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Alexis

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Tout ce qui a été posté par Alexis

  1. Il y a une situation où on n'écoute plus la partie d'en face, et de manière démonstrative, ce n'est pas la diabolisation. C'est la guerre. La communication de Le Maire ce matin était à se mettre la tête dans les mains, mais il faut lui reconnaître qu'il ne disait que la stricte vérité. La décision collective des membres de l'UE ainsi que des États Unis est bel et bien une guerre économique visant à faire s'effondrer l'économie russe. C'est un choix. Ce n'est pas celui que j'aurais fait, mais cela a été celui de nos dirigeants. Alea jacta est. Je ne sais pas quelles seront les conséquences - à part l'évidence d'une crise économique cette année, au minimum en Europe, probablement dans le monde, et une augmentation notable voire forte de l'inflation - mais nous allons les découvrir. Je me demande si les dirigeants qui ont décidé de cette guerre économique radicale - pas loin d'être totale - ont bien pesé et réfléchi au fait, pourtant évident, que tu rappelles. Peut-être que si ? Les historiens de l'avenir en débattront, sans doute. De même qu'ils débattront de la radicalisation du président Poutine à la fin 2021. Et peut être à peu près dans les mêmes termes. C'est un scénario aujourd'hui inatteignable. Il est extrêmement difficile d'imaginer que Moscou s'arrête avant d'avoir atteint la "totalité" de ses objectifs en Ukraine, comme l'a rappelé Shoigou aujourd'hui. Même si l'économie russe s'effondre du fait de l'attaque occidentale. Et c'est une question de semaines plutôt que de mois. La question est plutôt ce qui se passera à moyen long terme. C'est là qu'il pourrait y avoir du jeu.
  2. Oui, d'accord pour dire que l'hypothèse de la "folie" de Poutine n'est guère utile à discuter, en plus de ne pas avoir beaucoup de fondements. S'il était fou, il ne serait sans doute pas resté au pouvoir pendant 22 ans. Il me semble prêt au risque afin d'être le Bismarck russe. Ce qui est bien différent. Les tweets que j'ai cités étaient des réactions sarcastiques à tous les commentaires sur le thème "nous devons imposer une zone d'interdiction de vol" et autres qui s'entendent chez certains politiciens américains et autres twittomanes irréfléchis. Poutine a expliqué très clairement qu'une intervention occidentale en Ukraine mènerait à l'utilisation de l'arme nucléaire. Il est prudent de prendre cet avertissement au sérieux, et c'est ce que ces spécialistes rappelaient. Fort heureusement, Biden est peut-être un peu fatigué voire atteint par l'âge, mais il n'est pas fou.
  3. Ce professeur et spécialiste de prolifération nucléaire pose une question qui moi aussi m'intrigue Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe lorsque vous étranglez l'économie d'une grande puissance autocratique dotée de l'arme nucléaire au beau milieu d'une guerre majeure ? Je pense que nous sommes sur le point de le découvrir. Aucun précédent historique clair pour éclairer le chemin. ... Ce qui est bien dans l'époque que nous vivons, c'est que nous allons découvrir la réponse à des questions intéressantes comme celle-là Mais d'autres questions en revanche sont plus "techniques" - Vladimir Poutine dirait "militaro-techniques" sans doute - et les personnes compétentes du forum pourraient sans doute apporter une réponse. Par exemple cette discussion - certes pince-sans-rire dans la veine Docteur Folamour, mais c'est un ton qui s'entend plus souvent qu'auparavant ces jours-ci - Dès qu'un lancement nucléaire russe sera détecté, tous les habitants de la côte Est auront 22 minutes pour tweeter comment cela prouve qu'ils avaient raison. - Ce n'est pas vrai - s'ils sont lancés depuis des sous-marins au large de nos côtes, nous aurons beaucoup moins de temps. Je suggère de rédiger des tweets et de les avoir prêts à être lancés en guise de contre-attaque.
  4. Jolie trouvaille C'est plutôt Kadyrov qui est un mélange de Gorafi et de férocité. Cela dit, il peut lui arriver d'avoir de bonnes idées : Sanctionner la conduite à gauche ? Eh, il faut y réfléchir ...
  5. Ca ne peut pas être sérieux La meilleure preuve en est qu'on ne trouvera dans l'entourage de Navalny nulle "Jamie Bond à la fois très sexy, résistante et totalement suicidaire, mais modeste" pourtant indispensable au plan décrit par @Boule75 Donc Navalny ne peut pas être un instrument américain de changement de régime En revanche, j'ai regardé ses doigts et je peux confirmer que c'est bien un reptilien.
  6. Rien de tout cela n'est assuré. Tout est encore en jeu, et les forces russes ont progressé rapidement durant les 5 premiers jours de l'invasion. Bref, j'ai l'impression que la colère - justifiée - devant la décision de Poutine mène trop souvent à croire ce que l'on voudrait être vrai. - Démilitarisation de l'Ukraine : si la Russie termine sa conquête, elle pourra imposer la démilitarisation - Arrêt de l'expansion de l'OTAN : le basculement de la Finlande ou de la Suède est un scénario, mais seulement un scénario, après les menaces explicites de la Russie contre ces pays s'ils rejoignaient l'OTAN, après les incursions de drones au-dessus des réacteurs nucléaires suédois à la mi-janvier, on se demande sans doute à Helsinki et à Stockholm s'il est plus sûr de demander à rejoindre l'OTAN, ou plutôt de ne pas le demander - RPD et RPL étendus à tout le Donbass : on est d'accord - Exploser la solidarité européenne : en effet ce n'est pas le résultat à ce jour, mais d'une part le résultat à terme n'est pas connu (prendre des décisions fortes dans l'instant sous le coup de la colère est une chose, maintenir une volonté tenace dans la durée malgré les obstacles en est une autre, et on ne sait pas encore si la première mènera à la seconde), d'autre part il n'est pas certain que Poutine s'en soucie vraiment. Dans son orientation "eurasienne", il est possible qu'il pense que l'UE peut aller se faire cuire un œuf, du moment qu'elle respecte la frontière du "monde russe" Il me semble que si, c'est bien le sens. Voici la manière dont la version russe de RT rapporte le discours de Poutine à Macron aujourd'hui Il est à noter que la partie française a exprimé l'espoir d'un règlement rapide du conflit actuel par le dialogue et les négociations avec Kiev. Selon Poutine, un tel règlement n'est possible qu'en tenant compte des intérêts de sécurité légitimes de la Russie, qui comprennent "la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée, la solution des tâches de démilitarisation et de dénazification de l'État ukrainien et la garantie de son statut de neutralité" "Démilitarisation" et "neutralité" sont bien deux points distincts. Et Poutine exige les deux. Le premier est демилитаризация, demilitarizatsiya. La définition de ce terme sur le Wikipédia russe ne laisse aucune place à l'ambiguïté. Voilà. Poutine va très loin dans le pôle "eurasien" de la stratégie russe, acceptant de réduire à quia l'autre pôle "occidentalisateur". Tous les Russes le suivent-ils sur ce choix ? Certainement pas. L'émigration, le tourisme etc. russe c'est vers Europe et Amérique du Nord davantage que Chine, Inde ou Japon ! Le balancier reviendra un jour dans l'autre sens, peut-être même avec grande force. Mais ce n'est pas pour aujourd'hui. Pas nécessairement pour demain non plus. Les drames humains et la souffrance de la guerre russo-ukrainienne, les désordres et les pertes de l'opposition entre Occident et Russie - qui seront lourds des deux côtés - empêchent évidemment de prendre les événements à la légère. Si on s'y essayait cependant, on pourrait dire : ==>La Russie fait collectivement un caca nerveux géant parce que l'Occident c'est tout horrible et pas bô d'ailleurs les Américains sont méchants et les Européens sont des pleutres alors on n'en veut plus, na ! Ca leur apprendra ! Et puis la guerre c'est chouette on est soldat et tout ==>L'Occident réagit collectivement par un caca nerveux géant parce que la Russie c'est tout barbare et vilain alors que nous on est bô et moral et civilisé et tout. Qu'ils aillent dans les ténèbres extérieures on n'aura plus de relation tant qu'ils n'auront pas reconnu qu'ils sont barbares et demandé pardon à genoux ! Et puis la guerre c'est chouette, surtout quand c'est les autres ...On pourrait rajouter bien sûr que ceux d'en face sont des hérétiques, tout le monde sait bien que l'Esprit Saint procède du Père et du Fils / du Père seulement (faites votre choix, oui c'est sur ça que le grand schisme de 1054 s'est joué). Et on irait alors à la racine des choses. Non, ce n'est pas une blague Mais bien sûr la plupart des Occidentaux et des Russes d'aujourd'hui, qui sont soit athées, soit catholiques ou orthodoxes mais n'arrivent pas trop à comprendre pourquoi ce point du dogme est autre chose qu'une discussion sur le sexe des anges, soit - j'en frémis - juifs musulmans voire - gasp ! - protestants... ne le croiraient pas.
  7. Ce qui me semble du gros portnawak... D'abord il y a quand même quelques accords à signer et approuver démocratiquement. Y compris par le parlement à Kiev, ce qui pose quelques difficultés logistiques. Oui, pires qu'à Paris. Ensuite les délais pour tout approuver devraient être de quelques semaines tout au plus. A moins d'imaginer inclure le gouvernement collabo à venir à Kiev ? Enfin le TUE inclut une alliance militaire. Donc dès la signature c'est direction Ukraine pour les armées de tous les pays de l'UE. Magnifique. Juste magnifique. C'est Von der Leyen qui est à l'origine de cette idée... brillante
  8. Si quelqu'un a cru sérieusement à la propagande des prétendus super soldats qui tombent en criant Slava Putina, oui effectivement constater que les soldats russes ne sont que des êtres humains, comme les Américains et tous les autres Français c'est sans doute un retour bienvenu à la réalité. Cela dit ça ne change pas grand chose à l'écrasement en cours de l'Ukraine Oui, sauf que... Cette image ressemble quand même furieusement à une illusion. Ça correspond à la communication russe peu avant l'assaut comme quoi "60 000" soldats de Kiev seraient concentrés dans le Donbass pour attaquer les séparatistes. La seule source à ma connaissance pour cette information est d'ailleurs la communication russe. Je recommande la prudence ... Et toutes ces destructions d'infrastructures civiles auront des conséquences très concrètes dans la durée. Après l'achèvement de la conquête et la probable constitution d'un gouvernement collaborationniste, Moscou redevenue métropole de toutes les Russies soutiendra t elle la reconstruction ? On peut le rêver... Mais ce n'est sans doute qu'un rêve
  9. Plus sérieusement et sur le sujet du fil, voici une opinion intéressante comme quoi la Chine peut briser les sanctions SWIFT mais à un coût élevé Selon un expert, le système de paiement CIPS peut remplacer SWIFT pour le financement du commerce russe, mais pourrait déclencher des sanctions américaines contre les banques chinoises. Le système chinois de paiements internationaux transfrontaliers (CIPS) peut remplacer SWIFT pour le financement du commerce russe, a déclaré un universitaire chinois au site d'information Observer basé à Shanghai (guancha.cn) dans une interview du 27 février (...) La Chine pourrait être réticente à aider la Russie à contourner les sanctions SWIFT, a déclaré le professeur Chen Xi de l'Institut supérieur de finance de Shanghai de l'Université Jiaotong dans une interview à l'"Observer", car les États-Unis pourraient riposter en imposant des sanctions aux banques chinoises. Cela aurait des conséquences désastreuses, a ajouté Chen. (...) "Par exemple, le système de paiement construit par la Chine peut être indépendant du système SWIFT contrôlé par les États-Unis, mais les nœuds intermédiaires sont tous des banques. Les États-Unis peuvent sanctionner ces banques. Si personne n'est autorisé à faire des affaires avec les banques chinoises, et que les autres pays coopèrent avec ces mesures, alors ce système ne fonctionnera pas." "La Russie a également construit son propre système de paiement indépendant", a déclaré Chen. "Elle pourrait également adopter le système de paiement transfrontalier mis en place par la Chine comme un remplacement potentiel de SWIFT. Mais le point essentiel est que ces systèmes internationaux transfrontaliers nécessitent tous la participation de banques réelles. (...) "En dernière analyse", explique Chen dans l'article de l'Observer, "le jeu entre les grandes puissances dépend de la force. Si les États-Unis n'ont pas du tout besoin des ressources russes, et s'ils n'ont pas besoin des produits chinois, ils pourraient certainement imposer des sanctions sévères. "Toutefois, étant donné le niveau actuel des échanges internationaux, si le commerce entre la Chine et la Russie était complètement coupé, il faudrait beaucoup de temps aux États-Unis pour s'y adapter, et les dommages causés aux chaînes d'approvisionnement causeraient des dommages à l'ensemble de l'économie mondiale." Il y a là un jeu à hauts risques et enjeux très élevés entre les deux superpuissances. Pékin peut choisir de ne pas soutenir le commerce extérieur de la Russie - ce qui rendra plus difficile à Moscou de s'en sortir - afin d'être sûr de protéger ses banques. Mais cela signifie laisser tomber son partenaire, au moment même où il serait possible de s'assurer la livraison de très gros volumes notamment de gaz et de pétrole - puisque Européens et Américains n'en veulent plus - par voie de terre donc hors de portée de la Marine américaine donc très intéressant en terme d'autonomie. Pékin peut au contraire aider la Russie en la laissant utiliser son alternative à SWIFT, voire en développant plus loin son utilisation - ce qui permettra à Moscou de limiter les dégâts économiques en réorientant ses exportations et importations, en premier lieu vers la Chine. Mais cela signifie donner le choix aux Etats-Unis entre soit rester spectateur en laissant faire, soit attaquer les banques participant au CIPS afin d'enfoncer davantage la Russie - ce qui signifierait pour Washington non seulement absorber les coûts et les troubles de la réorientation de leur commerce extérieur avec la Russie, certes beaucoup moins important que celui de l'Europe, mais encore des troubles profonds voire la condamnation de tout ou partie de leur commerce extérieur avec la Chine ! Je m'attends personnellement à ce que Pékin saute sur l'occasion, puisque Europe et Amérique se tirent des balles dans le pied afin d'empêcher la Russie de commercer avec eux, la livrant pieds et poings liés à la Chine sur le plan commercial ! Et voilà ce qui est peut-être la pire conséquence pour Moscou du projet impérialiste de Poutine sur l'Ukraine, faire du nouvel "Empire russe" ainsi créé (Russie+Ukraine+Biélorussie+RPD+RPL) un simple dépendant de la superpuissance asiatique au même titre que Londres est un simple dépendant de la superpuissance américaine. Et aussi la pire conséquence pour Européens et Américains de leur choix de réaction "maximale" à l'invasion de l'Ukraine, des troubles économiques sérieux voire graves, pendant que la Chine au contraire profite de la situation. Car enfin, comme lors de la guerre d'Irak, comme lors de la pandémie du covid-19... à la fin le seul vainqueur est la Chine Voici d'ailleurs un commentaire bête, méchant et tout
  10. Sans remonter jusque là, il y a seulement un siècle, et encore il y a trois quarts de siècle, les Russes étaient les ennemis non pas de l'Europe dans son ensemble, mais seulement d'une partie de l'Europe. Et nous, on était dans l'autre Ne pas l'oublier en effet. Même si l'époque actuelle c'est plutôt une resucée de l'insurrection de Novembre, le soulèvement de la Pologne contre le tsar de Russie en 1830, qui fut écrasé dans le sang. C'est de là que vient l'expression "L'ordre règne à Varsovie", illustrée par une fameuse caricature d'époque. Aujourd'hui certes il faut moderniser l'expression en "L'ordre règne à Kiev"
  11. C'est vrai. Mais ce qui compte au final, ce n'est pas la réaction des Européens sur le moment, mais leur réaction dans la durée. Lorsque l'Ukraine sera totalement contrôlée par la Russie après la défaite de toute l'armée ukrainienne - probablement d'ici quelques semaines - est-ce que l'opinion européenne passera sur le mode "volonté et persistance" dans la guerre économique contre la Russie, acceptant des inconvénients économiques réels voire une récession en bonne et due forme afin de continuer d'infliger des dégâts économiques à la Russie, espérant persuader la population russe de se révolter contre son dictateur ? Ou est-ce que une fois l'émotion initiale retombée - comme elle retomba pour les Kurdes ou les Yezidis en leur temps - la volonté retombera aussi ? Ce n'est pas écrit, ni dans un sens ni dans l'autre. [ J'arrête là, car ça devient du HS pour ce fil ]
  12. Nom très bizarre, en effet ! Tu m'aurais dit Мачулищи je t'aurais dit voilà un nom tout à fait courant ... mais Machulishchi !
  13. Voici un document que je trouve très révélateur de ce que pense et veut Poutine. Il s'agit d'un article initialement publié le 26 février, puis rapidement retiré par plusieurs médias russes. Il est cependant toujours disponible sur la version ouzbèke de Sputniknews (oui, il faut parfois aller chercher loin !) Cet article est un chant de triomphe - prématuré ? - suite à la renaissance de l'Empire russe. C'est aussi une esquisse de ce que seront ses relations - ou pas - avec l' "Occident". Le lien est fonctionnel du moins pour l'instant. La traduction complète suit, l'ensemble du texte est intéressant mais je n'en souligne que certaines parties. Et oui, Poutine c'est Bismarck Et cette vision, quoi qu'on en pense et quels que soient les obstacles que peut encore rencontrer sa concrétisation, est grandiose - ou déjantée c'est selon, au demeurant les deux ne se rejoignent-ils pas ? Je le redis, lorsque Poutine menace d'utiliser l'arme nucléaire contre le pays qui l'empêcherait de la réaliser, il faut le prendre au sérieux car il est tout à fait sérieux. S'il échoue, cela ne peut être que du fait des Ukrainiens s'ils savent conserver leur volonté d'indépendance dans les années à venir - qui seront dures pour eux - ou des Russes s'ils savent renverser leur régime actuel. Pas du fait d'un pays extérieur - même s'il n'est certes pas interdit de tenter d'aider les Ukrainiens. Et il n'est pas tout à fait exclu qu'il réussisse D'ailleurs, Bismarck a t il échoué, et Bavière et Rhénanie-Palatinat sont-ils à nouveau indépendants ? L'offensive de la Russie et le nouveau monde La Russie rétablit sa complétude historique en rassemblant le monde russe, le peuple russe, dans sa totalité de Grands Russes, de Biélorusses et de Petits Russes Un nouveau monde est en train de naître sous nos yeux. L'opération militaire russe en Ukraine a marqué le début d'une nouvelle ère, et ce dans trois dimensions à la fois. Et, bien sûr, dans une quatrième dimension, interne à la Russie. Une nouvelle période commence ici, tant dans l'idéologie que dans le modèle même de notre système socio-économique - mais cela mérite d'être abordé séparément un peu plus tard. La Russie rétablit son unité - la tragédie de 1991, cette terrible catastrophe de notre histoire, sa dislocation contre nature, a été surmontée. Oui, à grands frais, oui, à travers les événements tragiques de la guerre civile actuelle, parce que maintenant il y a encore des frères qui se tirent dessus, séparés par leur appartenance aux armées russe et ukrainienne - mais l'Ukraine en tant qu'anti-Russie n'existera plus. La Russie rétablit sa plénitude historique en rassemblant le monde russe, le peuple russe - dans sa totalité de Grands-Russes, de Biélorusses et de Petits Russes. Si nous abandonnions cela, si nous laissions une division temporaire s'installer pendant des siècles, nous ne trahirions pas seulement la mémoire de nos ancêtres, mais nous serions damnés par nos descendants - pour avoir laissé la terre russe se désintégrer. Vladimir Poutine a assumé - sans aucune exagération - une responsabilité historique en choisissant de ne pas laisser la question ukrainienne aux générations futures. Après tout, la nécessité de le résoudre restera toujours un problème majeur pour la Russie - pour deux raisons essentielles. Et la question de la sécurité nationale, c'est-à-dire faire de l'Ukraine une anti-Russie et un avant-poste de la pression occidentale sur nous, n'est que la deuxième en importance parmi eux. Et c'est ici que commence la deuxième dimension de la nouvelle ère qui s'annonce - elle concerne les relations entre la Russie et l'Occident. Pas même la Russie, mais le monde russe, c'est-à-dire les trois États, la Russie, le Belarus et l'Ukraine, agissant géopolitiquement comme un tout. Cette relation est entrée dans une nouvelle phase - l'Occident voit la Russie revenir à ses frontières historiques en Europe. Et il s'en indigne bruyamment, bien qu'au fond de lui-même, il doive admettre qu'il ne pourrait en être autrement. Quelqu'un dans les vieilles capitales européennes, à Paris et à Berlin, a-t-il sérieusement cru que Moscou renoncerait à Kiev ? Que les Russes seraient à jamais un peuple divisé ? Et au moment même où l'Europe s'unit, où les élites allemandes et françaises tentent d'arracher aux Anglo-Saxons le contrôle de l'intégration européenne et de reconstituer une Europe unie ? Oublier que l'unification de l'Europe n'a été rendue possible que par l'unification de l'Allemagne, due à la bonne (quoique pas très intelligente) volonté russe. S'en prendre ensuite aux terres russes relève de l'ingratitude, mais aussi de la stupidité géopolitique. L'Occident dans son ensemble, et plus encore l'Europe séparément, n'avait pas le pouvoir de maintenir l'Ukraine dans sa sphère d'influence, et encore moins de s'en emparer. Il fallait être un fou de géopolitique pour ne pas comprendre cela. Pour être plus précis, il n'y avait qu'une seule option : parier sur la poursuite de l'éclatement de la Russie, c'est-à-dire de la Fédération de Russie. Mais le fait que cela n'a pas fonctionné aurait dû être clair il y a vingt ans. Et il y a quinze ans, après le discours de Poutine à Munich, même les sourds pouvaient entendre - la Russie revenait. Aujourd'hui, l'Occident tente de punir la Russie pour son retour, pour ne pas avoir justifié ses projets de profit à ses dépens, pour ne pas avoir permis l'expansion de l'espace occidental à l'est. En cherchant à nous punir, l'Occident pense que les relations avec lui sont d'une importance vitale pour nous. Mais c'est le cas depuis longtemps - le monde a changé, et non seulement les Européens, mais aussi les Anglo-Saxons qui dirigent l'Occident, le comprennent très bien. Aucune pression occidentale sur la Russie ne nous mènera nulle part. Les deux parties subiront des pertes en cas de confrontation féroce, mais la Russie y est moralement et géopolitiquement prête. D'autre part, pour l'Occident lui-même, l'augmentation du degré de confrontation a des coûts énormes, dont les principaux ne sont pas du tout économiques. La Chine et l'Inde, l'Amérique latine et l'Afrique, le monde islamique et l'Asie du Sud-Est - personne ne croit que l'Occident dirige l'ordre mondial, et encore moins qu'il fixe les règles du jeu. La Russie n'a pas seulement défié l'Occident, elle a montré que l'ère de la domination mondiale de l'Occident est pleinement et définitivement révolue. Le nouveau monde sera construit par toutes les civilisations et tous les centres de pouvoir, naturellement, avec l'Occident (uni ou non) - mais pas à ses conditions et pas selon ses règles.
  14. Je ne l'imagine guère. Il me semble que le nucléaire n'est fait que pour les enjeux essentiels, donc si Poutine considère la conquête de l'Ukraine comme essentielle il sera prêt effectivement à l'utiliser mais seulement si l'intervention étrangère menace la réussite de la conquête. Et ce n'est pas une poignée d'avions soviétiques conservés par des pays d'Europe centrale qui y suffira. Mais bien sûr, c'est l'avis de Poutine qui compte, pas le mien
  15. Je pense qu'il le mesure maintenant. Mais pas certain qu'il l'ait envisagé - cela a peut-être été pour lui une désagréable surprise. Poutine a peut-être fait trop confiance au caractère pragmatique et prudent, voire calculateur des Européens de l'ouest en général, et peut-être des Allemands et des Français en particulier, sans apprécier suffisamment le fait que le réveil brutal qu'il a imposé à beaucoup pourrait changer cette psychologie - au moins de manière temporaire. C'est un joli scénario, et sur le principe rien n'est impossible certes. Cependant tous ceux qui sont un tant soit peu proches du pouvoir étaient à la réunion de lundi dernier où VVP a obtenu l'engagement de soutien public de chacun d'entre eux - ce qui les "mouille" tous. Et puis il n'est pas forcément si facile de monter un coup d'Etat qui ait une quelconque chance de succès. Le choix très lourd qu'il a fait inclut de toute évidence une part importante de risque, et il est remarquable qu'il ait accepté un tel risque. Il est cependant un peu tôt à mon sens pour conclure qu'il "a été victime" de l'hubris, car l'hubris est par définition quelque chose qui mène à la perte. Et rien ne garantit que le choix de Poutine d'ordonner l'invasion de l'Ukraine soit perdant en définitive. Le fait est que nous aimons à le penser, ou du moins la plupart d'entre nous. Mais ce n'est pas garanti. Il est très possible voire probable que ce soit l'idée. Quant à ce que l'objectif soit atteint, j'exprime de forts doutes. Si Poutine arrêtait et négociait en n'obtenant au final qu'une (assez petite) part de ce qu'il exigeait et annonçait dans son discours de début de guerre, l'humiliation serait cuisante au point d'être destructrice. Difficile d'imaginer qu'il y survive - il perdrait probablement le pouvoir assez rapidement. Le rouble qui n'existerait "quasiment plus" ? Oui il va perdre le support de grosso modo les 2 / 3 des réserves qui en garantissent la valeur, il va donc très certainement "dévisser" sous les attaques spéculatives. De là à disparaître ? L'économie russe sera à l'évidence touchée. De là à ce qu'elle s'effondre dans les prochaines semaines, soit suffisamment tôt pour qu'il reste encore une souveraineté ukrainienne sur une partie de leur territoire et un gouvernement autre qu'en exil... ça me semble une supposition aventurée. La masse monétaire du dollar américain (M1) est de l'ordre de 20 trillions de dollars. Si l'on suppose le même rapport entre M1 et PIB pour les autres économies mondiales - supposition évidemment imparfaite, mais il ne s'agit que de calculer un ordre de grandeur - le M1 mondial toutes monnaies fiduciaires confondues serait de l'ordre de 80 à 100 trillions de dollars. La masse d'or extraite des mines depuis le début de l'Histoire est de l'ordre de 200 000 tonnes, donc pour que le M1 de toutes les monnaies du monde soit remplacé par de l'or, il faudrait que le prix en soit de l'ordre de 4 à 500 000 dollars le kilogramme. Or le prix de l'or est actuellement de l'ordre de 60 000 dollars le kilogramme ==>Il faudrait qu'il augmente d'un facteur 6 à 9 Pas 1 000 Le système Bitcoin : - truqué ==>non (démontrable) - manipulable ==>non (démontrable, c'est d'ailleurs fait pour) - gouffre énergétique ==>oui (si on le considère inutile) ==>non (s'il finit par être utilisé autant que les convaincus s'y attendent donc à avoir une grande utilité) - contrôle juridique nul ==>oui (c'est fait pour, "it's not a bug it's a feature") "Non" est ta réponse, éminemment respectable en tant que telle. Ce n'est pas nécessairement une réponse universellement partagée. Pour rester sur le sujet de ce fil, surtout ce n'est pas nécessairement la réponse sur laquelle restera un Etat ayant vraiment besoin d'un système de transfert de valeur non censurable. Le potentiel existe que l'invasion de l'Ukraine et la crise économique qui va s'ensuivre joue le rôle d'un accélérateur de l'Histoire en avançant notablement la date de généralisation du sytème Bitcoin. Tu es en train de présupposer que l'annonce de Vladimir Poutine aujourd'hui comme quoi la dissuasion nucléaire russe est mise en "régime spécial d'alerte au combat" est un jeu, une rhétorique, un artifice de communication. Bref, que Poutine bluffe à l'évidence, que l'emploi du nucléaire russe à l'occasion de la crise ukrainienne est exclu. Bluffer, jouer et faire de la communication avec une chose aussi sérieuse que les armes nucléaires serait une pitrerie lamentable en effet, signant son guignol, digne d'un Trump. Je ne partage pas du tout ce présupposé. Je trouve le message de Poutine tout à fait crédible, et il me semble très important de l'entendre. Ce qu'a déjà dit Poutine lors de son discours de début de guerre, c'est qu'un pays qui interférerait avec l'intervention russe en Ukraine, un pays qui s'en prendrait à la Russie, courrait le risque que Moscou le frappe au nucléaire. Il a dit cela sans prononcer le mot "nucléaire", mais l'allusion était extrêmement claire. Poutine a aujourd'hui mis en avant des "déclarations belliqueuses" de "certains responsables de l'OTAN" pour justifier la mise en alerte renforcée de la dissuasion nucléaire russe. Or ces déclarations étaient dans le contexte de la guerre en Ukraine, c'est donc que le président russe ne faisait que répéter sur un autre ton - plus dur encore - ce qu'il avait déjà dit dans son discours précédent. Poutine a démontré en lançant l'invasion généralisée de l'Ukraine que ses menaces doivent être prises au sérieux. Celle-ci doit l'être également ==>Si un pays tiers intervient militairement en Ukraine, ou s'il agresse la Russie dans ce contexte, l'usage du nucléaire est possible
  16. Pour aider à la perspective sur le rythme d'avancée russe en Ukraine, voici une Carte animée de la progression américaine en Irak entre 20 mars et 15 avril 2003 Naturellement, toute comparaison doit être complète. On pourra noter que : - Le volume des forces assaillantes est à peu près équivalent - L'Irak était 1/4 à 1/3 plus petit et moins peuplé que ne l'est l'Ukraine moins Crimée et zone séparatiste du Donbass - L'armée irakienne était presque double en volume de celle de l'Ukraine sans ses réserves - L'Irak était sous embargo "dur" depuis 12 ans et affaibli à mesure De mon point de vue, dans cette liste, les facteurs + et - s'équilibrent plus ou moins. Et il ne s'agit certes pas de comparer au jour près, mais d'avoir des ordres de grandeur. Les voici : - < 4 semaines pour conquérir l'Irak - 6 semaines entre J0 et le discours de victoire "Mission accomplished" de Bush Tututut, faut pas croire tout ce que dit le Vladimir ! Je t'ai déjà vu moins naïf sur le sujet ... Hypothèse un peu glaçante mais pas nécessairement si aventurée : en dehors de l'aspect psychologique d' "envoyer les Tchétchènes" assez comparable à "envoyer les Huns" vu leur réputation parmi les populations slaves... ces troupes ne seraient-elles pas mieux à même de s'occuper de certains types de répression que des soldats russes après tout proches des Ukrainiens et auxquels on a dit qu'ils sauveraient les Ukrainiens de leurs mauvais gouvernants ? Si c'est le Canada que les Américains avaient envahi en 2003, ils auraient peut-être eu besoin eux aussi de troupes "spécifiques" afin d' "expliquer" certaines choses aux occupés ... La seule chose que je sais c'est que tout citoyen ukrainien a le droit de séjourner jusqu'à 90 jours dans tout pays de l'UE sans avoir besoin de visa.
  17. En effet, mais y a un truc qui me surprend. Il me semblait bien que dans les Évangiles il n'était pas question d'une deuxième crucifixion immédiate ?
  18. Allons, allons, tu es dur. Ce n'est pas comme si la ministre des Affaires étrangères britannique avait récemment confondu la mer Baltique et la mer Noire, ou comme si le ministre de la Défense avait affirmé que Londres pourrait aller botter le cul des Russes en Crimée... euh attends en fait
  19. Meuh non on n'a pas perdu @pascal Il nous faisait juste une petite interprétation de Vladimir Poutine
  20. Petit détail à ajouter tout de même : il a pris la main de notre économie avant de sauter ... Petit moment de détente, c'est BHL qui fait une proposition audacieuse de nouvelle sanction destinée à dissuader Poutine de continuer Si Poutine continue ses attaques, BHL menace d’enlever le dernier bouton de sa chemise
  21. C'est du prévisionnel et du théorique, mais puisqu'on commence déjà à l'évoquer depuis un moment, quelques réflexions sur les chances d'une guérilla indépendantiste dans une Ukraine occupée par l'armée russe ou dirigée par un gouvernement de collabos appuyé par les forces russes. Il me semble que les chances de cette guérilla pourraient être limitées : – En France après 1940, la résistance est initialement très faible. Elle ne grandira vraiment qu’après l’attaque allemande contre l’URSS, non seulement parce que bien sûr les communistes changent de camp, mais aussi parce que l’espoir d’une victoire et d’une libération devient possible... Mais où serait l’espoir pour des résistants ukrainiens ? – Après la victoire soviétique en 1945, les Ukrainiens fascistes anciennement alliés aux nazis (UPA) poursuivent une guérilla plusieurs années dans l’ouest de l’Ukraine, mais leur mouvement finit par s’éteindre malgré un soutien discret de la CIA. Certes c’est parce que la police de Staline a des méthodes disons « convaincantes »… Mais le régime de Poutine s’il n’en est pas là s’est quand même beaucoup durci depuis 2 ou 3 ans, et il pourrait continuer – Parlons géographie : les fascistes ukrainiens après 1945 n’ont pu résister que dans l’ouest, parce que c’est plus vallonné et forestier. Le reste de l’Ukraine est un espace beaucoup plus plat et ouvert, où la guérilla serait nettement plus difficile... Mais une guérilla limitée à une ou deux régions de l'Ukraine serait beaucoup plus facile à contenir voire éteindre – Parlons démographie : Afghanistan et Irak qui ont fini par décourager les Américains sont des pays en explosion démographique, beaucoup de jeunes, notamment des jeunes hommes capables de se battre, donc la possibilité de supporter les pertes très lourdes que subissent les guérillas... Mais l’Ukraine elle est en implosion démographique, peu de jeunes Un facteur qui pourrait être favorable pour une telle guérilla, c’est que les pays occidentaux pourraient concevoir des armes de guérilla « haute technologie » particulièrement efficaces et les fournir aux résistants ukrainiens. Par exemple, les explosifs improvisés que les islamistes utilisent si volontiers, et qui sont faits de bric et de broc, ne pourraient ils pas être fabriqués bien plus efficace par une industrie d’armement moderne ? Reste que les facteurs très négatifs pour une guérilla ukrainienne post invasion de 2022 pèsent lourd…
  22. Oui. La référence que j'ai en tête c'est Choc et Effroi version initiale en 2003. Les Américains ont mis une semaine (Edit) deux semaines à arriver près de Bagdad, trois semaines pour y éteindre toute résistance. Kiev est sans doute plus proche en partant de la Biélorussie que Bagdad en partant de l'Arabie, et les Russes semblent être prêts à prendre plus de risques. Mais tout de même !
  23. 1. Ce qui est décrit dans le post initial de Clairon est une défense avancée des Européens par eux-mêmes, une version "dure" de ce que Macron proposait à partir de 2017. Si les Européens se défendent par eux-mêmes, alors ils produisent européen naturellement. Dans ce cas, nous sommes de toute évidence concernés au premier chef, puisque dans "Européens" il y a "Français" 2. Le réflexe si bien installé, c'est une défense des Européens par les Américains - ou du moins la croyance européenne que les Américains les défendraient. Si ce réflexe se maintient voire se renforce - le plus probable à mon avis - alors il est en effet assez naturel que les pays européens qui choisissent de fonder leur sécurité sur la protection américaine achètent des armes américaines en gros, ne serait-ce que comme expression de loyauté. Dans ce cas, nous ne sommes pas vraiment concernés, puisque d'une part dans "Américains" il n'y a pas "Français", d'autre part la France n'est pas l'un de ces pays qui fonde sa défense sur la protection américaine. Dans ce deuxième cas, nous renforcerons sans doute quelque peu nos déploiements de "réassurance" en Europe centrale. Le mot clé sera peu. Car nous ne serons pas directement concernés, seulement indirectement. La France aura intérêt clairement à renforcer sa défense dans les années qui viennent, mais cela devra alors être dans deux directions prioritaires : Indépendance et Marine. Directions les plus pertinentes pour un pays qui entend continuer à peser de manière pas tout à fait négligeable à l'international. Et la planète, et l'international, c'est un peu plus grand que l'Europe de l'est, et c'est la Marine qui nous y relie.
  24. C'est possible, mais à utopie, utopie et demi. La stratégie décrite par Clairon suppose de grosses forces ouest-européennes déployées en Europe centrale et dans les pays Baltes ==>Et si c'était ça qui était utopique ? La réalité ça peut aussi être du matos américain en pagaille pour les pays limitrophes de Russie, Biélorussie et Ukraine... et une augmentation royale du détachement français de "300 hommes et 6 VBCI" à... 8 VBCI ? Donnant, donnant.
  25. Ce titre était trop rapide. En fait, non. Plus précis :
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