors que 90% du temps, tout cela ne s'est jamais déroulé et les 10% restant on surjoue les pertes adverses pour faire oublier les coups pris par l'armée malienne. Cela fait un moment que les maliens ne sortent plus de leurs campements, leur zone "d'action" sont des zones qu'on peut qualifier de "froide", ou alors on va régler des comptes personnels et ethniques anciens comme à Moura. L'armée malienne fuit l'affrontement pour éviter les pertes, elle ne patrouille pas pour éviter les mines et les embuscades car ces attaques et ces pertes mettraient à défaut la propagande qui vante la remontée en puissance de l'armée et de ses opérations victorieuses. C'est un vrai danger quand on comprendra la supercherie, car faut pas croire que c'est en faisant cela que l'armée malienne gagne en compétence, faut pas croire que ça va mieux. C'est comme nous avec Barkhane, quand on a arrêté les opérations, forcément nous ne sautions plus sur des mines, qu'il n'y avait plus de pertes humaines, ce n'est pas que la situation allait mieux. Comprenons qu'en ce moment ceux d'en face sont "à l'aise" et se préparent, ils savent parfaitement qu'on allait arriver au départ de la MINUSMA et qu'il ne fallait pas arrêter un ennemi quand il fait une erreur. Bamako exige le départ de la MINUSMA, pourtant cette dernière permet dans de nombreuses zones d'assurer une présence militaire que l'armée malienne ne peut effectuer (pas assez d'effectifs). La MINUSMA n'est peut-être pas la meilleure force pour traquer les terroristes, mais elle sait marquer sa présence, elle sait réaliser des patrouilles, elle dispose de moyens importants pour établir des installations qu'elle sait tenir. Aujourd'hui encore, de nombreuses garnisons de l'armée malienne sont à proximité des forces de l'ONU et ce sont ces dernières qui dissuadent les terroristes d'agir sur certaines villes, ce sont elles aussi qui interviennent pour sauver l'armée malienne ou pour évacuer leurs blessés. Bien entendu ces éléments ne sont pas mis en avant par Bamako qui cherche à faire valoir son indépendance et la grande combattivité de ses forces. Les casques bleus, c'est presque l'équivalent en hommes de toute l'armée malienne, son retrait ne sera pas sans effet et ça va retirer de nombreux "obstacles", celui pour une offensive vers Kidal, mais aussi celui pour la prise de certaines villes par d'autres...
  22. Barkhane puis MINUSMA... En plus ils veulent précipiter le départ de cette force, non pas que ce soit *** mais pour que cette dernière lui cède énormément de choses. Prochaine étape pour Bamako, le reconquête de Kidal, c'est à partir de là qu'on va rigoler. Car le jeu est tellement prévisible, l'idéologie de ceux qui ont le pouvoir ou qui le soutienne est connue. Ils continuent d'être obsédé par les touaregs du Nord, cherchant leur vengeance, c'est pour eux l'origine de tous les problèmes du pays contre lequel Barkhane ou même l'ONU a tout fait pour empêcher Bamako d'agir pour obtenir sa "souveraineté" . Kidal c'est le symbole ultime de l'idéologie souverainiste du pouvoir en place et de ses sympathisants. Depuis des années ils ne voient que cela, des années qu'ils accusent la France de chercher à diviser le pays, d'empêcher l'armée malienne d'agir, de piller de l'or, d'armer les terroristes. C'est systématiquement le même refrain qui se focalise uniquement sur ce symbole de Kidal et des touaregs du MNLA, son seul et unique ennemi pour Bamako. La MINUSMA est très présente dans le Nord du Mali, rendant de facto impossible toute initiative guerrière venant de Bamako pour combattre les touaregs, les casques bleus se seraient mis au milieu. Dans 6 mois le champ sera libre pour avancer. La junte procèdera auparavant à sa propre élection pour se légitimer, suivra la dénonciation des accords d'Alger (la faute aux autres bien entendu) et enfin ils feront leur guerre aux touaregs. Toute le problème sera la conséquence de cette attaque qui risque de fortement conduire l'armée malienne à un désastre qu'elle pense inatteignable. Kidal c'est loin et isolé, pas la peine d'être devin pour savoir que l'armée malienne n'aura pas la logistique pour durer et soutenir l'armée qui y sera envoyée. Alors certes ils ont reçus des blindés, mais combien vont tenir un engagement opérationnel? Si un blindé a une panne sont-ils à même de le réparer, de l'évacuer? S'ils ont un pneu qui crève, peuvent-ils le changer? Cela parait simple et évident mais pour ceux qui ont été au Mali et ont réalisés des convois, on sait qu'il fallait presque un camion à part transportant que des roues de secours, qu'il fallait des véhicules de dépannage. On ne change pas la roue d'un blindé de 15 tonnes comme celle d'un Pick-up. Bamako aime montrer ses drones turcs TB2, mais leur rayon d'action depuis Gao ou Tombouctou est insuffisant pour couvrir jusqu'à Kidal. Les autres aéronefs pourraient eux aussi très vite être rincés quand il faudra réellement les utiliser un peu plus que lors d'un défilé militaire ou le transport d'un général. On a déjà vu un Su-25 s'écrase, on a déjà vu des hélicos s'écraser, la MCO et le niveau des pilotes ne peut pas se comparer à nous, pourtant là aussi depuis des années à Bamako on laisse croire qu'il suffit d'avoir des aéronefs en inventaire pour obtenir le même effet qu'on pouvait avoir avec Barkhane. Pourtant l'armée malienne reste très faible. De mauvais chefs, l'absence de coordination, un manque de sens tactique, manque de compétences, un soutien quasi absent, on est toujours face à une armée que j'aime désigner comme étant guidée par les émotions. Une armée qu'on va motiver idéologiquement à aller à un endroit, plein d'enthousiasme, mais qui une fois que ça tire, une fois qu'on redescend sur terre, tout fout le camp, littéralement. Je pense que dans la conquête de Kidal qui interviendra l'an prochain, l'armée malienne va se prendre une claque et qu'on va assister à un sacré merdier dans lequel l'ensemble des groupes terroristes tireront profit.
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