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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Exactement. De petites économies pendant les années de paix apparemment indéfinie, et d'insouciance - on laisse certaines chaînes de production fermer (Leclerc), on réduit d'autres à la portion congrue avec très peu de gens possédant les compétences spécialisées nécessaires ce qui empêche de remonter en cadence rapidement. Il est vrai que maintenir des bassins de compétence un peu plus grands, conserver telle chaîne ouverte avec une faible production (même s'il y aurait pu aussi y avoir des contrats exports supplémentaires), cela aurait coûté quelque chose. Assez peu. Un jour on tombe de l'armoire, parce que la séquence de 77 ans sans guerre de conquête à grande échelle (*), exceptionnelle à la fois dans le temps l'Histoire longue de l'Europe, et dans l'espace car l'Europe est la seule région du Monde à en avoir bénéficié... a pris fin. Parce que nous sommes, que cela plaise ou non, de retour dans l'Histoire de l'Europe au sens classique du terme. Nous ne sommes pas de retour dans la première moitié du XXème siècle avec ses guerres mondiales catastrophiques - enfin il semble qu'on ait une bonne chance de continuer à l'éviter. Mais nous sommes bien de retour aux XIXème, XVIIIème, XVIIème, XVIème siècles... Et oui, la question de la paix, de la guerre, de l'équilibre et de l'agression sera avec nous... de manière indéfinie à vue humaine. L'Europe a bénéficié d'une période exceptionnelle, que pouvaient nous envier tous les Asiatiques, Moyen-Orientaux et Africains. ==>C'est fini Et on découvre que le pays se retrouve Gros Jean comme devant, avec des forces armées certes bien entraînées et à l'équipement de qualité, mais petite, et surtout à laquelle on ne peut créer des réserves et de la "profondeur" rapidement. Certes la France est très loin d'être l'Etat européen le plus mal loti, elle n'est même pas très loin de la position du borgne au milieu des aveugles... mais elle reste borgne. (*) Bien sûr, il y a eu des guerres en Europe entre 1945 et 2021, Yougoslavie, Moldavie, Irlande du Nord, Pays basque espagnol, Kosovo, Chypre, Crimée, Donbass... il ne s'agit pas de le nier. Mais aucune n'avait la dimension de l'invasion de l'Ukraine Peu avant la phase de montée des tensions - vers la fin 2021 de mémoire - la Russie a rendu public l'ensemble des échanges et négociations ayant mené aux accords Minsk 1 et Minsk 2, au grand dam à la fois de Berlin et de Paris. Diplomatiquement, c'est l'équivalent d'une gifle. Et surtout cela compromet la volonté des parties de négocier à l'avenir avec la liberté de parole que confère la confidentialité. La France ne fait ici que rendre à la Russie la monnaie de sa pièce. Et à signaler que oui nous avons bien pris en compte les nouvelles règles des négociations avec Moscou : tout échange peut être publié à tout moment si l'une des parties en a la fantaisie. On peut avoir une discussion savante pour soupeser l'influence de tel ou tel facteur. Et loin de moi de prétendre que la question n'est pas intéressante. Mais la conclusion globale est déjà claire : - Les restrictions au commerce d'énergies fossiles causées par les sanctions occidentales depuis fin février sont une composante lourde, pour les raisons que tu as citées. Ceci est particulièrement vrai pour l'Europe - L'inflation mondiale était déjà en train d'augmenter très fortement, c'était par exemple évident aux Etats-Unis (7% même avant le début de l'invasion), ceci du fait des troubles sur les chaînes logistiques mondiales provoqués par la phase Covid intense 2020-21, plus les restrictions persistantes à l'activité en Chine à ce jour, causées aussi par le Covid, plus l'impression énorme d'argent décidée à partir de 2020 à un rythme plus intense encore que sur la période 2009-2019, plus les effondrements de bourses mondiales résultant des doutes sur les profits futurs du fait du Covid (si bien que l'argent imprimé qui ne va pas dans la Bourse... doit bien aller ailleurs) Les deux séries de facteurs ont un poids important. Et je ne dis pas ça seulement parce que je suis Normand ... Même ça est un avantage plus théorique que pratique. A court terme, l'inflation qui bat des records générationnels pousse les Banques centrales à augmenter leurs taux. Même si elles le font dans de bien moindres proportions que l'augmentation de l'inflation, il en résulte un alourdissement considérable du service de la dette (le montant qu'il faut dépenser pour la faire rouler dans l'avenir), d'où des déficits qui s'aggravent à la fois pour acteurs publics et privés. On peut compter que à terme le poids de la dette diminue... mais à court / moyen terme, c'est le service de la dette qui augmente. Et à long terme comme disait Keynes "nous sommes tous morts" La "finlandisation" a des inconvénients, surtout si on la compare à des situations géopolitiques enviables, par exemple être protégé par deux océans et une dissuasion nucléaire - comme les Etats-Unis - ou être entouré de pays alliés et avoir une dissuasion nucléaire - comme la France - ou être entouré d'alliés et bénéficier d'une promesse de soutien de la superpuissance - comme l'Allemagne. ==>Seulement voilà, quelle situation géopolitique réellement atteignable pourrait être préférable à la finlandisation pour l'Ukraine ? Ceux qui proposent autre chose que la finlandisation de l'Ukraine omettent souvent de préciser quelle est leur solution. Ou alors ils en proposent une qui n'a aucune chance dans le monde réel, comme "L'Ukraine dans l'OTAN !", alors que l'OTAN c'est essentiellement "L'Amérique s'engage à vous protéger" et que Washington a dit, redit et répété que s'engager à protéger l'Ukraine c'est NON, NON et NON. Cela dit, cette discussion "Finlandisation oui ou non" n'est aujourd'hui que théorique, ou bien historique sous forme d'uchronie. La question présente est de savoir : - Si l'Ukraine, même avec le meilleur soutien occidental imaginable (par exemple, tous les pays de l'OTAN lui donnent 24% de leur meilleure artillerie, comme l'a fait la France... oui, c'est à vous que je parle M'sieur le Président Joe), a une chance de repousser l'armée russe hors de son territoire (*) - Ou si du moins le meilleur soutien imaginable, plus beaucoup de courage et de sacrifices, plus un peu de chance, pourrait permettre qu'il reste du moins un pays indépendant appelé "Ukraine" à la fin de cette guerre, même s'il est plus petit qu'avant (**) - Ou si à l'issue d'une guerre qui sera encore sanglante et longue, l'Ukraine se retrouvera dans la position de la Pologne en 1831, et que l'on ne puisse que dire "L'ordre règne à Kiev" (*) Non (**) Peut-être, et ça vaudrait la peine de faire des efforts pour ça. Ca justifie à mon sens que la France sacrifie temporairement un quart de sa meilleure artillerie - si ça peut contribuer, et il semble que oui -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Eh bien parce qu'il mange des pains au chocolat, alors qu'il faut évidemment manger des chocolatines, voyons ! Là, d'accord. J'ai une préférence personnelle pour l'art apolitique, mais je sais que d'autres accordent une valeur à l'art à dimension politique. Dans ce cas cependant, le seul art valable est celui qui gratte, qui va à contre-courant et interpelle. Une statue de Poutine à cheval sur un char miniature aurait une véritable valeur d'art politique... si l'artiste était russe et le jardin public à Moscou. Comme ce n'est pas le cas, l' "artiste" flattant le sens du poil et le sentiment commun... n'en est pas un. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Non, de troupes de choc néofascistes, pourquoi ? -
Sauf à ce que cette photo soit un pur montage, ce pauvre homme est effectivement bien à plaindre
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Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Voici Generation Cancellation (Génération Annulation), chanson du groupe d'electro-rave russe Little Big, populaire en Russie. C'est en anglais. De toute façon les paroles ne sont pas le plus important - plutôt le clip, et ça se passe de commentaires il me semble... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Merci. Il semble donc que Moscou ait vraiment l'option d'emm..der sérieusement la Lituanie ainsi que les autres pays Baltes en rendant plus difficile et coûteux leurs transports, de manière symétrique à l'emm..dement qu'elle subit à Kaliningrad. Je pense que c'est paradoxalement une bonne nouvelle, car il ne devrait du coup pas y avoir de tentation à Moscou d'augmenter les enchères et de changer de registre. Il faut probablement s'attendre à ce que les trois pays Baltes demandent une compensation financière au reste de l'UE. Ce serait juste, puisque c'est eux qui s'occupent d'emm..der les Russes pour nous, et en subiront des conséquences. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Merci. Je me baffe de n'avoir pas pensé à faire la vérification moi-même... alors que j'insiste à longueur de post sur la nécessité de ne pas prendre comme argent comptant les affirmations des divers experts (qui souvent sont en fait des "experts") ... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Article intéressant dans Vedomosti sur la situation avec la Lituanie et Kaliningrad, et description d'une possible riposte économique de la Russie envers la Lituanie sans aucun élément militaire Les autorités russes discutent d'une réponse à la Lituanie concernant l'interdiction du transit d'un certain nombre de marchandises par son territoire sous prétexte de mettre en œuvre les sanctions de l'Union européenne (UE). Cela a été annoncé aux journalistes dans l'après-midi du 22 juin par le secrétaire de presse du président russe Dmitri Peskov. Le 21 juin, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrushev, a déclaré que le peuple lituanien ressentirait sérieusement les conséquences de ces mesures. La réponse de la Russie aux restrictions de transit par Kaliningrad comporte trois étapes - à mesure que la situation s'aggrave, il s'agira de mesures économiques, politiques et militaires, explique Alexander Nosovich, un expert du groupe de réflexion Valdai. Très probablement, la réponse principale sera une restriction symétrique du transit vers la Lituanie. Le transport entre les États baltes et l'UE, y compris la Pologne, avec laquelle la Lituanie a une frontière, passe également par le rail via l'enclave russe. Au point de contrôle "Chernyakhovsk", il y a un point pour changer le gabarit de celui européen (la région de Kaliningrad l'a en commun avec les pays baltes - 1520 mm), dit Nosovich. Si la Russie interdit le transit par Kaliningrad, la Lituanie subira des pertes économiques. Une option proportionnelle peut être choisie, adéquate à la moitié de la nomenclature de transit interdite par la Lituanie. Dans ce cas, tout d'abord, le transit des engrais peut être suspendu, ainsi que des produits pétroliers du continent européen. Malgré le fait que la Lituanie ait formellement renoncé aux produits pétroliers russes, sa raffinerie de Mazeikiai (à temps partiel le plus gros contribuable du pays) fonctionne avec des matières premières livrées de Pologne via la région de Kaliningrad, rappelle Nosovich. (reste de l'article accessible seulement aux abonnés) J'espère que c'est ce genre de tactique de pression que choisira Moscou, plutôt qu'une action militaro-technique. Il me semble que c'est de loin le plus probable - puisque ce genre de pression économique semble effectivement possible Sinon, un rappel intéressant par Le Parisien Fallait-il automatiquement appliquer les sanctions à l’enclave de Klaningrad ? En mai, le vice-ministre lituanien des affaires étrangères, Mantas Adomenas, déclarait pourtant au Monde que ce transit était « protégé par les traités internationaux, et exclu de toutes sanctions ». « L’aspect purement technocratique l’a emporté, mais l’impact géostratégique sur les Russes n’a pas suffisamment été pris en compte, déplore le politologue Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions européennes. Cette mesure peu utile pourrait provoquer un incident très rapidement. » Serait-ce une technocratie obtuse qui aurait frappé, comme le suppose ce politologue ? -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je signale sur le même sujet l'avertissement très clair du sénateur Vladimir Djabarov, de la commission des Affaires étrangères du sénat de Russie, lorsque l'éventualité d'un blocus de Kaliningrad avait été évoquée début avril La Russie peut briser le blocus de Kaliningrad si l'Occident s'y met - mise en garde d'un sénateur "Je pense que pour l'instant, c'est un jeu, on teste les eaux <...>. En cas de blocus, comme ils le disent, l'Union soviétique sait comment briser les blocus, nous (la Russie en tant que successeur de l'Union soviétique - TASS) avons une vaste expérience", a déclaré le sénateur. "S'ils veulent aller jusqu'à nous faire briser ce blocus pour sauver la vie de notre peuple, qui vit là-bas, nous pouvons le faire", a déclaré M. Dzhabarov dans une interview vidéo au centre de presse de Parlamentskaya Gazeta (journal parlementaire). Il a toutefois exprimé l'espoir que l'Occident "aura assez de cervelle pour opter contre cela". On pourra évidemment jouer la carte du purisme. "Il n'y a pas de véritable blocus, en effet nous bloquons seulement 50% des marchandises !" ou bien "Mais ils peuvent toujours passer par la mer !" Cependant, je ne vois pas Moscou l'entendre de cette oreille, et de fait ils utilisent déjà le mot "blocus". Tout ce qu'on peut dire, c'est que l'avertissement n'a pas été entendu. Etait-ce "que de la gueule" ? -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Voic un document utile pour apprécier les conséquences de cette décision de la Commission européenne, précisant à la Lituanie que oui il faut bloquer les marchandises circulant entre la province de Kaliningrad et le reste de la Russie et qui auraient été interdites d'importation si leur destination finale avait été sur le territoire de l'UE (ce qui n'est évidemment pas le cas), décision que Vilnius applique obligeamment. Il s'agit de la Déclaration conjointe sur l'élargissement de l'UE et les relations entre l'UE et la Russie qui date de 2004, où l'on peut notamment lire nous confirmons que, sur la base de l'article 12 de l'APC et de l'article V du GATT, nous veillerons à la mise en œuvre effective du principe de la liberté de transit des marchandises, y compris de l'énergie, entre la région de Kaliningrad et le reste de la Russie. En particulier, nous confirmons que ce transit sera libre, que les marchandises en transit ne feront pas l'objet de retards ou de restrictions inutiles, qu'elles seront exemptées de droits de douane et de droits de transit ou d'autres frais liés au transit, à l'exception des frais de transport ou des frais correspondant aux frais administratifs résultant du transit ou aux coûts des services rendus, et que ces marchandises en transit, à destination ou en provenance de la région de Kaliningrad, bénéficieront d'un traitement non moins favorable que celui qui leur aurait été accordé si elles avaient été transportées sans transiter par le territoire de l'UE, conformément aux conditions générales applicables à tous les échanges de marchandises entre l'UE et la Russie nous notons que, sur la base de l'article 19 de l'APC, des interdictions ou des restrictions ne peuvent être imposées à des marchandises en transit que si elles sont justifiées, entre autres, par des raisons d'ordre public, de protection de la santé et de la vie des personnes ou de protection de la propriété intellectuelle, industrielle et commerciale. Nous notons également que ces interdictions ou restrictions ne doivent cependant constituer ni un moyen de discrimination arbitraire, ni une restriction déguisée au transit, dans les limites des compétences conférées à la Communauté A noter que l'APC, accord de partenariat et de coopération entre Russie et Union européenne, est toujours en vigueur. En somme, et sous réserve qu'un juriste, utilisant des inscriptions en petits caractères écrites quelque part, parvienne à démontrer le contraire, il semble bien que l'UE en ordonnant le blocage d'une bonne partie du transit de marchandises entre Kaliningrad et le reste de la Russie, et la Lituanie en s'exécutant, viole des engagements existants. Est-ce important, puisqu'après tout ce n'est que des Russes qu'il s'agit ? Non et oui. - Non, puisqu'après tout la Russie a violé la première certains engagements, par exemple celui de ne pas attaquer l'Ukraine, et que sur le plan de la morale pure elle est bien mal placée pour reprocher à d'autres de violer leurs engagements à eux. - Oui, parce que le viol des engagements - et pas sur un petit sujet, ni sur un sujet sans importance aux yeux de Moscou - a tendance ou du moins risque de mener à certains types de relations. Par exemple le type de relations qui existe aujourd'hui entre la Russie et l'Ukraine. Ce n'est pas qu'il y mène certainement - mais le risque en est ouvert. - Oui encore, parce que la Russie va sans doute chercher une riposte à la hauteur de la gêne et de l'humiliation qu'elle subit. La solution la plus simple, qui serait privilégiée si c'était possible, est sans doute de leur couper le gaz - et ça leur fera les pieds ! Seulement voilà, Vilnius s'est rendu indépendant du gaz russe... plus possible de riposter de cette manière-là. D'où mon questionnement. Les autorités russes ont précisé dès le 21 juin que les mesures qui seront prises auront "un impact négatif grave sur la population lituanienne". Soit. Seulement voilà, gêner économiquement la Lituanie ne semble guère envisageable, voire c'est complètement bloqué. ==>Alors qu'est-ce que Moscou peut faire au juste ? Il y a deux pensées dans mon esprit : - Bien sûr la Russie ne va pas envahir l'Ukraine et tenter d'en prendre le contrôle. Le traité de l'OTAN est en vigueur, le président américain a dit être décidé à en appliquer rigoureusement l'article 5 sur la défense collective, et d'ailleurs même les Russes nationalistes ne sont pas intéressés par les pays baltes - ce sont les Slaves qu'ils veulent "rassembler" - Mais, sachant que la Russie va forcément faire quelque chose, et pas une simple bouderie genre rappel d'un ambassadeur, qu'est-ce qu'elle peut faire au juste sinon quelque chose de militaire ? ==>J'aimerais bien me rassurer en trouvant un type de riposte à la fois sérieux et totalement non agressif - si des gens non initiés peuvent le trouver, alors les dirigeants russes le trouveront aussi sans doute. Je n'en ai pas trouvé. Quelqu'un a une idée ? Ce qui serait grave voire "fou" - mais peut-être pas suffisamment pour que Poutine l'écarte d'emblée - ce serait non pas une invasion en bonne et due forme à laquelle je ne crois personnellement pas, mais un acte d'agression caractérisé, cependant inférieur à l'invasion pure et simple. A visée d'intimidation. Les possibilités sont nombreuses, par exemple l'attaque d'une infrastructure majeure comme le port de Klaipėda ou la principale centrale électrique du pays à Elektrėnai, de manière éventuellement limitée (coup de semonce) voire avec déni en utilisant des drones - sur le modèle de l'attaque iranienne de 2019 sur une infrastructure pétrolière majeure en Arabie saoudite à Abqaïq. Et bien d'autres. ==>Le calcul serait qu'une attaque de nature militaire, mais laissant l'option de faire semblant de croire qu'elle serait en-dessous du seuil et ne semblant pas être destinée à se répéter, ne devrait pas être suffisante pour que le président Biden sorte de sa réticence à faire la guerre à la Russie Il serait évidemment nettement plus prudent pour Moscou de "laisser couler". Mais ça ne semble pas être leur humeur en ce moment. Sauf, encore une fois, s'il est possible de trouver une riposte seulement économique ? Je pense qu'un très mauvais signe dans cette situation serait que Moscou s'adresse à Washington pour qu'il résolve le problème. Car ce serait un message sans équivoque sur le thème "Votre dépendant cause un problème qui pourrait spiraler hors de contrôle, merci de maintenir de l'ordre parmi vos vassaux". Et ce genre de message serait une indication d'une possible réaction militaro-technique - c'est le terme consacré -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je mets un lien vers cet extrait intéressant de propagande interne russe, que j'ai placé sur le fil Russie mais qui aurait tout aussi bien pu être ici -
Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Une petite note d'ambiance / de propagande / de mentalité, c'est cette vidéo publiée par Rogozine le PDG de Roskosmos - qui s'occupe des lanceurs spatiaux... et accessoirement des missiles balistiques - où il récite sur fond d'images militaires un poème qui fait allusion à un film célèbre : "Brat 2" Voici le texte original de ce poème et une tentative de traduction (pas de tomates pourries, please !) J'ai découvert que j'ai Une grande famille Et un chemin et une forêt Chaque oreille dans le champ La rivière, le ciel bleu Tout cela est ma maison Voilà ma Patrie, Moi j'aime tous les êtres sous le ciel ! Le sens originel du poème est à l'évidence l'amour et la fraternité avec chaque être dans le monde, et le Monde entier reconnu comme patrie. Ce poème est cependant récité vers la fin du film Brat 2 ("Le Frère" 2), thriller criminel où le héros va jusqu'en Amérique pour redresser un tort - il y sortira d'un enfer une jeune femme qui s'y est perdu. Le film se termine bien, c'est-à-dire qu'ils reviennent tous deux dans la Patrie - la Russie bien évidemment, non le monde entier. Plus précisément, le héros le récite en s'introduisant dans le repère des méchants à New York. Où il réalise un véritable massacre. Ces méchants sont, bien évidemment, tous des Américains. Dans l'histoire, les Russes du mauvais côté sont essentiellement des gens qui se sont perdus aux lumières de l'Amérique. "Moi j'aime tous les êtres sous le ciel !" en prend un autre sens, bien particulier... Voici le lien Youtube, qui ne peut être collé sur un autre site Quant à Rogozine, il récite sur fond d'images de l'armée russe. Et il est bien clair que par forêt et rivière, nous sommes invités à entendre : ceux de la seule Russie, la Patrie dont il est question. Le vers final "Moi j'aime tous les êtres sous le ciel !" est récité... sur fond d'essai de lancement de balistique intercontinental ... Et la devise finale "Сила в правде" c'est-à-dire La Force est dans la Vérité est elle aussi reprise du film Brat 2. Car lorsque le héros se tient l'arme à la main devant le chef des méchants, qui se décompose littéralement de peur et ne conserve aucune dignité, il lui tient ce discours Dis-moi, l'Américain, qu'est-ce que la force ? L'argent ? Mon frère dit que c'est l'argent. Tu as beaucoup d'argent, et alors... ? Je pense que la force est dans la vérité. Celui qui a la vérité est le plus fort. Tu as trompé quelqu'un, gagné de l'argent, et quoi, tu es devenu plus fort ? Non ! Parce que la vérité n'est pas avec toi ! Et celui que tu as trompé, il a la vérité derrière lui. Donc il est plus fort. Oui ?! Ce passage est ultra-connu en Russie. Là bien sûr, il faut que le Français dise un mot. Ou le Belge, l'Allemand, le Kenyan - en tout cas un type qui n'est pas directement impliqué dans cette petite dispute entre Russes et Américains - à moins bien sûr que ce ne soit plutôt une fantasmagorie russe sur une vision de l'Amérique pas nécessairement conforme à la réalité. Et il va forcément remarquer que certes, le héros du film a raison de dire que l'argent que le méchant a volé par tromperie ne lui sert plus à rien. Mais que ce n'est pas tellement à cause d'un truc appelé "Vérité". Plutôt d'un truc comme "Pistolet chargé dans la main du gentil" (qu'est-ce qu'il peut être cynique, ce Français !) Comme le Français est cynique - et qu'il a plus ou moins suivi ce qui se passe depuis février - il pourra aussi émettre quelques doutes sur l'idée que le gouvernement russe serait toujours du côté de la Vérité. Quant à l'idée d'aller sauver les Russes qui se sont perdus aux lumières de l'Amérique - laquelle contrôlerait entièrement l'Ukraine - il pourra aussi remarquer que Marioupol comme Severodonetsk sont des villes du Donbass, qu'il n'en reste plus grand chose de fonctionnel, que d'ailleurs tous les cadavres n'ont pas encore été retirés des décombres, et que ça fait un peu désordre s'il s'agit de sauver des gens. C'est dire s'il est cynique, ce Français ! -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Nouveau rappel du fait que si l'ambiance sur AD est plutôt type "vestiaire masculin" c'est bien parce que l'aimable assistance rassemble 99,9% d'hommes et <0,1% de femmes. Nan, parce que ce genre de remarques ne serait pas faite si une oreille féminine était à portée ! Certes, quand les bornes sont franchies il n'y a plus de limites, mais... Moi j'aimerais bien que ces deux-là en restent aux enfantillages - «Boris Nemtsov Plaza» pour l'ambassade de Russie à Washington ? Attends, j'vais t'en donner de la «place de la République populaire de Donetsk» pour ton ambassade à Moscou ! Parce que si seules ces bornes là sont franchies, eh bien je peux encore m'en accommoder. Plus, j'suis pas sûr -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Le problème dont tu parles est avant tout médiatique. Lorsque Madeleine Albright a disparu, je n'ai pas vu en tête des articles qui l'évoquaient le moindre rappel de ses plus belles citations, comme "A quoi sert votre belle armée, si on ne peut pas l'utiliser ?" (dit à Colin Powell) ou "La mort de 500 000 enfants irakiens [ du fait de l'embargo maintenu par les Etats-Unis ] ça valait la peine" Lorsque Colin Powell a disparu, il y a eu à peine quelques allusions gênées au fait qu'il avait agité certaines fioles à l'ONU. Il aurait été plus juste d'écrire "Ce criminel / Cette criminelle est mort(e). Dieu ait son âme" Plus court, aussi, que les habituels panégyriques -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie Nicolai Patrouchev confirme que la riposte à la restriction, décidée par Vilnius sur impulsion de Bruxelles, des transports vers Kaliningrad passant par la Lituanie ne tardera pas, et qu'elle sera lourde "Le dernier exemple en date est le blocus par la Lituanie , à la suggestion des pays occidentaux, en violation des normes et principes du droit international, du transit par son territoire vers la région de Kaliningrad d'un grand groupe de marchandises (...) Des mesures appropriées sont en cours d'élaboration dans un format interministériel et seront prises dans un proche avenir. Leurs conséquences auront un impact négatif grave sur la population lituanienne" Je ne sais pas ce que sera exactement cette riposte. Mais si l'impact s'avère effectivement "grave" comme l'affirme Patrouchev, il sera toujours possible d'expliquer aux Lituaniens qu'ils peuvent être rassurés, la décision de Bruxelles et Vilnius est la bonne puisqu'elle aide grandement les Ukrainiens. En effet la suspension de la moitié du trafic entre Kaliningrad et le reste de la Russie gênera énormément Moscou pour poursuivre son invasion. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
N'exagérons rien. Par la puissance économique, la Russie certes est non seulement derrière l'Allemagne, mais derrière Inde, France, Royaume-Uni comme Italie. Mais en termes militaires, la puissance russe est et reste largement supérieure à l'indienne - penser SNA, missiles de croisière, bombardiers intercontinentaux - et même largement affaiblie par la guerre en Ukraine - qui lui aura aussi fait gagner une expérience certaine - elle restera clairement au-dessus de l'actuelle puissance militaire française, ou britannique, a fortiori allemande. Bien sûr, en cas de réarmement massif en France - genre au-delà de 3% du PIB pendant deux décennies - cela pourrait changer. Mais je ne vois pas qui serait prêt à l'envisager. Lorsque la RSS du Kazakhstan est devenue indépendante de l'Union soviétique en 1991, sa capitale était Almaty la plus grande ville, qui se trouve dans l'extrême sud. Quand le président du Kazakhstan Nazarbaïev, en fonction de 1984 à 2019 (déjà du temps de l'URSS !), a décidé en 1998 de déplacer la capitale à Akmola dans le nord du pays (l'ancienne Tselinograd, rebaptisée Astana et plus récemment Nour-Soultan)... les députés ont cru à une blague ! Cependant Nazarbaïev avait ses raisons. Et il se murmure que s'il a voulu que la capitale soit située en pleine zone ethniquement russe, c'était avant tout une décision stratégique pour consolider l'unité du Kazakhstan à long terme. Y compris pour face à tout éventuel irrédentisme. Je ne sais plus qui disait que les étrangers ont toujours eu beaucoup de mal à évaluer la puissance militaire de la Russie. Tantôt ils l'estiment plus haute que la réalité, et sont surpris par ses ratages (guerre russo-japonaise 1904-05, début de la guerre d'Hiver 1939-40, effondrement militaire de l'été 1941 qui vaut le français de l'année précédente, début de la guerre d'Ukraine 2022-xx) Tantôt ils l'estiment trop bas, et elle surprend par ses succès (au-delà de l'exemple évident de la seconde guerre mondiale victoires de Moscou décembre 1941, Stalingrad janvier 1943, on peut citer par exemple le retournement de la guerre civile syrienne en 2015 obtenu avec 5 000 militaires seulement) ==>Je me garderais bien de tirer des conclusions trop fortes et trop définitives des erreurs et des mécomptes russes au début de leur invasion de l'Ukraine -
Allemagne
Alexis a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Comme l'a dit Patrick plus haut, je ne crois pas que ce genre de comportement "passerait" en France. Si l'ambassadeur ukrainien en France se comportait de la sorte, la partie raisonnable et modérée de moi-même voudrait que l'ambassadeur soit renvoyé à Kiev avec la trace de la semelle de Macron sur le fond de son pantalon. Quant à ma partie émotionnelle (qui n'aurait pas le dessus, bien sûr)... elle se demanderait quelles armes la France pourrait donner à la Russie ! C'est absolument essentiel pour arrêter la guerre. Il faut comprendre que dès qu'il apprendra que l'Ukraine est rentrée dans l'UE, Poutine se roulera par terre de désespoir et ordonnera le retrait précipité des troupes russes de tout le territoire ukrainien y compris la Crimée, avant d'aller faire amende honorable à Rome auprès du Pape. C'est dire si c'est urgent. C'est pour ça que Olaf Scholz prend garde à bien fermer les portes à la Chancellerie, et surtout pas de courants d'air ! Mais les néofascistes (bandéristes) font 2% aux élections. Si nous étions en 2021, je serais d'accord pour dire que le gouvernement ukrainien n'avait pas les fesses propres. Même s'il fallait déjà remarquer à l'époque que le nouveau président élu en 2019 l'avait été avec comme programme d'arriver à la paix dans le Donbass et de lutter contre la corruption - tout sauf les objectifs d'un peuple qui serait possédé par le nationalisme. Et le fait que Zelensky ait déçu ensuite, sur l'un comme sur l'autre objectif - juste avant l'invasion, il n'était guère populaire - n'empêche pas que ce que voulaient la majorité des Ukrainiens avant l'invasion, c'était précisément ça. Cependant nous sommes en 2022. La violence principale, en dimension actuelle, sans parler de la possibilité que ça s'aggrave encore, c'est celle de l'invasion et du projet de russification forcée par la violence mené par Moscou. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
J'avoue que je ne comprends pas trop ces nombreux échanges au sujet de la désirabilité - ou non - que la Russie s'effondre dans le chaos et/ou soit disloquée entre plusieurs voisins, mouvements indépendantistes, terroristes et autres Il y a des raisons pour imaginer que ce serait un objectif réaliste de politique étrangère, et personne ne m'en a parlé ? Sinon, j'en ai d'autres : ==> En cas de nouvelle guerre de Sécession aux Etats-Unis à coups d'armes nucléaires, quid des retombées au Canada et au Mexique ? ==> Si la France partage ses armes nucléaires avec l'Allemagne, qui élit un nouvel Hitler, lequel lance un M-51 sur Israël, qu'est-ce qu'on fait ? ==> Si la dénatalité en Chine décide Pékin à mettre en service des I.A. de remplacement qui se révoltent contre les hommes et commencent à tirer au nucléaire sur tout le monde, quelles conséquences sur le réchauffement climatique ? Je veux dire, si l'objectif est de discuter des scénarios de politique fiction à dormir debout ... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Voici la manière dont les médias russes peuvent décrire la réaction des autorités de leur pays à la décision de la Lituanie La Russie a lancé un ultimatum à la Lituanie concernant le blocus des transports de Kaliningrad Bien sûr, il s'agit de médias contrôlés par l'Etat. Et bien sûr il s'agit en partie de montrer à la population qu'on ne se laisse pas faire. N'empêche que la caractéristique d'un ultimatum est d'intimer à la partie adverse l'ordre d'adopter un certain comportement, faute de quoi une menace sera mise en œuvre. Quant aux les paroles officielles (communiqué du MAE russe) sont effectivement dures Nous avons indiqué que nous considérons les mesures provocatrices de la partie lituanienne, qui violent les obligations juridiques internationales de la Lituanie, principalement la déclaration conjointe de la Fédération de Russie et de l'Union européenne sur le transit entre la région de Kaliningrad et le reste du territoire de la Fédération de Russie de 2002, comme ouvertement hostiles. À cet égard, il a été déclaré que si, dans un avenir proche, le transit de marchandises entre la région de Kaliningrad et le reste du territoire de la Fédération de Russie via la Lituanie n'est pas entièrement rétabli, la Russie se réserve le droit de prendre des mesures pour protéger ses intérêts nationaux. Et le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a qualifié la décision des autorités lituaniennes d'illégale et sans précédent. Selon lui, cette situation nécessite une analyse approfondie, qui sera menée dans les prochains jours, après quoi des mesures de rétorsion seront prises. Décryptons : on va riposter, mais on ne sait pas encore comment. Il est vrai que la Russie peut être embarrassée pour définir la riposte, étant donné qu’elle ne peut plus utiliser « l’arme » du gaz, la Lituanie s’en étant affranchie grâce au gazoduc GIPL [Gas Interconnection Poland-Lithuania] Enfin, je suppose qu'ils arriveront bien à trouver quelque chose... on peut leur faire confiance pour ça ... Ce qui m'interpelle dans cette histoire, c'est que c'est la Lituanie qui se charge d'emm..... les Russes. Qu'il soit de bonne politique, et conforme à la règle qu'on ne fait de bonne politique internationale qu'à partir d'un rapport de force, d'emm..... la Russie vu qu'il faut bien reconnaître qu'elle emm... pas mal ses voisins de l'Ouest, je peux le comprendre. Qu'établir ce rapport de force n'exclue d'ailleurs aucunement d'échanger ensuite avec Moscou les bons procédés suivant un principe on ne peut plus classique, cela va de soi. Oui, mais ce qui me dérange un peu - et me dérangerait carrément beaucoup si j'étais lituanien - c'est de mettre "Lituanie" et "rapport de force avec la Russie" dans la même phrase Oui bien sûr, la Lituanie est une partie de l'Occident. Et l'OTAN la protège. Et cette protection est Sûre, et encore Eternelle. Enfin, disons plus réalistiquement que comme ce sont les Etats-Unis qui assurent l'essentiel de cette protection, elle peut apparaître plutôt - disons "raisonnablement" - sûre pour encore deux ans et demi. Ce qui est quand même un peu plus court que l'Eternité. Si c'était la France qui se trouvait à la place de la Lituanie, je n'aurais pas d'objection fondamentale à prendre une décision qui emm.... la Russie comme c'est pas permis. Après tout, il y a en permanence deux sous-marins au fond de l'eau, chacun avec 16 missiles, dont un seul suffirait à transformer la partie centrale de Moscou en chaleur et lumière. Donc bon, il y aurait un intérêt partagé par les deux parties à ce que d'éventuels échanges de piques - même très emm..dantes - s'arrêtent assez rapidement. Mais la Lituanie... n'a pas à ma connaissance deux sous-marins de ce type au fond de la Baltique ? Elle se repose donc entièrement sur la bonne volonté de Washington à continuer à la faire bénéficier de sa protection. Bonne volonté dont la stabilité dans le temps... est sujette à caution. ==>Je serais à la place des Lituaniens, je rajouterais encore une bonne couche de "on va pas trop mettre tonton Vlad de mauvaise humeur" à la protection existante. Juste à tout hasard, et à titre de précaution supplémentaire Et si vraiment la Commission européenne se faisait très insistante, appliquez les sanctions allez-y enfin, je répondrais que je suis tout à fait prêt à héberger des soldats d'un pays de l'UE - tiens, au hasard, la France - pour qu'ils appliquent eux-mêmes le blocage d'une bonne partie des communications terrestres russes avec Kaliningrad. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je pense qu'on ne s'est pas compris. Je disais justement que comparer Churchill et Hitler est absurde -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Euh, il y a peut-être une légère exagération On recense semble-t-il une dizaine de rues et avenues Stepan Bandera. Lors de la campagne présidentielle ukrainienne en 2019, on avait demandé au candidat Zelensky sa position sur Bandera. Il avait choisi un positionnement prudent (déjà bien appris le métier de politicien) : Pour clarifier s'il devrait y avoir des avenues pour Stepan Bandera, le candidat à la présidentielle a noté que Stepan Bandera est un héros pour certains Ukrainiens, et donc c'est "normal et cool". "C'est l'une de ces personnes qui ont défendu la liberté de l'Ukraine", a ajouté Zelensky. En même temps, il n'aime pas que tant de rues portent le même nom. (...) Volodymyr Zelenskyy estime que nous ne devons pas oublier de nommer ceux qui sont maintenant des héros et unissent le pays. Par exemple, il a suggéré de donner aux rues le nom du footballeur Andriy Shevchenko. Transcrivons dans un contexte français : On demande au candidat à la présidence Salomon Cohen sa position sur Joseph Darnand et faut-il donner son nom à des avenues. Cohen répond que comme certains Français considèrent Darnand comme un héros, alors c'est "normal et cool", après tout il a "défendu la liberté de la France". Quand même... nan juste une petite demande comme ça en passant... simple suggestion attendez oh là là c'est juste ça... Mais on pourrait pas plutôt mettre une avenue Zineddine Zidane à la place ? - Le fait qu'un candidat juif, qui devait plus tard la veille de l'invasion par la Russie rappeler que des millions d'Ukrainiens sont morts soit civils assassinés par les Nazis, soit soldats tombés dans l'Armée soviétique et qu'ils n'ont rien à voir avec le nazisme, et c'est la vérité pure et simple sur ce que faisaient les Ukrainiens pendant la guerre, loin des fascistes collaborateurs et exterminateurs comme Bandera, bref un candidat qui avait évidemment "le coeur au bon endroit", ait du se contenter d'une simple suggestion "Juste, on pourrait mettre un peu moins de matériel néofascite les gars... euh si ça ne vous dérange pas trop ?" montre bien que les néofascistes existent en Ukraine. Et qu'une campagne électorale impose de... prendre certaines précautions - Le fait qu'il y ait dix voies portant le nom du chef fasciste collaborateur du génocide des juifs et décideur du génocide des Polonais de Volhynie - c'est-à-dire beaucoup, beaucoup, beaucoup moins que de voies De Gaulle en France - doit aussi être noté. C'est évidemment dix de trop... mais ce n'est que dix. Ainsi que le fait que les partis néofascistes reçoivent 2% des voix aux élections ukrainiennes. C'est évidemment plus qu'en France où ce pourcentage est 0%... mais ce n'est que 2%. Ainsi que le fait que l'unité Azov représente 2% des soldats de l'armée ukrainienne. C'est évidemment trop pour une unité issue d'une milice néofasciste, fondée par un homme proposant que l'Ukraine prenne la tête des peuples blancs pour lutter contre les sous-hommes que dominent les sémites, unité où les néofascistes sont censés avoir été "noyés" dans les nouvelles recrues "ordinaires" (à moins bien sûr qu'ils ne leur aient enseigné la "bonne" doctrine ?) ... mais ce n'est que 2%. Désolé, mais c'est tout simplement complètement faux. Autant dire que Darnand ou Laval n'avaient rien de monstrueux. Et que Hitler n'était au fond pas pire que Churchill. Là, oui ! La crise de 2022 - l'invasion - n'a effectivement rien à voir avec les néofascistes ukrainiens, qui ne servent que de prétexte à Poutine, et sont une menace contenue par les autres Ukrainiens - dont l'écrasante majorité (98%) n'est pas néofasciste. - Les bandéristes ont collaboré avec les Nazis allemands qui en zone slave massacraient jusqu'à 1/4 des civils des territoires occupés (c'était le pourcentage en Biélorussie, et en Ukraine à peine moins), dépassant en férocité même les Communistes en mode "dékoulakisation" type staliniens années 1930 ou maoïstes années 1950 - Si on lit les récits sur la Shoah, on voit les Nazis être secondés par des "Hiwis", abbréviation allemande de "volontaires pour aider", qui sont souvent ukrainiens. Traduisons : ces Ukrainiens-là ne sont pas représentatifs de leur peuple. Ils en sont la lie, de même que les volontaires de la division Charlemagne étaient la lie du peuple français. Ces Ukrainiens là sont les bandéristes. - Ce sont eux aussi qui ont décidé d'eux-mêmes un génocide supplémentaire, sans que les hitlériens le leur aient même suggéré, celui des Polonais de Volhynie, avec 100 000 civils tués hommes, femmes, enfants, simplement parce que Polonais. Non, Bandera n'a absolument pas aidé l'identité ukrainienne à survivre à la guerre ! Ce sont les Ukrainiens combattant dans l'armée soviétique qui ont décidé la survie de leur peuple, de même que l'ensemble des peuples soviétiques, de même que l'ensemble des peuples alliés ! Rappelons que le peuple ukrainien, en tant que peuple slave donc constitué de "sous-hommes", était promis en définitive au même sort que le peuple juif dans la conception nazie du monde - simplement un peu plus tard que les Juifs qui avaient du point de vue des hitlériens le statut de cible prioritaire... ==>Le fait qu'un certain nombre d'Ukrainiens soient assez mal informés, ou hallucinés, pour identifier un tel homme à un héros, ne doit pas conduire les étrangers que nous sommes à faire la même erreur, qui est insultante au plus haut point pour le peuple ukrainien -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Bien sûr que les munitions sont essentielles. Bien sûr que des HIMARS sans roquettes ne serviraient à rien, et qu'un lanceur HIMARS bien approvisionné en vaudra plusieurs mal approvisionnés. Seulement voilà, je n'ai trouvé aucune donnée sur le nombre de roquettes que les Etats-Unis prévoient de livrer avec les HIMARS. Ils n'ont communiqué que sur le nombre de "4", et on parle maintenant d'une possibilité de "4" supplémentaires. As-tu trouvé mieux (c'est une vraie question, pas de la rhétorique ) ? La seule chose que j'ai trouvée, c'est ce genre de citation s'agissant du paquet d'aide que les Etats-Unis ont annoncé le 15 juin L'aide américaine comprendra deux lanceurs Harpoon et un nombre non spécifié de roquettes GMLRS (Guided Multiple Launch Rocket System) pour les systèmes HIMARS (High Mobility Artillery Rocket Systems) M142 déjà engagés, a annoncé à Bruxelles le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin. Quant aux britanniques, qui annoncent des lance-roquettes M270 Le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a également déclaré qu'en plus des M270, le pays fournirait des munitions M31A1 à l'échelle pour soutenir l'effort de guerre. A l'échelle ("at scale") c'est-à-dire en rapport avec le nombre de lance-roquettes livré. Ce qui paraît raisonnable. Il me paraît personnellement raisonnable de penser que les Américains aussi livreront un nombre de roquettes en rapport avec le nombre de lance-roquettes livré. Et ce n'est de toute façon que sur ce dernier nombre qu'ils communiquent. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Absolument, de même qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, un témoignage de ce genre ne fait pas un effondrement militaire. Le scénario de l'effondrement ukrainien est là. Mais aussi celui où l'Ukraine passe le cap difficile qu'elle traverse à l'évidence. Il me semble que Macron a raison de parier sur la résilience ukrainienne. Le pari est lourd, parce que c'est 1/4 de toute la partie la plus avancée de l'artillerie française qui est mis en jeu, mais il est probablement juste. C'est le moment quand même de se redire et de bien se remettre en face du fait que nous avons laissé les stocks d'armement français décliner jusqu'à des totaux très bas. Pas pour chercher qui de Pierre, Paul ou Jacques est le plus responsable. Mais pour prendre la résolution de réparer la situation, et le faire rapidement Les premiers HIMARS devraient arriver en Ukraine à la fin juin. Le Pentagone envisage de doubler le nombre déjà prévu, la décision n'a pas encore été prise. Bon cela dit, "doubler" dans ce cas signifie passer le nombre de 4 à 8... Les Etats-Unis en ont 400 dans leurs forces. Si cette décision est prise, ils auront fourni 2% de leur artillerie la plus avancée. ==>La France en est à 24% Le pays autrefois célébré comme arsenal de la démocratie peut certainement faire (beaucoup) mieux. S'il le décide. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Un fil intéressant sur les conséquences à prévoir de la guerre Russie-Ukraine sur la manière de faire la guerre et des conclusions à en tirer, et à appliquer sur les appareils militaires occidentaux Voilà maintenant 115 jours que la Russie a envahi l'Ukraine. Aujourd'hui, une analyse de la manière dont cette guerre a remis l'accent sur la capacité industrielle à soutenir des opérations militaires au 21ème siècle (1/25) Je mettrais l'accent en particulier sur les tweets 11 et 12 : Toute stratégie visant à accroître la capacité des forces militaires à combattre à grande échelle et à haute intensité pendant plus de quelques jours nécessite une augmentation de la capacité à construire un grand nombre de systèmes d'armes modernes complexes. Faire cela pour les équipements terrestres est difficile. Les chars et les camions, l'artillerie et les hélicoptères sont chers et sont actuellement produits en nombre limité. Le problème est amplifié pour les navires et les avions qui sont produits lentement dans un nombre limité de chantiers navals et d'usines. Il est possible que des solutions créatives à ce grave problème soient inventées. A titre initial, et comme mesure conservatoire pour au moins limiter les conséquences du problème, je pense qu'il faudrait définir une règle comme quoi lorsque il est déterminé que la structure de forces maintenue par le pays a besoin de N systèmes (chars, blindés, avions, artillerie, hélicoptères, navires...), le pays en fasse fabriquer 1,5 x N, voire je dirais 2 x N. Cela aurait un coût, mais en fait limité : - La moitié des dépenses totales de défense sont constituées du total salaires + pensions. Le matériel ne représente qu'une partie du reste - La majorité des dépenses de matériel sont en réalité des dépenses d'emploi de ce matériel : MCO, carburants, etc. Or les exemplaires supplémentaires seraient maintenus en stock sans être utilisés, ou bien une fois par an pour vérifier que ça marche toujours, donc les dépenses d'emploi seraient en fait négligeables, se limitant essentiellement au coût du stockage - Le matériel supplémentaire serait acheté au coût marginal, seulement le coût de production, puisque les dépenses de R&D auraient déjà été payées - Pour l'industriel, produire 2 x N exemplaires permettrait dans certains cas de changer les procédés et d'économiser y compris sur le coût de production unitaire Ajoutons que ce genre de mesures aiderait à maintenir ouvertes les chaînes de production - on a l'air bien c.. d'avoir fermé la chaîne du Leclerc, l'un des meilleurs chars au monde sinon le tout meilleur, mais on ne sait plus en faire ! - parce qu'il faudrait plus de temps pour produire ces exemplaires supplémentaires. Or une chaine de production existante c'est quand même plus pratique que de devoir reconstruire la chaîne de zéro ! Rappelons pour exemple que lorsque la France a progressivement réduit le nombre de FREMM produites des 17 initiales à finalement 8... le coût total a à peine baissé ! Les séries réduites, ça coûte horriblement cher à l'unité. Doubler une série, ça n'augmente pas beaucoup le coût total. La mesure conservatoire équivalente concernant le personnel est évidemment l'augmentation de la réserve opérationnelle. Ce qui suppose bien sûr d'attirer, de fidéliser, et de former continûment les réservistes à bon niveau, tout en leur facilitant l'adaptation de leur emploi principal à des périodes de 4 ou 6 semaines par an consacrées à l'entraînement. Des solutions pourraient certainement être trouvées pour peu qu'on y réfléchisse un peu et qu'on le veuille vraiment. -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est très vrai. L'une des raisons pour lesquelles l'Allemagne a besoin de beaucoup de gaz n'a rien à voir avec l'énergie... mais avec son rôle dans l'industrie chimique allemande. L'industrie chimique française... euh, changeons de sujet Absolument. ... C'est d'ailleurs ce qu'on a fait. Et à raison. Mais voici le problème, en lançant une guerre d'invasion avec objectif d'expansion nationaliste contre un pays voisin, en commençant à le dévaster, en y tuant des dizaines de milliers de personnes - et ce n'est pas fini - Vladimir Poutine a fichu par terre sans raison les relations économiques entre la Russie et l'Europe de l'ouest. Contrairement aux mensonges que ses propagandistes répètent, il n'y était absolument pas obligé, même en prenant comme base l'expression la plus froide des intérêts stratégiques russes : - L'Ukraine ne présentait aucun risque d'être intégrée à l'OTAN à terme moindrement prévisible - Les attaques ukrainiennes contre les populations séparatistes du Donbass d'une part étaient un problème d'ampleur très limitée - en pratique Kiev tuait peu. D'autre part si Poutine s'était vraiment donné pour objectif d'y mettre fin, il lui aurait été facile de simplement reconnaître RPD et RPL dans leurs frontières existantes, d'y déployer ouvertement des troupes russes y compris artillerie longue portée, et de répondre à tout obus tombant sur ces populations par un missile de croisière sur les bases militaires ukrainiennes. Naturellement ça aurait couiné dans les chancelleries anglosaxonnes et en Pologne, naturellement de grands chevaux auraient été montés, mais... c'est tout. Le problème c'est que le gouvernement russe a déchiré lui-même la relation économique mutuellement profitable qu'il avait avec l'Europe de l'ouest. Que fait-on après ça ? Je ne sais pas. La Russie restera évidemment toujours au même endroit. Les besoins énergétiques des Européens resteront. L'Arabie saoudite est un régime à faire passer les nationalistes russes pour des humanistes. Les Etats-Unis continueront à s'occuper de leurs intérêts de puissance hégémonique qui entend le rester. Mais une partie de l'Ukraine restera occupée (et russifiée de force) après la guerre - voire qui sait toute l'Ukraine. Et ce n'est probablement pas demain que la Russie se donnera un meilleur régime. Sans compter que cette guerre est encore loin d'être terminée, que le risque qu'elle s'étende géographiquement n'a d'ailleurs pas disparu... Formuler une politique européenne, une politique russe, une politique énergétique dans ces conditions... c'est un chantier. Et il faudra encore y travailler longtemps, à mon sens