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PolluxDeltaSeven

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Tout ce qui a été posté par PolluxDeltaSeven

  1. PolluxDeltaSeven

    Eurofighter

    Une des toutes premières analyses "whatif" que j'ai écris il y près de 10 ans concernait le grand potentiel commercial du Typhoon dans les pays de la péninsule arabique par rapport aux autres compétiteurs (Super Hornet, Rafale, Gripen etc.). En terme de performances opérationnelles et de cahier des charges, en terme de potentiel d'évolution, mais surtout en terme de philosophie de conception et de mise en opération (les habitués savent à quel point je tiens à ces paramètres), le Typhoon est sur la papier taillé pour ces pays. Le Typhoon est formidable appareil défensif, qu'on ne s'y trompe pas. Il possède une très bonne vitesse opérationnelle, un vrai surplus de puissance pour opérer dans des conditions très chaudes, des configurations d'armements air-air impressionnantes à défaut d'être équilibrées. En matière de potentiel d'évolution, le Typhoon est sur le papier une impressionnante machine d'interdiction courte-portée, avec des configurations potentielles à 6 missiles air-air, 3 réservoirs et 12 missiles Brimstone pour de l'interdiction anti-char ou anti-amphibie (les 12 missiles Brimstone pouvant être remplacés par 4 anti-navires NSM ou par 8 missiles Spear de 100km de portée). Pour des pays coincés entre l'Arabie Saoudite bien plus instable sur le long terme qu'il n'y parraît et l'Iran qui pourrait bien se voir poussée à bout, disposer d'un appareil capable de mener de puissantes charges défensives à courte portée peu prendre tout son sens. Sans doute bien plus que d'opter pour un appareil plus "capable" comme le Rafale ou le Super Hornet. Parce que c'est là que la philosophie de conception moins subtile, plus conservatrice, du Typhoon peut jouer à son avantage. Ce que le Typhoon peut faire, théoriquement le Rafale peut le faire, mieux. Le Rafale a plus de potentiel, une aérodynamique plus faible, une plus faible consommation, un plus grand rayon d'action, une meilleur capacité d'emport en charges lourdes, une plus grande polyvalence. Le Rafale peut faire de la vraie pénétration. De la vraie reconnaissance stratégique. De la vraie interception discrète, tout en finesse, sans même se faire remarquer. Il est l'appareil idéal pour les déploiements OPEX en conditions sommaires etc. Sauf que tout ça, dans ces pays là, ne joue pas forcément en faveur du Rafale. Pas du tout. Le Rafale est un outil plus raffiné, plus subtile, qui demande bien plus d'effort, d'entrainement, d'aptitudes pour être utilisé à 100% de son potentiel. Le Typhoon est le dernier appareil conçu selon des préceptes aérodynamiques et opérationnels des années 70-80, alors que le Rafale est le premier appareil conçu selon des principes qui marqueront le design des appareils des années 90-2000 et au delà. Sauf que, sauf leur respect, la plupart des pilotes du Moyen-Orient répondent à une philosophie opérationnelle, une doctrine d'emploi des années 70-80. Ils volent moins que leurs confrères de l'OTAN, utilisent moins de démultiplicateurs de forces (drones, satellites, AWACS, ELINT/SIGINT, ravitailleurs etc.), sont plus dépendant du guidage au sol, plus dépendant du support des industriels, etc. C'est une généralité bien entendu: certains des meilleurs pilotes du monde opèrent aux EAU, en Egypte ou en Jordanie. Mais c'est très minoritaire, même dans ces pays là. On connait tous les histoires des F-15 saoudiens que les américains devaient quasiment amener jusqu'au cul des Mig de Saddam en 91 pour qu'ils puissent faire quelques kills, ou les difficultés logistiques et opérationnelles rencontrées par les forces aériennes Emiriennes et Qataris durant le dernier conflit en Libye. Sur le papier toujours, la plupart de ces pays trouveraient plus rapidement leurs marques sur un appareil comme le Typhoon. Il est moins capable et plus cher que le Rafale? Certes, mais de toute manière ils n'auraient jamais réussi à utiliser les capacités supplémentaires qu'offre le Rafale, ils n'ont pas vraiment de problème de pognon, et préfère un appareil à la configuration plus rustiques et conservatrice (plus facile à appréhender pour leurs aviateurs) à un appareil plus subtile. La puissance brute est facile à appréhender, alors que la peur instillée par la maitrise parfaite d'un outil d'apparence moins dangereuse est bien plus difficile à imaginer. Bien entendu, en 10 ans, un certains nombres de choses ont changé et doivent être prises en compte dans cette analyse actualisée. Le fait est que le Typhoon "sur papier" s'éloigne de plus en plus du Typhoon du futur. L'intégration d'armements air-sol (y compris Brimstone, anti-navires etc.) est repoussée de plus en plus, idem pour l'AESA (les Meteor livrés à la fin de l'année aux Anglais seront stockés immédiatement faute d'avoir pu être intégré sur le Typhoon), il se prend des taules en combat aérien face au Rafale ce que même nous n'aurions pu parier il y a une décennie, ils n'ont pu intégrer leur PDL à l'endroit prévu initiallement etc. Dans le même temps le Rafale a reçu l'AASM et a fait les preuves de cette arme au combat, il continue à se développer à la fois sur le plan air-air et sur le plan air-sol, il dispose de capacités de reconnaissances stratégiques etc. Il n'empêche que cela n'a pas fait disparaitre le potentiel théorique du Typhoon. D'autant plus que les difficultés à exporter l'appareil et à finaliser la vente de la dernière tranche aux pays producteurs font qu'une grosse pression s'exerce sur les industriels. Assez grosse pour qu'ils puissent proposer de prendre à leur charge une grosse partie des développements industriels manquants en échange d'une promesse de grosse vente?? Ou qu'ils acceptent de vendre au rabais leurs "invendus" européens en échange du financement par un client export de tout ce qui manque justement au Typhoon pour être autre chose qu'un potentiel "de papier"?? Parce que ironiquement, s'il y a bien un pays au monde et dans le moyen orient en particulier capable de donner au Typhoon certaines des caractéristiques du Rafale, c'est bien les EAU. BAE et EADS pourraient très bien leur faire une offre commerciale en béton en échange du financement d'une partie des mises à jours nécessaires pour rendre le Typhoon compétitif sur ce marché Moyen-Oriental? Je pense aux CFT, au radar AESA et à l'intégration des armements air-sol de défense courte-portée. D'autant plus qu'il ne faut pas sous-estimer la puissance commerciale de BAE dans le coin: la vente en Arabie Saoudite, bien que sans surprise, a quand même marqué la suprématie de la force de vente anglo-saxonne vis à vis de nos méthodes franchouillardes. Le marché d'Oman n'est également qu'une question de temps pour le Typhoon, et les EAU comme le Koweit pourraient bien être des marchés naturels pour cet appareil également. Les avionneurs européens l'ont bien compris: avec l'Arabie Saoudite repartie sur du F-15, c'est bel et bien le marché des Emirats qui fera basculer le reste du MO dans le camps Dassault ou Eurofighter, à quelques exceptions près. Et les clients l'ont bien compris. Les EAU sont déjà le pays le mieux équipé de la zone à l'exception du géant saoudien. Ils n'ont en réalité BESOIN ni du Rafale ni du Typhoon, leurs F-16E et Mirage 2000-9 couvrant tous leurs besoins pour une ou deux décennies encore. Typhoon comme Rafale s'inséreraient très bien dans un schéma défensif s'il le fallait. Mais ils savent ce qu'une victoire chez eux signifierait pour l'avionneur qui remporterait le marché, et ils nous font jouer à celui qui baissera son pantalon le plus bas. Or, si on concrétise l'Inde et que le Brésil est en bonne voie, on sera peut-être moins enclins que prévus à donner aux Emiriens tous ce qu'ils veulent, surtout quand Eurofighter joue l'avenir export de son appareil sur ce marché. Bref, c'est loin d'être uniquement un poker menteur que nous fait BAE à Farnborough. Je pense qu'ils ont bien compris et analysé la position Emirienne, et qu'ils envoient en échange le message suivant à Dassault: "On va tout faire pour se positionner là-bas. Empêchez-nous si vous le pouvez!"
  2. PolluxDeltaSeven

    [Rafale]

    Habituellement je ne poste pas après un accident, parce qu'en général on a toutes les réponses avec le temps. Cependant, ce passage fait vraiment échos à ce que je pense depuis... bah depuis longtemps, y compris après d'autres accidents plus funestes. La sueur épargne le sang, c'est vrai. Et parfois, bien malheureusement, le sang épargne le sang aussi, même si on préfèrerait tous éviter d'en arriver là. Après chaque accident, on entend tout un tas de critiques et de commentaires demandant pourquoi on continue à pratiquer le vol en formation très serrée, le vol à TBA grande vitesse, ou les dog-fight sans restriction de distances pour les avions de chasse, ou les entrainements à armes et munitions réelles dans l'AdT, ou les immersions à profondeur maximale en sous-marins, ou le radada de nuit entre les lignes à haute tension pour les hélicoptères d'assaut. Car oui, tout ça, ça se paye en sueur et malheureusement, je l'ai connu dans mon entourage, en sang. Mais c'est ce qui fait que malgré certaines pertes capacitaires, malgré des réductions de parcs, de flottes et d'effectifs, nos forces armées restent des forces de premier rang. Parce qu'on prend encore des risques en entrainement, des risques qui reflètent la confiance que l'on a en nos hommes, femmes, simples soldats comme officiers. Certaines forces armées ne prennent pas ces risques. On se rappelle certaines nouvelles sous-marinades qui ont passé littéralement des années avant d'oser faire plonger leurs sous-marins. Ou de forces aériennes qui limitent l'entrainement au combat aux missions d'interception guidées depuis le sol pour éviter autant que possible une attrition galopante. Alors oui, le coûteux matériel est préservé (enfin, croit-on, parce que ça s'use quand même avec le temps, et le manque d'entrainement se paye en autres erreurs humaines), mais l'outil lui n'est aucunement affuté. Or, maîtriser un outil, c'est ce qui en fait sa force réelle. C'est valable du groupe amphibie au bataillon de fantassins, des troupes d'élite de l'Antiquité grecque aux futurs servant de drones de combat. Quelqu'un a soulevé plus haut la question d'un remboursement US s'il s'avérait que c'était la "faute" du Hornet. Au delà de l'absurdité technique d'une telle démarche, ce serait un non-sens opérationnel sur le long terme: l'armée qui commencerait à réclamer ce genre de dommages se verrait refuser tout entrainement ultérieur avec ce partenaires et sans doutes beaucoup d'autres. Et c'est elle qui aurait alors le plus à perdre, en connaissances et en maîtrise de l'outil opérationnel.
  3. Je ne suis pas hyper calé en micro-turboréacteurs, mais j'avais parlé avec un responsable industriel sur MDCN au Bourget qui m'expliquait que les Américains avaient une nette avance sur les Européens en matière de petits turboréacteurs économes en carburants. Cela faisait déjà à l'époque échos avec ce que j'avais pu lire sur A&C et ailleurs. Bon, ceci étant dit, selon la cible à traiter, toujours d'après ce monsieur, "même un MDCN d'une portée de 1000km" (il se gardait bien de citer le nom du Scalp naval et sa portée réelle) pouvait frapper certaines cibles plus loin que les Tactom US donnés pour 50% de portée supplémentaire. Apparemment parce que notre système de guidage et la vitesse du missile lui permettait de voler plus bas "sous les radars" plutôt que de les contourner. En gros, un trajet plus rectiligne. Il disait également qu'en terme de précision finale, tant l'autodirecteur que (surtout) les gouvernes et la réactivités de leur commandes permettaient des frappes plus précises que les Tactom, et théoriquement moins de missiles pour traiter le même nombre de cibles. Bon, après je pense que le monsieur en question montrait les points qui l'arrangeait : pas de version à sous-munitions pour les MDCN, quid des tirs contre des cibles moins bien défendues ou tout le monde vol en rectiligne (ex: Soudan, Libye etc.) Mais au final on sentait bien la valeur plus stratégique (en tous cas dans la dimension diplomatique et politique du terme) et moins tactique du MDCN par rapport au Tactom. Dans tous les cas, s'il est évident qu'on a mis le paquet dans les MDCN sur ce qu'on maitrisait déjà (gestion du vol, maniabilité, contrôle de la trajectoire, charge, désignation de cible), les US ont incomparablement plus d'avance sur nous dans ce domaine (portée, diversification des variantes, types de guidages, souplesse tactique etc.)
  4. PolluxDeltaSeven

    Eurofighter

    Pour l'emport carbu interne, très sincèrement ça n'a vraiment aucune importance de savoir lequel emporte le plus vu qu'on joue sur des écarts de 5% environ. Cela n'a aucune importance par ce que de toute manière les écarts en terme de consommation et de masse à vide des appareils dépassent encore cet ordre de grandeur. Le Typhoon peut bien emporter 5 ou même 8% de carbu interne de plus que le Rafale, ça ne veut pas dire qu'il ira plus loin sur plein interne que le Rafale, au contraire. Sinon, juste pour finir sur ce point: la seule valeur absolue valable pour mesurer l'emport interne comme externe d'un appareil reste le volume (et encore, c'est valable à type JP équivalent, mais on va pas chipoter). Parce que la masse de carburant, ça varie bien trop en fonction effectivement de la qualité du carburant, mais aussi de sa température. Pour l'anecdote, un F-18 Finlandais tient plus longtemps en l'air qu'un F-18 Koweïtien, de manière perceptible (bien que marginale) parait-il. Comme l'a dit Pascal, à 0° ou à 40°, la masse de carbu dans un volume donné ne sera pas la même.
  5. Oui, c'est pour ça qu'il nous faudrait un vrai second PA2. Pas un porte-aéronefs qui reste court sur pattes. Nous ne sommes plus dans les années 80. Nous avons des porte-aéronefs avec de vrais hélicoptères de combat (entre un Tigre pleinement armé et des Jag limités au canon...), nous avons des avions de combat à forte allonge comme on le prouve régulièrement sur des déploiements aux EAU ou opérationnellement en Libye. Et bientôt nous aurons des MDCN. Et surtout nous n'avons plus l'aura que nous avions dans les années 80: le monde à changé. Si on doit aller faire un tour en Syrie, on n'ira pas seuls, c'est comme ça, il faut s'y faire. Et quand bien même on voudrait y aller seuls avec comme but de montrer des dents, entre les Tigre et les MDCN, sans parler de l'AdlA, on a de quoi temporiser bien plus efficacement qu'en envoyant des Jaguar armés de leurs seuls canons! S'il y a une vraie opposition aérienne, on envoie un vrai porte-avions, pas un mini truc sans Hawkeye et avec juste ce qu'il faut de Rafale pour faire DA ou CAS. Mais oui, le BPC c'est pour la bande littorale, et les MDCN pour la frappe lointaine. Je ne dis pas qu'on ne peut pas trouver d'utilité à un porte-aéronefs, pleins de pays les utilisent très bien! Mais si pour une utilité ponctuelle qu'on pourrait gérer différemment avec d'autres forces (missiles de croisières, hélicoptères de combat, armée de l'air, forces spéciales, temporisation en attendant le CDG) on doit se sacrifier sur l'équipement en BPC et FREMM utilisés au quotidien... Si on va par là, on pourrait aussi avoir besoin un jour de 4 PA. Ou même d'un frappeur orbital tient, pourquoi pas? Pour les MDCN, le but n'est pas de gagner une guerre seule, c'est de temporiser si besoin était en attendant l'AdlA et/ou le CDG. Les drones c'est une bonne source de recherche par contre. Ils peuvent opérer de loin depuis une base à terre pour les plus gros, ou depuis des BPC ou d'autres navires Oui, donc ça c'est un plaidoyer pour le PA2, pas pour une autre forme de porte-aéronefs. Les porte-avions, porte-aéronefs et porte-hélicoptères amphibies répondent à des impératifs différents. Nous avons UN porte-avions, et nous allons avoir QUATRE porte-hélicoptères. Et effectivement aucun porte-aéronefs. Si on devait investir parce que le contexte stratégique a évolué, l'urgence serait donc de compléter notre force de porte-avions avant de vouloir développer une force de porte-aéronefs intermédiaire. Sinon on aurait un modèle bancal, tout simplement. Il faut arrêter de voir les navires et les avions comme de simples outils pleinement efficaces et opérationnels. ça ne vient pas tout seul. L'utilisation efficace d'un capital ship se définie sur des décennies, littéralement. On a vu le conséquence du choix du porte-aéronefs sur les capacités opérationnelles de la Royal Navy: aujourd'hui ils se construisent 2 navires plus gros que notre propre CDG, mais ils restent bloqués sur une utilisation de porte-aéronefs, et les choix qu'ils ont fait cette année va entériner ce fait pour les décennies à venir. En temps de crise et de difficultés budgétaires, le nivellement par le bas des capacités militaires est chose aisée. Opter pour un porte-aéronefs comme PA2, ça reviendra rapidement à entériner un sous-dimensionnement du GAé et une réorientation de la doctrine d'utilisation (y compris de notre CDG) vers des missions typiques des porte-aéronefs. Hum... Même si ça arrive dans cette zone, ça ne veut pas dire qu'on aura pas le temps de voir venir. Les appareils du CDG ont survolé la Libye pour de la Reco plus d'un mois avant le début des opérations. Et que ce soit en Irak, Libye, Afghanistan, Côte d'Ivoire, Yémen etc. les zones chaudes n'explosent pas du jour au lendemain. Une opération militaire, même quand tout est prêt, ça se temporise, ça prend du temps à se préparer etc. Le besoin d'une permanence aéronavale peut se justifier, si vraiment on le désire, mais ça plaide en faveur d'un PA2 tout court. Ce que je conteste, c'est l'idée qu'on pourrait avoir un porte-aéronefs comme PA2 plutôt qu'un véritable porte-avions. Le débat n'est vraiment pas là, on n'en est pas à choisir de réduire de 40 ou 50% nos capacités opérationnelles aéronavales simplement pour économiser 400M€. Le vrai problème c'est qu'on a un budget trop limité, et que vu ce qu'il nous reste, on fait le choix de ne pas prendre de PA2 pour lui préférer d'autres solutions plus versatiles, plus utiles au quotidien, ou nécessaires pour le très long terme. Bref, comme tu dis, le budget met tout le monde d'accord.
  6. Hum, je ne voulais pas faire de redite, mais allons-y pour expliquer un peu mieux. A l'heure actuelle, il convient de se demander POURQUOI nous avons un GAN, et pourquoi le fait de n'avoir qu'un seul PA dans ce GAN n'est pas si dérangeant que cela pour notre stratégie navale. Pour comprendre ça, il faut se demander: à quoi sert un porte-avions et un GAN? Pour résumer ce que j'avais déjà écrit il y a un moment (je résume, donc il y aura quelques failles dans le raisonnement, je l'admets), il faut comprendre que nous avons un PA principalement pour 2 types de missions: -Les missions conjointes, dans le cadre d'une coalition, de l'OTAN, de l'ONU, peu importe. Il peut s'agir de diriger une attaque en tant que vecteur de frappe principale (dans le cadre de l'OTAN, depuis les années 80 et bien après l'arrivée des CVF, nous seront les seuls capables de le faire avec les CVN américains) ou bien de relayer/compléter un dispositif interallié (en l'occurrence composé d'autres CVN américains). Ce type d'opérations couvre l'Atlantique Nord évidemment, mais également la plupart des conflits qui pourraient se développer en Méditerranée, au Moyen Orient et dans l'Océan Indien. -Les opérations en solo, où nous irons nous battre seuls, ou avec un soutien minimal (i.e. sans groupes aéronavals) de la part de quelques alliés. Cela peut couvrir une petite partie des opérations potentielles en Méditerranée, mais il s'agit pour le coup surtout d'opérations Africaines. Dans un cas comme dans l'autre, nous avons les moyens de répondre aux exigences stratégiques même avec un seul porte-avions, puisque nous avons d'autres outils à notre disposition dans notre flotte. Dans le premier cas de figure, au sein d'une coalition, nous n'aurons pas de contraintes temporelles. Même (cas extrême) si le CDG est en IPER au début d'un conflit, nos autres alliés (US, UK, Italie, Espagne) pourront envoyer des porte-avions et des porte-aéronefs, nous pourront envoyer nos propres forces (SNA, BPC, Armée de l'Air si cela se passe en Méditerranée etc.) le temps que le CDG soit prêt. Le fait de n'avoir qu'un unique PA dans ce contexte n'est en soit pas stratégiquement dérangeant. Plus encore, il vaut mieux (politiquement et stratégiquement) à ce moment là avoir un unique véritable PA capable de prendre la tête d'une Task Force quand il est prêt plutôt que d'avoir un Arromanche NG ou un CVF qui ne pourra pas prendre le lead sur une telle opération. Dans le second cas de figure, il s'agit encore une fois rarement de missions "time sensitive". Si on veut intervenir rapidement en Afrique, nous avons la mission Corymbe, nous avons nos BPC, bientôt nos FREMM armées de MDC, et nous avons l'AdlA en place là bas. Ces pays n'offrent pas de résistance aérienne, les opérations peuvent et vont commencer avant l'éventuelle arrivée du CDG, que celui-ci mette 3 jours ou 3 semaines à arriver d'ailleurs. Nos BPC et nos navires armés de missiles de croisières dans l'attente de l'arrivée du porte-avions nucléaire SONT notre mini-PA2, ou plutôt sont suffisamment capables pour rendre tout mini-PA2 complètement inutile en tant que besoin opérationnel. Je réitère donc ma question: donnez moi un exemple plausible d'opérations qui pourrait être rempli par un Arromanche NG mais pas par une paire de BPC et un back-up de MDCN le temps que le CDG arrive sur place? Plausible, réaliste et nécessaire je veux dire. Pas un délire de nostalgique de notre grandeur d'antan comme pouvait parfois nous faire Stratege. Toi qui aime parler en nombre de sorties, etc. il faut prendre en compte certaines données réelles. Si c'est pour ne faire que 6 à 12 sorties par jours contre un ennemi qui n'a pas de forces aériennes, un BPC et ses Tigre (éventuellement pré-positionné dans la zone si on parle de l'afrique de l'ouest) peut très bien s'en charger. Pour les frappes dures ponctuelles, quelques MDCN peuvent s'en charger, où encore l'Armée de l'Air qui peut être prépositionnée dans la zone Au pire, ça nous fera gagner du temps histoire que le CDG et le GAé au complet n'arrive pour finir le travail, au mieux ce sera suffisant pour calmer les ardeurs de l'affreux sur place. Qu'est-ce qu'on pourrait bien faire d'un Arromanche NG bien moins polyvalent et versatile? Affirmation bien péremptoire. Ce n'est pas parce qu'on n'a jamais rempli à 100% de ses capacités notre CDG qu'un navire plus petit qui aurait eu besoin de plus de ravitaillement, moins d'espace pour l'entretien des appareils, le stockage des munitions, l'état-major etc. aurait pu faire la même chose. Et surtout ce n'est pas parce qu'on n'a pas encore rempli notre CDG à 100% qu'on aura pas besoin de le faire un jour. Bah? Je croyais qu'on n'avait jamais eu besoin de plus que d'un Arromanche NG? Et maintenant on a besoin de 2 PA simultanément?? Hey! Soyez sérieux deux minutes: vous croyez vraiment à cette pseudo-justification?? Avec l'attrition, les appareils en stockage et le reste du GAé, on n'aura JAMAIS de quoi avoir besoin de plus d'un PA simultanément sur le même théâtre d'opération. C'est juste illusoire, et je ne parle même pas des marins nécessaires pour opérer les deux navires conjointement. Plus encore, ça ne répond à AUCUN besoin opérationnel!! Pour les grosses opérations, nous partons avec nos alliés. Pour les petites opérations, les BPC suffisent et si on a besoin du CDG il sera à moitié vide. Si on a vraiment du rabe sur le GAé, on l'utilisera pour faire durer une opération dans le temps, pas pour lancer des Alpha Strike de plus grande envergure. Mais ON raisonne comme ça!! Quand on a le choix entre 2 solutions, on regarde celle qui a le plus de chances de répondre au maximum de scénarios envisagés!! En l'occurrence, le choix a été fait de n'avoir qu'un seul vrai porte-avions et d'avoir une véritable aéronavale héliportée sur nos BPC, parce que c'est ce qui répond le mieux (faute d'avoir plus de moyens) à nos impératifs stratégiques. On trouvera toujours UN ou deux scénarios pour lequel un Arromanche NG aurait été préférable aux BPC 3 et 4 par exemple. Ce n'est pas pour autant que nous avons fait le mauvais choix. Et c'est avec un Arromanche NG qu'on sera prêt pour la prochaine guerre? Alors qu'il ne répond à aucun de nos impératifs stratégiques? Mais justement, personne ne s'excite à trouver un PA à minima. Parce que ce n'est pas la solution pour maintenir notre place internationale. A iso budget, notre rang international sera bien plus efficacement tenu avec des BPC, des A400M, des MCDN plutôt qu'avec un mini-PA pas capable de faire mieux qu'un Garibaldi ou un Invincible sur le plan opérationnel.
  7. Un porte-aéronefs. Mauvaise question, et mauvais point de départ. Le facteur limitant séparant un vrai PA d'un porte-aéronefs (même STOBAR ou CATOBAR) n'est pas le GAé mais la plate-forme elle-même. On en a déjà parlé. Pour avoir un porte-avions minimal il faut un porte-avions capable d'emporter 2 catapultes (de préférence des 90m pour monter en charge, lancer avec moins de vent, moins user le matériel volant, mais au pire des 75m suffisent), avec une piste assez longue et large pour opérer Rafale, Hawkeye et futurs UCAV, avec suffisamment de place sur le pont pour stocker un retour de strike ou une pontée sur le lancement, avec 2 ascenseurs pour la redondance, une piste oblique etc. Rien que ça ça dimensionne déjà très largement la dimension générale. A partir de là, on a un espace hangar également dimensionné, et on connait la place qu'il nous reste pour les espaces commun, la propulsion, l'état major, l'hopital embarqué etc etc. Vous vous partez du principe qu'on peut se contenter d'une douzaine d'aéronefs, et que donc on va essayer de tailler autant que possible la forme du porte-aéronefs en question autour de ce format arbitraire, quitte à sortir des solutions qui n'ont pas de sens (une unique catapulte, ou pas de piste oblique, ou une solution avec tremplin, ou un seul ascenseur, etc etc.) Mais tout ça n'a pas de sens. Le format minimal pour opérer du Rafale et du Hawkeye, on le connait, c'est le Charles de Gaulle. Et encore, si on se contente de catapultes de 75m. En dessous on perd bien plus en capacités que ce qu'on économise en finances. Parce qu'on en revient encore et toujours à la même question: pourquoi vous tenez tant à vos économies de chandelles?? C'est pas une catapulte de plus ou de moins, 20m de longueur en plus ou en moins ou un hangar 30% plus petit ou plus grand qui va venir changer l'ordre de grandeur du prix du PA et de son GAé sur sa durée de vie. Certaines marines disposent d'un outil porte-avions (France), certaines disposent d'un outil porte-aéronefs (Angleterre, Italie, Espagne, Russie, Inde) qu'il soit orienté contrôle maritime ou action littorale, et enfin une seule marine dispose du double outil, les USA. Il suffit de voir ce que les Anglais comptent faire de leurs énormes CVF pour comprendre que ce qui détermine la nature de l'outil n'est pas tant le nom qu'on donne au navire mais bien la façon dont on s'en sert. Quand on est passé au porte-aéronefs, revenir à une maîtrise doctrinale et opérationnelle de l'outil porte-avions n'est PAS une chose aisée. Du tout. On ne peut pas avoir un même GAé et un même GAN articulé autour un jour d'un vrai porte-avions, l'autre jour autour d'un porte-aéronefs. On n'utilise pas les mêmes doctrines, on ne poursuit pas les mêmes objectifs de la même façon avec un porte-avions et avec un porte-aéronefs. C'est tout. Si on a besoin d'un mini-PA capable d'emporter une dizaine de Rafale en configurations légères sans super nounou ni Hawkeye, et bah c'est qu'on va leur demander de remplir des missions que nos BPC/Tigre couplés à nos futurs FREMM/MDCN pourront déjà très bien gérer. C'est aussi simple que ça. J'avais déjà posé la question une fois et il me semble que je n'avais pas eu de réponse: donnez moi un exemple de situation tactique où la France doit intervenir seule et où on pourrait avoir impérativement besoin d'un mini-PA pour une situation que notre couple BPC/CDG (même si le CDG est en IPER, admettons) ne pourrait pas gérer? Ou? Avec quel timing? Quelle occurrence sur la durée de vie d'un capital ship?
  8. Hey, ce sont des militaires nos marins, pas des danseuses étoiles ou des starlettes de TV réalité! Y'a VRAIMENT un débat à faire pour savoir c'est quand le meilleur moment pour leur rendre visite pour pas contrarier leurs petites hormones et leurs petites humeurs?? Sérieusement? Ce sont des grands garçons, qui savent retenir leur émotion 2 jours de plus, surtout pour accueillir le chef des armées, le représentant de l'état et du peuple qu'ils ont juré de servir et de protéger. En l'occurrence le PR leur a rendu visite à un moment où ça ne perturbait en rien le planning des activités de la FOST. Tout autre moment (départ de patrouille, essais à la mer etc.) aurait été bien plus dommageable au déroulement opérationnel de notre dissuasion. Le reste on s'en contre-fout! Quand ils revenaient d'Afghanistan, est-ce qu'on a demandé aux marins du CDG si ça les gênait pas trop de repartir pour la Libye, ou s'ils voulaient 1 ou 2 semaines de plus avec leur femme et leurs enfants? Ce sont des soldats, et là ils accueillent le PR quelques heures. Bon oui, ils sont fatigués, mais ce sont de grands garçons, promis promis. ;)
  9. Ce que je dis c'est que pour 10 ou 15% de plus sur le prix du porte-avions, on peut avoir des catapultes qui permettent un gain opérationnel de 30 à 60% selon le type d'appareil et les conditions météo. Qu'est ce qu'on irait s'emmerder avec un PA Stobar, nous? Les Indiens je dis pas. Ou même nous même, si on avait déjà un vrai PA2 et qu'on voulait un porte-aéronefs type Arromanche NG, pourquoi pas. Mais là, on a pas de pognon. Et si on en avait, on se prendrait un vrai PA pas un jouet de petits pays riches.
  10. On a jamais quitté l'OTAN, on a quitté son commandement intégré, ou plus exactement le Groupe des Plans Nucléaires et le Comité des plans de défense, c'est TRES différent. Nous n'avons jamais quitté le conseil de l'Atlantique Nord, le principal organe de décision. De plus, même si nous ne faisions plus partie permanente du Comité des Plans de Défense, ce dernier établissait pourtant (en accord avec nos propres autorités militaires et politiques) des plans de défense (et d'attaque) prenant en compte la pleine et totale participation française. Les accords "secrets" Lemnitzer-Ailleret établis au milieu des années 60 étaient d'ailleurs très clairs sur le fait que la France serait un des piliers de la défense de l'Europe en cas d'invasion de la RFA ou toute autre attaque contre l'Europe, bien loin de la possibilité qu'on nous vendait dans les journaux de l'époque de signer seuls un traité de paix avec le Pacte de Varsovie pour éviter de prendre part à la WW3. Ce double jeu "pas intégré mais partie prenante" était d'ailleurs particulièrement marqué sur le plan naval où, à part peut-être dans la sous-marinade, la dimension otannienne de la culture de la Royale ne laissait aucun doute (que ce soit chez nous ou de l'autre côté de l'Atlantique d'ailleurs) Nous avions conservé une certaine forme d'indépendance, mais en cas d'attaque contre l'Europe de l'Ouest, la position (tant stratégique que politique) de la France était très claire: De Gaulle le disait lui-même, nous prenions nos distances sur l'intégration, pas sur l'alliance avec les Américains et le reste de l'Europe. De plus, la réintégration ne s'est pas faite du jour au lendemain, et elle n'est d'ailleurs pas totale aujourd'hui (nous ne faisons toujours pas partie du Groupe des Plans Nucléaires, heureusement). De gros rapprochements assez discrets s'étaient faits sous Mitterrand (celui qui était sensé ouvrir nos portes aux chars communistes ;) ), ce qui était géostratégiquement logique avec la fin consommée de notre empire colonial (c'est initialement la crise de Suez qui a motivé notre dissuasion nucléaire et notre retrait du commandement intégré, sans oublier le refus UK et US d'intégrer certains territoires ultramarins comme l'Algérie au bouclier otanien, comme le voulait De Gaulle) Sous Chirac un gros travail avait été fait (interrompu par la défaite de la droite en 97), et depuis 96 nous avions un représentant permanent au Comité des Plans de Défense (il était présent par intermittence depuis 93 ou 94 je crois). De fait, avant même que Sarkozy ne soit élu président et ne nous réintègre "pleinement" ("Sarko l'atlantiste", "la fin de l'indépendance française" etc.), nous étions déjà le 4ème contributeur de l'OTAN, en forces et en finances, dernière la Turquie et l'Allemagne, mais devant le Royaume Uni ou l'Italie par exemple. Bref, nos histoires d'alliance c'est un chouiat plus complexe que "in or out". De fait, jusqu'à notre réintégration complète et officielle, nous étions parmi les 4 plus gros contributeurs de l'OTAN (on dépensait de l'argent, on usait du matériel, et on perdait des hommes pour ça!) sans pour autant avoir en main le moindre levier de pouvoir décisionnel sur le plan opérationnel. Même si sur le plan symbolique j'étais contre cette réintégration, d'un point de vu pragmatique elle ne fait que rendre justice aux sacrifices qui furent les nôtres et nous répondre à des nouvelles contraintes stratégiques et économiques.
  11. Déjà, ça ne s'est pas arrêté avec la fin de la Guerre Froide. Ensuite, déjà à l'époque on en avait rien à carrer, alors aujourd'hui encore plus. Si la moitié de la flotte sous-marine russe voulait venir jouer dans les eaux territoriales des îles Eparses, grand bien leur fasse (surtout qu'en réalité ce n'est pas vraiment possible, et surtout on parle plutôt de traverser nos ZEE que nos eaux territoriales elles-même), on a ni l'envie ni les moyens de les en empêcher (ça tombe bien, ils n'ont ni l'envie ni les moyens de le faire). Les sous-marins nucléaires de toutes nations pratiquent une version... particulière de la convention de Montego Bay, qui arrange bien tout le monde. Ce qui peut éventuellement nous déranger, c'est quand un Akula ou un Los Angeles vient à quelques kilomètres de nos côtes essayer de renifler nos SNLE à leur lancement. Là oui on est sur les nerfs, et la présence de FREMM plutôt que de FLF patchées ASM se justifie pleinement. Mais dans les DOM-TOM...
  12. Tu prends les exemples qui t'arrangent. Retourne voir en A-stan, et imagines-y un E-2C limité au tiers de son autonomie réelle (et non ravitaillable pour l'heure). Mais au final, on se contrefout bien de ce qu'on faisait avant! Quand les SEM seront partis, notre doctrine sera axée sur le Rafale et le E-2C, leurs autonomies respectives, les capacités d'emport et les configurations du Rafale etc. Si à ce moment là on se retrouve avec 2 porte-avions si différents que l'un demande une doctrine d'emploi de porte-avions et l'autre de porte-aéronefs, ça VA poser des problèmes multiples, ce n'est pas une hypothèse c'est une certitude. Que le "porte-aéronefs" du moment soit plus performant que le Clem au Liban, le Foch au Kosovo ou le Dixmude en Indochine, on s'en fout un peu, ce n'est pas sur ces performances du passé qu'on fonde nos doctrines actuelles. Quand on a déjà un porte-avions avec catapultes, vouloir se payer un second porte-avions sans catapultes est un non sens, c'est tout. C'est pas le prix de 2 catapultes qui vont fondamentalement changer les choses, alors que le coût opérationnel à payer pour avoir le cul entre deux chaises serait lui vraiment conséquent.
  13. Je parlais du Rafale STOBAR au sujet duquel Dassault a communiqué. Il es clairement dit que s'il est capable d'opérer depuis un navire doté de tremplin et de brins d'arrêts se sera en configuration moins lourdes que les configurations actuelles sur le CDG. De la même manière, les études qui avaient été faites pour le E-2C (notamment pour l'Inde) montrait également que si l'appareil était capable d'opérer depuis un navire doté d'un tremplin pas trop prononcé, il n'en restait pas moins que son autonomie était drastiquement réduite. On ne divise pas par 2, 3 ou 4 l'autonomie et la capacité d'emport des aéronefs d'un groupe aérien embarqué sans fondamentalement changer ses doctrines d'emploi, ses schémas tactiques.
  14. Oula non pardon, mes doigts ont fourchés: il fallait lire "sans configuration lourde (nounou, attaque etc.), sans E-2C, à l'autonomie réduite..." et non pas "sans BPC" évidemment. Je persiste et signe donc: Sans Super Nounou, mais surtout sans E-2C on est dans un schéma, une doctrine d'emploi radicalement différente de celle qui est la nôtre aujourd'hui. Il s'agit de réapprendre tout ce que l'on sait déjà, développer de nouvelles tactiques, de nouvelles normes d'emploi, de nouvelles stratégies, et ce à toutes les échelles, du pilote à l'amiral d'escadre!! Nos hommes ne sont pas des machines: partir vers une telle solution serait la meilleure solution bâcler tout et n'exceller en rien. Tout ça pour quoi? Parce qu'on a voulu se passer de catapulte et économiser 3 francs 6 sous en mettant un tremplin? ça ne tient vraiment pas la route. On a un VRAI groupe aéronaval avec un VRAI groupe aérien embarqué, le seul reconnu au sein de l'OTAN en dehors des CVN américains. Et même avec l'arrivée des CVF et de leurs F-35B, ça ne changera pas ce constat. Un porte-avions avec catapultes et avions de guet aérien c'est autrement plus capacitaire qu'un porte-aéronef doté d'un tremplin et d'hélico de veille, peu importe que les avions en décollant soient STOBAR ou STOVL. On ne choisi pas un retour en arrière si radical sur le design général sans en payer le prix opérationnel sur le long terme, pas quand on a le choix.
  15. PolluxDeltaSeven

    [Rafale]

    Impossible, le F-35B n'est absolument pas compatible avec un arrêt par brin, il n'a même pas de crosse d'appontage. Il est juste prévu de les faire apponter court au lieu de vertical, pour conserver une meilleure masse à l'appontage. Rien de plus.
  16. Effectivement, l'heure tardive aidant, j'ai mélangé un peu les pinceaux. Enfin, ça n'enlève rien au fait que je doute très fortement que cette capacité sur Rafale ait la moindre influence sur la coopération Franco-Anglaise. Les Anglais ne vont pas mettre des brins d'arrêts (dont la présence ne sera pas sans effet sur leurs opérations héliportées et leurs récupérations de F-35B, surtout avec la méthode qu'ils comptent adopter) simplement pour faire plaisir à la Marine Nationale et à l'US Navy, vu le surcoût que cela entrainerait. Et même s'ils le faisaient, nos pilotes ne sont pas entrainés et qualifiés pour de tels décollages. De la même manière, nous n'avons pas de procédure et de doctrine d'emploi pour un tel usage. Et pour finir, même si c'était possible: pourquoi faire. Des Rafale STOBAR sur un CVF, ce sont des Rafale sans configuration lourde (nounou, attaque etc.), sans BPC, à l'autonomie réduite... ça ne correspond pas à ce qu'on veut faire de notre aéronavale. Pour les Russes, les Indiens, les Chinois ou les Brésiliens qui veulent des porte-avions de contrôle aéromaritime ou de soutien aux opérations littorales, pourquoi pas. Mais pour nous, ça sortirait de notre doctrine, tout en étant irréaliste. Un train sauteur ne vaut pas un tremplin, surtout en configuration lourde. Il donne à l'appareil de l'incidence, là où le tremplin fourni incidence et vitesse verticale. Et puis de toute manière il ne fonctionne pas de manière autonome, mais mécaniquement lié à la catapulte. Et quoi qu'il en soit, train sauteur ou pas, en l'absence de tremplin il faudrait une vitesse de pointe supérieure. Le surcoût entrainé dans la propulsion dépasserait de loin le prix d'un design intégrant piste oblique.
  17. Comme cela a été dit, la piste oblique est OBLIGATOIRE pour tout porte-avions STOBAL, qu'il opère du Rafale, du Mig-29, du LCA ou du Su-33? peu importe. Un touch and go ou un appontage raté sur une piste droite et l'appareil pourrait se prendre le tremplin, ou voir son train arraché par celui-ci au mieux. Plus que mauvaise idée!! Comme disait Desproges: "And my ass, is that chicken?" Croyez moi, ça n'a même pas effleuré l'idée de qui que ce soit chez Dassault, à part dans un fantasme inavoué ou dans une blague autour de la machine à café. Si le F-35B est annulé et que les Anglais se sentent obligés de partir sur une solution STOBAR, ils regarderont LOIN et même TRES loin avant de s'intéresser au Rafale. Le F-35C serait sans doute la première solution envisagée, vu le boulot et le pognon qu'ils ont consacré à cet appareil. Ensuite l'option Typhoon navalisé, pourquoi pas. ça prendrait certes du temps à être développé, mais quand on se passe de chasse embarquée pendant 15 ans, on est plus à 5 ans près. Et pourquoi pas les Super Hornet? Boeing aussi avait annoncé aux indiens qu'il pouvait être opéré en STOBAR. Et bon pour finir, oui, peut-être envisagé le Rafale, même si beaucoup outre-manche préfèreraient acheter plus d'Apache et rester au concept porte-hélicoptère qu'en arriver là. Dans tous les cas, Dassault n'a pas validé l'idée du Rafale Stobar pour le marché anglais, pas une seconde. Avant tout il s'agit de viser l'Inde, qui a sélectionné le Rafale pour sa force aérienne et va disposer de porte-avions STOBAR tous "neufs". Ensuite, le marché Brésilien. Le message est clair: on peut vous offrir du Rafale M, mais aussi du porte-aéronefs, même si les Américains rechignent à vous vendre des catapultes à un bon prix. La coopération avec la France n'a jamais réellement été crédible dans les domaine des porte-avions
  18. PolluxDeltaSeven

    [Rafale]

    Euh... Un SNA n'a pas besoin d'être au bon endroit, il VA au bon endroit. C'est d'ailleurs son attrait majeur. Il peut y aller même très rapidement, bien plus rapidement (et discrétement) que le déploiement d'un GAN ou d'un déploiement de Rafale de l'AdlA avec leur train logistique. Un unique SNA peut faire énormément de dégât en première frappe (c'est à dire en frappant là où on ne l'attend pas, quand on ne l'attend pas), sans même avoir à tirer le moindre Exocet. Son armement principal reste la torpille, et un SNA bien commandé peut tenir en respect n'importe quelle flotte actuelle (à l'exception de 4 ou 5 marines dans le monde, qui ne sont pas nos ennemies) du moment qu'il navigue en pleine mer. Je ne dis pas qu'un Rafale équipé d'un anti-navire supersonique n'aurait pas d'intérêt en mission anti-flotte (intiallement je répondais juste sur l'idée de faire de l'anti-flotte à coup d'ASMP-A nuke), je dis juste qu'un tel programme coûterait une blinde alors qu'on dispose actuellement, entre l'Exocet aéroporté (GAN, patrouilleurs basés à terre etc.), l'Exocet embarqué (navires de surface) et les SNA de capacités anti-navires globales déjà excellentes. C'est bien vrai... D'ailleurs à ce propos on devrait parler de l'intégration des AIM-9X, JDAM, JSOW et SDB sur F-22, ou encore de l'intégration des Brimstone, GBU-12/22, Storm Shadow et autres GBU-24 sur Typhoon... L'intégration d'armement ça prend du temps et ça demande beaucoup d'essai, surtout en temps de paix, quel que soit l'avion porteur. A ce jeu là, même si je suis d'accord qu'on ne va pas très vite, on n'est pas pour autant beaucoup plus lents que les autres, bien au contraire même!
  19. Tout expert, consultant et ingénieur qu'il était, il n'empêche qu'il avait une vision de la France (et donc des ambitions militaro-industrielles) d'une autre époque. ça ne veut pas dire qu'il avait tord, mais ça ne veut pas dire non plus que la voie qui a été prise finalement était mauvaise non plus. "Respecter les contraintes majeures" c'est bien sympa, mais ce qu'il proposait comme coupes dans les programmes moins majeurs était quand même significatif, entre les ATL2 qui ne méritent pas de modernisation, les E-2C qu'on n'aurait pas du commander, les A400M dont il faut gicler le quart ou le cinquième des commandes, la réduction des FREMM, BPC et TCD etc etc. Opérationnellement, ce n'est pas anodin. J'en avais d'ailleurs parlé longuement il y a quelques temps en réponse à un de tes postes où tu nous collais une des simulations de Stratege concernant les choix qui auraient pu être différents au début des années 2000. Nous avons un outil cohérent aujourd'hui. Oui, cohérent, même avec un seul et unique PA. Cohérent avec nos objectifs stratégiques, avec notre ambition à opérer seul et en partenariat international. Le "tout pour le PA2" est une voie qui peut s'avérer dangereuse parce que si elle peut nous renforcer dans la conduite d'opérations de moyenne envergure seuls, elle peut ENORMEMENT nous fragiliser dans la conduite d'opérations conjointes de grandes envergure ET dans la conduite seule d'opérations de petite et moyenne échelle également. C'est une question de choix stratégiques et doctrinaux. Beaucoup pensent que nous collons notre doctrine et notre stratégie aux moyens qui sont mis à notre disposition. C'est vrai, en partie. On l'adapte aux moyens globaux que le politique met à disposition de nos forces armées. Ceci dit,les arbitrages internes en faveur de tel ou tel stratégie des moyens fait que les armées elles-même ont un rôle à jouer dans les choix doctrinaux et stratégiques. Le fait est que les Armées et la Marine en particulier on fait ce CHOIX (en partie contraint par le politique) de ne pas se doter du PA2, parce qu'il imposait des coupes ailleurs et donc des contraintes sur la cohérence globale de notre stratégie et de notre doctrine. Donc oui, on aurait pu avoir un PA2. Et non, on ne l'a pas eu, et si la situation économique (contrainte du politique) et/ou géopolitique (contrainte des armées) n'évolue pas drastiquement dans les 2 décennies à venir, il serait surprenant qu'on s'en dote un jour. Nous sommes partie vers une autre forme de cohérence, pour répondre avec moins de moyens à plus de besoins, plus divers, plus en phase avec le monde actuel.
  20. Vous vous placez d'un point de vue omniscient et a posteriori. Sur le coup, qui aurait pu dire que garder le Foch aurait assuré le PA2? On aurait très bien pu se servir de l'excuse du Foch pour temporiser l'arriver d'un PA2 qui aurait fini là non plus par ne jamais arriver. Ou alors il serait arrivé mais avec la crise on n'aurait jamais lancé les BPC, pas à temps en tous cas. Il faut arrêter de croire qu'on n'aurait pu avoir le PA2 sans renoncer à quoi que ce soit. Ce n'est pas si simple.
  21. Quand on voit ce que coûte le Sao Paulo en coûts d'entretien et en personnel, je pense qu'on n'a pas fait un mauvais choix. Le Foch était une vieille bête, pas foutu d'opérer le nouveau GAE tel qu'on souhaitait le concevoir, pas foutu de répondre à notre doctrine d'emploi tactique. On a fait un choix, je le trouve finalement assez pertinent vu le contexte géopolitique. Garder le Foch pourquoi faire? -En tant que PA, sans E-2C et avec des Rafale limités à des opérations de DA ou de frappe légère à courte portée, on n'aurait pas eu de vrai porte-avions, juste l'équivalent d'un porte-aéronefs italien ou espagnol, version CATOBAR. -En tant que navire amphibie, il n'a ni l'ubiquité de plusieurs BPC, ni les capacités d'état-major, de navire hôpital, de transport de troupe ou de débarquement de ces mêmes BPC. C'est bien beau d'avoir une plate-forme capable de valoir 3 BPC en terme d'emport d'hélico, mais en France on est franchement ridicules en terme de dispo hélo, donc c'est pas un argument en soit. Alors oui, on aurait pu avoir un PA2, mais à quel prix et pourquoi faire? J'ai déjà expliqué plusieurs fois que nous ne sommes plus en Guerre Froide, que dans le contexte géopolitique actuel avoir 3 ou 4 BPC porte-hélicoptères amphibies (ou éventuellement 2 BPC + 2 TCD) + un unique PAN est opérationnellement et stratégiquement plus intéressant, utile et rationnel que d'avoir 1 PAN + un mini-PA + 2 TCD. Le monde a changé, l'aéronavale ce n'est pas qu'une question de porte-avions. Les porte-hélicoptères, les bâtiments polyvalents et les patrouilleurs basés à terre sont essentiels à la sécurisation de nos intérêts stratégiques au quotidien, par bien des aspects bien plus que durant la Guerre Froide d'ailleurs, et ce en raison de leur nouvelle polyvalence.
  22. PolluxDeltaSeven

    [Rafale]

    Hum... Insomnie plutôt. Je voulais sans doute dire sécuriser.
  23. PolluxDeltaSeven

    [Rafale]

    Je ne dis pas que c'est ce qui a motivé la décision finale, je dis juste que ce sont des questions qui se sont posées (et qui continuent à se poser dans certains milieu industriels aujourd'hui encore). De même pour les pressions américaines: ce n'est pas ce qui a stoppé l'ANF ou le Mirage 4000, il n'empêche que ça les a bien arrangé que personne du côté occidental ne vienne lancer de courses à l'armement dans un domaine où ils ne dominaient pas le marché. Quand vient l'heure de faire des choix dans ce qu'il faut sabrer ou pas, certaines petites pressions de la part de certains industriels ou lobbyistes politiques bien placés peuvent aider à faire des choix. Après je ne retranscris que les propos qu'il m'a été donné d'entendre par des sources que j'estime fiable. Quand à l'importance qu'il faut leur donner... moi même je précise que ce n'est pas grand chose comparé aux raisons budgétaires qui se suffisaient à elle-même.
  24. Il manquera 15M€ de crédits d'acquisition d'ici 2020 simplement pour acheter ce qu'on avait PRÉVU d'acheter!! Ne nous leurrons pas, on n'aura pas 1 ou 2 FREMM en plus. En fait, on risque même d'avoir 2 à 3 FREMM en moins (la FREMM n°9 et les 2 FREDA), ou en tous cas un gros étalement des livraisons. Et il y aura d'autres coupes sévères (j'espère pas dans les SNA).
  25. PolluxDeltaSeven

    [Rafale]

    Plusieurs choses: -Concernant l'ANS en coopération avec l'Allemagne, plusieurs raisons ont conduit à son annulation. Les raisons budgétaires, évoquées officiellement. Les pressions US, évoquées ici et tout à fait vraies. Mais aussi des pressions internes en France concernant les transferts de technologies. Parce que bon, mine de rien, même si on a pour tradition depuis 50 ans de se faire enfler par les allemands dans le domaine aéronautique et aérospatial, là ça revenait quand même à leur filer les clés de l'AD de l'Exocet et de la propulsion d'un de nos deux vecteurs de dissuasions nucléaires. Quelque part haut placé (plus chez les indus que chez les officiels d'ailleurs) on a commencé à se réveiller et on a bondi sur les premières bonnes raisons (pressions US, dérives budgétaires) pour annuler le projet. Même si sans cet aspect, on aurait sans doute annulé le bousin quand même. -Ensuite, sur l'aspect anti-flotte de l'ASMP-A. C'est une "fonction" qui existe, plus ou moins (sans véritable procédure opérationnelle détaillée, ce n'est pour l'instant qu'une capacité théorique, entendons-nous bien) mais qui reste encore un ultime recours pour protéger nos atterrages métropolitains (quel que soit le discours officiel concernant nos DOM-COM-TOM). Parce que après ça, on ne fait pas marche arrière. ça reste une arme nucléaire, et même si on limite son usage à une utilisation navale tactique, on donne par là même l'autorisation à "l'ennemi" de faire la même chose et d'attendre notre GAN à la sortie de Gibraltar avec un SSGN bourré de missiles anti-navires à têtes nucléaires. Mauvaise idée si c'est juste pour protéger Tahiti, Mamoudzou ou Futuna. On parle d'aspect psychologique, mais dans un conflit de dimension mondiale entre puissances nucléaire, l'impact psychologique sur les militaires (je ne parle pas de la population civile) d'un anéantissement d'une flotte chinoise par un unique SNA Suffren serait bien plus important (car l'exploit bien plus impressionnant) qu'une dérive vers le nucléaire. C'était déjà le cas du temps de la Guerre Froide. Un ennemi qui passait à l'étape nucléaire pour arriver à ses fins tactiques ne passait pas pour un adversaire crédible ou dangereux mais pour un adversaire fou (car on n'atteint aucune fin tactique quand on déclenche un échange de missiles apocalyptique). Ce qu'on craignait vraiment au seins des états majors de l'OTAN et de Moscou c'était la possibilité que l'ennemi arrive à ses fins, arrive à faire mal, à la victoire (tactique et/ou stratégique) SANS l'emploi du nucléaire. Car c'est la seule manière d'arriver à une vraie victoire, de la légitimer et de la séculariser. Conclusion: notre arme anti-flotte de première frappe, on l'a déjà, ce sont nos SNA. ;)
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