-
Compteur de contenus
16 584 -
Inscription
-
Dernière visite
-
Jours gagnés
274
Tout ce qui a été posté par Alexis
-
Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Rôooh... moi qui croyais avoir le monopole du mauvais esprit ! C'est spéculatif, mais ça pourrait faire partie d'un positionnement "moyen" de la Russie dans la campagne présidentielle française. Du point de vue de Moscou, la seule chose qui compte est l'attitude du futur président vis-à-vis de la Russie, de préférence plus amicale que celle de Hollande. L'option la plus probable et accessible est Fillon, et c'est sans doute ce que vise Moscou. D'un autre côté, Le Pen on ne sait jamais - même si une deuxième surprise à la Trump en moins d'un an, j'imagine mal que la Russie compte vraiment dessus. Faire de la publicité autour du prêt de la banque russe au FN - donc le gêner, et favoriser Fillon par contrecoup - tout en le laissant ne pas rembourser ce prêt pour l'instant - aidant sa trésorerie à l'approche de la campagne présidentielle - est peut-être un moyen de ménager et la chèvre Fillon et le chou FN ? De toute façon, parmi les quatre candidats dont les chances de l'emporter ne sont pas tout à fait négligeables, trois Fillon / Le Pen / Mélenchon sont favorables à une forme de rapprochement avec la Russie, seul Macron semble avoir une position différente - quoique assez floue - à la fois proposant "un dialogue constant et indépendant" avec Moscou et prévenant que la Russie n'est "pas une amie". Donc du point de vue russe l'élection présidentielle française présente de bonnes chances d'être positive, voire très positive. -
Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Il faudrait un très gros paquet d'avantages en effet, et pas du monétaire : avant tout du politique. Reconnaître l'intégration de la Crimée à la Russie ne suffirait pas, mais à mon avis si on y ajoute l'Alaska Poutine va se laisser tenter. -
Aujourd'hui est un grand jour. Jour de la libération ... de @Tancrède de sa fascination pour l'inauguration de Monsieur T =====> Je sors un moment !
-
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Bien sûr compréhensible, et bien sûr je l'approuve. Après, tout dépend du point de vue de chacun sur le libre-échange. Personnellement, je suis loin d'être libre-échangiste à tout crin, notamment lorsqu'il existe des différences importantes du point de vue des salaires et de la rémunération du travail plus généralement, ou encore lorsque le droit de la propriété intellectuelle est violé régulièrement. Mais justement, ce n'est pas le cas en Grande-Bretagne, dont les salaires sont globalement comparables à ce qu'ils sont en France - et ne parlons pas de la Roumanie par exemple. Donc, d'après mes positions personnelles au sujet du libre-échange, je ne vois aucun inconvénient à continuer ce régime d'échange avec la Grande-Bretagne, pourvu bien sûr de regarder les détails par exemple vraie origine des produits pour éviter que la GiBi importe des produits chinois passe un coup de peinture dessus et ne les déclare d'origine britannique, ou autre entourloupe imaginable. Si quelqu'un est protectionniste à tout crin, plutôt que modéré comme moi, il peut très bien vouloir refuser le libre-échange avec Londres afin de protéger les productions françaises ou continentales des infâmes envahisseurs de la perfide Albion. Je comprends le raisonnement, même si je ne l'approuve pas. Est-ce donc ce que pensent les dirigeants européens qui prévoient qu'on va traîner pour définir les futures relations commerciales, et quelques années au régime OMC ça leur fera bien les pieds à ces Anglais, et pan dans ta gueule ça t'apprendra ? Je ne crois pas. Je ne les ai pas connu si protectionnistes tendance FN puissance 10 quand il s'agissait du Canada ou des Etats-Unis... Non, si effectivement la négociation d'un traité de libre-échange UE-GB prend des années et des années... ce sera pour raison politique, pour punir le Crime commis par les Britanniques. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Faut avouer qu'une partie de la presse populaire britannique semble prendre Theresa pour la réponse britannique à Trump... "Nous refuserions un mauvais accord - et c'est l'UE qui paierait" Les gens du côté sud de la frontière qui paient, ça n'est pas beaucoup plus crédible dans ce cas-là que pour ce qui est d'obliger Mexico à financer la construction du mur. L'enjeu derrière ces coups de menton, c'est le traité de libre-échange voulu par Londres pour l'après-sortie, que les membres de l'UE n'auraient guère d'intérêt à refuser s'il s'agissait seulement de leurs intérêts concrets, parce que la Grande-Bretagne n'est pas plus loin que le Canada, et pourvu naturellement que les choses soient regardées en détail pour éviter toute possible entourloupe. Mais le gouvernement britannique peut craindre que pour raison politique "on va faire payer les Anglais" ou "faut quand même punir ceux qui sortent sinon ça va être la débandade" les Européens ne le refusent, ou ne le fassent traîner en longueur exprès. Et le problème de Londres est que ce type de comportement aurait beau être sous-optimal, l'UE a bien davantage la masse critique pour en supporter les inconvénients sans broncher, que ne l'a la Grande-Bretagne : forcément l'UE c'est plus gros vu de Londres que la Grande-Bretagne vu de Bruxelles. Après tout, il y a déjà une grande nation européenne qui est punie au piquet parce qu'elle a commis un Crime, et ses affirmations comme quoi les sanctions économiques pfou même pas mal et puis de toute façon les Européens se tirent une balle dans le pied... n'ont rien changé à ces sanctions, du moins pour l'instant. Oui bien sûr ces sanctions sont nocives aussi pour l'économie européenne, et les contre-sanctions sur les fruits et primeurs aussi, mais l'échelle de ces effets comparée à la taille économique de l'UE est suffisamment petite pour que ces inconvénients soient négligés - puisque c'est pour la bonne cause, puisque la Punition doit frapper le criminel qui nous menace. On objectera qu'intégrer la Crimée et sortir de l'UE ça n'est pas du tout la même chose et c'est évidemment vrai, mais en terme de choc et de menace concrète pour l'UE en tant que structure et mode de pensée partagé... c'est probablement le Brexit qui est le pire, et de loin. Je ne serais pas trop optimiste au sujet de la conclusion de cet accord de libre-échange à court terme. A mon avis, il serait prudent pour les Britanniques de partir de l'hypothèse qu'en 2019, leur relations économiques avec l'UE seront régies par les seules règles de l'OMC. Même chose pour les Européens qui souhaitent exporter dans les Îles britanniques, ce sera le régime OMC "sec" pour un certain temps. Allez, je fais mon Boris Johnson, j'utilise une petite image délicate et pas du tout déplacée pour illustrer le grand rapprochement qui se dessinera peut-être dans pas si longtemps... Une perruque blonde, vous dites ? Ben je l'ai déjà commandée sur Amazon.uk vous pensez bien. Comment ça, ils ne livrent pas en zone occupée ? Euh... -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Très reconnaissable, c'est un valeureux résistant anglais au nazisme continental, prêt à s'échapper de la prison tenue par l'infâme kapo collaborateur français François Hollande. Et je ne vois vraiment pas comment tu peux te permettre d'en parler sur ce ton. Le vrai courage ça se respecte, mince ! -
[OTAN/NATO]
Alexis a répondu à un(e) sujet de zx dans Politique etrangère / Relations internationales
Denis Mercier est chef de l'Allied Command Transformation, en charge notamment de la doctrine. Suite à retour de la France dans le commandement intégré décidé en 2008, ce poste autrefois systématiquement attribué à un Américain, est désormais systématiquement occupé par un Français, Mercier étant le troisième en date. Ce que ça veut dire : le général américain en charge de l'ACT était autrefois systématiquement celui qui dirigeait la United States Joint Forces Command, en charge de la transformation de l'armée américaine. Il occupait donc le plus clair de son temps à diriger le JFCOM, et supervisait aussi l'adaptation de la doctrine produite au JFCOM dans le cadre de l'ACT. Maintenant, pour récompenser la France d'avoir rejoint le commandement intégré, ce rôle d'adaptation des productions du JFCOM est dévolu à un Français, et le commandant de la JFCOM est déchargé de ce rôle, ce qui lui permet d'avoir un (petit) peu de temps pour son vrai boulot. Quand j'ai fait mon service militaire, il y avait une appellation assez désobligeante pour ce genre de boulot : l'adjudant photocopie. Denis Mercier occupe actuellement le poste de général photocopie. J'espère qu'il fait bien le boulot d'ailleurs, parce que la solde d'un général quatre étoiles est un poil plus élevé que celle d'un adjudant. Et puis à la différence d'une secrétaire, je soupçonne qu'il ne fait pas le café. Cela dit, la défense par Mercier de sa sinécure est compréhensible. Ainsi que celle des options de la structure qui lui donne son boulot, notamment la posture prioritaire contre la Russie, et puis les déploiements de forces blindées dans les pays Baltes, prioritaires comme chacun sait en ces temps de guerre terroriste contre la France et ses alliés. Vivement que la France sorte à nouveau du commandement intégré, ça nous évitera de devoir payer pour ce genre de choses. Sans oublier la corruption de certains de nos officiers généraux : si ça se trouve Mercier était un type très bien avant de prendre ses fonctions à l'OTAN, et il le redeviendra dès qu'il sera sorti de cette influence délétère. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Mieux vaux dire devenir un new man, c'est plus exact. Mais persiflerie mise à part, Erasmus ne se fait pas qu'en anglais, si ? On en apprend tous les jours, je vais me coucher moins sot ce soir au sujet du Bullingdon Club. A noter que suivant un parlementaire, il existerait des photos de la chose... Ah la la, on est bien classique et plan plan en France par comparaison, tout juste une petite maîtresse à aller voir sur un scooter... -
J'ai même l'impression que ça te fascine, non ? Avec la musique c'est encore plus mieux
-
[Union Européenne] nos projets, son futur
Alexis a répondu à un(e) sujet de Marechal_UE dans Politique etrangère / Relations internationales
Je suis assez surpris que des expatriés à Varsovie se plaignent sur ce point. La capitale polonaise compte plusieurs écoles maternelles et élémentaires francophones ainsi qu'un collège-lycée. Je n'ai pas été vérifier pour l'anglais et l'allemand, mais il serait étonnant que des facilités au moins équivalentes ne puissent s'y trouver. Après, j'imagine bien qu'il pourrait être difficile de placer son gamin à une école primaire où l'on parle grec ou danois, mais ça ne doit pas être si surprenant ni inhabituel pour les gens concernés, une langue avec quelques millions de locuteurs est forcément moins usitée à l'étranger. Surtout, je ne suis pas certain que la situation soit tellement meilleure à Strasbourg par exemple ? Du coup, j'ai du mal à comprendre quel était le problème au juste ? -
Vladimir s'amuse. Je soupçonne qu'il a besoin de tout son entraînement kagébiste pour se retenir d'exploser de rire devant le spectacle qu'offrent en ce moment les Etats-Unis, ou la déconfiture des cercles dirigeants anti-russes. A certains moments, il se lâche, c'est humain... Tout-à-fait, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle un très petit nombre de citoyens russes concentrent sur leur personne une proportion extrêmement élevée de la richesse matérielle, cela permet de protéger les autres de tout excès de richesse, facilitant leur chemin vers la sainteté. C'est ainsi que la Russie préserve ses valeurs morales. Prendre sur soi toute l'impureté du monde et toutes les occasions de péché, pour en protéger le peuple, voilà qui mériterait une couronne civique.
-
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Je suis tout à fait d'accord sur l'objectif, mais pas sur la méthode. - La négociation "usuelle" ne donnerait rien. La situation est simple : le traité existant contraint beaucoup de choses, et à chaque fois que la France va voir l'Allemagne pour proposer quelque chose de différent ou une évolution, l'Allemagne a beau jeu de temporiser et d'appliquer la "stratégie de l'édredon", faire la sourde oreille et botter en touche jusqu'à ce que Paris se lasse, et que Bruxelles ne rappelle que tiens au fait le budget, et les réformes économiques où en êtes-vous plus vite que ça. Berlin se satisfait sans problème de l'état actuel des choses, les autres capitales ont signé donc sont obligées par leur signature, et il n'est que d'attendre que les institutions européennes leur rappellent leurs devoirs. Kein Problem... Ce ne serait pas la première fois qu'une telle chose serait tentée, c'est pratiquement un classique de chaque président français qui entre en fonction, pour Hollande c'était la question du traité budgétaire qui serait renégocié, puis dont la ratification serait reportée jusqu'à ce l'Allemagne lâche du lest, puis... eh bien il a été ratifié et puis c'est tout. La presse allemande remarquait à l'époque que ça avait été encore plus rapide que d'habitude, et que la chose était un fonctionnement obligé vu qu'un président était obligé de faire des promesses électoralistes pour se faire élire, puis la réalité reprenait le dessus. Point de vue qui peut déplaire, mais qui est réaliste : c'est effectivement ça qui se passe, à partir du moment où le cadre n'est pas remis en cause, c'est-à-dire où l'alternative n'est pas "bon alors on fait telle chose absolument intolérable pour vous" - Cette "chose absolument intolérable", ça ne peut être de faire du bazar systématiquement. Ce n'est pas digne, ça ne pourrait avoir de vrais impacts qu'à la longue, ces impacts auraient tendance à dresser les autres pays contre la France non à faire écouter ses propositions... de plus il n'est même pas certain que la chose soit possible, sachant que le pouvoir de faire des lois est hors de France, l'approbation du budget avec amendes à la clé aussi etc. le tout créant des obligations qui s'imposent au gouvernement en l'état actuel des traités. Les traités doivent être respectés. Ou dénoncés. La guérilla permanente, la posture de l'adolescent rétif ne mènerait à rien. Ce ne serait pas digne d'un gouvernement - Oui la France a fait beaucoup d'efforts pour la construction européenne. Et son échec, puisque l'objet produit est monstrueux, est l'échec d'une génération. Cependant, il vaut mieux à partir d'un moment reconnaître les réalités, solder les comptes et faire autre chose plutôt que s'obstiner quand réparer les choses est de toute évidence hors de portée. Très important pour la dynamique de négociation, il faut être bien conscient que si la France part, il n'y a plus d'UE. L'idée que l'organisation pourrait survivre au départ d'un deuxième pays majeur, avec toutes ses conséquences non seulement directes d'affaiblissement général et de transformation interne en un objet pratiquement uniquement allemand, mais encore indirectes sachant qu'un troisième pays majeur nous suivrait de peu l'Italie et que d'autres ne tarderaient pas à suivre... l'idée que l'UE survivrait est chimérique. Je vois très mal les Espagnols vouloir continuer dans ces conditions, les Polonais vouloir rester en tête-à-tête avec les Allemands, les Grecs ne pas profiter de l'occasion pour revoir leur positionnement etc. etc. Il n'y a que deux options - Rester en "faisant les réformes" exigées par la structure UE afin de "regagner de la crédibilité" avec l'espoir que Berlin écoutera davantage ensuite les suppliques de Paris, tout en sachant que de toute façon un nouveau traité ou le changement d'une virgule au traité existant serait exclu - deux des quatre principaux candidats le proposent - Proposer aux autres pays des changements fondamentaux et une vision alternative de l'UE, en prévenant ouvertement et de manière crédible qu'un refus entraînera la sortie de la France, donc la fin de l'UE - les deux autres principaux candidats le proposent Je crois que c'est l'un des deux premiers qui l'emportera cette année, et le prochain président s'appellera soit François soit Emmanuel. Cela ne change pas le fait que l'option que l'un des deux mettra en application est vouée à l'échec, et qu'au final, par la France ou par un autre pays, une structure totalement bloquée ne pourra que rencontrer "le plus terrible des enfants que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs" et connaîtra le sort du chêne de la fable. Un projet international, ou une agence avec des missions dédiées, n'a pas besoin nécessairement d'une structure permanente de négociation, encore moins d'un parlement. Au niveau mondial par exemple, ni la FAO ni l'UNICEF n'ont sauf erreur de ma part de "parlement" ? Une organisation européenne permanente de négociations, de conduite de projets avec un ensemble d'agences dédiées, en somme un équivalent européen à ce qu'est l'ONU au niveau mondial, serait une excellente chose. Ou plutôt elle l'aurait été, puisque l'UE est bien évidemment tout autre chose. En tant que politicien eurosceptique, Boris Johnson est un argument pour les européistes ... Heureusement pour les Britanniques qu'ils n'ont pas que ça à mettre au gouvernement. Theresa May semble être d'une autre pointure. Tout à fait. Des agences avec des missions spécifiques, comme l'ESA l'est déjà, seraient un modèle alternatif efficace. En revanche, pour faire des projets avec un tant soit peu de suivi, un tant soit peu d'héritage et de partage de ressources entre projets, une agence est indispensable. Enfin, tout ça ce sont des rêveries crypto-souverainistes. Pour l'instant l'UE continue à fonctionner comme elle a été conçue, et il peut bien être vrai qu'elle va trop vite, que des icebergs ont été signalés, que le navire est tout sauf insubmersible, le Titanic avance toujours sur une mer calme. L'original qui s’inquiétait du nombre de places insuffisant sur les canots de sauvetage, et qui a insisté pour en prendre un et partir de lui-même tout seul sur la grande mer, eh bien il va partir voilà tout. Ça n'empêchera pas le navire d' "avancer", comme l'équipage aime à répéter. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
J'ai déjà listé les tendances lourdes - à l'échelle de plusieurs générations - qui sont à l'oeuvre. Je crois avoir donné l'essentiel de mes arguments. La différence dans ta perception est à mon sens avant tout une question d'échelle, le Monde ou l'Europe, la génération ou la décennie. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Sans aller jusqu'à parler de sacré - certes il n'est jamais loin, mais il s'agit de le maintenir à distance de ce qui est proprement politique - le sentiment d'appartenance est fondamental. Si le sentiment d'appartenance fondamental et prioritaire, de Londres à Varsovie et de Madrid à Stockholm, était l'UE et non pas le pays auquel chacun appartient, il n'y aurait pas de problème à l'UE. Elle aurait aussi une forme très différente, et pour commencer elle serait une République (fédérale) Mais le sentiment d'appartenance, c'est-à-dire les communautés humaines concrètes celles qui font sens, il ne peut être construit par des fonctionnaires ni même des hommes politiques. Il résulte de l'Histoire, de la manière dont on l'interprète, des poètes, des écrivains, des héros, des philosophes, des visionnaires. Les nations nouvelles qui se sont historiquement créées à partir d'un ensemble d'éléments plus petits, je pense à l'Allemagne et à l'Italie, ne l'ont fait que parce que des penseurs, des poètes, des manipulateurs de symboles en somme l'avaient longtemps rêvé à partir d'un passé en partie mythifié. Et de ce fait, les peuples l'ont voulu. Les éléments de base de ces nouvelles nations n'étaient d'ailleurs en majorité que des principautés et structures assez fragiles. Il y a eu enfin au moins dans le cas de l'Allemagne un fédérateur, et à la schlague encore. Et enfin, il y avait dans chaque cas communauté de langue ! Absolument rien de tout cela n'existe pour l'UE : ni sentiment d'appartenance prioritaire, ni fragilités identitaires de ses composants, ni fédérateur (où est la Prusse ?), ni schlague, et d'abord et avant tout pas de communauté de langue. Bien sûr l'UE ne peut être au mieux qu'une "communauté d'épicier", c'est-à-dire en pratique une organisation internationale. La réalité interdise qu'elle soit autre chose. Sauf si je t'ai mal compris, pas d'accord du tout. La France n'a pas de religion nationale - encore heureux ! - comme la Russie ou la Turquie, mais son unité symbolique est forte. Pour dire les choses autrement, si on oublie la foi religieuse et qu'on entend religion dans son sens romain premier - ce qui relie - la France a une religion nationale, et particulièrement forte encore. Si on demande aux catholiques ou aux musulmans de France l'appartenance qu'ils mettent en avant en premier, la majorité citent leur nation avant leur religion. Les idées de liberté, d'égalité, de démocratie et de laïcité ne sont pas en cause. Il est bien clair qu'il faut les défendre contre les idéologies suprémacistes à base religieuse et les dérives autocratiques, mais lorsqu'on parle de l'UE ou des nations européennes, on parle de l'appartenance et des relations entre les groupes humains auxquels chacun appartient - les nations. Il y a de toute façon consensus en Europe occidentale autour des idées de liberté et de démocratie, du plus européiste au plus souverainiste. Les atteintes à la démocratie sont certes graves, du fait de l'UE telle qu'elle existe, l'idée de démocratie est assez loin d'être concrétisée lorsque une grande partie des lois sont écrites par des fonctionnaires sans contrôle démocratique, mais même ces atteintes sont en quelque sorte "accidentelles", les européistes ne les recherchent pas en elles-mêmes. Il me semble que tu mélanges deux choses, au moins dans les mots utilisés. Des mouvements nationalistes dangereux il n'y en a guère qu'en Grèce et en Hongrie c'est vrai, et loin du pouvoir heureusement, mais si on parle de "conscience nationale/patriotisme" la résurgence est bien nette, quand les sondages montrent par exemple une majorité de Français et d'Italiens qui voudraient un référendum sur l'appartenance de leur pays à l'UE et un résultat prévisionnel de l'option Sortie au-delà de 40% dans les deux pays. Et ne parlons pas de la Grande-Bretagne. Et puis, suite aux attentats djihadistes, il me semble avoir noté pas mal d'affichage du drapeau tricolore. Mais la couronne de la Vierge Marie sur fond azur, je ne l'ai guère aperçue... Tout-à-fait d'accord. Je dirais que l'absence d'alternative est désormais structurelle, non plus seulement une idée partagée dans les cercles décisionnels, alors que ce n'était pas le cas il y a encore vingt ans. Le facteur crucial, celui qui a tout bloqué et qui à mon avis rend très probable le scénario d'éclatement et de disparition de l'UE, c'est le TUE le traité de Lisbonne signé en réponse à l'échec des référendums sur la "constitution" européenne en France et aux Pays-Bas. 2005 était la dernière opportunité de sauver l'UE, en réagissant à l'échec par un projet plus souple et surtout amendable. Mais la réaction a au contraire été de maintenir le même projet sous une forme différente, de le faire adopter aux parlements seulement, sachant que dans plusieurs pays ceux-ci voteraient différemment des peuples qu'ils ont pour charge de représenter. Un projet qui est à la fois rigide dans ses dispositions et pratiquement impossible à modifier tant les négociations seraient longues, et à 27 encore, et il faudrait rouvrir cette boîte de Pandore de la modification du traité pour faire évoluer la moindre chose ! En d'autres termes, la méthode du cliquet chère à Jean Monnet, c'est-à-dire rendre impossible à un pays membre de recouvrer un élément de souveraineté qu'il aurait attribué à l'UE, rendre impossible tout "retour en arrière" la seule direction envisageable étant En avant vers le fédéralisme, cette méthode a été poussée bien trop loin. L'avantage de la méthode du cliquet, c'est que c'est la position de négociation "ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable", position des institutions UE envers les nations, position fort confortable. L'inconvénient, c'est que quand le cliquet craque, eh bien il n'y a plus rien. Pas de position de repli, pas de "je plie pour ne pas rompre". La fable du chêne et du roseau, et l'UE est le chêne. Je pense que la sortie de la Grande-Bretagne ne suscitera pas une réaction efficace, réaction qui ne pourrait qu'être un assouplissement et une mobilité des règles et du fonctionnement interne pour s'adapter aux desiderata de chaque pays. C'est le traité de Lisbonne et le principe du cliquet qui rendent pratiquement impossible une telle réaction, après avoir interdit d'accepter les aménagements que le gouvernement Cameron voulait obtenir afin de mieux convaincre les Britanniques de rester. Et sans un tel assouplissement, le chêne UE est condamné, la Grande-Bretagne n'aura été que le premier. Parmi les 4 principaux candidats à la présidentielle, il y en a quand même 2 qui veulent aller voir l'UE pour exiger que "les choses se passent comme ça et pas autrement", faute de quoi la France de l'UE, et ces deux-là totalisent 40% des intentions de vote ! Même s'il est assez probable qu'aucun des deux ne soit élu cette année, la tendance est quand même on ne peut plus claire... Et bien sûr la France n'est pas seule à gronder sous le mors, et elle pourrait très bien ne pas être la deuxième à sortir. Quelques tendances historiques lourdes, que tu connais évidemment mais qu'il est utile de rappeler : - En 1945 à la fondation des Nations-Unies, 51 Etats membres. Aujourd'hui, 193, presque quatre fois plus - Disparition pratiquement totale dans l'intervalle de toutes les situations de colonialisme avoué, c'est-à-dire de dépendance d'un peuple soumis à un autre. La Palestine est l'une des très rares exceptions, peut-être la seule - Progression assez impressionnante dans le même temps de la démocratie comme norme et comme pratique à l'échelle mondiale. Si les nouvelles démocraties ne sont pas toutes irréprochables - les anciennes pas forcément non plus d'ailleurs - elles sont très nombreuses, de l'Amérique du Sud à l'Asie et l'Afrique - Progression tout aussi impressionnante de l'uniformisation linguistique à l'intérieur de chaque pays, en France par exemple extinction presque totale des patois et langues régionales qui ne survivent qu'en respiration artificielle sous assistance de l'Etat, à l'échelle mondiale disparition accélérée des "petites" langues au profit dans la plupart des pays soit d'une langue, soit de deux ou trois - mais pas quinze ou trente - Enfin se dessine un monde qui n'est plus organisé en "pôles", non pas bipolaire comme au temps de la Guerre froide, non plus monopôle comme lors du moment de l'hyperpuissance dans les années 1990-2010 mais de plus en plus "multipolaire"... c'est-à-dire non plus organisé en deux camps, ni en un camp (celui du Bien naturellement) et quelques réduits barbares "voyous", mais pas organisé du tout puisque les nations petites et moyennes seront beaucoup plus libres de ne s'aligner sur personne quand les "Grands" ne sont plus ni deux, ni un... mais trois, quatre ou six Donc, en tendance lourde, l'humanité s'organise de plus en plus en un grand nombre de communautés territoriales, politiquement indépendantes, au pouvoir démocratique, avec une ou au pire deux ou trois langues uniformisées, plus libres que jamais de ne s'aligner sur personne puisque les "parrains" d'un éventuel alignement deviennent plus nombreux. On n'en est pas suffisamment conscient, mais ce à quoi on assiste est le triomphe à l'échelle mondiale du modèle d'Etat-nation porté par la Révolution française A l'échelle mondiale ? Ah, il y a des endroits où ça résiste quand même. Paradoxalement, sur le continent même où l'Etat-nation a été inventé ! L'UE est devenue - ce n'était pas écrit d'avance, mais enfin ça s'est passé comme ça - une structure cherchant à former un nouveau "gros", avec sa langue impériale, limitant la démocratie (voir la question des lois), plaçant plusieurs peuples sous situation de dépendance au moins partielle (penser à la politique budgétaire), alors que jamais la nécessité de se regrouper pour échapper à la dépendance d'un gros externe n'a été moins convaincante. Bref, l'UE est exactement à rebours de l'époque. Tout cela ne prospérera pas. La construction européenne est un rêve du passé. Il serait sans doute idéal d'en conserver certaines parties, mais je ne suis pas sûr que cela s'avère possible, vu le blocage créé par la méthode du cliquet. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Quelle est la source pour cette estimation ? Sauf si j'oublie quelque chose, je ne vois pas en quoi il serait nécessaire de revoir les traités européens du fait de la sortie du Royaume-Uni. Un membre s'en va, en quoi est-ce que cela devrait changer les règles liant les 27 autres ? Il sera nécessaire bien sûr de négocier un accord commercial allant plus loin que les règles de l'OMC - s'il est souhaité par les deux parties, ce qui semble probable - mais ça semble pouvoir être parallèle avec le reste. De même que négocier un accord par exemple avec la Turquie, ou avec le Canada, n'a pas empêché de faire autre chose entre temps. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Est-ce que ça fera du bien à la France, c'est une toute autre question. L'hébergement de banques occupées à agioter, ça a pour contrepartie l'émargement de ces banques aux dispositifs de garantie - explicite ou implicite - par l'Etat hôte des bilans de ces banques... Sauf à avoir des règles blindées slip-en-acier-trempé pour garantir que l'Etat ne paiera pas leurs pertes le jour où elles seront en faillite. Mais d'une part ces règles n'existent guère, ce qui a été créé au niveau européen est très insuffisant de ce point de vue, d'autre part même ces règles sont en général contournées le moment venu, comme l'exemple récent italien l'a montré, après tant d'autres... La ponction sur le Trésor en cas de souci sera bien évidemment d'un tout autre ordre de grandeur que les impôts payés par lesdits établissements bancaires dans l'intervalle. Ben d'un autre côté, est-ce que l'OTAN mérite mieux ? Je rappelle qu'elle est "obsolète". Non seulement Trump l'a dit, mais surtout contrairement à assez souvent il avait raison L'époque où ils étaient les premiers au monde est finie depuis le XIXème siècle bien sûr. Mais ne pas être les premiers au monde n'empêche pas de tirer son épingle du jeu. Ce que les Britanniques feront d'autant mieux qu'un certain nombre de béquilles de leur économie sont en train de disparaître ou du moins de très sérieusement s'effilocher, les ressources fossiles en premier lieu, le rôle de place financière et plaque tournante de la spéculation en second lieu. Rien de tel pour faire quelque chose... que d'être obligé de le faire. Certes non, il s'agit d'un forum d'échanges et de réflexion. N'hésite pas à donner la tienne à l'occasion. Ce ne sont surtout pas les valeureux, ou pas si valeureux financiers. Et oui, il y a des raisons. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Bien sûr, chacun commente à partir de ce qu'il est, et de ce qu'il pense. Je ne suis pas d'accord en revanche qu'un point de vue serait "sentimental" ni "émotionnel"... juste parce que ce n'est pas le tien, si je suis bien ? Il est très humain de penser que son propre point de vue est le seul rationnel. Mais c'est en général une erreur. Au demeurant, je n'ai pas écrit une théorie de la souveraineté des peuples et des nations - ça existe déjà, voir les bons auteurs - j'ai seulement commenté un événement actuel en essayant d'aller au fond, et de prendre un point de vue de long terme. Quand on tente ce genre de choses, on montre tout naturellement "d'où l'on parle", c'est pratiquement inévitable, et bien sûr il est évident à lire mon précédent post que je suis souverainiste, mais là n'était pas le propos. Si tu essaies de commenter et d'analyser l'événement au fond, il sera tout aussi apparent que tu es européiste, sans que tu aies besoin d'écrire explicitement "le retour d'un Jean Monnet serait le bienvenu". -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Quelques autres extraits, issus du compte-rendu du Monde Tout cela est logique. Arma cedant togae disaient les Romains : que le pouvoir militaire le cède au pouvoir politique. De même, le pouvoir financier le cède au pouvoir politique, et les criailleries intéressées de la City qui tient tant à son passeport bancaire européen le cèdent devant le souverain. Or le souverain, même au Royaume-Uni et n'en déplaise à sa Très Gracieuse Majesté, c'est le peuple. Et le souverain a parlé : il veut le contrôle de l'immigration, et comme les membres restants de l'UE ne veulent pas accorder à la fois contrôle de l'immigration et passeport bancaire européen, eh bien ce sera une sortie simple et franche de l'UE et voilà tout. Il y a eu plus qu'une apparence de flottement depuis le vote du 23 juin, et je pouvais écrire de manière moqueuse il y a quelques semaines qu'il faudrait faire un peu montre de la vertu ancestrale de stiff upper lip, que les ancêtres eux avaient et j'exprimais l'espoir que les Britanniques la retrouvent un de ces jours. Ça y est, les Britanniques sont de nouveau eux-mêmes, ils ne pleurnichent plus pour avoir le beurre et l'argent du beurre. Même si bien sûr demeure cette horreur de se découvrir sous l'emprise d'un concept de Frog - le "peuple souverain", shocking vraiment - reste que les Britanniques se sont ressaisis, ils font face à la situation et tracent leur chemin. En cela de nouveau pleinement Britanniques... en plus d'être mieux Français que les Français eux-mêmes, lesquels semblent avoir eux mis tout à fait en sommeil l'idée de souveraineté populaire et de souveraineté nationale - ces deux faces d'une même pièce. Frontières, justice, lois... les Britanniques quant à eux vont tout récupérer. Il y a de quoi les féliciter. Bien sûr, ils devront s'adapter quelque peu à la perte d'une partie de leurs revenus financiers, perdant probablement le statut de première place au monde pour le blanchiment d'argent. De même qu'ils sont en train de perdre le plus clair des revenus de la rente pétrolière. Le Brexit est historique à plus d'un titre. Non seulement c'est le premier craquement sévère dans la façade de l'Union européenne - et aux Britanniques revient le mérite d'avoir les premiers osé, même si c'est au départ le concours de circonstance d'un premier ministre pro-UE mais stupide qui leur en a donné l'occasion - mais cela pourrait être l'entrée dans l'ère de la Grande-Bretagne post-post-impériale. Après la perte de l'Empire et du sceptre mondial, la Grande-Bretagne s'était réinventé une posture de place financière peu regardante, jointe à une mini-Arabie saoudite, insérée dans une union européenne dont la fédéralisation était certes refusée mais qui pour le reste était acceptée, avec une position de suiveur systématique du petit frère devenu Grand Frère, devant qui Londres oubliait son droit d'aînesse. Tout cela est en lambeaux : - Gang d'agioteurs et Lavomatic mondial de l'argent sale : pas sans le passeport bancaire européen - Pétrole et gaz : ça se termine - Laisser filer les lois, la justice, les frontières etc. hors de contrôle du peuple souverain : No longer ! - Le petit caniche de Washington : non plus, rappelons que c'est Londres qui en 2013 a refusé de suivre les Etats-Unis dans leurs velléités d'intervention en Syrie, en remontrant au passage aux Français en matière d'indépendance de décision Je ne suis pas inquiet pour eux. Non seulement il n'y a rien de malsain à s'éloigner du modèle d'une mini-Arabie saoudite comme de celui d'un gang international d'agioteurs, mais les Britanniques ont suffisamment prouvé dans le passé leur valeur en tant que scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs pour arriver à rebondir en se recréant progressivement une économie d'innovation et d'industrie, ce qui sera mieux et pour eux, et pour leurs voisins. Quant aux dirigeants français, ayant récupéré le pompon de premier suiveur européen des USA, visant avec appétit une partie des revenus liés à l'agiotage et au recyclage de l'argent sale que les Britanniques vont perdre, après avoir abandonné toute prétention à être maître chez eux en matière de lois ou de justice - et pas de référendum attention, ça c'est très mauvais les gens répondent souvent autre chose que ce qu'ils doivent - ils se voient déjà profiter de l'aubaine. Peut-être pas indéfiniment ? Car enfin si les Britanniques réussissent à être eux-mêmes... peut-être les Français y arriveront-ils eux aussi un de ces jours ? C'est que les hasards ça existe, par exemple celui du référendum annoncé par intérêt politicard étroit par un politicien pro-UE que les Britanniques ont su saisir. Peut-être les Français réussiront-ils eux aussi à saisir une occasion, ou à s'en créer une... -
Europe de la Défense ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Ça fait deux questions, et je ne suis pas sûr qu'elles appellent la même réponse. 1. D'abord, même si Washington cessait d'être le protecteur officiel de l'Allemagne - en cas de désinvestissement de l'OTAN donc - je ne crois pas à un réarmement massif de l'Allemagne. C'est sur le "massif" que j'ai de gros doutes : - Ça n'est pas dans la culture allemande. Je parle de la culture allemande contemporaine évidemment, mais c'est celle qui doit nous intéresser. De mémoire par exemple plus de 80% de la population refuserait le stationnement d'armes nucléaires américaines chez eux, si seulement on leur demandait leur avis. La réticence envers la chose militaire, tout comme la préférence pour le commerce comme adjuvant des relations internationales, sont profondes - L'Allemagne a une économie solide, la première d'Europe, mais attention ça devrait se relativiser petit à petit, parce que le système actuel de l'euro qui favorise Berlin ne pourra pas durer tel quel indéfiniment, et surtout parce que la démographie est ce qu'elle est. Or, la défense se paie avec des pépettes - L'Allemagne manque de plusieurs technologies militaires fondamentales pour toute puissance vraiment sérieuse, et longues à développer. Le moteur nucléaire pour sous-marin, le missile balistique, l'arme nucléaire évidemment, et son électronique de défense n'est pas non plus tout à fait au niveau. Evidemment elle pourrait les développer... au prix d'un effort de longue haleine, politiquement assez délicat, pendant lequel elle ne pourrait pas être considérée comme une vraie grande puissance militaire... et sa population active diminuerait fortement, la ramenant au niveau humain d'une France ou d'une Grande-Bretagne En somme, même en cas de réarmement sérieux de l'Allemagne sur le long terme - ce qui n'est pas fait loin de là - il est très difficile d'imaginer Berlin dépasser de la tête et des épaules le niveau de Paris ou de Londres. Pas de raison que cette éventualité provoque un inconfort particulier dans ces deux capitales, donc. 2. Cela dit, l'Allemagne n'a pas que la France et la Grande-Bretagne comme voisins. Il faut parler avant tout de la Pologne. Depuis que Varsovie a cessé d'être un empire, le problème stratégique polonais est resté le même : proie tentante pour ses deux puissants voisins la Prusse et la Russie, pardon je veux dire le Reich et l'Union soviétique... et déjà aujourd'hui inconfort notable entre Allemagne et Russie ? La Pologne a historiquement réagi en s'appuyant sur un puissant protecteur extérieur dont elle devenait un allié fidèle, espérant en retour protection de son existence. La France du temps de Napoléon comme de Clemenceau. Aujourd'hui l'Amérique. Si demain l'Amérique, comme déjà la France, se mettent aux abonnés absents, si Berlin réarme en toute amitié, comme déjà Moscou réarme en toute amitié, comment assurer la sécurité polonaise ? Population, économie et technologie militaire insuffisantes, situation géographique de tampon entre deux pays puissants... La solution moderne à ce type de problématique fait intervenir la fission de l'atome. Voir Tel-Aviv, Islamabad et Pyongyang pour des exemples pratiques. Est-ce que Varsovie pourrait s'en inspirer ? Ils n'ont pas la technologie, mais d'un autre côté il n'y a aucune raison de penser qu'ils ne pourraient la développer, au moins au niveau pakistanais si ce n'est israélien, et le premier suffirait. Ma réponse perso est donc que nous n'aurions pas à nous soucier en France d'un éventuel réarmement sérieux de l'Allemagne après la fin de l'OTAN. Si vraiment Berlin y allait fort, si Moscou dans le même temps était tonnerre et grondements, peut-être pourrait-on éventuellement poser la question de fuites d'information sur certaines technologies nucléaires en direction de Varsovie... comme il y a eu "fuites" dans les années 1960 en direction de Tel Aviv. On pourrait poser la question, mais ce cas ne se présentera très probablement pas. -
[BREXIT]
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
La menace me paraît un peu vide, pour ne pas dire complètement. En cas de "Brexit dur", c'est-à-dire en fait de Brexit sec, de sortie simple sans "partenariat spécial" accordant à la Grande-Bretagne un accès privilégié au marché de l'UE en échange de l'adoption de certaines directives et de préférences pour les Européens en terme d'immigration, comme par exemple Suisse et Norvège en bénéficient, Londres aurait le même accès au marché européen que des pays comme Chine, Brésil, Inde... ou pour parler en termes financiers que n'importe quel paradis fiscal des Caraïbes. Qu'est-ce que la Grande-Bretagne pourrait faire au juste en terme de "changement de modèle économique" qui menace la compétitivité de l'UE... davantage que ne le fait déjà la Chine ? -
Exactement.
-
Quoi, tu penses à un pays en particulier peut-être ? Trump est toujours prêt à ensevelir son interlocuteur sous un tombereau de commentaires admiratifs "great leader, wonderful country etc." - sauf si on l'a mis de mauvaise humeur, auquel cas il ira sans tarder à l'autre extrême. C'est plutôt agréable de se faire complimenter non-stop, mais ce n'est pas très important. La raison pour laquelle la France n'a pas droit à ce traitement, ni à un chapelet de stéréotypes positifs utilisés comme compliments, c'est bien sûr qu'il n'y avait aucun journaliste français à cet entretien. Cela dit, Trump me semble aussi un pragmatique, et du point de vue américain ou plus généralement non-européen, la France n'est pas un pays très important aujourd'hui c'est juste un fait. L'Allemagne est importante parce qu'elle dirige en pratique l'UE - oui je vais un peu vite, mais soyons sérieux ce n'est pas faux et à peine simplifié - et la Grande-Bretagne est importante parce qu'elle a décidé de sortir de l'UE donc de devenir un facteur indépendant. Tant que la France ni ne prend les moyens de rééquilibrer ou de se révolter contre l'Allemagne à l'intérieur de l'UE, ni ne décide d'en sortir, elle n'aura qu'une importance diminuée du point de vue des tiers, qu'ils soient américains, chinois, russes ou autre chose. Sinon, l'article de Bild comme celui du Times ne sont pas en accès libre, mais leurs titres indiquent déjà ce qui a retenu l'attention de chacun, sans surprise en relation avec son propre pays : „Ich mag Stärke. Ich mag Ordnung“ (J'aime la force. J'aime l'ordre) "I’ll do a deal with Britain" (Je ferai un accord avec la Grande-Bretagne)
-
Grandiose, dis-tu ? Attendez voir la suite... Le président-élu a accordé un entretien sur l'Europe à deux journaux conservateurs, The Times et Bild. Ici New-York, Trump parle aux Européens La critique de l'acceptation par l'Allemagne de la migration anarchique de masse n'est pas nouvelle, non plus que le soutien au Brexit. Dans les deux cas, ce n'est pas si intéressant parce qu'il s'agit après tout d'événements du passé. Trump qui rappelle que l'OTAN est obsolète, ou qui condamne les sanctions contre la Russie, voilà qui pourrait avoir une influence sur l'avenir - pas tout à fait négligeable, nous parlons du futur président américain, et le futur c'est pour bientôt in shaa Allah. C'est un signe que Trump pourrait bien rester Trump. Encore plus intéressant, parce que sauf erreur de ma part nouveau : - Volonté de conclure rapidement un accord commercial avec le Royaume-Uni, à la fois logique du point de vue des intérêts américains, et un appui concret à Theresa May dans ses discussions avec l'UE - Volonté d'avoir une politique protectionniste à l'égard de l'Allemagne aussi - donc plus généralement de l'Europe : "Moi je veux que ça soit juste". Voilà qui va vraiment faire s'étouffer sur la Willy-Brandt-Straße... - Dénonciation de l'UE comme "un instrument pour l'Allemagne", et annonce de futures nouvelles sorties, qui peut aussi se lire - en la sollicitant à peine - comme annonce de soutien ou du moins de sympathie à l'égard des pays qui choisiraient de sortir. Je n'irai pas jusqu'à dire que cette annonce doit être prise au pied de la lettre - bon, ok, soyons franc : cette annonce ne vaut pas grand chose - cependant elle montre bien un positionnement disons pas tout à fait favorable aux intérêts de la Chancellerie allemande Bon, il y aussi les parties amusantes - le style Trump est si particulier : - L'Allemagne appréciable parce qu'incarnation à la fois de l'ordre et de la force. Heureusement que Trump n'utilise pas de stéréotypes hein ! - La Grande-Bretagne c'est le cérémonial de la cour plus l'argent, parce que les Écossais sont près de leurs sous c'est bien connu - La plus savoureuse peut-être, Trump qui vante sa prudence quand il gazouille... eh ben ! Enfin on comprend - si on ne l'avait pas encore perçu - que Trump adore faire de la breaking news, de la nouvelle cassante. Il aime par-dessus tout casser la baraque, après avoir cassé le Barack. (*) (*) Honte, moi ? Oui. Mais je n'allais pas laisser passer cette opportunité, tant qu'il est encore temps, hein ?
-
Non, ce qui est en jeu est juste de savoir combien de mousse et combien de bruit médiatique il est possible de faire avec des théories aberrantes et accusations délirantes. Et quel impact tout cela peut avoir sur les politiques concrètes et le monde réel. Sans doute, si l'impact était grand, tout ceci redeviendrait une affaire sérieuse. Je pense que l'impact restera faible, et l'ensemble pourra être rangé dans la catégorie "beaucoup de bruit pour rien" Je n'ai pas de "tendresse" particulière pour le Donald. J'essaie de ne pas avoir non plus d'a priori négatif ni de m'obnubiler sur des opérations de communication. Il y a suffisamment à critiquer dans la réalité de ce qu'il semble se préparer à faire pour ne pas se laisser distraire par les propagandes négatives de ses adversaires. Meuh non je me satisfais amplement de mes petits camarades d'AD.net
-
John Brennan profite de ses derniers jours à la tête de la CIA pour "se lâcher"... Oui... et aussi franchement futile. Toutes ces discussions, tous ces débats, toutes ces opérations médiatiques, c'est beaucoup - énormément - de mousse sur pas grand chose, voire pratiquement rien. En revanche, ça Tillerson qui tente de démarrer une confrontation potentiellement armée entre Etats-Unis et Chine... En fait-il exprès ? Même si certes son cœur de compétence est le pétrole, pas la diplomatie internationale, j'ai du mal à imaginer qu'il ne comprenne pas qu'il parle d'un sujet explosif. Quelque chose qui pourrait à mon avis partir en vrille beaucoup plus vite que les relations Etats-Unis - Russie n'ont jamais menacé de le faire ces dernières années. Plus important, est-il suivi, voire missionné, par le grand patron pour jouer ce jeu ?