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Bat

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Tout ce qui a été posté par Bat

  1. Bat

    La Composante Air belge

    Beaucoup de choses ont été dites sur ce sujet avant ce message, et beaucoup l'ont été après que je l'aie lu donc j'essaie de faire une réponse globale —qui n'est que mon analyse personnelle de la question, pas le point de vue du gouvernement belge— en me centrant sur quelques éléments qui me semblent plus important dans vos interventions. Je ne souscris pas à cette vision, parce qu'elle est selon moi "typiquement française" ou, plus exactement, parce qu'elle n'a pas de sens point de vue belge (par là, je ne dis pas que cette lecture ne peut être défendue, mais en tout état de cause ça n'est pas du tout dans cette perspective que cette question est abordée dans le débat stratégique et politique belge, pour autant qu'elle soit abordée, et ce quelles que soient les familles politiques, peut-être extrême-gauche antimondialiste et complotiste exceptée - soit pas grand chose en termes sociologiques et électoraux). Il faut bien comprendre, comme je l'avais expliqué dans ce fil il y a près de 3 ans, que la Belgique a construit toute sa politique de défense depuis la seconde guerre mondiale dans le cadre de l'OTAN. L'armée belge elle-même est structurée par et pour l'OTAN (en tout cas dans le contexte de l'OTAN, comme continuation des forces belges libres en Grande-Bretagne), la politique de défense est pensée dans ce cadre. L'OTAN implique, pour la Belgique, bien plus qu'une (supposée) soumission aux Etats-Unis: c'est le niveau de réflexion et d'action. L'OTAN existe, fonctionne et est la garantie de la Belgique face à des menaces stratégiques (hier l'URSS, aujourd'hui peut-être la Russie), le cadre de coopération militaire avec ses alliés proches, le lieu où la Belgique peut peser sur les grandes orientations des politiques occidentales, etc. L'OTAN implique pour la Belgique des possibilités et des obligations, et c'est pour satisfaire l'une et l'autre, vues comme globalement favorables à la Belgique, que la Belgique est un membre actif de l'OTAN. La Belgique ne "joue" pas l'OTAN parce qu'elle aurait peur d'être maltraitée par les Etats-Unis, mais tout simplement parce qu'elle y trouve globalement son compte, et parce que c'est la seule chose qui existe actuellement qui lui donne ça. Il ne s'agit donc pas "d'acheter américain" pour que les USA aident la Belgique (la meilleure preuve étant qu'en-dehors de ce marché très emblématique des avions de chasse, la Belgique achète en réalité assez peu américain: ravitailleurs, transports et hélicoptères français, blindés allemands et italiens, frégates néerlandaises, etc.), mais simplement —dans l'hypothèse où le F-35 serait effectivement choisi— parce qu'en matière d'avions de chasse cela s'inscrit dans une continuité historique (le consortium F-16, la DATF belgo-nérlandaise, la relation avec des pays de taille comparable au sein de l'OTAN, comme le Danemark ou la Norvège, etc., qui ont tous fait le choix du F-35) et politico-stratégique (la Belgique construit depuis plus de 70 ans sa défense en interaction avec ses alliés européens, et ne prétend pas faire autre chose). Quoiqu'on pense de l'avion ou de la communication américaine/du constructeur à son sujet, le F-35 est pour un pays comme la Belgique un dénominateur commun plus fort et plus central que (au hasard) le Rafale, que ce soit dans l'OTAN ou même dans l'UE. C'est exactement la même chose pour la Belgique: elle suit les USA quand elle estime que c'est légitime et cadre avec sa politique (Afghanistan ou intervention actuelle sur le front irako-syrien), mais elle les envoie promener quand elle conclut au contraire (Irak 2003), tout en suivant la France dans les opérations qu'elle estime devoir être menées même sans bénédiction des USA (Libye, Sahel). Il faut arrêter avec cette équation simpliste OTAN = alignement = vassalisation. La Belgique est globalement très atlantiste, c'est un fait, et c'est pour cette raison qu'elle développe les liens avec tous les membres de l'alliance (et pas seulement un), mais ça n'est pas pour ça qu'elle est un supplétif des USA: elle les a envoyés paître quand il le fallait, et les USA sont globalement attentifs à ce qu'elle pense de leurs actions car ils savent qu'elle a une influence sur nombre de "petits" pays européens qui y voient un allié à la fois sérieux mais sage (comme en témoigne la cour qu'ont fait les USA pour que la Belgique s'implique en Syrie, alors qu'objectivement ils n'ont pas vraiment besoin d'elle militairement). Qui cloche? Je ne vois pas ce qui cloche dans la position d'un pays qui construit un outil de défense en proportion et en adéquation de ce qu'il estime être la politique à mener avec un ensemble de pays qu'il considère comme ses alliés et avec lesquels il défend un certain nombre de choses en commun. Je pensais que la France faisait pareil, et que c'était justement cette cohérence qui avait justifié (par exemple) le programme nucléaire, le Mirage IV, le Rafale ou le Leclerc alors qu'elle aurait pu trouver des (plus ou moins) équivalents sur étagère. La seule différence, c'est que la Belgique ne s'estime pas devoir être en mesure de faire ce que la France estime indispensable à sa politique, c'est tout. Ce n'est qu'un paradoxe que d'un point de vue franco-français qui oppose défense européenne et OTAN (sous-entendu, on serait nécessairement dans l'un ou dans l'autre, les deux étant plutôt exclusifs). Je pense que je peux dire sans me tromper que la position belge en la matière est la suivante: pour une défense européenne intégrée, membre à part entière de l'OTAN. Il n'y a du coup plus aucune contradiction. Il faut par ailleurs noter que "l'Europe de la défense", ça veut dire quelque chose en français (donc a du sens pour les français et dans une certaine mesure les belges francophones) mais est un concept assez flou voire intraduisible dans la plupart des autres langues européennes où l'on parlera plutôt de "défense de l'Europe" ou "défense européenne". Quand on parle "d'Europe de la défense", les 28 ne parlent en fait pas de la même chose parce qu'ils ne s'entendent pas nécessairement sur ce que recouvre le concept. On a, en gros, les pays (plus nombreux, plus au nord et plus à l'est) qui considèrent que cela veut dire quelque chose comme "une défense commune du territoire de l'union contre les menaces extérieures" (soit, en clair, le terrorisme islamiste et la Russie), et qui ne voient pas bien la plus-value par rapport à l'OTAN (qui existe, qui fait déjà ça et qui marche), et ceux (essentiellement la France) qui pensent que ça veut dire quelque chose comme "on va construire un machin européen qui va définir une politique permettant de mutualiser les coûts des opérations lointaines en se passant des USA" (et qui s'opposerait ou s'ajouterait à l'OTAN —au sens de: pour mener une autre politique— dont ce n'est pas l'objectif). La Belgique, pays francophone, se situe un peu à l'interface de ces deux visions différentes, partageant plutôt la vision des membres non-francophones, mais comprenant sans doute mieux que tout autre pays ce que veut la France quand elle prétend relancer la construction européenne par là. Personnellement, je perçois la position de Charles Michel sur la question comme la recherche d'une position d'intermédiaire de nature à accorder les vues divergentes de la France et de l'Allemagne (et des autres mais surtout l'Allemagne), précisément pour renforcer l'Europe, essayant de définir l'OTAN comme un cadre commun surplombant et la défense européenne comme une partie intégrée à ce cadre mais en même temps autosuffisant. Le but n'est donc pas de s'éloigner des USA, mais d'occuper une place à côté d'eux dans l'OTAN vue comme organisatrice de la relation transatlantique. Ce n'est donc pas un affranchissement par rapport à un supposé lien de vassalité que cherche Michel, mais une capacité à renforcer le pilier européen de l'OTAN au profit à la fois de l'UE et de l'OTAN.
  2. Bat

    La Composante Air belge

    Oui, c'est juste, et ça a été fait pour répondre à cette crainte. Il n'empêche que beaucoup de Wallons (y compris au MR, qui est dans la coalition fédérale actuelle - ce sont même eux qui sont les plus en pointe sur la question) pensent que le sort de la base comme lieu de déploiement permanent est scellé, à moyenne échéance. Que ce soit vrai ou faux, ça alimente une méfiance wallonne envers le F-35 (avec le côté comique que la question pourrait aussi se poser pour le Rafale, si on y réfléchit bien, mais on en parle moins). Il faut le comprendre dans le contexte de relocalisation (effective ou évoquée publiquement) principalement en Flandre d'un certain nombre d'éléments emblématiques de la défense (comme certaines collections du Musée de l'Armée ou le déménagement du QG des Special Ops vers Heverlee).
  3. Bat

    La Composante Air belge

    C'est une vieille demande de la composante Air, à la fois via ses responsables que via les rares (et généralement anciens) pilotes qui se sont exprimés dans les médias à ce sujet. En tout cas, l'idée que les pilotes demandent cet appareil n'est pas discutée et est régulièrement présente dans les médias belges depuis au moins 2 ans. Les raisons avancées pour cette préférence sont connues: le maintien du partenariat privilégié avec avec les USA, un avion de "5° génération, la furtivité et l'intégration au champ de bataille en réseau OTAN (attrait marketing?), l'intégration avec les Néerlandais/Benelux et surtout le positionnement comme membre central dans l'OTAN. Oui et non, on en a parlé en long et en large sur ce fil il y a plusieurs mois/années. Ce n'est pas aussi simple, même si ça joue: le F-35 était le favori affiché du précédent ministre de la défense, Flamand et atlantiste convaincu, ce qui a contribué à donner une image "flamande" à l'appareil. Par ailleurs il est clair que les Flamands sont beaucoup plus favorables à une armée intégrée belgo-néerlandaise, avec nos voisins du nord qui sont dans le programme F-35. Les Wallons sont moins favorables, notamment parce que le F-35 signifierait sans doute la fermeture de la base de Florennes (Wallonie) pour tout regrouper à Kleine Brogel Flandre) le tout dans un contexte dénoncé de "flamandisation" de l'armée. Mais il n'y a pas que cette dimension: les socialistes et écologistes flamands sont contre le F-35 (et même contre le remplacement des F-16, pour les écologistes), et la N-VA (nationalistes flamands) est plutôt atlantiste mais horrifiée par le coût du F-35 avec un risque de peu de retombées économiques en Flandre (ou en Belgique en général).
  4. Ne spéculez pas trop sur les auteurs (même si ce sera intéressant de les tracer pour l'enquête): l'agence Amaq (= DAESH) a revendiqué l'attaque. Il n'est, du reste, pas tellement étonnantq ue l'Iran soit un jour ciblé, quand on voit le degré d'engagement de l'Iran et ses proxies contre DAESH en Irak comme en Syrie...
  5. L'attaque aurait été revendiquée par l'agence Amaq, l'organe de propagande de DAESH: http://www.lalibre.be/actu/international/iran-tirs-au-parlement-et-attentat-suicide-au-mausolee-de-khomeiny-l-ei-revendique-les-attaques-59379d17cd70022543468775
  6. Toujours en cours, donc événements et bilan sujets à caution: Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/iran-7-morts-dans-les-attaques-au-parlement-et-au-mausolee-khomeiny-prise-d-otages-en-cours-59379d17cd70022543468775
  7. Bat

    6 juin 2017 , D day .

    Bon anniversaire, alors! (Au D-Day comme à @Gibbs le Cajun)
  8. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/la-folle-histoire-de-ce-faux-journaliste-du-monde-qui-tente-d-assassiner-un-commandant-ukrainien-5931c6cfcd70022543317366
  9. Effectivement, il est illusoire de penser que cela puisse être enrayé, même si diverses mesures, comme celles proposées, peuvent en réduire l'occurrence ou la portée. Il faut bien comprendre qu'un processus d'influence et de propagande ne fonctionne que parce qu'il y a de l'information: on utilise l'information, on la cache pour la diffuser à un moment donné, on insinue des choses qui pourraient s'avérer vraies, etc. Contrairement à ce qu'on pense souvent, la propagande marche non pas parce qu'il n'y a pas d'info, mais parce qu'elle les exploite. Si on veut lutter contre l'influence de ce type, il faudrait purement et simplement supprimer la production et la diffusion d'informations pour ne donner aucune prise à ces campagnes, ce qui est évidemment totalement inenvisageable dans des démocraties libérales, et même dans des régimes autoritaires.
  10. Cette analyse est intéressante, mais à mon avis elle nécessite au moins deux nuances ou éléments de contextualisation. D’une part, et comme je l’ai dit à de multiples reprises, je suis assez mal à l’aise avec l’usage du terme « propagande » qui connote l’idée, dans le sens commun, que tout ce qui est désigné par là est nécessairement faux et inventé dans le but d’influence/manipulation de l’opinion. Les choses sont un peu plus complexes que ça, notamment parce que si la propagande est un instrument, elle est aussi le reflet d’une vision du monde. Si la description du récit russe faite dans cette analyse, qui est très fidèle à ce qui est propagé par les officies et médias russes depuis des années, il serait réducteur de n’y voir qu’un instrument de guerre contre l’Occident: le pouvoir russe voit vraisemblablement réellement le monde comme ça, au moins en grande partie. C’est d’ailleurs sans doute cette certitude d’avoir raison sur le fond qui conforte et légitimise les autorités russes à instrumentaliser et décliner ce récit sur des années. Dans le cas contraire, à l’heure actuelle, ce serait impossible sur la durée: ils seraient tôt ou tard mis en difficulté au sein même de leur opinion publique. Or ce n’est pas le cas (ou très peu): le récit propagandiste russe fonctionne bien aussi parce qu’il correspond très largement à une vision répandue et acceptée, de bonne foi et parfois avec de bons arguments, en Russie et dans les cercles russophiles. (Avec une dimension de cercle « vertueux »: plus le pouvoir russe avance une vision en phase avec l’opinion, plus cette vision est confortée comme allant de soi et plus l’opinion est prête à entendre ce message.) D’autre part, il faudrait recontextualiser ce discours russe dans le paysage médiatique russe (interne et externe) en général, à savoir un paysage étroitement contrôlé par le gouvernement (avec le harcèlement ou la fermeture de la plupart des médias indépendants et le renforcement du contrôle étatique sur la ligne éditoriale des autres), et qui —en essayant de ne pas trop caricaturer— se caractérise globalement (au niveau de la télévision et des médias populaires, du moins) par le « n’importe quoi » sur à peu près tous les sujets, et pas uniquement les relations tendues avec l’Occident. (Pour être concret, les médias russes disent peut-être un peu n’importe quoi sur le MH17, mais ils disent autant sinon plus n’importe quoi sur les missions Apollo, l’homosexualité, les pyramides d’Egypte ou le régime végétarien. Sputnik est, sur ce plan, très intéressant à lire.) Les médias populaires russes, ce sont des tabloïds télévisés, c’est la rubrique insolite/buzz de Yahoo! puissance 10 mâtiné d’un peu de Gorafi (avec un vrai humour), tant sur les sujets de géopolitique que les faits divers ou les faits de société: de l’anecdotique, de l’étrange, des images spectaculaire et de l’inquiétant dans un contexte de nationalisme assumé. C’est important à prendre en compte parce qu’on ne peut pas comprendre pourquoi le récit du Kremlin sur les relations avec l’Occident menaçant fonctionne si on ne le situe pas dans ce contexte d’incertitude, de relativisme et de faillite morale qui caractériserait le monde. Et l’une laimente l’autre: le Kremlin a sa stratégie de communication, mais celle-ci doit aussi composer avec ce paysage médiatique et ses façons de faire, de mettre en récit, de spectaculariser le moindre fait divers plus ou moins douteux. Poutine n’est pas tant le héros qui s’oppose aux velléités américano-européennes de détruire la Russie que l’élément principal de stabilité, par défaut, dans un monde présenté comme étrange, bizarre, parfois peu compréhensible et largement inquiétant. (À noter que nos médias réputés libres, en particulier populaires, fonctionnent aussi parfois sur la même logique, comme pour légitimiser —sans doute inconsciemment— une supposée supériorité occidentale sur différentes questions.)
  11. Je suppose que @Boule75 fait allusion à ce genre de déclarations: http://www.slate.fr/story/92303/poutine-troupes-russes-riga-vilnius-tallinn-varsovie Mais c'était de la parole rapportée en off, il est vrai, que le Kremlin avait plus ou moins contredite ensuite sans démentir (sur le mode "on ne veut envahir personne, arrêtez de vous agiter bande de gonzesses paranos").
  12. Un hasard? Je ne pense pas! ;) Plus sérieusement, j'ai pas du tout suivi le truc, je ne sais pas dans quelle mesure c'est une méthode systématique ou volontaire de la pare de Wikileaks, ni dans quel(s) but(s) éventuel(s). Par contre, et ça c'est plus intéressant, ce que tu décris comme mécanisme de conclusion hâtive au départ d'un résumé lui-même rapidement lu correspond à ce qui est mis en lumière par plusieurs recherches sur la propagation des informations sur les réseaux sociaux, à savoir que la plupart des gens se contentent des 10 premiers résultats de recherche (sur un moteur de recherches), et beaucoup lisent le chapeau et en diagonale rapide, voire ne lisent même pas les documents qu'ils relaient: https://hal.inria.fr/hal-01281190
  13. Il y a l'alternative fédérale (même si un peu utopique aujourd'hui): une seule politique étrangère et une seule politique de défense au sein de l'union (donc, pour être clair, suppression des ministères équivalents dans les pays membres qui franchiraient le cap). Dans ce cadre, on peut rester avec l'OTAN —il suffit que ces "Etats-Unis d'Europe" décident d'en être membres— comme la voir disparaître —puisqu'il resterait cette défense fédérale—. Les conditions de ce que je décris sont évidemment très loin d'être remplie aujourd'hui, mais ile st bon de garder cela en tête. Comme je l'ai déjà dit sur un autre fil, l'opposition faite ici entre défense européenne et OTAN (avec l'idée que ce seraient deux modèles concurrents ou exclusifs) est une vision essentiellement (même si pas exclusivement) française et n'a pas de sens dans beaucoup d'autres pays européens (à commencer par les partenaires les plus proches sur ces questions que sont le Benelux et l'Allemagne) pour qui la référence est une défense européenne intégrée dans l'OTAN.
  14. @Gibbs le Cajun, ton avis compte et enrichit le forum. Pour ma part, si je développe ci-dessus un point de vue assez différent du tien, ce n'est certainement pas pour dire que ce que tu penses n'aurait pas d'intérêt ou de rationalité. Au contraire, il se tient. J'ai juste, sans prétendre avoir nécessairement raison (même si je ne cache pas être un fédéraliste européen convaincu), essayé d'expliquer pourquoi l'idée de demander aux européens de continuer au programme nucléaire militaire de la France est totalement inenvisageable, en tout cas dans le cadre actuel, vu de Berlin, Bruxelles, Madrid ou Vilnius. Surtout parce que c'est le nucléaire, justement, comme le dit @Akhilleus de façon très claire et pertinente.
  15. Je suis assez d'accord, sauf que le double bouton pourrait impliquer des choses problématiques tant pour la France que le reste de l'Europe. Si on peut supposer que la plupart du temps les intérêts fondamentaux de la France et des autres membres de l'Europe convergeront, ce n'est pas nécessairement automatique (tant entre la France et les autres qu'entre les autres eux-mêmes). Le risque, dès lors, est de se retrouver avec un système de méfiance contraire à la crédibilité de la dissuasion nucléaire (dès lors) européenne, où chaque partenaire du montage craindrait qu'un autre ne fasse défaut "au cas où". C'est pourquoi je pense nécessaire l'unicité de la définition de la ligne politique et de la ligne de commandement en matière nucléaire. Soit, comme c'est le cas actuellement, au niveau national, soit au niveau fédéral. Dès lors qu'on exige que l'Europe devrait payer pour la bombe française, la seule configuration acceptable politiquement par les autres européens et qui aurait une efficacité opérationnelle serait de retirer le bouton nucléaire de l'Elysée pour le mettre à Bruxelles entre les mains d'un président de l'exécutif européen. Ecrivant cela, je précise tout de suite qu'en l'état des institutions européennes, ce n'est pas crédible: ça n'a du sens que dans un modèle fédéral clair. C'est pourquoi je disais hier soir: arrêtez de rêver. Pour le reste, je ne comprends pas bien ta remarque sur les brigades internationales (jeu de mots mis à part): je ne dis pas qu'il faudrait construire une armée européenne en mélangeant dans les mêmes unités des Français, des Belges, des Lettons, des Grecs et d'autres, en tout cas à court et moyen termes. Je constate juste que si on veut construire une vraie défense européenne intégrée, il faudra tôt ou tard (et progressivement) passer de 27 politiques de défense et d'équipement (et en amont, 27 politiques étrangères (*)) à une seule, amenant les unités nationales actuelles à être des unités de l'armée européenne à construire. Un peu comme aux USA avec la Garde Nationale (si on met de côté le caractère "réserviste") dont les unités émanent des états fédérés, mais dans le cadre d'une politique pilotée au niveau fédéral. (*) Sachant que celles-ci sont déjà un peu plus coordonnées, car c'est une compétences partielle de l'UE actuelle et qu'il y a un poste de Haut Représentant de l'Union pour les Affaires étrangères. Oui, totalement. À titre personnel, je suis pour. Mais ça présuppose que les partenaires qui contribuent au fonds aient une réelle possibilité de décision pour dire ce qui est éligible ou pas et pourquoi. Pour avoir discuté de ça il y a quelques temps avec des gens travaillant dans les institutions européennes, il y a chez certains une méfiance: "on voit le truc venir, la France continuera à faire ce qu'elle veut sans rien nous demander avant, et ensuite elle nous enverra les factures en demandant de payer". Je ne dis pas que c'est nécessairement l'intention française, mais c'est en tout cas l’écueil qu'il faut éviter si on veut que ça marche.
  16. Je vais essayer de ne pas faire partir le fil en HS total, mais je voudrais ajouter quelques précisions sur le sens de ce que j'ai voulu dire, pour enfin essayer de le rattacher au sujet du fil (sinon, on peut poursuivre l'échange dans ce fil plus approprié) L'idée de faire payer une partie de la défense française par les alliés européens, sous prétexte que la France en fait plus que les autres au profit de tous, n'est pas vraiment nouvelle. Si elle a une cohérence point de vue français (à savoir faire payer une partie de sa politique étrangère et de sa défense par ses alliés en échange d'une étiquette vaguement européenne à celle-ci), elle n'en a strictement aucune du point de vue des autres pays de l'Union, a fortiori pour la question hautement sensible de l'arme nucléaire, pour une raison bien simple: vous oubliez les dimensions politique et européenne et vous raisonnez en termes de "service de défense" (quasi-commercial). Vous pensez, sincèrement, que les pays européens (ou certains d'entre eux) envisagent sérieusement de payer pour l'outil de défense français sans avoir leur mot à dire, sur la politique au service de laquelle il sera, et de laisser Paris faire ce qu'il veut avec par ailleurs? (La France serait probablement la première à gueuler si elle était mise face à un tel choix, et c'est d'ailleurs pour ne pas se retrouver dans une telle configuration que De Gaulle a développé une puissance nucléaire française totalement autonome.) Les Européens ne cherchent pas à avoir un mot à dire sur l'emploi de tel ou tel missile au prorata de ce qu'ils paieraient (de ce point de vue, ma remarque sur les "70% de contrôle" d'hier soir était une boutade pour montrer l'absurdité même de l'idée), mais à développer une défense européenne cohérente (dont le modèle fait débat). Défense européenne, si on veut dépasser une logique d'alliances bi- ou multilatérales entres membres de l'Union promettant de se prêter assistance en cas d'agression extérieure, ça veut dire à terme un outil commun et intégré au service d'une politique étrangère extérieure. Donc soit on reste avec nos armées nationales qu'on coordonne dans un cadre donné (comme l'OTAN ou un machin européen propre à inventer), avec mise en commun de certains moyens (AWACS, ravitailleurs, transport) et éventuellement spécialisation de certains pays (comme la Belgique le fait p.ex avec le déminage) et que chacun engage ou non à sa guise en fonction de ses aléas de politique intérieure (bloquant potentiellement certains éléments de cette "armée européenne", soit on envisage un saut fédéral qui retire ces compétences des états et les confie au niveau européen dans le cadre d'une politique véritablement commune, à la fois d'équipement et d'engagement. Dans le premier modèle, chacun décide et paie pour son truc dans son coin et on s'arrange à la marge sur l'addition opération par opération pour équilibrer les comptes si nécessaire; dans le second cas, on a un budget européen auquel tout le monde participe, dans le cadre d'un système institutionnel de décision garantissant la dimension européenne de la politique menée (autrement dit: il ne s'agit pas de mener sous drapeau UE la politique de la France, ou de l'Allemagne, ou de la Belgique, ou de qui vous voulez). Le débat n'est pas de savoir ce que les Européens sont prêts à payer des équipements et engagements français, mais ce que la France (si elle se considère comme bras armé de l'Europe) est prête à voir géré par un gouvernement européen au profit d'une politique européenne commune qui n'est pas qu'une extension de la politique étrangère française. Sur le nucléaire, c'est encore plus compliqué parce que mis à part le cas très particulier du Royaume-Uni (qui va de toute façon quitter l'UE), la plupart des pays européens ont une position qui est à la fois très ambigüe et très claire sur le nucléaire: ils sont contre, mais sont très contents de faire partie d'une alliance qui comporte des détenteurs de l'arme nucléaire, qui confortent cette alliance. Donc aucun état européen ne me semble en l'état prêt à payer quoi que ce soit pour développer une force de frappe nucléaire, a fortiori si celle-ci n'est pas sous contrôle européen mais dépend d'un seul homme (le président français) qui n'a aucun compte à lui rendre. S'il faut à terme un budget nucléaire militaire européen, le bouton de déclenchement ne pourra être que sous contrôle européen. Si une forme de financement de la France par les Européens sur certains équipements conventionnels potentiellement mutualisables est très compliquée mais à mon avis pas totalement inenvisageable à certaines conditions, cela relève de la science-fiction pure pour le nucléaire tant qu'il n'y a pas une coupole fédérale européenne solide. Ceci étant dit, pour revenir à nos moutons, il me semble évident que la nouvelle ministre Sylvie Goulard va œuvrer dans le sens d'une défense européenne. Et il est important de noter qu'elle a quasiment le même profil et les mêmes opinions (sur la question) que Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la défense. Et là, on a à mon avis quelque chose de plus intéressant et de plus porteur que des chimères de paiement européen de la Bombe française. Pour information les deux femmes sont partisanes de la vision fédérale de l'Europe (von der LEyen parle régulièrement des "Etats-Unis d'Europe") et je ne serais pas étonné que les propositions en matière de défense européenne penchent vers la mise en place d'une défense fédérale plus que de l'institution de la France comme contractor des européens, pour reprendre l'expression d'un membre ci-dessus.
  17. Dites, je veux pas casser vos ardeurs et vos rêves, mais si vous voulez que vos partenaires européens paient 70% de votre force de frappe nucléaire, imaginant que quelqu'un l'envisage sérieusement, ils voudront aussi 70% de la décision sur la doctrine d'emploi, les cibles et l'autorité d'engager le feu nucléaire. Le bouton sera à Bruxelles, pas à Paris. #jedisçajedisrien Bref, tout ça pour dire que la défense française payée par l'UE, c'est une fumisterie on restera avec des défenses nationales plus ou moins coordonnées ou un saut fédéral avec une politique et un commandement uniques.
  18. Bat

    La Composante Air belge

    Ce n'est pas vraiment sur la Composante Air elle-même, mais La Libre de ce week-end publiait un reportage sur la SABCA et son expertise dans la maintenance et modernisation d'aéronefs de combat, notamment les F-16 belges et autres (le titre est débilissime, par contre): Suite: http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/si-l-on-n-entre-pas-a-la-sabca-gosselies-comme-dans-un-moulin-c-est-pour-une-bonne-raison-59023173cd70e805131d1d80
  19. Bat

    L'armée française en 1940.

    Daniel Costelle, Histoire de l'aviation (TF1, 1977), épisode "D'une guerre à l'autre" :)
  20. Je nuancerais quand même: quand je travaillais dans la même université, il n'y a pas si longtemps, on avait 2 ou 3 messages de phishing de ce type qui passaient chaque mois entre les mailles du filet des services de protection informatique (sachant qu'apparemment ils en bloquent chaque jour). Depuis, je sais que le service s'est renforcé et bloquerait plus efficacement ces attaques, mais il y en a inévitablement qui passent. Ceci pour dire que ces attaques sont constantes dans la durée, et le fait que NVDB en ait reçu une hier n'est pas nécessairement un signe qu'il soit visé. Par contre, et là je nuance ma nuance, ça ne veut pas dire non plus que personne ne pourrait essayer de le cibler en raison de ses travaux (ce ne serait d'ailleurs pas la première fois dans l'université, d'autres chercheurs travaillant sur des questions sensibles ayant fait l'objet d'attaques informatqiues plus ou moins ciblées et sophistiquées ces dernières années).
  21. Tiens, puisqu'on parlait de lui, il a son portrait dans la presse du jour: http://www.lalibre.be/actu/france/nicolas-vanderbiest-le-petit-belge-qui-a-secoue-la-presidentielle-591292b8cd70022542bbc498
  22. Bat

    Me revoilà.

    Ouch! Welcome back et surtout, par-dessus tout, bon rétablissement!
  23. Avant d'avoir une vision purement manipulatoire et de ce fait un peu complotiste (si on sous-entend que certains n'existeraient que pour manipuler l'opinion dans un certain sens), il faut d'abord comprendre que les paysages médiatiques français et américain n'ont absolument rien à voir. C'est assez difficile de comparer les choses de manière pertinente sans contextualiser et prendre en compte de facteur. Ils se sont constitués dans des contextes différents, selon des logiques (politiques, géographiques et économiques) différentes. En particulier, le paysage audio-visuel américain est fondamentalement décentralisé et privé depuis les années 1940 alors que le et le paysage audio-visuel français ne s'est désoviétisé que ces 30 dernières années. Par ailleurs, alors que la France découvrait avec émerveillement une troisième chaîne (d'état), les USA avaient déjà des réseaux de télévision thématique par câble sur abonnement.
  24. Bat

    La Composante Air belge

    Si tu regardes les 50 ou 60 pages précédentes de ce fil, tu y trouveras une bonne moitié de messages discutant, pesant, évaluant, spéculant sur cette question, les alternatives réalistes, les alternatives irréalistes et les rêves sous cannabis des uns et des autres. Sur le fond, pour faire simple, l'emport de la B61 est un des critères de l'appel d'offre mais faiblement évalué: autrement dit il n'est ni éliminatoire ni déterminant dans l'évaluation des offres des uns et des autres.
  25. Pour moi, l'explication principale tient au fait que ce type d'action limitée aux réseaux sociaux ne convainc que les convaincus: la rumeur marche d'autant mieux qu'elle touche des gens qui étaient prêts à la croire, et les renforce dans cette posture sans nécessairement atteindre les autres. (Exactement pour la même raison, le fact-checking a peu d'influence contraire: http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/05/04/si-le-fact-checking-permet-de-corriger-les-faits-il-n-a-pas-d-effets-sur-les-intentions-de-vote_5122264_3232.html) C'est, à mon avis, ce qui s'est passé aux USA où on a largement exagéré la portée des tentatives d'influence russe (sans dire ici que ce ont les Russes): la propagande russe en ligne a essentiellement alimenté les réseaux trumpistes avec des histoires qu'ils étaient tous prêts à croire, renforçant simplement leur conviction quant à Hillary Clinton.
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