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Bat

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Tout ce qui a été posté par Bat

  1. Certes, mais ça reste compliqué même avec de l'héroïsme, du panache et de l'esprit d'aventure. La science ne fonctionne plus comme dans les romans du XIX° siècle avec le savant tout seul qui résout une question par sa seule force de déduction parce qu'il faut mobiliser de telles sommes de connaissances spécialisées (a fortiori sur une question comme les OVNI dont on ne sait pas ce qu'ils sont, de l'hypothèse de l'hallucination à celle de la visite extra-terrestre en passant par divers phénomènes naturels connus ou inconnus et toutes les possibilités intermédiaires) que la disciplinarisation devient un outil nécessaire (dans quel(s) cadre(s) penser la question), de même que des données concrètes et éventuellement récurrentes ou reproductibles. Ce n'est pas qu'une question de jeu qui en vaut la chandelle, c'est surtout une question de difficulté à construire cette question en question scientifique (ce qui ne signifie pas qu'elle n'a pas d'intérêt). Mettons que j'ai 50 témoignages deux photos floues: sur le plan scientifique, j'en fais quoi concrètement? En fait, au-delà d'un travail qui relève plus de l'enquête de gendarmerie (recouper les témoignages, aller sur le terrain essayer de les contextualiser, chercher des explications alternatives —Vénus, un avion, etc.— et passer l'un ou l'autre filtre sur les 2 photos pour m'assurer qu'elles ne sont pas truquées), je fais quoi, comment, avec quels outils (matériels ou conceptuels) si je veux dépasser la pure spéculation gratuite? Il y a en effet de choses dans un exemple comme celui que je cite, vraisemblablement le plus fréquent, qui peuvent véritablement s'insérer dans une véritable recherche scientifique (questions de SHS exceptées): quelles questions, quelles hypothèses, basées sur quoi, qu'on cherche à falsifier comment? Même si après j'ai dévié sur les conditions d'exercice, on retombe sur mon intervention initiale: même s'il y a assurément des choses à comprendre sur ces OVNI, c'est pas évident d'en faire un réel objet de recherche sur lesquels des scientifiques pourront vraiment bosser, ce qui, au-delà du caractère sulfureux de a thématique découlant d'un peu tous les charlatans et gens bizarres qui se penchent dessus, explique que les scientifiques n'aiment pas en parler en tant que tels. Les scientifiques ne répondent pas aux questions des ufologues aussi et surtout parce que les questions scientifiques ne sont pas de même nature. (Pour prendre une analogie qui vaut ce qu'elle vaut, un archéomaniaque, c'est-à-dire par exemple un amateur passionné des pyramides, pas s'y intéresser sous l'angle du "mystère de leur mode de construction" et la référence à l'époque actuelle; l'historien et l'archéologue vont eux le faire dans le cadre d'une compréhension de la société égyptienne antique dans laquelle la question du mode de construction n'est que très secondaire et finalement s'explique par le contexte historique, religieux, scientifique, etc. de l'époque. Les deux questions sont intéressantes, mais il faut comprendre qu'un dialogue est difficile car les présupposés en amont sur le rôle même de la démarche de recherche sont très divergentes. C'est en partie la même chose avec la question OVNI.)
  2. Peut-être que les idées de Kennan étaient partagées par une partie du personnel diplomatique, mais force est de constater qu'elles n'ont pas été suivies. Pourquoi? L'explication la plus simple (et la plus documentée) est que c'est parce que l'administration américaine ne voyait pas les choses sous cet angle parce que la Russie était tout simplement sortie de ses radars et qu'elle cherchait à faire d'autres choses: se désengager d'Europe, cesser de payer, stabiliser les choses dans la suite des guerres dans l'ex-Yougoslavie, dans un contexte de demandes pressantes des états d'Europe centrale à adhérer à l'OTAN et à l'UE, etc. (notamment parce qu'on sort du carnage tchétchène qui recommence à faire peur aux pays de l'ex-Europe de l'Est: il ne faut pas négliger ce facteur, qui dope littéralement les souhaits d'adhésion en Pologne ou en Hongrie notamment). Pour le dire autrement, ce n'est pas parce qu'on n'a pas suivi les idées de Kennan à l'époque qu'il y aurait eu une sorte de "complot" visant à faire sciemment le contraire dans le but de nuire à la Russie (dont personne ne se préoccupe alors vraiment à Washington, si ce n'est pour s'en dépêtrer). Tu surestimes grandement la capacité de l'administration américaine à planifier une politique à long terme (alors qu'on sait qu'elle navigue le plus souvent à vue entre la gestion du passé et les événements plus ou moins imprévus, l'absence de revirements importants sur le long terme tenant plus à l'incapacité à décider d'une politique cohérente qu'à l'existence d'un "plan" à long terme), comme tu surestimes l'importance des idées de Kennan (qui agitent quelques milieux plus "russologues", mais n'ont que peu d'écho partout ailleurs où on veut cesser de payer et/ou se centrer sur d'autres choses). On peut bien sûr critiquer l'administration Clinton d'avoir négligé la Russie, alors même que le Parti Républicain critiquait cette politique, car cela a eu ensuite des conséquences importantes, mais il est anachronique de prétendre que cette négligence était pensée pour contrer la Russie. N'oublions pas qu'en 1998, la Russie sort d'une crise financière très grave et n'est sauvée de la faillite que par des aides américaines à fonds plus ou moins perdus, et que cette situation commence à agacer Washington et surtout un certain nombre d'entreprises (assez ironiquement, celles qui avaient poussé pour investir sur le marché russe) qui en ont assez de payer pour un pays qui à leurs yeux est irrémédiablement corrompu et ne cesse de couler. Si l'élargissement de l'OTAN est finalement accepté, ce n'est pas contre la Russie, c'est au contraire notamment parce qu'il faut trouver des mécanismes de stabilisation et de contrôle dans le but d'éviter d'avoir à payer de la même manière pour d'autres ex-satellites de l'URSS (ce dont personne ne veut), et répondre à une demande de plus en plus pressante de leur part. L'UE tient plus ou moins le même raisonnement pour l'adhésion de différents pays qui réclame bruyamment leur adhésion depuis plusieurs années (en gros, on se dit qu'il vaut mieux les avoir dans l'union pour "co-développer" qu'en-dehors et devoir aller faire la police tous les 3-4 ans en cas de troubles).
  3. Oui, mais les sciences humaines ne vont rien te dire sur ce que sont (ou ne sont pas) ces OVNI. Elles vont juste te dire qui sont les gens qui les voient, ou ce qu'ils en pensent, ou comment ils les voient, ou quels sont les mécanismes psychologiques et sociaux qui y sont associés, ou encore formuler des hypothèses explicatives sur la manière dont se construisent les souvenir ou le consensus sur une observation. Et éventuellement corréler tout ça. Mais cela ne dira pas si la lumière dans le ciel que les gens disent avoir vue était réelle, ni ce qu'elle était (et encore moins si elle était matérielle ou non, terrestre ou non, black program ou non). Ce que j'essayais de dire était que les questions qu'on se pose, toutes et tous, à propos des OVNI (en gros: est-ce que c'est vrai et qu'est-ce que c'est) sont des questions qui cadrent assez peu avec ce qu'un scientifique est supposé faire et la manière dont il doit le faire. C'est une question difficile à "mettre en science" pour des raisons pratiques: pas ou peu de modèles à tester,caractère aléatoire du phénomène, peu d'observations (en-dehors de témoignages), pa sou peu de traces matérielles, etc. Et cela explique aussi en partie la réticence des milieux scientifiques (mais pas de tous) à parler de ces questions: ils n'ont bien souvent pas ou très peu d'éléments sur lesquels construire un vrai travail scientifique sur la question, publié, évalué et confronté, aussi leur discours n'est quelque part pas plus scientifique que celui du pilier de comptoir du bar des sports. Ils peuvent avoir des opinions, des idées voire des hypothèses personnelle sur la question (et la plupart en a), mais ça ne suffit pas à faire un travail scientifique sans éléments concrets pour les développer, les étayer, les vérifier, les confronter. Pour rendre cette idée concrète, il faut partir du terrain. Tu sais peut-être que je suis enseignant-chercheur (en sciences sociales - mais faisons-en abstraction ici). Si demain on me confie 1 million pour étudier le phénomène OVNI durant les 3 prochaines années, je fais quoi concrètement avec cet argent? Les chercheurs que je peux embaucher doivent avoir quelles qualifications et ils font quoi de leurs journées? Au départ de quelle littérature? Avec quel appareillage? Avec un budget, on a en réalité essentiellement 3 cas de figures possibles: Soit on est dans une "vague" en cours (type "vague belge" en 1990-91) et on improvise très rapidement des dispositifs de collecte de données (collecte systématique de témoignage, disposition de quelques instruments d'observation dans les zones où il y a eu des témoignages fréquents), le tout conditionné à la durée de la vague ou à ses déplacements éventuels (tous deux aléatoires, en termes de planification de recherche) Soit on est dans un phénomène précisément localisé et récurrent, comme dans le cas des lacs norvégiens, et on peut planifier de vraies campagnes d'observations et mesures au départ d'hypothèses précises (qui vont conditionner l'instrumentation nécessaire et les protocoles d'observation), avec la limite que la localisation précise et la récurrence en font un phénomène différent que le reste des phénomènes OVNI plus aléatoires (ce qui ne signifie pas qu'il ne faut pas l'étudier: au contraire, dirais-je) Soit on n'est dans aucun des deux cas et il n'y a "rien" à observer si ce n'est faire un travail archivistique (compiler les témoignages, etc.), avec l'inconvénient que ça va rapporter plein de données sur les gens qui ont vu les OVNI bien plus que les OVNI Si la science étudie peu les OVNI (en-dehors des témoignages), ce n'est pas nécessairement parce qu'on méprise la question et a fortiori parce que les scientifiques auraient reçu l'ordre de l'ignorer, mais aussi et surtout parce que c'est un objet qui se plie (hélas) assez peu à une "mise en science", du moins avec le type et le nombre de manifestations qu'on a aujourd'hui. A fortiori dans un contexte où la rentabilité scientifique est très normée. En amont, pour qu'un projet soit financé, il faut maintenant une hypothèse, un terrai et un protocole méthodologique très précis avec des résultats espérés clairement identifiés (ce que la thématique des OVNI offre rarement); en aval, indépendamment du fait que c'est aussi comme ça qu'avance la science, les chercheurs doivent prouver leur productivité en publiant articles et rapports insérant leur travail dans la littérature (ce que, à nouveau, la thématique des OVNI permet difficilement, sauf coup de chance inouï d'une manifestation qui aurait eu lieu pile devant un instrument qui tournait). C'est pour ces raisons qu'en-dehors des sciences humaines et sociales, les approches les plus scientifiques du phénomène OVNI se limitent généralement à de l'expertise ponctuelle (analyser une photo pour éliminer l'hypothèse du montage, analyser des traces prélevées sur une pelouse pour éliminer l'hypothèse de présence d'éléments inhabituels, etc.: du travail de labo de type police scientifique, et non recherche), et impliquent très rarement un travail de recherche fondamentale et systématique.
  4. Sur la question de la science face au phénomène OVNI, il faut aussi prendre une spécificité de la science: elle a besoin d'objets, d'observables, de mesures te de reproductibilité pour se faire. Or, la grande difficulté avec les OVNI, c'est qu'on n'a généralement rien de tout ça, qu'ils ne sont pas prévisibles (donc en fait très difficiles à observer dans le cadre d'un protocole - exception faite du cas norvégien qui présente justement l'avantage de récurrence et d'une localisation précise), et encore moins reproductible. Je ne dis pas que ces OVNI n'existent pas (au sens de: qu'il n'y a rien eu, qu'ils relèvent tous de l'hallucination), mais qu'ils se prêtent très mal à l'approche scientifique. On ne fait pas de la science sur des témoignages directs ou indirects, éventuellement quelques mauvaises photos et une fois tous les 4 jeudis une faible trace radar. Ou juste de la sociologie ou de la psychologie, pour étudier le phénomène en sous l'angle de la perception humaine (comme le fait notamment Pierre Lagrande depuis des années, n'étudiant pas les OVNI, mais les communautés humaines qui s'intéressent aux OVNI).
  5. Interview assez rare (et un peu hallucinante ou hallucinée) de l'idéologue Alexandre Douguine dans un journal occidental. Cette interview a été donnée à l'hebdomadaire flamand Knack et est reprise en intégralité et en français dans son homologue francophone Le Vif. Comme l'article est payant et que l'interview se prête mal à la citation d'extrait isolés (qui ont tendance à accentuer le caractère de "fou" du personnage , je me permets exceptionnellement de vous la mettre ne spoiler. Si Le Vif venait à protester, dites-le moi en MP et je la supprime immédiatement. Source: http://www.levif.be/actualite/international/douguine-prophete-du-kremlin-tout-est-fake-news-il-faut-eliminer-le-journalisme/article-normal-771331.html (Désolé pour la présentation chaotique de l'article, avec la référence entre deux morceaux, mais apparemment c'est trop long aussi ai-je dû le tronçonner, et maintenant je ne peux plus l'éditer - ou, plus exactement, je peux l'éditer mais cela ne s'enregistre pas.)
  6. Je dirais: oui, si l'agressé se déclare incapable de le faire et/ou fait appel à la CPI dans ce but. En tout cas, cela fait partie du mécanisme "théorique", sinon ça ne servirait à rien d'être signataire. Il y a une sorte de "protection" (relative, mais qui est reconnue) pour les pays signataires: même si leurs voisins sont non signataires et turbulents, ils peuvent en menacer les dirigeants en saisissant la CPI pour des crimes commis chez eux par ces voisins. Après, c'est clair que c'est plus envisageable si ton voisin turbulent est une dictature africaine qui n'a pas les moyens de mettre tout le continent à feu et à sang que si ce sont les USA, la Russie ou la Chine.
  7. Bien sûr, mais dans l'exemple de Blair, on constate que ce sont (pour l'heure?) les justices nationales qui sont saisies. La CPI n'a donc aucune raison d'être mobilisée. Pour qu'elle le soit, il faut cumul des conditions: une seule d'entre elles ne suffit pas.
  8. Non. Pour qu'une personne soit poursuivie par la CPI, il faut plusieurs conditions: qu'il soit ressortissant d'un état membre et/ou que les crimes aient été commis sur le territoire d'un état membre, et que la justice du pays dont l'accusé est ressortissant ou du pays où a été commis le crime ne soient pas en mesure de mener le procès. Dans le cas de G.W.Bush, partant de l'hypothèse que vous voudriez le poursuivre pour le bordel qu'il a foutu en Irak, examinons les conditions: Ressortissant d'un état membre: c'est compliqué, les USA ayant signé le Statut de Rome établissant la CPI mais ne l'ont pas ratifié. Mais admettons que ça suffise Crime commis dans un état membre: pas de chance, l'Irak n'est pas membre Incapacité du pays où a été commis le crime à juger: non, l'Irak est considéré comme en mesure de poursuivre ses criminels (c'est discutable quand on voit le caractère quelque peu aléatoire et expéditif de la justice irakienne, mais je note qu'elle ne se déclare pas incapable de le faire, et personne ne le dit) Incapacité du pays dont l'accusé (putatif) est ressortissant à le juger: on peut penser tout le mal qu'on veut des USA, mais certainement pas que la justice n'y fonctionne pas Enfin, notons que le droit n'étant en principe pas rétroactif, même avec la création de ce nouveau crime d'agression, ne pourront être poursuivies que les agressions postérieures à sa création. Donc l'invasion de l'Irak en 2003 passe automatiquement à la trappe, comme l'invasion et l'annexion de la Crimée par la Russie d'ailleurs. DONC imaginant que des poursuites soient engagées contre Bush, il n'y a a a priori aucune raison que la CPI en soit saisie, à moins que les USA ne considèrent ces poursuites fondées et en même temps déclarent ne pas avoir la capacité de mener le procès. Autant dire qu'il est plus probable que la France ait 4 porte-avions avant que ça arrive. Il faut bien comprendre que la CPI n'a pas été instituée pour juger le super-méchants (façon Nuremberg), mais pour garantir qu'ils puissent être jugés au cas où les justices normalement compétentes n'étaient pas en mesure de le faire (comme c'est souvent le cas en zone de conflit), moyennant certaines conditions pensées notamment pour respecter la souveraineté des états. La CPI ne supplante pas la souveraineté des états, elle s'y subsititue en cas de défaillance grave de ceux-ci.
  9. Tu as raison sur un point: sur ce cas précis, l'erreur que tu commets n'est pas l'anachronisme, mais plutôt le fait de prêter a posteriori une importance particulière à un événement qui n'en avait pas (ici: une interview de Kennan). Ce qu'il dit est sans aucun doute assez clairvoyant (vu rétrospectivement), mais ce n'est que son avis, et c'est à l'époque peu corroboré par les informations qu'ont les gouvernements (en fait, le vrai basculement dans les chancelleries sera plutôt la guerre au Kosovo, un an plus tard). En 1998, Kennan n'est plus aux affaires depuis longtemps. C'est un observateur, avisé certes, qui donne des interviews et écrit des chroniques (par ailleurs intéressantes), mais ce n'est pas (ce n'est plus) un des acteurs. On peut considérer qu'il avait raison, mais ça ne signifie pas pour autant que les dirigeants en poste devaient l'écouter spécifiquement (tu oublies un peu vite le Département d'Etat, les services de renseignement, les différents courants dans l'administration et au Congrès, etc., mais aussi les alliés et partenaires, qu'un gouvernement est supposé écouter d'abord, pour le meilleur ou pour le pire, en tout cas avant les chroniqueurs de presse fussent-ils avisés, ou qu'ils n'avaient pas de raisons rationnelles autres que de tendre un piège à long terme à la Russie pour agir comme ils l'ont fait (au contraire, n'oublions pas que la politique internationale, c'est surtout gérer à court terme et pour des raisons intérieures des événements auxquels on ne s'attendait pas et qu'on fait semblant de contrôler, bien plus qu'avoir des visées à long terme impliquant la moitié de la planète). Kennan dit ce qu'il veut, n'est pas ou peu écouté, mais ne devait pas l'être, et le gouvernement américain est alors préoccupé par d'autres choses (et certainement pas par le souci de la Russie, toujours vue comme un pays ruiné, potentiellement instable et ne pesant plus grand chose).
  10. Que Bush soit sincère ou Clinton duplice n'est, à mon avis, pas tellement la question. Il ne faut pas oublier que les Américains et les Occidentaux se sont retrouvés du jour au lendemain face à un événement qu'aucun ne voulait réellement: l'évaporation, de fait, de l'URSS, avec ce que cela a impliqué (craintes notamment liées à la dissémination du formidable arsenal soviétique). Ils ont donc dû improviser de nouvelles politiques (souvent sans accord clair entre eux, du reste) pour essayer de gérer ou contrôler ce grand vide, ce qui s'est notamment traduit par le développement de politiques bilatérales avec différents pays issus de l'URSS (dont la Russie, du reste) ou du Pacte de Varsovie (comme la Pologne), dans le but notamment de stabiliser et consolider les pays d'Europe centrale et les préserver de la crainte d'un chaos venant de l'est. Après, qu'il y ait eu dans ce cadre des tentatives opportunistes de tel ou tel groupe de pression (pas exclusivement occidental, soit dit en passant) pour pousser telle ou telle vision du monde, ou encore que la Russie ait durement souffert de certains aspects de ces politiques (notamment en matière de libéralisation économique), personne ne le conteste, mais cela ne prouve absolument pas qu'il y aurait eu une sorte de complot militaro-impérialiste pour étendre l'OTAN toujours plus loin au mépris de tout engagement (a fortiori lorsque l'interlocuteur initial avait cessé d'exister). Cette idée, qui existe en Russie ou dans certains courants de pensée en Occident, sont avant tout des relectures anachroniques de cette période-charnière: d'une part on (re)construit une intentionnalité car on connaît la fin de l'histoire (alors que les acteurs de l'époque, par définition, ne l'avaient pas), d'autre part on relit les événements passés en regard de notre lecture des événements actuels (faisant abstraction —entre autres choses— des représentations de l'époque, y compris dans la classe politique russe).
  11. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/l-union-europeenne-est-ambitieuse-sur-la-defense-mais-pas-trop-5a318224cd70c7358c46a0dc
  12. L'ambiguïté/la difficulté, c'est que les assurances données verbalement (mais sanctionnées par aucun traité) ont été suivies de l'éclatement de l'URSS et sa disparition. Ce fait —incontestable— a permis à nombre des acteurs de l'époque de considérer ces assurances verbales caduques, la Russie n'étant pas l'URSS (même si son principal "débris"), et certains pays nouvellement indépendants s'étant empressés de demander qu'on ne considère pas la Russie comme l'URSS. Inversement, la Russie s'est (en grande partie rétrospectivement) construit un imaginaire national de continuité de l'URSS (ce qui n'est pas faux non plus, même si cela pose quelques problèmes juridiques en ce qui concerne des engagements non formalisés dans des traités) et réinterprète des discussions pays occidentaux-URSS comme s'il s'était agi de discussions pays occidentaux-Russie. Ceux qui défendent l'idée que les engagements verbaux conclus avec l'URSS n'engagent pas la Russie ont juridiquement raison (au moins par absence de texte permettant de soutenir le contraire, comme un traité), ceux qui considèrent que ces élargissement ont été des trahisons ont également raison d'un certain point de vue, et malheureusement on ne pourra jamais les mettre d'accord tout simplement parce qu'ils raisonnent à partir de bases radicalement différentes, et parce qu'entretemps les pays pour lesquels on prétendait décider se sont émancipés et ont eux-mêmes demandé ces adhésions.
  13. Bat

    La Composante Air belge

    Non, pas nécessairement, parce que ce Typhoon modernisé sera là pour couvrir le gap 2025-2040. L'avion franco-allemand devrait succéder au Rafale, soit après 2035-2040. Les calendriers coïncident. Et comme il a été dit, les calendriers allemand et belge coïncindent assez bien de ce côté-là: tous deux ont un appareil qui a 40 ans et plusieurs fois modernisé (le F-16 et le Tornado) en fin de potentiel, qu'ils doivent impérativement remplacer dans les 5 à 7 ans. Ni l'un ni l'autre ne vont développer un nouvel avion dans cet intervalle (en imaginant qu'ils en aient les moyens), donc ils vont nécessairement acheter de l'existant (avec plus ou moins de possibilités d'évolution/modernisation - un Typhoon nouvelle version est finalement comparable de ce point de vue à un Rafale 4 ou un Gripen NG > on prend la plateforme existante et en la bricolant on dit que c'est un "nouvel" avion), et la question de l'avion à développer ab initio se pose pour le successeur de cet appareil existant déjà, et entrera progressivement en service dans 20 ou 25 ans.
  14. Oui, c'est juste. C'est parce que j'avais vu le message précédent sur les "méthodes chinoises", qui m'a fait penser à cet article que je venais de voir, mais effectivement il n'est pas à sa place sur ce fil. C'est une question complexe, qui tient à la définition du concept de "propagande" (la "propagande" est toujours celle de l'autre, pour la sienne propre on parle de communication, de relations publiques, etc., ce qui explique qu'on parle peu d'elle dans la presse française, par exemple, ce qui ne signifie pas qu'on ne parle pas des actions de communication), à l'état de droit et à la situation de concurrence démocratique (qui empêchent de faire une série de choses, ou en tout cas qui oblige de ne pas se faire prendre si on les fait), mais aussi à la nature de cette "propagande" américaine. Les USA ont quelques outils de propagande extérieure (type VoA, RFE ou RFA, ils commencent avec des vidéos youtube —du reste assez mauvaises— produites par le département d'état pour contrer la propagande de DAESH), mais finalement assez peu en tant que telle (on va par contre avoir beaucoup d'actions dirigées vers leur propre population pour "vendre" une politique, une guerre ou autre: on revient à la question des "relations publiques". C'est d'ailleurs en grande partie là-dessus que se centrent nombre d'intellectuels (le plus connu étant peut-être Chomsky): la manière dont les valeurs "américaines" sont à la fois totalement intégrées et diffusées, de leur plein gré (par adhésion, finalement) par les médias américains (dimension idéologique des discours culturels). Ce qui a un effet extérieur: la principale propagande américaine est très peu politique (sauf cas exceptionnels), elle est culturelle. C'est l'attraction de "l'American Way of life", dont les productions (fictions, films, TV, etc.) peuvent être considérées comme des vecteurs, donc des instruments de propagande, à ceci près qu'ils ne sont pas ou peu créés dans ce but (mais en tant que discours culturels) par des organes étatiques (mais par des industries culturelles), à l'inverse par exemple de la propagande russe ou chinoise, qui sont bien plus pensées de manière instrumentales (produites par des organes étatiques en vue d'influencer des segments de publics bien déterminés dans le cadre de stratégies plus ou moins pensées en amont). EDIT: Par ailleurs, il ne faut pas oublier que si les services américains ont beaucoup investi, en argent et en personnel, pour quadriller les réseaux sociaux, il s'agit avant tout à des fins de surveillance: on déploie de gigantesques filets pour repérer des signaux suspects, identifier des "bad guys" potentiels, retracer les contacts, etc. (exemple: les multiples révélations dans la presse sur ECHELON ou l'utilisation de "backdoors" dans différents logiciels à des fins de surveillance et d'espionnage), ils ont par contre très peu investi dans des stratégies d'influence (ce qui est même parfois critiqué par diverses commissions). Ils disposent de moyens considérables pour surveiller de manière large, mais très peu pour influencer en-dehors des grands médias traditionnels. Inversement, la Chine a toute une batterie de mesure actives pour orienter les échanges sur l'Internet chinois, par ailleurs cadenassé, pour créer des effets d'unanimité et étouffer toute velléité critique envers le Parti, et la Russie a industrialisé l'intervention dans des forums à l'étranger dans un but d'influence et de décrédibilisation des dirigeants. (Dans les deux cas, je ne dis pas que le système est infaillible et fonctionne nécessairement avec les effets qu'on leur prête, mais les stratégies sont là et les moyens derrière, ce qui est très loin d'être le cas pour les Etats-Unis ou la France - le pays occidental qui pousse cette logique le plus loin me semble actuellement le Royaume-Uni, mais avec quelques balises et des moyens d'amateur en regard de ceux déployés par les dictatures russe et chinoise.)
  15. Prends toutes les pincettes si tu veux, mais ce qu'on pourrait globalement désigner comme la propagande américaine un sujet relativement connu et largement étudié, en long, en large et en travers et souvent en temps presque réel ce qui explique l'intérêt particulier pour les méthodes des états autoritaires ou totalitaires comme la Russie ou la Chine, plus fermés et aux sources et ressources plus difficilement accessibles aux journalistes et chercheurs que les actions américaines. (En fait, cette déferlante relative de papiers sur la propagande russe ou chinoise, mis à part que ces deux pays sont aujourd'hui particulièrement actifs dans la recherche de moyens d'influence et de pression syr la politique interne de différents pays tiers, ne témoignent pas d'une négligence de la propagande américaine, mais plutôt de la possibilité qu'ont enfin chercheurs et journalistes d'étudier autre chose que la propagande américaine, cas d'étude quasi unique de deux générations depuis les années 70). Sur les méthodes d'influence américaine, voir par exemple (faisant abstraction de la considérable masse de littérature portant sur la propagande américaine dans ses différentes formes de la période de la guerre civile à la fin des années 1990): Altheide D.L., & Grimes J.N. (2005). WAR PROGRAMMING: The Propaganda Project and the Iraq War. The Sociological Quarterly, 46(4): 617-643. DOI: 10.1111/j.1533-8525.2005.00029.x Eibert H.E. (2003). Public relations and propaganda in framing the Iraq war: a preliminary review. Public Relations Review, 29(3): 249-255. DOI: 10.1016/S0363-8111(03)00047-X Graber D.1. & Dunaway J. (2014, 9è édition). Mass Media and American Politics. London: SAGE. Snow N. (2003). Information War. American Propaganda, Free Speech and Opinion Control since 9-11. New York: Seven Stories Press. Snow N. & Taylor P. M. (2006). The Revival of the Propaganda State. US Propaganda at Home and Abroad since 9/11. International Communication Gazette, 68(5-6): 389-407. DOI: 10.1177/1748048506068718
  16. Toujours sur les méthodes chinoises, Le Monde avait justement fait un papier hier: Suite: http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/12/11/la-chine-accusee-d-utiliser-de-faux-profils-linkedin-pour-espionner-des-politiciens-allemands_5227964_4408996.html#kTxb5EgLYETDSeTX.99
  17. Rien de nouveau, mais article intéressant quand même: Suite: http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/12/06/rt-france-la-voix-de-son-maitre_5225259_3236.html#YydKX5cyL5lDkuBU.99
  18. Oui, on est dans le grand n'importe quoi! Mais bon, son arrestation est une info en soi.
  19. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/apres-une-tentative-ratee-l-ukraine-a-arrete-mikhail-saakashvili-5a2b1046cd70b488fb173835
  20. On sort un peu du sujet du fil, mais il y a des liens. Les travaux derrière sont assez intéressants en termes de (tentatives de) cartographie: Suite: http://www.lemonde.fr/le-blog-du-decodex/article/2017/12/04/comment-des-chercheurs-ont-utilise-les-donnees-du-decodex-pour-analyser-la-presidentielle_5224376_5095029.html
  21. Bat

    Vol MH17

    Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/un-colonel-general-russe-identifie-comme-une-figure-cle-du-crash-mh17-5a2a555ecd70b488fb1483dd
  22. Bien sûr, je suis d'accord. Mais ils devront bien vivre dans cette société, minoritaires ou non, et le constat que je fais est que tout est interprété par cette petite frange de population (ou une partie radicalisée de celle-ci) comme des "humiliations" (bien sûr "délibérées") mises en place par Madrid, comme des "atteintes à la liberté", comme des "pratiques dignes de dictatures", etc., qui à leurs yeux constituent autant de "preuves" de leur vision du monde, dans laquelle ils élèvent leurs enfants. De mon point de vue, le problème n'est pas de savoir si ces gens sont plus ou moins nombreux, mais de savoir comment les ramener à la réalité dès lors qu'ils vivent dans un monde fictionnel et fantasmagorique (ce que je désignais par "sécession mentale"). Il y a quelque chose de similaire à l'adhésion à un complotisme radical (et, en un certain sens, cela en relève en lisant la réalité comme téléguidée par une caste animée d'intentions inavouables qui organiserait sciemment tous les événements problématiques de la vie des Catalans dans le seul but de leur nuire) ou à des sectes, avec la différence notoire que cela contribue à structurer fortement le champ du politique en catalogne (ou en tout cas, plus fortement que n'y contribuent des sectes ou des théories complotistes radicales).
  23. Quand je leur envoie cet article du Soir posté plus haut, le journal est traité au mieux de "idiot utile victime de la propagande de Madrid", au pire de "propagande franquiste habituelle", alors même qu'on peut difficilement dire que ce papier soit très critique envers les indépendantistes. Réalité(s) parallèle(s)... Cela m'a frappé en voyant certaines pancartes des manifestants croisés hier à Bruxelles: j'avais parfois l'impression qu'ils s'imaginaient manifester contre quelque chose s'approchant du Chili de Pinochet en 1974. C'est la chose qui m'inquiète le plus: il va être difficile de recréer du lien social signifiant dans un contexte où une partie relativement importante de la population a fait une sécession mentale totale.
  24. Je pense que j'ai trouvé l'explication: Article complet: http://www.lesoir.be/128282/article/2017-12-07/catalogne-peu-decho-pour-la-manifestation-bruxelles-aupres-des-medias-publics
  25. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/ukraine-plongee-dans-une-nouvelle-guerre-de-tranchees-en-europe-5a2826c2cd70b488fb0d90de
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