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Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Pol a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Il s'agit avant tout d'un accord qui doit servir à Trump dans sa politique intérieure. Il a bien vu au tout début, quand il annonçait des taxes au monde entier qu'il y avait un vrai risque de catastrophe économique pour les USA. Puis en voyant cela, Trump a très rapidement suspendu ou fortement réduit les taxes pour faire du cas par cas. Pour lui depuis l'objectif est d'obtenir de la victoire politique par des accords qui sont bien loin de l'idée/ambition originale. Nous avons vu exactement la même chose avec l'Ukraine, Trump a je ne sais combien de fois menacé l'Ukraine, insulté Zelenski, limite qu'on avait l'impression qu'il se rendrait à Moscou pour discuter des modalités de la capitulation de l'Ukraine aux conditions russes. Dès lors qu'il a obtenu son "accord", il y a un tout autre son de cloches et pourtant cet accord sur les terres rares n'a rien absolument rien de dingue et il est lui aussi très flou. On a au final juste l'impression que les USA ont transformé leurs dons en prêts que l'Ukraine payera avec l'assistance européenne. Il avait besoin d'un accord pour valider ses discours auprès de son public, désormais résister à la Russie via l'Ukraine va devenir plus lucratif que "l'abandon" de l'Ukraine pour les beaux yeux de Poutine. Avec l'UE c'est pareil, Trump avait besoin d'un accord avec de gros chiffres dans lequel on a l'impression qu'il amène des centaines de milliards aux USA afin de tourner la page de ses propres discours qui étaient eux aussi, comme pour l'Ukraine, très agressifs et menaçants. Peu importe que les gros chiffres ne se concrétisent pas, il lui fallait un accord pour une victoire le temps de son mandat. Pourquoi je fais le parallèle avec l'accord sur l'Ukraine? Car on constate que désormais l'attention de Trump se porte sur la Russie. Qu'étrangement une fois l'accord signé avec l'UE, ses 60 jours se transforment en 10 jours et qu'il comprend que s'opposer à la Russie lui est profitable. Il va vendre des armes aux européens comme aux ukrainiens. Il veut vendre du gaz et du pétrole donc c'est aussi dans son intérêt de tuer la concurrence russe. Aujourd'hui Poutine a quoi de concret à offrir à Trump ? Il n'y a strictement rien, la Russie est le parfait concurrent et non partenaire car c'est un pays qui n'achète presque rien aux USA et un pays qui va lui prendre des parts de marché dans l'énergie, dans les ventes d'armes ou dans l'exportation d'autres choses. C'est pour cela qu'il ne faut pas être surpris de voir Washington imposer des sanctions beaucoup plus violentes avec la menace sur d'autres pays (important du pétrole ou du gaz russe), puis dans le même temps ou à peine plus tard d'un gros accord de ventes d'armes pour l'Ukraine. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Si les ukrainiens seraient totalement démotivés de la situation, cela fait bien longtemps que plus rien ne tiendrait. Ils s'accrochent parfois à moins que ça et il n'y a pas besoin d'avoir 20 000 types dans la ville pour contraindre les russes à un long siège. Il est logique qu'il n'y ait pas de "succès territoriaux" des ukrainiens car ils sont dans une posture défensive. Faut arrêter de croire que les ukrainiens "poussent" comme les russes, non les ukrainiens s'accrochent beaucoup moins au terrain qu'au début du conflit ou ils ne voulaient rien céder. Aujourd'hui ils défendent en position avantageuse pour amener le maximum de pertes en face sinon ils se replient. Peu importe qu'il y ait une perte de territoires, c'est pour ces raisons qu'il y a une lente avancée russe, il ne faut pas non plus conclure qu'avancer dans ces conditions est une victoire (qui me parle de Pyrrhus?). Les unités se renouvellent, sortons de l'idée que les ukrainiens ne feraient pas tourner les troupes, car cela ne fait que nourrir le narratif des russes ou les ukrainiens seraient à court d'hommes et qu'ils sont incapables de se renouveler. Il y a peut-être des moments à des endroits précis ou on a demandé à des troupes de tenir plus longtemps, de se maintenir et qu'on a pris le point de vue de certains soldats de ces unités pour la généraliser à toute l'armée (c'est pareil côté russe), mais ce n'est pas une réalité d'ensemble. L'encerclement de Pokrovsk, les ukrainiens le voient venir depuis des mois et je pense que la présence dans la ville n'est pas gargantuesque, qu'ils ont déjà des stocks et qu'ils ne fonctionnent pas à flux tendu. La logistique, les russes aussi doivent l'assurer. L'étau va être de plus en plus difficile à serrer et c'est à ce moment qu'on verra la capacité de résistance des deux pointes d'efforts russes. Car au bout d'un moment, ils vont entrer dans les zones ou les ukrainiens vont concentrer leurs moyens, leurs efforts. Faut pas penser que le potentiel ukrainien se résume à ce qu'il y a dans la ville. Le problème des russes sera de tenir aussi l'extérieur afin d'éviter que les ukrainiens viennent couper leur ligne, à ce moment l'assiégeur pourrait presque devenir l'assiégé sur de nombreuses positions aux pointes de leur étau. Il n'y a pas que les ukrainiens qui vont devoir tenir, mais aussi les russes car la configuration et les moyens d'aujourd'hui ne permettent plus de faire un siège. Il ne suffit pas de colorier une carte pour penser que désormais c'est un acquis, que ce n'est plus un problème. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
De manière globale les russes n'ont plus les moyens de prendre une ville façon Bakhmut Ils n'ont plus non plus la force de réaliser une manoeuvre de contournement comme à Marioupol au début de la guerre pour piéger un certaine nombre d'unités ukrainiennes (au point que beaucoup des prisonniers ukrainiens qu'ils libèrent aujourd'hui datent encore du début du conflit). Ils n'ont pas non plus les moyens de la raser rapidement par un déluge de feu, ce qu'on pouvait voir au début du conflit à certains endroits ne s'observent plus aujourd'hui, la puissance de l'artillerie a régressée, elle s'est éclatée sur toute la ligne de front et il est difficile de faire venir et regrouper une puissance de feu importante sur des points précis. Quant à l'aviation, les bombes planantes sont plus faciles à mettre en oeuvre depuis le territoire russe dans les zones du nord qu'ailleurs ou l'exposition à des systèmes sol-air est plus importante. Là aussi nous voyons que le volume de ces bombes larguées s'est réduit, certains veulent chercher une efficacité dans le brouillage mais l'explication la plus logique c'est juste une diminution du potentiel. Ce n'est pas une nouvelle approche que les russes font, c'est faire au mieux avec ce qu'ils ont. Dans la stratégie militaire on va vous apprendre qu'il est toujours bien d'entourer une ville et d'offrir une porte de sortie pour éviter de mener un combat urbain coûteux en vies et ou le défenseur a de nombreux avantages (connaissances/préparations des lieux) par rapport à celui qui doit entrer. La logique des russes à Pokrovsk et ailleurs est lisible, compréhensible. Mais ce qui doit interpeller c'est la lenteur de son exécution qui enlève toute prévisibilité, toute surprise et que même si certains répètent depuis un long moment que les russes vont encercler des brigades entières d'ukrainiens, ça n'arrive jamais. La lenteur d'exécution est une démonstration flagrante d'une limite capacitaire offensive, là ou on attend un encerclement réalisé en quelques jours pour débuter un siège et épuiser les défenseurs (logistique etc...), les russes y sont des mois. Ce n'est pas que les russes choisissent d'avancer lentement, c'est qu'ils ne peuvent pas aller plus vite que ça. N'allons pas non plus croire au refrain de la propagande russe qui va nous faire croire qu'ils éliminent massivement l'armée ukrainienne avant d'avancer, ce genre de choses, ça se verrait tant l'imagerie est omniprésente dans ce conflit. Pokrovsk n'est pas non plus la finalité de la guerre, faut pas croire qu'en prenant cette ville, Kiev va capituler, que l'armée ukrainienne sera détruite. Il se passera la même chose un peu plus loin et c'est pour ces raisons, que dans ces conditions, que la guerre peut encore durer très longtemps. La problématique côté russe c'est qu'il ne faut pas seulement réussir à réaliser l'encerclement, il faut aussi se préparer à tenir le siège, c'est à dire tenir deux lignes, l'une autour de la ville, l'autre vers l'extérieur. Les russes espèrent sans doute que les ukrainiens sortiront quand l'étau va se resserrer, mais s'ils ne le font pas, s'ils se préparent depuis plusieurs mois à tenir un siège, ça risque de durer un long moment et consommer beaucoup de ressources en évitant que celui d'en face ne fasse pas un nouveau coup comme à Koursk qui poussera à réorienter des moyens. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui bien sûre, on ne soutient pas la Russie pour se donner une belle image de respectabilité mais on est juste farouchement contre l'Ukraine et ceux qui osent l'aider. On passe ses journées à vouloir expliquer que c'est en fait une saloperie dont il faut prendre ses distances, qu'il ne faut pas les soutenir, on relativise tout le temps et tout sur la Russie, mais ce n'est pas un soutien... C'est une attitude qui fait les affaires et les intérêts de qui ça? Petite analyse comportementale: Est-ce que cet homme torse nu est-il un supporter de l'OM La réponse est "non", il est juste contre le PSG... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
La plupart de ces chars transformés en "tortue" anti-drones le sont justement en raison d'un système d'arme défaillant (tourelle HS, éléments inopérants etc...). On en fait un appât à drones d'ouverture d'itinéraire, mais ils ne vont pas faire du combat. -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Pol a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Et l'accord avec la Chine? Une allégeance également ? Une vassalisation? Les achats énergétiques, c'est quoi? 10 ans? 15 ans? En vérité le gros perdant sur l'achat énergétique c'est la Russie. Elle voit tout son marché occidental lui échapper, c'était pourtant son principal instrument de soft power qui lui donnait du poids, de l'influence sur l'Europe (avec son lot de corruption politique qui était lié aux "cadeaux énergétiques" faits ici et là), désormais il ne lui reste plus que le hard power de l'armée. Non, la Russie ne va pas vendre ce que nous n'achetons plus à d'autres dans les mêmes proportions. Je sais que votre envie aurait été qu'on fasse une guerre commerciale avec les USA, qu'on quitte l'Otan, que limite on lui fasse la guerre, mais encore faut-il nous expliquer ce qu'on aurait gagné à cela? La realpolitik c'est de comprendre la situation comme elle est, c'est qu'à défaut de gagner il faut également savoir s'en sortir le mieux possible avec le moins de casses possibles. Oui publiquement et médiatiquement on doit satisfaire l'égo de Trump, de sa vision pour passer à autre chose, c'est comme ça aujourd'hui, ce sera autrement après lui. Il y a des gens qui ne comprennent toujours pas qu'on ne peut pas du jour au lendemain rompre tout contact avec les américains pour une quelconque fierté idéologique. Nous ne sommes pas la Corée du Nord ou d'autres pays qui peuvent se permettre de faire des coups de mentons contre les américains pour dorer leur image politique (tout en s'écrasant comme l'Iran, quand les mots cèdent la place à une confrontation plus réelle et concrète). Tout cela c'est de la futilité politique à laquelle on donne beaucoup trop d'importance et de sens. Ce qui compte, c'est notre intérêt tel qu'il est aujourd'hui. C'est de se dire si on peut se permettre une guerre commerciale juste pour satisfaire une opposition idéologique aux USA ? C'est de savoir s'il est plus intéressant pour notre pays d'être allié ou d'être ennemi des américains ? On a parfois l'impression de lire les souhaits du Kremlin, son rêve de voir les USA s'isoler des européens, de voir l'Otan disparaitre, de voir des barrières se lever. N'est-ce pas côté russe qu'on se faisait des films sur un Trump qui viendrait foutre son bordel? N'est-ce pas eux qui aujourd'hui sont un peu déçu que la dérive n'aille pas plus loin que ça et que petit à petit ça ne se passe pas comme prévu? Certains imaginent encore que les USA qui cherchent à vendre leur gaz et leur pétrole au monde entier vont chercher à faire de grands projets énergétiques avec les russes (la concurrence)? Ben non, le chemin est au contraire bien tracée pour couler cette concurrence car ça profite aux américains. Détruire l'offre énergétique russe est avantageuse pour les américains comme détruire son offre dans le domaine de l'armement. Nous n'allons pas défaire en 6 mois des décennies de liens économiques, on ne peut pas le faire avec les américains, comme on ne peut pas le faire au sein de l'UE ou même avec la Chine. Tout doit prendre du temps et se faire intelligemment. Plutôt que de se dire qu'on remplace le gaz russe par du gaz américain, il faut aussi saisir que dans le même temps on s'oriente vers une diminution de la consommation, même les allemands se relancent dans le nucléaire. -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Pol a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Nous sommes face à quoi en vrai? Celui de faire plaisir à l'égo de Trump, donc on se retrouve avec un accord qui va lui permettre de faire valoir sa politique auprès de son public. Pour l'Europe on tourne la page et on stabilise la situation du moins pour la période ou Trump sera au pouvoir, après on pourra faire un nouvel accord avec un nouveau président qui aura peut-être comme politique de défaire tout ce qu'il a fait. C'est donc terminé le spectre de la guerre commerciale, du risque d'engrenage avec des tarifs à 50 ou 100%, une spirale de la surenchère et tout ce qui faisait peur depuis des mois. Au final 15%, on peut se dire que c'est plus chiant que rien, mais on sait désormais à qui s'en tenir. Derrière on a aussi de gros chiffres qui vont donner à Trump l'idée d'un accord formidable pour les USA. De gros investissements qui vont se faire, mais en vrai c'est englober des investissements qui se font déjà ou qui ont été annoncés (ceci sur plusieurs années), c'est du genre CMA-CGM et ses 20 milliards. En fait les investissements aux USA des européens comme des USA en Europe sont déjà très élevés depuis longtemps, mais il fallait un gros chiffres pour Trump qui donne presque l'impression qu'on lui donne des centaines de milliards. C'est pareil pour les armements, c'est une continuité de ce qui se passe et c'est aussi là qu'on va y glisser les achats d'armes au profit de l'Ukraine. L'achat de gaz ou de pétrole en lieu et place de ce qui est importé de Russie, pareil, la continuité d'une politique qui date d'avant Trump. Effectivement nous mettons par écrit beaucoup de choses déjà en cours et surtout on le tourne d'une façon ou il n'y a que les USA qui "gagnent", c'est agaçant, mais c'est un moyen de calmer Trump dans sa guerre commerciale qui disons le aussi, l'a foutu au pied du mur plus d'une fois, à telle point qu'il a été incapable de tenir ses tarifs douanier bien longtemps. La France exporte pour 50 milliards aux USA. Vous enlevez les secteurs "stratégiques" qui ont des exemptions comme l'aéronautique, on doit être moitié moins. 15% de 25 milliards représente 3,75 milliards (que les américains payeront ou qu'on cherchera à compenser par une baisse de prix (certains pourront se le permettre) ou par des subventions...). L'effet à long terme serait peut-être une réduction de nos exportations si le consommateur américain boude pour des raisons financières ces produits (à condition d'avoir aussi des alternatives), mais voilà. Pour nous, français, si la grande guerre commerciale avec Trump se résume qu'à cela? Ben franchement, c'est limite négligeable et c'est à nous derrière de jouer finement en cherchant à réduire nos importations américaines sans jouer justement au même jeu des taxes. Alors oui, pour d'autres pays, ce ne sera pas la même sauce et ce seront aussi à eux de se poser les bonnes questions. Pour les USA, ce n'est pas non plus du tout gagnant, l'effet inflationniste se manifestera sur différents secteurs. Tout le problème de la politique de Trump, c'est que pour en mesurer et en constater les bénéfices, il faut un temps assez long, chose qu'un prochain gouvernement ne cherchera pas forcément à valider, car préférant peut-être combattre l'inflation au profit des consommateurs américains. Du côté européen on est sur un moindre mal en attendant possiblement un tel changement, on cloue des planches aux fenêtres en attendant que la tempête Trump passe. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Ceux qui soutiennent la Russie ont besoin de trouver une cause juste. C'est depuis des années le travail de la propagande et forcément les gens qui nagent dedans (parfois sans le savoir tant les habitudes, les algorithmes et autres finissent par vous mettre dans un "tunnel") vont répéter le narratif. Il est facilement identifiable et il revient à chaque fois, c'est bien entendu tout l'aspect "nazis", c'est de faire de Zelensky le pire des salopards, égoïste, corrompu et sans coeur. C'est de dire que les ukrainiens meurent massivement pour les intérêts des occidentaux, de mettre en avant l'idée d'un système totalitaire qui va envoyer son peuple à la mort. Tout cela est une propagande qui s'adresse à tout le monde, tant aux russes, qu'aux ukrainiens ou aux étrangers. Constatons une réalité, la plupart des groupes néonazis et extrémistes dans le monde sont bien plus admiratif de Poutine et de la Russie que de Zelenski et de l'Ukraine. Pourtant ça devrait être le contraire. Le problème du Kremlin c'est juste le "nationalisme" ukrainien et ils vont diaboliser les nationalistes extrémistes, ils vont les généraliser pour instaurer une peur, une menace qui doit justifier leur attitude, leur guerre. Ensuite vous allez avoir la propagande à destination de l'occident, celle qui va nous répéter sans cesse que les sanctions ne servent à rien, que les perdants c'est nous, que chaque truc qu'on va envoyer en Ukraine conduit à détériorer nos conditions économiques et sociales, qu'il y a "mieux à faire avec...", que cela affaiblit nos armées etc. Je ne vais pas entrer dans le détail également des manipulations d'opinions, propres à chaque pays. Puis il y a aussi la propagande qui doit servir au moral des russes. La victoire n'est qu'une question de temps, la Russie ne peut pas être vaincue (on citera Napoléon et Hitler pour s'en convaincre), les ukrainiens n'auront bientôt plus d'hommes, ils se font massacrer, tous les russes sont des "volontaires" et ils sont tous enthousiastes à faire la guerre. Sans oublier la gloriole autour de Poutine, il est adoré de tous, il a raison sur tout, il sait ce qu'il fait (le grand joueur d'échecs...), il sait ou il va, il faut lui faire confiance, de toute façon c'est lui ou le chaos, il n'y a pas d'autres alternatives. Tout va bien, l'économie va à merveille, les sanctions ont permis au pays de mieux se développer. Sans oublier qu'on a mis aux russes des oeillères, chez eux on ne parle jamais des pertes, on fait comme si en raison d'un volontariat, ce n'est pas grave, on paye (réellement) le silence des familles et des combattants avec des primes. Il y a 5 ans un soldat russe qui mourait en Syrie, le type on l'affichait à la télé, limite qu'on lui faisait une statue et qu'on donnait son nom à une rue (un peu comme chez nous), aujourd'hui tu peux en avoir 100 par jour comme lui, c'est limite qu'on va préférer parler des drones qui ont été envoyés sur Kiev avec des gens qui disent "on est trop fort ; on se retient ; on pourrait raser la ville (le pays et tout l'occident) si on le voulait". Un déni des pertes, des difficultés et une auto-persuasion sur le fait que tout va bien, que tout va bien se passer. Jamais l'ombre d'un doute militaire malgré toutes les difficultés qui sont observables depuis le début de ce conflit? Ce n'est pas parce qu'il y a des "avancées" qu'il faut nier les difficultés, est-ce qu'à travers l'Histoire, celui qui avançait ou qui pouvait gagner des batailles a toujours été celui qui gagnait la guerre? Face à un conflit qui pourrait encore durer des années, la lassitude de la guerre peut très bien s'installer en Russie et peu importe qu'on mette en avant une progression de 200m ici ou là sur le front, au bout d'un moment ce qui aujourd'hui peut et doit servir à garder confiance pour poursuivre la guerre peut demain devenir sans importance devant une guerre qui s'éternise, une situation économique qui se dégrade et diverses autres agitations. Mais ça aussi la propagande russe et les soutiens de la Russie va le balayer d'une main, pour eux il n'y a pas d'alternative, le temps qui passe ne fait qu'augmenter une acceptation grandissante des sacrifices ceci alors même que ceux qui sont au Kremlin se souviennent bien que dans l'Histoire russe, il n'y a pas que la grande guerre patriotique en exemple, il y a aussi l'Afghanistan, il y a la première guerre de Tchétchénie, des guerres ou on a vu que les pertes, le temps, les problèmes politiques et économiques peuvent amener à l'échec militaire. Tout n'est pas juste une question de savoir le mal qui est fait en face, de savoir si ça va avancer ou de se dire "on est plus nombreux, alors au bout d'un moment, mathématiquement, il n'y aura plus personnes en face à combattre". -
C'est là qu'on voit justement le besoin indispensable et essentiel de la phase de réflexion (celle ou nous sommes) avant la phase d'équipement. On va tester des concepts d'emplois, on va chercher à optimiser l'usage Il faut savoir comment nous allons intégrer le drone dans nos unités, la place qu'il occupera, qui va l'utiliser, les rôles. Même les russes et les ukrainiens (malgré une grande consommation de drones) n'ont pas vraiment intégré le drone dans leurs unités, il s'agit d'un complément (devenu central), des équipes spécialisées qui vont faire que ça. Mais que ce soit du côté russe ou ukrainien, les combattants au sol ils ne mettent pas en oeuvre des drones, ils ne bénéficient pas non plus du flux d'images, parfois au mieux dans des opérations coordonnées avec une équipe de dronistes, il y aura une liaison radio, mais c'est loin d'être optimale. Chez nous (comme dans d'autres armées) on cherche à intégrer le drone de manière large. -Les premier besoin est de pouvoir l'intégré à un niveau "non spécialiste", ce qui veut dire que le drone doit être mis en oeuvre chez un simple soldat. L'idée c'est qu'il y ait dans un groupe de combat (7 hommes) au moins un système de drones lui permettant de l'utiliser pour son propre besoin, sur une zone resserrée. Puis c'est aussi de donner une capacité de frappe à ce groupe avec sans doute du drone type FPV. Comprenons qu'il n'y a pas besoin de centaines de milliers de drones. On peut donner à un groupe un système d'un opérateur avec 2 drones peut-être 2-3 drones suicide. En soit il ne faut pas plus (ou le mettre de toute façon?) et c'est déjà beaucoup quand on sait le périmètre d'action d'un groupe de combat. On est sur des liaisons radios ou filaire courte, une autonomie dans l'usage, une capacité de réponse directe. Une section déployée et vous allez déjà avoir un potentiel de 4 drones d'observation et une dizaine de drones type FPV qui peuvent venir taper le moindre type débusqué. -Un second besoin peut se manifester au niveau des sections d'appuis (je reste dans l'organisation infanterie). Il s'agira là encore d'une intégration du drone en complément par exemple du MMP. Il pourrait disposer d'un drone d'observation plus développée pour une autonomie plus large avec une capacité de désignation permettant le tir au-delà de la vue directe pour le MMP ou par choix (cible de faible valeur) par l'usage d'un moyen "low cost", un drone de type Colibri. C'est à voir ensuite si on cherche par exemple à donner aux opérateurs de MMP comme double dotation, si on souhaite transformer (l'abandonner en fait) le groupe de mortier de 81mm pour le spécialiser sur drones. En fonction de cela on va définir s'il faut un véhicule particulier ainsi que les quantités de drones. Mais moi je pense qu'avoir 3 Colibri pour un MMP est suffisant. -Un troisième besoin va s'identifier dans la compagnie d'appuis. C'est ici qu'à mon avis il est nécessaire de créer une section spécialisée de dronistes (une section = plusieurs groupes = plusieurs équipes). Là on entre dans un style proche des équipes FPV qu'on observe dans le conflit ukrainien, c'est à dire des équipes qui vont avoir des drones pour de l'observation avec des équipes qui derrière vont avoir une grosse quantité de drones FPV. Ainsi ou peut imaginer une équipe avec un observateur (2-3 drones en stocks avec des batteries en rab) puis 2 opérateurs disposant 20 FPV chacun. Si un jour on se retrouve dans une grosse guerre et qu'on souhaitera densifier et augmenter l'usage des drones FPV, c'est là qu'on renforcera le dispositif. Je pense qu'il serait bien pour la France par rapport à notre format d'armée actuelle, de disposer de 2 régiments spécialisés en drones (dont le 61e RA). Ces régiments devront mettre en oeuvre des drones tactiques armés du type Patroller pour 1/3 de leurs jobs. Un autre tiers devra être axé sur des drones de frappes à longue distance comme les Shahed mais c'est aussi là que je verrai bien en doublon une capacité balistique sol-sol (je ne parle pas du remplaçant du LRU qu'on laissera au 1er RA. Là aussi c'est un secteur qu'il faudra densifier et augmenter en cas de besoin. Le dernier tiers devra s'articuler sur les essaims de drones intelligents qui seront programmes (donc indifférents au brouillage) ou capable (à terme avec l'IA) d'identifier des cibles. Côté FS, la création d'une unité spécialisé. Illustration d'une action de ce genre d'unité, parachutage à haute altitude de nuit pour infiltrer une zone, pour la surveiller ou pour y effectuer une neutralisation à l'aide de drones. L'élimination de HVT ou des opérations du genre de celles ou l'on a vu les ukrainiens taper des bombardiers au milieu de la Russie. Je pourrai parler du génie, de la cavalerie ou d'autres encore, mais pour moi l'enjeu de la masse et de la transformation à faire se jouera ci-dessus. Le drone étant très évolutif, on doit accepter et comprendre qu'il faut plus miser sur une capacité industrielle (quitte à la subventionner) que sur un stockage massif de drones. La dotation initiale à acquérir et à maintenir ne doit pas se comparer à la consommation massive qu'on observe en Ukraine. Il ne faut pas non plus désormais se dire que tous les conflits à venir que nous ferons seront de la même intensité qu'en Ukraine. Comprenons que même si on engage l'armée française dans un conflit de haute intensité, on parle de 2 brigades, donc notre "consommation" en drones ou munitions est proportionnellement liées à cela. Il ne faut pas se mentir, même dans un scénario fictif ou on serait dans la situation de l'Ukraine, on aurait bien plus de mal à trouver du monde qu'à produire des drones en masse. En janvier 2022, la capacité de production ukrainienne de drones était quasi nul, il n'avait pas de stocks de FPV ou je ne sais quoi, tout a été fait ensuite et j'ose penser que la France qui part avec un meilleur tissus productif serait capable de faire la même chose. Notre "problème" actuel c'est que nous ne sommes pas en guerre et que nous n'avons tout simplement pas besoin de produire des centaines de milliers de drones pour équiper notre armée, que nous ne consommons pas non plus ces drones au combat. La dotation initiale pour doter notre armée c'est quelques milliers de systèmes, c'est tout, nous n'avons pas non plus besoin de stocker des drones par millions alors que dans 3 ans ils seront presque déjà dépassés. On a la "chance" de voir cela de loin plutôt que de le subir comme les russes et les ukrainiens. Nous n'avons pas à les jalouser ou les envier. Ce regard lointain doit nous donner le bon retex sur ce qui marche et ce qui ne marche pas, ce qu'il faut faire et ne pas faire, les points d'améliorations.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Même s'il y a encore des gens qui restent ancrés dans les vieilles habitudes, qui vont avoir du mal à penser différemment, le drone devient aujourd'hui (et le sera sans doute plus demain) un élément fondamental du champ de bataille. Les russes et les ukrainiens qui sont en guerre vont en consommer une masse et c'est sans doute le drone qui aujourd'hui est le point le plus bloquant à la progression de troupes/véhicules au sol. Vous avez des équipes de drones FPV qui vont avoir 50 drones à leurs côtés et qui vont les utiliser à la chaine. C'est de l'hyper consommable et aujourd'hui il vaut mieux avoir une équipe de drones de ce genre en appui plutôt que d'avoir un canon de 155mm ou un mortier à l'arrière. La précision (liée à l'observation et la maniabilité) et la réactivité, elle est juste folle. Le coût est plus que faible. On a vraiment l'impression qu'aujourd'hui la guerre de production tant du côté russe qu'ukrainien, ça ne se joue pas sur les aéronefs, les chars, les blindés, l'artillerie ou d'autres éléments, mais bien sur l'aspect drones et anti-drones. Il est bien de s'interroger sur le rôle du fantassin, car en effet dans ce conflit son ennemi principal c'est le drone. C'est parfois limite du tir au pigeon. La plupart des pertes aujourd'hui, sont liées aux drones, ce n'était pas le cas il y a 3 ans, mais ça l'est devenu et le besoin des deux camps semblent s'articuler de plus en plus sur les drones, faut savoir l'analyser. La guerre de demain va être une sale guerre et ces drones finiront très vite par équiper également tout un tas de groupes armés non étatiques. On en voit déjà les premiers signes. Dans 10 ans, tenir par exemple des FOB comme on le faisait en Afghanistan deviendra tellement plus complexes avec cette menace. Ceux d'en face peuvent s'approcher et balancer une centaine de drones et foutre en l'air tout le dispositif présent, bien loin des tirs aléatoires de roquettes ou d'obus de mortier. Moi je conçois déjà très bien les opportunités qu'offrent ces drones. Rappelons l'attaque des ukrainiens contre les bombardiers russes, on se dit que c'est la guerre, que c'est normal, mais ça peut arriver n'importe ou, cela peut se faire par n'importe qui, n'importe quand y compris contre le civil. Récemment un responsable iranien disait qu'un drone pourrait frapper Trump dans sa résidence (avec son golf) en Floride, une menace en l'air mais c'est tellement révélateur, vous passez largement toutes les mesures de protections habituelles (murs, gardiens...) pour venir trouver et frapper votre cible. Inquiétons nous, car c'est à la portée de presque tout le monde. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
La taille de la zone importe peu, car on est sur des "points" de présences. Les villes (ou parfois gros villages) mentionnées vont avoir une base de l'armée malienne mais l'espace autour c'est ouvert. Il y a bien entendu tout une liste de groupes armés différents mais le problème pour Bamako, c'est qu'il est l'ennemi commun et que ces groupes peuvent parfaitement s'entendre (pas s'allier) pendant un temps pour ne pas se combattre entre eux. Ce sera plus difficile avec l'EIGS qui cherche en permanence à tout dominer. L'EIGS se trouve cependant aujourd'hui bien plus présent dans le centre que vers le Nord, on peut encore en trouver des traces vers la zone Ménaka et la frontière du Niger. Nos actions au Mali a poussé la majeure partie des groupes terroristes sur la zone des trois frontières, délaissant le Nord. Au jour d'aujourd'hui les touaregs (plusieurs groupes) sont assez "libres" dans le Nord vis à vis des GAT. Leur ennemi principal c'est l'armée malienne et les russes. Contrairement à ce qu'on pense, le verrou du Nord actuel de l'armée malienne, c'est Anéfif et non Kidal. Si les touaregs parviennent à isoler Anéfif (on bloque les flux qui entrent et sortent), il y a une forte chance que Tessalit, Kidal et Aguelhoc tombent dès qu'ils décideront d'attaquer. Ailleurs (Gao, Tombouctou...) les touaregs ne sont pas en situation de mener grand chose à court terme. Ce sont plutôt des zones ou on va avoir le JNIM qui pourrait profiter de mener des actions pendant que les touaregs mènent une offensive au nord. Le danger pour Bamako c'est l'effet boule de neige, c'est l'effet démoralisant de défaites, des actions armés subites contre ses forces pouvant se faire un peu partout. On pourrait alors revoir des situations de paniques, d'abandons, de désertions qui iraient offrir des victoires et des prises inattendues pour ceux d'en face. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Nouvelles sanctions visant principalement le pétrole russe. https://www.lefigaro.fr/conjoncture/guerre-en-ukraine-l-ue-adopte-un-18e-paquet-de-sanctions-contre-la-russie-20250718 Rappelons le principe qui est de casser l'offre russe pour réduire ses gains en imposant un prix plafonné (désormais à 45$) sur lequel les transporteurs (navires pétroliers) et compagnies pétrolières sont soumis de le respecter (on ne va pas entrer dans le détail des procédures) sous peine de sanctions. Étant donné que les grands groupes font des affaires un peu partout dans le monde et qu'il y a une majorité occidentale parmi eux, l'effet est réel car l'essentiel du pétrole russe est transporté par voie maritime. En soit la Russie est toujours libre de vendre un pétrole au prix de 45$ le baril (auparavant 60$), mais le manque à gagner est là. Pour contourner les sanctions, les russes ont constitués une flotte "fantôme" qui va permettre par exemple à la Russie de vendre plus cher que le plafond des sanctions mais moins cher que le prix du marché pour capter des clients. En gros les russes vont vendre à 65$ au lieu de 60$ alors que le marché est à 70$, voilà à qui va servir la flotte fantôme, faire plus de recettes même si ce n'est pas au prix du marché.. Forcément à 45$ ça va se compliquer et dans ces sanctions il y en a qui visent les navires de la flotte fantôme. La Russie est un gros exportateur de pétrole, ces sanctions on un effet qui est en réalité "positif" sur le prix du marché, car ça va créer une forme de concurrence déloyale. Le but n'est pas tant de réduire le volume de pétrole russe sur le marché, mais c'est de réduire les revenus du Kremlin. Ce n'est pas un embargo ou je ne sais quoi, même si côté de l'UE on s'est engagé pour ne plus importer de gaz et de pétrole russe d'ici 2027. Ces sanctions visent également les systèmes détournés via d'autres pays comme une raffinerie de Rosneft en Inde, mais aussi certaines banques. Il est plus que probable que dans quelques semaines, Washington se joigne à la danse. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Mouvements en cours? On entre dans la saison des pluies et le convoi qui partait de Gao pour Kidal a aussi vocation de permettre une certaine autonomie sur place dans cette période qui peut complexifier la logistique. Pour l'instant il est bloqué à Anéfif. Quand on connait la tactique des touaregs, on sait parfaitement que leur logique est d'éviter l'affrontement direct et de chercher à isoler l'adversaire pour l'affaiblir, l'attaquer sur de petites unités isolées (type harcèlement) avant de frapper un coup plus décisif. Ce message est-il à prendre au mot ou c'est juste pour foutre un peu le bordel? Ce qui m'interpelle, ce sont des petits détails comme le fait que ce soit le "communiqué n°001" ou encore "les chefs des opérations". Attendons de voir. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Après les 2 véhicules qui ont sautés sur des mines du JNIM peu après son départ, le convoi vers Kidal poursuit son chemin... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
SOS dépannage -
Moi quand je regarde ce qu'on fait en ce moment, ce qui est prévu dans les années à venir, je me demande qu'est-ce qu'on aura à financer comme remplacement d'équipements obsolètes entre 2032 et 2040 avec un budget qui sera peut-être à 80 milliards. Car même si certaines choses vont continuer d'être livrés au début des années 2030, le financement l'aura été auparavant. Je ne vais pas dans le détail ou des subtilités, je fais en gros un point de situation du matériel en service en 2030-2035 Dans la marine: Pour l'armée de l'air: Pour l'armée de terre Quand on fait un petit tour rapide d'horizon, on se dit que forcément d'ici quelques années, si le format ne change pas, une hausse budgétaire massive deviendrait presque ridicule, car on serait dans cette situation ou on ne saurait plus trop quoi faire. Bien sûre que d'ici là on va vouloir investir dans de l'infrastructure, dans des munitions, dans de la MCO. Mais là aussi, je pense que déjà dans 5 ans notre regard sera bien différent d'aujourd'hui ou on est dans une logique de renforcer nos stocks. C'est pour ces raisons qu'il est important de comprendre qu'on a sans doute déjà franchit une étape, celle ou on va pouvoir revoir le format de nos armées, celle ou on va pouvoir faire plus sans avoir à trancher sur d'autres programmes. Bien qu'on puisse encore ces 2 ou 3 prochaines années devoir faire des priorités par rapport à certains besoins urgents, on est déjà dans une phase de renforcement des moyens, de densification des forces ou la plus forte contrainte est celle de la ressource humaine. On va passer d'une période d'un manque d'argent pour équiper correctement nos hommes à une période ou on va manquer d'hommes par rapport à un budget qui permet de faire plus. C'est ainsi qu'on doit comprendre qu'il sera plus facile de commander 30 Rafale et 3 frégates pour 5 milliards d'€ qui vont peut-être demander un effort de 500 hommes que de commander 1000 véhicules de transport de troupes à 1 milliard mais qui demanderaient un effort de 10 000 hommes. On est déjà dans un effort de 6300 postes d'ici 2030, je pense qu'on peut en rajouter 5000 d'ici 2035 mais qu'il ne faut pas voir plus grand. On regardera déjà dans 5 ans comment on arrive à maintenir le flux et à gérer la fidélisation Enfin cette situation qui s'ouvre à nous, va permettre d'aborder un service militaire (sans débattre du comment il sera) de manière moins complexe en terme de budget. C'est sûre qu'on ne va pas refaire un service à l'ancienne, mais on pourrait trouver un truc intéressant pour faire de la masse "exploitable"
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Il est en effet très important de comprendre le cumul des milliards sur plusieurs années car sinon on finit par avoir un regard réducteur des hausses. Je le vois depuis hier (pas forcément ici) beaucoup de personnes vont se dire que l'effort annoncé de 3,5 milliards en 2026 et 3 autres en 2027 revient en fait à donner aux armées une enveloppe exceptionnelle de 6,5 milliards, donc pas grand chose. Hors c'est bel et bien une hausse budgétaire qui se rajoute à une hausse déjà planifiée Ainsi ce qui a été annoncé hier revient à injecter dans l'actuel LPM: + 3,5 milliards en 2026 ; + 6,5 milliards en 2027/2028/2029/2030 Soit un total de 29,5 milliards sur 5 ans. On a quand même un budget qui va passer de 50 à 64 milliards en 2 ans, nous ne sommes pas en guerre. Cela remet aussi en perspective l'époque ou on était là à pointer du doigt le (sur)coût de nos opex, qu'on présentait comme exorbitant, très coûteux et que si on arrêterait de faire ces opex on dégagerait quelques centaines de millions qui selon certains, devaient presque reconstruire toute l'armée et lui donner un 2e porte-avions, une nouvelle frégate chaque année etc.. On voit bien qu'on part de très loin, que malgré déjà tous les milliards injectés, il a fallu des années avant qu'on soit comme aujourd'hui en situation de pouvoir faire plus, de reprendre des forces.
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La réserve, il ne faut pas en parler, il faut s'y engager.
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Il est toujours facile de venir après coup dire ce qu'il fallait faire. Inutile de faire une fixette sur Macron, car dans les autres pays, je ne crois pas qu'on a vu des mesures exceptionnelles et j'attends encore de voir ce qui va se concrétiser des grands discours polonais ou allemand dont ces effets d'annonces ont un rôle dissuasif. Ces 3 dernières années, il faut bien comprendre notre situation. Nous ne sommes pas en guerre comme la Russie ou l'Ukraine, ne faisons pas comme si on serait dans leur situation et qu'on devrait copier leurs efforts de guerre. En 2022 quand la Russie a envahit l'Ukraine, il était pour la France impossible de revoir à la hausse le budget militaire car un budget ça se valide l'année d'avant. Nous avions qui plus est une élection présidentielle. Notre rôle à ce moment était d'aider au mieux l'Ukraine et on se mettait des barrières importantes (armes défensives, limites d'usages, etc...). Qui plus est la Russie était bien mal au point au moment ou nous étions à valider le budget de l'année 2023. On a refait la LPM en 2023 dans cette ambiance avec forcément en fin d'année la validation de la trajectoire financière pour 2024 liée à cette LPM. En 2024 on a réorienter certaines priorités pour acquérir et renforcer certains segments (drones, lutte anti-aérienne/drones etc...) 2025 c'est la seule année qui reste sur les bases de la LPM avec un gros blocage de vote du budget en fin d'année 2024. Maintenant pour 2026 on va ajouter 3,5 milliards de plus que prévu, soit une hausse de 6,5 milliards sur un an. Je crois que certains ont la mémoire vraiment courte sur les périodes ou obtenir ne serait-ce que 200 millions de plus sur un budget des armées en stagnation (quand on ne lui demandait pas de faire des économies, ahh le surplus des opex...). Je me souviens sous Sarkozy, le grand "plan de relance" ou on voyait l'armée obtenir environ 1,5 milliards (achetant au passage le 3e BPC, désormais PHA), on avait l'impression que le ministère avait touché un jackpot. Aujourd'hui on va avoir 6,5 milliards et on fait la fine bouche, tout en faisant semblant de ne pas voir notre déficit, notre dette, notre croissance...
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Il fait le service minimum sur un court terme. Il va falloir en fin d'année faire valider un budget dont on réclame 40 milliards d'économies alors qu'il n'y a pas une majorité qui lui assure d'obtenir cela, histoire de remettre un peu le contexte... On sait que 2027 (ça va vite venir) on a quoi qu'il arrive un changement à la présidence et je pense qu'on devra attendre le programme du vainqueur pour voir au-delà de l'actuelle LPM. Reste aussi la question de savoir si l'effort d'ici 2027 est complémentaire ou simplement un avancement budgétaire. Je pense que c'est en plus, donc que la loi restera dans sa perspective qui verra 2028/2029/2030 avec des hausses de 4,3 milliards. On se retrouvera alors en 2031 avec un budget d'environ 77 milliards. On est donc assez loin de la centaine de milliards (mais qu'on pourrait atteindre vers 2035 si n poursuit la hausse) L'effort supplémentaire représente un complément de presque 30 milliards d'€ sur l'ensemble de la LPM. On sait parfaitement qu'il est presque impossible de sérieusement revoir le format de l'armée en raison de la problématique de la RH. On sait également que nous avons des limites industrielles qui font que même si on le voudrait, il y a des choses qu'on ne pourrait pas produire plus vite. On reste donc sur le renouvellement, la consolidation, la densification de ce que nous avons. 30 milliards, s'ils vont uniquement dans l'équipement ou les munitions, ce n'est pas rien non plus. On peut financer la trentaine de Rafale (environ 3 milliards) et les 3 frégates de plus (1.5 milliards) comme augmentation de format à la fin de la LPM. Ensuite on pourra avancer certains programmes en cours ou qu'on prévoyait un peu plus tard. Ces perspectives ont déjà été annoncées et elles sont humainement acceptable, par contre il ne faut pas s'attendre à des commandes de milliers de blindés supplémentaires qui nécessiteraient de recruter des dizaines de milliers d'hommes, de créer de nombreux régiments etc. Sauf à restaurer le service militaire obligatoire, l'armée française ne peut pas prendre la masse qu'on imagine, surtout dans le terrestre. Je ne vais pas défendre Macron, mais une chose est vraie, nous faisons déjà un effort de rattrapage important en cours. Les limites entre les commandes, les limites de productions industrielles et les livraisons fait qu'effectivement, beaucoup de choses qu'on a déjà financé ne se verra pas avant plusieurs années. On a par exemple commandé en décembre 2023, 42 Rafale, livraison entre 2027 et 2032. C'est également comme ça pour d'autres matériels, que ce soit des blindés, des navires. On sait pourtant qu'il ne faut pas croire qu'on va démultiplier nos forces en 2 ou 3 ans. Même si on commande 30 Rafale dans 6 mois pour augmenter notre format, on en verra la couleur que dans 5 ans et on profitera de l'effet de la hausse capacitaire que dans 10 ans. C'est pareil pour les 3 frégates. Oui c'est chiant, oui on aimerait avoir ça tout de suite, mais il faut parfois être réaliste avec nos capacités et nos limites industrielles et humaines. L'effort ne peut être qu'incrémental sur une longue durée avec une phase (actuelle) d'optimisation, de consolidation de ce qu'on a dans un spectre moins visible (maintenance, munitions, infrastructure, industriels) afin de pouvoir préparer et absorber sereinement ce qui viendra "en plus". En attendant on peut chercher à jouer de la réserve, réfléchir en une forme de service militaire pour trouver une certaine masse humaine à qui on doit donner un rôle actif au quotidien de l'armée.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est ce que je dis depuis un moment, nous observons ce conflit avec une loupe pour des combats qui sont à l'échelle d'une section généralement. 90% du front ne bouge même pas, il y aura peut-être quelques tirs/drones ici ou là mais on est face à 2 armées qui campent dans leurs positions séparées par un "no man's land" qui est surtout la conséquence de la menace drone. Ailleurs dans les 10% restant vous allez avoir quelques points de pressions ou les efforts se concentrent car aucun des 2 belligérants ne peut exercer cette pression sur l'ensemble du front, par manque de moyens. Mais même sur ces points là, nous n'assistons pas à des batailles massives. On va évoquer une "avancée russe", comme si on avait des brigades russes complètes à l'offensive qui écraseraient l'armée ukrainienne, mais non, très souvent c'est l'action d'une petite section qui va prendre un point de terrain et derrière vous n'avez pas des divisions qui vont s'engouffrer pour faire une percée jusqu'à Kiev. C'est pour ça qu'il faut prendre du recul avec les avancées russes, car elles se font très souvent sur un "no man's land" dans lequel les ukrainiens limitent leur présence et dans lequel ils cherchent à faire le maximum de dégâts quand les russes vont y avancer. Ce no man's land est évolutif, si les russes vont avancer d'1km, les ukrainiens le feront reculer proportionnellement de la même façon. Imaginez un point du front. Vous avez d'un côté la ligne russe et de l'autre la ligne ukrainienne séparées par un no man's land de quelques km. Sur ce dernier vous allez avoir 3 positions séparées d'1km l'une de l'autre qu'on va appeler A,B et C. -Le point A est le plus proche de la ligne russe, c'est donc par là que les russes devront passer pour avancer. Sur ce point là les ukrainiens vont maintenir qu'un très faible dispositif défensif, par exemple un groupe voir même une simple équipe, car c'est le point ou les russes vont concentrer leurs tirs et leurs drones. -Le point B est au milieu, il y aura un peu plus de monde. -Le point C sera celui qui est le plus proche de la ligne défensive ukrainienne et sera sans doute celui qui aura les équipes FPV. Pour les ukrainiens, le "jeu" c'est d'attendre que les russes avancent sur A pour les frapper (essentiellement à coup de drones) pour leur faire échec et infliger un maximum de pertes. Le point A quand il tombe, les ukrainiens vont transformer le point B en un nouveau point A, idem pour C et ils vont reculer leur ligne pour créer un nouveau point C et y appliquer la même tactique. Pour les russes prendre A ce n'est pas juste envoyer une section y planter un drapeau devant un drone pour dire "c'est à nous" afin que des milbloggers colorient une carte en leur faveur. Car une fois sur le point A, les ukrainiens vont y focaliser l'artillerie et les drones. Dans de nombreuses situations la section russe qui va prendre point A ne va pas tenir la position, car elle se fera détruire ou que c'est intenable (plus ça sera loin par exemple de la ligne russe, plus ce sera complexe). On en arrive à des situations ou le point A est dans une zone grise, ou les russes ne peuvent pas se maintenir et ou les ukrainiens cherchent même à le reprendre. C'est ainsi que pour les russes, il ne faut pas juste prendre A, il faut prendre B pour le sécuriser et pour que les ukrainiens focalisent leur attention sur lui et délaisse en partie le premier. Sauf que réussir cette manoeuvre ne signe pas la fin de la partie, car on se retrouve à nouveau dans une configuration avec un nouveau point A,B et C. Tout ceci il faut le multiplier par 100 sur les zones d'actions offensives des russes pour comprendre la complexité de la situation. Les russes ont sans doute 100 sections qui se préparent à prendre différents points A. Ces sections vont parfois passer des semaines à se préparer et à préparer leurs véhicules (on le voit avec les véhicules tortues). Puis quand vient le moment de l'assaut, bien souvent ça ne mène pas à grand chose, parfois ça passe. Toutes les actions ne se déroulent pas en même temps et au même endroit, vous allez peut-être avoir 5 sections qui agissent dans une journée sur des points très loin les uns des autres, si ces 5 font échecs, les russes chercheront à recréer 5 nouvelles sections qui agiront peut-être 1 mois plus tard, mais entre temps on parlera de l'assaut de 5 autres sections le lendemain (etc.) et s'il y en a une qui avance, on dira que les russes "avancent" mais au final on repart pour un tour un peu plus loin. C'est actuellement ainsi en permanence et généralement quand vous avez des vidéos avec un nombre important de cadavres, c'est souvent le résultat de plusieurs attaques sur un temps assez long. Les drones amènent une menace (renseignement et interception) si grande qu'il devient très compliqué des deux côtés de concentrer des forces importantes (visibles) pour mener réellement des assauts susceptibles de créer une percée qui irait déstabiliser la force adverse au point de retourner la situation (en gros une défaite militaire stratégique). La guerre peut encore durer longtemps de cette façon et elle risque de toute façon de continuer uniquement de cette façon. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
On peut voir que les attaques d'il y a quelques jours, ce n'était pas juste de petits groupes qui voulaient juste faire un peu de bruit. Ici on voit un extrait vidéo ou les terroristes organisent un immense bac à sable pour préparer leur attaque. On parle là d'une zone (Niono) ou quand nous y étions encore, était une zone pas du tout préoccupante. Je ne parle pas des autres sites attaqués encore plus à l'Ouest ou au Sud, on a l'impression d'une liberté totale de circulation pendant qu'à Bamako, on reste toujours obsédé (en dehors du pouvoir) par Kidal et le "Nord". -
Il est évident que les sons alarmistes en Europe vis à vis des capacités russes ou du risque d'invasion sont exagérés. Ce n'est pas involontaire, l'objectif est de créer la menace qui va justifier l'effort militaire auprès du peuple. C'est aussi influencer des réfractaires. On prend aussi très vite au sérieux les déclarations des russes. Souvent ces déclarations ne servent pas à nous informer mais à donner des impressions, à créer de la peur, de la dissuasion. Il suffit que Poutine annonce relever le plafond du nombre d'hommes dans l'armée pour que partout chez nous on annonce que l'armée russe se renforcerait massivement. Mais dans 5 ans il n'y aura pas plus de navires, de chars, d'avions dans l'armée russe qu'il n'y en avait il y a 5 ans. Pire encore cette guerre aura grandement participé à l'élimination des stocks de l'URSS qui participaient à une dissuasion (brouillard) conventionnel sur le potentiel global de l'armée russe. Dans 5 ans le budget allemand de son armée sera équivalent au budget russe de guerre actuel. C'est juste pour donner une certaine mesure de la chose. Celui de la France pas bien loin. On peut dire que les russes vont faire plus avec le même budget, c'est vrai, encore que la période actuelle voit le coût de la ressource humaine monter en flèche (primes, salaires des engagés etc...), le coût de la production industrielle augmente aussi. Après la guerre en Ukraine, il est plus qu'improbable que la Russie maintienne le même niveau de dépenses militaires qu'actuellement, le problème c'est qu'en face d'elle, du côté de l'Otan, on aura tout revu à la hausse. Les russes mettront des années à retrouver une armée analogue à ce qu'elle pouvait être avant février 2022. Ils n'y aura pas non plus les vastes stocks hérités de l'URSS. L'armée russe aura des capacités nouvelles à prendre en compte (comme les drones). Du côté de l'Otan nous mettrons aussi des années à monter en niveau, sauf que nous, ce n'est pas pour renouveler les pertes, c'est pour gagner en potentiel. Quand la Russie se retrouvera nouveau dans une certaine forme, il y aura face à elle des armées de l'Otan d'un tout autre niveau qui amènera justement Moscou à ne pas se considérer en situation de pouvoir agir. La situation géostratégique dans 10 ans ne sera pas formidable pour la Russie face au réarmement de l'Otan que Poutine regarde en faisant semblant de l'ignorer, de le minimiser de ne pas le comprendre La guerre en Ukraine pour l'instant continue et ce n'est déjà pas une mince affaire pour l'armée russe.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Car une guerre ça coûte et ça use, en argent, en vie, en matériel, en moral etc... Au bout d'un moment faut arrêter de faire comme si les russes font la guerre sans rien perdre. Car à force de présenter le conflit uniquement sous l'aspect ou les "russes avancent" afin de conclure qu'ils n'ont pas de raisons d'arrêter c'est passer à côté de l'essentiel. Le jeu en vaut-il la chandelle? Dépenser peut-être 100 milliards par an pour prendre des petites localités et quelques champs en Ukraine, tout en perdant des milliers d'hommes et des milliers d'équipements? C'est comme se retrouver au casino, vous mettez 10€ dans la machine, vous gagnez 1€, pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Faut pas croire, si la Russie n'arrête pas maintenant la guerre, ce n'est pas parce que cette guerre se passe bien ou parce que ils vont gratter un peu de terrain ici ou là, c'est parce que politiquement on est très loin d'une victoire pour Poutine, très loin des objectifs initiaux et que la situation de la Russie n'est pas celle d'une domination qui amènerait ceux d'en face à capituler. Donc le Kremlin ne peut tout simplement pas arrêter cette guerre car ceux d'en face ne le veulent pas en raison du fait que militairement on est loin d'avoir un déséquilibre et que de l'autre côté les "gains" actuels sont faibles pour se mettre une couronne de lauriers. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'Ukraine était et a toujours été un pays neutre, pourtant cela n'a pas empêché la Russie de l'envahir, donc il est aujourd'hui totalement illusoire d'imaginer que Moscou obtiendra une neutralité de l'Ukraine. Les 4 oblasts, c'est bien le "nouvel objectif" que la Russie s'est fixée après qu'elle ait compris qu'elle ne pourrait pas prendre toute l'Ukraine? Mais le problème c'est que même cet objectif semble inatteignable militairement. Le problème du Kremlin c'est que depuis le début du conflit il a les yeux plus gros que le ventre et que pour cette raison il se trouve aujourd'hui dans une situation ou même en arrêtant la guerre sur les "frontières" actuelles, donc avec des gains territoriaux favorables à la Russie, il serait perdant. Se fixer par exemple la conquête des 4 oblast comme un minimum à obtenir ne fait que rendre impossible une paix, car ce serait un échec politique des objectifs de Poutine, d'autant plus incertain qu'on imagine mal d'autres revendications (neutralité de l'Ukraine, désarmement de l'armée ukrainienne...) comme réalistes. La Russie a peut-être espérée que politiquement elle obtiendrait via Trump une capitulation de l'Ukraine, mais comme on pouvait s'y attendre, les négociations et autres n'aboutiront à rien car côté russe on est encore dans une logique d'obtenir tout ce qu'ils veulent sans rien céder. Mais militairement ils ne sont pas non plus capables de faire la différence et de s'imposer. Alors on aura toujours des gens qui vont enjoliver la progression de l'armée russe à un endroit, vantant une percée ou une avancée symbolique quand ils vont prendre un champ, une lisière d'arbres ou un petit village de 100 habitants (sans les habitants bien souvent). Je vais le redire, mais on regarde la carte avec une loupe. Cela fait 1 an qu'on parle des russes qui allaient prendre la ville de Pokrovsk. Ce n'est toujours pas fait car les moyens russes aujourd'hui sont juste insuffisants pour envisager des percées ou des prises de villes comme on pouvait le voir avec Bakhmut. La Russie n'est pas dans une aisance militaire ou elle peut se dire sereinement que plus la guerre dure, plus ça lui est profitable, ça c'est le discours politique, la propagande et tout le reste afin de donner l'impression que la situation ne basculera pas contre eux. On veut s'en convaincre, s'en rassurer, on veut croire que c'est écrit on va répéter encore et encore l'Histoire de Napoléon et d'Hitler pour expliquer que la Russie ne peut pas être vaincu. Mais est-ce que l'avancée des nazis à l'époque préfigurait la défaite de l'URSS? Est-ce que cette avancée devait pousser Staline à capituler pour éviter de perdre encore plus de territoires? Ben non. Pourquoi donc aujourd'hui ces mêmes russes essaient de nous expliquer que s'ils avancent, c'est le signe qu'ils gagneront cette guerre? Que les ukrainiens devraient capituler sinon ça sera pire encore demain? Il peut se passer pas mal de choses qui ne sont pas forcément logiques d'un point de vue théorique.