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Bat

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Tout ce qui a été posté par Bat

  1. Suite: http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-internationale-l-etat-islamique-vu-de-l-interieur-2015-04-21
  2. On est d'accord: dans les deux cas, on ne peut dire que leur avis sur quelque question que ce soit est la position officielle de leur pays. Donc prendre le fait que Béchamal n'a strictement rien dit sur Buzina comme "argument" d'une partialité occidentale globale (et derrière tout ce que ça implique selon les tenants de cette thèse: que l'occdent cherche l'escalade avec la Russie ou veuille la détruire, etc.) n'a strictement aucun sens. Je n'ai rien dit de plus, tous les détails complémentaires venant de la négation par certains du fait que les thèses de Douguine aient une forme d'écoute bienveillante au Kremlin, alres même que c'est de notoriété publique. Exactement. Mais ce n'est pas ma faute s'il y a toujours 1 ou 2 personnes pour venir ici se préoccuper de ce que pense BHL chaque fois qu'il se passe quelque chose en Ukraine et éventuellement y voir une sorte "d'argument" quant à la position des gouvernements occidentaux, prêtant de fait à BHL une importance que sans ça il n'aurait pas. C'est presque du trollage (éventuellement involontaire) dans la mesure où ça n'a aucun intérêt, ça n'apporte rien, ça n'éclaire rien et, pire encore, ça ne repose sur rien (certains en sont à commenter des déclarations que n'a pas faites le philosophe à la chemise blanche: c'est dire le degré de vacuité du propos). Il ne faut pas tomber dans le panneau de la discussion de comptoir (BHL serait un bon client car tout le monde aime à se moquer de BHL) ou celui de la propagande russe (sans même caricaturer, quand on regarde la télé russe, on pourrait croire que le débat intellectuel français contemporain oppose BHL à Alain Soral et Thierry Meyssan: évidemment, dans cette vision, BHL est hyper-important car il incarne l'ennemi cosmopolisto-capita;iste de la Russie, mais on se rend compte à l'énonciation des 3 noms en question que cela relève du pure délire), ou même de l'extrême-droite identitaire (qui fait une fixette sur BHL, pour d'autres raisons). Comme je le disais hier: La seule vraie question de fond —et ce pourquoi j'ai voulu hier remettre les choses en perspectives en disant qu'il fallait ignorer ce qu (n') avait (pas) dit BHL— est celle que pose nemo, c'est cependant une question compliquée: 1. On parle "des médias", de "la presse", comme si c'était un tout. En général, quand on ne précise pas, ça veut plus ou moins dire Libération, Le Monde et TF1/France 2. Il faut d'abord constater que (1) ces médias ne disent pas nécessairement la même chose et (2) qu'il existe en France bien d'autres médias qui ont des lignes éditoriales différentes de ces deux ou trois titres, notamment sur l'Ukraine et la Russie. L'Humanité, Le Monde Diplomatique ou à l'autre bout du spectre politique Minute, pour ne citer qu'eux, ont publié des articles et/ou analyses critiques envers la politique occidentale en Ukraine voire favorable à (certaines) positions de Vladimir Poutine. C'est également vrai de formats plus nouveaux (les fameux Mooks, le journalisme narratif, etc.) ou de publications en ligne. On ne peut pas dire de prime abord "les médias (français) sont antirusses": il faudrait préciser quels médias, quand, etc. 2. Quand ils parlent "des médias", beaucoup de gens (ici aussi) mélangent tout: reportage, analyse, interview, éditorial, trinune libre et courrier des lecteurs. Si c'est "dans le journal", c'est que c'est que c'est "la position du journal". C'est à la fois vrai et faux. On remarque (sur l'Ukraine comme sur d'autres sujets) qu'il y a souvent des différences entre les reportages de terrain (quand ces médias ont accès à la zone tenue par les milices sécessionistes, ils font un compte-rendu souvent nuancé de leur combat et aspirations) alors que les analyses et éditoriaux peuvent quelque part être considérés comme plus partiaux (mais c'est une loi du genre: un éditorial implique une position, donc un jugement). Ce n'est pas nécessairement contradictoire: on peut sur le terrain raconter avec nuance la vie des acteurs notamment ceux qui se disent pro-Russes, et dans une prise de recul juger que (par exemple) Poutine joue un rôle délétère dans la crise. L'affirmation d'une position partisane n'est pas contraire à la mission journalistique dès lors qu'on le fait dans une analyse ou un éditorial et qu'on ne travestit ou ne déforme pas les faits. Il y a parfois un déséquilibre entre les deux, notamment quand le reportage de terrain n'est pas possible, comme je l'ai déjà expliqué (quand les journalistes sont rançonnés ou menacés de procès sommaires pour "espionnage" en zone sécessionniste, ils n'y vont pas parce que c'est dangereux, par conséquent on peut difficilement exiger d'eux des reportages de terrain nuancé donnant le point de vue sécessionniste: le b-a-ba du journalisme reste l'accès au terrain). 3. Le grand serpent de mer de "l'objectivité" ou de "l'impartialité" journalistique est compliqué à aborder simplement. Pour faire simple, disons que l'objectivité journalistique n'existe pas: les journalistes parlent toujours de quelque part (avec un point de vue, une culture, un background) à des gens situés quelque part (avec eux-mêmes leur contexte, leur culture, etc.). Les professionnels préfèrent parler "d'honnêteté": assumer qu'on ne peut jamais être vraiment "objectif" mais relater le plus honnêtement possible ce qu'on voit, ce qu'on observe. Le problème, c'est que nombreux sont les gens qui pensent que cette objectivité est possible et veulent que les médias soient un miroir exact de la réalité, sans comprendre que c'est impossible car on ne sait pas quelle est la réalité (elle est, précisément, construite par les discours qu'on tient dessus). Or, "une minute pour les Juifs, une minute pour les Nazis", comme disait l'autre, n'est pas plus "objectif" dans l'absolu. Le problème bis, c'est que nombreux sont aussi les gens qui pensent que les médias ne sont pas "objectifs" dès lors qu'ils ne présentent pas la même vision du monde qu'eux. Si je pense que Poutine est un grand leader démocrate, je ne peux pas trouver "objectif" un média qui souligne qu'il est quand même quelque peu autoritaire; si je pense que poutine est un dictateur, j'ai du mal à trouver "objectif" un média qui rapporte le fait qu'il est quand même élu et populaire. On le voit périodiquement à propos de l'Ukraine sur ce fil (quand il y a une poussée de fièvre dans les échanges, il y en a toujours l'un ou l'autre pour dire que tout ça c'est la faite des médias non objectifs, c'est-à-dire surtout qui ne reflètent pas leur propre lecture de la crise), mais c'est vrai sur la plupart des sujets un tant soit peu problématiques dans un milieu social donné. Liste non exhaustive: l'immigration, l'économie, le conflit israélo-palestinien, les grèves dans les services publics, le réchauffement climatique, etc., etc. 4. Les médias défendent bien sûr des points de vue, des visions du monde: c'est ce qu'on appelle la "ligne éditoriale". C'est vrai pour tous les médias. Mais il ne faudrait pas croire que cette vision du monde guide tout ce qu'ils racontent de manière verticale et rigide. Comme je l'ai dit (point 2), la vision du monde est surtout développée dans les éditoriaux et analyses, alors qu'une part important est (ou devrait être) donnée à ce que les anglo-saxons appellent "les faits" (notons que le concept de "faits" est lui-même compliqué, mais passons). Surtout, il faut intégrer que depuis une vingtaine d'années, il y a eu un changement assez radical: la couleur des journaux s'est pour la plupart beaucoup estompée (du fait de changements d'actionnariat, de la crise de la presse et de la chute du Mur). L'Huma est toujours de gauche et Le Figaro de droite, mais à part ça on serait bien en peine de classer politiquement les autres grands quotidiens nationaux (même si tel ou tel directeur se déclare de telle obédience): le public est moins politisé donc les journaux aussi, et surtout les journaux créent maintenant le débat dans leurs colonnes. Ils n'ont plus une opinion mais toutes les opinions comme en témoignent la multiplication des chroniques, des contributions externes, des éditoriaux (parfois 3 ou 4 dans une seule édition!), des tribunes libres. Alors que la pluralité se faisait avant dans la diversité des journaux, les lecteurs achetant moins de journaux, les titres la recréent en leur sein (avec plus ou moins de succès). Il est donc parfois très difficile de dire que sur l'Ukraine (ou n'importe quel sujet) tel journal défend telle position sachant que cela peut parfois être nuancé d'une page à l'autre. 5. Il ne faut pas sous-estimer l'inertie de la machine médiatique. Avant d'être le résultats de choix idéologiques assumés, la manière dont les journaux rendent compte d'un dossier est surtout tributaire de leurs manière de fonctionner ou de leurs moyens. On ne parle pas de l'assassinat de Buzina: un complot des médias occidentaux pour masquer le côté sombre de l'Ukraine? La belle affaire! C'est juste que les journaux ne parlent jamais ou presque de l'assassinat des journalistes étrangers (ou alors 2 lignes dans une brève), que les lecteurs n'en ont globalement pas grand chose à foutre (et qu'un journal ça doit vendre et/ou générer du clic), et que par ailleurs on n'a pas nécessairement un correspondant ou un envoyé dans le coin donc ça passe à la trappe faute de personnel pour traiter le cas, surtout si c'est "habituel" (on parlera plus d'un événement exceptionnel que d'un événement habituel, or l'assassinat de journalistes en Ukraine est, hélas, devenu "habituel": un par mois depuis 1 ans, un tous les 3 mois les 10 années précédentes). Ce que certains attribuent ici à des "biais idéologiques" relève avant tout des logiques médiatiques et peut s'observer sur beaucoup de sujets et pas spécialement sur la Russie/l'Ukraine qui ne font pas l'objet d'un traitement particulier de la plupart des journaux. On ne traite pas la Russie de telle façon (que ce soit bien ou mal) de telle façon parce que c'est la Russie (ça c'est la thèse paranoïaque: on critique la Russie car on ne l'aime pas), mais parce que c'est généralement comme ça qu'on traite un conflit de ce genre n'importe où dans le monde. Bon, c'est pas tout ça, il faudrait peut-être que je bosse. Je vous laisse tranquilles pour la journée, promis! ;-)
  3. Comme Wallaby essaie de nous emmener vers une discussion hors sujet qui n'aura que pour effet de semer la confusion dans l'esprit du lecteur, il me semble bon de faire quelques rétroactes pour que tout le monde comprenne bien. 1. On rapporte l'assassinat dans des circonstances troubles du journaliste notoirement pro-russe Oles Buzina. 2. Certains ici demandent si on en a parlé (en France et en Occident) et devant l'absence de grandes déclarations sur ce meurtre, concluent à une orientation idéologique anti-russe des politiques et de la presse qui ne verraient que la paille russe et jamais la poutre ukrainienne. 3. Sur ce, j'interviens pour signaler deux choses: d'une part, le fait que la mort des journalistes non français ne fait généralement pas la Une de la presse française (on assassine environ 1 journaliste par mois en Ukraine, qu'ils soient "pro" ou "anti" Poutine, sans qu'ils ne fassent jamais l'objet d'articles ou déclarations), montrant qu'il ne faut pas voir dans l'absence de traitement du cas de Buzina quelque chose qui serait idéologiquement significatif (on a plutôt affaire au fonctionnement habituel de la presse française). D'autre part, le fait que la presse anglo-saxonne et différentes ONG de défense de la presse/de la liberté d'expression ont parlé de Buzina et ont condamné son assassinat (ce qui invalide l'idée selon laquelle "on en parle pas" en Occident car on n'aimerait pas les Russes). 4. Sur ces entrefaites, kalligator arrive pour préciser que quand il parle des réactions occidentales, il ne pense en réalité qu'à la réaction d'un seul homme: le "philosophe" médiatique connu ici sous le nom de Béchamel. 5. Je me permets de préciser que je ne savais pas que ledit Béchamel était "l'Occident" et que je ne voyais pas en quoi sa réaction serait plus significative qu'une autre, surtout que le guignol est très discret dans les médias ces temps-ci. Je précise que les seuls à se préoccuper de ce que pense Béchamel semblent être le Kremlin (ou les chaînes publiques russes, ce qui sur un tel sujet est sensiblement la même chose) et la mouvance soralienne (qui le déteste autant par poutinisme idolâtre que par antisémitisme crasse). Je conclus en disant que c'est une erreur de se focaliser sur le point de vue d'une seule personne et de (faire) croire que celui-ci serait celui d'un pays entier. Pour illustrer cela, je dis qu'il est aussi absurde de considérer que la position de Béchamel serait celle de la France que considérer que la position de Douguine est celle de la Russie: il peut y avoir des convergences de vues plus ou moins larges entre les gouvernements des deux pays et leurs clowns-idéologues respectifs, mais globalement Béchamel ne fait pas plus la politique française que Dougine n'est ministre russe. 6. C'est alors qu'arrive notre ami Wallaby qui se focalise sur l'exemple qu'il prend manifestement au premier degré (apparemment, il comprend que je dis que Douguine, c'est la politique russe, point), et dit que "cela n'a rien à voir" parce que Douguine "n'est pas reçu au Kremlin" (je décode l'implicite: Douguine n'est pas reçu au Kremlin et par conséquent ne représente pas la politique russe, donc Béchamel, qui va parfois à l'Elysée, représente lui la politique française: cela mériterait —au moins— un peu plus d'argumentation qu'un raisonnement par allusion implicite.} 7. Patient et pédagogue, je réponds à Wallaby qu'il se trompe doublement: d'une part en considérant que le fait d'être reçu par le chef d'état ferait de vous le porte-parole de sa politique (je me cite: "c'est qu'on ne peut réduire la politique d'un état aux vues d'un seul activiste qui n'est pas membre du gouvernement de ce pays, qu'il soit plus ou moins souvent reçu par le chef de l'état en question"), d'autre part en soulignant qu'en plus, dans le cas précis de Douguine, son contre-argument est factuellement faux puisqu'il est avéré que Douguine a eu (et a peut-être encore) une influence au Kremlin depuis la fin des années 1990, et qu'il est donc absurde de prétendre que Poutine et Douguine n'entretiennent aucun lien. Pour illustrer ces liens, je fournis una rticle académique et je rappelle que Poutine reprend la rhétorique de Douguine sur certains dossiers, notamment l'Eurasie. 8. Wallaby, qui est un homme d'ordre et d'archives, trouve toute une série de citations pour montrer qu'on ne sait pas si Douguine et Poutine se rencontrent (ce qui n'est pas le fond de la question) et que Poutine peut avoir d'autres sources d'inspirations que Douguine (ce que personne n'a jamais contesté). À ce moment, se pose la question de savoir comment répondre: revenir au sujet initial (à savoir: non, ce n'est pas parce que Béchamel n'a pas condamné l'assassinat de Buzina sur toutes les chaînes que cela prouverait que la France et que l'Occident sont anti-russes), ou continuer sur Douguine, personnage trouble et fascinant sur lequel il y aurait beaucoup à dire, mais qui nous emmènerait (en partie) loin du sujet ukrainien? Vu que j'ai déjà écrit 2 pages, on va faire bref sur les deux: -Béchamel ne fait pas la politique la France, même s'il peut y avoir par moments des convergences plus ou moins importantes entre celle-ci et le "philosophe" en mal de publicité. (Et à ceux qui sortiraient l'exemple de la Libye ou Béchamel aurait dicté à la France sa politique, je répondrai simplementq ue (i) c'est quand même un peu plus complexe que ça, (ii) c'était un autre président, (iii) ce président prétendument sous l'influence de Béchamel ne l'a pourtant pas suivi sur la Géorgie —alors que Béchamel voulait que l'Occident sauve son ami Saakashbilli— ce qui montre que l'influence de Béchamel est surtout limitée aux cas où il y a convergence d'intérêts: finalement, sa devise devrait être "si vous n'avez aucune prise sur les événements, faites semblant d'en être l'organisateur"). -Douguine n'est pas le Raspoutine de Poutine, mais il fournit à l'extrême-droite russe (tant celle au pouvoir que celle dans l'opposition) un cadre idéologique (assez syncrétique: il mêle l'histoire, une vision ethnique du monde, de l'occultisme de comptoir, un vieux fond antisémite, etc.) sur lequel s'appuie en partie poutine pour faire avancer son agenda. L'eurasisme de Douguine n'est peut-être pas particulièrement neuf (encore que ne ne suis pas spécialiste; mais il me semble que la version Douguine implique un anti-capitalisme et une bigoterie orthodoxe peu présente dans la doctrine des années 1920 et qu'on retrouve justement dans le discours poutinien), mais c'est lui qui le met au goût de l'extrême-droite russe qui permet à Poutine d'avoir l'adhésion de sa propre "opposition" dans ses projets eurasiatiques. Peut-être que Poutine ne croit pas un mot de ce que raconte Douguine, je n'en sais rien, mais grâce à Douguine, il a un soutien au moins partiel des Jirinovski, Routskoï et autres allumés du genre qui, sans cela, pourraient poser quelques soucis à ce bon Vladimir.
  4. Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut réduire la politique d'un état aux vues d'un seul activiste qui n'est pas membre du gouvernement de ce pays, qu'il soit plus ou moins souvent reçu par le chef de l'état en question. Quant à Douguine, la question n'est pas tant de savoir s'il est "reçu" au Kremlin, mais l'influence qu'il a sur la politique russe. Il a des liens étroits avec Poutine et différents services de l'état depuis la fin des années 1990 (voir par exemple cet article de recherche passionnant sur leurs liens au début des années 2000: http://connection.ebscohost.com/c/articles/12596047/aleksandr-dugins-foundations-geopolitics), et Poutine a allègrement repris sa rhétorique (ou la même rhétorique) sur l'Eurasisme ou l'Ukraine. On les dit en froid ces derniers temps, ce qui n'empêche pas les proches de Douguine —théoriciens et promoteurs de l'Eurasisme— d'être très souvent au Kremlin. Ceci étant, Poutine n'est pas le seul avec qui Douguine a des liens plus ou moins directs: une bonne partie de l'extrême-droite nationaliste et des nationaux-communistes reprennent ses idées.
  5. Je pensais que Béchamel était un clown pathétique absolument non crédible et que ce qu'il dit n'avait aucune importance. Dès lors, pourquoi s'inquiéter, à chaque fois qu'il se passe quelque chose en Ukraine, de ce qu'il en a dit ou pas dit? On s'en tape. Il est d'ailleurs piquant de constater que les positions de Béchamel sur l'Ukraine sont une obsession qu'on retrouve essentiellement dans les médias d'état russes et dans les sites conspirationnisto-fascisto-kremlinolâtres comme "Egalité & Réconciliation" (qui l'associe "au Juif Poroshenko" - sic). On l'a rarement aussi peu vu dans les médias français ou dans les ministères. (Il est allé récemment à l'Elysée, mais c'était pour se faire photographier à côté d'une combattante Peshmerga kurde: la France n'a pas vraiment eu besoin de ses lumières pour considérer l'EI comme un danger et pour armer les Kurdes comme il l'a demandé à Hollande le 2 avril.) C'est une erreur de considérer les positions occidentales à travers le seul discours de Béchamel: vous pensez que vous auriez une vue objective et nuancée de la position officielle russe à la seule lecture du blog d'Alexandre Douguine, vous? C'est exactement la même chose ici. Béchamel a ses positions sur l'Ukraine et la Russie et il les défend, c'est son droit (en France, il est permis de le faire, contrairement à d'autres pays comme la Russie ou, de plus en plus l'Ukraine). Et après?
  6. Ne mélangeons pas tout, je parlais de l'Ukraine. Et encore bien même: si Ana Politkovskaia est très connue en France, combien d'articles sur les journalistes russes tués en Russie rien qu'en 2014? Si on a beaucoup parlé à l'époque de Politkovskaïa dans les médias français, c'est plus parce qu'elle était déjà très connue en France avant (par ses reportages en Tchétchénie, par la traduction en français de ses livres qui se vendaient bien, par les multiples prix internationaux de journalisme et autres, par sa tentative d'empoisonnement alors qu'elle enquêtait sur la prise d'otages de Beslan) que parce que les médias français feraient preuve d'un anti-Russisme (si ça se dit) pavlovien (Politkovskaïa était, russe, d'ailleurs, si je ne m'abuse).
  7. N'exagérons rien: les assassinats de journalistes ne font jamais la Une de la presse française, sauf si les victimes sont françaises. On ne parle pas de Oles Buzina dans la presse française, pas plus qu'on a parlé de la mort, des assassinats ou de la disparition dans des circonstances mystérieuses de Andrei Stenin, Igor Kornelyuk, Anton Voloshin, Anatoly Klyan, Sergei Dolgov, Aleksandr Kuchinsky et sa femme, Olga Moroz... tous survenus depuis le début de la guerre, ou des différents journalistes assassinés en Ukraine avant la dernière révolution. Il ne faut pas voir dans le fait que la presse française ne consacre pas des pages entières à Buzina un fait particulièrement significatif d'un prétendu parti-pris anti-russe ou du fait qu'ils trouveraient les fachos ukrainiens sympathiques. A noter que la presse anglo-saxonne en a parlé, de même que les associations occidentales de défense de la presse et de la liberté d'expression.
  8. Par ailleurs c'est prévu et public depuis presqu'un an.
  9. Pardon, je me suis trompé, je voulais répondre à Wallaby et je me suis emmêlé les pinceau (en fait, les doigts) sur mon smartphone: Il s'agit de dire que l'objection de Wallaby n'a que peu de sens car il raisonne dans un schéma dépassé de propagande verticale. (En gros: l'info vient des ennemis du Kremlin, donc c'est de la propagande américaine, donc ça n'existe pas; et si ça existe, tous font pareil, etc.) Se focaliser sur le fait de savoir si ça existe ou non n'a pas vraiment de sens. Ça existe, c'est un fait, il est inutile de trouver tel ou tel financement de l'article cité par Slate ou Libé pour essayer de faire croire le contraire. La question est de savoir comment ça marche et au bénéfice de qui. L'influence n'est pas le fait d'agents de l'état, mais de volontaires encouragés par des services de l'état, avec une stratégie pas nécessairement élaborée par l'état. Le marketing viral, c'est de la propagande (plus ou moins) spontanée et volontaire. L'art est d'orienter habilement cette volonté et c'est ce que fait manifestement le Kremlin sur ses thèmes de propagande habituels (l'"agression" occidentale permanente, l'homosexualité, l'Ukraine...). L'influence en ligne se fait par toute une série de gens dans des tas de domaine, commercialement avant d'être politique (c'est plus récent). Cela contribue à brouiller les codes et définitions de la propagande car les émetteurs sont multiples et éclatés, bien souvent volontaires convaincus et avec lesquels on doit trouver un modus vivendi plus que donner des instructions façon Staline ou Mao. Comme l'a souligné zack, il y a sur ce forum plusieurs fils volontaires et bénévoles de promotion du Rafale. Ce n'est pas de la propagande de Dassault, mais c'est de la propagande pour Dassault et avec laquelle Dassault devrait essayer de jouer (et joue peut-être, s'ils sont malins), à distance et mettant en avant ces contributions, en adressant des infos à certains ou par d'autres moyens. Aujourd'hui, les entreprises cherchent les lieux où l'on parle de leurs produits et repèrent les blogueurs influents sur ce créneau. Ensuite, elles montent des actions de communication à destination spécifique de ces blogueurs (qu'on invite à un événement, qui ont droit à tester les produits en avant-première, etc.) dans le but que les blogueurs en question vont reprendre l'argumentaire à destination de leur réseau. Le blogueur a sa liberté, il dira ce qu'il voudra, mais on aura fait le le maximum pour orienter favorablement son jugement. Le Kremlin ne fait pas autre chose.
  10. L'image d'armées de trolls payes est sans doute trompeuse car on imagine des salles de contrôle type NASA avec consoles, etc. Par contre, les témoignages montrant que le régime russe utilise des agents d'influence en ligne dans le cadre de stratégies coordonnees via des sociétés specialisees sont nombreux et antérieurs a la crise ukrainienne (on trouve des témoignages déjà en 2012 avec les JO), y compris dans la presse d'investigation traditionnelle. Apparemment, une boîte de St Petersbourg fournit par exemple une partie des images détournées utilisées dans ces actions d'influence. Je relevais l'info simplement non car c'est neuf mais car elle est dans tous les médias francais. Ça n'est pas particulièrement original: Israël oriente l'action de cyber volontaires pour redorer l'image du pays à chaque guerre, la France fait pareil depuis peu en trollant les sites de recrutement islamistes, etc. La spécificité russe (ou chinoise) semble dans l'ampleur des moyens mobilisés dans ce but. Après, oui, pas nécessairement besoin de payer pour que des citoyens lambda, militants nationalistes ou simples faibles d'esprits se fassent relais de propagande: beaucoup le font par adhésion (ce qui fait un peu peur). Des trolls qui font des hagiographies tartignoles de Poutine sans aucun recul, il y en a eu un ou deux ici, mais ça m'étonnerait qu'ils soient payés!
  11. Le Kremlin invente l’usine à trolls http://www.liberation.fr/monde/2015/04/16/le-kremlin-invente-l-usine-a-trolls_1243810 http://www.slate.fr/story/99103/trolls-kremlin-directives L'article qui a inspiré les 2 médias français est ici (en anglais): http://globalvoicesonline.org/2015/03/14/russia-kremlin-troll-army-examples/
  12. Comme je sais qu'il y a des joueurs de KSP parmi nous, Scott Manley a essayé de recréer la récupération du Falcon 9 sur le jeu (moddé):
  13. Bat

    La Composante Air belge

    Je pense que les micro-déploiements vont de pair avec le désinvestissement. C'est parce qu'on désinvestit qu'on micro-déploie sans vraie cohérence stratégique ou opérationnelle. Les autorités politiques successives et, dans une moindre mesure, les états-majors l'ont mis en place et assumé depuis au moins 10 ans: une très petite armée qui se considère comme fournisseuse de services de pointe (déminage, bombardement de précision, coaching...) au sein de coalitions type OTAN avec aval de l'ONU, le prestige découlant de la bonne réputation des quelques hommes engagés (car, et c'est ce que je voulais souligner, malgré une absence totale de moyens ils sont plus à la pointe que ceux de certains pays qui consacrent plus de moyens à la défense) est supposée faire la réputation (et l'influence??) de la Belgique. Ce qui compte n'est plus la capacité, mais une participation modeste mais bien notée. (La meilleure preuve étant d'ailleurs que quand un déploiement est décidé, en caricaturant à peine c'est plus pour montrer la cocarde aux alliés ou satisfaire les pilotes qui y voient une opportunité professionnelle intéressante plus que parce que la Belgique voit un quelconque intérêt à l'intervention: on en débat peu politiquement —on s'est même engagés en Libye avec un gouvernement en affaires courantes!— et comme je l'ai dit à plusieurs reprises, la Belgique n'a aucune doctrine.)
  14. Bat

    La Composante Air belge

    En passant, sans vouloir faire de cocorico cocardier, ce que parvient à faire l'armée belge avec la part de budget la plus faible d'Europe est assez incroyable comparé à d'autres pays. Pour ne parler que de la Composante Air (dont c'est le fil), il y a eu présence permanente de F-16 en Afghanistan durant 5 ans, l'intervention en Libye, aujourd'hui l'intervention en Irak. Et si on parle des autres composantes, il y a la lutte anti-piraterie, un soutien logistique au Mali, le déminage du sud-Liban, etc.
  15. Bat

    La Composante Air belge

    Suite: http://www.lalibre.be/actu/belgique/ecolo-veut-pousser-les-lobbys-militaires-dans-la-lumiere-552e89ef35704bb01bc592a9
  16. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/forte-hausse-d-incidents-impliquant-des-avions-militaires-russes-volant-a-l-aveugle-552d617d35704bb01bc23082
  17. Je pense que c'est quand même à nuancer car un peu plus complexe. D'une part, il est clair que la Chine a des ambitions hégémoniques, au moins dans le sous-continent qu'elle considère être sa zone d'influence exclusive, essentiellement pour alimenter les besoins énormes en ressources dus à son économie et son développement. Mais d'autre part, je pense qu'il est partiellement faux de croire qu'elle le fait dans une logique totalement autocentrée (type: "après moi, les mouches" ou "moi et le monde à mes pieds"): plus qu'à diriger le monde, tout le discours chinois tourne autour de l'idée d'y prendre "sa part" et ses responsabilités dans un monde multipolaire. Il y a dans les postures chinoises une vraie demande de reconnaissance, plus qu'une d'aspiration à la domination (ou du moins à la domination brutale: elle considère que reconnaître la place qu'elle estime être la sienne, c'est lui permettre de gérer "ses" affaires —à savoir aussi celles de ses voisins— sans "ingérence"), et cela se traduit par une implication de plus en plus importante de la Chine dans les organes internationaux ou multilatéraux. Ceci s'accompagne au fait que le développement de la Chine tient essentiellement au fait qu'elle s'est partiellement ouverte au monde, et que si l'Occident dépend maintenant beaucoup de la Chine économiquement, la Chine sait aussi qu'elle dépend économiquement, pour les mêmes raisons, de ses bons rapports avec l'Occident. Elle sait donc très bien qu'elle ne peut pas prendre le risque de se brouiller avec eux, du moins à court/moyen terme. Quelque part, elle n'est pas très loin de ce qu'a pu être la posture des USA notamment pendant la guerre froide: une grande puissance économique et bientôt militaire, avec des ambitions planétaires mais une recherche de domination par le "soft power" et l'adhésion à son modèle plus que par l'imposition par la force (en-dehors de quelques "petits" faciles à croquer pour faire un exemple de temps en temps: les USA ont alimenté des guerres périphériques, la Chine se concentre surtout sur ses minorités ethniques et religieuses et autres "ennemis intérieurs"). Comme les USA, la Chine veut être aimée et reconnue comme aimable, mais elle ne peut pas vraiment jouer sur ce terrain: l'Occident et une bonne partie du reste du monde n'ont finalement pas beaucoup d'affinités avec la Chine, en-dehors des perspectives économiques. À part ceux qui veulent faire du fric rapidement, les esprits faibles face à la propagande ou les réfugiés nord-coréens, qui la Chine fait-elle réellement rêver (au sens de vouloir adhérer à son modèle, comme le "modèle américain" nous a fascinés et continue en partie de nous fasciner en Occident)? Ça reste une dictature stricte et opaque, ses valeurs sont peu accessibles et compréhensibles du non-chinois, le régime cultive un nationalisme d'exclusion (y compris au sein de leur propre pays, pourtant supposé être un paradis communiste, où tous les hommes sont donc égaux), à l'inverse des USA qui —malgré leurs très nombreux défauts— restent une démocratie ouverte et animée par une mythologie de l'inclusion. Dans la plupart des pays, on peut détester les Américains, mais trouver intéressante l'idée de d'émigrer et s'installer en Californie; à l'inverse, on peut aimer la culture chinoise mais l'idée de s'installer à Shangaï fait flipper. Le problème pour la dictature chinoise est qu'elle est face à une double contrainte. D'une part, le Chinois moyen veut vivre comme aux USA et le Parti essaie d'y arriver. D'autre part, pour y arriver, la Chine doit nécessairement s'ouvrir au monde, affaiblissant le parti. Tout l'art des gouvernements chinois depuis 25 ans est d'essayer d'inventer un système qui permette cette ouverture tout en verrouillant toute velléité démocratique interne, un système qui fasse que la Chine soit aimée dans le monde malgré son caractère totalitaire. Tout autre choix est inacceptable aux yeux des dirigeants du Parti, toutes tendances et tous clans mafieux confondus. Quand la Chine dit ne pas vouloir se fondre dans la mondialisation, plus que la préservation de ses valeurs culturelles (que le PCC a très largement mise à mal ces 50 dernières années, sans aucune intervention extérieure), c'est la préservation des privilèges et de la domination des castes dirigeantes qui profitent du système qui est en jeu. Quand elle dit qu'elle se méfie des valeurs occidentales et qu'elle est prête à la confrontation pour s'y opposer, on a surtout des groupes d'intérêts internes au système qui annoncent que toute velléité —interne ou externe— de brider leurs privilège est dangereux du fait de leur pouvoir de nuisance.
  18. Je ne sais pas si le terme est employé par le régime chinois lui-même ou si c'est une (ré)interprétation de Collectionneur, mais dans la rhétorique du parti, cela pourrait correspondre à la doctrine souverainisto-nationaliste qui guide les actions de Pékin à l'intérieur comme à l'étranger. À l'intérieur, il s'agit surtout de cadenasser la société civile de sorte à éviter toute velléité démocratique organisée au sein de la population et d'assurer l'hégémonie du PCC (démocratie, liberté d'expression, etc., étant des valeurs "de la mondialisation", entendez par là occidentales donc non chinoise st forcément mauvaises/dangereuses pour la Chine et son identité, du moins si on en croit le Parti). À l'extérieur, c'est plus compliqué car la Chine joue à la fois le pays qui veut être incontournable internationalement mais en même temps qui ne veut pas entrer directement dans le jeu diplomatique international (jugé trop favorable aux USA). Donc ça veut dire quelque chose comme "nous ferons ce qui est conforme à nos intérêts sans aucune limite ou restriction de l'extérieur, nous ne tolérons aucune ingérence". La crainte de la "mondialisation" est surtout celle de règles internationales contraignantes non décidées par le PCC. Dans la rhétorique du Parti, il faut bien comprendre que si la Chine n'envahit par exemple pas tel ou tel territoire revendiqué, ça n'est pas parce que cela ne se ferait pas ou parce que les voisins pourraient s'énerver, mais uniquement parce que le Parti, omniscient, tout-puissant et éclairé, a décidé (pour le moment) de ne pas le faire. L'idée d'un système supranational officiellement accepté (même si dans les faits, la Chine le respecte, bien sûr) fait peur à la direction du Parti car cela serait montrer que le Parti n'est pas tout-puissant, donc qu'il n'est peut-être pas infaillible.
  19. Ciel! Dans le genre propagande ridicule qui fait flèche de tout bois: http://www.lalibre.be/actu/international/la-russie-decouvre-un-reseau-d-espionnage-satelliteau-dessus-de-son-territoire-552a7fac35704bb01bb943ef
  20. Suite: http://www.lalibre.be/actu/international/ukraine-mutiles-ces-rebelles-revent-de-retourner-au-combat-5522af2d35704bb01b97be39
  21. Bat

    Les BPCs Egyptiens

    Sans vouloir trop troller, je dirais que des énormités, il y en a dans la presse russe sur tous les sujets tous les jours. Ils ont donc du mal à détecter les énormités prétendues fausses de celles prétendues vraies! ;) Plus sérieusement, c'est toute la difficulté d'interpréter correctement un article dans un contexte différent de celui de son contexte de production et réception. En Europe de l'Ouest, le poisson d'avril doit semer le doute mais indiquer son caractère faux par des indices, et est normalement détecté comme ça, mais pas toujours (pensez à ces articles du Gorafi repris par la grande presse). En Russie, où l'on n'a pas le contexte nécessaire pour comprendre en quoi les énormités sont... énormes est encore plus difficile.
  22. Bat

    Mirage 2000

    Le M III Z (et F1Z), c'est bien pour "Zuid Afrika": Afrique du Sud en Néerlandais et en Afrikaans (langue officielle du pays à l'époque). J'ai aussi déjà entendu que c'est pour "Zoulou", mais je ne sais pas dans quelle mesure c'est une (mauvaise?) blague.
  23. Bat

    NH-90 et Cougar

    Intermède "Point de vue et images du monde" (ou Gala, selon les goûts): http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-roi-philippe-aux-commandes-du-nouvel-helicoptere-nh90-de-l-armee-belge-photos-551bec2e35704bb01b7c1e76
  24. Bat

    Armée belge

    La Belgique n'a pas de doctrine, avec ou sans moyens. Pour l'heure, cela se limite à des déclarations de type "remplir les obligations internationales avec nos alliés européens et OTAN".
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