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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Non ce n'est ce que je veux dire. En permanence il y a des gens ici et ailleurs qui disent qu'il faut prendre avec de grosses pincettes les déclarations ukrainiennes. On reconnait volontiers que les ukrainiens exagèrent (dans leurs communiqués) sur le nombre de russes tués, sur le nombre de blindés, d'avions et autres éliminés dont les chiffres peuvent se résumer ici: C'est pour cette raison que l'OSINT comme ORYX, même s'il va avoir des manques et des failles, permet bien de valider des destructions observées avec des sources vidéos. Les ukrainiens affirment par exemple que plus de 11 000 chars ont été détruits, je préfère rester aux 4000 qui sont documentés en OSINT, et vous? Parallèlement on prend systématiquement au mot le nombre de drones et de missiles tirés sur l'Ukraine qui émane pourtant des mêmes services de communications. Le rapport journalier qui tombe tous le matins à la même heure c'est celui-ci: Pourquoi donc ce serait tiré par les cheveux que de remettre en question ces chiffres alors que pour les autres, un très grand nombre de gens n'y prêtent même plus attention? Pourtant plus d'une fois il faut se poser la question sur comment les ukrainiens comptabilisent tout cela (comment qu'ils arrivent même à vous énumérer chaque type de missile différent) et pourquoi en fait ils vont le communiquer? Qui ici ne s'est jamais posé la question? Parfois on va annoncer 300 projectiles balancés sur 2 ou 3 endroits, tout en annonçant 90% d'interception. Sincèrement, vu le bruit que fait un drone, si quotidiennement on avait une masse de drones qui survoleraient l'Ukraine, on aurait chaque matin une quantité importante de vidéos, disponibles partout sur internet qui montrerait le survol de ces masses de drones., hors généralement il y en a très peu. C'est la même chose pour les interceptions, si on avait 800 projectiles avec 700 interceptions, le spectacle son et lumière serait visible sur un très très grand nombre de vidéos. Nous avons ce sentiment de frappes massives et quotidiennes mais nous avons tous cette impression d'un faible niveau de destruction et de cibles touchées car les retours qu'ils soient du côté ukrainien comme du côté russe (quasi absent). Ce sentiment pousse à 2 logiques de pensées, il y a celle favorable aux ukrainiens qui va dire qu'ils ont les moyens et les capacités d'intercepter un grand nombre de projectiles et qu'il va falloir soutenir et renforcer ces moyens pour défendre l'Ukraine. Cette logique est très présente chez les alliés de l'Ukraine et il suffit pour les ukrainiens de jouer avec les chiffres du nombre d'engins tirés et interceptés ou d'inclure certains types de missiles pour favoriser la demande de certains systèmes sol-air (Patriot...). La 2e logique est celle favorable aux russes, c'est de remettre en cause les chiffres des interceptions ukrainiennes (mais jamais du nombre des projectiles tirés, notons-le) et ou on va partit dans l'idée que les ukrainiens cachent dans un contrôle exceptionnel de l'information des destructions bien plus lourdes et stratégiques que ce qu'ils veulent bien nous montrer et on va se convaincre que les russes prennent des gants de velours pour éviter les pertes de civils, que le faible taux de morts civils serait la "preuve" que les cibles de leurs frappes sont militaires (et quand on voit des frappes sur des sites civils, c'est de la faute des ukrainiens, forcément). Quelle est votre logique de pensée? Moi j'estime qu'il y a une 3e logique de pensées à analyser, celle ou en fait les chiffres d'engins tirés et d'engins interceptés sont totalement bidons et qu'ils sont en vérité ajusté par rapport au nombre d'engins qui impactent une cible au sol. Si on se place dans cette 3e logique, on trouve bien plus de réponses à certaines questions qu'en restant dans les deux autres ou dès qu'on creuse un peu on tombe dans des incohérences diverses et variés. Moi je dis qu'il est fort probable qu'en réalité les russes balancent beaucoup moins de projectiles qu'on ne le pense et que la quantité d'interceptions n'est pas de 90% mais bien moindre. Quand vous avez 800 projectiles ou seulement 100, on est tout le temps dans la même proportionnelle. Puis derrière on est là à se demander comment que ça se fait qu'ensuite on a 20 drones (je ne sais plus la quantité exacte) qui traversent l'Ukraine jusqu'en Pologne? On se surprend des difficultés des polonais pour les abattre de la même façon qu'on se surprend de voir les ukrainiens balancer leurs drones à des milliers de km dans le pays qui est sensé avoir la plus grosse défense sol-air du monde. Quand j'ai évoqué le fait que les russes ne vont pas contredire cette communication ukrainienne, je ne dis pas qu'ils se sont "accordés avec eux". Ils ne contredisent pas non plus les 10 000 chars détruits et ils font de leur côté la même propagande que les ukrainiens. Je dis que pour les russes (comme pour les pro-russes), ces chiffres ukrainiens vont donner une image de masse et de puissance industrielle que les 2 camps cherchent très souvent à mettre en avant. Moscou n'a aucun intérêt à venir derrière dire qu'en fait ils ne produisent pas autant de drones que l'Ukraine et l'occident ne le pense. -
Ce n'est pas juste le char, c'est tout l'engagement de troupes au sol qui est et doit être revu on peut même y ajouter les moyens aériens. On est encore dans une forme d'habitude ou on cherche à vouloir persévérer à faire comme avant alors qu'en fait il faut réfléchir à faire autrement. Le drone ce n'est pas juste un petit gadget qu'il faut prendre de haut. Aujourd'hui déjà sur le champ de bataille, celui qui a et sait parfaitement gérer et adapter un usage massif de drones aura l'ascendant sur celui d'en face, qui comme avant cherche à progresser au sol pour chercher un engagement de proximité sur une perspective "horizontale". On est ici à se dire comment adapter au mieux les véhicules pour continuer ainsi alors qu'en fait c'est comme dans la première guerre mondiale, la charge de cavalerie contre les mitrailleuses ce n'est plus possible "comme avant". Il est difficile de déconstruire certaines choses qu'on considère comme des choses fondamentales sur lesquelles on a appris et débattu pendant des années, des décennies. Il y a des moments ou il faut réinventer les moyens et les modes d'actions, savoir tirer un trait sur des choses du passé. Moi il y a 5 ans on m'aurait dit, faut-il abandonner l'hélicoptère de combat au profit des drones, j'aurai dit "c'est idiot", aujourd'hui je me dis qu'il faut bien réfléchir à cette question. Le char c'est un peu pareil, on ne peut plus en parler avec le même regard qu'il y a 5 ans. Il est passé d'un symbole de puissance d'une force terrestre en un blindé spécialisé quelconque qui va amener un effet dans une situation donnée. On se dit qu'un canon c'est toujours bien pour appuyer des troupes au sol, mais tout cela encore est dans le concept des méthodes d'hier. Aujourd'hui si celui d'en face à ce qu'il faut au niveau des drones, ben votre progression au sol est déjà observée en détail des km avant. L'ennemi va ensuite adapter sa réponse avec des drones adaptés, les chars deviennent des cibles de choix, les autres blindés suivront, les troupes à pieds également, un par un. Tout cela se faisant par quelques équipes de dronistes prépositionnées à de bons emplacements comme on le ferait dans une embuscade, sauf que ça se passerait sur des km de profondeurs. On peut légitimement se poser la question de savoir si en fait une équipe de dronistes avec différents drones (adaptés AC, anti-infra ou anti-personnel) ne pourrait pas remplacer purement et simplement un char sur le champ de bataille. Là ou aujourd'hui les chars frôlent les 20 millions€ l'unité, pour une visibilité du champ de bataille restreinte à ce que l'équipage a devant lui, facilement repérable dans un environnement ou on a des drones partout, complexe à envoyer et à soutenir, 3-4 hommes d'équipage qu'on peut perdre très vite, une petite équipe de droniste en remplacement doit se poser. Le conflit ukrainien est encore dans une phase de mélange, celui ou l'ancien monde cherche à cohabiter avec un nouveau qui évolue très rapidement.
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Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Bamako sous pression pour (notamment le carburant). Dans ce pays ou la capitale est le centre de tout, la priorité de tout, vous pouvez déjà être certain qu'ailleurs c'est pire. Le genre de situations que le pouvoir aimerait bien éviter car il touche une population qui jusque là baignait uniquement dans l'idéologie ou tout allait bien. Le mécontentement populaire est déjà en place, il s'agit désormais de le gérer au mieux (tout va bien et tout ira bien qu'ils disent...). L'impact économique risque de s'accroitre assez rapidement ne faisant qu'augmenter les problèmes. https://www.lepoint.fr/afrique/penurie-de-carburant-comment-le-jnim-asphyxie-le-mali-09-10-2025-2600606_3826.php -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Vidéo (comme tant d'autres) qui fait réfléchir sur la place du combattant pour tenir le terrain et doit amener également de notre côté une réflexion sur les approches nouvelles pour débusquer l'adversaire (avant d'y mettre un pied "humain"). Ici en forêt, mais on peut le concevoir ailleurs, comme en combat urbain. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que ces chiffres sont à prendre avec un gros recul. Et si en fait les ukrainiens gonfleraient ces frappes russes depuis un long moment? C'est pourtant fait par la même source sur toutes les pertes russes (tout comme les russes le font de leur côté) Pourquoi faire cela? Pour pouvoir justifier d'interceptions massives afin de relativiser ce qui n'est pas intercepté, c'est pour rassurer. De la même façon qu'ils peuvent mettre ainsi en avant des besoins. Et si en fait depuis un long moment les russes balanceraient beaucoup moins de drones et de missiles que ce que les ukrainiens annoncent? On pourrait alors comprendre pourquoi malgré des frappes (annoncées chaque matin) à plusieurs centaines d'engins nous ne voyons pas des interceptions massives dans le ciel. Qu'il n'y ait pas de vidéos ou on verrait ou entendrait des masses de drones ou de missiles. Qu'en fait peu de cibles sont touchées et qu'au lieu de croire que les ukrainiens "cachent" un paquet de choses d'une manière magistrale (dans un monde ou tout le monde a le réflexe de sortir son téléphone pour tout filmer et diffuser). Pour les russes il n'y a pas besoin de contredire ces chiffres ukrainiens, car d'un côté c'est d'une certaine façon "valorisant" pour eux et sans doute quand eux annoncent parfois des interceptions de 200 drones ukrainiens c'est de la même manière histoire de relativiser peut-être une dizaine de drones ayant impactés des cibles. Si la Russie infligerait de terribles dégâts dans ces frappes en profondeur, pourquoi elle ne montre jamais rien, c'est aussi les ukrainiens qui contrôlent l'information chez eux? Les russes ont tirés 800 drones et 747 n'ont pas atteint leurs cibles. Si dans la réalité 80 drones avaient été tirés et 30 interceptés ne serions nous pas plus en adéquation avec ce que nous voyons avec tout l'OSINT disponible (vidéos, sons et lumières, bilans...)? -
Et ben figure toi que si beaucoup vont s'en plaindre avant ou au moment de leur arrivée, ils finissent par s'y plaire dès qu'ils ont une vie de famille hors du quartier (faible coût du logement, une ville/village ou on a tout ce qu'il faut). Pour le soldat de passage ou celui qui vient de Marseille pour vivre au quartier célibataire, oui il va se faire chier. Puis quand on y est on se dit que pas trop loin de l'Allemagne ça a ses avantages, comme très grosses ville on a Strasbourg à moins d'une heure. Il y a bien pire que Bitche dans les installations militaires françaises. Non je ne suis pas "si âgé". Je n'ai pas dit que j'ai côtoyé le Pluton, je sais ou il y en avait comme j'ai été là ou est né Jeanne d'Arc...
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Quand vous avez des "programmes" comme Scorpion, c'est généralement là que vous avez les enveloppes à plusieurs dizaines de millions qui tombent du ciel quand en temps normal vous pouvez parfois attendre 3 ans qu'on vienne changer un luminaire. Les besoins en infra sont énormes, on pourrait facilement mettre 400 millions sur chaque sites et je suis du genre à ne pas hésiter pour raser l'ancien pour faire du neuf. Pour le 54e RT l'argent est trouvé et ce ne sont pas les militaires qui vont faire ces travaux et encore moins les civils de la défense. Chacun son métier et le génie n'est pas une entreprise du BTP. Le génie va vous aménager des installations de "campagne" sur une FOB ou une base mais pas de l'infra avec toutes ses normes en France.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est surtout que côté ukrainien on accélère franchement du côté des drones avec une implication extérieure très forte. https://dronexl.co/2025/10/01/eu-pledges-7b-scale-ukraine-drone-production/# https://www.kyivpost.com/post/61262 Jusqu'à présent l'aide internationale ne misait pas vraiment sur les drones, bien qu'on pouvait en donner (presque dans le symbolique au regard des quantités totales dans ce conflit). On est désormais à fond dans ce secteur, les drones à long rayon d'action comme les autres, tout le monde cherche à financer et aider les ukrainiens, on parle en milliards. Les russes vont en voir de plus en plus, les frappes sur leur territoire autrefois craintes et dans lesquelles les soutiens à l'Ukraine ne voulaient pas se mouiller sont aujourd'hui encouragées et soutenues. Au delà des drones, les ukrainiens reçoivent et vont recevoir des missiles à long rayon d'action, on évoque même le Tomahawk, ceci sans restrictions d'usage. Cela fait un moment qu'on cherche à défendre l'Ukraine contre les attaques de drones et de missiles russes, mais je pense depuis un moment que cette défense ne vaut rien si derrière l'Ukraine n'est pas en capacité d'amener la même pression (si ce n'est plus) sur le territoire russe. Il va y avoir un boost côté ukrainien, un partage de ses connaissances, de son savoir avec l'occident (en plus de l'exportation de ses drones). On est depuis quelques mois dans une phase d'investissement dans le secteur industriel du drone ukrainien pour augmenter la production, la qualité, y intégrer l'IA. L'Ukraine se proposant désormais comme exportatrice de ses drones et autres systèmes afin d'attirer cet investissement étranger. Il ne faudra pas être surpris que dans 1 ou 2 ans nous voyons des drones ukrainiens équiper un peut près tous les pays européens ainsi que l'armée américaine. L'Ukraine pourrait devenir une sorte de fournisseur low cost pour les armées européennes dans ce genre de secteurs. Le drone est et va devenir dans tous les pays du monde y compris chez des groupes armés non étatiques (terroristes etc...) un élément ultra présent qui doit pousser à revoir totalement les engagements, les systèmes de protections. Il faut apprendre et désapprendre de nombreuses choses, même les russes et les ukrainiens sont très loin d'avoir toutes les solutions. -
Là-bas (à côté d'Haguenau) c'est particulier, il y a le 54e RT, le 2e RH et le 28e GG qui cohabitent sur le même site. Contrairement à certains sites en villes ou on ne peut pas pousser les murs, disons pour connaitre l'endroit (ancien régiment d'artillerie ou on accueillait également les Pluton avec une vaste zone de manoeuvre ou on a des champs de tirs etc) il y a la place. Bien entendu pour minimiser le coût on va comme souvent privilégier l'existant, surtout pour des zones de stockage. Mais on tourne autour de 100 millions d'€ pour les travaux. Il y a des sites militaires (plus qu'on ne le pense) ou vous avez quand même de quoi faire et développer des choses quand vous sortez l'argent. Vous ne pouvez pas (pour rester dans la région Nord-Est) avoir les mêmes possibilités d'évolutions sur un site comme celui du 1er RI à Sarrebourg par rapport à celui du 16e BC à Bitche. Tout comme le 152e RI dans Colmar ce n'est pas le RMT à 20km de là qui se trouve sur une ancienne BA (le 152e y stocke d'ailleurs ses VBCI et y fait sa maintenance...) ou si on voudrait on pourrait y mettre 1 voir 2 régiments (faudra construire cependant et réagencer l'existant) ou même lui coller un RHC.
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De gros travaux vont se faire à partir de l'an prochain. Déjà ils sont des étrangers, faut pas croire qu'on va prendre un russe dans ce genre de postes "sensibles", ce n'est pas un combattant 00. Ensuite ils parlent déjà très mal le français, donc la traduction...
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Ce régiment galère déjà à avoir ce qu'il faut aujourd'hui... Oui il lui faut et faudra plus de monde, tant chez les opérateurs que dans la maintenance (d'autant plus qu'on est dans une niche pour la partie guerre électronique). Mais pour être honnête, actuellement le régiment a un parc de véhicules sous-dimensionné, mal adapté et faiblement disponible (vieillissant, sensible et spécifique). Le plan d'équipement va faire passer le 54e RT dans un autre monde. C'est un régiment dont on ne parle pas trop, pourtant il sera le régiment qui disposera dans quelques années du plan grand parc blindé de l'armée française. C'est plus de 90 Serval, 35 Griffon et une vingtaine de VBAE (en remplacement des PVP). Le problème de la RH va falloir le régler et c'est assez complexe surtout quand on connait les spécialisations. C'est comme pour les traducteurs, on passe d'une période de la langue arabe à une période ou il faut du russe (temps de formation en partant de rien, 2 ans). On ne peut pas toujours tout avoir en même temps, si du jour au lendemain on se retrouve en guerre contre la Thaïlande (j'invente), ben comprenons bien qu'on ne va pas forcément avoir les traducteurs sous la main pour traduire et faire le tri dans les communications interceptées. La RH est et reste le gros problème dimensionnant de nos armées.
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Que le meilleur gagne, c'est tout l'intérêt d'une compétition. Si on se fixe l'idée que l'AAROK (car premier annoncé) doit dominer les autres, on lui donne une forme de monopole.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est ce que nous pouvons observer depuis des mois. Certains vont raconter le détail des "avancées russes" comme si on parlerait de grandes offensives, mais on reste toujours sur des événements qui sont à une échelle d'une section voir d'une compagnie pour des objectifs très localisés. C'est 20-30 russes qui vont avancer de 200m dans un no man's land qui va faire l'événement de la semaine sur un front de 1500km, on pourrait penser que je rigole, mais c'est ça. Je le dis depuis un moment, on regarde le champ de bataille avec une loupe de plus en plus grosse pour essayer de trouver du mouvement sur un front qui est gelé, avec deux armées totalement rincées. On prend les résumés des "avancées" russes d'il y a 6 mois et on remarque qu'en fait aujourd'hui ils sont presque au même endroit et ce sera encore ainsi dans 6 mois. Je continue de penser que les russes l'an dernier en prévision de l'élection de Trump ont mis le paquet de ce qu'ils pouvaient pour gagner (en faisant même venir des milliers d'hommes de Corée du Nord) le plus de terrains possible en voulant donner l'impression d'une tendance négative et perdante qui amènerait l'Ukraine s'incliner (car abandonné par les américains, car on pensait que les européens suivraient etc...). Tout cela ne s'est pas passé et on observe depuis plusieurs semaines/mois un essoufflement conséquent de l'effort offensif russe. C'est pareil pour l'industrie militaire russe. Il y a presque 4 ans on plaçait cette industrie à un niveau de production si grand que nous avions le sentiment d'être des nains, des incapables, qu'on ne pourra jamais "suivre" ce rythme. Mais il faut le dire aujourd'hui, tout cela a été totalement fantasmé, on cherchait à vouloir donner à la Russie la capacité de production de l'URSS lors de la 2e guerre mondiale. En dehors des drones, l'armée russe n'est pas en train de se suréquiper et de décupler son potentiel de chars, de blindés, d'hélicos, d'artillerie, d'avions, de navires. Non on est dans une érosion des moyens et des stocks de l'URSS, sur la ligne de front les hommes on va leur filer des motos (achetées aux chinois) mais beaucoup restent à pieds, les blindés sont encore et toujours de vieux modèles soviétiques. Cette armée russe à l'offensive c'est globalement une infanterie très légère, des contractuels qu'on va payer à prix d'or. Cette ressource de volontaires n'est pas illimité et doit se renouveler sans arrêt. Entre les décès, les blessés, les déserteurs et les fins de contrat, beaucoup d'analystes estiment que les russes ne compensent pas ces pertes par les nouveaux recrutés. L'augmentation permanente des primes et des soldes témoignent d'un public de volontaires qui va venir non pas pour les idées, mais pour l'argent. Quand l'Ukraine frappe de plus en plus son secteur énergétique qui lui amène l'essentiel de ses finances, que les sanctions et le coût de la guerre se fait de plus en plus marqué sur l'économie russe, on peut s'interroger sur la viabilité du recrutement des volontaires. Le Kremlin cherchant pour des raisons intérieures à éviter la mobilisation ou l'usage des conscrits sur le front pourrait bien ne pas avoir le choix. Oui la Russie va dépenser 150 milliards par an dans son armée en guerre, oui elle va faire de grandes annonces avec de gros chiffres qui donnent l'impression que cette armée se renforce. Mais une grande partie de cette somme va servir à financer le personnel (le volontaire russe en Ukraine coûte plus cher à la Russie qu'un soldat français en opex). 150 milliards peut sembler important, pourtant c'est ce que vise les allemands dans 5 ans, ceci sans être en guerre. Poutine va jouer le prétentieux, celui qui ne craint rien, pour qui la Russie est toujours prête, du tout va comme prévu, que le temps joue pour eux. Il ne va pas vouloir perdre la face car depuis un moment cette guerre est devenue existentielle non pas pour la Russie, mais pour son pouvoir. Il va accuser les européens d'être responsables de la continuité de la guerre, message destiné à son public intérieur qui doit se poser des questions sur une guerre qui est déjà plus longue que la 1ère guerre mondiale (1914-1917 pour eux) et qui va sans doute être plus longue que la seconde. On est déjà dans un scénario à l'afghane, celui d'un bourbier par lequel on ne sait pas comment y mettre fin, que la victoire militaire bien que souhaitée et espérée est hors d'atteinte. Le problème c'est que cette guerre contrairement à l'Afghanistan, amène plus de pertes et impacte de plus en plus la Russie. S'ils pouvaient se permettre de quitter et abandonner l'Afghanistan pour mettre fin au bourbier, pour l'Ukraine c'est politiquement un suicide, c'est acter une défaite très importante. -
Le 54e RT va connaitre un bon doublement du nombre de ses véhicules et il reste sur une conception de projection modulaire et intégrable à diverses unités Si aujourd'hui on est encore plus sur un aspect interception, localisation et brouillage, il est prévu comme pour dans le cyber, des capacités offensives qui permettront d'attaquer les réseaux de communications (le quoi et comment reste en étude). L'intégration des drones et de leur potentiel se fait, mais on en est au tout début.
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On dit souvent que du côté américain, pour un gars au "front" (pas forcément de l'infanterie) il y en a 2 voir 3 pour le soutien et la log. Mais précisons, ce soutien va du déploiement sur le théâtre jusqu'aux USA et concerne toutes les unités (terre/air/mer). C'est aussi lié aux déploiements afghan et irakien donc des zones avec une très forte élongation. Dans tout cela il ne faut pas oublier les "contractors" qu'il ne faut pas considérer comme des types liés à des sociétés militaires privés. L'immense majorité de ces contractors sont des locaux et vont réaliser des tâches diverses et variés pour transporter des marchandises non sensibles, entretenir les bases, fournir du service. Cet élément ne doit pas être négligé et ignoré. Remarquons aussi que du côté américain il y a dans leur pays un très grand nombre de civils qui travaillent dans les armées. Il y a 1 civil pour 2 militaires alors que chez nous on est en-dessous de 1 pour 3. Les civils permettent de maintenir sur le territoire un socle sur un temps long avec des compétences utiles pour le soutien. Chez nous on reste encore dans une logique chez les chefs ou le civil est inutile car il ne peut pas être projeté, ne comprenant pas l'intérêt d'avoir une base arrière qui garde de la compétence et qui tourne lorsque les militaires sont projetés. Les civils sont présents en permanence et c'est une piste à ne pas négliger sur de nombreux postes actuellement tenus par des militaires, des postes qu'on pourrait ensuite ultérieurement les transformer sur des postes "projetables". Nous réalisons également du partenariat avec les industriels, mais dans ce domaine aussi on est loin d'être au niveau de ce qui se fait aux USA. Chez eux c'est du soutien direct, il est normal d'avoir en permanence des équipes de soutien des grandes entreprises de défense, elles vont même les envoyer dans les bases américaines en dehors du territoire, que ce soit l'Allemagne ou le Japon. Elles se rendent même sur les théâtres de guerre, faisant partis des "contractors". Souvenons nous lorsque nous avons reçus nos premiers Reaper au Niger, on avait des types de General Atomics pour nous assister et entretenir cela avant qu'on soit autonome. L'usage des réservistes est également bien différent aux USA. Chez eux pour amener de la masse comme à l'invasion de l'Irak, il n'était pas rare d'avoir des unités de réservistes complètes. C'est un peu comme si la France déploierait des compagnies d'infanterie légères uniquement ou en très large majorité composées de réservistes. De nos jours c'est de l'exceptionnel que de voir des réservistes en opex, c'est du type isolé en raison d'une spécialisation devenue exceptionnelle. Là aussi il faut qu'on soit capable de le faire, financer les réservistes (mais aussi compenser les employeurs pour des absences de plusieurs mois). Les américains ont cependant des limites qu'on doit bien prendre en compte. Malgré tout ce qu'ils ont, au niveau terrestre leur potentiel de déploiement c'est un peu près ce qu'on a vu en Irak en 2003 soit environ 150 000 hommes. Ils avaient gratté déjà pas mal, y compris comme je le disais, des réservistes. Un volume de force important dont le mandat était très souvent d'environ 1 an sur place (ce qui limite les roulements). C'est un noyau de forces qui proportionnellement peut sembler faible par rapport à toutes les forces américaines sur le papier, mais qui reflète la réalité de ce qu'est une projection de forces, celle d'une capacité d'extraire, convoyer et soutenir un noyau de ses forces hors de ses frontières. Cette force projetée, les américains savent lui donner ce qu'il faut pour qu'elle ne manque de rien Pour la France, j'aime bien utiliser un rapport de 1 pour 10 (pour eux). C'est un peu près exactement ce que nous envisageons dans notre contrat opérationnel, celui du déploiement d'une division (environ 15 000 hommes, pas dans de mêlée). Il faut rester réaliste avec ça, ne pas considérer les forces engagées par des pays à leurs frontières comme "comparables". Les russes ne pourraient pas projeter le volume de forces qu'ils ont en Ukraine à des milliers de km de là, tout comme Israël ne pourrait pas envoyer ce qu'il y a à Gaza au milieu d'une ville à des milliers de km. Nous n'avons pas de menaces à nos frontières qui amèneraient de voir toute notre armée impliquée et engagée et tant mieux. Il est très peu probable qu'on agisse sur nos voisins comme le fait actuellement la Russie en Ukraine et l'inverse est également vrai, d'autant plus que nous avons l'arme nucléaire. Notre combat de haute intensité c'est celui de cette division projetable qu'on viendra insérer dans une coalition qui viendra épaulée d'autres armées. Notre défi est de lui donner ce qu'il faut, d'être en mesure de la soutenir, qu'il ne lui manque rien. Le volume de munitions, d'équipements, de défense sol-air, lutte anti-drones et j'en passe c'est par rapport à ça et non pas dans l'idée d'être en capacité de faire ce que font les ukrainiens avec 700 000 hommes. Il faut considérer comme pour les américains la possibilité d'une déploiement pouvant aller jusqu'à un an par mandat. Que le volume de pertes à envisager (morts et blessés) c'est environ 25% du volume engagé sur des "moments" particuliers dans le conflit, soit environ 3000 hommes qu'il faudrait avoir en réserve pour remplacer les morts et les blessés rapatriés. Un tel volume de pertes est déjà très lourd, je vise volontairement un chiffre assez haut pour cette perspective. On aura peut-être 40 canons déployés, le volume de munitions à maintenir (log) ce n'est pas 50 000 coups par jour. On peut regretter de ne pas pouvoir déployer 2, 3 ou 10 fois plus de forces en pensant qu'on est ridicule et faible, mais très peu de pays peuvent projeter ne serait-ce qu'une division à des milliers de km de ses frontières. C'est aussi pour cela qu'il faut comprendre que la France ne va pas affronter seule la Russie chez elle tout comme la Russie avant qu'elle ne nous affronte chez nous, devra passer sur la Pologne et l'Allemagne, elle ne va pas faire débarquer 500 000 hommes en Normandie pour nous refaire un remake de la bataille de Verdun surtout quand on voit déjà ses complications en Ukraine. S'il ne faut pas sous-estimer la Russie, il ne faut pas non plus surestimer ses moyens. Dans notre situation, il faut comprendre qu'on est et qu'on restera toujours une "pièce rapportée" à des dispositifs militaires locaux. Ces pays comme l'Ukraine actuellement doivent être soutenus, depuis la nuit des temps il est toujours plus sage d'aider son ami à combattre son ennemi que de combattre cet ennemi à la place de son ami.
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On fait avec ce qu'on a. Le VAB a été mis à toutes les sauces et a été de toutes nos opérations. C'est cette omniprésence qui fait qu'aujourd'hui on va en parler avec une forme de nostalgie. La polyvalence est surtout liée à l'adaptation de ses utilisateurs...
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'action de la France contre ce navire est surtout de montrer aux autres européens qu'il ne faut pas craindre d'agir. On a des doutes sur l'implication de navires russes dans des activités nocives? Ben il ne faut pas les regarder passer en se disant qu'ils sont dans les eaux internationales ou qu'on s'imagine qu'en agissant on va recevoir des missiles nucléaires sur la tronche en retour. Moscou joue avec les nerfs de tout le monde et attend qu'on lui fixe des limites concrètes. Il faut qu'on passe du mode "gardons nous de réagir pour éviter des problèmes avec les russes" à un mode ou les russes se disent "faisons gaffe à ne pas nous attirer plus de problèmes qu'on en a déjà". -
Tout dépend de quoi on parle. Cela peut être une réorientation au niveau industriel pour accélérer la livraison de certaines versions au détriment d'autres C'est peut-être aussi le prélèvement d'engins déjà livrés qu'on va reconfigurer dans une nouvelle version. La suppression de certaines versions du Griffon pour les faire passer sur Serval (ou inversement). On sait qu'il y a l'envie d'accélérer sur les versions guerre électronique, lutte anti-aérienne et anti-drone. Il y a une capacité de production qui est ce qu'elle est et qui doit durer encore 9 ans pour le Griffon et Serval. Il y a sans doute des domaines dans lesquels on préférerait avoir ce qu'il faut pour dans 3 ans que dans 9 ans. Rien que dans le domaine anti-aérien, c'est environ 400 Serval prévus, entre la version LAD, la version Mistral sur tourelle, la version Mistral "manpad", les versions pour la détection, le commandement. Là on ne parle même d'une possible augmentation capacitaire dans ce domaine. Quand on s'intéresse aux programmes d'armement il faut avoir une longue vue pour regarder derrière et devant soi. Le VBCI est déjà un programme du passé. Une conception qui a 25 ans et dont le parc en service est à mi vie. Dans 15 ans ce véhicule commencera à quitter le service et on passera à un nouvel engin. Acquérir aujourd'hui des variantes c'est investir dans la recherche et le développement d'un engin qui sera un micro-parc dont le châssis sera difficile à soutenir. Alors soit on mise complètement sur le VBCI pour les 40 ou 50 ans à venir, dans ce cas on remplacera (dans 10-15 ans) nos 600 engins en service par une autre version de lui, soit on passera à autre chose. Le VBCI est aujourd'hui ce que le VAB était au début des années 2000. Un véhicule qu'on peut trouver très bien mais qui ne sera pas le "futur" sur lequel on va miser. C'est dans les années 2000-2015 qu'il fallait développer ou s'équiper de toute une gamme de versions de VBCI, aujourd'hui c'est trop tard. Mais à cette époque on n'avait pas l'argent ni les perspectives d'aujourd'hui, il fallait un véhicule 3 fois moins coûteux pour remplacer le VAB. Ce qui semble pertinent aujourd'hui ne l'était pas hier. J'entends parfaitement aujourd'hui l'argument ou on verrait bien le VBCI dans différentes versions en lieu et place du Griffon. Le Serval gardant sa pertinence dans sa gamme. Mais 10-15 ans en arrière, quand on réduisait tout, qu'on grattait pour faire des économies et trouver quelques millions, le VBCI était un peu comme le Rafale, le NH90, le Tigre, l'A400M, une sorte d'engin luxueux hors de prix qu'on "combattait" pour son "coût" qu'on accusait presque d'être responsables de la diminution de notre format d'armée (un engin 2 fois moins cher en ferait 2 fois plus en inventaire, disait-on souvent...) Actuellement on est dans une période ou l'argent arrive tout de même et ou la perspective financière à horizon 2035 permet d'envisager autre chose. On est à un moment de choix, entre une modification de l'actuelle LPM mais aussi bientôt sur le modèle d'armée qu'on vise vers 2040, donc des programmes qui vont devoir se faire et se lancer. Il y a des choses qui vont sans doute s'avancer, se modifier. Le programme Scorpion est le renouvellement du segment médian, le programme Titan sera celui du lourd. Pour le remplacement du VBCI c'est là qu'on va pouvoir imaginer par exemple refaire un chenillé pour ce domaine. Autre perspective (qui reste pour moi peu probable mais dont le timing est acceptable), celle d'une acquisition "immédiate" sur étagère avec au mieux une production sous licence ( premières livraisons avant 2030) d'un nouveau VCI chenillé (voir d'autres variantes) en remplacement accéléré de notre VBCI actuel pour un retrait de service vers 2035. On s'économiserait alors le lancement d'un nouveau programme pour le remplacer, on fera le strict minimum pour le faire durer encore 10 ans (pas de grosses modernisations) afin d'accélérer le renouvellement du segment lourd. Mais en agissant ainsi on s'enlève le temps de définir un programme qui pourrait prendre un peu plus en compte certaines évolutions, besoins et menaces qu'on découvre un peu plus chaque mois qui passe. Car s'il est facile de dire ce qui serait bien d'avoir maintenant, il faut se dire si ce sera toujours le cas dans 20 ans, pas qu'on se dise dans 10 ans qu'en fait un CV90 (par exemple) a ses "limites" diverses et variées
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Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Les russes sont sur plusieurs installations mais dans de faibles proportions. Disons qu'ils sont dans une forme de sections isolées et vont donner aux unités maliennes une sensation de sécurité dans certaines missions. C'est aussi sans doute les russes qui poussent à réaliser des sorties que l'armée malienne, seule dans sa léthargie, ne ferait pas. Un peu comme on le faisait avec nos DLAO. La présence de français rassurait beaucoup l'armée malienne, car derrière elle savait qu'avec les français, l'ennemi fuyait et ne cherchait pas l'embuscade (le pire à craindre était la mine/IED). On avait tout de même un dispositif aérien qui préparait les missions (reconnaissance), qui assistait les les missions (escorte, frappes...) et un dispositif d'EVASAN. Ce n'était pas improvisé, il y avait un travail opératif derrière. De la même façon que le dispositif onusien amenait des présences et des moyens qui ont plus d'une fois assistés l'armée malienne, un peu comme on le faisait aussi en permanence car on maintenait toujours des alertes. Combien de fois les hélicos de l'ONU ou de la France sont venus au service des maliens? Souvent. Mais le dispositif russe n'est pas celui des français. Il manque une coordination globale. Ces sections isolées sont véritablement isolées et agissent souvent sans grosse préparation ni soutien. Les moyens ne sont pas fous, très souvent les russes vont être à bord de pick-up. Ceux d'en face savent bien que les russes n'amènent pas les mêmes effets et les mêmes moyens que les français, ils n'hésitent donc pas à s'attaquer à eux. J'avais déjà dit que l'attaque du convoi qui devait prendre pied à Tinzaouten et ou des dizaines de membres de Wagner avaient été tués a été un coup important qui aura brisé cette impression "d'efficacité russe" que la propagande de ces pays mettaient en avant. Le regard a changé et du côté de l'armée malienne, une présence russe n'est pas gage de réussite et de sécurité. Sinon le camp principal des russes se trouvent toujours à Bamako essentiellement autour de l'aéroport, je pense qu'il doit y avoir la moitié du dispositif russe à cet endroit. Pour s'y intéresser en détail, voici le "QG" et la zone de "repos". On retrouve d'autres présences des russes sur le côté droit de l'aéroport près des anciennes zones ONU ou l'on voit encore les nombreuses dalles. Les zones ou il y a des russes sont parfois assez identifiables par les tentes bleues. https://www.google.com/maps/@12.522281,-7.9484053,346m/data=!3m1!1e3?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI1MDkyNC4wIKXMDSoASAFQAw%3D%3D Je conseille d'aller sur google earth et d'utiliser également les images d'archives ou l'on voit certaines évolutions des dispositifs. On voit bien que Bamako reste encore le point principal ou on a l'essentiel des aéronefs, vous retrouverez à Sévaré et Gao les 2 autres bases qui accueillent en permanence des aéronefs. C'est à Bamako qu'on retrouve l'essentiel des drones, sur google map on peut y voir 2 TB2 et 1 Akinci. On sait que les 2 Akinci acquis par le Mali ont été perdus dont un abattu par l'Algérie. Le rayon d'action d'un TB2 n'est pas celui d'un Reaper. En nombre d'hélicos, le Mali doit en avoir autant que nous en avions quand on était sur place. Mais le problème c'est que notre MCO n'est pas la leur, que nos moyens étaient globalement concentrés sur Gao et agissaient sur un coin. Aujourd'hui la menace est sur l'ensemble du pays et dans des zones ou il est beaucoup plus difficile de faire de la surveillance. Quand dans tout cela vous avez des lacunes de communications, de commandements, le dispositif est loin d'être bon. Aujourd'hui l'armée malienne est totalement éclatée sur le territoire. On avait 12 000 casques bleus qui malgré tous les reproches qu'on pouvait avoir de leur mandat, couvrait tout de même de nombreuses zones du pays, faisaient du contrôle de terrain, des patrouilles, avaient des moyens et des réactions meilleures que l'armée malienne. Le vide n'allait pas se combler par magie, l'armée malienne ne s'est pas multipliée et n'est pas allé remplacer ces troupes. Ce vide a permis la mobilité et le déplacement des terroristes dans les zones de l'ouest. Tout cela à Bamako on ne voulait ni le voir, ni l'entendre, pour eux tout ce qui comptait se trouvait dans la zone du nord, des touaregs. Faire des opérations à l'ouest amènera à stopper les efforts dans le nord et à un affaiblissement potentiel des troupes de la zone de Bamako. Car pour l'instant l'élite militaire de Kati et de ses environs vivaient bien dans leur confort, loin des combats. Il suffit de quelques déconvenues militaires de ces unités là pour voir émerger une forme de fracture de confiance, du moral avec un doute sur l'avenir, ce qui menacerait la junte (coup d'état, perte du soutien populaire dans la capitale...). Un grand nombre des blindés de l'armée malienne restent à Kati. La distribution de ces blindés dans les différents bases et avant-poste se fait de manière très limitée. En effet, un blindé ce n'est pas un Toyota, il faut pouvoir le maintenir en état de rouler, il faut des pièces qu'on ne trouve pas partout, il faut du personnel compétent et souvent même différents équipements spéciaux (moyens de levage...). Vous pouvez avoir un tel atelier à Kati, mais ailleurs l'armée malienne n'a presque rien pour soutenir ces blindés. On est sur des engins qui roulent tant qu'ils peuvent rouler, sur un bricolage en terme de maintenance. Des véhicules même très récents peuvent vite être immobilisé quand le soutien n'est pas là. Nous connaissons parfaitement l'environnement et l'usure qu'on peut avoir lorsqu'on réalise des missions. Passons même sur l'aspect dépannage de ces blindés, car on ne va pas changer une roue ou le sortir d'une ornière, d'un ensablement ou autres comme pour un pick-up. L'abandon des blindés est fort probable. Quand ils sont à Bamako, ça va, l'environnement est moins rude que le nord, il y a des routes, on va préserver leur potentiel pour défiler et faire office de garde présidentielle Mais avec les événements à l'ouest, il faudra quoi qu'il arrive sortir ces engins de là ou ils sont. (les récentes livraisons rejoindront certainement le même endroit) https://www.google.com/maps/@12.7327662,-8.0582761,400m/data=!3m1!1e3?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI1MDkyNC4wIKXMDSoASAFQAw%3D%3D -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les russes ne peuvent pas faire beaucoup plus qu'ils ne font en ce moment. On doit arrêter de penser qu'ils se retiennent pour s'éviter une victoire trop rapide. On est sur un front gelé, on enlève aux russes les frappes en profondeur, on pourrait partir 3 mois et revenir que pas grand chose aurait bougé. Certains aiment scruter le front à la loupe pour essayer de trouver des avancées aux russes (puis deviennent très discrets quand ça s'arrête ou que les ukrainiens reprennent les positions...), mais il n'y a vraiment rien de fou et vraiment rien qui soit à la hauteur des "victoires" que cherchent à obtenir les russes. Beaucoup d'efforts pour pas grand chose. On approche les 4 ans de guerre. 4 ans qu'on dit que les russes sont en économie de guerre, que leurs industries tournent à fond et produisent massivement. Pourtant que voyons nous? Excluons les drones et les ressources humaines de l'équation. Sur le champ de bataille est-ce qu'on observe des vagues de blindés flambants neufs qui inondent le front ? Ou alors est-ce qu'on a l'impression de voir une armée russe qui montre une diminution qualitative et quantitative de ses blindés, qui continue de bricoler de très vieux engins d'origine soviétique et que les nouvelles recrues on plus de chance d'aller au front avec des véhicules civils, des motos si ce n'est à pied? Est-ce que l'artillerie russe aujourd'hui est plus forte qu'il y a 1 an? Plus forte qu'il y a 2 ans? Plus forte qu'il y a 3 ans? Ou alors on a l'impression que la puissance décline? L'aviation russe est-elle plus à l'aise qu'il y a 3 ans dans le ciel ukrainien? Beaucoup plus d'aéronefs en inventaire? Ok ils ont créer un support permettant de faire planer des bombes à longue distance, ok à un certain moment ça a fait bougé les lignes, mais on constate depuis des mois qu'on est là aussi dans une forme de tendance baissière de l'usage et non dans une forme expansive. Du côté de la marine rien de plus à mettre au crédit de l'économie de guerre. Cela fait presque 1 an et demi qu'on annonce et qu'on voit la ville de Pokrovsk tomber, certains sont prêts à compter les cm² d'avancées russes pour dire que c'est en bonne voie et que le temps joue pour eux. Mais sincèrement, qu'on constate ici les limites de l'armée russe (qui y concentre son effort offensif), de ses méthodes, de ses équipements, de sa stratégie, pour une ville "moyenne" qui, il y a 3,5 ans, n'aurait même pas figuré sur une carte. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'Ukraine n'a jamais été une menace pour Moscou. Je l'ai toujours dit et je vais continuer de le répéter, ceux qui sont actuellement au Kremlin sont nostalgiques de l'URSS et de sa grandeur. Ils n'acceptent pas l'indépendance de ces "nouveaux" pays, pour eux c'est comme Taïwan avec la Chine, des "provinces rebelles" à remettre dans son giron de gré ou de force. Quand vous avez un pays docile comme la Biélorussie qui pour calmer Moscou continue de lui vendre un projet de "réunification", le Kremlin devient votre protégé et continue de s'imaginer une annexion "pacifique". Mais quand vous allez dans une direction inverse, vous entrez dans la zone ou l'annexion se fait de force. Pour moi après l'Ukraine, c'est bien la Biélorussie qui a le plus de chance de connaitre une "libération russe", au moindre faux pas, la moindre résistance, le moindre soulèvement populaire risquant ou renversant l'actuel pouvoir, vous allez voir Moscou s'y engouffrer en trouvant son narratif justifiant son intervention. Le "glacis" n'a jamais été un truc que recherche Moscou. C'est juste la conséquence de l'effondrement de l'URSS, de l'incapacité russe à éviter l'indépendance de ces pays. Donc pour rendre la partie plus "acceptable" stratégiquement, faire de ces nouveaux pays indépendants des pays neutres ne devant pas se détourner de l'influence russe (donc en évitant de rejoindre le côté occidental) était plus acceptable que d'entrer dans une forme de confrontation comme cela s'est confirmé avec la Tchétchénie un peu plus tard. Pour les russes, ce glacis est devenu de plus en plus une zone sur laquelle ils se sont convaincus d'un droit unique d'influence, d'un droit sur la politique, d'un droit d'annexions, d'un droit d'y stationner son armée. Des pays indépendants qui s'évitent des problèmes tant qu'ils restent indépendamment dépendants du Kremlin. Par contre si ces pays indépendants se disent qu'il y a peut-être mieux pour leur avenir ailleurs, ils se condamnent à voir le "frère russe" dévoiler et montrer l'arrière de ses pensées. Quand ce moment arrive, vous pouvez oublier toute forme de glacis, si demain on propose aux russes de prendre toute l'Ukraine jusqu'aux frontières polonaises, moldaves et roumaines, vous pensez qu'ils vont dire "non, nous voulons maintenir un glacis" ? Bien sûre que non, ils prendront tout ce qu'il y a à rendre et seront déjà dans l'exécution de la prochaine étape, celui de l'intégration de la Transnistrie par lequel ils arriveront à englober toute la Moldavie avec. Le problème pour la Russie dans tout cela, c'est qu'ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions et qu'il est nécessaire d'attendre que les anciens de l'époque de l'URSS s'effacent petit à petit. Il y a une énorme frustration de ces limites capacitaires qui ne permettent pas d'assouvir leurs ambitions, c'est aussi cela qui va pousser ce pays à faire des erreurs et prendre des risques idiots. Ce pays a été incapable d'arriver à ses objectifs premiers en Ukraine, il est plus qu'impossible qu'il parvient à ses objectifs secondaires (4 oblasts) qui doit lui permettre de sortir la tête haute de cette guerre. Mais par idéologie et par inacceptation d'avouer ses limites et ses faiblesses, Moscou cherche à jouer avec une force bien plus puissante que l'Ukraine (l'Otan), qu'elle serait bien en mal de combattre (en plus de sa guerre en Ukraine...), ceci pour maintenir son image de puissance, pour continuer d'être crainte. C'est très important pour la Russie de maintenir cette puissance car elle est liée au pouvoir autocratique actuellement en place. Poutine ne craint pas la démocratie ukrainienne, il craint la faiblesse et l'opposition qui peut l'amener à perdre sa place. La "fédération" de Russie reste encore une forme de pays "empire". On a un pouvoir central fort qui amène les régions dans une forme de vassalisation, on a encore des régions avec certaines autonomies, d'autres qui pourraient s'embraser (Caucase...), des influences diverses et variées. Le risque de voir une nouvelle fracturation de ce qu'est l'actuelle fédération de Russie n'est pas à exclure si ce pays démontre une faiblesse, s'enfonce dans une crise économique et sociale, que la page Poutine se tourne (par sa mort, une révolte populaire, un coup d'état...). Je ne dis pas que ça va arriver dans 6 mois, cela peut être un truc qui va prendre des années, mais il ne faut pas exclure que le Kremlin fasse des erreurs de jugements (comme en Ukraine) avec l'Otan et finisse par précipiter certains événements (je ne crois pas à une guerre nucléaire ou à une guerre massive contre l'Otan). Quand on voit le développement géostratégique, on comprend que dans quelques années, l'Europe et l'Otan (qui s'est renforcé de nouveaux membres) en général aura considérablement renforcé ses moyens militaires. La guerre en Ukraine toujours en cours pour des gains dont on se demande ou ils sont. L'espoir d'un Trump qui servirait l'Ukraine sur un plateau s'amenuise à mesure que le temps passe et l'économie super résiliente montre des signes d'instabilité inquiétant, d'autant plus que les frappes ukrainiennes en territoire russe augmente les problématiques et peut amener de l'agacement et un ras le bol aux russes dans leur quotidien. Hausse des prix avec une hausse de la TVA, plus de carburant pour se déplacer pour les particuliers et les professionnels. Les exportations de carburants sont déjà interrompus et les sites de raffinage, de stockage et d'exportation vont continuer de prendre des coups. Pendant ce temps là l'Europe continue de réduire ses importations de gaz et de pétrole (objectif 0 en 2027). Trump pousse Erdogan à acheter du GNL américain plutôt que russe en échange de quoi il lèvera ses blocages (comme pour le F-35). Franchement je dis bonne chance à la Russie pour les prochaines années et ce n'est pas en disant que l'Ukraine va plus mal que ça va "compenser". Kiev n'a pas les ambitions ni les prétentions de puissances que la Russie cherche à avoir et imposer. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales