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Alexis

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Tout ce qui a été posté par Alexis

  1. C'est une interprétation en contradiction avec le fait du maintien depuis avril 2022 des objectifs déclarés de Moscou, répétés encore récemment par la porte-parole Zakharova. Sans parler de la propagande s'adressant à la population russe. Pour mémoire, non seulement une Ukraine mutilée avec cinq provinces au total annexées par la Russie, mais une Ukraine en situation de vulnérabilité permanente face à Moscou du fait de la combinaison neutralité + démilitarisation profonde (limite à 50 000 soldats dans les forces armées), donc une Ukraine à la "souveraineté limitée", au moins autant que la Biélorussie. Ceci pour la version officielle des objectifs. Ce que mettent en avant les plus radicaux - et ils ne sont pas peu nombreux ni sans influence - c'est une assimilation forcée et "rééducation" de l'ensemble de la population ukrainienne. Naturellement, atteindre la version officielle des objectifs rendrait possible à Moscou de passer facilement à la version "complète" des objectifs. Immédiatement ou un peu plus tard. Moscou aimerait bien que les Etats-Unis diminuent leur soutien après leurs prochaines élections, naturellement. Mais non, l'objectif n'est pas la sauvegarde de leurs positions au Sud et à l'Est de l'Ukraine. L'objectif est la victoire par attrition c'est-à-dire l'épuisement et au final effondrement de l'armée ukrainienne, seule voie réaliste pour la Russie d'imposer ses objectifs de guerre, qui sont évidemment parfaitement inacceptables pour l'Ukraine sauf à ce qu'elle ait perdu son armée et sont donc hors d'atteinte de Moscou dans tout processus de négociation type "compromis politique" en lequel espèrent tant de gens de Nicolas Sarkozy à Elon Musk et autres. Cela doit bien faire une année entière que la stratégie de la Russie est la guerre d'attrition : maximiser les pertes de l'ennemi, minimiser les siennes tout en augmentant à marche forcée sa puissance militaire (6% PIB pour la défense, innovation militaire, production industrielle, mobilisation de l'automne 2022 et augmentation à "bas bruit" des recrutements depuis) Le critère de qui est en train de prendre l'avantage dans cette guerre n'est pas le nombre de km² gagnés ou perdus par l'un ou l'autre côté, mais qui est en train de s'épuiser plus ou moins relativement vite. Ce qui est bien sûr beaucoup plus difficile à évaluer ! Mais c'est ce qui compte, dans une guerre d'attrition. L'inquiétude, c'est que - D'une part les efforts économiques, de production militaire etc. de la Russie sont assez évidemment largement supérieurs à la somme des efforts que les Occidentaux, Américains et Européens confondus, sont disposés à consentir. Il suffit de comparer les nombres de chars, de véhicules blindés produits en Russie pour la guerre versus donnés par le bloc occidental à l'Ukraine. Sans parler du fait que l'innovation militaire semble aller beaucoup plus vite du côté russe (drones Lancet, guerre électronique...), ce qui n'est certes pas étonnant puisque les Ukrainiens innovent avec des moyens dix fois inférieurs tandis que les Occidentaux ne semblent pas vraiment s'y employer - D'autre part ce différentiel d'efforts et de soutien au front est clairement déjà visible sur le terrain, et le contraste est frappant. Que ce soit l'article du Kyiv Independent dont j'ai copié la traduction plus haut, ou telle enquête du Washington Post, Wall Street Journal ou autre grand média américain "sur le terrain", l'image est cohérente : les Russes disposent de la supériorité matérielle, supériorité de feux d'artillerie, supériorité en drones, supériorité aérienne, et ils ont déjà corrigé les problèmes de compétence qui étaient encore frappants l'année dernière Cette tendance, que je vois comme la tendance importante, ne peut manquer d'augmenter les pertes du côté ukrainien, probablement au-delà des pertes du côté russe. D'autant plus compte tenu de la stratégie offensive appliquée par Kiev. Avec toutes les incertitudes, qui restent larges, sur les pertes de part et d'autre, on commence à en voir les premiers signes. A confirmer, de toute évidence, mais le souci est là. Et cette tendance d'une Russie bénéficiant d'un grand avantage matériel et dans beaucoup de catégories d'armement (drones, avions, guerre électronique) ne semble pas devoir s'arrêter ? Je veux dire que je ne vois pas ce qui pourrait l'annuler sans parler de la renverser : les dons américains au mieux vont rester stables (au pire ils seront réduits), les dons européens idem au mieux, ce n'est pas l'Ukraine avec 10% du PIB de son agresseur et travaillant sous menace permanente de bombardements qui va pouvoir concurrencer sérieusement les productions russes... ==>Comment l'Ukraine pourrait-elle soutenir cette pression croissante, non pas seulement la semaine prochaine ni le mois prochain (je ne pense pas que qui que ce soit de sérieux s'attende à un effondrement militaire ukrainien à très court terme), mais l'année prochaine et la suivante ? Je n'ai pas de réponse. Interprétation en contradiction frontale avec les objectifs russes déclarés et maintenus depuis avril 2022 et avec la propagande russe interne, comme déjà dit. C'est à mon sens l'illusion commune à tous ceux qui proposent un arrangement et un "compromis politique" avec un Poutine dont ils sont sûrs qu'il est en fait "raisonnable" (comprendre : aligné sur ce que j'imagine être raisonnable de son point de vue) et un type avec qui on peut construire un accord et "toper là". Non monsieur le président, c'est peut-être votre expérience en 2008 en discussion face-à-face au sujet de la Géorgie... mais Poutine a changé depuis. Je crois que beaucoup de gens méconnaissent, ou n'ont pas encore pris la pleine mesure, de la transformation qu'a connu premièrement Vladimir Poutine - sa radicalisation doit dater de la période 2019-2021 pour l'essentiel - deuxièmement qu'est en train à sa suite de connaître la Russie. Ma conclusion, c'est que deux illusions majeures affectent deux types de personnes dans le bloc occidental : - "Poutine est raisonnable en fait", on va pouvoir faire un compromis, alors allons-y ! Par des gens dont certains ont correctement vu que la Russie risquait de gagner (pas tous), mais qui n'ont pas vu la radicalité des objectifs russes dans cette guerre, et ne voient pas que l'Ours russe est passé en mode berserker - "L'Ukraine est en train de gagner", donc continuons à la soutenir et ça suffira à ce qu'elle l'emporte et résolve notre problème ! Par des gens dont certains ont correctement vu la radicalité des objectifs russes (pas tous), mais qui n'ont pas vu l'évolution (prévisible) du rapport de forces, et ne voient pas que l'Ours russe mobilisé fait face à un Aigle américain au mieux demi-intéressé (et encore, et ça commence à baisser) et une volière européenne qui globalement ne fait que le suivre Non. Poutine et l'idéologie qui est en train de prendre des racines de plus en plus profondes en Russie - elle n'a pas encore de nom, on pourrait l'appeler l'idéologie du "monde russe" - ce n'est pas raisonnable du tout. Et le plus probable - sauf à ce que quelque chose de fondamental ne change, et je ne sais pas quoi - est que la Russie avec ce dirigeant et cette idéologie va prendre le contrôle de l'Ukraine, que ce soit en 2024 ou un peu plus tard. Je pense que le risque de se payer de mots et d'illusions est grand. Je n'ai pas de "solution". Les pistes pour limiter les dégâts sont fragiles.
  2. Les témoignages humains sont intéressants, mais ce qui est le plus intéressant dans cet article c'est ce qui ressort du rapport de force réel sur le terrain. En termes de combattants formés, de matériel divers, de munitions, de drones, d'avions de combat...
  3. Un reportage du Kyiv Independent sur les soldats de la 32ème brigade mécanisée séparée, qui doivent faire face à la poussée russe dans la région de Kharkiv. Le moins qu'on puisse dire est que c'est dur ... Ces remontées de "réalité terrain" en disent beaucoup en filigrane, à la fois sur l'état des forces ukrainiennes, sur les forces russes auxquelles elles doivent faire face, sur la liberté de la presse ukrainienne - et aussi sur la réalité derrière la communication. La nouvelle brigade subit de plein fouet l'assaut de la Russie dans l'oblast de Kharkiv KHARKIV OBLAST - Les combats en Ukraine sont épuisants, même pour les vétérans les plus endurcis. Pour des troupes inexpérimentées, récemment arrachées à la vie civile, c'est encore tout autre chose. Ihor, un ancien avocat, se souvient de ce jour, début août, où les Russes ont attaqué les ruines de Novoselivka, dans l'oblast de Kharkiv, que sa 1ère compagnie défendait. L'attaque était bien préparée. Les troupes russes ont repéré les positions à l'aide de leurs drones qui semblent en nombre illimité. Lorsqu'elles ont frappé, leurs mortiers se sont concentrés sur ce qui restait de couvert. Un obus est tombé dans le salon de la maison qu'occupaient Ihor et un autre soldat. Ils ont survécu parce qu'ils se trouvaient dans le couloir. L'artillerie ennemie a établi un contrôle de feu sur les seules routes menant au village, coupant l'évacuation médicale et les renforts. L'unité d'Ihor, après trois semaines d'entraînement de base à l'OTAN et deux mois de déploiement dans l'oblast de Kharkiv, s'est donc retrouvée face à des troupes russes professionnelles dotées d'une puissance de feu supérieure. Les pertes n'ont été récupérées qu'à la tombée de la nuit. Un nombre indéterminé d'entre eux n'ont pas survécu, dont certains amis de l'unité d'Ihor. "J'ai perdu des frères d'armes là-bas", dit-il. "Je n'y suis pas retourné depuis, et je ne veux pas y retourner. Ce que j'ai vécu là-bas, c'est le chaos". La compagnie d'Ihor fait partie de la 32e brigade mécanisée séparée, l'une des nouvelles brigades dont l'Ukraine a commencé à se doter au début de l'année. C'est également l'une des rares brigades à tenir le front nord-est, alors que la majorité des troupes et des équipements sont stationnés sur le front sud, où l'Ukraine progresse lentement. Bien qu'elle fasse son devoir en défendant la poussée russe dans l'oblast de Kharkiv, le manque d'expérience et les limites de l'entraînement et de l'équipement ont rendu les deux premiers mois sur le terrain éprouvants. Avant janvier, la 32e n'existait pas et la grande majorité de ses soldats étaient des civils qui n'avaient jamais tiré sur personne. Beaucoup ne voulaient pas faire partie de l'armée. Cette brigade est déployée dans l'oblast de Kharkiv, à plus d'une heure à l'est de Kupiansk, où les forces russes ont mené une forte poussée au cours du dernier mois et demi. Les forces russes auraient déployé jusqu'à 100 000 soldats dans cette région. Des soldats de différentes brigades ont déclaré au Kyiv Independent que les Russes dans cette zone sont des soldats expérimentés et bien équipés, disposant d'un grand nombre d'obus d'artillerie et de roquettes MLRS. Les soldats de la 32e brigade ne cachent pas qu'ils se sentent souvent dépassés. Les fantassins disent être dépassés par les troupes russes compétentes et apparemment sans peur qu'ils ont vues sur cet axe d'attaque. "Tout n'est pas comme ce qu'on lit dans les briefings quotidiens et dans les journaux télévisés", déclare Volodymyr, un sergent d'infanterie de la brigade, qui s'est trouvé au cœur des combats. Comme la plupart des unités, la 32e est en manque de véhicules et de munitions d'artillerie. La plupart des bons équipements sont déployés pour la contre-offensive sur le front de Zaporizhzhia. Elle manque également d'expérience sur le champ de bataille, des petits gradés aux commandants. Elle n'a pas non plus beaucoup d'options pour s'inspirer de celle des autres. L'année 2022 a réduit la réserve de combattants expérimentés de l'Ukraine à un point tel que l'on peut parler de pénurie. "Les brigades dont les commandants et les sergents sont nouveaux acquièrent de l'expérience grâce aux opérations de terrain en cours", a déclaré Sergiy Zgurets, directeur du centre d'analyse militaire Defense Express. Contactés par courriel, les services de presse du ministère de la défense et des forces armées ont indiqué qu'ils n'étaient pas en mesure de répondre aux questions sur ce sujet. Les limites de l'entraînement de l'OTAN Tous les fantassins de la 32e brigade s'étaient rendus en Allemagne pour s'entraîner aux normes de l'OTAN pendant trois semaines. C'était une solution évidente. Certains des soldats ici présents étaient enthousiastes à l'idée de partir, pensant que l'entraînement les aiderait à devenir efficaces. À bien des égards, c'était le cas. L'infanterie a fait l'éloge de l'entraînement physique. L'officier de presse Andriy Smiyan et son assistant Oleksandr ont souligné le pouvoir salvateur de la formation à la médecine tactique, largement pratiquée en Occident mais pratiquement inconnue dans les armées de type soviétique. L'entraînement s'accompagne également d'un équipement complet pour chaque soldat. Cependant, les mêmes soldats qui ont parlé au Kyiv Independent n'ont pas caché leur mépris quant à la façon dont la formation les a préparés à une guerre qui n'existe pas en Ukraine. Selon eux, les officiers de l'OTAN ne comprennent pas la réalité du terrain. "Un fantassin de l'OTAN sait qu'il est soutenu et peut avancer avec la certitude qu'il y a de fortes chances qu'il ne soit pas tué ou mutilé", a déclaré Ihor. La méthode de guerre de l'OTAN prévoit des frappes aériennes préparatoires massives, des barrages d'artillerie et des opérations de déminage avant l'envoi de l'infanterie, a-t-il ajouté. Ce n'est généralement pas le cas en Ukraine. Entre la minuscule et ancienne force aérienne du pays, les vieux T-64 et une pénurie constante d'obus d'artillerie et de véhicules d'infanterie, c'est souvent à l'infanterie qu'il incombe de tenir la ligne face aux attaques de sondage et aux assauts occasionnels des Russes, soutenus par une artillerie écrasante et un grand nombre de drones. Les soldats ont déclaré qu'ils avaient parfois du mal à appliquer les tactiques des petites unités de l'OTAN parce qu'il n'y a souvent pas assez de couverture pour le faire. M. Zgurets a déclaré que les instructeurs en Allemagne mettaient l'accent sur l'enseignement du combat urbain. Mais les compétences nécessaires pour enfumer un ennemi à partir d'une tranchée, pour constituer un groupe d'assaut et le coordonner avec l'artillerie et le soutien des drones font défaut. Le style de bataille dans la campagne ukrainienne, qui mêle les combats de tranchées de la Première Guerre mondiale à la technologie et aux tactiques du XXIe siècle, n'existe qu'en Ukraine et n'est pas du ressort de l'OTAN. En outre, les traducteurs utilisés n'ont souvent pas de formation militaire et ne parviennent pas à transmettre des ordres ou des réponses précises entre les instructeurs et les stagiaires, a ajouté M. Zgurets. Il a ajouté qu'il serait utile que certains de ces instructeurs se rendent en Ukraine. "Les pays européens peuvent corriger leur formation", a déclaré M. Zgurets. "Il y a eu une compréhension mutuelle des expériences et des préoccupations, et c'est le moment de les dissiper. Le major général américain à la retraite Gordon Davis a déclaré au Kyiv Independent que la formation dispensée par les alliés de l'OTAN était "indispensable". Si les tactiques et procédures spécifiques préconisées par les formateurs alliés n'ont peut-être pas donné les résultats escomptés par les dirigeants et les forces ukrainiens, la raison de cette lacune est certainement multidimensionnelle. Il ajoute que la formation à l'étranger est toujours meilleure que ce que l'Ukraine peut offrir et que si le réalisme peut être amélioré, il faudrait un investissement énorme pour que les programmes de formation soient en mesure de reproduire les tactiques russes. "Il est donc d'autant plus important pour l'Ukraine d'investir dans la qualité de la formation fournie ou soutenue par l'Occident en apportant les éléments manquants de l'intelligence de combat actuelle et les leçons tirées des sacrifices et des succès personnels ukrainiens." Lutte pour la survie Sur les positions d'infanterie, le sergent Volodymyr a rencontré le Kyiv Independent avec le sourire amer et ironique d'un homme contraint d'endurer trop de choses trop rapidement. "Aucun des gars ne voudra vous parler", a-t-il dit. "Ils ne veulent pas y penser. Volodymyr lui-même refusait de parler, mais lorsque Ihor commença à expliquer la situation, il finit par se joindre à la conversation par bribes, ajoutant telle ou telle observation. À la fin, Volodymyr peut à peine contenir ses descriptions sombres des aléas du combat. "Un exploit héroïque - sauter de cette cave et tirer sans viser dans leur direction générale, puis finir sans bras ou sans jambe, ou tout simplement mort ? dit Volodymyr. "Quel est l'intérêt ? Pour se rendre sur les positions, les soldats doivent marcher à pied pendant cinq kilomètres en pleine nuit, sans aucune source de lumière, tout en portant leur équipement incroyablement lourd. Les positions elles-mêmes sont des ruines, avec peu d'endroits où se cacher. Il est dangereux de sortir un membre de ce qui reste de couverture, sans parler d'aller aux toilettes. Car les Russes dans cette région sont relativement affûtés, avec des troupes professionnelles et des forces spéciales en plus des conscrits des prisons ou de la population générale. Ils sont bien encadrés et montrent peu de signes de peur. "Ils ont des drones à vision nocturne, des Orlans et d'autres technologies ; ils voient tout", a déclaré Volodymyr. Nombre de ces drones sont équipés de munitions largables, les Ukrainiens ayant appris à utiliser cette technique en 2022. Le sentiment d'être constamment surveillé et ciblé est extrêmement démoralisant pour les troupes ukrainiennes. "Vous voulez faire certaines actions, mais vous ne pouvez pas parce que l'œil de Sauron vous regarde toujours", a déclaré Ihor, en référence au méchant et maître de la horde orque du Seigneur des anneaux. Les tankistes de la 32e semblent un peu moins nerveux. Ils parlent avec une modestie amicale de leur apprentissage du travail en équipe, ou du fait que l'un d'entre eux a reçu le surnom de Sniper lorsqu'il a atteint les trois cibles avec son T-64 lors d'un exercice d'entraînement. Mais ils ont leurs propres mauvaises surprises à craindre. Un commandant de peloton de chars nommé Vladyslav se souvient que la première fois qu'un Ukrainien a essayé d'utiliser une radio de char, les Russes l'ont immédiatement ciblée et l'ont enterrée sous les tirs d'artillerie. Depuis, ils ont appris à ne jamais utiliser d'appareils de communication plus puissants qu'un appareil portatif. Les troupes ennemies sont trop bien placées pour sanctionner le moindre faux pas. "Ils (les Russes) sont assis sur certaines des positions les plus avantageuses de la région", explique un commandant de chars portant l'indicatif Yenot. De nombreux facteurs à blâmer Les luttes sont simples. La question de savoir où s'arrêtent les limites et où commence la responsabilité est plus délicate. Les fantassins ont critiqué leur entraînement, le jugeant irréaliste pour un scénario dans lequel il n'y a rien d'autre que l'ennemi. Mais la plupart d'entre eux reconnaissent que cette formation a été utile à certains égards. Les soldats ont également reproché à leur commandement des décisions spécifiques, par exemple le fait d'avoir pris position dans un sous-sol étroit dont il était impossible de s'échapper rapidement si les conditions devenaient dangereuses. Ihor a ainsi perdu des personnes qu'il connaissait. Le ministère de la défense et les forces armées ont refusé de répondre aux questions. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples. L'attaché de presse Smiyan a souligné que les commandants de la brigade doivent prendre les meilleures décisions possibles avec les informations dont ils disposent et vivre avec ce qui se passe. Sans un noyau de vétérans expérimentés, le personnel de commandement de ces brigades apprend sur le tas, comme tout le monde, a déclaré Zgurets. La supériorité de l'artillerie russe sur l'ensemble du pays et la prédominance des drones et de la guerre électronique sur cette partie du front n'aident pas non plus. Ces explications sont logiques, mais elles n'encouragent pas les hommes qui partent au combat. "L'infanterie prend tout le poids sur elle," dit Ihor. Ces hommes sont admirables. Mais il est difficile de se départir de l'impression que la Russie, qui continue sur le long terme sa guerre d'attrition de l'armée ukrainienne, risque de finir par l'emporter - c'est-à-dire à provoquer un effondrement des forces ukrainiennes, suivi de l'imposition de la solution politique que choisira Moscou. Sauf si quelque chose de fondamental change. Mais je ne vois pas vraiment quoi.
  4. Voici un avis bien senti, et ô combien judicieux, sur l'attitude souhaitable pour les Etats-Unis face à la Chine Si votre équipe perd, est-ce que l'entraîneur va se plaindre que l'autre équipe triche, ou est-ce qu'il va exiger que ses joueurs améliorent leur jeu ? La Chine a changé (64 % de taux d'éducation tertiaire contre 3 % en 1979). Nous devons changer nous aussi. Pleurer dans sa bière, ce n'est pas américain. Soit dit en passant, ça s'applique aussi très bien à un certain pays voisin à la fois de l'Allemagne et de l'Espagne ...
  5. Ça n'est pas forcément un bien, dans ce cas spécifique. Si la spiritualité consiste à manipuler pour justifier guerre et meurtre, alors on parle peut-être de spiritualité, mais pas de Dieu. Plutôt du camp d'en face...
  6. Voici un matériel militaire spécifique ( ) utilisé pendant l'OMS - opération militaire spéciale. L'info vient d'un compte pro-russe Voici à quoi ressemble une église militaire mobile de campagne. Le véhicule est destiné au clergé militaire et aux prêtres. A l'intérieur : réfrigérateur, douche, lavabo, placard sec et deux lits. Le second est destiné au chauffeur du prêtre. Elle se déploie en 10 minutes. La deuxième image, qui mixe une représentation du Christ de type icône avec des militaires et le fameux signe "Z", est légendée "Pour la vérité et la patrie" Jean-François Colosimo, géopoliticien et théologien, traçait dès le début de la guerre dans "La Crucifixion de l'Ukraine" l'arrière-plan historique et religieux de l'Ukraine, de la guerre de 2022 et du projet politico-géopolitico-religieux des dirigeants russes. A la lecture de ce - très intéressant - livre, mon impression était que la colère, voire la fureur sacrée, qui perçait derrière l'analyse étayée - et qui réussissait la performance d'être nuancée ! - n'était pas seulement parce que la manipulation de l'histoire et de l'âme des peuples pour lancer une agression militaire est scandaleuse quoi qu'il en soit... mais parce que l'auteur est évidemment orthodoxe, et c'est sa religion chrétienne et sa confession orthodoxe qui est manipulée pour justifier meurtre à grande échelle et écrasement d'un peuple. L'affaire en devient du coup plus personnelle encore. Mieux vaut ne pas lui montrer l'affiche de propagande sur le côté de ce matériel militaire ...
  7. Loin de moi le moindre désir d'humilier un homme victime du déclin causé par l'âge - et chacun de nous court le risque de subir un tel déclin en son temps. Mais le fait qu'un homme subissant ce déclin reste président des Etats-Unis est positivement ridicule ... Sans parler du fait que le poste de vice-président - dont le seul rôle est précisément de faire face à ce genre de situation ! - ait été donné à une personne dont à peu près tout le monde pense qu'elle n'est pas au niveau. Si bien que personne n'envisage d'utiliser l'article 25 de la constitution américaine, celui qui sert à constater l'incapacité du président en titre et décider son remplacement. Mais ce n'est rien à côté du fait que le parti démocrate s'apprête à désigner le même pauvre homme comme candidat à la Maison Blanche jusqu'en 2028 !!!
  8. Dans la série "L'art de la répartie", je vous présente feu Elizabeth II
  9. C'est la rentrée des classes un peu partout dans le monde, et notamment à Marioupol, ville du Donbass détruite à > 80% par les bombardements russes en 2022, aujourd'hui intégrée à la Russie comme partie du "nouveau territoire" de Donetsk. Meduza, le média oppositionnel russe - naturellement publié à l'étranger - publie la lecture en liaison vidéo d'un texte de remerciements d'un élève de CP à Vladimir Poutine qui "se soucie" de sa ville bien-aimée. L'armée de Poutine a détruit Mariupol, et maintenant Poutine y inaugure une école (par liaison vidéo, bien sûr) ET on lui montre un élève de première année le remerciant d'avoir "pris soin" de la ville. Le 1er septembre, Vladimir Poutine a participé à la cérémonie d'ouverture d'une école à Marioupol. Il l'a fait par liaison vidéo depuis Moscou. Le chef de la RPD annexée, Denis Pouchiline, a amené dans les cellules un élève de première année qui a dit à Poutine "Merci beaucoup d'avoir pris soin de ma ville bien-aimée de Marioupol". Après le début de la guerre à grande échelle avec l’Ukraine, l’armée russe a presque entièrement détruit Marioupol. La ville est devenue l’un des symboles de la résistance à l’agression russe.
  10. "C'est-à-dire dans tous les cas" Voici un document d'Histoire, qui est encore pertinent aujourd'hui - ô combien Il s'agit d'une lettre écrite par le président de la République en 1962 à son ministre des armées Pierre Messmer
  11. Détails intéressants, merci. En complément, et afin de démontrer que la méritocratie règne en Russie et qu'on sait y récompenser les élèves aux résultats exceptionnels Le président russe Vladimir Poutine a organisé une leçon ouverte « Parler de choses importantes » pour les lauréats des Olympiades et des concours dans les domaines de la culture, de l'art, de la science et du sport Les "choses importantes", ce sont les leçons aux écoliers où on leur explique la situation et le gouvernement de la Russie, ses défis, sans naturellement oublier son invincibilité et combien il est doux de vivre et si nécessaire de mourir pour la Patrie. Eh bien les lauréats et élèves les plus remarquables de Russie ont été récompensés par une leçon particulière de Vladimir Poutine soi-même ! Quelle belle récompense que de remonter à la source même de la propagande sagesse et d'entendre du Dictateur Président lui-même sa vision pour le pays, plutôt que de quelque professeur ordinaire ! Et bien sûr, les nouveaux Russes, entendre les élèves des régions ayant rejoint la Russie en septembre 2022 en toute liberté et indépendance étaient représentés. Répondant à une question d'une écolière de la région de Zaporojie, Poutine a évoqué les projets de développement de nouvelles régions. (...) Dans le même temps, Poutine a souligné que les citoyens vivant dans les nouvelles régions sont "très talentueux, valides, énergiques", aucun d'entre eux ne se tient les mains tendues, "tout le monde est prêt à travailler, il suffit de créer les conditions" (...) Dans le même temps, Poutine a évoqué le contenu de l'une des lettres, qui décrivait comment sa grand-mère avait reçu une balle dans le ventre dans les tranchées lors des combats de la Grande Guerre patriotique et était morte dans les bras de son mari. (...) "Quand j'ai lu l'ordre de mon grand-père à son fils, j'ai compris pourquoi nous avons gagné la Grande Guerre patriotique. Il est impossible de vaincre un tel peuple, avec une telle attitude, nous étions absolument invincibles et maintenant nous le sommes", a déclaré Poutine.
  12. C'est une indication convaincante, oui. Juste un point important, il ne s'agit pas de la "ligne principale" de fortifications, mais de la "première ligne" Tout ce qu'on sait est qu'il y en a au moins trois. Aucune idée si la première est la principale.
  13. Souvenir perso du Mriya portant la navette soviétique Bourane au salon du Bourget 1989 ... snif ... Ambitieux, oui. Ce commentateur fait une remarque très juste L'autre question tout de même, c'est le nombre de tels missiles que les Ukrainiens pourraient fabriquer...
  14. Le facteur le plus important est la différence de ressources matérielles et en équipement militaire, bien d'accord. Je ne l'ai probablement pas dit assez clairement dans mon post d'il y a une page. Le stratège américano-israélien Edward Luttwak a pu écrire il y a quelques semaines que l'Ukraine est dans une guerre de libération nationale qui exige une mobilisation massive. Il donnait comme point de référence la guerre israélo-arabe de 1948-49 avec mobilisation de 10% de la population juive de Terre Sainte, ce qui donnerait 3 millions d'hommes sous les drapeaux en Ukraine. La population de l'Ukraine a diminué mais dépasse encore les 30 millions d'habitants, de sorte que le nombre total de personnes en uniforme pourrait atteindre 3 millions (le ratio de 10 % d'Israël en 1948) ou au moins 2 millions (le pourcentage de réservistes de la Finlande par rapport à la population) Mais comme rappelé par Corto, il n'y pas le matériel pour équiper autant d'hommes, il s'en faut d'énormément. Sans parler des formateurs, sans parler des sous-officiers, sans parler des officiers... Donner des fusils à des hommes recrutés et formés à l'arrache et les envoyer sur le front, ce serait une sorte de suicide. Oui, mais pouvoir tenir la dragée haute à des nations hostiles beaucoup plus populeuses n'était possible que parce que Israël bénéficiait de - Supériorité ou au minimum équilibre dans les quantités d'équipement, généralement plus performants - Supériorité aérienne - Meilleure formation générale de la population, avec impact sur la formation militaire Dans la guerre actuelle : - C'est la Russie qui bénéficie de la supériorité matérielle - Ainsi que la supériorité de production - par comparaison aux dons de matériels occidentaux. Comparer par exemple la centaine de vieux Leopard-1 que les Européens vont réparer et envoyer en un an aux productions nouvelles de la Russie estimées à 30 par mois, sans parler des remises en état de vieux chars de même génération que les Leopard-1 - C'est Moscou qui a la supériorité aérienne, et ce n'est pas une demi-douzaine de F-16 standard assez ancien à partir de l'été 2024 qui y changera grand chose - Le niveau général de formation est équivalent des deux côtés. Le niveau d'habileté militaire est maintenant équivalent d'après les témoignages ukrainiens venus du front, les erreurs stratégiques russes et le manque de combativité initial de février-mars 2022 ont été corrigés - Seule la Russie peut bombarder le territoire adverse à une échelle sérieuse - détruire 4 Il-76, bloquer le pont de Crimée pendant quelques jours ou neutraliser un bâtiment logistique en Mer Noire, c'est bon pour le moral mais ce sont des piqûres de moustique. Sans parler des façades d'immeuble abîmées à Moscou, qui ne sont même pas de ce niveau Si l'Ukraine pouvait bénéficier d'une machine mobilisée de production d'armes en Europe et encore plus aux Etats-Unis, les autres facteurs pourraient peut-être être discutés. Mais ce n'est pas le cas. @collectionneur Merci pour ton attention mais j'ai bien compris les posts de Bubzy et Goupil comme des plaisanteries. Ça m'aurait fait mal d'être découvert quand même... déjà qu'avec la baisse du cours du rouble mon salaire a baissé Les pertes pour la Russie en tant que puissance ne sont pas tellement des pertes militaires. Certes ni les morts ni les mutilés ne seront plus dans les forces, certes 2 000 chars c'est beaucoup, certes les pertes en engins terrestres sont très lourdes en général. Mais la marine russe n'a que des pertes légères (un vieux croiseur), l'armée de l'air n'a perdu que 80 chasseurs parmi 1 000, tandis que l'industrie militaire est priorisée premièrement pour gagner la guerre, deuxièmement pour équiper les forces nettement plus grandes que la Russie veut construire pour l'avenir. On parle de 1,5 million de soldats dans les forces, contre moins d'1 million avant la guerre. Et les moyens y sont. D'après les dépense militaires au 1er trimestre, la Russie doit en être à 6% du PIB pour la défense, ce qui à la fois est beaucoup (France et RU 2%, Chine 2%, Etats-Unis 4%, Japon 1 allant vers 2%, Pologne 3 allant vers 4%...) et un régime qui peut être indéfiniment soutenu (Israël a été pendant la plus grande partie de son histoire au-delà de 8% et ça ne les a pas empêché d'être un pays très développé et prospère) Même avec mobilisation de l'industrie militaire, il faudra à Moscou probablement plusieurs années pour d'une part reconstruire son parc de blindés et recompléter ses stocks de munitions, d'autre part former des remplaçants aux officiers et soldats disparus. Mais il ne s'agit que d'un affaiblissement relatif, et surtout temporaire. Les pertes principales pour la Russie sont géopolitiques : ce sont les relations avec les autres pays européens, ruinées pour longtemps. D'où dépendance accrue voire écrasante à l'autre pôle industriel voisin de la Russie... qui se trouve être la superpuissance ascendante, dix fois plus peuplées et plus économiquement puissante, et dont la puissance militaire s'ajuste à grande vitesse dans la même direction. C'est l'hypothèse optimiste. Que Moscou - dans les faits, Vladimir Poutine - soit disposé à se satisfaire d'une victoire limitée. En dépit du fait assez évident qu'il s'agirait d'une victoire à la Pyrrhus, vu le prix très élevé - les relations avec tous les autres Européens ! - pour l'obtenir. Cela supposerait que les voix nationalistes - très présentes, pour ne pas dire structurantes - soient mises de côté. Que Poutine redescende de la radicalisation idéologique qui l'a fait lancer l'invasion - voir l'essai de 2021 sur l'Ukraine prétendument fondamentalement unie à la Russie. Que la propagande sur la guerre actuelle comme nouvelle "grande guerre patriotique" se termine par un "Staline" trouvant un modus vivendi avec le prétendu "Hitler". Que Poutine si attentif, probablement obsédé par sa place dans l'Histoire accepte d'être analysé par les générations futures comme un imbécile faiblard ayant déclenché une guerre qui s'est terminé par une victoire à la Pyrrhus pour la Russie. Je n'y crois pas. Pas avec la "montée en température" idéologique qui se constate en Russie. Sauf à ce que Poutine sente sur sa nuque Xi qui souffle très fort - c'est clairement l'objectif de Macron, afin de modérer le président russe pour qu'il n'aille pas jusqu'au bout, mais cela reste une tentative tout sauf assurée. Je ne vois pas Poutine arrêter la guerre sans avoir obtenu les conditions qu'il a définies comme objectifs de victoire, qui sont périodiquement répétées, et qu'il voit probablement comme des conditions minimales. Pour mémoire : les quatre provinces déclarées annexées, plus la neutralité de l'Ukraine garantie par traité, plus la démilitarisation profonde garantie également par traité de l'Ukraine qui resterait donc en position de vulnérabilité militaire structurelle et permanente. Conditions que les Ukrainiens n'accepteront jamais sauf à n'avoir strictement aucune autre option, et c'est le bon sens même. Ce qui signifie une continuation de la guerre jusqu'à écrasement de l'Ukraine, ou écrasement de la Russie (pratiquement exclu), ou fin des combats par fatigue des pertes sur un front immobile (il faudrait probablement des années pour cela, et sans doute un nouveau dirigeant à Moscou) J'espère me tromper.
  15. Je ne cherche pas à attaquer la compétence de qui que ce soit, ni du côté ukrainien ni du côté russe. Quelques points cependant : - Il n'y a pas de données précises sur les pertes des deux camps, mais quand même des évaluations assez convergentes, qu'il s'agisse des évaluations des militaires ukrainiens décédés autour de 60-70 000 données récemment par tel institut américain ou par Michel Goya donc des gens qui n'ont aucun intérêt à les exagérer, ou des évaluations des militaires russes décédés jusqu'en mai 2023 hors RPD et RPL dans la fourchette 40-55 000 produites par les opposants russes de Meduza (donc supérieures en intégrant les pertes juin-août et les pertes des RPD et RPL, peut-être un tiers à la moitié en plus ?) et autour de 120 000 par l'institut américain. Pertes soit équivalentes des deux côtés, soit seulement un peu supérieures du côté russe, donc effectivement nettement plus légères pour la Russie en relatif - L'Histoire est remplie d'exemples de stratégies militaires soit mal avisées, soit poursuivies longtemps alors qu'elles étaient devenues contre-productives. Ce n'est pas parce que la bêtise serait si répandue dans l'espèce humaine, mais plutôt parce que beaucoup de facteurs rendent difficiles de choisir une stratégie vraiment adaptée, et surtout de la changer quand c'est devenu nécessaire - Justement, les contraintes politiques pesant sur Kiev sont particulièrement sévères, entre nécessité de montrer des progrès pour convaincre les Occidentaux de continuer leur indispensable soutien, nécessité pour Zelensky de continuer à être l'incarnation de la fermeté et de l'esprit de défense puisque cette posture a si bien réussi pour empêcher la défaite en 2022, désir brûlant de mettre les envahisseurs dehors, sans compter une possible auto-intoxication du fait des succès de 2022 (Kherson, Kharkiv) et risque d'illusion sur ses moyens et ceux de l'adversaire Je crois qu'il serait politiquement très difficile à Kiev d'arrêter l'offensive.
  16. Tout à fait d'accord sur ce point. J'irais plus loin, l'offensive ukrainienne me semble à arrêter en urgence absolue, car elle rapproche la victoire de la Russie. Cela fait de nombreux mois, peut-être pas loin d'un an, que Moscou a adopté la stratégie de rechercher une victoire par attrition, c'est-à-dire de pousser l'armée ukrainienne à quelque effondrement final en l'épuisant à force de pertes. La Russie disposant de ressources humaines et matérielles très supérieures à celle de l'Ukraine, même en prenant en compte le soutien occidental, cette stratégie a du sens. C'est peut-être même la seule possible pour Moscou étant donné que ses objectifs de guerre - une Ukraine non seulement mutilée mais bloquée dans une situation de vulnérabilité permanente par absence d'alliance et démilitarisation profonde - sont trop durs pour espérer que Kiev s'y prête jamais sauf à y être strictement obligé, ce qui oblige à viser une défaite ukrainienne totale sur le terrain. Pour résister à cette stratégie russe, c'est-à-dire pour que son armée reste "vivante" et en capacité de tenir le front sur le long terme voire le très long terme, l'Ukraine aux ressources en hommes et surtout en matériel strictement comptées n'a pas d'autre choix que de les économiser comme Harpagon et d'être avare du sang de ses soldats comme de son matériel de guerre, tout en faisant payer le plus cher possible à la Russie toute tentative d'offensive. - La bataille de Bakhmut a de ce point de vue probablement été une défaite pour l'Ukraine, non du fait des quelques ruines dont la Russie a pris le contrôle, mais parce que les pertes très lourdes et globalement équivalentes des deux côtés l'étaient donc relativement moins pour Moscou, d'autant que c'était des vies moins précieuses (des prisonniers de droit commun) qu'il sacrifiait. Attrition relative nettement supérieure en Ukraine, donc pour la Russie la victoire qui se rapproche - Même chose pour cette contre-offensive depuis deux mois et demi, dont le plus grave n'est pas qu'elle n'ait conduit qu'à des gains territoriaux limités, mais que les pertes ukrainiennes sont presque certainement nettement supérieures à celles de la Russie : attaque a priori consommatrice en hommes, d'autant plus contre des positions bien préparées, d'autant plus en situation d'infériorité de feu, d'autant plus sans couverture aérienne sous un ciel dominé par la Russie. Attrition non seulement relative mais probablement absolue nettement supérieure pour l'Ukraine, donc pour la Russie la victoire qui se rapproche encore
  17. Stabiliser face à l'armée russe actuelle, peut être. Je n'en suis pas sûr. Stabiliser face à ce qu'elle est en train de devenir - effort majeur de formation, de production industrielle, d'innovation - non. Pas avec les seuls moyens de l'Ukraine plus l'assez peu que les Occidentaux lui donnent actuellement. Pour que l'Ukraine parvienne à tenir le front devant l'armée russe de l'année prochaine, sans parler de celle de l'année d'après, il faudrait un effort majeur. De production si c'était les Européens, qui n'ont tout simplement pas le nécessaire actuellement. Les Américains pourraient donner beaucoup. Mais ils ont clairement décidé que non. Toutes ces raisons me semblent pertinentes. Ce n'est peut être pas tout, mais je dirais que ces facteurs doivent contribuer.
  18. Attends, attends, tu oublies une autre option !
  19. Je m'arrêterai après le présent post car je préfère ne pas alimenter davantage le HS, mais je conseille vivement la lecture du livre "Le dernier été de l'Europe" de David Fromkin, construit comme une enquête policière, très rigoureux et très éclairant sur le sujet. Et dont les conclusions sont sans appel. En un mot, la thèse d'une responsabilité partielle des alliés dans le déclenchement de la première guerre mondiale vaut aussi cher que la thèse d'une responsabilité partielle de Zelenski dans le déclenchement de l'invasion de 2022. La remarquable performance de la propagande des puissances centrales c'est qu'un siècle plus tard, elle a toujours une influence
  20. En effet, c'est vraiment TRÈS tard. Surtout que l'un de ces impérialismes est en train de doucement glisser vers un mode "Bon c'est pas tout ça, mais il commence à se faire tard. J'ai piscine, et puis faut que je cause à Monsieur Xi, et d'autres trucs encore, bref j'ai quand même autre chose à fiche". Tandis que l'autre impérialisme non seulement est monté en gamme comme on grimpe aux rideaux, on y discute apparemment sérieusement de savoir si les Ukrainiens sont ensorcelés, des démons ou seulement des nazis, mais ils n'ont pas l'air de s'arrêter... Quelles que soient les responsabilités des uns et des autres - mon opinion pour ce que ça vaut est qu'autant en 2022 Moscou est à 100% responsable, autant sur les vingt dernières années c'est beaucoup plus partagé - la situation dans laquelle se retrouvent les Ukrainiens aujourd'hui est d'une part un Ours en mode berserker, d'autre part un Aigle en mode "C'est marrant, mais les Ukrainiens me font vachement penser aux Sud-Vietnamiens, allez savoir pourquoi" Quant aux Européens, ils sont égaux à eux-mêmes. C'est à dire inexistants, entre la majorité qui n'ont toujours pas compris que l'Aigle les considère davantage que des Sud-Vietnamiens pardon des Ukrainiens, oui... mais pas beaucoup plus. Et les deux qui certes ont la particularité d'avoir plus ou moins la capacité de se défendre (borgnes au milieu des aveugles) mais bon qui non seulement ne peuvent pas faire grand chose, mais n'ont pas vraiment non plus l'intention d'essayer - celui qui aime la baguette, et celui qui roule à gauche.
  21. Ni Etats Unis, ni Royaume Uni n'ont manqué à leurs obligations résultant du mémorandum de Budapest. En cas de violation de la sécurité de l'Ukraine, ce mémorandum ne les obligeait qu'à porter l'affaire devant le CS de l'ONU. Ce qu'ils ont fait. Et se sont vu opposer un prévisible véto russe. La Russie a violé le mémorandum de Budapest. Elle en porte seule la responsabilité. Quant aux dirigeants ukrainiens qui en 1994 ont choisi de croire qu'une promesse de causer au CS de l'ONU valait davantage qu'un résidu de fond de vodka... Jaurès, quelles que soient ses évidentes qualités, était français. L'agression en 1914 était allemande. Et encore autrichienne. Elle n'était ni française, ni britannique, ni russe, ni belge, ni serbe... Et pour maintenir la paix, il faut être deux. Plus proche de nous, un certain Zelenski pourra le confirmer. Les socialistes allemands se sont rangés comme un seul homme derrière la décision du haut commandement allemand de faire la guerre. Son assassinat a épargné à Jaurès d'avoir à constater l'irréalisme de son espoir d'une grève paneuropéenne pour bloquer la guerre.
  22. J'hésitais à poster dans le fil Russie ou dans le fil Espagne, car ces précieuses notations les concernent toutes deux. Mais enfin l'anthropologue Nicolas S. est davantage connu comme spécialiste de la Russie, donc ce fil était plus adéquat.
  23. Article du Wall Street Journal du 24 octobre - Les États-Unis et l'Ukraine s'opposent sur la stratégie de contre-offensive L'article est intéressant dans l'ensemble, mais j'en retiens en particulier ce passage Le conseil américain repose sur le calcul que l'afflux d'équipement que les États-Unis ont fourni à l'Ukraine - plus de 43 milliards de dollars d'armement ont été engagés au fil des ans - est suffisant pour cette offensive et qu'il est peu probable qu'il soit répété en 2024 à un niveau moindrement proche. "Nous avons construit cette montagne d'acier pour la contre-offensive. Nous ne pouvons pas recommencer", a déclaré un ancien fonctionnaire américain. "Elle n'existe pas." J'ai beaucoup de mal avec ces affirmations : - Il me semble difficile d'arguer que le matériel fourni par les membres de l'OTAN à l'Ukraine - que ce soit Etats-Unis ou pays européens - serait suffisant pour monter une contre-offensive en mesure d'atteindre la mer d'Azov - Le soutien des pays de l'OTAN à l'Ukraine n'est pas exactement une "montagne d'acier". Que les munitions de 155 mm puissent poser problème se conçoit tout à fait, mais qu'il s'agisse de chars, d'autres blindés ou de moyens sol-air les moyens fournis à l'Ukraine semblent assez loin des limites de ce que les pays de l'OTAN, particulièrement les Etats-Unis très bien armés, pourraient se permettre sans se mettre en danger eux-même L'affirmation que ce soutien ne sera probablement pas répété en 2024 même d'assez loin doit il me semble être prise au sérieux. En revanche, il ne s'agit pas avant tout d'une contrainte matérielle ==>Il s'agit d'une décision Franchement, la victoire de la Russie dans cette guerre semble de plus en plus probable. Et plutôt en 2024 qu'après
  24. Et si le 47ème président s'appelait... Vivek ? Imaginer ce scénario probable serait aller beaucoup trop vite en besogne. Un succès remarqué dans un débat, plus d'un an avant une élection, ne détermine rien. Et bien sûr, Vivek Ramaswamy a extrêmement peu de chance d'obtenir l'investiture républicaine si Donald Trump est candidat. ... Mais si Trump était légalement empêché du fait de ses ennuis judiciaires ? Eh bien, lors du récent débat entre candidats à l'investiture du GOP, Ramaswamy a pris la position enviable d'être le plus vraisemblable "Trump après Trump". C'est-à-dire qu'il a accusé tous les autres d'être des vendus au système et des "néoconservateurs" ! Suite à quoi les autres se sont groupés pour l'attaquer, et lui de répondre sur le même ton... devenant ainsi le point focal du débat. Bien joué, il faut le reconnaître. A supposer que Trump soit empêché de se présenter à nouveau, une foule de trumpistes en colère chercherait un exutoire à leur fureur. Et Vivek, déjà couronné par le Guardian "démagogue américain d'après" serait là pour les accueillir. Avec une version plutôt "turbo" du 45ème président, lequel était décidément un peu fade... Ah oui au fait, pour l'accuser de "suprémacisme blanc", va y avoir un petit problème... Une fois posé que ce scénario est peu probable, il faut reconnaître qu'il n'est pas exclu. Ramaswamy dispose effectivement d'un chemin potentiel le menant à la Maison Blanche. Disons que ses chances sont plutôt de l'ordre de 5% que de 0,1%. Et dépendent entièrement de la justice américaine... Quelles seraient les conséquences pour la plupart d'entre nous qui ne sommes pas des résidents américains ? Il faut se tourner vers la politique étrangère du bonhomme. Ça décoiffe ! En gros, Ramaswamy est un partisan conséquent et déterminé de "l'Amérique d'abord", qui veut par exemple négocier avec Moscou pour échanger l'Ukraine contre un éloignement de la Russie d'avec la Chine, protéger Taiwan jusqu'à ce que l'Amérique ait récupéré une capacité de production de microprocesseurs au niveau et pas plus longtemps, et veut que tous les alliés des Etats-Unis soient les "premiers protecteurs" de leur sécurité, et cerise sur le gâteau mettre fin au soutien financier de Washington à Israël. L'Ukraine et la Russie Ces derniers jours, M. Ramaswamy a réaffirmé son opinion selon laquelle le soutien de Washington à l'Ukraine n'est pas dans l'intérêt de l'Amérique. M. Ramaswamy a déclaré qu'il laisserait le président russe Vladimir Poutine garder certaines parties de l'Ukraine sous le contrôle de Moscou en échange d'une rupture des liens avec la Chine, déclarant à ABC News que "l'alliance militaire Chine-Russie est la plus grande menace militaire pour les États-Unis" et qu'il est impératif qu'elle soit démantelée - une décision qu'il considère comme une politique bipartisane et "pro-américaine". "Je ferai en sorte de ne pas être un président en temps de guerre en pratiquant une désescalade. Je veillerai à ce que nous soyons en mesure de démanteler cette alliance, de conclure un accord que, oui, Vladimir Poutine accepterait parce qu'il en sortirait rationnellement plus fort qu'il ne l'est aujourd'hui. Mais nous en sortirons encore plus avancés", a-t-il déclaré, rompant ainsi avec les opinions des républicains du Sénat, tels que le chef de la minorité Mitch McConnell. M. Ramaswamy, qui a déclaré qu'il donnerait la priorité à un voyage à Moscou au cours de sa première année de mandat, a déclaré qu'il prendrait un "engagement ferme" selon lequel l'OTAN ne devrait jamais admettre l'Ukraine, à condition que M. Poutine mette fin au partenariat militaire de la Russie avec la Chine. (...) M. Ramaswamy a dévoilé sa vision de la politique étrangère à la bibliothèque présidentielle Nixon jeudi, en proposant de moins s'impliquer dans les affaires étrangères qui ne concernent pas directement les États-Unis. En outre, il a déclaré qu'il encouragerait les autres pays à être "les premiers protecteurs de leur propre sécurité nationale" et à ne pas "se frotter" aux États-Unis dans l'hémisphère occidental. La Chine et Taïwan M. Ramaswamy a également semblé fixer une date à laquelle les États-Unis n'interviendraient plus pour dissuader une éventuelle invasion chinoise de Taïwan, l'île autonome que les législateurs bipartisans ont déclaré que les États-Unis devraient défendre en cas d'invasion par Pékin. Lors de son intervention au "Gathering" d'Erick Erickson à Atlanta (Géorgie) la semaine dernière, M. Ramaswamy a déclaré qu'il ne découragerait la Chine d'envahir Taïwan que jusqu'à ce que les États-Unis parviennent à l'indépendance en matière de semi-conducteurs. Les États-Unis, par le biais de lois telles que le CHIPS Act, s'efforcent de renforcer leur technologie de fabrication de puces en tant que mesure de sécurité nationale. "Je pense que c'est certainement l'objectif de politique étrangère le plus important pour le prochain président américain : déclarer l'indépendance économique de la Chine, dissuader la Chine de s'en prendre à Taïwan tant que nous dépendons de Taïwan pour nos semi-conducteurs, tout en évitant la guerre dans le processus", a-t-il déclaré. (...) Si la Chine décidait d'envahir Taïwan, M. Ramaswamy a déclaré qu'il ne serait pas disposé à risquer la vie des troupes américaines pour combattre au nom de Taïwan. Israël et le Moyen-Orient M. Ramaswamy a fixé une date d'expiration similaire pour le soutien financier à Israël, en déclarant que s'il souhaitait un "accord d'Abraham 2.0" qui créerait davantage d'accords de normalisation entre Israël et d'autres pays, l'aide financière à Israël ne devrait pas être accordée indéfiniment ou régulièrement comme c'est le cas actuellement. (...) Le 11 septembre et le gouvernement américain M. Ramaswamy a exprimé son scepticisme à l'égard de la Commission du 11 septembre et du récit des attentats terroristes du 11 septembre 2021. Bien que le candidat ait déclaré qu'il ne s'agissait pas d'un thème central de sa campagne, il a écrit que le gouvernement pourrait avoir été trompé sur l'implication étrangère dans les attentats du 11 septembre et a déclaré à un journaliste de l'Atlantic qu'il voulait trouver "la vérité" sur le 11 septembre, faisant ainsi écho à des affirmations fallacieuses sur cette journée. (...) ==>En un mot, la politique étrangère d'un Ramaswamy 47ème président, ce serait un adieu accéléré à l'Empire
  25. L'origine du scénario partagé par Gerashchenko semble être le politologue Nikolaï Sevostianov, écrivant hier soir pour le média Voenkor Kotenok Moins de 24 heures pour trouver le vrai coupable élaborer le plus joli scénario, belle performance Dans l'histoire de la mort de Prigozhin, une chose me frappe avant tout. Beaucoup de gens sont facilement prêts à croire que la mort du fondateur de Wagner était une vengeance pour la démarche de juin, mais ils ne considèrent même pas quelle chance incroyable, fantastique, son élimination a été pour Paris. Selon toute vraisemblance, les têtes de pont africaines gagnées par Wagner pour la Russie ne seront pas conservées. Le contrôle de ces têtes de pont était largement lié aux relations personnelles de Prigozhin et à la structure Wagner elle-même, qui s'effondrera. L'Afrique russe tombera avec elle. Prigozhin est mort au moment même où l'empire fantôme français était confronté à la crise du Niger, dont les dommages pour Paris sont bien plus graves que la perte de la RCA et du Mali. En raison du facteur uranium, la perte du contrôle du Niger pour les Français est économiquement comparable à la perte de l'Algérie. Aujourd'hui, Paris peut non seulement sortir de la situation actuelle (la suppression de Wagner augmente considérablement la capacité contractuelle des nouvelles autorités de Niamey), mais aussi récupérer les postes perdus à Bangui et à Bamako. Contrairement aux stéréotypes, les services de sécurité français sont sérieux. D'autant que leur influence est directement liée au soft power que Paris utilise depuis de nombreuses années dans l'espace post-soviétique, principalement en Russie. Il suffit de voir le nombre de représentants de l'"élite" dont les femmes et les maîtresses des enfants ont des passeports français et des villas sur la Côte d'Azur. L'élimination de Prigozhin vaut bien l'utilisation de ces agents. Mais le plus simple est de dire que Poutine a décidé de "se venger de la rébellion" en enterrant ses positions africaines durement acquises avec Wagner. Des positions qui étaient devenues son succès géopolitique, celui de Poutine. C'est repris à plusieurs endroits sur le Net russophone. L'un d'eux a trouvé une jolie photo d'illustration
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