On va tomber droit dans le hiatus des points de vue entre le militaire sur le terrain (invaincu) et l'opinion mondiale (qui le voit comme vaincu), phénomène que j'ai vu à divers degrés à propos de l'Algérie et du Viêt-nam.
Les répercussions d'une guerre dépassent largement le cadre militaire, donc c'est l'opinion mondiale qui est importante. Que l'armée française ait gagné la guerre d'Algérie n'est pas important pour en mesurer les conséquences, par contre que la population algérienne et le reste du monde (et une bonne partie de l'opinion française) voient que la France a perdu la guerre d'Algérie, ca c'est l'important.
Pour moi, c'est la leçon fondamentale à tirer de la guerre d'Algérie, et sans doute celle oubliée par Petraeus & cie lorsqu'ils ont dépoussiéré Galula...
Quant à l'estimation des russkofs, j'ai du mal à y adhérer. Pour moi, malgré le retrait des forces, on (les USA au minimum) va soutenir le gouvernement afghan. On l'aidera, tout comme les Soviétiques ont aidé Najibullah de 1989 à 1991.
Après, ce gouvernement pourrait bien s'écrouler comme celui du Sud-Viêt-nam en son temps. Dans le chaos résultant (assez semblable à celui de 1992), sont-ce les Talibans qui vont tirer les marrons du feu ?
- Dans les zones pachtounes (foyer des talibans), possible, mais on peut s'attendre à un mouvement différent de celui du Mollah Omar, n'ayant pas assez de soutien populaire pour se lancer à la conquète du pays entier, et sans doute peu soucieux d'abriter des djihadistes étrangers comme Oussama.
- Dans les autres, tout le monde a souffert des talibans et ne se laissera pas faire (Hazaras près d'Hérat, Tadjiks du Panchir etc.), et au niveau local les gars de l'Alliance du Nord resteront au pouvoir (local).
Après, est-on reparti pour une nouvelle guerre civile ? Ou bien trouveront-ils un modus vivendi ? Et Gulbuddin Hekmatyar pointera-t-il le bout de son nez ?