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Alexis

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Tout ce qui a été posté par Alexis

  1. Le stratège américain William S. Lind, notable pour sa promotion du concept de "guerre de quatrième génération" comme pour ses positions très conservatrices et fortement opposées aux néoconservateurs, a écrit ce très intéressant billet le 30 juillet. L'été 14 (original en anglais) Ma traduction :
  2. A signaler cette formule de Poutine qui peut tout aussi bien être entendue comme justification a posteriori de l'organisation du référendum sur l'indépendance de la Crimée en mars dernier, que comme la suggestion en filigrane d'une alternative pour la protection du Donbass à l'avenir. S'agissant d'un discours dans un cadre officiel donc forcément très préparé, je trouve invraisemblable que le double sens soit involontaire. La Crimée a évité le sort du Donbass en adhérant à la Russie
  3. Tel que je comprends la position officielle russe, c'est : Kiev doit suspendre son opération militaire et discuter avec les représentants des oblasts de Donetsk et Lougansk afin de trouver une solution politique entre Ukrainiens. C'est la version la plus modérée, parce que la souveraineté de l'Ukraine sur les deux oblats insurgés n'est pas remise en cause. Il y a différents niveaux de modération / de dureté à cette injonction, et Moscou prend garde de préciser qu'il reconnait "le résultat des votes à Donetsk et Lougansk" (qui décidaient l' "autonomie") et non les entités politiques qui se sont formées par la suite (républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Novorussie), laissant ainsi la porte ouverte à la version la plus douce. Une version plus dure, c'est le discours du premier ministre de la RPD, Zakharchenko, disant que la solution fédérale n'est plus possible, la Novorussie sera indépendante - mais en sous-entendant qu'il s'agit des deux oblasts en état insurrectionnel. La plus dure est celle de Borodai, le prédécesseur de Zakharchenko, expliquant que l'Ukraine ne peut que se dissocier, sous-entendant ainsi fortement que la Novorussie devrait s'étendre, on peut le deviner jusqu'à Odessa. A mon sens, la seule option raisonnable pour Kiev est de négocier effectivement avec les séparatistes et Moscou, en demandant l'appui des Occidentaux pour cette négociation, avec l'objectif de s'en tenir à une large autonomie des deux oblasts dans le cadre ukrainien (en somme, la solution proposée par le gouvernement serbe pour le Kosovo avant son indépendance en 2008). La reconquête militaire des oblasts insurgés est irréaliste quand la Russie met son veto à cette solution. En revanche, écarter le spectre d'une partition définitive de l'Ukraine devrait être jouable, surtout si les Européens se mettent de la partie en négociant une normalisation des relations euro-russes en échange de la pression de Moscou sur les séparatistes pour qu'ils s'en tiennent au résultat "large autonomie". Reste que la faisabilité d'un tel scénario repose sur deux facteurs : - La capacité des modérés de Kiev à le choisir, sans subir la pression de leurs extrémistes criant à la trahison et montant un second coup d'Etat, comme en février dernier - La capacité des modérés parmi les Occidentaux à échanger normalisation euro-russe contre maintien de la souveraineté ukrainienne sur le Donbass, sans être arrêté par la pression de ceux des Occidentaux qui ont intérêt à ruiner totalement les relations Europe-Russie, notamment les Etats-Unis Je suis assez pessimiste, mais j'espère être démenti. La fin de l'article me paraît à moi aussi remarquable : “The 5th battalion’s moral, political and patriotic spirit is really high, they are ready to fight, but to fight within reason,” said Romanyuk. “To die stupidly with no justification – someone should take responsibility for that. A government who in three months is unable to buy helmets and bullet-proof vests has no moral right to be in power during wartime.” D'une part la question de la compétence du commandement est posée, d'autre part et surtout ce genre de défaillances peut être tout aussi bien utilisé pour justifier la négociation avec les séparatistes "Nous ne sommes pas capables de reconquérir le Donbass par la force", ou (beaucoup plus probable je le crains) pour exiger un gouvernement plus "dur", un passage en économie de guerre, et la préparation de nouvelles offensives. Tout-à-fait d'accord. Même si nous avons nos défauts, nos emportements et notre part de trollage, quand on fait la somme de toutes les informations glanées par des contributeurs et repostées ici, plus toutes les analyses y compris (surtout !) quand elles divergent... on arrive à un niveau d'information et de réflexion élevé par rapport à ce qui peut se trouver dans les gazettes et autres médias grand public. Paul Craig Roberts a cette limite de surestimer le degré de contrôle exercé par le gouvernement américain sur les événements. C'est particulièrement évident concernant le 11 septembre, et d'autres exemples existent. J'ai posté il y a quelques pages son analyse où il voit un risque réel d'escalade nucléaire à partir de la guerre civile ukrainienne -je ne suis pas du tout d'accord- là aussi je le trouve alarmiste. Cela dit, il est souvent intéressant à lire, qu'on soit d'accord ou pas. Et puis je n'oublie pas qu'il a été membre d'un gouvernement américain, contrairement à... euh, pratiquement tout le monde. :) Ce genre d'expérience en fait une voix à écouter, même si on pense comme moi qu'il "surréagit" par rapport à l'impérialisme américain qui est certes structurant mais qui n'est pas omnipotent.
  4. Nouvelle estimation par l'ONU des pertes humaines du conflit ukrainien : --- Cette information concerne les relations entre Russie et Iran : ... mais je la crois pertinente dans le fil Ukraine : ce n'est sans doute pas par hasard que Moscou envisage tout à coup que, oui ma foi, construire de nouveaux réacteurs nucléaires en Iran pourrait être une bonne idée finalement. Il y a là un signal sans ambiguité.
  5. Les Etats-Unis agissent fortement contre la Russie en matière de sanctions financières (pas pour ce qui est de l'exploitation du pétrole... Exxon confirmera, il ne faut pas non plus prendre des sanctions qui défavoriseraient les Etats-Unis ;) ) Donc je ne crois pas que le cas soit comparable à celui de la guerre russo-géorgienne de 2008, lorsque effectivement Washington s'était borné à protester "énergiquement". Une action militaire américaine directe me semble exclue pour cause d'opinion publique. Cela dit, des livraisons d'armes officielles et visibles, je n'y crois pas trop perso mais en fait... qui sait ? C'est une action politico-militaire, mais avec tout de même un gros POLITICO et un tout petit militaire... Nous parlons de 600 soldats d'une unité de chars remplaçant une unité de parachutistes... Sauf erreur de ma part, tout juste un bataillon, c'est-à-dire 28 chars Abrams M1. C'est un peu plus qu'une force symbolique, mais enfin il s'agit d'un signe politique avant tout. Oui, enfin il serait intéressant que la Russie fournisse des preuves de ces affirmations. Personnellement je ne suis pas surpris que la Russie fournisse des armes, des conseillers et jusqu'à des volontaires aux insurgés du Donbass, parce que c'est logique, et pour les mêmes raisons je pense que les Etats-Unis fournissent des conseillers, certains armements et peut-être des mercenaires aux forces de Kiev (pas des volontaires), mais enfin les soupçons sont une chose, les preuves en sont une autre.
  6. Intéressant, merci. Je me permets de rappeler ce que je disais le 27 mai dernier : Du 27 mai au 23 août... ça fait presque exactement trois mois. Et oui, ce que suggérait cette formule était que le gouvernement russe avait peut-être une stratégie consciente d'attendre le pourrissement de la situation (probable au vu de qui était au pouvoir à Kiev) permettant de mieux faire accepter, au Donbass mais peut-être surtout en interne, une intervention même limitée dans la guerre civile ukrainienne ? Ca l'aurait peut-être réglé en théorie, mais il faut noter que les Galiciens n'en veulent pas... :)
  7. Je ne vois comment cela pourrait arriver. S'impliquer dans une guerre civile n'est pas la même chose que partir à la conquête d'autres pays, qui plus est protégés par une alliance militaire, donc une action militaire russe en Pologne, Hongrie ou Roumanie est totalement invraisemblable. Quant à une implication de ces pays dans la guerre civile ukrainienne, de la fourniture d'armes peut-être, mais envoyer des troupes il est difficile de l'imaginer sans avoir d'abord la caution de l'OTAN, en pratique des Etats-Unis. Ce qui pose la question de l'action militaire des Etats-Unis en Ukraine, qui est elle aussi difficile à imaginer, pour raison d'opinion publique outre-Atlantique.
  8. . Ce qui empêche le gouvernement américain d'organiser le même genre de VEV (volontaires en vacances) que le gouvernement russe ? L'opinion publique américaine :) Plus de détails : La crise en Ukraine : six raisons pour lesquelles l'utilisation de forces armées américaine est impensable (en anglais) Sondage : 8% des Américains pour une intervention armée en Ukraine, au total 29% pour une action "ferme", 56% pour "ne pas trop s'en mêler" (en anglais, date de mars dernier)
  9. Je ne crois pas trop à ce scénario pour cause de parrains extérieurs qui feraient les (très) gros yeux dans ce cas-là. Mais je retiens l'expression de charcutage électoral... qui s'applique hélas trop bien aux événements d'Ukraine depuis février dernier. :(
  10. Après les VDV, voici les VEV ! - Volontaires en vacances : c'est ainsi que le premier ministre de la RPD décrit les soldats russes combattant aux côtés des insurgés du Donbass. Voir cette vidéo pour un équivalent canadien qui permet de se faire une petite idée - Les VDV, ce sont bien sûr les Vozdouchno-dessantnye voïska, les troupes aéroportées russes. ... A ne surtout pas confondre, donc !
  11. Bon, plaisanteries mises à part maintenant, dans le scénario "maximal" que j'évoquais plus haut : - Si une déroute des forces loyalistes au Donbass est confirmée et - Si les séparatistes décident que la Novorussie doit s'étendre jusqu'à Odessa et - Si Moscou les suit sur cet objectif, c'est-à-dire leur apporte le soutien dont ils auront besoin en matériel et en formateurs voire troupes de volontaires "spontanés" Alors, le sud-est de l'Ukraine étant sous contrôle de la Novorussie avec toute la façade maritime, il serait effectivement possible que la Novorussie (d'accord avec la Russie...) "prête main-forte" à la Transnistrie qui choisirait de la rejoindre. Du point de vue géographique, ça ne devrait pas poser de souci. Pas plus que du point de vue militaire : probablement pas un seul coup de feu ne serait tiré. La Transnistrie a exprimé officiellement le souhait de rejoindre la Fédération de Russie. Mais si la Novorussie leur proposait de les rejoindre eux, il est facile d'imaginer qu'ils donnent leur accord. Après tout, la Novorussie si elle voit bien le jour serait un peu comme la Biélorussie... un Etat structurellement amical envers Moscou, autant que le Canada envers Washington et pour des raisons similaires. Je ne pense pas que ce serait très raisonnable (litote...), la Moldavie, en droit international détentrice de la souveraineté -si pas du contrôle effectif- sur la Transnistrie, n'ayant rien à se reprocher en terme de renversement violent d'un gouvernement démocratique ni de déclenchement de guerre civile à l'artillerie lourde -oui, gouvernement Maïdan, c'est vous que je regarde. Il ne pourrait donc s'agir que d'un acte de force contre un petit pays voisin, sans la moindre raison ni la moindre provocation préalable, donc dans ce cas il serait tout à fait justifié de décrire la Russie comme un Etat puissant maltraitant un voisin faible. Cela dit, il est déjà arrivé dans l'Histoire qu'un vainqueur se laisse porter par son sabre... donc le scénario est possible, oui. En revanche, pour la Finlande je ne vois pas. Pas davantage que pour les pays baltes. Il faudrait que Poutine se mette à sérieusement abuser de la vodka, ou bien qu'il prenne un Georges W Bush ou un Dick Cheney comme conseillers. Je crois que ce n'est pas son genre.
  12. Voici des citations plus complètes de Zakharchenko lorsqu'il parle des Russes combattant du côté insurgé : --- Dans la version en anglais de RIA Novosti, des déclarations de l'ancien premier ministre de la RPD Alexandre Borodai que je trouve assez inquiétantes. Un extrait très partiel : Il ne s'agit pas du discours public du premier ministre actuel Zakharchenko, revendiquant l'indépendance du seul Donbass (soit deux oblasts Donetsk et Lougansk), c'est-à-dire la version modérée des objectifs des insurgés. Là c'est l'autre version, avec en filigrane le projet de dissocier complètement l'Ukraine, le sud-est entier rejoignant la Novorussie, avec Odessa, Dniepropetrovsk, Kherson... En gros la moitié de l'Ukraine qui dans les votes des vingt dernières années se montrait favorable aux candidats plutôt tournés vers la Russie. Si les séparatistes rencontrant le succès au Donbass décident de poursuivre vers l'objectif maximal, et si Moscou les suit, alors cela signifie relance et extension de la guerre. Nous n'en sommes pas là - ça fait quand même trois "si", le premier étant la confirmation du succès au Donbass - mais la menace de ce scénario existe. Le problème n'étant pas bien sûr le dessin des frontières en soi - si c'étaient des référendums dans chaque oblast qui en décidaient pacifiquement il n'y aurait rien à redire - mais le fait que cet objectif n'est atteignable que par une guerre passant à l'échelon supérieur.
  13. A ce moment, c'est une simple nouvelle non confirmée. Le site qui en est l'origine est fortement pro-séparatiste, il s'est dans le passé souvent avéré une source fiable -pas toujours- mais dans ce cas il exprime sa prudence devant une information surprenante. Pas clair ce que c'est... - Des séparatistes qui abusent de substances prohibées et en finissent par prendre leurs désirs pour des réalités ? - Quatre séparatistes et une jeep qui sont parvenus à se faufiler vers Berdiansk (dans la région de Zaporojie à l'ouest de Marioupol), appelent cela une offensive, et se préparent des moments désagréables quand les loyalistes réagiront ? - Une panique et débandade des forces loyalistes à Marioupol laissant une ouverture béante dans le dispositif mis en place par Kiev ? On devrait avoir des clarifications rapidement.
  14. Des militaires russes servent dans les rangs des insurgés de l'Est ukrainien, a affirmé aujourd'hui un chef séparatiste ukrainien, Alexander Zakhartchenko, cité par la télévision nationale russe. Attention, avec le temps qu'il fait, les plages de France sont beaucoup moins attirantes que d'habitude... Il faut s'attendre à une vague de départs de militaires français en permission vers l'est ukrainien ! :P Edit : Râââh! Grillé par True_Cricket ! Et à quelques secondes près, encore...
  15. Il ne faut jurer de rien naturellement, mais la Biélorussie me semble nettement moins fragile que l'Ukraine face au risque de guerre civile : - Son économie est en meilleur état avec un PIB par habitant presque deux fois plus élevé que l'ukrainien, une croissance forte dans la décennie 2000, un commerce extérieur globalement de même taille que l'ukrainien alors que la population est quatre fois plus petite, échanges extérieurs d'ailleurs davantage tournés vers la Russie que ceux de l'Ukraine - Elle n'est pas divisée contre elle-même par des questions de langue, ni de haine ou d'amour envers la Russie, ni d'adoration ou de méfiance envers l'UE, ni de position différente sur la seconde guerre mondiale, ni de richesse disparate suivant les régions - Enfin elle n'est pas du point de vue stratégique un enjeu aussi important que l'Ukraine, et de loin : pas de base navale russe, pas de façade maritime, territoire beaucoup plus petit A côté de tout cela, il semble bien que la Biélorussie ait un régime véritablement dictatorial, le seul pays dans ce cas en Europe. J'ai un peu de mal à imaginer que ce régime dure éternellement, mais il est beaucoup plus probable qu'il se termine par une révolution de palais ou une révolution pacifique comme les dictatures espagnole ou portugaise que par une révolution violente et une guerre civile comme le régime démocratique ukrainien en a connu cette année. Et ce genre de révolution ne devrait pas changer les alignements fondamentaux du pays, de même que l'Espagne n'est pas devenue membre du Pacte de Varsovie quand Franco est mort.
  16. Cette discussion me semble bien théorique. S'il s'agissait d'un processus négocié dans un cadre normal (pas de renversement du gouvernement ukrainien, pas de guerre civile), toutes ces questions se poseraient effectivement. Mais nous en sommes bien loin. Ce ne sont pas des normes internationales existantes ou à créer, ni des découpages et pesages administratifs qui sont en train de décider l'affaire. Si Kiev l'emporte, il se souciera bien peu de décider par des normes. Il établira son contrôle, voilà tout. Si les séparatistes l'emportent, ils se soucieront tout aussi peu des habitants du Donbass qui penseraient différemment -c'est-à-dire qui souhaiteraient rester ukrainiens ou qui souhaiteraient que le Donbass ne soit pas autonome. Bien sûr une assemblée sera élue, un gouvernement sera élu, mais le fait de la souveraineté ou de l'autonomie large à l'intérieur de l'Ukraine -suivant le résultat de la négociation mettant fin à la guerre- ne sera pas un sujet de discussion. Dans ce deuxième cas de victoire séparatiste -que je crois le seul réaliste- les frontières seront à mon avis simplement celles des deux oblasts de Donetsk et Lougansk. Bref, ce qui est revendiqué par les séparatistes les plus modérés. Sauf si les choses partent vraiment en capilotade pour Kiev et que les séparatistes choisissent de considérer que la Novorussie doit intégrer Kherson ou Odessa... ce qui serait une relance et une escalade de la guerre. Dans tous les cas, la question des frontières sera décidée par les faits sur le terrain. C'est d'une guerre civile qu'il s'agit. Je ne sais pas si ce sont "les mêmes" ? Surtout, la photo est prise de telle manière qu'il est difficile d'estimer la foule devant le palais présidentiel. Elle pourrait être grande... elle pourrait aussi être plutôt riquiqui.
  17. Je reconnais que lorsque j'écrivais en commentaire "Sur le fond, ça n'a guère plus de chance d'être dénué de propagande que la communication du gouvernement de Kiev, évidemment..." je faisais dans la litote. :) Certains éléments de l'interview sont en effet de la propagande en mode déchaîné. L'ONU a estimé un minimum de 2 000 morts à ce jour dans le conflit en signalant que c'est probablement plus, mais s'il y avait eu 12 000 morts dans les seules troupes de Kiev, ça se saurait. Et la "brigade spéciale d'assaut aéroportée"... sans aéronefs pour l'aéroporter était pas mal non plus. Puis si l'on additionne des effectifs typiques pour les 3 bataillons et 6 brigades qu'ils annoncent, on dépasse allègrement les 20 000 soldats ce qui est difficile à croire... sauf si les unités pompeusement appelées brigades ont en réalité l'effectif de bataillons, ce qui me paraît plus crédible. Une interprétation un tantinet unilatérale de l'histoire militaire de la Russie des deux derniers siècles, sur le mode "ce n'est jamais la Russie qui aggresse, c'est toujours les autres qui commencent" (les Polonais confirmeront) ainsi que "l'Europe est toujours unie en bloc contre nous" (comme en 1914, c'est bien clair) Surprenant la première fois qu'on l'entend, mais ce genre d'illusions est répandu dans une partie assez conséquente de la population russe - pas la majorité tout de même à mon avis. Heureusement, Zakharchenko a arrêté son ministre de la défense à temps pour préserver tes boyaux : "Ils ont jeté des corps lestés de pierres, depuis un hélicoptère, dans les Lacs Bleus près de Slavyansk. Z: Vladimir Petrovich, ne bouleversons pas la presse avec des détails aussi horribles." Oui, ce numéro un rien téléphoné était plutôt drôle. La guerre va durer oui, car ces dirigeants aussi maladroits soient-ils dans leur propagande souvent trop forcée pour être un minimum crédible sont bien ceux des troupes séparatistes du Donbass. Ces troupes qui résistent aux tentatives des unités loyalistes pour reconquérir la région, voire les repoussent. C'est là leur sérieux, sur le seul terrain où il est utile de l'apprécier, s'agissant d'une guerre donc d'un rapport de forces et de volontés. Leur revendication d'indépendance sèche est clairement inacceptable pour Kiev, mais "ce n'est pas avec ses amis que l'on fait la paix, c'est avec ses ennemis" Quand l'option de la guerre sera reconnue comme sans issue à Kiev, il faudra bien faire la paix et ce sera avec ceux-là. Ce qui ne veut pas dire à mon avis que le Donbass sera nécessairement indépendant... même si la possibilité en est clairement ouverte. La position de départ des séparatistes est "indépendance sèche", mais des négociations de paix ont un début et une fin, la fin ne se trouvant pas nécessairement au même endroit que le début. Surtout, l'influence de Moscou ne doit pas être sous-estimée, et si Poutine décide à ce moment que pour la Russie une très large autonomie interne du Donbass vaut mieux que son indépendence, il aura sans doute les moyens de faire pression en ce sens sur les séparatistes.
  18. Selon les autorités russes, 95 000 enfants de l'Ukraine orientale sont réfugiés en Russie, dont 30 000 déjà inscrits dans les écoles russes. Un millier d'entre eux sont sans leurs parents. Ceci parmi 730 000 réfugiés ukrainiens en Russie depuis avril dernier. A noter que ces réfugiés, dont la grande majorité doit venir du Donbass, en représentent environ 10% de la population (total avant-guerre un peu moins de 7 millions). Ce qui est aujourd'hui un déplacement de réfugiés en temps de guerre se tranformerait en véritable nettoyage ethnique si c'était Kiev qui l'emportait au Donbass, puisque la plupart des réfugiés ne reviendraient probablement pas, sans compter ceux qui seraient encore chassés par les loyalistes victorieux. Le tout mettant en application au moins une partie des desiderata des plus extrémistes des nationalistes ukrainiens. Je rappelle cette intervention proprement hallucinante du participant à un débat télévisé en Ukraine comme quoi parmi 4 millions d'habitants de l'oblast de Donetsk, "1,5 million sont en trop et devraient être exterminés"... d'autant plus hallucinante que ce monsieur n'a pas été immédiatement hué par les autres participants au débat, lequel s'est poursuivi comme si de rien n'était... Des nationalistes un peu moins extrémistes devraient pouvoir se contenter d'un "simple" nettoyage ethnique à la place d'une extermination. Il est bon d'être conscient que souhaiter la victoire de Kiev, c'est souhaiter la confirmation de ce nettoyage ethnique, peut-être son extension. Les insurgés du Donbass défendent très concrètement la possibilité pour leurs familles de vivre là où ils ont toujours vécu. Là où les choses en sont rendues, il est pour moi clair qu'une indépendance du Donbass, aussi peu souhaitable soit-elle (une autonomie extrêmement large à l'intérieur d'une souveraineté ukrainienne maintenue serait préférable), serait de beaucoup préférable à la victoire des loyalistes de Kiev.
  19. Bonjour Jeansaisrien, Il est heureux que vous ne fassiez pas une satire de même longueur lorsque c'est la propagande de Kiev qui se trouve prise en défaut par les faits plutôt que celle de Moscou. Sinon il vous faudrait écrire un roman-fleuve ;) Sur ces deux questions : Des médias russes d'opposition (www.slon.ru par exemple) se font l'écho des tiraillements qui peuvent exister. Cela n'apparaît pas à la télévision qui est contrôlée étroitement par le Kremlin, mais les médias écrits sont beaucoup plus divers. Cela dit, à mon avis la réponse la plus pertinente est : "Plus longtemps que ne l'accepteront les familles des conscrits ukrainiens envoyés dans le Donbass" Pour des raisons assez fortes de nombre relatif des pertes, de nature des soldats tués (conscrits d'un côté / volontaires et engagés de l'autre) et de taille du bassin démographique. Si l'on en croit ce qui est ressorti officiellement de la conférence de Minsk hier, Poutine a été assez clair. Donc : - suspendre l'opération de reconquête du Donbass, - dialoguer avec ses représentants avec l'objectif de prendre en compte leurs intérêts. D'ailleurs, ce discours n'est pas nouveau. En ce qui concerne les propositions desdits représentants, ceux de Donetsk dans leur conférence de presse (voir plus haut sur cette même page) ont eux aussi été clairs : Savoir quelles propositions sont les plus importantes, celles plus modérées du président russe ou celles beaucoup plus simples et définitives des représentants du Donbass, c'est une question ouverte. Elles ne sont pas nécessairement contradictoires, Poutine se résumant à dire "arrêtez le combat et dialoguez" tandis que l'interlocuteur du gouvernement de Kiev a déjà exprimé ce qui est sa position initiale pour ce dialogue. Poroshenko de son côté a exprimé une condition préalable "le renforcement des contrôles à la frontière russo-ukrainienne et la fin des livraisons d'armes aux rebelles séparatistes par Moscou". Mais cette condition préalable ne sera clairement pas acceptée - du moins pas mise en pratique dans les faits - par Moscou ni Donetsk / Lugansk. D'autre part, sauf si j'ai manqué quelque chose, il n'a pas exprimé être prêt à négocier avec les séparatistes, le seul interlocuteur possible pour lui semble être Moscou. On est encore loin des conditions d'un cessez-le-feu et d'une négociation, malgré les politesses minimales (dialogue sur le gaz...) que se sont faites Poutine et Poroshenko hier. A mon sens, c'est lorsque Poroshenko acceptera d'une part de suspendre la guerre sans condition préalable, d'autre part de négocier avec les séparatistes directement, que la paix aura vraiment une chance.
  20. Un document très intéressant : la conférence de presse du premier ministre et du ministre de la défense de la République populaire de Donetsk, avec sous-titres en français s'il vous plait ! Pour les gens pressés qui ne souhaitent pas écouter la conférence complète, voici le fichier des sous-titres français qui permet d'en prendre connaissance beaucoup plus rapidement. Je vous laisse regarder -ou lire. Quelques éléments pour se mettre en appétit : - Vous aurez l'OdB complet de l'armée de la RPD, dont la formation en unités organisées est annoncée comme maintenant complète - Les dernières opérations, les avancées des troupes séparatistes - Des louanges pour les valeurs de la Révolution française, que défendent les "officiers de la Marine française" qui combattent avec les séparatistes - De nouvelles évaluations des pertes humaines, très lourdes - Une théorisation historique à tendance unilatérale des attaques répétées de l'Occident contre la Russie, 2ème GM, 1ère GM, guerre de Crimée, guerre napoléonienne - Pourquoi le temps de la fédéralisation est passé, pourquoi seule l'indépendance est maintenant acceptable ... et bien d'autres choses encore ! Sur le fond, ça n'a guère plus de chance d'être dénué de propagande que la communication du gouvernement de Kiev, évidemment... Mais c'est quand même la première conférence de presse du genre, il me semble. Et ces dirigeants de la RPD expliquent très clairement leurs points de vue. La population est probablement majoritairement favorable aux séparatistes. Cela dit, une population ne servira guère de point d'appui sauf si elle s'est organisée pour et dispose au moins d'un équipement minimal. Les séparatistes ont-ils des alliés armés à Marioupol ? Je n'en ai aucune idée, je n'ai jamais rien lu à ce sujet mais d'un autre côté la possibilité ne peut pas être rejetée d'un revers de main. Les combattants loyalistes à Marioupol : question probablement décisive. S'il n'y a presque rien, ou alors seulement des gros bras ultranationalistes tout juste capables d'intimider des opposants mais pas de vrais soldats, alors il est imaginable qu'un coup de force séparatiste réussisse, oui. C'est le scénario "les loyalistes en slip à Marioupol qu'ils croyaient en sécurité loin de la ligne de front".
  21. Étonnant oui, mais peut-être moins si l'on retranche l'effet grossissant de la propagande des deux bords. Lorsque les loyalistes se battant dans les faubourgs de Donetsk annonçaient la chute de la ville incessamment sous peu, cela n'enlevait rien de la difficulté à faire la guerre dans une grande ville et les obstacles que ce genre de terrain met aux conquêtes. Et la propagande loyaliste a sans doute un peu trop claironné et fanfaronné. Maintenant que les insurgés ont lancé une contre-offensive vers la mer d'Azov et qu'on parle déjà de prendre le contrôle de Marioupol, il est possible que ce soit eux qui fassent preuve de trop d'optimisme. Chasser les loyalistes d'une ville d'un demi-million d'habitants, même s'ils n'y sont pas aimés d'amour par la population, n'a pas l'air d'une petite affaire, sauf si la panique se mettait de la partie et que la contre-offensive insurgée parvenait à l'exploiter.
  22. Hmmmoui enfin dans le même registre il faut tout de même se rappeler que ces soldats russes ne sont pas en fait pas sous les ordres du Kremlin ! Voir Le Gorafi encore.
  23. La Russie veut éviter de régler la question du Donbass simplement et rapidement en balayant les forces ukrainiennes engagées dans la guerre, parce que le coût politique d'une telle action serait trop grand. L'objectif est que les gens du Donbass parviennent eux-même à repousser les forces de Kiev. En même temps, Moscou a clairement mis son veto à la possibilité qu'ils échouent. Ce qui veut dire soutenir leurs troupes (renseignement, conseil, peut-être davantage) mais dans la mesure stricte de ce qui est nécessaire pour leur permettre de tenir. De façon à maximiser les chances que ce soutien soit suffisamment discret pour maintenir un "doute raisonnable" et une crédibilité minimale aux dénégations officielles. Nous avons affaire ici à un gros couac, puisque des preuves convaincantes sont apportées au fait que le soutien russe au Donbass va au-delà du renseignement et du conseil. C'est mauvais pour la communication internationale de Moscou. Ca ne changera pas grand chose sur le terrain. Mais ça peut aider ceux qui veulent augmenter le niveau des "sanctions" internationales contre la Russie -aux dépens de cette dernière et de l'UE, donc au bénéfice des EU. Je ne crois pas que cela puisse ralentir le timing de l'effondrement économique et peut-être politique de Kiev. Et ce n'est malheureusement que cet effondrement qui a le potentiel d'être le préalable à l'arrêt des combats dans le Donbass.
  24. Voici le témoignage d'un journaliste américain du New York Times, reporter photo qui a vécu un mois à Donetsk.
  25. Je n'ai peut-être pas été clair : en écrivant "Ca a l'air d'un beau gros raté en effet." je ne voulais pas dire que les soldats russes se sont vraiment égarés et que là est le raté. Le raté pour eux, c'est plutôt de s'être fait prendre. Je ne crois pas que le soutien militaire russe soit le facteur prépondérant de la résistance militaire du Donbass, mais quoi qu'il en soit, le fait qu'il existe un soutien n'est pas une surprise, ni le fait que Moscou n'en fasse pas la publicité, pour des raisons politiques évidentes.
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