Myrtil

Autant que possible raisonnons sur le réel, c'est ce qui compte encore plus fondamentalement. Retourne ton argument, est-ce que le contribuable francais serait en droit de contester le developpement d'un avion allemand avec l'argent public national ? Passons donc sur le sujet stérile. C'est une collaboration. Je suis tout-à-fait d'accord, les institutions allemandes et par extension son peuple peuvent être mécontents et juger que l'avion résultant du programme n'est pas optimal pour leur situation. Je l'ai écrit sur ce forum même, avec des doutes qu'ils achèteraient massivement l'avion et que cette défection, qui ne serait pas une première dans une collaboration allemande, présente un danger en soi. Mais là on touche à une autre hypocrisie fondamentale. La double exigence française de navalisation et de vecteur nucléaire a été émise dès le départ. Si ce cahier des charges ne convenait pas, il fallait ne pas s'y engager. Au lieu de çà, l'industriel allemand tente d'en modifier le contenu constamment via l'exercice de la gouvernance et de la gestion du programme en imputant l'échec à Dassault. Evidemment ca ne marche pas, ni avec Dassault, ni avec le gouvernement francais, ni avec les deux représentations nationales françaises. D'ailleurs la chambre haute en France a intuité très tôt la survenue de ce problème, habitués qu'ils sont aux collaborations internationales dans le temps long. Prendre à partie le citoyen allemand ne règlera rien sinon pseudo-justifier une sortie piteuse du programme.

Ce n'est pas exactement l'avis d'O Andries lors d'une recente audition ...

C'est en effet un festival. Outre les habituels propos sur la gouvernance du programme et la capacite a concevoir un avion hors collaboration SCAF, il y a le rappel sur le cout inferieur a diriger seul le programme et surtout il y a un nouveau pave qui a manifestement marque les deputes presents. A savoir la perennite d'un site comme Cergy en cas de repartition industrielle. Ca jette un froid juste apres avoir celebre son ouverture. On pourra noter le renouvellement de la menace a peine voilee de passer la collaboration pour le developpement d'une navette spatiale de l'autre cote de l'atlantique. Par contre, pour ce que j'en sais, c'est la premiere fois qu'il verbalise l'option de faire un autre avion si le NGF s'avere inexportable. Je ne suis par ailleurs pas etonne de l'adhesion large a son propos, c'est assez habituel dans ces commissions. Dans les annees recentes, hormis pour piquer Dassault Aviation ou Thales (en tant qu'actionnaire) sur des mouvements sociaux, je crois qu'il n'y a pas eu d'opposition a son propos.

Quelle serait la pertinence de la distinction dans le cas d'espèce ? L'acquisition de l'objet, dans les deux cas, ne vaut pas pour transfert de l'expertise, savoir-faire et propriété intellectuelle récente ou historique que le concepteur étranger ne voudrait céder. C'est hypocrite de faire croire le contraire, singulièrement de le faire croire à son propre électorat. Par ailleurs, les remarques de ce fil ne portent pas tant sur l'avis du citoyen que sur la posture quasi atavique du parlement allemand depuis des décennies. Si de plus en plus de pays européens ajournent leurs stratégie et modèle de défense en voulant renforcer leur capacité opérationnelle, la situation me semble bien plus confuse en Allemagne. Le gouvernement met bien cette nécéssité en avant et, d'ici en France, on voit percoler leur réflexion sur la difficulté à étendre les effectifs par exemple, c'est concret. Par contre il y a du flou sur la disposition d'ouvrir la possibilité d'un endettement important, décision prise dans une fenêtre temporelle en urgence. Merz parle d'environ 40 milliards par an sur 12 ans. Pour le moment, son effet majeur est d'exacerber les appétits des industriels et des interêts locaux, au risque de perdre de vue l'objectif de renforcer les armées et la capacité à se défendre. Contrairement à d'autres secteurs où l'Allemagne a de l'expertise valorisable, il y a plus que des doutes sur l'aptitude dans ce cas-ci et on voit Airbus DS radicaliser ses positions vraisemblablement dans l'espoir d'obtenir quelque chose du gâteau allemand. C'est le rôle du politique de ramener au réel et d'orienter ces ambitions, ce qu'il ne fait pas ou pas encore, au contraire même.

L'ironie c'est que si le premier ne veut pas t'ouvrir sa boite noire, tu achètes chez le second en sachant qu'il ne le fera pas. Par contre le second veut quand même bien te faire produire certaines choses, ce qui était, en fait, déjà un acquis avec le premier. Mettre en balance l'interêt industriel du second cas avec le refus du premier cas de partager son acquis passé est constitutif d'une hypocrisie canonique.

Dans l'equation FCAS, je pense qu'il faut rattacher l'actuel brouhaha FCAS/NGF en Allemagne comme levier supplementaire de sortie de KMW de KNDS. C'est dans ce cadre que je comprends la reaction tranchante mais surtout apparement publique de Trappier, comme aussi adressee au gouvernement francais en posture de faiblesse. Le demerden Sie sich envoye au gouvernement allemand, je le lis aussi comme "pas de melange des dossiers".

Il ne faut pas oublier que l'article se place au moment de la visite d'état. De toute facon, la presse anglo-saxone a un art consommé de reprocher aux autres ses propres vicissitudes. Pour le cas de l'avion, non seulement, lui, le partenaire de rang 1 en est un maigre acheteur mais, qui plus est, il a lui aussi produit un avion non américain et s'apprête à remettre ça. Une simple pratique de "l'obfuscation". Quant à l'impact éonomique sur des ventes ralenties de F-35, la principale source est la diminution du flux aux Etats-Unis, en particulier du modèle B, et le lancement d'un nouveau programme. Rien de nouveau sous le ciel britannique. La prochaine fois que l'union européene met en place un programme pour favoriser l'industrie de défense européenne, il faudra envoyer bouler d'emblée les quémandeurs britanniques, pour leur propre bien, puisque la démarche est nocive pour la défense du sous-continent.

Quel sujet ? Tu y reponds partiellement de toi-meme. A l'eventuelle capacite operationnelle tu peux sans risque ajouter les accords commerciaux avec les USA et les strategies de defense avec ses voisins europeens.

Probable mais cela ne clora pas le sujet.

Je ne prejuge pas de l'option en question mais elle est emise en Suisse, y compris pour raison de balance commerciale. Je n'ai pas grand avis sur ce que les Suisses devraient techiquement operer. Par contre j'ai une opinion plus tranchee sur la gestion de leur rapprochement otanien mais ce n'est pas le sujet de mon commentaire. Je me contente de faire remarquer qu'il manque vraisemblablement un element avant de considerer un achat tiers.

Oui mais en se placant dans ton hypothese de reduction de la commande initiale (pour conformite budgetaire) et de manque operationnel en resultant, ils pourraient tout-a-fait revenir completer sous peu. L'avion americain a pour lui de peser dans la balance commerciale et le bourre-pif douanier qu'ils ont tristement pris. A minima, pour reorienter un choix, outre toute difficulte a gerer deux petites flottes, ils faudraient qu'ils integrent que les prix vont s'alourdir. Qu'ils aient tort ou raison, je pense qu'ils sont loin d'en accepter la possibilite.

Pour motiver la decision d'acquerir un autre avion, il faudrait au prealable accepter la possibilite que les prix continuent d'exploser. Je crois qu'on en est loin, tres loin. Sans vouloir trop supputer sur la nature du contrat, dans une formule de type fixed-price incentive, plus la marge tombe, plus le prix augmente.

Je n'avais pas réalisé que neuf jours après l'accident médiatique du F-35 en Alaska, il y avait eu un autre incident. Un mot sur le sujet ici par les excellents Jumpseat/Aerobuzz. https://youtu.be/F1Wi5UDVE74?t=1800

... soit pour placer sur marché de l'occasion pour les pays courts en budget et étendre son empreinte.

Curieux de savoir comment l'Italie place cet effort à venir dans un cadre plus global impliquant ses voisins. https://www.lopinion.fr/international/litalie-admet-sa-vulnerabilite-militaire-face-aux-menaces-exterieures Par ailleurs, est-ce que cette entame d'article relate la vérité quant à la réticence populaire à l'investissement de défense ?

Petite précision, d'après le porte-parole de l'état-major des armées, ces avions étaeint déjà présents en Pologne pour une autre activité. Prudence quant aux interprétations.

ou encore plus directement depuis Thalès même. https://www.thalesgroup.com/fr/monde/defence-and-security/press_release/thales-contributeur-majeur-succes-du-sampt-ng-selectionne Il y avait un élément avant coureur à l'attention soutenue de Thalès pour le Danemark, perso un peu passé au travers: https://www.thalesgroup.com/fr/monde/defence-and-security/press_release/thales-et-terma-signent-protocole-daccord-etendre-leur

A ce stade, il ne coûte rien de promettre à l'administration Trump. Je pense que la Grèce va surveiller les coûts d'exploitation de cet avion avant de s'engager aveuglément. Ceci dit, pour un pouvoir politique, il est vraisemblablement naturel de répliquer des ratios de fournisseurs aéronautiques tels qu'ils existent actuellement ou existaient naguère. Si toutefois la demande émane déjà du monde militaire, on peut faire l'hypothèse de la volonté de compenser, par le nombre, un taux de disponibilité réputé faible. Quelle est la taille des escadrons en Grèce ?

Tout-à-fait, d'où la réserve sur l'intégralité de l'article. Je pense aussi qu'une logique contractuelle procèderait par lots plus modestes.

Ce n'est pas vraiment le rôle de l'armée de l'air de s'occuper des partages industriels ou de savoir qui fait quoi. Je crois qu'on peut ignorer ces pourcentages pour le moment. Le point à retenir, s'il est vrai, est la sélection de l'avion lui-même (et éventuellement le volume).

Best practice, F-35 ... du coup ils mettent la barre très haut. A ce stade, je trouve délicat de jauger les réelles ambitions du programme. Ce qui me paraît plus immédiat est que la formule permet de développer une activité technologique sans prendre frontalement toute la compétition internationale comme un programme national le ferait. Ca permet de s'insérer dans un volume de commande qui peut protéger l'investissement réalisé. A ce titre tous les partenaires seraient à mettre sur le même plan. Le danger c'est peut-être de vouloir être trop ambitieux.

Ca dépend de ce à quoi tu te réfères. Les 150 milliards y sont.

Au moins on pourra dire que le modèle des SOFICA s'avère un dispositif redoutable pour piéger les délateurs fabulistes des contrats internationaux. Non pas que ce soit son objectif premier...

Reste surtout à savoir quelles lignes de crédit étrangères seront bénéfiques à la BITD française.

Je crois que voir leurs B61 faire du tourisme sur PA étrangers à la destination incertaine n'est pas à l'ordre du jour des USA.