gustave

Très juste, et je crois que c'est bien pour cela que Russie et Chine sont plus que méfiants et sensibilisés envers la volonté de puissance US.

Au final, que reprochent précisément les détracteurs de Poutine? Qu'il n'ait pas poursuivi la politique de Elstine qui avait l'accord de tous les pays occidentaux, lui fournissant conseillers et conseils? Qu'il n'agisse pas comme le font Hollande ou Merkel dans un pays sortant de près d'un siècle d'une histoire plus que tourmentée, avec une décennie désastreuse sous les auspices de nos bons pays "modèles"? Qu'il se montre autoritaire (et pas dictatorial) dans un pays soumis pour une large part aux oligarques et gouverneurs sans opposition autre qu'extrême ou anecdotique? Qu'il dirige un pays à l'économie largement dépendante des hydrocarbures en dépit de tentatives de diversifications peut-être peu efficaces mais tentées (et quel pays peut se targuer de maîtriser l'évolution de son économie)? Qu'il en vienne à s'opposer à un bloc occidental (c'est à dire surtout US) qui a tiré la corde de son affaiblissement jusqu'à la casser et dont certains dirigeants de haut niveau sont eux aussi restés à l'ère de la guerre froide? Que dans cette opposition il utilise les armes dont il dispose (volonté politique, armée, énergie) comme nous le faisons aussi (mais l'Europe est rarement en mesure d'user d'un avantage comparatif militaire, auquel cas elle ne s'en prive pas forcément comme en Libye) ? Alors Poutine n'est certes pas parfait, néanmoins je crois qu'il soutient largement la comparaison avec la plupart des autres dirigeants, sauf à confondre dirigeant et animateur social...

Je ne crois pas qu'une victoire "kiévienne" close l'affaire. Et après? Elle ne ferait qu'entériner l'opposition entre Ouest et Est du pays, opposition qui ne pourra que resurgir après avoir copieusement mariné dans un contexte économique et politique tout sauf porteur d'espoir...

Qu'est-ce qui vous fait dire que la Russie veut de ces territoires? Pour l'heure elle dit ne pas souhaiter cela, au contraire de ce qui s'est passé en Crimée, et tout laisse supposer que si elle avait voulu les annexer elle aurait profité de la même fenêtre d'opportunité que pour la Crimée. Et elle ne semble pas avoir armé le moins du monde ces séparatistes, qui n'ont pas bénéficié non plus du moindre encouragement même oral de Moscou. Nous sommes maintenant dans le rapport de force entre ultras des deux bords, mais cela n'empêche pas que les ultras russophones sont soutenus par une grande part de la population locale inquiète de sa place dans une Ukraine dirigée par ceux qu'elle considère comme des putschistes (et aussi de son avenir économique). Ignorer cela est le plus sûr moyen d'aller au drame. D'autant qu'au vu de la fiabilité de nombre d'unités ukrainiennes...

La plupart de ces russophones ne demandent pas un rattachement à une Russie qui ne le souhaite surtout pas. Sans même évidemment parler de la légitimité incertaine de nombreuses structures de l'appareil d'Etat ukrainien actuel qui est mal placé pour considérer comme illégitime par principe tout groupe armé contestant le pouvoir. Donc oui, l'envoi d'hélicoptères de combat et de blindés contre des dissidents soutenus par une part non négligeable de la population qui demande (même maladroitement et même exploitée par certains) à être rassurée sur son avenir au sein d'un pays aux fondements fragile n'a pas à être considéré comme allant de soi. Entendons-nous bien, je suis bien incapable de dire ce que devrait faire le pouvoir de Kiev aujourd'hui, si ce n'est peut-être un référendum national sur une fédéralisation, voire l'accepter par principe en garantissant une défense territoriale neutralisée, type suisse ou yougoslave. Kiev ne dispose pas de forces armées fiables, est soumise à la pression de ses éléments les plus nationalistes, des US sans nul doute, de la Russie évidemment et dans une moindre mesure des européens. Elle peut difficilement tolérer ce qui se passe dans l'Est mais encore plus difficilement y mettre fin, et surtout par la force. Et je ne parle pas d'un horizon économique et politique très noir.

En l’occurrence c'est un peu plus complexe, il y a des dizaines de pages de discussion là-dessus. A tout le moins l'emploi de l'armée contre une part non négligeable de sa population n'a jamais été une décision anecdotique.

Parce que tu as du concret autre que les brillantes preuves du NYT sur les divisions russes des plus secrets des services secrets déguisées en manifestants? Les pressions sont tout autant le fait des US, excepté sur le plan militaire par la force des choses où elles doivent se limiter à une aide renseignement et un soutien en équipements non letaux...

Je ne crois pas qu'un seul membre ait les hélicoptères ni même les marins à mettre dessus et dedans, à commencer par nous... Je ne parle même pas de régler la note!

Tu peux être plus précis...ou peut-être de l'ironie? Oui, enfin les méchants russophones comme les héros de Maidan n'ont pas encore organisé de séquence vidéo egorgement rituel et autre coutumes locales... Comment fantasmer en alignant le plus grand nombre de superlatifs sur un fond de généralités...

L'article du Monde fait aussi référence à un oligarque qui arme lui les milices anti séparatistes... Pas sûr que les âmes pures des deux bords voient leur sacrifice récompensé!

C'est un facteur important que je ne minimise pas. Il est cependant faux d'affirmer que cela rend IMPOSSIBLE l'investissement étranger.

La Russie avait conclu un accord de location avec le gouvernement ukrainien de la base navale de Sébastopol en échange d'un loyer et d'une réduction sur le prix du gaz. Etant donné qu'elle ne reconnait pas le nouveau gouvernement ni ne loue désormais la base de Sébastopol (et pour cause...), la Russie estime que l'accord est caduque... Quant à l'impossibilité d'investir dans un pays du fait de la corruption, il faut sortir un peu! La liste des pays exempts d'une corruption très visible est assez courte... Il s'agit juste là d'un facteur de risque, certes très important, qui entre en compte dans l'équation coûts/avantages de l'entrepreneur.

Il n'a gagné que très récemment cette image d'ami de la Russie, jusqu'aux évènements de cet hiver il passait plutôt pour un équilibristes, plutôt favorable à l'Europe presque, il me semble...

Et la marmotte... La brillante sortie des photos ridiculisant les services US dans LE journal de référence occidental est effectivement le résultat de longues et sérieuses recherches, tout comme les 100 000 russes à la frontière, sans parler des nombreux autres exemples déjà évoqués ici ni même ceux relatifs à d'autres sujets! Sur ces photos je pense que nous avons là une nouvelle fois le résultat du mépris des politiques pour les services de renseignement lorsque ceux-ci ne confirment pas leurs souhaits, comme ce fut le cas magistralement en 2003... Les communicants prennent la chose en main et en avant!

Le nombre de morts afghans croît car les forces internationales ne sortent plus ou presque en opération, donc l'ANA et l'ANP encaissent maintenant le poids quasi exclusif des combats. La bonne tenue de la grande assemblée nationale comme du premier tour des élections et la rareté des désastres militaires depuis la mise en retrait ds occidentaux il y a plus d'un an témoignent d'un, même relatif mais difficilement contestable, progrès des forces afghanes et/ou de difficultés chez les insurgés...

Je ne crois pas qu'il y ait d'"abrutis manipulés". Tout le monde cherche à tirer son épingle du jeu, et il est parfois difficile de savoir qui des manipulés et manipulateurs y gagne vraiment (cf les exemples afghans ou libyens entre autres). En l’occurrence le camp des Maïdan a gagné le renversement de Ianoukovitch, reste à savoir si son voeu d'un renouveau des dirigeants sera exaucé. C'est loin d'être sûr... Les ultra nationalistes ukrainiens ont gagné par leur courage et leur sens politique au moment du renversement du pouvoir une influence qu'ils n'espéraient surement pas il y a quelques mois. Reste pour eux à la conserver. Les russophones de l'Est cherchent à éviter d'être les grands perdants,une orientation que laissaient potentiellement entendre certaines mesures (nomination d'ultra nationalistes, déclarations US, déclarations des nouveaux dirigeants), et utilisent les russes autant que les russes le font à leur endroit je pense. Après s'être engagé à les défendre Poutine ne pourrait que difficilement les abandonner... La Russie a recouvré son Alsace-Lorraine, son plateau continental et ses ressources ainsi que le meilleur port de Mer noire, mais au prix d'une tension durable avec les occidentaux et de pertes économiques qui seront peut-être substantielles. Elle ne veut surtout pas rompre avec Kiev pour conserver la coopération militaro-industrielle avec l'Ukraine (missiles, chantiers navals et aviation surtout) et disposer d'un glacis avec l'Ouest, sachant que maintenant l'incorporation de tout le pays dans son orbite est impossible depuis la révolution de Maïdan. D'où sa volonté de "neutraliser" l'Ukraine en la fédéralisant pour éviter des radars de l'Otan à sa frontière. L'Europe a évité de voir l'Ukraine absorbée dans le marché commun russe mais au prix du développement de mouvements nationalistes qui la haïssent, de la mise en avant de ses divisions politiques et économiques et de son impuissance militaire (ce n'est certes pas une nouveauté). Et la facture risque d'être difficile à assumer en ces temps difficiles! Les US sont les plus gagnants pour l'heure même s'ils ont vu leur crédibilité militaire en Europe légèrement écornée. Mais ils ont écarté la Russie des autres européens, renforcé leur demande de contribution des européens à leur défense et leur dépendance à l'OTAN, et affaibli économiquement russes et européens par des sanctions qui ne les touchent pas eux. Pas de victime donc, juste des acteurs qui cherchent à tirer leur épingle du jeu au mieux, et les rôles peuvent évoluer rapidement, sachant que rien n'est tranché pour l'heure hormis la Crimée...

Pas dans la même mesure certes, même si il y a beaucoup à dire à ces sujets ici aussi, cependant la popularité de Poutine vient avant tout de sa mise au pas même relative du chaos que nous avons encouragé avant lui. Et si nous n'avons pas les milliards du gaz nous n'avons pas non plus le lourd passif qu'a trouvé Poutine en 2001, à choisir je ne crois pas que sa position soit la plus favorable. Mais si vous estimez que le positionnement européen est un modèle de géopolitique alors très bien... Chacun peut avoir son opinion, mais estimer que Poutine ou Erdogan sont les pires des trous du c.. qui ne valent que par leur pétrole et leur contrôle policier de la population et des médias (ce qui est régulièrement affirmé ici) me paraît un peu léger, sauf à supposer que tous leurs concitoyens sont des abrutis que nos lumières doivent guider, ce qui est évidemment très valorisant pour nous mais est très probablement faux. Je ne reviens pas sur le Su50... Mais là n'est pas le sujet.

Je crois que vous parlez sans savoir... Passons rapidement sur les remarques expertes sur les avions russes, dont ce fameux Su50 dont la seule mention qualifie l'expertise du locuteur, pour nous tourner vers l'intelligente appréciation d'Erdogan et Poutine. Rappelons que nos judicieux conseils et conseillers ont été fort appréciés des russes après 1991. Ils ont pu juger sur pièces, et les penchants vers la bouteille de Elstine ne sont pas la cause majeure de la deliquescence de l'economie russe en cette période, ni le seul héritage soviétique. Que la Russie et la Turquie suivent une politique bien éloignée de nos standards européens et dans une bien moindre mesure des USA est évident. En revanche estimer que Hollande ou ses alter ego sont d'une classe bien supérieure à ces deux dirigeants ne peut qu'interroger sur la vision des RI qui sous tend cela. Une relecture de Aron comme des fondamentaux du domaine ne serait pas du luxe. Inutile de se demander ensuite pourquoi l'UE sort doucement de l'Histoire... Quant à l'impopularité de ces mêmes nouveaux Adolf (encore de la haute analyse), elle est plus forte chez nos journalistes que chez leurs concitoyens, sans même parler de la réalité des alternatives au pouvoir en Russie... On croit parfois rêver...

Je crois que personne n'a sérieusement envisagé de décerner un prix de la paix à personne....

Je crois qu'a minima les torts sont partagés, la politique de Kiev depuis la révolution de Maïdan a été tout sauf apaisante, ce qui n'a pas peu contribué à la situation actuelle. L'Ukraine s'est largement mise toute seule dans la panade, sans guère besoin des russes pour cela... Quant à Ghandi, les foules en colère sont rarement pacifiques et encore moins dotées de bon sens.

Pour l'heure et même s'agissant des évènements de cette nuit je ne vois aucun point commun avec la Crimée. Les vidéos ci-après ne montrent pas des unités de combat lancer l'assaut sur une caserne... http://www.0629.com.ua/news/517713 Il s'agit de vidéos des méchants fédéralistes bien entendu, cependant on n'y entend aucun coup de feu, et les blessés n'ont pas l'air de dangereux rebelles. Il est certes possible que tout n'ait pas été filmé. Toutefois, vu le bilan si tu as pu croire une seconde que les assaillants étaient des combattants... Possible qu'il y ait eu un ou deux tireurs, mais rien ne le montre sur aucune vidéo. Enfin, bref! Le déroulement et les causes des affrontements varient, mais il ne faut pas parler de combats. J'ai l'impression qu'il s'agit de bâtiments hébergeant les unités de la garde nationale envoyées récemment qui ont été la cible de manifestants porteurs de cocktails Molotov. La seule attaque? Il me semble bien que ce sont des troupes ukrainiennes qui ont pris l'aérodrome près de Slaviansk hier non? Quant aux militaires ukrainiens ils semblent bien peu partager tes certitudes d'où l'envoi de la garde nationale qui a tiré cette nuit. Etonnamment aucun évènement équivalent avec les forces armées régulières ukrainiennes ni même les forces russes en Crimée.

Absolument pas... C'est tout le problème de la cyber guerre, elle n'a pas de caractéristique intrinsèque la dimensionnant come on peut le faire d'une arme classique. Ce qui n'empêche en rien d'user d'armes nucléaires évidemment, mais qui n'ôtera pas l'envie aux autres de ne pas se contenter de voir s'épanouir des champignons chez eux...

Typique du danger qu'il y a à engager des soldats dans des opérations de MO sans ordre clair, encore plus lorsque les camps ne sont pas en conflit ouvert...

Nul doute que tu aurais approuvé une intervention militaire sur Maidan.

Un général US avait dit en 1991 (il me semble) que les US ne résolvaient pas les problèmes, ils les écrasaient...