Bon, pour les passionnés de l'espace - comme moi - le rêve a une grande place. Donc, rêvons : quels projets spatiaux novateurs pourraient être entrepris, soit par la France seule, soit par une coopération où la France aurait une large part ?
Quelques idées en vrac :
1) Un nouveau type de sonde spatiale à propulsion nucléo-ionique
La propulsion ionique ça marche et potentiellement ça permet d'aller vite, donc loin, une fois qu'on est déjà en orbite. Problème : il faut une grosse source d'énergie pour vraiment l'utiliser. Un réacteur nucléaire spatialisé (quelques tonnes, ~100 kW électriques) est techniquement possible, on en est à peu près certain. En combinant les deux, on obtiendrait une plate-forme de sonde spatiale automatique qu'une seule Ariane V suffirait à mettre en orbite basse. Allez, imaginons un second lancement d'Ariane pour mettre en orbite un réservoir d'ergol à accoupler à la sonde (au moyen d'un ATV, véhicule de manoeuvre orbitale déjà en développement)
L'intérêt, c'est que ce genre de sonde pourrait emporter une charge importante, loin, et avec de la capacité de manoeuvre de reste.
Une seule sonde "lourde" envoyée dans le système d'une planète géante gazeuse permettrait alors de visiter tour à tour ses différents satellites. Ou encore de se balader dans la ceinture d'astéroïdes pour en étudier de nombreux exemplaires tour à tour. De plus, ayant beaucoup d'énergie électrique à bord, elle pourrait alimenter des instruments comme des radars de forte puissance (pour étudier la surface d'une planète) ou autre.
L'intérêt scientifique serait certain, et le prix du développement pourrait être amorti sur un certain nombre de sondes, une pour Jupiter, une pour Saturne, une pour Uranus ...
Ca c'est un projet de taille "France" du point de vue du budget, avec un risque technique relativement limité. Et c'est à la fois "visible et prestigieux" (soyons réalistes, l'espace est en grande partie une question de communication et de politique) et un peu (!!!) plus utile que de "refaire Soyouz en plus gros" (je ne désigne personne, mais enfin il y a un pays qui a fait ça récemment :mrgreen: )
L'idée générale vient de :
http://exploration.nasa.gov/programs/prometheus/
2) Tiens, maintenant qu'on a des réacteurs nucléaires spatiaux et une propulsion ionique de grande taille
... si on en mettait plusieurs au c.. d'une station spatiale de taille moyenne (de type Mir), avec suffisamment de vivres à bord pour deux ou trois ans ? Si on propulsait cette station hors de l'orbite terrestre et jusqu'à l'orbite ... tiens de Mars par exemple ? Si on la laissait là pour un an sans envoyer les cosmonautes au sol avant de la ramener en orbite terrestre ?
Ce ne serait pas très risqué techniquement si on coopérait avec un pays ayant l'expérience des stations spatiales et des séjours longs en orbite, et de plus des prix assez compétitifs ("Da ! Da ! Petit Franzouski vouloir coopérer !") Pour la même raison, ce ne serait pas excessivement cher, à la portée peut-être d'une association France-Russie, sans aucun doute d'une association France-Russie-Allemagne ou -Japon. Ceci notamment parce qu'il ne serait pas question de développer les vaisseaux spécialisés nécessaires à l'atterrissage sur Mars comme au séjour sur cette planète, tous risqués financièrement et techniquement.
Evidemment, ce serait bien bête. Faire 400 millions de km, et ne pas faire les 400 derniers km pour atteindre la surface !
Ou bien ... est-ce que ça pourrait être une bonne idée ? En effet, ce qui limite à un minimum ridicule l'efficacité d'un robot martien, c'est qu'on ne sait pas les faire suffisamment intelligents pour explorer tout seuls (il s'en faut de beaucoup) alors que si on les télécommande, l'aller-retour du signal prenant des dizaines de minutes, le robot ne peut se déplacer à plus de quelques METRES par heure (et encore !).
Alors que si des êtres humains sont en orbite pour télécommander une flottille de robots déposés à la surface, l'aller-retour du signal prenant moins d'une seconde ... BINGO ! Les robots se déplacent librement à la surface. Ils parcourent des centaines de kilomètres sur le sol (munis de moteurs à combustion interne), ou bien des milliers par la voie des airs (des petits robots emportés par des ballons). Après une année d'exploration, quelques échantillons sélectionnés pour leur intérêt sont montés sur une petite fusée qui rejoint la station spatiale martienne avant son retour (triomphal) en orbite terrestre.
Si on rêve de planter un drapeau sur Mars, c'est raté, évidemment. D'un autre côté, on a le même retour scientifique qu'une mission humaine à la surface de Mars (voire supérieur vu la multiplicité des robots), pour beaucoup moins cher et avec des technologies dont la plupart existent déjà.
L'idée générale vient de :
http://www.astronautix.com/craft/marpost.htm
Idée qui peut prendre plusieurs formes, dont j'ai présenté celle que je préfère (propulsion nucléo-ionique plutôt que solaro-ionique, séjour orbital de plus d'1 an en se rapprochant d'une trajectoire de Hohmann pour le transfert Terre-Mars et retour)
Autre avantage de ce projet de station spatiale moyenne à propulsion nucléo-ionique, c'est qu'elle serait réutilisable et sur plusieurs destinations !
Rien n'empêche en effet de ravitailler la station en carburant et en vivres pour une nouvelle mission deux ou trois ans plus tard. De nouveau vers Mars, ou bien vers la ceinture d'astéroïdes pourquoi pas ?