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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Il en avait déjà été question au printemps dernier, avec Varsovie proposant de livrer ses MiG-29 à l'Ukraine en passant par la base américaine de Ramstein en Allemagne - de manière à bien s'assurer d'impliquer Washington dans l'affaire - et les Etats-Unis répondant en substance que Varsovie a tout à fait le droit de donner ses MiG à l'Ukraine oui... mais toute seule Finalement ça ne s'est pas fait. Varsovie ne fait que réitérer cette proposition. Dans C Dans l'Air hier, le général Patrick Dutartre précisait que parmi les 300 000 mobilisés annoncés en septembre dernier - au passage, il existe une évaluation rapportée par Anna Colin Lebedev comme quoi ils seraient en fait 500 000 - "On en a vu 100 à 130 000 sur le front". Les autres sont ailleurs. Encore en formation plus poussée / spécialisée ? En réserve ? Prêts à servir une offensive majeure qui serait dévoilée dans les prochains jours / semaines ? Mystère ... "On" ? France et Royaume-Uni garantissent leur indépendance eux-mêmes, à base nucléaire. La Pologne entreprend de se doter d'une "dissuasion conventionnelle", à base d'une armée de terre nombreuse et très lourdement armée... "On" ? Qui devrait conquérir Kaliningrad ? La Pologne ? Et la Crimée ? La Turquie ? "On" est rarement un bon pronom. Il sert souvent à embrouiller... et rend plus difficile de détecter les idées incohérentes. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Euh... S'il s'agit bien d'une réponse à la question d' @Akhilleussur l'autre fil, il faut rappeler qu'il posait la question de la stratégie pour atteindre les objectifs. Tu proposes ici une liste d'objectifs. Mais sans stratégie pour les atteindre, ce ne serait plus qu'une collection de voeux pieux. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
De ce que j'ai lu, Sunak en parlant d'armes à longue portée pourrait avoir eu à l'esprit plutôt des drones suicide Kindred. Développé tout récemment, imprimé en 3D... L'équivalent britannique du Shahed iranien ! "Le drone imprimé en 3D fait partie d'une initiative plus vaste du gouvernement britannique appelée KINDRED, qui examine quels types d'armements et de technologies l'Ukraine pourrait éventuellement mettre en service dans les quatre prochains mois. Le programme de drone a été géré selon un calendrier encore plus court, l'équipe dirigée par QinetiQ n'ayant eu droit qu'à trois semaines pour montrer aux hauts responsables du ministère britannique de la défense une variété de nouveaux drones." -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les estimations que je proposais étaient beaucoup plus simples, voire brutales, mais un peu différentes. Je pars de la somme de la population de la Russie en 2021, hors Crimée soit 144 millions, plus la population de l'Ukraine en 2021, dans ses frontières de 1991 c'est-à-dire 45 millions ==>Base 189 millions J'enlève 0, 7 ou 10 millions suivant que les provinces de l'Ouest sont incluses, ou non, et dans quel périmètre. Et encore "à la louche" 7 à 9 millions qui se réfugieraient dans les autres pays européens, ou dans les provinces de l'Ouest si elles restent indépendantes - en pratique, les femmes et les enfants sont déjà partis à l'ouest, les maris suivent. A noter que la population ukrainienne privée des provinces de l'Ouest acception étendue (10 millions) et des territoires sous contrôle russe depuis 2014 (7 millions) ça fait 28 millions. J'ai juste supposé que 1/4 à 1/3 de ce total préfère l'exil à la vie sous contrôle russe - j'admets sortir cette estimation de mon chapeau. ==>J'obtiens "à la très grosse louche" une fourchette de 170-180 millions Mais bon. Autant tous ceux qui parlent de la reconquête du Donbass voire de la Crimée doivent entendre qu'il est un peu tôt pour parler de vendre la peau, étant donné que l'ours court toujours dans les bois. Autant ce genre de calculs est utile pour "ordre de grandeur" mais reste très théorique étant donné que l'ours ukrainien aussi court toujours dans les bois. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui, les dégâts aux positions de la Russie sont multiples, étendus, profonds, et une partie d'entre eux nécessiteront au mieux des années pour être réparés, certains bien plus longtemps. Le plan originel était pire que mauvais ! Ce qu'il faut bien prendre en compte aussi c'est que l'étendue même de ces dégâts pousse le pouvoir russe à ne se satisfaire de rien moins que d'une victoire nette - si ce n'est éclatante - en Ukraine. Y compris s'il faut pour cela une mobilisation nettement plus grande et un effort de plusieurs années. Les objectifs minimum définis par la Russie en avril dernier (neutralité de l'Ukraine + démilitarisation très poussée + Crimée et Donbass) ont été encore étendus en septembre avec l'ajout des provinces de Zaporijjia et Kherson. La poursuite de la guerre, l'alourdissement des pertes, sont associées à un "prix minimum" de la Russie pour mettre fin à la guerre encore plus élevé. Dans le pire des cas pour l'Ukraine - le meilleur pour la Russie ? - Moscou se retrouverait avec une Ukraine entièrement sous la botte, sauf les 3 oblasts d'Ukraine de l'ouest peut-être, en partie dépeuplée surtout par émigration, ceci pour un coût humain très lourd. La Russie deviendrait un pays de 170-180 millions d'habitants, avec plusieurs centaines de milliers d'hommes morts au combat, frontalier de Roumanie comme Hongrie ou Pologne, lourdement armé, au commerce extérieur dirigé vers Asie et monde en développement de manière prépondérante, avec un nouveau "rideau de fer" en Europe, mais probablement pas autant de problème d'émigration que du temps de l'URSS. Il me paraît personnellement évident que c'est une plus mauvaise situation que celle de fin 2021. Mais Poutine et les autres dirigeants russes peuvent très bien estimer que c'est préférable à une défaite en Ukraine. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Si c'est l'intention du message, je ne suis pas sûr que ce soit très crédible. Il y a une chose qu'aucun pays occidental n'a fait jusqu'ici - c'était une limite définie par Biden dès le 31 mai - qui serait de livrer à l'Ukraine des armes permettant de frapper dans la profondeur du territoire russe. ATACMS, chasseurs-bombardiers, missiles de croisière... Cette escalade là serait possible oui. Je continue à douter que le risque en soit pris, car il y aurait risque de contre-escalade du côté russe, potentiellement imprévisible. On verra. Pour le reste, qu'est-ce que l'Occident pourrait faire sans dégarnir dangereusement ses défenses, et qu'il ne fait pas ? Les missiles antichar, les munitions d'artillerie et de tout type, même les Etats-Unis ont depuis longtemps atteint les limites de ce qu'il paraît raisonnable de donner (1/4 à 1/3 du stock) Les chars modernes, les VCI... les pays de l'OTAN en donnent des quantités limitées, mais cela semble être davantage du fait de limites pratiques que de volonté d'en "garder sous le coude". Des Leopard 2 il n'y en a pas tant que ça à donner - mais des Leopard 1 si... enfin une partie en 2024 - des Challenger 2 encore moins, des Leclerc aucun, des M1 oui-mais-non-ou-alors-plus-tard. Si d'une part l'Occident livrait à l'Ukraine tous types d'armes - sauf des armes nucléaires tout de même - si d'autre part les Ukrainiens réussissaient à les utiliser efficacement, si la conséquence en était de mettre la Russie en grave difficulté voire en risque d'être expulsée au minimum des 4 provinces annexées en septembre dernier - ce qui fait certes beaucoup de "si" - il y aurait effectivement un risque élevé que la Chine "vienne au secours" de la Russie. Non en lui donnant des armes certes, comme l'Occident à l'Ukraine, mais en les lui vendant. Pékin pourrait le décider librement, afin de ne pas risquer un affaiblissement trop profond voire un bouleversement politique dans le seul pays majeur qui est vraiment du côté de la Chine dans l'opposition bipolaire avec les Etats-Unis. Il pourrait même au pire le décider après forte "incitation" de Moscou qui préviendrait qu'au pire il préférerait une victoire nucléaire à une défaite conventionnelle (Israël a appliqué cette stratégie en 1973 pour "convaincre" les Etats-Unis de lui envoyer toutes les armes possibles plutôt que de risquer que Tel Aviv passe au nucléaire pour vaincre les armées arabes) La guerre "totale" - enfin seulement pour Ukraine et Russie, et surtout pour la première - est un scénario, mais je ne suis pas sûr qu'il soit probable. Ce serait alors une guerre par procuration entre Occident et Chine, chacun avec son proxy. Avec un proxy 4 fois plus peuplé que celui de l'Occident, au territoire largement protégé alors que celui de l'Occident a son territoire ouvert à toute frappe stratégique, plus l'industrie d'armement chinoise équilibrant probablement l'industrie d'armement occidentale (en fait largement américaine), la victoire de la Chine serait probable. ==>Je ne vois pas de scénario dans lequel une escalade et une longue guerre tournerait à l'avantage de l'Ukraine / l'Occident / les Etats-Unis Non bien sûr. La question qui est cependant ouverte, c'est si Moscou serait prêt à "préférer une victoire nucléaire à une défaite conventionnelle", surtout si un échec opérationnel gravissime arrivait à menacer la Crimée d'être conquise. Dans tous les cas, il n'est certes pas imaginable que la Russie lance des balistiques sur Etats-Unis, France ou Grande-Bretagne. Mais tirer sur un pays doté, ou sur un pays allié d'un pays doté, n'est pas le seul usage possible des armes nucléaires. D'ailleurs, la seule fois où elles ont été utilisées, ce n'était pas contre un pays doté. Ce scénario est extrêmement improbable sauf défaite écrasante de la Russie en Ukraine. Dans ce dernier cas en revanche, le scénario est au moins un point d'interrogation. L'année passée, > 100 milliards d'euros soutien militaire et civil confondu, soit environ 0,25% du PIB transatlantique (Etats-Unis + UE + RU) C'est tenable sur la durée oui. Pas indolore cependant. La volonté ou non de maintenir l'effort pendant plusieurs années reste une question. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a encore peut-être l'espoir, certes fragile, de la combinaison d'un échec de la nouvelle offensive russe, d'une contre-offensive ukrainienne dans les prochains mois qui parviendrait à quelques succès ET d'une démarche diplomatique décidée de la partie occidentale pour proposer à Moscou un "compromis" attirant parce que l'alternative serait de nouvelles escalades que la Russie certes pourrait se permettre, mais dont le coût promettrait d'être lourd et la durée incertaine. Je n'ai pas dit que l'espoir était très grand, mais il me semble qu'il existe. C'est en tout cas ainsi que je comprends la position défendue par la France. Bien sûr, l'un des obstacles et non le moindre est qu'il faudrait que Joe Biden soit sur cette longueur d'onde, ce qui est tout sauf assuré. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
(suite du post précédent) Comment les Américains se situent-ils dans ce paysage politico-stratégique ? On sent bien qu’il y a une certaine nervosité depuis quelques semaines, chez les Ukrainiens comme chez les Européens, mais aussi chez les Américains. Regardez ce qu’il vient de se passer, l’épisode pathétique du « ballon espion » chinois… Il a mis à jour le fait que la menace pour les États-Unis se situe surtout du côté de la Chine, et que c’est là-bas qu’ils ont besoin de mobiliser leurs capacités. La tournée européenne de Volodymyr Zelensky avait pour objectif de remobiliser l’UE, mais sans l’aide américaine, l’Europe ne peut pas faire grand-chose. Dans le même temps, l’Otan demande à l’Ukraine de consommer moins de munitions : mais ils ne peuvent pas faire autrement ! Ce qui se joue aux États-Unis pour le moment, ce sont les élections américaines de 2024. Et il y a deux hantises là-bas : l’attaque surprise, c’est le traumatisme – réactivé par l’affaire du ballon – de Pearl Harbor, et l’enlisement, celui du Vietnam. Il ne faudrait donc pas, pour Joe Biden, que cette guerre s’éternise. Il va bien falloir négocier à un moment. Leur idée, c’est que l’Ukraine s’adosse à l’UE pour financer sa reconstruction, et qu’ils puissent récupérer les marchés ! Si on se réfère à votre livre sur « l’art opératif », comment peut-on interpréter et analyser la manière dont les adversaires russes et ukrainiens le pratiquent ou ne le pratiquent pas ? Les combats qui sont menés servent-ils un objectif stratégique et politique ? Qu’apporterait une victoire à l’un ou à l’autre ? De ce point de vue, aujourd’hui, l’avantage est aux Russes. Malgré toute la médiocrité tactique dont peut faire preuve leur armée, les grandes masses, humaines, matérielles et industrielles, jouent pour eux. Sur le plan de la conduite stratégique et politique, même s’ils n’ont pas le niveau de 1945, ils jouent non sans intelligence sur le temps long, ils sont meilleurs. S’ils obtiennent un succès symbolique et territorial, il correspondra à leur but de guerre actuel, qui est la reconquête des oblasts de Donetsk et Louhansk. Ce qui obligera les Ukrainiens à se replier à l’ouest sur la ligne Sloviansk- Kramatorsk, où l’attrition recommencera. Mais pour le moment les Russes n’y arrivent pas : ils savent pousser mais pas percer. Côté Ukrainien, Zelensky a toujours fixé des objectifs maximalistes, en revendiquant non seulement les oblasts du Donbass mais aussi la Crimée, ce qui n’est pas acceptable pour les Russes. Zelensky ne veut pas revenir dessus, mais si les Américains le décident et arrêtent les livraisons, il devra bien l’accepter et négocier. Pour le moment, la stratégie des Ukrainiens n’est pas cohérente s’ils veulent sortir de la guerre. Sans doute y a-t-il des facteurs que l’on ne connaît pas, et que Zelensky a dans son entourage, comme c’est d’ailleurs aussi le cas pour Vladimir Poutine, des partisans d’une posture maximaliste. Alors on peut se dire, en regardant l’Histoire, que cela a pu fonctionner pour Clemenceau, qui en 1917 a refusé la paix de compromis, résumant son programme à « je fais la guerre » pendant que l’armée française attendait « les Américains et les chars ». Mais à l’époque, on a tendance à l’oublier, il n’y avait pas la menace nucléaire. Or, cela change tout ! L’idée des Ukrainiens peut être de briser les reins de l’offensive russe, pour que les effets de la mobilisation s’estompent, de manière à lancer ensuite une offensive au printemps ou à l’été. Mais la situation n’est pas la même qu’en septembre, lors de l’offensive sur Kherson : depuis, les Russes ont une masse de manœuvre beaucoup plus importante, et une industrie qui monte en puissance. Quant aux Occidentaux, qui sont allés d’échec en échec contre des adversaires qui n’étaient pas à leur hauteur, comme les talibans, je vois mal comment ils pourraient soudainement l’être dans un conflit de grande ampleur. Nos politiques ne comprennent plus l’art de la guerre. Malheureusement, à l’heure actuelle je ne vois que deux scénarios. Ou bien la digue ukrainienne se rompt, par de multiples petites brèches, et l’armée ukrainienne finit par s’effondrer. Ou bien elle tient, et on arrive à une ligne figée, c’est le scénario des deux Corées… en attendant un nouveau round. Aujourd’hui, il faudrait à l’Ukraine un succès symbolique au plus tôt, et ensuite négocier un compromis. Cela me semble toutefois peu vraisemblable. Encore une fois, Moscou joue sur le temps long. On aurait tort de sous-estimer les Russes, comme les Chinois d’ailleurs. Ils sont au contraire des adversaires à prendre très au sérieux. C'est une image assez noire de la situation et des perspectives de l'Ukraine dans cette guerre Noter aussi que la piste fragile que voit Bihan pour "limiter les dégâts" pour l'Ukraine - un succès symbolique rapidement puis trouver un compromis - correspond exactement au discours d'Emmanuel Macron à Munich. Hasard ? Peut-être a t on là une fenêtre sur l'analyse stratégique du conflit sur laquelle s'appuie le président de la République ? -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Entretien intéressant avec Benoist Bihan publié par Marianne "Les Russes savent pousser, mais pas percer" Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, l'analyse est en fait pessimiste sur la suite de cette guerre pour l'Ukraine Bakhmut-Verdun, même combat ? L'image est frappante, mais pour Benoist Bihan, coauteur avec Jérôme Lopez de « Conduire la guerre, entretiens sur l'art opératif »*, elle ne reflète pas la réalité des implications stratégiques et politiques. Analyses et perspectives des enjeux d'une bataille, côté russe comme ukrainien, européen et américain. Selon vous, la comparaison entre la bataille de Bakhmut et Verdun est-elle pertinente ? Je pense qu’elle est exagérée. En fait, elle porte sur des aspects superficiels, la violence des tirs d’artillerie et des combats, les pertes élevées. Mais l’offensive de Verdun, dans l’esprit des Allemands, avait un objectif précis : « saigner à blanc l’armée française », mettre la France à genoux pour la forcer à négocier une paix séparée de la Grande-Bretagne. Cela n’a pas marché, les Allemands ont eu autant de pertes que l’armée française. Je n’ai pas l’impression, dans le cas de Bakhmut, qu’il y ait eu de la part des Russes une telle stratégie : c’est l’obstination des Ukrainiens à défendre la ville qui fait que la bataille dure. On ne peut pas plus la comparer à Stalingrad en 1942, par exemple. Pour les Allemands, l’objectif était le Caucase, pas la ville elle-même. Après l’avoir prise, ils y ont été fixés et encerclés, et ensuite les combats ont pris une tournure qui pourrait faire penser à Bakhmut. Mais encore une fois, ce n’est pas la même chose. La ligne de défense du Donbass est un bastion que les Ukrainiens ont eu le temps de construire et de fortifier depuis 2014. Ce n’est pas une défense improvisée comme l’avait été celle de Stalingrad par les Russes. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que les Russes essaient de mettre un maximum de pression sur le front, mais Bakhmut en soi n’est pas un objectif essentiel, c’est davantage un abcès de fixation qu’ils pilonnent tandis qu’ils y envoient les mercenaires de Wagner, c’est-à-dire du « consommable ». Justement, quelle peut-être la stratégie russe ? Ils sont dans une phase de transition et ils ont besoin que la mobilisation porte ses fruits, que les troupes soient formées et entraînées pour être envoyées au combat. En attendant, ils mènent une offensive limitée sur des objectifs intermédiaires afin d’user les Ukrainiens. Il est faux de dire que pour eux, la vie n’a pas de valeur, en tout cas la vie de leurs soldats. L’utilisation de l’artillerie et des mercenaires est justement destinée à les préserver. Il y a aussi une volonté d’épuiser l’Ukraine et les stocks occidentaux. Ils jouent la montre, et aujourd’hui, le temps joue pour eux. Et du côté ukrainien ? Disons qu’on peut se poser la question de la rationalité de leur stratégie. Ce sont un peu les Allemands de l’Ouest du temps de la guerre froide : on défend partout sans esprit de recul. Cela leur impose ce qu’on appelle un « taux d’échange » défavorable : ils ont moins de puissance de feu que les Russes, et utilisent plus d’hommes. L’armée ukrainienne d’avant la guerre a été épuisée jusqu’à l’automne, là on est en train d’épuiser la deuxième. Et la troisième, formée par l’Otan et avec son nouveau matériel, n’est pas encore là. Eux sont dans une situation où le temps joue contre eux. S’ils ne remportent pas une victoire significative, ils courent le risque que les Russes et les Américains décident de négocier directement en leur passant par-dessus. C’est ce que veulent les Russes, qui pourront dire ainsi qu’ils ont fait plier les Américains. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Oh, tu sais... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui, enfin les résultats de "la façon dont les États-Unis continueront à rallier le monde" ne sont objectivement pas très impressionnants. Comme pays importants non-occidentaux, la "coalition de nations de l'Atlantique au Pacifique" ne compte guère que Japon et Corée du Sud. Et ceux-ci n'appliquent encore pas les sanctions sur l'énergie, considérant - avec quelque argument - qu'elles auraient des conséquences néfastes sur eux. Même le membre de l'OTAN qu'est la Turquie s'est plutôt employé à profiter des sanctions et à faire de la diplomatie qu'à "rallier le monde". On a déjà vu la diplomatie américaine plus efficace. Total 14% de la population mondiale. ~60% du PIB mondial oui, et là le poids y est. Mais... ce n'est pas la Russie qui est isolée. Sauf à appliquer le point de vue de la fameuse blague britannique ? -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Déclaration officielle de Joe Biden sur sa visite à Kiev aujourd'hui Alors que le monde se prépare à marquer le premier anniversaire de l'invasion brutale de l'Ukraine par la Russie, je suis à Kiev aujourd'hui pour rencontrer le président Zelenskyy et réaffirmer notre engagement inébranlable et indéfectible envers la démocratie, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Lorsque Poutine a lancé son invasion il y a près d'un an, il pensait que l'Ukraine était faible et que l'Occident était divisé. Il pensait qu'il pourrait nous survivre. Mais il avait tout faux. Aujourd'hui, à Kiev, je rencontre le président Zelenskyy et son équipe pour une discussion approfondie sur notre soutien à l'Ukraine. J'annoncerai une nouvelle livraison d'équipements essentiels, notamment des munitions d'artillerie, des systèmes anti-blindage et des radars de surveillance aérienne pour aider à protéger le peuple ukrainien des bombardements aériens. Et je vous ferai part que, plus tard cette semaine, nous annoncerons des sanctions supplémentaires contre les élites et les entreprises qui tentent d'échapper à la machine de guerre russe ou de la soutenir. Au cours de l'année dernière, les États-Unis ont mis en place une coalition de nations de l'Atlantique au Pacifique pour aider à défendre l'Ukraine avec un soutien militaire, économique et humanitaire sans précédent - et ce soutien va durer. J'ai également hâte de me rendre en Pologne pour rencontrer le président Duda et les dirigeants de nos alliés du flanc est, ainsi que de faire des remarques sur la façon dont les États-Unis continueront à rallier le monde pour soutenir le peuple ukrainien et les valeurs fondamentales des droits de l'homme et de la dignité de la Charte des Nations unies qui nous unissent dans le monde entier. Au-delà du symbole fort qu'est cette visite, j'ai souligné la partie qui me semble la plus importante. Et sauf erreur c'est bien une nouveauté. Lorsque Biden a défini "Ce que l'Amérique fera et ne fera pas en Ukraine" le 31 mai, il a donné un cadre et des limites à l'action américaine, et il a défini son objectif L'objectif de l'Amérique est simple : Nous voulons voir une Ukraine démocratique, indépendante, souveraine et prospère, dotée des moyens de dissuasion et de défense contre toute nouvelle agression. Cet objectif n'incluait pas l'intégrité territoriale. Ce qui avait été remarqué, et disait bien que les États-Unis ne se fixaient pas pour objectif la victoire totale de l'Ukraine dans ses frontières de 1991, mais "seulement" sa survie en tant que nation indépendante et capable de se défendre - déjà un objectif ambitieux et élevé. Sauf à ce que ce communiqué soit simple discours et politesse diplomatique - mais parlerait-on alors d' "engagement inébranlable et indéfectible" des États-Unis ? - Washington semble bien avoir étendu ses objectifs. Le terme consacré est mission creep, dérive de la mission. Pas d'escalade sur les types de matériels militaires donnés aux Ukrainiens. En ce qui concerne les "sanctions supplémentaires", il reste à voir s'il s'agit d'un simple tour de vis supplémentaire, ou bien d'une extension de façon à s'attaquer davantage notamment à la Chine ? De mon point de vue, le risque que tout ceci dérive vers une guerre généralisée en Europe, que j'aurais estimé < 0,1%, vient de faire un bond... Ca reste un risque très faible, 1% peut-être, mais ... Resterait bien sûr à savoir si une troisième fois une guerre généralisée en Europe dériverait vers une guerre mondiale ? Cela dépendrait avant tout de la décision de la Chine, mais en cas de guerre européenne généralisée elle pourrait chercher à empêcher un effondrement de la Russie et un passage au nucléaire en armant à grande échelle Moscou. Je continue à penser que c'est un risque faible. Mais si le mission creep continue... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
1) Il faut s'entendre sur ce qu'on appelle "extrêmement". Le monde est grand ... et la société soviétique restait très féministe à l'échelle mondiale 2) Il me semble qu'il y a quand même quelque chose de vrai à cet argument. Mais c'est ici qu'il faut rappeler que Russie et Ukraine sont toutes deux des sociétés issues de l'ancienne URSS Pas de raison spéciale que l'évolution soit très différente chez l'une et chez l'autre A voir en effet. Chez les uns comme chez les autres. Dans la durée. Je répondais seulement à "Et autant le modèle Ukr se rapproche d'un modèle Européen, autant le modèle Russe reste emprunt de conservatisme en tout genre" qui supposait une différence importante entre relations hommes-femmes en Russie et en Ukraine, différence qui ne se retrouve pas dans les faits - sauf à constater une inégalité de revenus plus grande en Ukraine qu'en Russie. Oui Je termine ici cette tangente. Ah non, un petit truc encore, voici un article du Guardian britannique de mars 2022 sur le scandale des "femmes trans" ukrainiennes refoulées par les garde-frontières ukrainiens qui leur interdisaient de quitter le pays vu que le pays garde tous ses hommes d'âge militaire en vue d'une potentielle mobilisation, appliquant donc l'idée fort peu progressiste comme quoi les personnes de sexe masculin seraient des hommes, quoi qu'il en soit de leur "genre" Lorsque l'Ukraine a imposé la loi martiale le 24 février, tous les hommes âgés de 18 à 60 ans ont été interdits de quitter le pays. Depuis lors, on estime que des centaines de trans ukrainiens ont tenté de franchir la frontière. (...) il semble que les gardes-frontières ukrainiens empêchent même les personnes transgenres munies d'un certificat valide reflétant leur nouveau genre de quitter l'Ukraine, et personne ne sait pourquoi Envisager de mobiliser comme hommes y compris les hommes qui se prennent pour des femmes ! Vraiment, on ne parle pas assez des graves violations des droits de l'homme commises par les Ukrainiens ! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Le cap est lisible, et le capitaine est intelligent. C'est juste qu'il a la consistance et la volonté de la gelée aux framboises Reste qu'il a compris que les positions extrêmes seraient fatales à l'Ukraine. La faiblesse devant l'envahisseur russe mènerait à la perte de l'indépendance. Et la radicalité, aussi fondée soit-elle en droit - mais bien peu dans le monde réel - mènerait très probablement à la poursuite de l'escalade par Moscou jusqu'à... la perte de l'indépendance. "Nous sommes en 2026. Les derniers défenseurs de Lviv ne peuvent davantage tenir devant les assauts russes. Le général en chef ukrainien Zaloujny signe la capitulation en présence du général en chef russe Gerasimov. Plus d'un million d'Ukrainiens et plus d'1,5 million de Russes sont morts au combat. Cinq jours après la reddition de Zaloujny, le président Poutine devait être assassiné d'une balle dans la nuque lors d'une représentation théâtrale" Cette déclaration est proprement humiliante pour la France. Zelenski dit presque ouvertement que son "amitié" est conditionnée au soutien par la France de ses projets, aussi irréalistes et fous soient-ils. C'est le genre de déclaration à laquelle un De Gaulle aurait répondu en rappelant publiquement que la France compte en effet sur l'amitié de l'Ukraine et de son président, et que si tel n'était pas le cas elle réagirait naturellement par une révision déchirante du soutien qu'elle apporte à ce pays. Sinon, dans la série "Heureusement qu'il n'est qu'un haut-fonctionnaire de luxe à rôle de représentation plutôt qu'un chef d'Etat et un décideur", je propose le ci-devant Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN de son état, et ses remarques hier à la conférence sur la sécurité de Munich Certains s'inquiètent du fait que notre soutien à l'Ukraine risque de déclencher une escalade. Permettez-moi d'être clair. Il n'y a pas d'options sans risque. Mais, le plus grand risque de tous est que Poutine gagne. Si, si, Jens... le risque d'escalade est plus grand que le risque de victoire russe ! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les données, c'est mieux - Part de la population féminine avec un emploi, données Banque Mondiale - Ukraine 87,6% - Russie 93,3% - France 91,3% - Ecart de revenu entre hommes et femmes, données Nations Unies, revenu moyen des hommes exprimé par rapport au revenu moyen des femmes - Ukraine 1,729 - Russie 1,521 - France 1,421 ==>Les inégalités entre hommes et femmes sont plus importantes en Ukraine qu'en Russie -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Pareil. "Défendre le principe d'intégrité territoriale" tout en respectant "les intérêts légitimes de sécurité de la Russie" - laquelle a intégré non seulement les deux sujets de la Fédération supplémentaires de Crimée et Sébastopol en 2014, mais encore quatre supplémentaires en 2022 - me semble ne pas être loin de la quadrature du cercle. Poutine a brûlé ses vaisseaux en intégrant les deux provinces du Donbass plus Zaporijjia et Kherson en septembre dernier. Même s'il voulait revenir sur ces décisions, cela lui serait très difficile, il faudrait un changement constitutionnel approuvé par référendum, comme pour la "remise à zéro" des mandats présidentiels en 2020. Quant à la Crimée et à Sébastopol, même topo. J'imagine assez mal la Chine tenter de l'y forcer. Prévoir des référendums dans les entités concernées, sous contrôle international, pour intégration soit à Russie soit à Ukraine ? Cela nécessiterait ce fameux référendum constitutionnel en Russie, et il faudrait d'abord soit une défaite très lourde de la Russie, qui n'est pas nécessairement réaliste à brève ni même peut-être à longue échéance. Ou bien des monnaies d'échange très sérieuses, en termes des "intérêts légitimes de sécurité" de la Russie. Il n'est pas forcément impossible de combiner tout cela en un tout cohérent. A voir ce que Pékin produira, après l'avoir si solennellement annoncé. En cas de réussite, ce serait il me semble la première fois dans l'Histoire que la Chine définirait les paramètres d'un traité de paix en Europe -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Tu me connais mieux que moi-même ... Plus sérieusement, je ne sais pas si je suis fébrile, mais il est permis de s'attendre à une certaine accélération des événements dans les semaines à venir. L'offensive russe, où, combien, comment, avec quel degré de succès ou d'échec ? En plus positif du moins potentiellement, l'offensive la proposition diplomatique chinoise, quelconque chance de faire avancer les choses ou pas ? -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Est-ce que Josep Borrell, responsable "affaires étrangères" pour l'UE, a dit une énorme c..nerie ? Ou est-ce qu'il a laissé sortir une info confidentielle mais véridique ? Je parie pour la c..nerie. Mais à voir tout de même. La guerre en Ukraine est "terminée" si l'UE ne renforce pas son soutien militaire, selon un haut diplomate La guerre avec l'Ukraine sera terminée si l'UE ne trouve pas dans les semaines à venir un moyen d'accélérer la fourniture de munitions à l'Ukraine, a averti Josep Borrell, le responsable des affaires étrangères de l'UE, lors de la dernière journée de la conférence de Munich sur la sécurité. Il a déclaré qu'une réunion spéciale des ministres de la défense de l'UE, prévue les 8 et 9 mars, donnera l'occasion aux pays de proposer des munitions provenant de leurs stocks existants, ajoutant qu'il faut jusqu'à dix mois aux armées européennes pour commander et recevoir une seule balle. "Nous sommes en mode de guerre urgente", a-t-il déclaré. "Cette pénurie de munitions doit être résolue rapidement ; c'est une question de semaines". Il a ajouté que si ce n'était pas le cas, la guerre serait terminée. Borrell ne m'a en général pas fait l'impression d'être la flèche la plus acérée du carquois, pour dire les choses poliment. Et la consommation de munitions peut bien être extrêmement élevée, elle est probablement plus basse pour le défenseur - position de l'Ukraine dans cette phase de la guerre - que pour la Russie qui cherche à avancer. Et puis il y a Washington - sauf à ce qu'on y ait déjà fait une croix sur l'Ukraine ? - qui même ayant déjà puisé profondément dans ses stocks possède m'a t on dit quelques moyens. Donc je n'y crois pas vraiment. Enfin je me trompe peut-être ? -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
La Chine semble se préparer à entrer en scène. Un acteur de poids Le plan de paix chinois pour l'Ukraine est accueilli avec prudence par l'Occident Le haut diplomate chinois Wang Yi parle de la nécessité de défendre le principe d'intégrité territoriale, mais aussi de respecter les "intérêts légitimes de sécurité" de la Russie. (...) S'exprimant lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le haut diplomate chinois Wang Yi, l'un des rares hommes politiques extérieurs capables d'influencer la Russie, a annoncé que la Chine lancerait son initiative de paix le jour de l'anniversaire de la guerre et qu'elle avait déjà consulté l'Allemagne, l'Italie et la France sur ses propositions. Il a déclaré que le plan de paix soulignerait la nécessité de faire respecter les principes de souveraineté, d'intégrité territoriale et la Charte des Nations unies. Mais en même temps, il a déclaré que les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité devaient être respectés. (...) Sans un retrait complet de toutes les troupes russes d'Ukraine, il n'y a aucune chance de mettre fin à la guerre, a déclaré Mme Baerbock (...) Le ministre brésilien des affaires étrangères, Mauro Vieira, a insisté sur le fait que son pays avait condamné l'agression de la Russie, y compris aux Nations unies, mais a ajouté : "Nous devons essayer de rendre une solution possible. Nous ne pouvons pas nous limiter à parler de la guerre. Je ne parle pas de négociations immédiates - nous devrions procéder étape par étape, peut-être d'abord créer un environnement qui rende une négociation possible." Le premier ministre namibien, Saara Kuugongelwa, a déclaré : "Nous voulons résoudre le problème, nous ne voulons pas trouver le coupable. Il ne sert à rien que la Russie dépense de l'argent pour acheter des armes et que l'Occident finance l'Ukraine pour acheter des armes." (...) Olaf Scholz, le chancelier allemand, qui s'est rendu récemment au Brésil et en Afrique du Sud dans une tentative largement infructueuse d'obtenir des condamnations plus claires de la Russie, a déclaré au public de Munich : "Pour être crédible et obtenir quelque chose en tant qu'Européen ou Nord-Américain à Jakarta, New Delhi, Pretoria, Santiago du Chili, Brasília ou Singapour, il ne suffit pas d'invoquer des valeurs communes." Il est possible que la diplomatie chinoise reste dans les généralités et qu'il n'en sorte pas grand chose. Mais il est possible aussi que Pékin fasse des propositions concrètes, qui ouvrent des voies. L'intérêt de la démarche bien sûr, c'est que la Chine n'est pas dénuée d'une certaine influence sur la Russie Pas au même degré que l'influence de l'Amérique sur l'Ukraine, sans doute, mais à coup sûr une influence forte. Un autre intérêt, c'est que la Chine est une puissance qui soutient la Russie oui... mais quand même. Un peu de manière symétrique à France et Allemagne et aussi Italie qui soutiennent l'Ukraine oui... mais quand même. D'ailleurs Wang Yi qui parle d'intégrité territoriale et des intérêts de sécurité légitimes de la Russie... il s'est coordonné avec Macron, ou quoi ? Il a précisé en tout cas que France Allemagne et Italie ont déjà été consultés. En fonction du contenu du plan chinois qui sera bientôt annoncé, cela pourrait être une bonne idée pour Paris, Berlin et Rome de faire une reprise de volley... et de construire sur les propositions chinoises. D'autant que les pays qui constituent la majorité mondiale peuvent bien - pour certains d'entre eux - condamner officiellement l'agression militaire russe, leur principal souci est avant tout qu'une guerre entre Européens cesse d'avoir des conséquences négatives sur eux-mêmes, notamment troubles économiques par le biais des sanctions et autres mesures de guerre économique. Souci d'ailleurs parfaitement compréhensible. Ces pays appuieront probablement une initiative chinoise sérieuse pour définir une solution, encore davantage si elle était soutenue par les 3 principaux pays de l'UE (représentant ensemble presque la moitié de la population de l'UE, et plus de la moitié de sa capacité économique) -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Il suffit donc de 30 Caesar, 2 Crotale, 60 VAB, quelques Milan et Akeron, avec 30 AMX-10RC On est Napoléon à peu de frais à notre époque -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Cette interprétation me semble correspondre à peu près à l'idée comme quoi lorsque Poutine prétend que Satan dirige la politique occidentale tandis que les Occidentaux prétendent que Poutine est le nouvel Hitler - c'est à dire à peu de choses près une version non religieuse de Satan, il n'y a pas à choisir... Parce qu'ils ont en fait tous deux raison. En d'autres termes, Satan comme le disait le Christ est bien le "Prince de ce monde". Et les princes quel que soit le pays sont le plus souvent ses serviteurs. C'est un point de vue. Le problème est qu'il risque de ne mener qu'au retrait du monde. -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est vrai, la situation aurait été bien meilleure si l'architecte de la stratégie américaine pendant la guerre froide, George Kennan, partisan d'une paix claire et franche une fois que la Russie eût décidé de mettre fin à l'occupation de l'Europe centrale, avait été suivi. La décision des Etats Unis fut toute différente, et c'était un grand tort. Il ne faut cependant pas s'arrêter là. Ce serait un peu trop facile de se contenter de casser du sucre sur le dos des Américains, sans parler des autres. Les Européens de l'ouest et du centre notamment, de l'Espagne à la Pologne et tout ce qui est entre elles. Les Américains auraient ils pu prendre ce chemin seuls ? Non. Les Européens auraient pu les arrêter. Quand à savoir qui a été le moins avisé entre les deux rives de l'Atlantique... C'est la question classique "Qui est le plus idiot : l'idiot, ou celui qui le suit ?" Sans oublier le troisième larron. Car enfin la Russie a collectivement été remarquablement raisonnable et mesurée face à la politique américaine et européenne envers elle... pendant longtemps. Mais elle a commencé à abandonner la modération type zen et non-violence à partir de 2014, et au plus tard en 2022 avait basculé dans une radicalisation... qui n'a d'ailleurs pas nécessairement été encore à son terme. Faire zazen indéfiniment, c'était sans doute trop demander des Russes. Mais ne pas basculer dans la négociation de l'identité nationale du voisin, ne pas décider de reconstituer par la force l'unité de la Rus d'il y a mille ans dont les Ukrainiens ne veulent pas, ne pas projeter de les y contraindre par la force et par l'éducation idéologique de leurs enfants une fois la conquête achevée... Est-ce que ça n'aurait pas été possible de l'attendre des Russes ? Au total, dans cette affaire, j'ai du mal à trouver un "bon" parmi les trois groupes de "Blancs" les plus nombreux au monde. Personne, ni les Américains, ni les Européens de l'ouest et du centre, ni les Russes, n'a le beau rôle. Quant à la situation d'aujourd'hui, force est de reconnaître que ce sont les Russes qui font une guerre injuste et meurtrière. Force est de reconnaître que l'objectif des Américains et des Européens - pensant avant tout à France et Allemagne - c'est à dire que l'Ukraine survive comme nation indépendante est un objectif modéré. Force est de reconnaître que si la Russie gagne la guerre c'est à dire absorbe l'Ukraine sans rien en laisser que certaines particularités culturelles locales - à peu près tout ce qui reste du Sud aux États-Unis - la sécurité sur le continent européen sera plus endommagée que si la Russie ne réussit pas. Ça ne garantit pas qu'il soit possible de la faire échouer. Mais ça vaut la peine d'essayer. Dans les limites strictes indispensables pour garantir que quoi il arrive la guerre ne "déborde" pas. C'est absolument impératif, et "quoi qu'il arrive" inclut "les derniers défenseurs de Lviv sont écrasés sous les bombes en 2026, plus d'un million d'Ukrainiens sont morts au combat, et autant de Russes". Dans ce cas là aussi, tous les pays de l'OTAN resteront l'arme au pied. Il faut que ce soit très clair, y compris pour les Ukrainiens. Cela inclut aussi d'autres issues meilleures, par exemple un armistice à la coréenne, ou encore une Ukraine indépendante mais neutralisée avec référendums sous contrôle international dans le Donbass et en Crimée - cette dernière éventualité correspondrait à une lourde défaite russe que les Occidentaux choisiraient sagement de ne pas surexploiter afin d'éviter une escalade supplémentaire de la part de Moscou. Tant que les limites absolument impératives de la non-extension du conflit sont respectées - et Kiev bien évidemment rêve d'une guerre généralisée qui serait plus favorable pour lui - il me semble défendable de continuer à donner à Kiev les moyens premièrement de ne pas s'effondrer économiquement ni militairement, deuxièmement de tenter d'arriver à une situation meilleure. Tant que Kiev le voudra, bien sûr. En définitive, si à un moment ils désespèrent, il reviendra aux Européens et aux Américains d'en tirer les conclusions, et de tenter au moins d'adoucir le sort des Ukrainiens par la diplomatie. Par exemple, en proposant à Moscou la levée des sanctions en échange du maintien d'une Ukraine plus petite, neutre et démilitarisée, mais du moins indépendante ? (Sans aucune garantie de réussite naturellement) Et si même cela ne réussit pas, eh bien nous nous adapterons à la présence de cet Empire d'Europe de l'est, lourdement armé, avec ses 200 millions d'habitants et son armée très expérimentée. Nous les Européens de l'ouest et du centre nous y adapterons d'ailleurs peut être tous seuls. Nous nous sommes sans doute longtemps appuyés - sauf certes France et Grande Bretagne - sur le bras protecteur de l'Empire. Mais les Américains me semblent avoir bien d'autres intérêts, soucis et affaires pressantes que de continuer à servir de garantie à la sécurité européenne, et d'une manière ou d'une autre il est fort possible qu'ils se trouvent d'autres choses à faire... Peut être même avant la fin de cette décennie. -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Un extrait vidéo choquant ... et choquant deux fois. En effet, le commentaire du conseiller du Min Int ukrainien n'est pas exact, ou du moins il est incomplet Anna Dolgareva cite en l'approuvant Igor Mangouchev, récemment décédé, qui disait que "dénazification" l'objectif de la Russie en Ukraine ne peut être atteint que "physiquement", c'est-à-dire en tuant "ceux qui nous font la guerre" puis en éduquant leurs enfants "dans l'esprit russe". Elle précise ensuite qu'après la victoire, "les autres" pourront être "dénazifiés" dans quelque "district fédéral reculé". L'optimiste dira qu'elle modère quelque peu Mangouchev en proposant des camps de rééducation à la mode stalinienne - ou comme au Xinjiang contre les Ouïghours pour un exemple plus récent - plutôt que des camps d'extermination à la mode hitlérienne (je ne sais pas si l'optimiste a raison, mais je ne jouerais pas ma vie là-dessus !) C'est la première chose choquante évidemment : ce que disent Mangouchev et Dolgareva. Mais il y a encore autre chose. Mangouchev et Dolgareva ont un autre point commun... ce sont eux-mêmes des Ukrainiens ! Mangouchev était natif de la province de Louhansk en Ukraine, puis il a eu selon ses dires la nationalité de la RPL, enfin la nationalité russe après septembre 2022. Dolgareva est de Kharkiv, toujours en Ukraine, elle a acquis plus tard la nationalité russe. Si on refuse comme illégaux les desseins annexionnistes de la Russie en Ukraine, on doit considérer ces deux personnes comme des Ukrainiens. Les plus radicaux des pro-Russie... sont souvent des Ukrainiens. On touche là du doigt la dimension de guerre civile du conflit ukrainien. Evidemment c'est aussi une guerre internationale - la Russie a envahi l'Ukraine. La dimension internationale est même prépondérante, du moins à partir de 2022. Mais c'est encore en partie une guerre civile -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Moi c'est à la TV russe que je pense. Nous avons quand même un dirigeant allemand qui houspille d'autres pays européens pour qu'ils envoient plus vite des chars sur le Front de l'est Je ne sais pas ce que Vladimir Soloviev en dira... mais j'ai ma petite idée Pour mémoire -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Les toilettes avec chasse d'eau, encore une technologie de pointe que personne d'autre que des Occidentaux ne saura reproduire ! Moscou peut toujours essayer d'acheter ça chez les Chinois, ils n'y arrivent pas, n'ont pas su développer la technologie.