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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Je pense qu'après tout ce qu'on a vu depuis le début de cette guerre (3 ans!) il va falloir un peu mettre de côté cette idée que la Russie peut faire ce qu'elle veut et que si elle ne le fait pas, c'est parce qu'elle l'a décidé ainsi. Au bout d'un moment faut comprendre que la Russie ne peut pas faire ce qu'elle veut mais qu'elle fait ce qu'elle peut. Les russes ont des moyens limités qui les ont déjà plusieurs fois amenés à devoir se retirer pour pouvoir concentrer des moyens permettant de mener des offensives. Ce ne sont que dans ces zones d'actions, sur la ligne de front, que les russes peuvent se permettre de réduire des villes en ruines. Mais nous l'avons constaté de nombreuses fois, malgré la concentration de moyens, le processus est extrêmement long, consommant extrêmement de moyens, de munitions pour des résultats qui parfois se font encore attendre à de nombreux endroits. Si en 2022 on regardait Severodonetsk (et la zone autour) recevoir 50 000 obus par jour côté russe, la réalité c'est qu'actuellement les russes ne sont plus du tout en capacité de balancer ça la sur une autre ville aujourd'hui. C'est comme ça depuis le début, les russes vont concentrer un effort destructeur sur un seul point, non pas qu'ils ont pitié du reste, mais parce qu'ils ne peuvent pas faire la même chose partout. Le temps qui passe ne voit pas la Russie augmenter son pouvoir destructeur. C'est comme les bombes planantes, il y en a peut-être des milliers qui sont utilisées, mais c'est toujours très concentré sur les zones ou il y a le territoire russe qui permet à l'aviation d'être en sûreté relative. Ils vont balancer des milliers de bombes mais ça reste toujours sur 2 ou 3 points du front et souvent ce sont de petites villes. Sauf qu'on peut encore une fois s'interroger sur la finalité de la chose, comme à Vovchansk (offensive russe sur Kharkiv), ville que les russes s'efforcent de bombarder et de raser depuis un an mais ou ils n'avancent pas. Comme c'est également le cas du côté de Pokrovsk, ville qu'on annonce presque déjà comme perdue depuis des mois alors qu'on voit bien que les russes patinent et sont loin de pouvoir se permettre un nouveau Bakhmut. Les russes pour reprendre la zone de Koursk ont été contraints d'alléger leurs efforts ailleurs, même si au début on disait que ce n'était pas le cas. Ils ont été faire appel à des milliers de coréens même si au début certains voulaient y voir des sibériens derrière leurs yeux bridés. Il y a un mal fou pour certains d'admettre que les russes ont des limites, que leur potentiel militaire ne s'accroit pas dans ce conflit et qu'ils sont contraints à de nombreux choix pour raisons capacitaires. Comment peut-on donc imaginer que les russes se retiennent de raser des villes comme Kharkiv, Odessa, Sumy ou autres quand ils galèrent déjà à raser de petites villes sur le front dans une zone ou ils concentrent déjà leurs moyens pour pouvoir justifier "d'avancées" ? De petites villes qui dans bien des cas encore ne sont même pas prises et ou derrière vous avez des villes X fois plus grandes ou on se dit que la répétition du processus se fera en X années car la densité de feu diminue. Nous l'avons observé avec l'artillerie, on commence à l'observer avec les bombes planantes que certains cherchent à expliquer par le brouillage ou je ne sais quoi. Mais le brouillage va seulement perturber la précision, pas la quantité. Les russes ne vont pas raser des villes comme Kharkiv ou Kiev par l'intermédiaire de drones shahed dont l'explosion va détruire 1 ou 2 appartements dans une tour d'habitations. Car ce sont bien ces drones et non des missiles qui font la quantité des projectiles envoyées loin des lignes de front. Même en concentrant sur une seule grande ville l'ensemble des drones/missiles envoyés en profondeur en Ukraine, il faudrait des années avant d'envisager la raser. C'est sans compter les interceptions, les échecs de ciblages, le brouillage, les échecs. Les russes ne peuvent pas faire évoluer leur aviation comme ils voudraient, ils ne peuvent pas non plus faire des miracles avec une artillerie dont la portée est limité. Ne parlons pas de l'usure général de l'outil militaire, du potentiel des aéronefs à celui des tubes d'artillerie. Il doit y avoir un grand nombre de matériels inaptes, indisponibles, en maintenance que les russes (tout va bien) ne communiquent pas. Quand il y a parfois de grosses vagues de missiles tirés, c'est déjà le résultat d'une grande phase de préparation, de remise en état, ça ne se fait pas tous les jours. S'ils avaient les moyens de le faire tous les jours ou de faire plus, ils le feraient. La plupart des ciblages en profondeur, d'un côté comme de l'autre se font très certainement par un renseignement émanant de l'open source et non de moyens militaires. En d'autres terme, beaucoup de cibles proviennent très certainement de la simple observation de google map sur laquelle on vient identifier un truc intéressant à frapper. C'est pour ces raisons que des deux côtés les cibles visées sont généralement des cibles "civiles", entendons par là de l'infrastructure civile que vous et moi pouvons également trouver sur google map. Nous ne sommes pas dans un circuit ou la programmation d'un Shahed se fait sur une prise photo par satellite, par l'analyse de cette photo, puis de l'identification d'un point d'intérêt qu'on viendra reconfirmer avec d'autres photos sur une certaine durée, puis encore d'une photo satellite pour confirmer la destruction. On est loin de tout ça Donc les russes ne font pas plus qu'ils ne font aujourd'hui car ils ne peuvent pas faire plus, ce n'est pas une décision, une retenue, c'est juste une limite capacitaire. Hormis entrer dans le spectre du nucléaire, avec lequel ils jouent maladroitement car cela ne fait que confirmer la limite conventionnelle de leurs moyens. La Russie n'a pas une armée du tiers monde, elle n'est pas sans moyens et sans capacités mais elle n'est pas du tout en position de faire ce qu'elle veut et comme elle le veut. Ce n'est pas possible sur l'Ukraine, ça l'est encore moins face à l'Otan. Le problème c'est la folie des grandeurs qu'il y a dans la tête des dirigeants et de nombreux russes. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas donner une illusion de réussite ou de victoire aux russes sous peine de leur donner un gain de confiance qui va confirmer une ambition guerrière et conquérante. Que ce soit un nouvel épisode en Ukraine ou ailleurs. On en revient comme souvent à l'époque nazie (pour rester dans la propagande russe) qui voyait des nations offrir à Hitler ce qu'il voulait en espérant satisfaire ses préoccupations, évitant ainsi la guerre. Sauf que derrière cela n'a fait que renforcer son ambition. La folie des grandeurs amène à des actions insensées car on se considère comme le plus fort et celui qui au final gagnera. C'est ainsi pour les actions militaires de Poutine, il en est de même pour les actions commerciales de Trump. -
Politique étrangère des USA
Pol a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Trump est un investisseur dans la pure tradition capitaliste. Sa vision est celle de l'opportunisme. Il est en mode "j'écrase la concurrence" pour la remplacer, la racheter, l'exploiter en position dominante. Il est le genre de types qui va travailler derrière des tableaux de chiffres, derrière des graphiques comme certains traders. Il ne voit qu'une logique de chiffres, il ne cherche pas à vendre une vérité ou quoi que ce soit, dans sa tête c'est la loi de l'offre et de la demande, celle de l'importation et de l'exportation, celle de l'investissement. Faut pas croire, en ce moment il y a un grand nombre de personnes qui se frottent les mains de voir les marchés s'effondrer, de voir les difficultés, de voir ces droits de douanes, ces gens ne voient que des portes qui s'ouvrent pour tirer avantage de la situation. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Trump va voir un déficit commercial et il ne va pas chercher le détail. Pour lui, réduire l'offre étrangère va pousser la demande intérieure à se tourner vers un produit US et s'il n'y en a pas, les investisseurs se chargeront d'amener l'argent pour le réalise sur le sol US. C'est très basique et simpliste comme idée, mais c'est ce qui se passe, c'est du protectionnisme pour les nuls, celui qui est assimilable par le petit peuple à qui on va demander de se taire, de serrer les dents car ça ira mieux demain. Le problème c'est que cette idée, quand on l'a fait de son côté, elle ne peut que fonctionner, car effectivement, malgré des perturbations à court terme, sur le long terme on remplacera l'offre étrangère par une offre intérieure et on finira sans doute par l'exporter derrière. Sauf que le problème c'est qu'on néglige ou qu'on ne veut pas voir les répliques étrangères. Car oui ce serait trop beau que les USA puissent continuer à exporter et satisfaire une demande étrangère tout en jouant seulement sur une diminution des importations. Pourquoi vous croyez qu'ils sortent des tableaux ou ils veulent essayer de faire croire que leurs taxes seraient inférieures à ce qu'on ferait avec des chiffres sortis de nul part? Ils veulent juste éviter qu'on réponde sur les importations de produits américains. Laissant croire qu'ils sont "gentils" dans leurs taxes et laissant planer la menace d'une augmentation si on ne se laisse pas faire. C'est un processus de guerre commerciale, celui de la surenchère des USA face au reste du monde. Généralement on va faire cela contre un pays en particulier, ou on va viser un secteur particulier qu'on va souhaiter protéger ou renforcer dans son pays. Le cas des voitures importées (pour faire plaisir à Musk et Tesla?...) c'est un truc qui est sensé comme protectionnisme, ça vise un truc en particulier, l'effet est absorbable mais il se passera quand même des années avant d'en voir le bénéfice. Là on est dans une dimension du déraisonnable car il est global et contre tous. Alors oui, les USA sont une superpuissance économique, oui ils peuvent avoir le melon, mais si on voudrait foutre en l'air ce pays qui s'est construit justement grâce à ce système (mondialisation), on ne s'y prendrait pas autrement. Les américains s'isolent totalement en espérant que c'est la voie vers un âge d'or. Tout le monde va en souffrir et c'est bien possible que ça amène à de problèmes qu'on sous-estime encore beaucoup, pas seulement du point de vue économique. Car dans le même temps aux USA, on est dans une sorte de destruction du système intérieur, d'une chasse aux sorcières. Le problème c'est que ce qui est certain, c'est que sur le court terme il n'y aura pas un avantage économique à espérer. Ce ne sera que de l'inflation, problèmes et autres. La propagande fera son effet, les discours et les positions de Trump continuera de satisfaire sa "base" de soutien, sauf que ça ne va pas suffire à convaincre ceux d'en face ou ceux qui ont votés pour lui sur l'instant, parfois "pour voir". Tous ne voudront pas attendre 10 ans pour voir s'il avait raison. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Ben sa stratégie est simple, donner aux Russes ce qu'ils veulent pour soulager la souffrance des Ukrainiens... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Moi cela fait plusieurs années, bien avant la guerre que je m'opposais aux gens qui surestimaient les capacités russes, les forces russes, le matériel russe. Forcément pour ceux d'en face, lorsqu'on fait cela, on tombe dans l'extrême ou on serait là à prendre des russes pour des moins que rien, des nuls qui ne peuvent rien faire. Je le disais déjà avant le conflit, l'armée russe n'est pas ce rouleau compresseur qui va tout écraser sur son passage comme un rouleau compresseur, non elle ne va pas prendre Kiev en 3 jours et non elle n'est pas à la hauteur de l'Otan en cas de conflit. Personnellement je n'étais pas de ceux qui ont été surpris de la désillusion russe au début du conflit, je répétais depuis longtemps qu'une aventure en Ukraine ne serait plus la ballade en Crimée de 2014 et que les ukrainiens qu'il faut considérer étaient ceux qui tenaient l'aéroport de Donetsk et non ceux qui restaient l'arme au pied. La suite m'a entièrement donné raison. On oublie (volontairement) l'ambition initiale du Kremlin, de ses objectifs pour croire que la situation actuelle a été recherchée et voulue. Non je le répète, la combattivité des ukrainiens est ce qui a conduit à voir les russes faire retraite de nombreux lieux d'Ukraine, incapable de tenir de multiples fronts en raison de moyens insuffisants, d'une mauvaise stratégie et de tout un tas d'autres choses. C'est cette combattivité qui a contraint la Russie à devoir concentrer ses moyens sur le Donbass pour obtenir localement, sur un petit carré de 50km de côté, une supériorité militaire. On est dans un conflit bien plus équilibré qu'on ne le pense. Peu importe la propagande des uns ou des autres qui va parier sur un effondrement, quand aujourd'hui certains se félicitent presque que la Russie "tienne" face à l'Ukraine, que certains vont vous parler de la prise d'un village de 20 habitations comme d'une avancée majeure alors que hier on parlait de prises comme Soumy, Odessa, Kharkiv, Kiev, je me dis que ces personnes devraient un peu mieux revoir leurs analyses. Car non, la Russie n'est pas dans une position écrasante vis à vis de son adversaire. Je disais l'an dernier qu'avec la perspective de Trump, Kiev et Moscou ont 2 approches différentes. Moscou mise sur une réussite des négociations pour faire plier l'Ukraine (sans concessions), les russes ont donc accentuer les efforts pour gagner le maximum de terrain. Les ukrainiens eux misent sur l'échec des négociations en préservant leur force tout en cherchant à maximiser les pertes d'un adversaire très offensif depuis des mois dans l'optique d'une guerre qui va continuer encore un temps. La question de savoir si les russes n'ont pas un peu trop épuisé leur potentiel (en plus des coréens...) pour se mettre en bonne position aujourd'hui va sans doute se poser dans les mois à venir. J'ai dit qu'on laissera à Trump sa phase de négociations, tout le monde observera, tout le monde cherchera à lui plaire mais qu'au final c'est bien côté russe que ça va coincer, car la Russie cherche une capitulation et ne fera pas de concessions. S'il ne faut pas sous-estimer les forces russes, il ne faut pas non plus surestimer ses capacités en faisant comme si la Russie était en position d'obtenir le beurre et l'argent du beurre car Trump a décidé de faire la paix en 24h comme s'il était celui qui fait la guerre à la place des ukrainiens. J'avais dit que cette position amènerait les européens à se positionner au fur et à mesure que les négociations ne mèneront à rien et que les ukrainiens se tourneront vers eux. Soit les USA finiront par comprendre la situation (qu'ils cherchent à éviter en cherchant leur face à face avec les russes) et ils amèneront sur la table les revendications européennes et ukrainiennes, soit ce sont bien les américains qui s'isoleront sans avoir réglé quoi que ce soit. Et ceux qui disent que sans l'aide américaine, l'Ukraine ne tiendra pas 6 mois, c'est à dire ceux qui en vérité le souhaite, verront qu'en fait la guerre peut encore continuer bien longtemps dans la situation actuelle. Dans la guerre, l'usure c'est aussi le temps et un pays agressé aura toujours une volonté de tenir plus grande que celui qui agresse et qui doit perpétuellement trouver des raisons pour justifier la prolongation de la guerre. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce mode de raisonnement n'existe pas, il s'agit d'un parti pris que certains assument et que d'autres n'assument pas. Depuis le début de ce conflit je le répète, c'est comme cette attitude "relativiste" qui va placer la Russie comme une quasi victime de cette guerre, un pays qu'il ne faut pas critiquer, un pays qu'il faut "comprendre" et "satisfaire" pour que tout se passe bien. Bien entendu c'est répété par la propagande, une propagande qui depuis des années se dit "alternative" et comme tout ce qui se veut anti-système cherche ses alternatives, faut pas s'étonner que le camp Trump baigne dedans, sans vraiment comprendre ses racines. Se positionner contre l'Ukraine revient à se montrer contre le système, contre l'ancienne administration. La Russie profite de cette position anti-système et cela fait des années également qu'elle surfe dessus chez nous, les anti-américains, les anti-européens, ils portent tous un regard "complaisant" ou "opportuniste" avec la Russie. Le hasard n'existe pas. Dans cette guerre, on a une victime, l'Ukraine, on a un envahisseur que je préférerai nommer le Kremlin plutôt que la Russie. Si on a des principes légitimes, il n'y a pas à "choisir" un camp comme si on soutiendrait telle ou telle équipe dans un matche de foot. C'est tout naturellement l'agressé qu'on va soutenir. -
Ben c'est du surblindage. Il y a la caisse + le blindage de base sur lequel on va fixer les 2 supports qui vont faire tenir les plaques additionnelles Tu pensais qu'il y avait 15cm d'épaisseur? Une plaque reste une plaque. Au-delà on peut y mettre le kit anti-RPG C'est juste que l'absence des divers coffres va un peu perturber la vue.
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Le contrat opérationnel n'a pas changé et il reflète notre format et nos capacités actuelles. Mais il ne faut pas se leurrer, il n'y aura pas une réelle massification de l'armée de terre car le problème reste la ressource humaine. On est déjà aujourd'hui dans une situation compliquée pour recruter et maintenir les effectifs. Qu'on va renouveler nos équipements, oui. Qu'on va densifier et reboucher certains trous présents depuis des années, oui. Qu'on va se doter ici ou là de capacités supplémentaires, oui mais ça restera très fortement liées aux limites humaines. Je l'avais déjà dit ailleurs, l'argent qu'on va avoir en plus ne va pas créer plus de vocations, donc ne va pas permettre de créer de la masse. Il sera plus simple d'acquérir un avion à 100 millions qui au final va nécessiter 5 ou 6 personnels supplémentaires que d'acquérir 1000 blindés pour le même prix dans lesquels on ne pourra pas recruter les 10 000 hommes à mettre dedans. C'est pour ça qu'il faut bien réfléchir aux listes de père noël en ayant toujours la limite humaine comme limite, bien avant l'argent. On va donc pouvoir obtenir des capacités supplémentaires qui nécessiteront peut-être quelques centaines voir quelques milliers créations de postes en plus, mais on ne va pas créer de la masse. On va même continuer à "transformer" des postes ou redéfinir certains changements. J'évoquais plus haut un la création d'un groupe drones dans les sections d'appuis, mais on pourrait bien voir la transformation du groupe sur mortier de 81mm être ainsi transformé. Sans la conscription, la masse n'est tout simplement pas possible. Le politique peut avoir un levier financier, il n'aura jamais le levier sur la volonté des français à s'engager. Maintenant si on décide de rétablir la conscription, on analysera les choses différemment et on pourra très bien se dire qu'on va s'acheter 12 000 blindés pour y mettre 100 000 combattants pour avoir du volume à déployer au sol. Sauf que rétablir la conscription amènera un immobilisme militaire qu'on peut évaluer à presque 10 ans, car il faudra construire toute l'infrastructure, repenser l'organisation, utiliser les professionnels pour l'encadrement, prévoir les équipements etc. Les conscrits c'est aussi une masse qu'on ne va pas utiliser à l'envie dans des conflits extérieurs au pays. On sera dans la même situation que durant la guerre du Golfe, sur le papier on est nombreux, mais pour la projection, on va galérer à monter une division. Ce n'est pas parce que c'est plus haut qu'une marche d'escalier qu'il faut considérer cela comme un problème. Il est plus facile de monter/descendre cette rampe (vous ne la faîtes pas 100 fois dans une manip) que de monter à l'arrière d'un VAB ou d'un BMP. C'est moins haut que la rampe du VBCI. Elle n'est pas non plus glissante si elle est mouillée ou qu'il y a de la boue, c'est recouvert d'une surface antidérapante comme sur certaines parties extérieures du blindé. C'est pour cela que j'invite à expérimenter le combat embarqué/débarqué depuis un VAB (plus bas) et depuis un Griffon pour comprendre.
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Quand j'évoquais les comparaisons foireuses, je n'ai pas appelé à en faire d'autres. La France n'est pas l'Ukraine, la France n'est pas dans la situation de l'Ukraine, la France ne va pas remplacer l'Ukraine. Prendre ce conflit comme si ça serait la référence qui doit déterminer ce que doit être notre armée et nos stocks, c'est ne pas comprendre la réalité militaire qui est la nôtre. Nous avons un contrat opérationnel qui va nous amener à projeter une force de 15 000 hommes, nos moyens, notre logistique nos stocks vont se baser sur ça. Que l'on juge cela faible, que l'on juge que nous n'avons pas la masse c'est un autre débat. Mais par pitié qu'on arrête de se mettre dans la situation d'autres pays qui ne sont pas du tout dans la même configuration que nous. Vouloir également prendre les chiffres qui arrangent pour élaborer ses calculs c'est un peu n'importe quoi. Il y a des jours ou un canon va tirer jusqu'à 200 fois? Donc forcément on va faire de ces jours la normalité et bien entendu ce chiffre qui émane très certainement d'une situation exceptionnelle pour peut-être 3 ou 4 canons va s'appliquer à l'ensemble des canons du front? Depuis le début du conflit l'Ukraine a reçu peut-être 5 millions d'obus, donc selon tes calculs ils n'ont pût tiré que 225 jours sur 3 ans ? Tout ne reposant que sur 109 canons? Faut arrêter un peu à vouloir comparer les consommations de munitions dans le conflit en Ukraine avec l'état de nos stocks afin de faire croire qu'on ne tiendrait que quelques jours. Nous ne sommes pas dans la situation de l'Ukraine et ce que l'Ukraine va consommer pour 700 000 hommes, ce n'est pas la référence qu'on doit avoir pour se demander ce que nous devons avoir pour une force de 15 000 hommes. Sauf à vouloir faire comme la Russie, c'est à dire envahir nos voisins, nous n'allons pas nous retrouver demain avec une armée étrangère de plusieurs centaines de milliers d'hommes en Champagne comme en 14-18. Comme pour le collègue au-dessus, tu prends en référence les consommations du conflit en Ukraine que tu vas calquer sur notre armée. L'Ukraine, c'était quoi son potentiel de drones au début du conflit? Les drones sont des consommables dont on voit qu'il n'est pas compliqué d'en produire massivement quand il y en a besoin. Il n'y a pas la nécessité d'en faire des stocks énormes comme on le ferait avec des munitions complexes et longues à produire. Restons réaliste, ne prenons pas non plus ce que certains qui sont engagés à fond dans une guerre avec 700 000 hommes avec notre situation ou nous ne sommes pas en guerre et ou nous n'avons pas ce volume d'effectif. J'ai évoqué 2000 "systèmes" de mini drones, c'est à dire que généralement dans un système vous avez déjà 2 ou 3 drones qui permettent de palier des pertes ou d'effectuer des relais (autonomie...). 2000 systèmes ça permet d'équiper 2000 groupes (7 hommes) d'infanterie, c'est à dire de quoi équiper toute l'infanterie avec une dotation initiale. Je pense que la prolifération du drone et de ses possibilités amènera de facto dans les régiments d'infanterie à l'intégration dans la section d'appui d'un groupe avec 3-4 équipes articulé autour d'un véhicule qui mettra en oeuvre un nombre important de drones pour l'observation comme pour la neutralisation (munitions rôdeuses ou drones FPV). Au-delà de ça, on peut penser à en faire de même dans les compagnies d'appuis soit sur le même principe, soit sur un spectre à plus longue distance et avec plus de vecteurs. Avoir ce genre d'équipes permettraient d'intégrer ce qu'il faut dans des proportions plutôt importantes. Comme dit plus haut, il faut avant tout regarder notre situation à nous, notre potentiel militaire et ne pas se laisser absorber par la situation ou les guerres dans lesquelles d'autres sont.
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Un APC qui dans une action va ouvrir le feu ne fait pas de lui un VCI, même s'il a un tourelleau. Un APC dispose d'une arme défensive (TTO ou pas), dit d'autoprotection qui va servir à couvrir une action débarqué/embarqué axé autour du groupe d'infanterie. Sa zone d'action se situe dans une zone de danger qui est celle de l'infanterie adverse, c'est à dire celle des armes "transportées" sur homme. Un VCI est un véhicule de combat qui a un armement fait pour engager des cibles d'un niveau supérieur à l'infanterie. C'est un véhicule qui va également transporter de l'infanterie mais qui va resté engagé avec elle. A vrai dire l'infanterie devient plus un accompagnement/complément au VCI dans un environnement ou l'on peut retrouver des blindés adverses. D'où l'intérêt d'adjoindre avec eux des chars ou mêmes des engins comme le Jaguar, des engins destinés au combat avec des capacités anti-blindage supplémentaire. D'où aussi l'importance de maintenir des unités constituées qui vont se compléter. On est là dans un cadre de combats entre blindés Le Griffon va amener la "masse" en infanterie dans un second rideau ou la menace blindée est traitée par nos Leclerc, nos Jaguar nos VBCI et bien entendu par l'appui si possible d'aéronefs. On fait ensuite une sorte d'effet de tiroirs pour avancer permettant la poursuite de la manoeuvre des unités de combats et le "nettoyage/sécurisation" d'une zone arrière (dans le même temps) par de l'infanterie. Parfois le second rideau n'est pas très éloigné du premier et l'action (qui garde toujours un flou) peut réserver des surprises ou des oublis, tel un blindé adverse surgissant au milieu du dispositif car planqué, car problème de reco ou je ne sais quoi. Mais n'oublions pas qu'on ne demandera pas au Griffon de neutraliser cette menace imprévue, pour cela on a de l'infanterie équipée de roquettes/missiles AC. Généralement le Griffon (ou autres APC) va rester sur place comme véhicule de soutien au groupe débarqué, il est un relai de communication, un moyen d'EVASAN, dispose des vivres et des munitions et parfois tout simplement un refuge. Un APC qui va engagé de l'infanterie résiduelle adverse se trouve dans son environnement et dans son niveau de menace pour lequel il a été conçu et pour lequel il peut appuyer le groupe débarqué. Mais cette action de soutien n'en fait pas un VCI. Un véhicule qui fait feu n'est pas de facto un véhicule de combat. C'est pour cela que je dis bien souvent qu'il est avant toute chose, très important de comprendre l'organisation et le rôle de chaque élément dans une armée, en particulier dans notre armée pour éviter des comparaisons foireuses. Car je ne sais combien de fois je vais voir des gens considérer le Griffon ou le Serval comme des véhicules de combats, c'est à dire des véhicules évoluant dans des environnements ou on a de la présence blindée. Mais on a beau le répéter encore et encore, on aura toujours des gens qui vont vous dire qu'un Griffon n'est pas capable de détruire un blindé car n'ayant maximum qu'une 12.7 comme armement, qu'il faudrait du 20 ou 30mm pour pouvoir faire face à des VCI adverses. Mais ce n'est rien comprendre à son emploi, son rôle, ses missions. En Afghanistan comme au Mali, on est dans un environnement ou un APC est suffisant, il est dans son milieu. Ajouter du VCI là-dedans à apporter une puissance de feu ou un blindage supplémentaire, ce n'est aucunement interdit, qui peut le plus peut le moins (l'inverse est moins vrai). Dans un tel environnement (sans menace blindée adverse) on peut jongler sur une composition plus légère, oui on peut alors avoir un dispositif d'infanterie qui tournera uniquement autour du Griffon/Serval avec du Jaguar en accompagnement et de soutien au combat. C'est dans ce genre de situations ou parfois il n'y a même pas un engin comme le Jaguar qui est là, qu'on va avoir de l'infanterie qui sentira un manque de puissance de feu. C'est ainsi qu'on en vient à foutre du T-20 sur VAB et à faire avec des APC des missions qui ne sont pas les leurs. Mais c'est la conséquence d'un manque de moyens (on ne veut pas ou on ne peut pas) mais pas un problème lié à l'APC lui même et son rôle. Par contre dans une autre configuration de conflit, on ne fera pas la même chose et on mettra en place ce que j'ai décris plus haut. La nature des menaces amène à des choix qui détermineront les moyens engagés ainsi que les principes et approches d'engagements. Quand il y a une menace blindée adverse, le Griffon sera derrière le VBCI. Avec Scorpion on entre dans un système de combat collaboratif ou on cherche à exploiter et détecter la menace pour la communiquer par celui qui est le plus à même de le traiter. Mais parler de PROCOLL ou de la réalité augmentée c'est encore un autre sujet. Maintenant on peut se dire que ce serait plus simple qu'il n'y ait que des VCI à la place des APC et je ne dirai pas le contraire, surtout dans une armée pro ou il n'y a pas la masse. Le problème est bien entendu budgétaire et c'est bien pour cela qu'on en est resté avec un modèle inchangée. Nous avons 20 régiments d'infanterie dont 8 sur VBCI. Il reste 12 régiments VAB qui vont passer sur Griffon/Serval. 4 régiments sont paras, 4 sont des BCA. On peut se dire que les régiments paras restent avec des Serval et autres véhicules plus légers. On pourrait se dire que les 4 BCA peuvent s'équiper de VHM et rester avec des Griffon. Mais derrière on pourrait très bien faire le choix de doter les 5 autres régiments de VCI. Cela représente 350-400 blindés. On voit de toute façon qu'en réalité, sur les 4100 Griffon et Serval qu'on va avoir, pour l'infanterie on doit tourner à 700 engins. Même si on transformerait toute l'infanterie (même para) sur VCI on ne dépassera pas les 1300 véhicules dont des sous-variantes pas forcément équipées de la tourelle principale. C'est aussi à prendre en compte quand on cherche à comprendre ou se trouveront réellement les Griffon et les Serval sur le champ de bataille et leur degré d'exposition, les besoins en kits, en tourelleaux etc... Ce volume d'infanterie va également définir le besoin sur la cavalerie qui va graviter autour des hommes sur le terrain, sur l'artillerie, le soutien etc. De la même façon que ça ne sert à rien de regarder un inventaire sur wikipédia en trouvant que ça serait bien qu'on achète 2 fois plus de poste de tir MMP si derrière on ne comprend pas que dans notre format d'armée, on ne saura pas ou les mettre. C'est comme quand je vois des gens qui disent trop peu quand on annonce commander 2000 systèmes de mini drones, mais ces gens comprennent-ils que derrière ces drones il faut des opérateurs? Qu'on donne un drone par groupe de combat dans l'infanterie et ce sera déjà une bonne dotation. Un groupe c'est un véhicule, donc je reprend mes 1300 véhicules d'en haut pour identifier le besoin et on comprend vite qu'en fait c'est idiot de vouloir plus. Comme vouloir stocker des millions d'obus quand on a 109 canons.
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Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
On va donc acheter des chars aux allemands sans rien exiger en retour ? -
Tu es déjà monté dans un VAB pour comparer l'accessibilité pour l'avant ou l'arrière? Tu as déjà fais du combat embarqué/débarqué avec le marche pied souple à l'arrière? J'en ai vu se casser la gueule, j'en ai vu des embouteillages, j'en ai vu des blessures et de la casse de matériel sur la formidable "ergonomie" que certains vouent au VAB. Ton discours, je le vois et je l'entends chez les observateurs (juges) du web qui ont leurs idées préconçues, pas chez les utilisateurs, encore moins chez ceux qui ont réalisé la transition entre l'ancien et le nouveau. Mais je sais parfaitement que pour beaucoup, on veut croire qu'un Griffon ne serait qu'un MRAP juste bon pour l'Afghanistan. Un Griffon a une bien meilleure maniabilité qu'un MRAP, meilleur qu'un VAB. Quand on regarde le conflit en Ukraine, va t-on me dire que la menace des mines est propre à un conflit de faible intensité contre des insurgés? Non c'est une menace constante et les utilisateurs vont préférer être dans un véhicule qui leur offre une protection optimisée. Le blindage global du véhicule est supérieur à la majorité des blindés qu'on voit en Ukraine, même sans le surblindage, là aussi serait-ce complètement débile et inadapté à un conflit autre que l'Afghanistan? Je veux bien que certains n'aiment pas le design, habitué à des blindés comme le VAB, le BTR80. D'autres s'imaginent dans world of tank, d'autres encore imaginent qu'on parle de VCI ou et ne comprennent tout simplement pas le rôle et la place qu'occuperont ces véhicules sur le champ de bataille. Le VAB a fait son temps, on a aujourd'hui des véhicules qui permettent d'évoluer et d'adapter de nombreuses choses (kits déjà connus et les autres qui viendront) et qui sont adaptés aux hommes et à leurs équipements. C'est une évolution qu'on constate un peu partout dans le monde pour ce type de véhicule.
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Il va falloir un jour accepter le changement. le VAB ce n'est pas "la" référence sur laquelle il faut indéfiniment se baser pour juger de ce qui est bon ou non dans le gabarit d'un véhicule. Nous ne sommes plus dans les années 70 et on parle d'un blindé de transport, pas d'un véhicule de reconnaissance, pas d'un véhicule de combat d'infanterie, pas d'un char.
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AFRIQUE : politiques internes et relations internationales
Pol a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
Quand vous n'avez rien à exporter ou pas d'argent pour importer, l'accès au port est idéologique. Dans la réalité, ces pays ont toujours "accès" aux ports des pays voisins. Cela a toujours été ainsi et n'a jamais empêché l'insécurité ni amené la prospérité économique. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Je pense qu'on est encore nombreux à garder les vieilles habitudes et les vieux réflexes, ce qui fait que nous sommes encore réservés, douteux, méfiants sur ce qui se passe en ce moment. On doit comprendre qu'en ce moment, on est à revoir l'ensemble de notre armée, la LPM en cours est obsolète même si elle reste un support sur lequel on est adossé. Les décisions en cours, les priorités et autres sont revues. Les sommes débattues sont énormes, ce n'est pas juste un petit peu plus qui va permettre de mettre un pansement ici ou là. Si durant la guerre en Ukraine on a déjà redéfinit de nouvelles priorités capacitaires (cyber, guerre élec, drones, sol-air, munitions etc.) cela s'est fait sur la LPM du moment, donc il a fallu revoir d'autres programmes (on repousse en gros) pour pouvoir financer. Mais là c'est très clairement un autre monde qui s'ouvre, on parle d'un budget à presque 100 milliards par an d'ici 2030 et peut-être même avant (tout dépend comment on procède pour l'atteindre). Les débats qui s'ouvrent touchent et vont toucher le format de nos armées. On parle déjà de plus d'avions, de plus de navires mais sans sacrifier d'autres choses. Les renouvellements seront accélérés, des choses prévues pour la période 2030-2035 se feront plus tôt que prévu avec une volonté d'accélérer la production (l'effet de commandes multiples à l'échelle européenne est à prendre en compte). Alors c'est sûre, on aura un "vide" de 2-3 ans liés à la production. Pendant ce temps malgré une hausse des budgets, malgré les annonces, les effets ne seront pas vraiment perceptibles. Ce sera surtout après qu'on va le sentir et le voir concrètement. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Pas idiot, c'est bien de vouloir que d'autres achètent chez nous, mais il faut savoir aussi acheter aux autres, surtout sur des segments ou nous ne sommes pas au top ou qu'il faut concevoir un tout nouveau programme. On est dans une période ou l'on veut aller vite dans le renouvellement de nos moyens et l'obtention de capacités qui font défauts, donc oui, achetons sur étagère ce qu'il faut. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Il faut savoir faire le bon retex et savoir se projeter. Le conflit en Ukraine sert de retex, car c'est un conflit qui engage une force armée, la Russie, dont l'artillerie "classique" est pléthorique, avec une doctrine ou elle a une place centrale, se confrontant à une armée adverse sur le même modèle. Forcément, comme dans toutes les guerres, on commence et on utilise ce qu'on a en inventaire, donc on a très vite tourné à faire comme si le sort de la guerre se déterminerait par celui qui va tirer/produire le plus d'obus. Le besoin d'obus et d'artillerie était lié aux caractéristiques des armées engagées, de leurs moyens, de leurs méthodes. Donc du côté occidental ou l'artillerie était relayé à un second plan par rapport à l'aviation, ben oui on avait du mal à répondre aux consommations de cette guerre. Mais observons que cette guerre a vu le drone prendre une place prépondérante, qu'il est un élément peu coûteux qui permet d'obtenir une grande précision. Aujourd'hui ce qu'on peut qualifier de "no man's land" entre les deux armées, c'est le terrain de chasses des drones. Ils imposent des précautions, des distances et infligent des dégâts considérables. C'est bien dans le domaine des drones que les russes et les ukrainiens semblent mettre leurs efforts. Cela ne va pas enterrer l'artillerie, mais il faut lui trouver une place plus adaptée, un usage différent en intégrant pleinement la dimension "drone". Oui il est souvent très difficile de faire changer des habitudes ou retirer certaines convictions, mais même s'ils ne sont pas nouveau en soit, dans ce conflit en Ukraine, c'est et ça restera bien le drone qui aura pris de l'intérêt, de la valeur et de la place sur le champ de bataille. Que ce soit le petit FPV qui va traquer le moindre combattant/véhicule adverse ou le drone pour faire de la frappe en profondeur, c'est bien là que les efforts se feront. L'artillerie classique ne va pas être démultipliée dans les forces armées occidentales. Oui il y aura peut-être des efforts ici ou là, oui il y a en ce moment un besoin de renouveler une "vieille" artillerie ou remplacer ce qui a été donné à l'Ukraine. Mais on ne parle pas en milliers de tubes par pays. La production d'obus est actuellement à fond pour fournir le front, renflouer des stocks mais ça ne va pas durer. On profitera sûrement à la fin de la guerre de la production en cours pour faire des stocks "stratégiques" au niveau européen, mais ce sera tout. La France ne va pas stocker 5 millions d'obus pour peut-être au final 150 ou 200 tubes de 155mm. La consommation courante (entraînement) ce ne sera pas non plus une masse. Donc la production d'obus va ralentir, on a peut-être 5 ans ou ça va bien se maintenir, mais après on fait comme on le dit déjà maintenant, on cherchera à maintenir des sites de productions capables de se "réveiller" rapidement pour produire de la masse. C'est pareil pour les drones, on ne va pas stocker des drones FPV par centaines de milliers, on doit avoir une capacité industrielle pour en produire massivement, ça oui. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Faut pas non plus exagérer. Trump veut jouer sans les européens sur la question de l'Ukraine, ça arrange la Russie mais ça ne veut pas dire que ça va se faire ainsi et que ça va redéfinir le monde stratégique de demain. La Chine ne va pas envahir l'Europe et n'a en vérité aucune "haine" contre nous. La Russie qui aujourd'hui cherche à se sortir victorieuse d'une sale guerre en Ukraine n'a pas non plus les capacités de faire la guerre à tout le monde. Ce qui se passe en ce moment, c'est un isolationnisme/impérialisme américain (combien de temps durera t-il en réalité?) qui va profiter à l'impérialisme d'autres pays. En Europe on est dans une phase ou on se repense collectivement, faut pas faire comme si tout allait se jouer sur les 6 prochains mois. La Russie peut obtenir une des gains à l'issue du conflit en Ukraine, mais elle ne va pas sortir plus forte de cette guerre qu'au moment de son entrée. Elle a ses qualités et ses défauts comme tout pays, mais d'une manière globale ce n'est pas du tout un pays comparable aux USA ou à la Chine. Je sais que la Russie est grande sur une carte, mais même si ça va emmerder beaucoup de monde, redisons le, c'est un pays qui a l'économie d'un pays comme l'Espagne. Les russes ne pourront plus compter sur les revenus qu'ils percevaient d'Europe et ce n'est pas la Chine qui va venir compenser par amitié la différence. La politique de Pékin n'est pas de se faire biberonner par les russes dans l'intérêt des russes, la politique de Pékin est au contraire vers l'autosuffisance. Faut arrêter de croire que les chinois sont là à vouloir entretenir, sauver ou défendre la Russie dans une logique d'affrontement face à l'occident, Pékin n'a même pas reconnu la souveraineté russe sur la Crimée. C'est bien du côté russe qu'on aime bien donner l'illusion que Pékin comme l'ensemble du BRICS formerait une base d'alliés qui pensent et agissent dans le même sens qu'eux. Cela permet de donner plus de poids à la Russie alors qu'en fait ces pays ne se sentent aucunement concernés ou obligés de soutenir l'impérialisme russe et ses rivalités avec l'occident. L'Europe n'est pas composée de pays insignifiants. La phase actuelle semble faire revivre un certain souverainisme en Europe, qu'il soit individuel ou collectif. Les petits pays resteront des petits pays, mais il faut savoir surveiller les plus grands pays, comme la France, l'Allemagne, l'Italie ou encore le RU. Ces pays sont des puissances, ce n'est pas parce que nous n'avons pas la taille de la Russie sur une carte, que nous n'avons pas autant d'habitants que les chinois ou l'armée des américains que ça fait de nous des faibles qui ne comptent pas. Car si aujourd'hui on est dans une phase ou on cherche à restreindre l'impérialisme russe, on doit regarder un peu plus loin. Les efforts militaires qu'on veut faire, on peut les juger insuffisants là pour peser immédiatement dans le conflit ukrainien, on peut dire que c'est trop tard, mais qu'en sera t-il dans 5 ans? Dans 10 ans? L'issue de la guerre en Ukraine est à des années lumières de l'issue de la seconde guerre mondiale. Il n'y a pas d'un côté les grands gagnants (qui se partagent le monde à Yalta) et ceux qui auront tout perdu. L'Ukraine ce n'est pas un grand pays et cette guerre n'a jamais engagée les armées des nations européennes ou d'autres pays. Donner une victoire (déjà loin des attentes initiales du Kremlin) à la Russie, ce n'est pas offrir l'Europe à Poutine. Cela ne va pas non plus placer la Russie comme une hyperpuissance à la manière des grands vainqueurs des guerres mondiales. Il y a un truc qu'il faut observer en Europe, c'est que dans la situation géostratégique et géopolitique des temps à venir, il n'est pas impossible qu'il y ait également la renaissance d'un impérialisme dans certains pays. Les problèmes et les crises conduisent généralement à cela. Tout peut arriver très vite, il suffit parfois d'un seul individu pour transformer la face de tout un pays. On est aujourd'hui avec l'exemple des américains, ou ça parle ouvertement d'annexer le Groenland, le Canada. -
Le Burkina Faso
Pol a répondu à un(e) sujet de Coriace dans Politique etrangère / Relations internationales
Bien souvent cet argent va servir au "fonctionnement" de l'état (la dépense publique). Ce n'est pas un prêt d'investissement qui va développer l'économie ni un prêt qui va développer les conditions sociales de la population. Le problème de ces prêts liés au FMI ou parfois à d'autres instances internationales, c'est qu'ils traduisent une mauvaise gestion de la dépense publique et des finances et l'absence de confiance qui amènerait (comme pour les pays riches) son lot d'investisseurs. Si le FMI accorde un prêt, c'est que derrière il y a les conditions de remboursement. Dans ces conditions, on impose forcément une réduction des dépenses afin de pouvoir justement être en mesure de le rembourser. Le Burkina va donc devoir faire des mesures budgétaires pour rembourser le FMI. Faudra donc expliquer au peuple pourquoi malgré tous les discours souverainistes ou on vante le renouveau et la prospérité, la situation continue de se dégrader. Mais le Burkina n'est pas seul dans ce cas, le Mali c'est pareil, le Niger c'est pareil. Ces pays qui se regardent dans des miroirs déformants afin de se prendre pour ce qu'ils ne sont pas, oublient à quel point les aides extérieures étaient importantes pour leur simple fonctionnement. Qu'il y avait à côté de cela un grand nombre d'ONG et d'associations qui assistaient les plus défavorisés et lançaient des projets. Alors vu de chez nous ça parait toujours très faibles, mais quand vous amenez 3 panneaux solaires dans un village pour un minimum d'électricité, que vous construisez un puits, une école avec quelques fournitures, ben pour certaines populations en dehors des grandes villes, ça change la vie. Ces régimes se sont coupés volontairement de ces aides, car leur idéologie (que je ne vais plus réexpliquer) les a poussé dans ce sens. D'une manière plus globale encore, la fin de l'USAID va faire son effet en Afrique. Ce qui est presque "drôle" c'est la "discrétion" dans laquelle le Burkina ou la Mali font appel au FMI. La propagande bien silencieuse, les trolls du web se cachent bien de le mettre en avant, on est dans ce moment prévisible de flottement ou la désillusion de la réalité commence par faire son effet, ou les grandes rêveries portées par ces militaires ne souhaitant plus une quelconque transition (qui y croyait?) disparaissent. On arrive même à faire passer via les médias l'obtention d'un prêt du FMI comme la preuve d'une bonne gouvernance ou d'une bonne confiance économique. Il faudra encore un temps pour que tout cela amène au réveil d'une opposition et pourquoi pas au réveil des ennemis intérieurs (dont les terroristes) qui profiteront de la situation. Depuis qu'ils sont au pouvoir, militaires obligent, ils mettent beaucoup d'argent dans la défense. Imaginant construire des armées puissantes, imaginant avoir les moyens, leur seul intérêt est de rester au pouvoir. Ils foncent dans un mur qui amènera tôt ou tard à une situation chaotique. Les armes achetées n'y changeront rien pour maintenir la situation, car ce sont les hommes qui tiennent ces armes qui resteront le talon d'Achille de ces armées. Ce n'est pas non plus l'Afrika Korps qui va faire des miracles, il n'y a plus d'influence occidentale à combattre et à diminuer, du côté de Moscou la zone a donc également fortement perdue de son intérêt. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je dis et je répète depuis des années, Poutine (et son entourage) sont des soviétiques frustrés de ce qu'est devenu la Russie à la fin de l'URSS. Ils ont grandis avec l'URSS, ils ont appris et vécus avec cette superpuissance, ils ont toujours en tête les cartes de l'époque avec des frontières différentes, une domination/présence sur le pacte de Varsovie (Poutine officiait même en Allemagne de l'Est pendant un temps). Cette superpuissance d'un monde bipolaire, rivalisant avec la superpuissance américaine, avec l'Otan, toute cette idéologie reste gravée dans leurs esprits. Tout ce qu'ils font c'est vouloir revivre leur jeunesse, continuer les habitudes de superpuissance. Les cartes de l'URSS de leur enfance continuent de se superposer par papier calque sur les cartes actuelles et sincèrement ils ne comprennent pas, ils n'acceptent pas cette situation. La seule influence russe c'est celle de représenter un pays anti-occidental (et américain en premier lieu), c'est là qu'ils vont trouver leurs "adeptes" à travers le monde. L'idéologie du Kremlin, dans ces grandes lignes, c'est ça. Tout le reste n'est que manipulations, tentatives, et opportunismes en fonction des capacités et des possibilités qu'offre le pays. Mais il n'y a toujours cette volonté de dominer les pays de l'ex URSS, de contrôler le bloc de l'Est, ils ne vont pas conclure un contrat de gaz avec l'Ukraine comme ils le font avec la Chine. Quand les chinois signent un contrat "classique", l'Ukraine signait un contrat à géométrie variable, soit politiquement tu satisfaits les intérêts du Kremlin, alors là on te fait même un prix inférieur au marché, soit dans le cas contraire on augmente les prix voir on réduit ou on coupe le robinet. Pourquoi vous imaginez qu'un type comme Orban semble à ce point défendre les intérêts du Kremlin? Car derrière les russes arrosent d'argent ce genre de politiciens, on lui fait des cadeaux qui parfois lui profiteront politiquement sur la scène intérieure. C'est ainsi pour nombre de politiciens/opposants dans toute l'Europe, les russes sont généreux avec leurs poulains, on en vient jusqu'à recruter un ex chancelier allemand pour le foutre PDG d'une grande boite, chez nous c'était un ancien premier ministre, sans oublier les types un peu plus bas, comme Mariani et d'autres. Il y a une énorme corruption de politiciens, de partis, d'oppositions. D'énormes manipulations, de propagandes qui se font chez nous et qui doivent servir les intérêts et l'influence du Kremlin. En Ukraine avec les événements qui auront chassés du pouvoir un politicien qui faisait les intérêts de la Russie (Ianoukovitch, réfugié depuis en Russie...), le Kremlin voyait son influence lui échapper dans ce pays. Que ce soit l'expansion de l'Otan ou de l'UE, cela n'a jamais été une menace contre la Russie, cela a toujours été un problème qui limiterait de possibles actions de la part de la Russie dans sa logique de domination et forcément des conquêtes. Car là aussi, pendant des années, certains ne voulaient pas accepter de voir la Russie comme un pays impérialiste, agressif, non c'était toujours un pays qui joue sur la défensive et c'était les américains les "méchants" agresseurs qu'il fallait combattre pour amener à un monde de paix. On oublie de dire que si des pays comme la Russie ou la Chine cherchent sans arrêt à vouloir voir les américains s'éloigner de chez eux, ce n'est pas pour réduire les tensions, pour éviter un risque de confrontation, mais au contraire pour pouvoir avancer leurs pions, sans être gênés par les américains. Ainsi Poutine en 2014 voyait l'Ukraine lui échapper mais il était hésitant. Une intervention limitée en Crimée avec de petits hommes verts qui devaient surtout ne pas montrer qu'ils appartenaient à l'armée russe, l'usage d'un pseudo référendum devant rendre "acceptable" une annexion de force auprès de la communauté internationale. Au Donbass, pareil, la Russie n'était pas en confiance, ni prête militairement à entrer avec son armée. On a joué sur un soutien caché, sur des soldats "touristes" qui devenaient des indépendantistes du Donbass et qui trouvaient des chars, des canons dans les épiceries de Dontesk une fois que les camions humanitaires blancs venant de Russie avaient terminés de livrer leurs cargaisons. Mais Poutine n'assumait pas et craignait les réactions internationales. Puis on a eût la situation qu'on a connu dans la zone pendant des années. Cette politique militariste non assumé, c'est en résumé Wagner, l'armée de l'ombre du Kremlin. Mais on oublie un autre événement dans cette période, c'est l'intervention en Syrie. Là aussi les russes étaient hésitants et c'est bien en voyant l'inaction occidentale, la division (Obama ne voulant pas intervenir) dans le camp occidental, qu'ils ont décidés d'agir. Ils ont constaté qu'on laisse faire, ils ont vu qu'ils pouvaient militairement agir et vu qu'ils pouvaient "s'imposer" aux autres. La succession des gains en Ukraine en 2014, l'action militaire en Syrie a donné de l'assurance pour construire une politique bien plus agressive. Une propagande massive axée sur la lutte contre l'occident (nous français on l'a bien observé en Afrique) mais également la préparation de ce qui devait être un grand coup qui ne s'est pas décidé en 6 mois, cette invasion de l'Ukraine en 2022 ou l'on ne se cachait plus derrière des mercenaires, des indépendantistes ou des petits bonhommes verts, une invasion dans le plus simple appareil, dans la plus simple tradition militaire. Le Kremlin pensait refaire sur toute l'Ukraine un remake de la prise de la Crimée, pensant que l'occident ne ferait rien, que les ukrainiens préféreront ne rien faire. Une blitzkrieg devant placer le monde dans un fait accomplit, devant donner à la Russie une victoire grandiose, un retour en force qui imposera une nouvelle architecture sécuritaire en Europe dans laquelle elle retrouvera toute son influence. Mais ça ne s'est pas passé ainsi et aujourd'hui bien que Poutine fait le coq, en vérité la victoire qu'il espère trouver actuellement en Ukraine n'est qu'une bouée de sauvetage politique à son pouvoir. Jamais Poutine n'a voulu et ne pensait devoir mener une guerre comme celle qu'il mène en ce moment. Jamais autant de morts, de pertes matériels pour des gains qui seront au mieux, uniquement territoriaux. Un territoire (ravagé, pollué, vidé de ses habitants) qui une fois la Crimée et le Donbass qu'elle possédait déjà retiré, est vraiment du genre à entrer dans la case "tout ça pour ça" de l'Histoire. On est loin des grandes batailles, des grands succès tactiques, aujourd'hui on est face à un Poutine qui doit revêtir un treillis pour se féliciter d'avoir enfin réussi à dégager des forces ukrainiennes du territoire russe avec l'aide de la Corée du Nord. C'est un véritable bourbier dont les enjeux initiaux du Kremlin sont bien bien loin de ce pourquoi les soldats se battent aujourd'hui. Cette guerre n'amènera pas à Poutine ce qu'il espérait (et qu'il tente encore d'obtenir). Je l'ai toujours dit, dans une phase de négociation sous l'égide de Trump, l'Ukraine sera prête à faire des concessions mais c'est bien en face que ça va poser un problème, car s'estimant comme les vainqueurs dans négociant la capitulation de l'ennemi. Les russes ne comprennent pas qu'ils vont devoir faire des concessions et c'est bien cela qui risque de faire capoter le plan de Trump, qui risque au final de se retourner contre les russes. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a 10 ans, les partis politiques qui voulaient faire un effort considérable pour nos armées, évoquaient 50 milliards. Aujourd'hui on y est, mais beaucoup ne voudront pas voir cette augmentation car ce serait alors reconnaitre un effort qui reviendrait à Macron. Certains vont jouer avec "l'inflation" pour essayer d'en réduire son effet, d'autres vont jouer comme on le voyait beaucoup 2017-2022 sur le fait que la hausse est en trompe l'oeil, qu'en fait ça sert uniquement à financer les opex. D'autres encore étaient là à dire que Macron est un arnaqueur, car l'essentiel de l'effort militaire se fera après 2022, donc qu'il ne sera peut-être plus président pour honorer tout cela. Bref on était dans un déni de lui accorder ce mérite, d'autant plus qu'après 2022, l'effort a été amplifié. Dans l'adversité politique, on cherche à s'aveugler. Je dis depuis des années (avant même la crise ukrainienne et de Trump) que la dynamique de hausse dans nos armées, le contexte sécuritaire fait qu'on est dans une surenchère dans l'opposition et qu'il sera très difficile de remettre en question les efforts militaires en cours une fois au pouvoir. C'est pour ces raisons que Macron ou pas, que peu importe le changement politique de 2027, l'objectif qu'on se fixera aujourd'hui pour 2030 se fera. Faut se l'avouer, déjà 68 milliards comme programmé actuellement c'est déjà bien et ça produira ses effets, même si comme je le dis souvent, on est toujours dans une phase de rattrapage et de consolidation de notre armée et ce n'est qu'après on aura l'allonge nécessaire pour faire plus. Donc ceux qui vont sortir l'argument de "on n'a pas plus de chars ou d'avions qu'il y a 5 ans" n'ont rien compris au fond des besoins et des trous à combler. Mais une centaine de milliards, c'était effectivement impensable il y a 10 ans, il y a 5 ans ou même il y a 1 an. Reste à voir comment on va y arriver. On sait que l'échéance est 2030, mais il faut connaitre les paliers d'efforts sur les 4 ans à venir. Si on va faire 12 milliards en plus par an ce n'est pas pareil que si on fait passer le budget à 100 milliards dès 2026. C'est presque 100 milliards qui peut plus ou moins se rajouter ou s'enlever dans les hausses sur la période. Regardons aussi si on va oui ou non faire une enveloppe exceptionnelle dès cette année ainsi que son montant. Car c'est bien sur ce court terme (enveloppe en 2025 et budget en 2026) qu'on va créer la bouffée d'oxygène nécessaire pour jouer pleinement l'accélération de notre réarmement. Avec le format d'armée actuel, on pourrait rapidement atteindre ce point ou le rattrapage sera fait et ou on aura consolidé l'ensemble (munitions, infrastructure etc...). Tout ne sera pas livré en 6 mois, mais tout sera financé plus rapidement, les programmes seront accélérés. On pourrait dès 2027 ou 2028 être dans une situation d'aisance financière qui va permettre de faire plus, c'est presque déjà une certitude. Mais pas la peine d'attendre ce moment pour l'anticiper, quand le ministre évoquait plus de frégates ou de rafale, c'est que ça devient faisable sans que ça perturbe le reste. On est dans une situation à court terme ou on pourrait bien atteindre l'objectif 2035 en 2030 sur la programmation actuelle et sans tenir compte des augmentations capacitaires qui n'étaient pas prévues jusqu'à présent. -
Guerre civile en Syrie
Pol a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce n'était pas sur ce forum que certains défendaient les méthodes d'Assad qui a poussé à des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés? Ce n'était pas sur ce forum que certains critiquaient l'OSDH lorsqu'elle pointait les crimes d'Assad, mais qui devient très utile pour évoquer les crimes des autres? Va falloir arrêter un peu de faire comme si Assad était le "bon" au milieu des brutes et des truands, il a été l'origine qui a transformé une contestation populaire en une guerre civile, il n'a jamais pris de gants pour quoi que ce soit et n'a jamais travaillé pour une quelconque stabilité. Pour lui, la stabilité c'était lorsqu'un quartier "rebelle" (par forcément par les armes) était vidé de ses habitants. Combien de millions de syriens se sont retrouvés en dehors de la Syrie? Combien de zones sont aujourd'hui sans vie en raison de cette "politique" que les alliés de ce régime auront contribué? Alors oui, vous pouvez critiquer encore et encore les occidentaux d'avoir été contre un tel régime en jouant la carte qu'Assad et ses alliés ont joués, celle ou on va vouloir faire croire qu'en face, ce ne sont que des terroristes, celle ou on a joué pendant des années "avec" les terroristes pour éliminer les oppositions qu'on qualifiait alors de modéré. Alors oui, au bout d'un temps, dans le paysage syrien, il n'y avait presque plus que des groupes radicaux, mais dans cette époque là, nous n'apportions plus d'aides à ces groupes. Ce n'est qu'avec le développement et l'expansion de Daesh (essentiellement en Irak) qu'on est venu appuyer à nouveau des groupes en Syrie, à dominance kurde. Mais le narratif d'Assad grand défenseur de la Syrie contre le terrorisme, le seul capable de garantir la stabilité, semble encore dans la tête de certains qui aujourd'hui (et pour toutes les années à venir) recherchent encore la validation de ce narratif au travers toutes les perturbations qui viendront en Syrie. Pourtant on savait parfaitement qu'avec la chute du régime, les "profiteurs" d'hier, le clan Assad et sa communauté (10% de la population contre 75% pour les sunnites) se prendrait un retour de bâton similaire à ce que ceux d'en face connaissent depuis des années. Mais par pitié qu'on arrête de faire comme s'ils étaient nos petits "protégés", nos "favoris" et que ce serait maintenant le début du chaos, qui serait de notre faute, car nous n'avons pas été avec Assad. Assad a toujours été un problème qui empêchait la Syrie de prendre un nouveau départ. Avec lui, on était sur une situation qui n'évoluait pas, aucun pas pour un retour à la normale, c'était un jeu de soumission qui n'amenait pas la stabilité ni le développement dans le pays. Faut-il s'excuser de voir un tel régime s'effondrer? Non c'était sa destinée depuis le début que certains ont voulus précipiter que d'autres ont voulus prolonger. Faire comme si on était "heureux" de voir HTS renverser Assad afin de laisser croire que ce groupe (en plus de le mettre dans le même sac que les FDS) serait notre poulain, notre allié, c'est répéter à vous même le refrain des occidentaux "alliés" des terroristes qui a servit de soupe à la propagande pro-Assad durant des années. Que vous le vouliez ou non, il fallait que ce régime chute pour envisager un nouveau développement en Syrie. Vous pointez les occidentaux qui auraient fait la même "erreur" qu'en Irak, mais étrangement vous ne trouvez rien d'anormal à ce que les russes, qui étaient pourtant dans le camp de ceux qui balançaient des bombes sur HTS (et d'autres), participant aux "couloirs humanitaires" devant vider des quartiers, des villes, des villages de ses habitants infidèles, aient retourné leur veste pour signer un accord avec eux. Non bien entendu, l'opportunisme du changement que certains cherchent à capter, il est critiquable uniquement du côté occidental et la moindre poignée de main ferait de nous leurs "alliés"... -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
"C'est pourquoi la trajectoire d'augmentation prévue portait le budget à 68 milliards d'euros en 2030. Mais si l'on veut reconquérir nos capacités de manœuvre dans la durée tout en répondant souverainement aux enjeux posés par les nouvelles technologies, il est clair qu'un horizon autour de 100 milliards d'euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises" https://www.tf1info.fr/international/rearmement-de-la-france-le-ministre-armees-sebastien-lecornu-plaide-pour-une-enveloppe-autour-de-100-milliards-d-euros-par-an-2358281.html -
Les cibles finales (d'ici 2035) portent sur 50 à 60 Serval avec Mistral (DSA) et autant avec le canon de 30mm (LAD). Derrière ces deux versions il y a aussi la variante Serval SATCP qui est un véhicule sur lequel on peut installer un poste Mistral ou le mettre en oeuvre indépendamment. Même quantité que les deux versions spécialisés (Ceci bien entendu avant un probable renforcement de ce segment ou accélération/priorisation des commandes) N'oublions pas aussi qu'on va miser un peu plus sur la guerre électronique y compris via drone, c'est moins "percutants" visuellement mais ça a toute sa place. Tout l'aspect "brouillage" est également à observer. Aujourd'hui on fait encore un peu de bricolage pour faire la jonction, mais ce sera bien environ 150 véhicules dédiés au sol-air à courte et très courte portée. Bien sûre on peut regarder le conflit en Ukraine pour se dire qu'il en faudrait 10 fois plus, mais gardons à l'oeil ce qu'est notre format d'armée actuel Nous ne sommes pas à savoir comment protéger 500 000 hommes sur des milliers de km de front ou à pouvoir abattre 5000 drones dans la journée. L'essentiel des drones qu'on voit en Ukraine sont des minidrones (FPV et autres) contre lesquels ce ne sont pas des missiles Mistral ou même des canons de 30mm qui seront efficaces, mais bien le brouillage et encore d'autres moyens qui ne sont pas forcément "connus, testés et approuvés" à ce jour. Que ce soit les russes ou les ukrainiens, les drones et tout le reste ça continue de faire un carnage, ils n'ont pas la solution pour annuler ou fortement réduire cette menace. Entre le bricolage de blindage, des mesures de brouillage, de camouflage, du tir LATTA, ça passe, la meilleure solution étant la distance. Ces masses de drones sont en vérité un autre sujet et il n'existe nulle part dans le monde une solution qui ferait que la France ou autre serait en retard d'une guerre. Là avec nos Serval on parle d'une défense sol-air plus "classique", cela concerne l'interception d'aéronefs de type hélico comme avions et des drones qui ont quand même une certaine taille (comme les shahed) ou des missiles de croisière. L'enjeu premier déjà pour nous c'est tout simplement d'avoir une capacité efficace. L'évolution de la menace (drones peu coûteux et en grand nombre) bouscule le secteur de la défense courte portée et pousse vers des solutions moins onéreuses que l'interception par missile, c'est la raison du (re)développement et du regain d'intérêt pour des canons AA. Derrière cela on a des systèmes comme le VL MICA ou le SAMP-T. Nous ne partons pas de rien et avons déjà les produits et les compétences. Reste maintenant la recherche du volume et surtout de parvenir à des intercepteurs moins coûteux, comme le Tamir israélien de l'iron dôme pour protéger des points/zones d'attaques saturantes. Puis finalement trouver la meilleure parade dans le domaine de lutte contre le mini/micro drones. Même si aujourd'hui on aime bien regarder le conflit ukrainien en se mettant dans la situation des ukrainiens, n'oublions pas que nous ne sommes pas les ukrainiens. Dans l'armée française, comme dans beaucoup d'armées occidentales, si la défense anti-aérienne au sol a été négligée, c'est parce qu'on rechercher la supériorité aérienne dans les airs. Un avion de chasse restera toujours notre premier détecteur/intercepteur contre les aéronefs ennemis jusqu'à de longues distances (missile Meteor). Souvenons nous de l'attaque iranienne contre Israël, de nombreux drones et missiles ont été abattus au-dessus de l'Irak, de la Jordanie ou de la Syrie (par l'aviation de plusieurs pays) avant même d'atteindre le sol israélien. On voit parfois en Ukraine des hélicos qui vont abattre à la mitrailleuse des drones Shahed. On aime bien dire que dans des environnements contestés par une défense sol-air, nos avions ne serviront à rien, mais c'est faux. Reprenons le conflit ukrainien en exemple, la Russie a toujours été pris comme le pays qui dispose de la plus grande puissance sol-air au monde, pourtant nous voyons toujours les ukrainiens avec des avions en vol. Alors oui aucune des deux parties ne va s'enfoncer en territoire ennemi, mais les avions servent toujours sur l'arrière et quand on a des munitions qui permettent des frappes à plusieurs dizaines de km, ben vous êtes en capacité de soutenir un front
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
On a vraiment l'impression que l'idée de voir les pays européens se réarmer semble t'agacer. Que tu cherches par tous les moyens par vouloir te rassurer sur le fait que tout cela échouera ou qu'on sera les grands perdants, les couillons qui payeront sans en profiter. On semble lire le discours des anti-européens qui ont comme argument répétitif d'une UE qui "coûte plus qu'elle ne rapporte" car la France contribue plus qu'elle ne reçoit, que pour s'enrichir de plusieurs milliards, faut la quitter. Il faut être un minimum logique et crédible dans l'analyse générale de la situation. Forcément les plus grosses armées européennes auront les plus gros besoins militaires et ce sont également ceux qui ont de l'industrie qui en profiteront. Les 150 milliards qui sont des prêts garanties par l'UE ne sont pas remboursés collectivement sur la même base que la contribution au budget de l'UE. C'est une aide ou il faut qu'au moins 2 pays commandent (des produits européens) sur des secteurs prioritaires qui ont été donnés c'est à dire la défense anti-aérienne, les missiles, les drones et les systèmes anti-drones ou encore les systèmes d’artillerie . On est face à un dispositif qui doit créer de grosses commandes collectives sur quelques segments bien particulier qui va booster les industriels concernés. Dans tous ces domaines, on ne peut pas dire que la France va être perdante, non seulement elle fera sans doute partie de ceux qui vont commander, mais elle fera aussi partie de ceux qui vont bien profiter industriellement de ces commandes. Le contexte actuel passe par la défiance de l'allié américain et sans doute par une remise en question des achats d'armes américaines, on a ici la situation parfaite pour faire décoller notamment le SAMP-T par exemple au détriment du Patriot. On est dans une bonne situation pour booster encore plus le missile Mistral, le Caesar et d'autres choses, ne faisons pas semblant de ne pas le voir, ne tombons pas dans l'idée qu'on fait des chèques en blanc aux pays de l'Est pour qu'ils achètent ensuite aux américains et ailleurs. Un tel programme, 6 mois en arrière aurait pût amener le doute, là on a presque chaque jour une raison de plus de "fuir" ou de se méfier des américains. L'idée de voir des contrats d'armes américaines être annulées commencent par faire son chemin dans l'UE mais aussi dans des pays comme le Canada, le RU, la Suisse etc. Trump n'est pas une bénédiction pour le commerce des armes américaines. Sur le déficit, ce n'est pas parce qu'on va sortir les dépenses militaires du calcul qu'il faut faire comme si la France ne pourra pas "profiter" de cette mesure. De base cette "idée" est déjà française, donc si on a voulu la mettre en place, c'est qu'on a l'idée d'augmenter les dépenses militaires. De fait, on peut avoir un déficit de 5% ou même plus, un pays comme la France obtiendra toujours une certaine complaisance qui peut s'étendre comme actuellement sur des années. Le seul truc à faire, c'est de fixer un objectif de réduction du déficit. Nous avons aujourd'hui une trajectoire budgétaire qui est déjà en cours, l'objectif c'est 3% de déficit en 2029. Donc très clairement, si nous faisons l'effort de porter à 3 ou 3,5% du PIB l'effort de défense, ceci ne sera pas pris en compte comme un déficit supplémentaire qu'on va ajouter à la trajectoire des 3% d'ici 2029. Cela ne veut pas dire que c'est de l'argent magique, qu'il n'y a pas des choix à faire, car ces 650 milliards ce n'est qu'une autorisation de dépassement du déficit (des 3%) accordés aux états membres (qui sont déjà au-dessus de 3% ou qui pourraient l'atteindre en cas de hausse du budget militaire) sur les 4 prochaines années. Cet argent c'est de la dette aux états concernés. En gros on ferme les yeux pendant 4 ans, mais à la 5e année on le prendra en compte dans le déficit. La question est de savoir la base de calcul de tout ça qui aboutit sur 650 milliards, sans doute qu'il s'agit de 1% du PIB par an pour les états concernés (après effort) par un dépassement des 3% de déficit. Donc de fait on a une liberté financière pour s'endetter sans tenir compte du déficit pendant plusieurs années, mais si on souhaite ensuite maintenir l'effort militaire, il faudra d'ici là faire des choix financier. Personne ne limite ou n'impose des choses, si la France se fixe 3% du PIB pour ses armées il faudra effectivement, qu'en plus de sa trajectoire de réduction budgétaire prise pour 2029, trouver encore 1% de point de PIB d'économie ou de recettes supplémentaires d'ici là. Si on se fixe 3,5% ben ce sera 1,5% à trouver. C'est aux états alors de trouver des solutions et de faire les mesures nécessaires, rien de nouveau. On peut miser sur l'épargne des français comme avancé, l'avantage de cette mesure c'est que ce sera transparent sur le marché de la dette, bien qu'il y ait une surcharge (payements des intérêts) qui s'appliquera et que ce sera également en dehors du déficit public. Le pari étant que la réduction du déficit sur un temps long finisse par équilibrer les comptes, ainsi on éviterait de faire des mesures drastiques impopulaires (même si la situation économique du pays l'impose de toute façon). Mais il faut bien comprendre qu'il faut s'enlever l'idée que nous sommes dans l'impossibilité d'augmenter l'effort militaire, on a actuellement sans doute carte blanche pour pousser dès 2026 notre budget à 3% du PIB et si on veut se fixer du 3,5% pour 2030, on peut déjà le faire (car ça permettra de prendre à défaut un autre président qui devra expliquer pourquoi il ne suit pas cette loi de programmation militaire). Oui la dette augmentera, oui il faudra continuer et amplifier la réduction de notre déficit public avec des choix budgétaires. Cela fait des années et des années que je suis sur des sites, des blogs, des forums militaires. Des années que je vois des gens qui se plaignent qu'on ne fasse pas plus pour nos armées. Des années que je vois des gens qui essayent de trouver des économies de bouts de chandelles en prétendants alors abonder le budget de la défense. Entre ceux qui expliquent le nombre de porte-avions qu'on aurait en arrêtant nos "coûteuses opex" et ceux qui voulaient la peau des trop nombreux généraux, du 14 juillet, ceux qui voulaient qu'on arrête d'acheter des choses produites en France trois fois plus coûteuses que chez d'autres, j'ai vu de tout. Il y avait presque une plus grande "passion" à évoquer nos problèmes, les mauvaises situations et perspectives que l'inverse. Depuis plusieurs années nous avons un budget qui prend des milliards par an, mais il y a comme une forme de "refus" de le voir, bien souvent par une simple opposition à Macron. Aujourd'hui on semble évoquer très sérieusement des perspectives budgétaires qui auraient fait passer certains pour des rêveurs il y a 10 ans, mais bizarrement on ne retrouve pas la même passion pour parler en positif pour nos armées, on est noyé au milieu de gens qui veulent que tout cela va mal, qu'on soit incapable de le faire. On cherche les problèmes, des difficultés plutôt que de voir des opportunités. -
Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ?
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Dissuasion nucléaire
Forcément la base de tout sera de définir ou quand et comment l'usage de l'arme nucléaire s'exercera. Il faudra des textes qui serviront à la dissuasion et qui expliqueront par exemple que la violation de l'intégrité territorial d'un pays de l'UE impliquera une réponse collective. Un texte qui gardera le flou sur un parapluie nucléaire pour que celui d'en face ne comprenne pas vraiment à quel moment la réponse nucléaire se fera. Pour nous, il faut diviser notre doctrine militaire en deux. Un volet national et un volet européen. Sur le national, c'est la doctrine actuelle, il n'y a rien à changer. Sur l'européen il faut dissocier l'arme tactique (ASMP-A) et l'arme stratégique (M-51). Le tactique doit servir à défendre les autres pays, le stratégique est un second rideau devant protéger plus particulièrement la France. Les M-51 via nos SNLE, c'est quand même le signe d'un certain apocalypse nucléaire, l'exclure du parapluie nucléaire européen en disant qu'on l'utilisera uniquement lorsque les intérêts vitaux de la nation sont atteints, c'est dire à celui d'en face "si j'utilise un ASMP-A pour défendre tel pays de l'UE, garde toi de frapper la France en retour". On sanctuarise ainsi la France en faisant d'elle le coeur de l'UE qu'il vaut mieux éviter de toucher en cas de confrontation afin d'éviter une escalade nucléaire d'un tout autre niveau. Comment mettre cela en place? Comprenons déjà que la France va garder la main sur tout cela, que mettre à disposition l'ASMP-A ne veut pas dire le donner aux autres et ne plus en avoir pour notre dissuasion nationale. Ce missile a 500km de portée et la France a une alerte permanente et des moyens pour projeter ce qu'il faut le moment venu. Mais pour marquer le sérieux de la chose, en guise de politique de réassurance, je pense qu'il faudra créer plusieurs sites dans différents pays ou seront stockés quelques missiles. Des sites qui restent sous notre surveillance et ou on fera tourner de temps en temps nos avions. Déploiement 1 mois ici puis 1 mois ailleurs ceci de manière aléatoire en temps de paix, en temps de conflit ou de grosses tensions on pourra y maintenir une permanence sur une plus longue durée. Nous sommes en position d'exiger que tout cela soit financé par l'UE ou les pays hôtes, d'exiger un budget exceptionnel pour augmenter la quantité d'ASMP-A ou même du nombre de nos avions, d'exiger même une enveloppe plus large pour la recherche et le développement (nouveaux missiles etc). Comprenons qu'on est en position de force aujourd'hui quand les autres, abandonnés par les USA sont désemparés et totalement prêt à accepter nos propositions. Tout cela se fera dans un contexte plus global de réarmement conventionnel, qui restera toujours la réponse n°1 à une crise. La France est aujourd'hui la seule qui puisse "remplacer" les américains pour la sécurité collective en Europe. Nous n'avons pas l'armée américaine, ni son économie, mais nous avons une dissuasion nucléaire qui permet de mettre à l'abri l'UE le temps qu'on s'adapte collectivement à la nouvelle donne stratégique qui se dessine (renforcement des armées, moindre dépendance aux américains, opposition à la Russie) et qui prendra quelques années. La France au-delà du nucléaire doit parallèlement montrer l'exemple dans l'effort militaire. Je pense que Macron le sait très bien, il faut une forme d'électrochoc qui amènera l'ensemble des pays à suivre la même voie. Je pense que côté français, il y a de fortes chances qu'on finisse par annoncer un objectif de 3% du PIB pour 2030 et qu'au niveau collectif on ait en Europe une enveloppe exceptionnelle très importante pour créer un coup de boost immédiat (qu'il faudra conditionné aux achats d'armes européens), augmentant les productions, accélérant le renouvellement de matériels. Ainsi on pourra au passage amorcer des dons d'équipements qu'on saura remplacé dans 1, 2 ou 3 ans.