Aller au contenu
Fini la pub... bienvenue à la cagnotte ! ×
AIR-DEFENSE.NET

Pol

Members
  • Compteur de contenus

    785
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    11

Tout ce qui a été posté par Pol

  1. Zelenski veut que durant les négociations la pression de Trump soit mise sur la Russie. En se montrant "flexible" aujourd'hui, il se montre volontaire pour la paix. Du côté occidental on pourrait bien signer un tel accord, sauf qu'on oublie une chose essentielle, ce n'est pas nous et l'Ukraine qui allons signer, c'est la Russie et l'Ukraine. Vous pensez sincèrement que la Russie dans les conditions actuelles va signer un accord qui va mettre l'Ukraine sous la coupe de l'Otan juste pour geler un conflit ? Pas d'officialisation des territoires occupés, pas de gains nouveaux, rien. Je vais le redire, mais ces négociations vont se heurter à un mur russe qui ne voudra rien céder et se considérera comme le vainqueur qui impose ses conditions. Pourquoi se sont mis bêtement en tête que Trump, tout ce qu'il fera, ce sera de foutre la pression sur Zelenski pour qu'il accepte les conditions des russes. Mais dans un accord il faut être deux à le signer, Zelenski se montre aujourd'hui disposer à faire des concessions, quelles sont les concessions de Poutine? Les russes sont encore dans l'idée que ces négociations porteront sur l'imposition de ses conditions pour arrêter la guerre. Quand ils comprendront qu'ils sont invités à une table ou on exigera des concessions d'eux, les mettant au même "niveau" que les ukrainiens, on va se montrer très peu coopératif, pour ne pas dire qu'on va entrer dans un chantage et de menaces.
  2. En ce moment on est plutôt sur de l'opportunisme de situation, pas forcément une stratégie de "blocage" de la part des FDS. Le pari de l'armée syrienne en laissant ses positions aux FDS c'est de pousser à une confrontation entre elles et les rebelles, de rejouer comme par le passé sur les conflits entre les différentes forces, ou les radicaux comme Daesh pouvaient parfois "arranger" le régime quand il combattait certains groupes rebelles. Est-ce que cela va marcher? Je pense au contraire que ça risque de précipiter une intervention des turcs autour de Manbij et Tall rif'at. Le premier avait été sanctuarisé par une présence russe le second par une présence américaine, bloquant l'opération turque dans la zone. Aujourd'hui les américains ne sont plus là, les russes sont partis en même temps que l'armée syrienne. On continue sur de l'opportunisme de situation. Dans des moments comme ça, les alliances/accords se font et se défont très rapidement.
  3. Pourquoi donc les turcs devraient retenir un mouvement qui leur est largement favorable? La situation est bien différente d'il y a quelques années ou le camp Assad était largement appuyé par la Russie et d'autres alliés. Aujourd'hui les russes n'ont pas grand chose en Syrie et ne sont pas capables d'amener beaucoup plus pour les raisons qu'on connait. Il y a un énorme vide sur le terrain qui sera exploité au maximum et les russes n'ont pas les forces nécessaires pour amener la dissuasion nécessaire et ne peut tout simplement pas se permettre de se mettre à dos la Turquie. Il y a 5 ans la Russie pouvait peser de tout son poids militaire, on pouvait vraiment craindre une escalade militaire avec elle dans ce conflit, aujourd'hui ce n'est plus le cas. La prise d'Alep conduit actuellement à un gros désordre, une baisse de moral, du doute, de la crainte dans le camp d'Assad mais ça donne également un enthousiasme important pour le camp d'en face. Ces deux éléments combinés peuvent conduire à des prises de risques importantes chez les rebelles et des abandons tout aussi importants dans le camp d'en face conduisant à de grandes avancées. La situation syrienne pour le camp d'Assad pousse à considérer que la zone "chaude", celle du danger et des menaces, c'est justement dans la zone autour d'Alep et d'Idlib. C'est en toute logique dans cette zone que l'effort militaire est en place, c'est ici qu'opérationnellement vous placez vos défenses, vos meilleures forces, pas besoin d'avoir fait de grandes écoles militaires pour le comprendre. Mais c'est justement dans cette zone que ça se casse totalement la gueule. Il n'y a même pas d'unités en réserve qui vont créer des points de défenses dans une ville qui offre des points défensifs nombreux. Il y a 10 ans, on s'entredéchirer pour des morceaux de quartiers d'Alep, bataille emblématique, stratégique, aujourd'hui elle est prise dans son intégralité sans combats. La dynamique est vraiment mauvaise pour le camp d'Assad.
  4. C'est une mission qui est assez liée à nos présences à terre. Bien souvent on en profite pour faire de la logistique, surtout quand il s'agit d'un déploiement de PHA comme en ce moment avec le Dixmude. Cela reste une mission de coopération avec de nombreux pays mais sans troupes françaises dans la région, ça va forcément perdre de sa substance. Plusieurs scénarios peuvent se dessiner, mais je pense que ça finira par une lente évaporation. Je vois une forme de transformation de cette mission permanente en un exercice annuel. Un exercice qu'on pourra se permettre d'annuler au besoin. Maintenant les besoins de la marine sont différents (on ne va pas garder des navires dans les ports et laisser les marins à terre).
  5. L'armée syrienne a toujours été relativement faible, bien souvent au bord de l'effondrement. Quand le Hezbollah et autres ne suffisait plus, il a fallu que la Russie intervienne assez intensivement pour la sauver. Cela fait un petit moment, après l'entrée de la Turquie dans l'affaire, qu'on est arrivé à un gel des positions. Bien entendu l'armée syrienne d'aujourd'hui n'est déjà plus l'armée syrienne d'il y a 4 ans, car elle reste une armée de mobilisés qui a connu une forte démobilisation. Les milices étrangères ont elles aussi largement décrues, la Russie elle aussi a désengagé pas mal. Le camp pro-Assad s'est conforté à l'idée que ça n'évoluera pas. Outre la baisse des effectifs, il y a eût également un étalement des forces dans tout le territoire. En face, les rebelles n'ont pas abandonné l'idée du combat, la Turquie étant très sûrement un soutien important. Ajoutez à cela un Iran qui se fait malmené de sa présence dans la région par Israël, un Hezbollah décapité qui est pris avec Israël et surtout une Russie prise dans sa guerre avec l'Ukraine, ben cette offensive surprise ne peut que bien fonctionner et les possibilités de pousser l'avantage très nombreuses. On est dans une situation ou Alep risque de tomber presque sans gros combats. Une armée syrienne et ses alliés en déroute totale car pas du tout préparée à cela. Si l'armée syrienne n'est pas capable d'amener ce qu'il faut rapidement, l'effet domino peut se faire sur une très grande distance. Comme les problèmes arrivent souvent par paquets, cette offensive rebelles va réveiller du monde. Il y a d'autres groupes rebelles qui vont peut-être également entrer dans la danse, les FDS (kurdes) eux aussi pourraient se réveiller, des oppositions populaires, les turcs qui pourraient agir contre les kurdes. Un redémarrage d'une guerre civile, mais dans un contexte ou c'est bien la Turquie qui est en position de force. Les russes n'ont pas grand chose sur place et ne sont pas en position de faire comme avant la guerre en Ukraine. Que ce soit pour acheminer de l'aide par voie maritime (on ne passe plus le Bosphore!), d'amener un volume d'avions, de balancer des missiles, désolé, même si Damas sera défendue par les russes sur place, ce n'est pas la priorité de Moscou. La Russie est presque isolée en Syrie, ça pourrait devenir un piège. Le Hezbollah ne peut pas se permettre non plus de déserter le front libanais. En face ils l'ont bien compris et exploitent la situation. La Turquie est en position de force dans le contexte actuelle, la Russie ne l'est plus.
  6. Quand Hollande était président, notre projet de présence en Afrique c'était un GTIA à Abidjan et un GTIA à Djibouti, le reste était destiné à être fortement réduit si ce n'est supprimé. L'intervention au Mali a modifié la tendance mais Macron a manifesté dès son premier mandat une volonté de poursuivre le désengagement militaire en Afrique. Il fallait trouver une "sortie" sans qu'il y ait à assumer une responsabilité (détérioration sécuritaire par exemple). Pas facile, pas faute d'avoir essayé d'impliquer les forces africaines ou européennes. On l'oublie un peu, mais avant même qu'il y ait l'épisode des putsch, Barkhane devait fortement se réduire, au Mali par exemple, c'était au mieux un GTIA + un detALAT (avec FS) basé à Gao. Le désengagement était déjà "acté" à Paris, la seule différence c'est qu'il ne devait pas être immédiat et total. Quand il y a eût le coup d'état au Mali, les putschistes accusaient déjà la France de les abandonner et l'excuse pour faire venir Wagner c'était pour compenser notre départ. Mais c'est bien nous qui en raison des tensions diplomatiques et de cette orientation russe nous avons annoncé notre "départ" du Mali (les conditions ne sont plus réunies etc...). Les putschistes nous ont emmerdés dans notre retrait, cherchant à entraver les convois, le liaisons aériennes et ont tournés cela comme étant une "victoire" face à la France. Au Burkina et au Niger on a surfé sur la vague idéologique anti-française d'une idéologie que je ne vais plus répéter. Au Niger on était à deux doigts d'intervenir pour renverser les putschistes, l'ordre préparatoire avait été donné et c'est à l'Elysée qu'on a préféré choisir l'option désengagement total. Là aussi le projet pour le Niger c'était de se donner du temps pour désengager les moyens de Barkhane, puis de réduire la présence sur place, puis garder sans doute un PC, un GTIA, un detALAT, un detFS et un module de l'armée de l'air. Déjà avec cette option ou le Niger devait être la base principale, on savait que Ndjamena sera sacrifié en grosse partie. Mais c'est l'option du désengagement qui a été choisi par le politique et on l'a poussé à l'ensemble du continent. Nous sommes depuis un petit moment dans un désengagement du Tchad, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Gabon. Le plan était de tomber à 300 hommes pour le premier et 100 sur les 3 autres. Comprenons bien que cette présence à minima résulte de notre choix, que l'objectif du désengagement a été ramené à un minimum de forces car nous y sommes "contraints" par nos accords de défense avec ces pays. L'idée est d'amener nos forces à un minimum (bon pour garder les installations) en allant voir les pays concernés pour leur demander s'ils veulent qu'on reste ou qu'on parte. Les forces qu'on propose sont tellement insignifiantes qu'elles deviennent plus qu'un symbole, dans un contexte ou l'idéologie anti-française permet encore de gagner des points auprès d'un certain public, il n'y a guère de doutes sur le choix que feront ces pays. Bien entendu qu'entre des français qui au fond ne servent à rien et n'apportent rien (c'est notre choix), ils vont préférer jouer aux dirigeants "décolonialistes" qui amènent plus d'indépendance à leurs pays. C'est ce discours qui est déjà récité. En vérité ce qui se passe, c'est qu'à Paris nous voulons et nous espérons ces choix. Les forces réduites au minimum, on vient aujourd'hui chez eux leur demander s'ils veulent ou non continuer nos accords de défense. Nous n'agissons pas pour rester et faire perdurer nos présences, nous agissons pour pousser ces pays à rompre ces accords pour qu'ensuite nous ne soyons pas responsable encore une fois de ce qui se passera dans ces pays. On ne veut pas que dans 2 ans, si des rebelles débarquent à Ndjamena on vienne accuser la France d'avoir laissé un vide, on sera là à dire "ça a été leur choix". Idem pour le Mali et d'autres. Au Gabon et en Côte d'Ivoire on a posé le même dilemme aux gouvernements et on espère la même réponse (qui ne tardera pas). Il ne faut pas se leurrer, dans le contexte actuel, vouloir accepter une présence de 100 soldats français a plus de désavantages politiques que d'avantages. En prenant du recul, on peut dire cela, mais en y regardant de plus près, cette position "centrale" est plus un problème (logistique) qu'autre chose. Quand tout l'environnement (pays voisins) est sympa pour nous laisser passer, ça va. Quand on a un gros dispositif militaire (prépositionnement) déjà sur place, là aussi ça va. La meilleure installation à préserver actuellement est sans doute celle d'Abidjan, accès maritime, accès aérien, pas de dépendances vis à vis d'autres pays, mais encore faut-il avoir une ambition autre que juste d'être présent. Notre ambition actuelle c'est de ne plus intervenir en Afrique, donc factuellement même la base d'Abidjan est sans intérêt. Ah non, c'est bien là toute la différence par rapport à avant. Comprenons que dans très peu de temps il n'y aura sans doute plus aucunes forces françaises dans la zone et que les accords de défense ne seront plus là. C'est pourtant bien ces accords, nos forces prépositionnées avec toutes les facilités (infrastructures etc..) qui facilitaient nos interventions. Demain il n'y aura pas plus de logique ou de légitimité à appeler la France à l'aide qu'à appeler l'Italie. Nous on va entrer dans un scénario ou en cas de crise on va se contenter d'envoyer des avions pour évacuer nos ressortissants et demander une réponse internationale (par l'ONU) dans laquelle on pourrait potentiellement prendre une participation. Mais les interventions purement française, c'est à oublier (sauf à voir un changement politique chez nous qui aura d'autres ambitions).
  7. Les paramètres à prendre en compte sont très nombreux. Il faut savoir qui attaque et qui défend puis connaitre la zone d'action. Car la Russie en dehors de son environnement proche n'a pas les capacités à s'opposer à l'Otan à des milliers de km de chez elle, ses capacités maritimes pourraient faire quelques coups symboliques mais finiraient assez rapidement par être mise hors jeux. Son aviation n'irait pas non plus bien loin, bien longtemps, en temps de paix ils peuvent se permettre de faire voler des bombardiers dans la Manche, en temps de guerre ce sera bien différent. C'est pour cela que très généralement on va analyser une capacité de déploiement de l'Otan avec le potentiel russe pris dans son intégralité sur un scénario type "invasion des pays Baltes". Déjà en agissant ainsi, on cherche à avantager la Russie mais on oublie surtout que c'est en raison des limites capacitaires de cette dernière à détenir une capacité de déploiement analogue à l'Otan. On ne le répètera jamais assez, mais projeter une force au delà de ses frontières (je ne parle pas de traverser la frontière), c'est une capacité bien à part qui détermine déjà un rapport de force. Concrètement la France peut dans le scénario évoqué affronter la Russie dans les Pays Baltes mais ce n'est pas la Russie qui va faire débarquer 100 000 hommes chez nous ou aux USA. On a une barrière géographique réelle qui limitera très largement les russes dans leurs possibilités à toucher l'Otan. Le conflit en Ukraine illustre bien la difficulté d'une aventure militaire qui, même sur le papier, semble vous donner l'avantage. Nous aidons l'Ukraine sans que nous soyons directement engagé, Moscou peut déclarer être en confrontation avec l'Otan, dans les faits on en est encore très loin. L'idée qu'ils seraient dans une guerre ouverte avec l'occident permet de relativiser leurs pertes et leurs difficultés contre un pays de "seconde zone" et qui ne fait que recevoir une aide occidentale que tout le monde s'accorde à juger comme "faible" collectivement. Pourtant constatons la réalité, aujourd'hui la Russie est dans un bourbier et les forces en présence se valent. La Russie avant guerre pouvait jouir d'une armée qui théoriquement avait en réserve un héritage soviétique très important sur lequel beaucoup ont fantasmé. Aujourd'hui la Russie a bouffé une très grande partie de ses matériels en service les plus modernes , elle a largement vidé les stocks "utilisables" qu'elle détenait et elle n'a pas une industrie capable de remplacer ce qui a été perdu, de remplacer ce qui se perd encore et encore moins d'équiper une masse humaine plus importante. Car c'est bien beau d'annoncer une augmentation de la masse humaine, mais derrière il n'y a pas plus de blindés, d'artillerie, d'avions, de navires. De plus en plus sur le terrain on voit une armée russe qui va au front dans des véhicules civils, des buggys, des motos et bien souvent juste à pieds. Les blindés qu'on voit sont rarement des véhicules qui sentent le neuf et ils sont bricolés sur le tas, on se croirait dans Mad max. Ils ont une dépendance de plus en plus grande et non assumé envers la Corée du Nord. Dans la situation actuelle de l'armée russe, on semble marcher sur un fil et l'agitation permanente du nucléaire en est une preuve. Pourquoi du côté de l'Otan on ne "joue" pas sur le même refrain? Car contrairement à la Russie, l'Otan a encore un très large panel d'options pour pouvoir faire plus. Les pays de l'Otan que Moscou présente comme étant en guerre contre elle se fixent énormément de lignes rouges à eux mêmes (moins à la Russie...). On est encore (cette affaire des missiles en est l'exemple parfait) à se demander s'il faut ou non en donner, combien on va estimer pouvoir en donner sans que cela n'affecte nos capacités, s'il faut limiter l'usage, s'il faut faire des commandes nouvelles. La Russie est à fond dans cette guerre, ne se prive de rien, ne se fixe pas de limites, mais la Russie est dans ses limites. L'Otan peut augmenter son aide à l'Ukraine, augmenter les sanctions, elle peut lui fournir des armes/munitions plus évoluées, elle peut renforcer des présences militaires, elle peut déployer des systèmes sol-air dans les pays limitrophes pour défendre le ciel ukrainien sur une certaine profondeur et peut faire d'autres choses, tout cela en restant toujours en dehors de l'implication directe. Alors que penser d'une intervention directe conventionnelle des moyens de l'Otan qui viendrait épauler les ukrainiens? Désolé mais la Russie sait très bien qu'elle ne tiendrait pas, ça ne veut pas dire que l'on verrait l'Otan défiler à Moscou dans 6 mois, mais sa capacité à tenir le terrain en Ukraine ne sera pas possible, les frappes en profondeur serait d'un tout autre ordre. La Russie pourrait également être mise sous tension dans des régions comme Kaliningrad, la Transnistrie, en Syrie ou ailleurs. Heureusement que le nucléaire est là car je pense que l'Otan se serait déjà engagé directement dans ce conflit, ne serait-ce qu'avec son aviation. Conventionnellement parlant la Russie actuelle ne peut pas et ne va pas chercher à se mesurer à l'Otan. Poutine n'a plus de cartes dans sa main, dépendant de la menace nucléaire pour obtenir l'abandon de l'Ukraine de la part des occidentaux. Une propagande (et ses relais) qui cherche activement à graver dans nos têtes que soutenir à l'Ukraine appauvrit notre pays, ses habitants, affaiblit nos armées et détruit notre économie. Bon sang quand allons nous comprendre tout l'intérêt à laisser la Russie gagner cette guerre? Quand comprendrons nous que l'intérêt de Poutine est également de notre intérêt? ...
  8. C'est Poutine qui l'a dit ! Dans les faits, que ce soit un missile, une roquette ou une bombe, la programmation d'une munition à guidage GPS c'est comme transférer les données d'une clé USB à un ordi, rien de compliqué. Les ukrainiens sont autonomes pour transférer des données à une munition, croire que ce sont des américains qui le font ou qu'à chaque cible les ukrainiens doivent demander l'autorisation c'est n'importe quoi. Que les ukrainiens reçoivent du renseignement des occidentaux, c'est évident, mais l'immense majorité du renseignement pour les frappes en profondeur, que ce soit du côté de l'Ukraine ou de la Russie est en réalité glanée via google map. Les sites énergétiques et autres, vous trouvez tout cela sans problèmes et c'est cela qui va permettre de programmer un grand nombre de drones/missiles. Quand on connait la boucle qu'il y a par exemple entre une prise de vue par satellite et son traitement final, vous comprenez que c'est tout simplement impossible d'obtenir tous les jours des dizaines de cibles sur des zones ou vous avez peu d'informations. Sur la ligne de front vous pouvez compter les cibles par centaines, mais dans la profondeur on entre dans un autre niveau de renseignements. Ce n'est pas pour rien que les russes se concentrent sur l'énergie, car ils ont un renseignement accessible à n'importe qui. Les russes ont bien du mal à trouver les sites militaires (en dehors de ce qui était déjà connu avant guerre), de cibler les livraisons d'armes occidentales (convois, stocks etc). Côté ukrainien le renseignement c'est pareil, quand ils vont programmer un drone pour frapper en profondeur, c'est généralement via google map. Ils vont trouver un site énergétique, vont prendre un point et voilà, ils ont les coordonnées. Les images peuvent avoir 2 ou 5 ans, pas grave, on reste sur des installations "fixes". Mais sur ces images, bien que vous pouvez dénicher des installations militaires, vous ne voyez pas les mouvements qui sont faits, vous ne voyez pas à l'instant T par exemple ou se trouve des aéronefs sur une base aérienne, ou se trouve un navire à quai, vous ne voyez pas non plus des installations nouvelles ou les dissimulations qu'on a en temps de guerre. Pour obtenir ce renseignement, à défaut d'avoir des gens infiltrés capables de communiquer sans se faire prendre, vous devez utiliser des moyens (avions, satellites, drones etc...). Quand l'Ukraine va frapper un navire à quai à Sebastopol ou encore le bunker sous-terrain d'il y a quelques jours, c'est certainement un renseignement qui leur a été fournis. La boucle de temps de ce renseignement est long, il y a plusieurs corroborations de divers prises de vues, d'activités de communications etc. Puis quand on a confirmé un truc, avant de frapper on reconfirme que tout soit encore bien présent. Ce n'est pas une action qui se fait en 20 minutes. Les ukrainiens reçoivent des occidentaux ce genre de renseignements qui fait que leurs frappes permettent de frapper subitement des choses intéressantes et impactantes. Vous voyez aussi très vite qu'on a presque le jour d'après, des images satellites de ce qui a été visé. La Russie est face à ses propres contradictions de puissances et de grandeurs. Poutine est frustré d'une situation qu'il ne contrôle pas, frustré de ne pas obtenir ce qu'il voudrait, frustré de ne pas être craint, frustré de sa perte d'influence. Mais il n'y a rien de nouveau, en vérité c'est cette même frustration qui a conduit à la guerre en Ukraine. Le fait de brandir la menace nucléaire n'est pas un aveu de puissance mais de faiblesse. Si la guerre en Ukraine se passerait bien, que la perspective sur la durée serait bonne, le Kremlin n'aurait pas ce comportement car il serait confiant de sa victoire. Pourtant c'est marrant, cela fait 3 ans que la propagande russe répète que nos livraisons d'armes ne changent rien, qu'elles se feront détruire histoire de se rassurer, mais voilà que subitement on est prêt à l'apocalypse nucléaire pour quelques missiles? Le problème de Poutine, c'est qu'il n'a plus rien d'autre pour escalader. La menace fait partie de la politique de Poutine. La Russie n'est pas en position d'entrer conventionnellement en guerre contre l'Otan, elle n'est pas en mesure de faire plus qu'elle ne fait en Ukraine, tout l'espoir russe pour sortir de ce conflit réside dans l'espoir que les occidentaux cessent leur soutien à l'Ukraine. La peur de la guerre nucléaire doit alimenter chez nous une opposition devant conduire à l'abandon de l'Ukraine. On doit arrêter de croire que la Russie joue sa survie, il n'y a que la propagande russe qui joue sur ce tableau afin de corrompre les esprits (surtout ceux des russes).
  9. Sauf que dans 3 mois il ne sera plus chancelier. Ses positions ne valent plus grand chose, ça lui permet juste de garder une cohérence sur la durée auprès de son parti. Analysons plutôt sa succession et le discours de ses opposants sur cette question. Dans 3 mois également, quand tout le monde aura vu qu'en frappant la Russie avec les SCLAP/ATACMS, ben qu'il ne se passe rien, qu'il n'y a pas une guerre entre elle et l'Otan, ou seront les barrières à une telle livraison? Faut pas se leurrer, sauf un hypothétique (peu probable selon moi) accord dans des négociations, les allemands finiront par livrer leurs missiles, que ce soit dans une continuité d'un effort ou dans le cadre d'une intensification du soutien à Kiev (au lendemain d'une négociation infructueuse par exemple).
  10. Le tir du missile balistique russe démontre encore une fois qu'ils sont à la limite de leur potentiel militaire pour pouvoir escalader. Ils n'ont que la guerre nucléaire à agiter pour faire peur et faire plier les pays qui soutiennent l'Ukraine. Moscou n'a plus de moyens conventionnels pour faire peur ou pour se faire respecter. Ils n'ont pas les moyens de faire plus qu'ils ne font en Ukraine et on est même arrivé à une situation ou c'est la Corée du Nord qui vient combler des trous. Cette guerre est loin d'être "maitrisée" par la Russie, ça lui échappe peu importe le faux semblant des "avancées" symboliques ici ou là. Je le répète depuis un moment, le temps qui passe n'est pas profitable à la Russie. Le potentiel militaire russe n'est pas en capacité de défaire une armée ukrainienne soutenue par l'occident, aujourd'hui et depuis un moment, le Kremlin voit sa victoire uniquement sur un abandon de l'Ukraine par l'occident. Sur le terrain c'est encore et toujours la même galère, un bourbier dont on se demande bien comment la Russie pourrait en sortir une victoire militaire par ses propres moyens. Dire cela ne veut pas dire que l'Ukraine se porte bien et qu'elle est à l'aise pour vaincre l'armée russe, c'est pour elle aussi un bourbier. Mais ce qu'on doit rappeler, c'est que l'Ukraine ce n'est qu'un "petit" pays par rapport à la Russie, que très peu de monde aurait misé sur une guerre ou on arrive à un équilibre des forces comme aujourd'hui. Car enlevons à la Russie ses missiles/drones de longue portée qui depuis le début lui donne un avantage sur les frappes en profondeur, enlevons lui ses bombes planantes, le reste de ses moyens ne lui permettent pas de prendre sérieusement le dessus sur les forces ukrainiennes. On mise sur des victoires à la Pyrrhus, mais des victoires localisées et qui n'amènent rien derrière. En gros une victoire à la Pyrrhus sur un point du front ne fait qu'ouvrir un nouveau point ou il faudra faire le même effort. Ce ne sont pas des batailles décisives qui anéantissent l'armée en face, qui va la faire capituler, c'est un bourbier qui se traine sur des mois et des mois (on en est ou de l'avancée rapide qui allait faire tomber Pokrovsk? On en est ou de la reprise de la région de Koursk ou il faut des coréens en renfort?) Il y a 2 ans, la Russie se sentait en "sécurité" chez elle et pensait pouvoir mener tranquillement la guerre chez son voisin comme si son territoire serait inviolable. L'idée même de voir les ukrainiens poser un pied en Ukraine était inconcevable. Plus le temps passe et plus le territoire russe est pris pour cible, plus l'avantage que possédait la Russie avec ses missiles et ses drones pour frapper en profondeur s'efface. Cela ne veut pas dire qu'elle n'a plus rien à envoyer, cela veut dire que côté ukrainien on joue au même "jeu" et que la Russie subit ce qu'elle fait subir (mais elle trouvera cela "anormale"). Comme c'était prévisible, les occidentaux ont finis par donner le feu vert à l'Ukraine pour frapper la Russie en profondeur. Il y a 1 an je crois, je disais des drones ukrainiens qui s'aventuraient très occasionnellement à plusieurs centaines de km que ce n'était qu'un début et que ça deviendrait un quotidien, que l'Ukraine et l'occident ont investis le domaine (frappe dans la profondeur) pour faire perdre cet avantage à la Russie. Ne regardons pas juste le nombre de Scalp ou d'ATACMS disponibles ou des capacités de production sur lesquels certains vont se rassurer (comme toujours) sur le fait que les ukrainiens n'auront pas grand chose à tirer, car l'effort principal est en réalité fait sur la production ukrainienne. Que ce soit des drones ou des missiles, les occidentaux assistent (dans l'ombre) les ukrainiens, pas pour rien non plus qu'il y a quelques jours Zelensky annonçait une production (en 2025) de 30 000 drones à longue portée ainsi que 3000 missiles. Alors même si on peut prendre ces chiffres avec du recul, la réalité reste que le développement/test de tout cela arrive à son terme et qu'on entre dans une phase de production. Deuxième avantage que j'évoquais de la Russie, les bombes planantes. Aujourd'hui les russes ont cet avantage car ils font face à un pays qui n'a pas ou très peu d'aviation. Nous savons que les ukrainiens sont en ce moment dans une remontée de leur potentiel aérien, principalement autour du F-16. Dans un an l'Ukraine devrait mettre en oeuvre 60-70 avions "nouveaux" (F-16 / Mirage 2000) à côté des anciens qu'elle utilise encore (les belges fourniront leurs 30 F-16 jusqu'en 2028). D'autres livraisons sont sur la table, bref même si certains sont adeptes du "trop tard", l'aviation ukrainienne gagne en volume et en potentiel. Car derrière ces appareils, c'est aussi celui des diverses munitions qui est à regarder, ils ne vont pas utiliser des F-16 pour tirer des roquettes non guidées, l'Ukraine va elle aussi avoir ce qu'il faut pour augmenter l'usage de bombes guidées, pour élargir le panel de missiles longue portée (JASSM etc...). C'est aussi une capacité anti-aérienne qui pourrait s'avérer utile en anti-aérien, de quoi rendre plus compliqué un vol en haute altitude d'un Su-34 s'il veut optimiser l'allonge d'une bombe guidée. Donc on constate que dans les temps à venir, la Russie va voir que l'Ukraine la rejoindre sur ses 2 principaux avantages. Alors oui, les ukrainiens auront sans doute moins à balancer que les russes, mais ce n'est pas cela le plus important, tout comme ce n'est pas celui qui va tirer le plus d'obus d'artillerie qui s'assure la victoire. Je l'ai déjà précisé, mais l'Ukraine a bien plus de choses intéressantes et impactantes à frapper en Russie que l'inverse. Les occidentaux ne veulent pas que leurs missiles frappent des cibles civiles, mais les ukrainiens n'hésiteront pas à augmenter leurs frappes avec leurs drones et leurs missiles sur l'infrastructure énergétique des russes. Les russes commencent par comprendre et voir une situation qui sur le terrain s'embourbe et ou la suite de la guerre tend vers une augmentation des frappes sur la Russie, ce qui va impacter toutes les opérations, qui va impacter l'opinion publique, qui va impacter l'économie. Pour un pays qui se sait confiant dans sa victoire (sur le terrain), cela ne devrait pas être un problème, ce serait une conséquence assumée d'une guerre qu'il a lancé. La menace nucléaire est un aveu, un aveu de faiblesse, un aveu d'impuissance, un aveu d'une situation qui n'est pas maitrisée et dont on ne sait pas comment sortir tant l'ambition initiale est loin d'être atteinte. On est donc face à un Poutine dont la victoire aujourd'hui dépend de l'abandon de l'Ukraine par l'occident, on rêve et on veut croire que Trump va faire capituler Kiev et offrir à la Russie ce qu'elle demande. Croire que le Kremlin va faire la guerre à l'occident ou atomiser la planète ou même l'Ukraine est idiot. Tout ceci n'a qu'un seul objectif, faire peur en occident pour créer/alimenter une influence hostile au soutien à l'Ukraine, il faut créer l'idée chez nous que ça y est, faut tout arrêter sinon ce sera le suicide collectif, donnons à la Russie ce qu'elle veut plutôt que subir une guerre nucléaire. Toute la propagande pro-russe tourne autour de cela après avoir tourné autour de l'argent gaspillé pour les ukrainiens ou le soutien qui appauvrit nos pays. Les russes jouent et vont jouer cette carte dans les négociations, c'est pour eux non pas une ligne rouge, c'est leur moyen de pression. L'extrême de cette pression est sans doute à l'image de la position de la Russie dans ce conflit, celle d'un pays qui est sans doute plus en difficulté qu'il ne veut le laisser paraitre et qui doute fortement sur la poursuite du conflit dans les conditions actuelles ou un éventuel accroissement de l'aide/implication occidentale La Russie ne va pas employer une arme nucléaire dans un conflit ou elle est celle qui agresse son voisin. Elle ne va pas se suicider en attaquant l'Otan, elle ne va pas non plus vouloir envoyer une bombe en Ukraine. La Russie n'a pas envie de perdre sa guerre, mais elle n'a pas envie de tout perdre non plus. Tout le monde doit comprendre chez nous comme en Russie qu'aujourd'hui l'enjeu de la guerre, c'est l'honneur et le pouvoir de Poutine. Ce dernier est loin d'être un fou sans tête, il préférera mener une guerre sans fin que d'amener le monde à sa fin pour son propre honneur. Je pense même que s'il devrait devenir demain fou, qu'il demanderait une frappe nucléaire en Ukraine, on aurait du monde dans son entourage pour le retenir ou pour le remplacer. En tout cas cette guerre n'est aucunement subite par la Russie, ils peuvent demain l'arrêter de la même manière qu'ils l'ont débuté, par un mouvement de troupes en sens inverse.. Qu'on cesse de croire que la Russie est face à un mur ou qu'elle joue sa survie avec le nucléaire en dernier recours. Mais les pro-russes vont vous répéter pendant les mois à venir que le seul moyen d'éviter la 3e guerre mondiale ou la guerre nucléaire, c'est de donner à la Russie sa victoire, c'est d'abandonner le soutien à Kiev. Le même comportement se verra aux négociations et amènera très certainement les russes à obtenir l'exact opposé de ce qu'ils imaginaient de Trump.
  11. Ajoutons à cela une autre réalité qui s'imposera assez rapidement, celle ou du côté des américains (Trump...) on va chercher à augmenter ENCORE massivement l'extraction de pétrole et de gaz en s'en foutant totalement de l'environnement. Les USA sont le premier producteur au monde et ils vont chercher à exporter au maximum. Ce n'est pas tout nouveau, cet effort dans la production a déjà eût son impact sur le marché mondial, forçant les pays "exportateurs" de l'OPEP à limiter/réduire leurs productions. On va tôt ou tard assister à une guerre des prix pour gagner ou même garder des parts de marché et ce sera forcément une guerre ou tous les pays exportateurs/producteurs en sentiront les effets. L'objectif c'est de "tuer" la concurrence, ce sera aux plus résilients à ceux qui auront également la meilleure situation géopolitique, géostratégique et le plus grande diversité économique. Pour un pays qui dépend presque uniquement du pétrole ou du gaz, un prix bas va le foutre dans la merde, mais un pays comme les USA, vous avez une diversité économique qui fera que ce ne sera que le secteur concerné qui sera impacté et qu'en parallèle un prix bas boostera tout le reste, de la consommation des ménages à la production. Le problème américain pour les pays qui dépendent de leurs exportations de pétrole/gaz c'est bien cette diversité économique qui fait qu'on ne peut pas avoir le même impact sur ce pays dans une guerre des prix, qu'ils ne vont l'avoir entre eux (OPEP+...). C'est pour ces raisons que la production américaine monte sans s'arrêter, qu'il y ait peu de bénéfices ne sera qu'un "problème" pour les groupes du secteur. Washington cherche une indépendance énergétique et des prix bas pour toute faire tourner toute son économie quand des pays comme l'Arabie Saoudite ou la Russie cherchent des prix élevés pour développer leur pays et pour bien souvent tenir leur niveau de dépenses actuelles qui sont fortement liées aux revenus de ces exportations. Les américains s'en foutent si demain le pétrole se trouve à 50$ et que les entreprises du secteur ne tirent pas de profits car derrière ce prix "bas" soutiendra tout le reste de l'économie. Ils iront même subventionner le secteur si nécessaire en cas de déficits. Dans des pays comme ceux du Golfe ou de la Russie, il n'y a pas grand chose "à côté" qui va tirer profit d'un baril à 50$, c'est au contraire toute l'économie, à commencer par celui de l'état qui devra se serrer la ceinture. Pour les USA, le pétrole peut s'extraire à prix coutant voir même à perte, par contre pour ceux chez qui c'est de "l'or noir", le bénéfice est presque vital.
  12. C'est tout le problème auquel on sera confronté dans les négociations à venir. Poutine se considère en position de force et considère ces négociations comme l'espoir que les occidentaux "forcent" l'Ukraine à satisfaire ses volontés. Beaucoup pensent ainsi, convaincus que ce sont des négociations ou Poutine va dire ce qu'il veut pour qu'il arrêt et ou Trump forcera Zelenski à les accepter. Mais ça ne se passera pas ainsi et c'est bien cela qui va agacer Poutine. On demandera aux russes des concessions, on offrira à l'Ukraine certaines garanties de sécurité, du soutien, on cherchera en plus à satisfaire les européens et les ukrainiens sur divers points. Les russes vont agit comme Kiev le répète (ce qui lui donnera raison) comme ceux qui ne veulent pas négocier, ceux qui ne cherchent pas la paix, une paix "juste". Pour moi c'est presque déjà écrit, oui je pense que du côté de Kiev et des occidentaux on est prêt à offrir des choses aux russes pour en finir, mais en face on peut bien se demander ce qu'ils peuvent donner en retour. Moscou veut le beurre et l'argent du beurre pour arrêter la guerre car Moscou veut se voir et veut sortir victorieux de cette guerre. Poutine ne peut pas accepter une négociation ou la Russie n'obtiendrait pas une victoire nette sur l'Ukraine, il lui faut une forme de "capitulation" du camp d'en face pour justifier les causes et les ambitions initiales de cette opération militaire spéciale qui était bien loin d'une volonté de prendre les territoires sur lesquels on fixe aujourd'hui notre attention et qui étaient déjà pour moitié dans ses mains (Crimée/Donbass). Oui Poutine n'est pas contre ce genre de négociations ou il en sortirait comme le grand gagnant, sauf que c'est très improbable. Kiev aura son mot à dire et ce mot là sera défendu par les européens qui ont eux aussi des cartes à jouer. Quand on verra que côté ukrainien on est prêt à faire des concessions et que côté russe on est en mode "on veut mais on ne donne rien", c'est tout naturellement qu'on va devoir entrer dans un autre jeu. Car quand on y sera, cela voudra dire que les négociations risquent de se terminer sur rien. Ce sera donc le jeu des menaces. Côté occidental faut s'attendre à une augmentation des sanctions, augmentation du soutien à l'Ukraine. Trump jouera la crédibilité de son MAGA, de ses négociations qui devaient amener la paix mais que Poutine ne veut pas accepter. Trump (comme d'autres dans le parti républicain) est contre l'aide à l'Ukraine, essentiellement pour des raisons d'opposition à la politique de Biden. On accuse l'administration actuelle d'aider l'Ukraine sans que cela amène à un résultat. Trump déclarant qu'avec lui la guerre n'aurait jamais eût lieu et qu'avec lui elle s'arrêtera. Si le plan de Trump et de son équipe serait juste d'arrêter d'apporter une aide à l'Ukraine, on ne miserait pas sur une négociation qui permettrait justement d'arrêter cette guerre sans que cela amène une responsabilité politique liée à cet arrêt (du type "victoire russe"). Trump n'avait déjà pas la volonté d'accepter les conséquences du retrait d'Afghanistan (ne se priva pas de conspuer Biden pour autant), il ne va pas non plus vouloir assumer qu'après tout ce que les américains ont donnés, la Russie finisse par obtenir ce qu'elle veut. La Russie n'est pas en odeur de sainteté dans la classe politique américaine, ni chez les démocrates, ni chez les républicains. Si son seul intérêt serait que les américains arrêtent de fournir une aide à l'Ukraine, il ne chercherait pas la négociation comme solution, il pourrait unilatéralement s'en foutre. Mais Trump ne va pas arrêter l'aide à l'Ukraine s'il ne concrétise pas une négociation. Il a déjà été dit que l'aide américaine va servir de pression (suppression) sur l'Ukraine comme sur la Russie (augmentation). Je vois encore presque partout qu'on ne fait que de débattre de l'arrêt des aides à l'Ukraine, qu'on le considère déjà comme acté, mais que jamais on considère la seconde option. Oui il est fortement possible que si la Russie ne satisfait pas le plan de Trump car se considérant en situation de force, les américains accompagnés par les européens décident d'un accord commun (dans lequel les européens pourraient devoir faire un effort significatif sous pression de Trump) pour augmenter l'aide à l'Ukraine afin d'amener la Russie dans une position défavorable. Un effort qui fixerait (pas publiquement) une échéance (1 an par exemple) pour obtenir des résultats. Côté ukrainien on demanderait de mobiliser massivement dès 18 ans par exemple. Faut arrêter de penser que nous sommes au maximum de ce qu'on peut faire, c'est faux, on le sait pourtant très bien. Là encore c'est une vision de l'esprit. Nous voyons bien que nous sommes encore très loin d'une production qui décide de la limite de nos aides. L'Ukraine reçoit très peu de choses qui sortent de nos usines, elle continue de recevoir de vieux matériels et c'est politiquement qu'il y a les principaux blocages. La production neuve vient généralement satisfaire notre propre renouvellement, nos propres accélérations de programmes ou hausses capacitaires. De plus il ne faut pas simplement regarder l'Europe sous le prisme de sa propre production. Nous pouvons acheter des armes ailleurs, y compris aux américains. Qu'est-ce qui empêcherait l'Europe d'acheter des armes ou des munitions ailleurs pour les donner à l'Ukraine? Tout ne dépend pas de la production européenne, on a bien vu l'initiative tchèque pour acheter 1 million d'obus sur le marché extérieur. Il faut relativiser cette idée d'incapacité à aider les ukrainiens sans l'aide américaine, car derrière ce qu'on a et ce qu'on produit, il y a ce qu'on peut acheter. Si demain on décide d'acheter 500 vieux chars Abrams aux américains pour les donner à l'Ukraine, Trump va dire "non" ? Les russes achètent bien aux iraniens et aux coréens. Derrière cela on peut également augmenter les efforts au niveau national. Quand on voit que les allemands veulent voter au parlement (pour passer outre l'opposition du chancelier) la livraison du missile Taurus, on comprend bien que le politique est important. Les polonais il y a peu disaient qu'ils ne donneront pas les Mig-29 qu'ils ont encore en service, depuis ils font comprendre que si nous allons chez eux pour faire la police du ciel, ça devient possible. La Roumanie qui a cédé un système Patriot en échange de l'installation d'un système SAMP/T par la France, là aussi on a un exemple ou on soutient par nos moyens, des pertes capacitaires (temporaires) d'autres pays. Cela fait 2 ans qu'on dit qu'on est à sec et qu'on ne peut plus rien donner, plus rien faire, mais pourtant ça continue et il y a sans arrêt des choses nouvelles qu'on va trouver.
  13. Je pense qu'il faut être très prudent pour conclure aujourd'hui une fin du conflit par des négociations juste parce que Trump va être président. Les russes font un effort aujourd'hui, non pas pour avoir des trucs à négocier ou à échanger. Le pensée russe reste qu'elle veut "imposer" ses conditions à l'Ukraine sans rien céder de son côté. Donc on va chercher à prendre le plus possible car pour la Russie le pire qui soit acceptable serait de figer la situation sur les lignes actuelles. Là on ne parle que d'un gel des combats, on ne discute même pas de la légitimité de la souveraineté russe sur eux, ni de l'architecture stratégique et sécuritaire de l'Ukraine, ni des revendications politiques, ni d'une zone démilitarisée, ni de l'Otan, ni de la puissance militaire de l'armée ukrainienne qui pourrait continuer à s'équiper, ni d'une force tierce assurant la surveillance de la zone démilitarisée etc... Le gros problème de la Russie c'est de voir et d'anticiper une négociation qui signerait la capitulation de l'Ukraine et l'obtention de tout ce qu'elle souhaite. Il suffit de lire certains commentaires ici pour constater que cette idée est partagée, car cela fait 2 ans que certains se sont mis en tête que le camp de Trump est pro-russe, qu'il est contre l'Ukraine et que s'il a déclaré vouloir arrêter l'aide à l'Ukraine, c'est qu'il est prêt à imposer à Kiev l'ensemble de ce que veut Moscou. Certains pensent vraiment que ce sera ainsi, mais ils vont vite comprendre que ces négociations ce sera des concessions importantes des deux côtés, pas que pour l'Ukraine. Donc aujourd'hui posons nous la question de savoir ce que la Russie et Poutine est prêt à accepter et à donner pour que l'Ukraine accepte de signer la paix. Si on demande à Kiev de reconnaitre la Crimée et le Donbass d'avant 2022 comme des territoires russes, la Russie acceptera t-elle de se retirer des régions de Kherson ou de Zaporizha? Si nous acceptons de ne pas intégrer l'Ukraine dans l'Otan, que donnera Poutine en échange? Voilà les raisonnements qu'on doit se faire sur les négociations à venir.
  14. Là-bas l'idéologie a pris le dessus de la raison. On a des pouvoirs qui se reposent sur une base populaire (et virtuelle) qui est "prise" par une idéologie qui veut faire croire qu'il faut se débarrasser des occidentaux (français en tête) pour permettre un meilleur développement. Ils pensent réellement que la richesse de la France est le fruit du vol des richesses de l'Afrique, donc s'ils dégagent le voleur, ils vont récupérer un paquet de pognons et ils vont faire s'écrouler la France. Comprenons que ces pays sont très pauvres et qu'ils ont été longuement aidés financièrement par les pays qu'ils rejettent aujourd'hui. Le Niger, il avait 1/4 de ses dépenses publiques qui provenaient d'aides (pas des emprunts, des dons) extérieurs. Presque 10% de son PIB était des aides (s'inscrivant dans des programmes humanitaires et alimentaires,etc.). Donc ils ont mis une croix dessus. Chez ces pays qui ne produisent presque rien, la croissance ou l'exploitation de 2 ou 3 mines (ou gisement pétrolier) ça va booster la croissance, ce n'est pas que ces mines soient exceptionnelles, c'est que pour eux, ça représente tout ce qu'ils ont, c'est leur poumon économique. Sauf que ces pays ont une population de plus en plus nombreuse et qui n'a pas de travail qui va créer de la richesse. On est dans du travail de subsistance, on va vivre avec 2€ par jour et pratiquement toute la richesse se concentre dans la capitale. C'est le même état d'esprit pour la sécurité. Ils vont dire qu'avec la présence française, il y a eût une hausse d'attaques terroristes, donc que c'est la présence française qui attire (ou parfois qui va soutenir) les terroristes. On dégage la France, donc on restaure la sécurité. Ils ne veulent pas chercher à voir ou comprendre la raison et le problème terroriste, non, ils vont lier l'idée que la France a débarquée du jour au lendemain sans raison autre que venir coloniser/piller leur pays et que c'est à partir de là que les terroristes sont apparus. Il faut aujourd'hui laisser le temps déconstruire cette idéologie et ses arguments. Le problème c'est qu'à un moment, ils n'auront plus ce bouc émissaire , qu'ils n'auront plus d'excuses et devront assumer une situation ou ils sont les seuls responsables. Autre chose importante, faut pas croire que les russes, les chinois ou les turcs s'intéressent à ces pays pour leur développement. C'est une zone d'influence, les russes je le répète depuis des années sont impliqués dans cette régions dans l'unique objectif de combattre une influence française (donc occidentale) dans un pure esprit de la guerre froide. Ce ne sont pas les russes qui sont venus rendre la monnaie de sa pièce à la France en raison de sa position dans la guerre en Ukraine, je dis cela aux "relativistes" qui veulent toujours faire passer les russes pour des victimes n'ayant jamais cherché à être contre nous...
  15. Mais justement c'est toute l'erreur que beaucoup font. S'être mis dans la tête que Trump allait faire capituler l'Ukraine pour faire gagner la Russie. Nous sommes loin de ça, pour signer un texte, il faut satisfaire les deux parties. Mettre sur la table des carottes pour la Russie ce n'est pas cela qui fera signé Kiev. Trump a beau également faire semblant que les européens n'existent pas, il va vite comprendre que Kiev et les européens seront ensembles et se soutiendront, relativisant assez rapidement l'idée que l'Ukraine ne peut rien faire sans l'aide américaine. Kiev et les européens n'accepteront pas n'importe quoi pour faire plaisir à Trump ou Poutine. Je pense que très vite nous allons tous comprendre que le plan de Trump, de base, ne conviendra à personne d'autre qu'à lui. On va donc entrer dans une phase ou les deux côtés vont avancer leurs propositions et que là encore on va se retrouver dans une situation encore plus inacceptables pour les deux.
  16. Attention à bien voir au-delà des chiffres. L'armée russe n'engage pas 30 000 nouvelles recrues chaque mois, elle continue une conscription (augmentée par rapport à avant), mais ce n'est pas un complément à une base fixe. En Russie ceux qui font la guerre en Ukraine sont des contractuels, pas les conscrits (jeunes appelés à faire leur service militaire obligatoire) ou les mobilisés (réservistes ayant réalisé leur service par la passé). Les mobilisés et les conscrits en Russie ne sont pas en première ligne. Les mobilisés remplacent généralement d'anciens mobilisés qui ont fait leur temps. . C'est bien là qu'on sent qu'il y a une difficulté à trouver des volontaires, il suffit de regarder les primes et les soldes proposées. Qu'il y ait des types qui ont signés un contrat et sont morts 10 jours après, c'est bien possible, car c'est bien possible qu'on retrouve des mobilisés qui pendant ou à la fin de leur service, donc qui en théorie ont déjà reçu un minimum de formation (qui est très certainement en-dessous de ce qui pouvait se faire avant la guerre ou dans des troupes professionnelles). Je rejoins Olivier sur le "contrat social", actuellement l'acceptation des pertes en Russie est basé sur le volontariat, ce volontariat est récompensé par de l'argent. Poutine se garde bien d'utiliser les mobilisés en première ligne, ce ne sont pas ces russes là qui mènent des assauts, pourtant ce sont bien ces russes là qui font la masse théorique de l'armée russe. Alors oui sur le papier, au niveau démographique et au niveau de la mobilisation, le potentiel russe est plus important que celui de l'Ukraine, mais dans la réalité, les sacrifiés de la première ligne sont des contractuels et les 30 000 conscrits par mois sont d'une certaine façon "hors jeu". La question est de savoir combien de ces mobilisés signent un "contrat" à la fin ou pendant leur service, car c'est bien là qu'on retrouve la base "utile" en ressource humaine. Combien de russes hors mobilisés vont s'engager par attrait de l'argent dans l'immense majorité des cas. Mais comme dit, vu l'augmentation constant des primes et des soldes, je pense bien qu'il y a une grosse tension, vu sans doute "l'achat" de coréens pour renforcer le front de Koursk, on peut là aussi se poser des questions. Autre paramètre important, au-delà des pertes au front, au-delà des pertes de ceux qui sont démobilisés (fin du service obligatoire), il convient aussi de prendre en compte chez les contractuels, ceux qui sont en fin de contrat. Généralement les contrats proposés sont d'un an, donc combien après avoir fait un tour sur le front vont en rempiler? Je ne pense pas qu'ils soient nombreux. L'attrition côté russe doit se voir sous ces différents paramètres ou on doit bien faire le tri entre les conscrits/mobilisés (qui ne prennent pas part directement aux combats) et les contractuels. Le Kremlin craint et ne veut pas une agitation populaire en poussant des conscrits à se faire tuer, il alimenterait une opposition à la guerre, de la protestation dans les troupes, du refus de faire la guerre, de la désertion et cette ambiance c'est comme un ver dans une pomme, ça ronge et contamine l'ensemble plus vite qu'on ne le croit. La mobilisation en 2022 à agiter la société russe, amenant une vague de départs important, depuis le Kremlin cherche à éviter de recommencer cela, se reposant sur une masse supérieur d'appelés (conscrits) et sur des volontaires. Chez les ukrainiens, le système est différent. Au départ avant guerre on avait un système avec des soldats pro et des conscrits. L'âge des conscrits (service militaire) c'était entre 18 et 25 ans, puis ensuite on devenait réserviste (donc potentiellement mobilisable) de l'âge de 27 à 60 ans. Quand la guerre a éclatée, l'Ukraine a mobilisé 200 000 hommes réservistes, favorisant le volontariat puis un "tirage au sort" (ordre de mobilisation) dans la classe d'âge des 27 à 60 ans. Il y a depuis octobre 2022, une suspension du service militaire (conscrits) en Ukraine, le système fonctionnant uniquement sur la mobilisation des 27 à 60 ans et les volontaires. C'est donc un système différent de la Russie qui va privilégier la conscription en augmentant l'âge des conscrits pour réduire la mobilisation quand les ukrainiens évitent la conscription pour mobiliser des anciens chez qui on abaisse l'âge, c'est récemment passé de 27 à 25 ans. Les ukrainiens sont confrontés aujourd'hui à un problème, celui ou il faut démobiliser la masse qui a été mobilisé en 2022, celui ou il faut faire face aux départs de professionnels, celui ou il faut compenser les pertes. On est donc de facto sur un système sous tension mais il ne faut pas croire que l'Ukraine a atteint une limite démographique, non elle a atteint la limite de son système. C'est pour ces raisons qu'elle a récemment annoncé réduire l'âge de la mobilisation, supprimant également la démobilisation en temps de guerre auparavant fixé à 36 mois. On comprend qu'en arrivant à 3 ans de guerre, la tension devenait maximale. Mais les ukrainiens sont loin de se retrouver sans ressources humaines ou dans l'incapacité de faire plus comme beaucoup veulent le croire ou veulent l'espérer. Les ukrainiens ont au contraire des russes, un système ou ils engagent leurs mobilisés au front, donc qu'ils ont une masse utile alors que les conscrits russes restent à l'arrière, que la Russie se garde de mobiliser et qu'elle jure par ses volontaires pour éviter une opposition à la guerre. Comprenons que les ukrainiens en agissant avec la loi controversée d'avril ont fait sauté un verrou, celui de devoir démobiliser la masse humaine de 2022. Pour soulager ces gens, ils ont abaissés l'âge à partir duquel ils peuvent mobiliser, c'est ainsi qu'il y a peu, ils ont annoncés vouloir mobiliser 160 000 hommes en 3 mois (ce n'est pas similaire aux 2 périodes annuelles de conscriptions russes, ne confondons pas comme beaucoup les mobilisés avec les appelés au service militaire). Quand on prend un peu de recul sur la situation ukrainienne, vous avez une grosse quantité de jeunes (18 à 25 ans) qui s'ils n'étaient pas volontaires, n'étaient pas concerné par la mobilisation (27 puis 25 ans maintenant) ni par le service militaire suspendu depuis octobre 2022. La génération 18-25 ans au début de la guerre c'était la génération Donbass, ils ont vécus leur service militaire dans cette période et ce sont eux qui sont aujourd'hui "exclu" du système. Vous voyez la logique? Non, mais vous voyez le potentiel? Vous comprenez que les ukrainiens ont encore moyen de faire bien plus, que ce soit en abaissant à 18 ans l'âge de la mobilisation et en restaurant tout simplement le service militaire pour les jeunes de 18 ans. La limite du système ukrainien est propre à l'Ukraine, c'est un choix politique, ce n'est pas que le pays n'a plus personne ou qu'il a atteint une limite démographique. Autre limite à la mobilisation, c'est l'état de santé. Forcément quand vous vous basez sur un vivier de 27 à 60 ans, la sélection médicale sera très forte contrairement à des jeunes de 18 ans. Les diverses exemptions possibles (contre un billet au médecin) pour se retrouver inapte à la mobilisation sont pleinement joués en Ukraine ou pour faire son service en Russie. D'ailleurs l'augmentation de l'âge du service militaire en Russie c'est aussi pour "rattraper" les exempts. Dans les deux côtés on réduit les critères médicaux. Il faut qu'on arrête de penser que l'Ukraine et la Russie sont dans une mobilisation générale de leur population pour essayer d'en chercher une limite démographique. Ni l'un ni l'autre ne le sont et leurs problèmes à trouver de la ressource humaine sont des problèmes liés essentiellement à leurs systèmes respectifs, l'un se fixant des limites sur les jeunes, l'autre ayant recours à des conscrits (des jeunes donc) plus nombreux qu'avant guerre mais qu'il n'utilise pas sur le front et qui généralement ne viennent pas compenser les pertes (contractuels) mais remplacer des conscrits qui terminent leur service.
  17. En fait ça annonce la couleur. Cela fait des mois que ça "évoque" partout des "négociations" car cela fait des mois que l'hypothèse Trump est plus que sérieuse comme nouveau président. Mais il y a une totale divergence d'opinions. Vous allez avoir les types à la Orban pour qui l'issue des négociations c'est l'acceptation de la défaite de l'Ukraine pour satisfaire Moscou et en finir ainsi avec la guerre. Vous avez la négociation inverse et qui semble encore le point de vue allemand, c'est à dire qu'on arrête la guerre sur des conditions avantageuses à l'Ukraine. Dans les deux cas, ce sont des négociations qui ne peuvent aboutir à rien du tout car ça sera inacceptable pour l'un ou pour l'autre. Il y a également ceux qui ont le point de vue de Trump. Ce point de vue c'est celui de l'ignorance, celui ou on ne comprend pas et qu'on ne veut pas comprendre la position de l'Ukraine et les volontés de la Russie. On se place dans un mode "spectateur" ou on croit que cette guerre ne profite financièrement à personnes (comme toutes les guerres qu'on va uniquement analyser financièrement) et ou on se dit qu'il suffit de tout arrêter car ce sera profitable aux deux. L'envie d'arrêter la guerre pour épargner des sous, c'est une idée plaisante et motivante mais ça n'apportera pas la paix. Trump veut venir tel ce spectateur pour mettre le film sur pause. S'imaginant menacer les deux pour imposer ce qui ressemble bien plus à un cessez le feu qu'à un traité de paix. On est dans un scénario ou contrairement aux 2 autres types de négociations ou on a un gagnant et un perdant, le plan Trump c'est celui ou il n'y a pas de gagnants. L'insatisfaction de cette solution américaine induira à son inacceptation. On pointe beaucoup le plan de Trump comme étant une défaite pour l'Ukraine, mais on oublie de dire qu'il s'agit aussi d'une défaite pour la Russie car ses ambitions sur l'Ukraine (mais pas que) dépassent largement une solution ou la situation actuelle serait gelée avec des conditions qui n'iront pas non plus dans son sens (démilitarisation de la zone, réarmement continue de l'Ukraine, maintien du pouvoir politique, présence de l'Otan etc...). C'est dans ce contexte là qu'il faut voir et comprendre que les européens ont un rôle à jouer. Car Trump ne sera pas à une table ou d'un côté il y aura Poutine et de l'autre Zelenski. Il y aura d'un côté Poutine, seul, de l'autre il y aura Zelenski avec un cortège de pays européens. L'Ukraine ne sera pas seule à défendre son point de vue, son intérêt face à Trump. Les européens ont et auront une influence importante dans les négociations, le point de vue de Trump sur les européens repose sur l'idée que nous ne faisons rien pour l'Ukraine, que c'est l'aide américaine qui fait tout, que c'est uniquement grâce aux américains et à son aide que l'Ukraine arrive à continuer la guerre. Macron quoi qu'on en pense et au vue du contexte risque de se retrouver dans une position de leadership. L'Allemagne sera assez déconnectée politiquement. Avec les britanniques, les français seront les plus engagés aux côtés de l'Ukraine. Ce sera sans oublier l'Otan qui sera du même côté. Trump devra convaincre et satisfaire un paquet de monde qui se trouvent engagés actuellement aux côtés de Kiev, Zelenski jouera pleinement ses intérêts avec ses alliés européens. Il y aura assez rapidement plus de pressions sur la partie ("unique") russe en raison d'un bloc européen autour de Zelenski. C'est pour cela que j'estime que ces négociations risquent d'échouer en raison de conditions que la Russie n'arrivera pas à imposer et de conditions qu'elle ne voudra pas accepter. Poutine (comme ses soutiens) continue de penser bêtement qu'il va négocier la capitulation de l'Ukraine avec le soutien de Washington, il ne prend même pas en compte les européens ni même l'idée qu'il doit faire des concessions dans ces négociations. Je pense que dans ces négociations, Trump réussira une chose, celui d'impliquer plus fortement les européens à soutenir l'Ukraine. Il y a deux scénarios possibles à l'issue d'un échec des négociations: 1) Trump dit "on arrête de soutenir l'Ukraine" car les européens auront annoncés poursuivre (et augmenter) le soutien à Kiev. Ce scénario s'inscrirait dans la logique d'économiser l'argent mais remettrait alors en question l'idéologie du Trump arrêtant les guerres... 2) Les russes ayant refusé tout ce qu'on leur a proposé, n'ayant pas été intimidé par les menaces (aides accrues à Kiev par exemple), Trump décide de participer à un effort supplémentaire commun, dans lequel les européens prendront une bien plus grosse part, pour pousser la Russie le plus rapidement possible dans une position militaire moins avantageuse pour refaire des négociations plus tard. Ce scénario peut donner le sentiment d'une promesse non tenue (couper les aides à l'Ukraine) à court terme mais qui sera compensée par le fait que Trump aura "imposé" aux européens de s'impliquer plus. Si on serait dans une situation ou tout cela ne se passerait qu'entre Trump, Zelenski et Poutine, ces scénarios seraient improbables. Les européens ont une place dans l'échiquier qui est loin d'être marginale. L'issue d'un échec des négociations serait alors celui que Poutine rêve, c'est à dire que les USA repartent à la maison en cessant dès le lendemain tout soutien à l'Ukraine, laissant la Russie prendre petit à petit l'avantage sur le terrain puis de voir les européens abandonner l'Ukraine de la même façon. Ce scénario là, oui c'est celui que souhaite ceux qui veulent voir la Russie gagner par la guerre en cas d'échec des négociations, mais il est très improbable.
  18. Donc en ayant satisfait Bismark, la France a enterré toutes les ambitions hégémoniques de l'Allemagne. Pourtant on a de nouveau vu les allemands aux portes de Paris dans la première guerre mondiale et on a vu les allemands défiler à Paris pendant la deuxième avec tout un plan d'annexion et de colonisation de la France. Donc toute cette guerre que fait Poutine à l'Ukraine c'est juste pour le Donbass et la Crimée? Qu'il ne veut vraiment rien d'autres et que les russes se retireront des régions (déclarées comme de nouveaux territoires russes fin 2022) de Kherson et de Zaporijjia? Qu'une fois cela obtenu, l'Ukraine pourra dormir sur ses deux oreilles et donner la main à la Russie pour faire une danse traditionnelle autour d'un feu? Ah mais c'est sûre, quand on se place dans l'idée que la Russie va négocier la capitulation de l'Ukraine en imposant ses conditions, c'est une chose permise. Sauf que les russes vont bien comprendre qu'ils ne sont pas invités à obtenir ce qu'ils aimeraient, ils sont invités à faire autant de concessions que les ukrainiens afin de satisfaire les deux parties.
  19. La guerre de positions est la conséquence d'une incapacité à réaliser une guerre de mouvements (par défaut de supériorité). La guerre d'usure est la conséquence d'un équilibre de forces en présence qui peinent à bousculer tactiquement et stratégiquement la situation. C'est typiquement toutes les situations de guerres qu'il faut éviter, c'est typiquement ce genres de scénarios qu'une bonne stratégie et une bonne tactique cherchent à éviter. L'erreur est de croire qu'il s'agirait d'un choix. Cette "excuse" pour expliquer les difficultés russes ne fonctionnent que chez ceux qui veulent y croire. Qu'on me donne aujourd'hui le pourcentage de la ligne de front qui est situé sur des positions fortifiées depuis 2014! On verra alors qu'en fait il n'y a presque rien, qu'au début de la guerre la Russie a attaqué de partout sauf dans ces régions "fortifiées" et que c'est en dehors de ces zones qu'elle a été mise en échec. Donc le truc qui veut faire croire qu'il y a une zone fortifiée ukrainienne à faire tomber et que derrière c'est le grand vide, c'est le truc qu'on va lire sur les sites pro-russes qui veulent expliquer les raisons pour lesquelles l'armée russe n'avance pas plus vite, qui veulent donner une explication aux pertes subies. Là encore, il n'y a que du côté pro-russe qu'on va fantasmer des pertes énormes des ukrainiens pour tenter d'expliquer le pourquoi du comment les ukrainiens ont réussis à pénétrer ainsi en territoire russe. On se cache donc dans l'idée (encore une fois) que tout cela est profitable à la Russie, que les ukrainiens se sont jetés dans une "kill box" et que cela ne fera que précipiter leur défaite. L'objectif de cette opération n'a pour moi aucunement l'objectif de ralentir l'avancée des russes au Donbass, elle a pour but de divertir les russes et de les forcer à y amener une force importante en vue d'une offensive qui se fera bien loin de là. C'est pour moi qu'une diversion qui doit faire de la ville de Sudzha, un point de fixation sur plusieurs mois. Car les russes sont convaincus qu'ils ont l'initiative militaire, qu'ils ont acceptés de mener une guerre d'usure et qu'ils se sont mis en tête que la guerre en Ukraine se joue uniquement là ou ils le décident, c'est à dire au Donbass. Cette erreur d'interprétation fait que les russes délaissent des zones entières car ils considèrent que les ukrainiens n'ont pas les moyens de faire plus, que de toute façon les ukrainiens ne peuvent que défendre là ou ils ont décidés d'agir en offensif. C'est pour ces raisons qu'ils ont été surpris de voir les ukrainiens faire une offensive du côté de Koursk. C'est pour cela que les gens qui ont l'habitude de se renseigner sur des sites pro-russes ont été surpris, car de leur côté la situation ukrainienne c'était une armée qui manque de tout et qui pioche dans ses maigres réserves pour essayer de tenir au mieux le front du Donbass, que s'ils reculent, c'est qu'ils sont au bout. Aucunement certaines personnes peuvent se dire que les ukrainiens pourraient chercher une nouvelle stratégie, une nouvelle tactique que la guerre d'usure. Forcément, dès lors qu'on pense que les ukrainiens ne peuvent pas faire différemment des russes pour reconquérir leur territoire, la conclusion qu'on va s'imposer c'est qu'ils n'ont pas les moyens, qu'ils n'y arriveront pas. Cela est très rassurant chez ceux qui veulent sanctuariser les gains russes en laissant l'idée qu'on ne peut rien faire, que c'est déjà perdu. Là encore cette vision est et rejoint l'intérêt russe. Je l'ai déjà expliqué plusieurs fois ici, les ukrainiens chercheront à mener une offensive importante sur un point ou les russes ne les y attendront pas plus que ça. Ils vont jouer la défensive, ils vont jouer à ceux qui paraissent faibles, mais derrière ils vont vouloir surprendre. Il ne veulent plus comme en 2023 on annonce des mois à l'avance qu'ils passeront à l'offensive, limite que les russes avaient le plan d'action dans les mains. Les russes attendaient cette offensive, ils étaient prêts et les ukrainiens étaient eux pressés d'agir sans attendre car la dynamique du moment leur était très favorable. L'erreur encore une fois que beaucoup font, c'est de considérer que cette offensive ukrainienne a été le maximum de ce que pouvait donner l'Ukraine militairement, qu'après cela elle ne pourra faire rien d'autre que subir en défensif les assauts des russes. On est là aussi dans un discours rassurant pour le point de vue "victoire russe". Mais avant cela, on passera forcément par la case des négociations sous l'effet Trump et il est fort probable qu'elles échouent, c'est pour Kiev une quasi évidence. Du côté de Moscou on s'est mis en tête que Trump imposera à l'Ukraine une reddition, que 2025 sera la fin de la guerre, donc qu'avant les négociations, on va essayer de manger le maximum de territoires.
  20. Si Poutine ne voudrait que la Crimée et le Donbass, il aurait agit déjà bien différemment. Car en janvier 2022, la Crimée et le Donbass (même si pas entièrement) étaient déjà, on peut le dire, sous contrôle russe. En février 2022, la Russie lance une invasion à grande échelle de l'Ukraine. Avant cela on imaginait au pire une intervention russe pour aider le Donbass en cas de tentative de récupération par l'Ukraine. Mais Poutine voulait plus et il était navrant que même après le début de l'invasion, certains ne voulaient pas comprendre et accepter la nature belliciste de la Russie. Aujourd'hui encore ils continuent de la défendre, de l'excuser et de tout relativiser appelant à notre laxisme et à laisser les russes obtenir ce qu'ils veulent. Juré c'est le seul et unique chemin vers la paix, c'est le seul moyen pour "satisfaire" la Russie et la convaincre de s'arrêter là... Poutine ne veut que le Donbass et la Crimée mais il décide d'un coup d'envahir tout l'Ukraine. Une opération militaire très spéciale qui ne tourne pas comme prévu, mais rassurons nous il a retiré ses forces de pas mal de zones d'Ukraine dans un geste de bonne volonté et non de limites militaires. Il ne veut que le Donbass et la Crimée mais il s'est empressé de sauver les meubles en déclarant que la région de Crimée, du Donbass, de Zaporijjia et de Kherson étaient désormais des territoires russes. C'est totalement cohérent, autant cohérent que l'offensive menée dans la région de Kharkiv il y a quelques mois. Si Poutine ne veut que la Crimée et le Donbass, lors des négociations il acceptera donc de retirer ses forces en dehors de ces 2 régions si du côté de Kiev on consent une cession? Qui pour le croire? Il a le contrôle sur la Crimée, ok, mais il n'a même pas tout le Donbass, que dire encore des "revendications sur les régions de Kherson ou de Zaporijjia? Si Poutine ne veut que la Crimée et le Donbass, lors des négociations il n'aura aucun problème à ce que l'Ukraine reste un pays libre et indépendant, un pays pouvant rejoindre l'Otan, un pays pouvant s'armer à son envie? Qui pour le croire? Ben oui en quoi c'est dérangeant vu qu'il aura "obtenu" ce qu'il voulait? Peut-être qu'en fait un jour on va comprendre que ce qui emmerde la Russie dans l'expansion de l'Otan, c'est le fait de ne plus pouvoir envisager des actions militaires. Que les pays neutres sont vus par la Russie comme des pays qu'ils peuvent potentiellement conquérir et les pays dans l'Otan des pays qu'ils ne peuvent plus conquérir. C'est bien cela qui explique pourquoi la Suède et la Finlande ont choisis d'intégrer l'alliance. Car en février 2022, je ne pense pas que ça aurait posé problème à Poutine de se "rapprocher" de l'Otan en conquérant l'Ukraine. Qu'on se le dise, la Russie a totalement fait perdre les avantages d'être un pays "neutre", même la Suisse aujourd'hui s'interroge et pourrait bien un jour intégrer également l'Otan. Laisser l'Ukraine en dehors de l'Otan, aujourd'hui, c'est donner aux russes l'opportunité de réattaquer demain. Je veux bien que les russes veulent et aimeraient beaucoup de choses, je veux bien qu'on écoute leurs revendications, mais les russes doivent comprendre que leurs actes ont entraîné une perte de confiance, qu'ils sont devenus une menace, que la donne stratégique et les revendications qui avant guerre pouvaient s'entendre, ne sont plus entendables aujourd'hui. Le Kremlin doit comprendre qu'il n'est pas juste celui qui veut des choses et que les autres doivent satisfaire ses besoins, ses volontés. La Russie n'est pas aujourd'hui en meilleure position pour imposer ses désirs, militairement son armée n'a pas impressionné le monde, son potentiel militaire a été réduit, les objectifs initiaux sont loin d'être atteints. Peu importe ceux qui mettront en valeur l'acceptation des pertes ou l'effort de guerre, l'image de l'armée russe a pris un coup dans la gueule. Avant février 2022 on pouvait imaginer un paquet de choses, une guerre contre l'Ukraine un truc plié en 2 semaines. Puis on a vu ses déboires, nombreux ont été pendant longtemps dans le déni, l'inacceptation, imaginant que la Russie se "retenait", que les unités les mieux entrainées, les mieux équipées restaient en arrière, en Russie en vue d'une confrontation avec l'Otan. On a beau mettre en avant un effectif humain théorique important, cette armée fait bien moins peur aujourd'hui qu'il y a 3 ans, en vérité en dehors du nucléaire, Poutine n'a pas d'options sérieuses pour escalader ou pour menacer. Ce que je veux dire, c'est que ne considérons pas que Poutine est en position de force, ne faisons pas comme Orban qui va évoquer une défaite militaire (de l'Ukraine) afin de négocier au profit de la Russie et de ses volontés. Les forces russes ne sont pas du tout dans un contexte ou l'ennemi est battu ou qu'il serait presque négligeable, ce n'est pas en prenant un carré de 40km de côté dans le Donbass en 1 an qu'ils ont remporté une victoire militaire et que ça y est, la finalité de la guerre est connue. Les russes doivent comprendre qu'ils devront faire des concessions et que nous pouvons plus facilement qu'on le croit, inverser le rapport de force pour faire entrer la Russie dans une dynamique ou continuer la guerre a plus d'effets négatifs que de l'arrêter. Poutine a plus d'une fois évoqué ses souhaits, ses volontés, sa vision. Tout ce qu'on peut en dire, c'est que bien souvent il obtient presque l'inverse. Des ambitions démesurées, un cerveau qui perçoit encore la Russie comme l'URSS, bien que ce soit effondré, les gens qui ont grandis dans ce monde là sont toujours présents, pour Poutine les frontières de son pays qu'il a appris, c'est celle de l'URSS pas de la Russie. Il prend toujours son pays comme un équivalent de même niveau que les USA et cherche à rejouer en permanence un rôle de contrepoids à l'occident qu'il cherche à affronter de toutes les manières possibles. On a l'impression de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. Poutine ne veut que la Crimée et le Donbass? Oui bien entendu, ses intentions et ses ambitions ne vont pas plus loin que ça...
  21. La réalité c'est que ce genre de vidéos il y en a tous les jours, souvent bien pires. Ce n'est pas juste une vidéo au hasard c'est le quotidien de ce qui se passe sur le terrain. Ces vidéos montrent ce que sont les actions offensives et ça permet de prendre un peu de recul. Car poster des cartes, pour colorier un nouveau champ de patates en rouge ou mettre des flèches en disant que les russes "avancent / poussent / encerclent" nous ne voyons pas concrètement ce que ça représente et on c'est ainsi qu'on va fantasmer des choses qui sont militairement totalement à côté de la situation. Les offensives dont on parle sont très généralement menées à l'échelle d'une à deux sections si ce n'est moins parfois. Il ne faut pas croire qu'on ne voit qu'une partie d'une offensive plus large. Les offensives sont rarement plus importantes que cela, mais elles se répètent de la même manière sur un temps long. Le "grignotage" se fait ainsi, on doit arrêter de penser que nous sommes face à des masses militaires russes qui avancent en écrasant ou qui vont encercler des masses d'ukrainiens. Ce genre de situations il faut le multiplier par x sur la zone du front et avec des tentatives qui se font sur des mois, laissant parfois des zones avec un nombre conséquent d'épaves, de cadavres. Les russes perdent énormément d'hommes et de matériels en agissant ainsi pour des gains de territoires minimes et tellement loin des volontés politiques du Kremlin. Comprenant qu'aujourd'hui on doit quand même zoomer un maximum sur un coin du front pour discuter des avancées russes. Cela fait plus d'un an que les russes effectuent un effort offensif du côté du Donbass, un an qu'on regarde un coin du front pour commenter la progression des russes sur un carré de 40km de côté. Je crois que beaucoup encore n'ont pas pris la juste mesure des limites de l'armée russe à mener des offensives. On vient à décrire comme "significatives" ou "stratégiques" certaines avancées russes qui sont en vérité insignifiantes au regard de la situation et des enjeux. Il y a 2 ans, même pas qu'on zoomait sur la carte de l'Ukraine, les objectifs c'était de prendre (ou défendre) Kiev, Kherson, Odessa, Kharkiv avec des déplacements militaires se comptant en dizaines de km par jour. Aujourd'hui on zoom à fond pour commenter de la même façon sur comment la Russie va prendre des villages/villes pour lesquelles nous n'aurions jamais prêté intérêt il y a 2 ans, tout cela sur un unique coin du front qui plus est. Limite que l'action d'une semaine c'est la prise d'une ligne d'arbre au bord d'un champ qu'occupait 10 ukrainiens depuis 6 mois. C'est cela depuis plus d'un an, il n'y a que l'offensive russe du côté de Kharkiv (qui n'a pas donné grand chose) et celle des ukrainiens du côté de Koursk (qui ont pris presque autant de terrains que les russes n'en ont pris dans leurs "avancées" du Donbass) qui a un peu "pimenté" les débats. Quand on voit les efforts fournissent et les pertes qu'ils subissent pour réaliser ces avancées, on est en droit de se demander si on est face à une tendance victorieuse ou si c'est une tendance qui finira par ronger les capacités offensives de la Russie. C'est dans ces conditions également qu'on doit savoir analyser les hausses des primes et des soldes aux volontaires (ce qui marque factuellement une difficulté à en trouver et à maintenir le renouvellement de ceux qui auront vus les joies de la guerre...) mais aussi au besoin de faire venir des hommes de Corée du Nord (qui n'est rien d'autre qu'un besoin recherché par le Kremlin auprès de Pyongyang). On voit du côté de Koursk que les russes n'arrivent pas à dégager les ukrainiens aussi facilement qu'ils le disaient, pourtant on parle juste d'une petite ville et de ses environs. Il y a une réelle limite capacitaire russe qu'il faut voir et comprendre, on doit arrêter de croire que l'armée russe est un puits sans fond et qu'ils vont continuer de la même façon jusqu'à la frontière polonaise (ou qu'ils continueront encore plus loin). Ces derniers mois, les russes et les ukrainiens ont anticipés une victoire de Trump et la perspective d'une négociation. Le plus intéressant c'est que pour moi les deux vont dans un sens opposé. Du côté de Moscou le mot d'ordre a été d'intensifier les efforts offensifs. Si d'un côté certains ne veulent voir que l'augmentation des avancées russes, il est aussi nécessaire de mettre en parallèle l'augmentation des pertes https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-octobre-2024-serait-le-pire-mois-en-perte-de-soldats-pour-l-armee-russe-selon-l-armee-britannique-11461635 L'objectif du Kremlin étant de prendre le maximum de terrains avant des négociations. On part donc d'une perspective d'un effort qui est ponctuel et conjoncturel mais qui n'est pas lié à un effondrement du potentiel ukrainien ni ne s'inscrit sur la durée. C'est un pari, qui peut-être gagnant si dans 4 mois on a un accord qui va figer la position sur les lignes actuelles par contre ça peut être un pari perdant si au final les négociations échouent, que la guerre continue. Du côté de Kiev, je pense que le mot d'ordre est de préparer une offensive importante qui viendra surprendre l'adversaire suite à un échec des négociations. On cherche à tenir les meilleures positions défensives possibles face aux russes quitte à céder du terrain, créer des points de fixation sur lesquelles les russes vont concentrer leurs forces, amener le maximum de pertes adverses en limitant ses propres pertes, mener des actions de diversions. J'ai l'impression que les ukrainiens se préservent ces derniers temps, la réponse pas avant l'été je pense. La question en suspend, c'est de savoir ce qui sortira des négociations afin de voir, en cas de continuité de la guerre si l'effort actuel des russes peut se maintenir sur la durée, si les ukrainiens pourront compter sur les occidentaux, notamment les américains, pour pousser les russes dans une plus grande difficulté militaire. Personnellement je pense que les ambitions et les volontés des russes sont bien trop grandes pour qu'il y ait dans les négociations un accord possible. Poutine pensant venir imposer ses conditions à l'Ukraine avec le soutien de Trump comprendra vite que ce dernier n'est pas là pour faire accepter à Kiev ses conditions et volontés. Qu'au final c'est bien du côté de Moscou qu'on jugera les termes inacceptables et qu'on fermera la porte. C'est aussi le sentiment des ukrainiens et vu les premiers échos du plan de Trump, cela va dans ce sens. En fait il y a une réelle possibilité qu'au final on voit un bloc occidental augmenter ses aides à l'Ukraine avec Trump qu'on ne voit un bloc occidental l'arrêter. Par contre si Trump n'avait pas été élu, il aurait été presque certain qu'une nouvelle aide américaine à l'Ukraine ne serait jamais passé au congrès dans les temps à venir. Trump qui passait et qui passe encore aux yeux de beaucoup pour celui qui va abandonner l'Ukraine, risque d'être celui qui va augmenter le soutien occidental (dans son ensemble), sans doute en faisant raquer les européens, forçant Kiev également à faire plus, mais tout cela ce sera pour pousser la Russie à négocier la paix, sa paix. Côté russe, en ce moment, on joue les dociles et ceux qui caressent la bête dans le sen du poil, on espère et on valorise depuis un moment sa victoire en pensant que la finalité c'est juste un abandon du soutien à l'Ukraine. Mais on comprend petit à petit que ça risque de ne pas être vraiment la "victoire" qu'on imaginait, que Trump n'est pas là pour faire gagner la Russie et faire capituler l'Ukraine.
  22. Ce n'est pas compliqué C'est moi qui remporte le tour. Quand on remporte le tour à Sloubi, on a quatorze solutions possibles : soit on annule le tour ; soit on passe ; soit on change de sens ; soit on recalcule les points ; soit on compte ; soit on divise par six ; soit on jette les bouts de bois de quinze pouces, ça c'est quand on joue avec les bouts de bois ; soit on se couche ; soit on joue sans atouts. Et après y'a les appels : plus un ; plus deux ; attrape oiseaux ; régoudon ; ou chante Sloubi. [...] Comme vous êtes second, vous avez plus que dix-neuf solutions possibles : soit vous passez ; soit vous sciez en deux les cinquante poutrelles de trente pieds, mais ça c'est quand on joue avec les bouts de bois. Sinon c'est les relances : doublette ; jeu carré ; jeu de piste ; jeu gagnant ; jeu moulin ; jeu-jeu ; joue-jeu ; joue-joue ; joue-jié ; joue-ganou ; gagnar ; catakt ; tacat ; cacatac ; cagat-cata et ratacat-mic. Ou : chante Sloubi. Nous, on va faire que chante Sloubi.
  23. La grande problématique avec les russes, c'est qu'ils ont les yeux plus gros que le ventre. Les volontés initiales sur l'Ukraine et sur la géostratégie (Otan etc...) de la Russie sont loin très loin d'être atteintes. Moscou n'a jamais voulu faire la guerre qu'elle mène en ce moment, n'a jamais pensé une seule seconde que les ukrainiens résisteraient comme ils le font et qu'ils seraient soutenus par l'occident. Poutine pensait refaire une grande manoeuvre militaire comme pour la prise de la Crimée en 2014 mais sur une large partie de l'Ukraine (pour ne pas dire sur tout le pays). Le plan c'était d'aller vite, de poser un fait accompli pour que les occidentaux ne réagissent pas, installer un allié soumis à la tête de l'Ukraine, officialiser à minima l'annexion de la Crimée puis négocier ainsi une nouvelle architecture sécuritaire. Poutine voulait marquer les esprits et se retrouver en position de force pour faire reculer l'Otan, faire reculer l'influence occidentale. Mais les événements ont été tout autre, on peut même dire que la Russie a obtenue tout l'inverse de ce qu'elle pensait obtenir. La Russie n'est aucunement à l'aise ni gagnante dans la guerre actuelle. Les russes ont de très grandes difficultés, des pertes colossales qui ont largement entamées l'image qu'on se faisait de son armée, mais aussi sa dissuasion. Comprenons quand même qu'aujourd'hui la "domination" russe dont on parle sur le champ de bataille c'est sur un carré qui fait 40km de côté, cela fait 1 an qu'on a zoomé à fond sur cette zone pour débattre d'avancées de quelques centaines de mètres car les russes y mettent tout leur effort. Moi je dis sincèrement que si tout l'effort offensif des russes permet juste de faire cela, ben le rapport de forces est loin d'être aussi avantageux aux russes qu'on ne le pense et qu'il peut s'inverser plus vite qu'on ne le croit. Pas étonnant que cela fait presque 2 ans qu'on sent que du côté russe, une sortie victorieuse est conditionnée à l'arrêt du soutien occidentale Donc oui, dans les négociations, les russes auront ce sentiment d'être invités à poser sur la table la liste de leurs envies et penseront que ça y est l'occident l'imposera à l'Ukraine car il se sera lassé de la soutenir. Oui je pense que les russes sont convaincus qu'à la sortie des négociations, soit il y a un accord trouvé, soit il n'y a pas d'accord et l'Ukraine sera tout de même abandonnée à son sort et que donc la poursuite de la guerre amènera l'Ukraine à la capitulation. Chez eux il n'y a pas d'autres perspectives, ils veulent le beurre et l'argent du beurre, ils ont les yeux plus gros que le ventre et n'accepteront pas la moindre concession, qu'ils n'accepteront pas de terminer la guerre juste pour la terminer sans en sortir clairement victorieux. C'est le piège dans lequel s'est mis Poutine, il ne continue pas la guerre pour prendre quelques champs de patates et quelques hameaux sans intérêts (surtout désormais en ruines) pour que demain l'Ukraine reste un pays indépendant, que le pouvoir politique reste anti-russe et pro-occidentale, que l'armée ukrainienne reste forte et se renforce avec le soutien de l'occident, que l'influence russe continuera à s'évaporer, qu'elle soit contrainte de retirer ses forces d'une certaine zone, que les régions qu'elle occupe reste des régions occupées. Arrêter le conflit actuellement, peu importe qu'on mette en avant le gain territorial comme "la" victoire russe, c'est pour le Kremlin l'acceptation d'une défaite stratégique de ses ambitions initiales. C'est pour cela que je pense que les négociations qu'on imagine tous aujourd'hui comme celles ou les occidentaux forceront Kiev à faire des concessions aux russes finiront pas un échec en raison des volontés russes qui dépasseront très largement l'acceptable pour l'Ukraine, pour les européens et même pour les américains. On arrivera à ton point numéro 2, celui ou on n'acceptera pas les conditions des russes car ils ne voudront pas entendre et accepter des revendications occidentales et ukrainiennes peu importe tout ce qu'on va pouvoir tout mettre sur la table (fin des sanctions, déblocage des fonds gelés, limite dans le déploiement de troupes aux frontières, non intégration de l'Ukraine à l'UE/Otan etc...). Poutine pense venir poser ses conditions à une table alors que dans les faits il viendra à une table ou ce seront les propositions de Trump qui s'y trouveront. Même si dans la première phase des négociations on parlera assez calmement, au bout d'un moment faudra bien faire comprendre à la Russie que la poursuite de la guerre ne lui sera pas favorable. On devra forcément agiter une menace (comme les russes le feront) si aucun accord n'est trouvé. Les occidentaux menaceront d'augmenter le soutien à l'Ukraine si les russes n'acceptent pas de signer ce qu'on leur proposera. Le possibilité est très grande pour qu'au final les USA et l'Europe augmentent les aides à l'Ukraine afin de pousser la Russie dans une position plus défavorable lors d'autres négociations. Les européens entreront à ce moment dans un duel avec Trump ou ce dernier voudra (et obtiendra) d'eux un bien plus gros effort que les américains ne consentiront, de même qu'il négociera avec les ukrainiens pour un bon retour sur investissement. C'est ainsi en plus d'accuser la Russie de ne pas vouloir la paix, que Trump pourra justifier chez lui, une hausse du soutien à l'Ukraine. La fin de la guerre peut se faire dans 6 mois ou dans 3 ans, Trump s'en vantera de la même façon et pourra dire que lui au moins, il aura fait ce qu'il fallait pour que les choses changent. Alors oui c'est sûre qu'avec Trump, les européens vont devoir fortement se bouger pour faire plus s'ils veulent qu'il "suive". Rappelons quand même que c'est bien du côté du camp Trump que la menace d'augmenter les aides a été avancée pour contraindre les russes dans les négociations. Il veut venir (pour faire simple) aux négociations avec son "plan", le poser en disant aux ukrainiens "vous signez ou on arrête de vous aider" mais également tendre le stylo aux russes en disant "vous signez sinon on va les aider plus fortement". Alors c'est un plan qui ne fait pas les affaires de Kiev souhaitant une reconquête territoriale totale qu'on peut présenter comme une victoire russe, mais ce plan n'est pas l'imposition du plan de Poutine et de ses objectifs initiaux, de ses volontés (ce sera pour lui une défaite d'une certaine façon).
  24. En soit je pense que ce n'est pas "tout" le plan mais que l'idée principal, c'est gelé le conflit sans vraiment satisfaire l'un ou l'autre. Dans la logique de Trump, les USA donnent plus à l'Ukraine que l'Europe. Dans les faits, les américains sont peut-être le pays qui contribue le plus par rapport aux autres pays, mais l'ensemble des autres pays (européens) font plus que les USA, ça aussi on finira par lui mettre devant le nez, bien différent d'un meeting ou on fait un monologue devant un public acquis à sa cause. En Europe, faut pas se le cacher et on le dit depuis un moment, on cherche à en faire le minimum. En dehors d'un pays comme la Pologne qui a fait un gros effort, ailleurs moins on en donne, mieux c'est. Pourtant , comme aux USA, beaucoup des dons sont du vieux matériel sur lequel on va lui donner une valeur financière. L'Europe pourrait bien entendu faire plus, c'est politiquement qu'on ne le veut pas. C'est bien là-dessus que Trump peut avoir raison, c'est qu'on est bien content que les américains amènent une aide pour minimiser notre propre contribution. L'idée que l'Europe finisse seule à soutenir l'Ukraine n'est pas impossible. Voir une situation ou l'Europe achète aux américains des matériels, des munitions qui sont aujourd'hui des dons pour les refourguer aux ukrainiens n'est pas non plus inenvisageable. Voir par exemple l'Europe financer des achats de matériels dans des armées de pays européens c'est aussi possible. Prenons le cas des polonais, ils reçoivent ces derniers temps 116 anciens Abrams, on pourrait très vite envisagé que l'UE achète ces chars pour les donner aux ukrainiens, les polonais recevant de l'argent avec lequel ils pourraient acquérir d'autres chars, s'il le faut on pourrait déployer en Pologne des troupes comme en Roumanie pour renforcer la sécurité en contrepartie. Donc derrière la limite de ce que nous sommes prêts à donner, il faut aussi concevoir un système d'aides ou on pourrait acheter à d'autres ce qu'il faut et ou nos propres dons sont compensés au niveau de l'UE. Je pense par exemple à des choses qui se font déjà, comme l'initiative tchèque pour trouver 1 million d'obus à l'étranger, oui c'est un achat, mais les russes ne font pas autrement avec la Corée du Nord. Car il est évident que vous allez avoir des gens qui vont vous dire que oui mais l'Europe n'a pas les stocks ou les capacités de produire par exemple 1 million d'obus par an pour alimenter l'Ukraine (encore que la réalité d'il y a 2 ans ne sera pas celle de 2025), que sans les américains, les ukrainiens ne pourront n'auront plus de munitions. Mais l'Europe peut acheter des obus de ce type à l'étranger, même aux américains, ce n'est pas Trump qui va s'y opposer, ce sera un excellent deal pour lui. C'est ainsi pour tout. Les dons militaires des américains peuvent s'arrêter demain, mais les américains n'arrêteront jamais de vendre, si chaque année les européens achètent pour 30 milliards d'armes au profit de l'Ukraine, ils voudront carrément que la guerre continue... Toute la question est donc bien politique, c'est l'effort qu'on veut faire pour l'Ukraine. Le panel d'aides qu'on peut fournir ne s'arrête pas uniquement aux stocks et aux limites des productions européennes, cela englobe tout un monde, allant des USA à la Corée du Sud.
  25. Le problème de l'Europe de la défense, c'est qu'il n'y a pas un pays qui soit militairement dominant des autres. On est dans une situation ou tant la France, tant le RU, tant l'Allemagne ou même l'Italie peut revendiquer un leadership. Les armées se "valent" quantitativement, les besoins se valent. On peut comprendre le besoin de dépenser moins, d'obtenir le meilleur rendement dans des programmes conjoints, mais ça reste une conception d'économiste et non de domination. Nous savons bien qu'en Europe, l'esprit de domination, de grandeur, de puissance est souvent un truc du passé et attention à ceux qui souhaitent le faire revivre.
×
×
  • Créer...