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Alexis

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Tout ce qui a été posté par Alexis

  1. Je n'avais pas encore regardé le bilan de la banque nationale suisse... il est vrai que ça se passe de commentaires ! Multiplication pratiquement par 5 du bilan depuis le début de la crise financière, davantage que la Fed même avec son x 4 Création de presque 400 milliards de Francs, pour un PIB d'environ 590 milliards, soit 66% du PIB. A côté, la Banque d'Angleterre fait petit joueur avec ses 25% du PIB sortis de la planche à billets, ou encore la Fed avec son petit 20%. Pas de doute, si imprimer de l'argent est la voie vers la prospérité, l'avenir économique de la Confédération est assuré !
  2. "Bob Morane" a donc trente ans, et "Pépé en charentaises" quatre-vingt-dix. Je ne connaissais pas ce mode de calcul, mais on dirait que ça correspond bien ! :lol:
  3. Je te remercie pour ta volonté éducative répétée - tu m'avais déjà "fait ce coup-là" dans la discussion "USA". Mais je ne suis pas intéressé : comme déjà dit je pense que prendre de haut son interlocuteur n'apporte rien. En revanche, si tu es partant pour plutôt continuer la discussion, c'est-à-dire essayer de contrer mes arguments plutôt que de lâcher un nuage de références théoriques aussi épais que l'encre d'un poulpe en fuite, je suis preneur ;)
  4. Achats sur le marché secondaire ou non... question secondaire elle aussi. L'important est qu'une partie non négligeable et croissante du bilan de la banque centrale se retrouve consister en obligations de l'Etat. Par exemple 12% soit 2 trillions de dollars dans le cas des Etats-Unis. Si ce n'est pas de la monétisation... alors qu'est-ce que c'est que la monétisation :) ? Les banques centrales sont supposées en effet attendre "le temps qu'il faut" pour que des actifs "illiquides" retrouvent leur "valeur totale"... ceci dans le cas par exemple d'obligations dont la valeur a diminué. Mais il y a là une hypothèse sous-jacente... que ces actifs retrouvent un jour la valeur qu'on leur souhaite. Voici comment a évolué le taux des obligations américaines à 10 ans lorsque la US Fed a simplement envisagé de commencer à baisser le rythme de la planche à billets par rapport aux mille milliards de dollars par an qui sont le rythme actuel : La simple anticipation d'une diminution des achats d'obligations par la banque centrale pousse le marché à anticiper une baisse de la valeur du T-Bond suffisante pour augmenter son taux à 10 ans de nettement plus de 1%... Qu'en serait-il si la Fed l'avait vraiment fait plutôt que de se rétracter un peu plus tard ? Et si elle avait réduit ce rythme à zéro ??? Si la simple possibilité que "bientôt" on va ne serait-ce que diminuer l'impression monétaire suffit à faire prendre 120+ points de base aux taux longs, m'est avis que l'existence de cet "assouplissement quantitatif" contribue pour un peu plus que "quelques dizaines de points de base" à la valorisation des obligations !
  5. Je les ai paaaas ! Cela dit, pour l'exercice : - Le principe "Si tu n'arrives pas à voir qui est le gogo, ça veut dire que c'est toi" s'applique. Or les obligations d'Etat sont un placement réputé sans risque alors même que banques centrales continuent d'en monétiser une partie et que leur taux d'intérêt est au plus bas ce qui revient à dire qu'elles sont fortement valorisées. Tout le monde est content : les acheteurs récupéreront leur mise plus quelque chose, les Etats peuvent se financer facilement à prix d'ami voire même monétiser... on obtient quelque chose en échange de rien, ça ressemble au mouvement perpétuel, lequel est impossible. Donc il y a un gogo, et l'acheteur ne voit pas qui cela pourrait bien être. Donc c'est probablement lui. - La valorisation des entreprises est actuellement élevée eu égard à leurs perspectives de croissance -au mieux limitées. Donc acheter des actions "père de famille" c'est probablement se préparer une perte. Cependant, pas de risque de perte totale. De plus, des technologies innovantes continuent d'être inventées, des entreprises nouvelles d'être créées, et certaines d'entre elles connaîtront le succès. - Les profonds déséquilibres de la finance et de l'économie mondiales risquent fort de déboucher tôt ou tard sur de nouvelles crises au moins aussi dévastatrices que celle de 2008, ce qui milite en faveur de la sécurité des valeurs réelles telles que métaux précieux, terres agricoles, mines ou forêts. De plus, nous nous dirigeons progressivement vers le "pic du pétrole" voire à terme le "pic de tout" au fur et à mesure où les ressources naturelles se raréfient tandis que l'appétit humain pour ces ressources augmente. Il est à noter par exemple que la quantité de terres arables disponibles diminue chaque année... Les valeurs réelles sont donc non seulement un moyen de sécurisation mais probablement une source de valorisation supplémentaire à moyen/long terme. Ma solution serait une application de la stratégie de la haltère de Nassim Taleb : une partie du patrimoine sur de l'ultra-sécurisé, une partie sur du très risqué mais dispersé sur de nombreux projets / valeurs différents et non liés entre eux de façon à maximiser ses chances de tomber sur une pépite. En pratique : - Ultra-sécurisé : de l'or physique pour la liquidité, des terres / mines / forêts pour diversification et un certain rendement même petit - Très risqué : essentiellement des participations au tour de table de nombreuses startups technologiques dans des domaines très variés Pondération à ajuster suivant le tempérament entre les profils extrêmes "pépère en charentaises et bretelles" 90% sécurité + 10% risqué et le profil "Bob Morane l'aventurier" 30% + 70%. Naturellement, aucune obligation d'Etat ni d'action de grande société établie. Bob Morane est peut-être casse-cou, mais pas suicidaire quand même ;) !
  6. Un petit intermède : http://www.youtube.com/watch?v=UjCODmD88Ic ;)
  7. Le rythme des livraisons d'or physique par le Shanghai Gold Exchange a presque atteint durant les six premiers mois de l'année le niveau de la totalité de l'année 2012. Autrement dit, le rythme de livraison d'or physique à des acheteurs chinois a pratiquement doublé depuis que le prix de l'or a commencé à sérieusement baisser début 2013. En Chine, on réagit à la baisse du cours de l'or comme à une opportunité d'acheter davantage d'or, puisque son prix est si bas. L'or est vu comme ayant une valeur intrinsèque élevée. En Occident, on réagit à la baisse du cours de l'or comme à l'indication que "l'or, c'est fini". L'or est vu comme un instrument spéculatif. Une chose est certaine : l'une de ces opinions est profondément erronée. Je pense que ce sont les Chinois qui ont raison.
  8. Je parle bien de PER donc d'actions et non de terre agricole... Je n'ai rien à dire contre l'idée d'utiliser des terres agricoles ou des forêts comme protection anti-inflation et anti-crise, elle est tout-à-fait valable. Concernant le PER, c'est bien de valorisation dont je parle. Sachant que sur des biens de première nécessité le revenu devrait continuer même en cas de crise puisque ce sont précisément les biens dont les achats seront rognés en dernier, la question est que devient la valorisation pour un revenu donné. Et c'est là que le PER intervient. Le PER du CAC40 est actuellement aux alentours de 13. Voici son graphe dans les dernières années : Voici le graphe normalisé du PER du Dow Jones depuis 1929 : En temps de crise, un PER de 10 est commun. Un PER inférieur à 8 est possible. Il est donc dangereux de négliger la possibilité que même les actions possédées en nominatif de sociétés solides dans le domaine des biens de nécessité subiraient de fortes dévalorisations en cas de nouvelle accélération de la crise.
  9. "Si" Proportionnellement ? Cela signifierait que leur PER moyen resterait aussi élevé qu'il l'est aujourd'hui. Rien n'est moins sûr.
  10. Bon, il est sans doute utile de préciser que : - Je suis bien conscient que la prescription "Redémarrer (insérer nom d'un pays démocratique ici) sans politiciens au Parlement" est une contradiction dans les termes... comment un pays démocratique pourrait-il ne pas avoir de Parlement ? - L'incorruptibilité a sa place en politique, mais lorsqu'elle est jointe à un zèle purificatoire la formule quoique puissante est un remède de cheval qui présente quelques inconvénients. Voir Maximilien de R. pour les détails - Il est assez vain d'espérer que des hommes politiques retirant de grands avantages des services qu'ils rendent à de puissants intérêts économiques trouvent tout à coup leur chemin de Damas et se muent dans l'instant en pénitents revenant au Seign... je veux dire revenant au service de l'intérêt général
  11. Ce n'était en majorité pas du HS : les problèmes que j'ai cités ont beau avoir une dimension mondiale, tous les pays développés les rencontrent à des degrés divers, et les Etats-Unis parmi eux -peut-être les EU tout spécialement. Seules les trois lignes où je parlais de la souveraineté de la France étaient HS sur ce fil... là-dessus seulement je plaide coupable ;) Le déficit de l'Etat fédéral était en 2010 de 1293 milliards En 2013 (année fiscale 1/10/2012 > 1/10/2013) il a été de 901 milliards. Soit une réduction de 30% en trois ans en valeur monétaire. Ou encore une réduction de 8,7% à 5,5% du PIB, donc de 37% en terme de pourcentage du PIB. De toutes façons, il ne s'agit pas une réduction d'un facteur deux. Les principaux facteurs d'inquiétude sont : - La trajectoire de l'endettement qui s'oriente à la hausse sur la longue durée sans possibilité de redescendre, sauf en cas de forte croissance improbable. Donc une dette à l'avenir plus lourde en comparaison de la taille de l'économie. En ce sens, l'endettement est effectivement hors de contrôle, et même un simple plafonnement du taux d'endettement à quelques années ne serait obtenu qu'avec des hypothèses de taux de croissance optimistes - Plus important encore, même cette trajectoire inquiétante dépend de deux politiques "extraordinaires" de la Fed : les taux d'intérêt à zéro et la monétisation d'une partie de la dette (2 trillions de dollars tout de même, continuant à raison d'un trillion supplémentaire par an). Des taux d'intérêt à une valeur plus "ordinaire" et donc un taux d'intérêt moyen sur la dette revenant à sa moyenne historique provoqueraient une explosion du service de la dette et au final la faillite de l'Etat -voir Italie et Espagne en 2011 pour démonstration en vraie grandeur du mécanisme Or la politique ZIRP + QE à outrance aura une fin, que ce soit par une catastrophe monétaire (voir l'avis de l'agence de notation Dagong que je citais il y a une ou deux pages) ou par un retour progressif à une politique monétaire plus conventionnelle laquelle mènerait à sa faillite l'Etat fédéral - et ne sera donc probablement pas mise en place. Bref l'impasse est là. Impossible d'en sortir sans décisions fortes, tu cites les pistes principales et nous sommes d'accord sur l'essentiel... mais ces pistes sont inapplicables si l'on est un peu réaliste politiquement, comme tu l'expliques. Le réalisme c'est donc de considérer que le système politique et monétaire des Etats-Unis connaîtra une discontinuité à échéance inconnue, mais selon toute probabilité sous un petit nombre d'années.
  12. ! Tu suggères que la cause de la crise, c'est l'Etat-providence ?! C'est une vision idéologique dont beaucoup d'institutions financières et de gouvernements font la promotion. Normal, elle permet de mettre à profit cette crise pour transformer les sociétés dans un sens favorable aux plus riches. Mais elle ne résiste pas à l'examen : 1) La dette totale est en augmentation constante depuis 30 ans dans l'ensemble des pays développés, jusqu'à un niveau démesuré par rapport au PIB (total environ 200% du PIB vers 1980, total supérieur à 350% du PIB aujourd'hui). La dette totale c'est celle de l'Etat, plus celle des ménages, plus celle des entreprises. Si c'était les dépenses sociales la cause racine de la crise, seule la dette de l'Etat connaîtrait une dérive. Or ce n'est pas le cas. Et si le mouvement général vers le surendettement est quasi-général, son centre de gravité est différent d'un pays à l'autre : ici ce sont les ménages qui sont surendettés l'Etat pas tant que cela, ici encore c'est l'Etat, là ce sont les entreprises... 2) La déréglementation financière elle aussi est un mouvement de fond étalé sur les 20 / 30 dernières années. Lui sont associés notamment : l'augmentation des profits des institutions financières dans le total des profits au détriment des profits des entreprises, l'augmentation de l'instabilité des marchés financiers ainsi que la mise en danger de l'ensemble des banques par les activités spéculatives. Ce qui a motivé la décision en 2008-2009 de rendre les Etats solidaires des dettes et des fortunes des banques afin d'éviter leur effondrement, lequel n'aurait pas été si menaçant si les institutions financières ultra-spéculatives n'avaient pas eu accès aux comptes de M. et Mme Toulemonde pour adosser leurs jeux et paris. D'où pour certains Etats un endettement massif pour rembourser des pertes déjà advenues, et pour la quasi-totalité des Etats des risques énormes de faire faillite si le système bancaire démesuré de leur pays tombait. 3) L'extension continue du domaine du libre-échange pèse en tendance sur les comptes extérieurs de la majorité des nations développées. L'orientation préférentielle des économies nationales sur les domaines où elles sont le plus performantes produit pour plusieurs et non des moindres une spécialisation sur la production d'instruments de dette. En pratique et à peine caricaturé, l'un est sur-industrialisé envoie des produits finis tandis que l'autre a exporté son industrie et envoie des reconnaissances de dette... Liée au libre-échange sans y être exactement confondue, la possibilité pour les multinationales de faire apparaître leurs bénéfices dans celle de leurs implantations où ils seront le moins taxé ("optimisation fiscale") provoque une forte poussée structurelle dans le monde entier vers la réduction des taux d'imposition sur les profits. D'une part il en résulte une réduction des moyens des Etats et une augmentation de l'inégalité, d'autre part des capitaux supplémentaires sont dégagés... bien souvent pour spéculer plutôt que pour investir, voir le point 2) sur la déréglementation 4) Last but not least, nous arrivons aux limites physiques du rythme d'extraction du pétrole. D'où plafonnement de l'extraction annuelle depuis environ 2005-2006, la légère progression qui continue étant due aux productions non-conventionnelles (gaz naturel liquéfié, biocarburants, schistes)... dont le taux de retour sur investissement énergétique (en anglais EROEI) est beaucoup plus bas que celui du pétrole conventionnel, si bien que l'extraction nette n'augmente certainement plus beaucoup (si elle n'a pas déjà commencé à décroître !) Conséquences : prix moyen du baril passé de 30 euros en 2004 à 75 euros en 2012 augmentation qui n'est probablement pas arrivée à son terme, d'où ralentissement économique obligé puisque pour avoir de la croissance il faut du pétrole (irremplaçable notamment pour les transports). Ralentissement qui n'a aucune raison de prendre fin, étant donné que nous parlons bien de limites physiques. En ce qui concerne le passage à une économie peu dépendante du pétrole, les deux faits saillants sont 1) on ne sait pas comment faire 2) si on le savait il faudrait beaucoup de temps et de ressources pour les investissements nécessaires, or le temps et les ressources sont comptés. La crise que nous vivons depuis 2007-2008 peut être interprétée en définitive comme la crise de transition d'une économie mondiale en croissance forte continue (comparer les taux de croissance des 60 dernières années avec ceux du XIXème siècle est édifiant) vers une économie mondiale au mieux en croissance faible, peut-être même en décroissance. Accuser les dépenses sociales d'être la cause racine de la Crise, c'est un écran de fumée mis en place par de trop nombreux idéologues pour cacher les véritables responsabilités et permettre aux uns de continuer à se goinfrer avant que la pénurie ne commence vraiment, aux autres de continuer à ignorer les graves problèmes de l'heure. Naturellement il ne faut pas imaginer qu'une économie quasi-stationnaire voire en décroissance pourrait financer des dépenses sociales élevées... mais pour la même raison elle ne pourrait pas non plus assurer le service d'une dette totale massive, ni payer les profits extravagants du système financier, pas davantage que la concentration continuelle des richesses dans les mains d'un groupe toujours plus petit ! La négociation(*) de la répartition des efforts entre : - réduction des dépenses sociales, - annulation d'une partie des dettes existantes, - réduction des banques au rôle de service de l'économie réelle, et - réduction de la captation de profits démesurés par le 1% le plus riche est beaucoup plus facile sur fond de propagande comme quoi la dette serait sacrée / les banques ne doivent surtout pas faire faillite / le libre-échange est l'horizon indépassable de notre temps... et d'un autre côté, "on ne peut plus payer" les dépenses sociales ! (*) "négociation" est un joli mot n'est-ce pas... il n'y a pour l'instant aucune négociation mais plutôt l'écrasement par KO debout des peuples par les intérêts de financiers court-termistes. Cette phase ne durera pas éternellement. L'opportunité est d'en sortir par une politique réformiste. Réforme qui -c'est la difficulté pour nous autres Français étourdis- ne se conçoit pas sans recouvrer d'abord notre souveraineté, les leviers nécessaires monnaie, lois, réglementations financières et commerciales étant aujourd'hui sous contrôle de la superstructure bruxelloise, elle-même sous contrôle des intérêts bancaires. Le risque est d'en sortir par une politique révolutionnaire. En pratique : du sang. Beaucoup. En quasi-totalité innocent. Nous n'en sommes fort heureusement pas là, mais...
  13. L'agence de notation chinoise Dagong dégrade la note de la dette souveraine américaine au niveau A-, suite à l'épisode shutdown / plafond d'endettement d'octobre. Pour qui lit l'anglais, leurs conclusions sont éclairantes sur le regard que porte le monde officiel chinois sur la situation fiscale et d'endettement des Etats-Unis : Tout cela est dit fort clairement, et sans trop prendre de gants...
  14. Si ce scénario se réalise, les Républicains perdraient les prochaines élections, mais en se repliant sur un noyau "pur" (à leurs propres yeux). Ce parti républicain version "TP" serait hors du pouvoir... jusqu'au moment où les Démocrates au pouvoir se rendraient trop impopulaires. Ce qui arrivera forcément, avec l'usure du temps, ou pire en cas d'embardée (hyper-)inflationniste du dollar le risque que j'exposais il y a quelques pages. Donc à un point indéterminé de l'avenir, une Amérique teapartifiée, cherchant le salut à ses affres économiques dans l'application de la doctrine "impôts minimaux, aucune sécurité sociale". Le potentiel pour de nouvelles expériences économiques extrêmes après celles du XXème siècle ? Ça reste spéculatif, cependant... Sinon, discutant sur d'autres forums avec des Américains visiblement TP, je vois des réactions crépusculaires aux événements d'hier, du type "nous avons perdu, notre stratégie était la dernière chance d'éviter la faillite, donc..." It's all over but the cryin' and mass dyin'. (Tout est fini, sauf les pleurs et la mort en masse) Evidemment c'est une minorité qui pense de cette manière, mais c'est quand même assez frappant. Merci pour la note comique ! :lol:
  15. Boehner n'a pas de contrôle sur le TP, mais la décision qu'il va devoir prendre aujourd'hui est d'accepter ou non que la Chambre vote sur le compromis entre Démocrates et Républicains défini au Sénat. S'il accepte, le compromis devrait passer même en cas de révolte des élus TP, mais seulement grâce au renfort de voix démocrates. Dans ce cas, pas de risque de défaut... du moins dans les trois mois ! C'est certainement ce que les bailleurs de fonds républicains lui recommandent. Mais il n'a pas obtenu grand chose de la part des Démocrates, donc il aura montré qu'il n'est pas prêt à aller jusqu'au bout dans une "négociation de bord de l'abîme" ce qui le mettra en position de faiblesse pour le prochain épisode : il n'obtiendra guère plus en janvier/février prochain qu'aujourd'hui, ayant démontré qu'il est trop raisonnable pour une stratégie du type "arrêtez-moi ou je fais un malheur". Il peut croire que l'instrument qu'utilisent les Républicains pour forcer des coupes dans les dépenses depuis 2011 sera alors définitivement émoussé... faisant de Boehner un perdant, non seulement face au TP qui le crucifiera si ce sont les Démocrates de la Chambre qui permettent à l'accord de passer... mais surtout aux yeux de l'ensemble des Républicains à terme. Bref, la carrière de Boehner le "faible" sera compromise, peut-être définitivement. L'alternative consiste à compter sur le fait que le défaut de paiement n'arriverait pas tout de suite - pas avant le 22 au pire si l'on en croit les gazettes - et à répondre en fait à Obama "Tu n'as presque pas bougé sur l'Obamacare, tu te crois le plus fort ? Maintenant on va voir ce que tu as dans le ventre !". Donc, laisser passer l'échéance en continuant à discuter... voire aller jusqu'à dire "l'accord passé au Sénat est inacceptable il faut renégocier". Du coup, les délais seraient très courts, et la balle dans le camp des Démocrates, qui seraient alors sous pression de leurs bailleurs de fonds (souvent les mêmes !)... et de leur rythme cardiaque. Si le défaut de paiement était prévu le 17 ou le 18, je serais sûr que Boehner ne choisirait pas ce qui équivaudrait à un suicide politique. Le coup d'Obama qui a refusé des concessions sérieuses et a renvoyé la balle chez l'adversaire serait alors gagnant. Mais comme il y a quelques jours de décalage... il est possible de se rapprocher un peu encore de l'abîme en imaginant qu'on n'y tombera pas. Là est à mon sens le danger. Enfin... j'espère me tromper.
  16. Ça c'est très vraisemblable en effet. Et c'est sans doute vrai aussi de ceux qui le pensent à gauche. Même un programme d'équilibrage du budget à marche forcée comme celui que j'imaginais sur ce fil il y a quelques pages ne suppose pas de mettre en faillite un Etat. Bien au contraire, puisque interrompre le paiement des dépenses décidées ne peut que mener à une fuite des investisseurs rendant impossible de faire rouler la dette... et ne laissant le choix qu'entre la faillite totale et la monétisation de la dette à grande échelle, la banque centrale rachetant aux investisseurs désabusés les titres de dette arrivant à échéance. Si aucun accord n'intervient aujourd'hui ni les quelques jours suivants -c'est plus probable que les 5 ou 10% de chance que j'évoquais, mais j'ai du mal à l'imaginer tout de même-, c'est probablement ce qui arrivera : la Fed monétisera pour faire rouler la dette, pendant que les dépenses seront sabrées sans réajustement global, multipliant l'effet récessif de la baisse de dépense, débouchant sur une désorganisation. Soit Boehner et Obama sont seulement en train de jouer "Règlement de compte à OK Corral" - à moins que ça ne soit "La Fureur de vivre" - et ce frileur à grand spectacle se terminera bientôt, les lumières se rallumeront, le public sortira de la salle (un peu sonné tout de même) en prétendant qu'il n'y a jamais cru, qu'il n'a jamais eu de doute que ce film hollywoodien se terminerait par un happy end comme il se doit. Soit la date de demain sera vue avec le recul comme historique - même si toutes les conséquences ne se matérialiseront pas le jour même, ni dans le mois. Je suis peut-être impressionnable, mais moi j'ai un doute. Intéressant ! Aurais-tu une source ?
  17. Les détails du sondage sont accessibles à partir du lien dans l'article : La méthodologie ne comprend pas de sélection du panel. Le texte précis des questions est fourni, et les mots choisis ne me semblent pas orientés spécifiquement -voir les questions 35 et 36. Le fait de rappeler juste avant la question qu'augmenter le plafond est destiné à permettre au gouvernement d'emprunter pour faire face à ses obligations a certainement un impact sur les réponses, mais d'un autre côté c'est strictement factuel. Il faut noter que l'option "augmenter les impôts pour équilibrer le budget" n'est proposée nulle part, le seul moyen de l'équilibrer étant la diminution des dépenses... mais si elle avait été proposée cela n'aurait pu diminuer le nombre de ceux qui refusent d'augmenter le plafond, plutôt l'inverse puisqu'une possibilité supplémentaire de ne pas l'augmenter aurait été rappelée. Les seules questions qui restent sont : - Le redressement. Il n'en est nulle part question dans les détails du sondage. S'il y en a eu un, ce n'est pas dit. Même s'il y en a eu un, peut-on imaginer que l'ajustement par rapport aux variables de contrôle déclenche un redressement suffisant pour changer le sens de la majorité de l'opinion ? Nous ne parlons pas d'un 52 à 48 ici comme dans l'élection présidentielle typique, il s'agit d'un 58 à 37, donc j'ai du mal à y croire - La possibilité d'une fraude totale, du type on invente les résultats voire le sondage n'a jamais eu lieu. C'est là que je dis que la falsification est peu probable, même venant de Fox News : il y aurait trop à perdre à ce genre de comportement à moyen / long terme Et le fait qu'une majorité d'Américains préfère arrêter net l'augmentation de l'endettement, même si cela doit provoquer des difficultés... est vraiment remarquable !
  18. Fox News n'a pas la meilleure réputation... mais iraient-ils jusqu'à falsifier les résultats d'un sondage ? Il y a fort à parier que non. Celui-ci mérite le détour ! 37% des Américains voteraient pour relever le plafond d'endettement s'ils siégeaient au Congrès 58% refuseraient de le relever ! 27% sont plutôt d'accord avec : "Il faut augmenter le plafond d'endettement, discuter de ne pas le faire est irresponsable", tandis que 62% sont plutôt d'accord avec : "Le plafond d'endettement ne doit être relevé qu'après avoir effectué des coupes sévères dans les dépenses du gouvernement"
  19. Effectivement, la taxe aurait beau être vendue avec "c'est exceptionnel, on le fait une seule fois, promis juré craché...", ce genre de discours serait ridiculisé. Du coup, retrait d'une grosse partie de l'épargne liquide à prévoir à court-moyen terme. Aggravant les problèmes systémiques. Ce genre de décision pourrait en fait accélérer la chute. Ça pourrait arriver quand même, mais ce serait un signe de désespoir. Pour "fixer" les sommes en cours de taxation, un contrôle des capitaux serait probable. Pour éviter les émeutes, ils seraient taxés "seulement" à partir de 100 000 euros.
  20. Amarito, Tu parles au sujet de ce que j'écris de "pseudo-raisonnement", "incompréhension profonde", "pas logique", "sans la moindre fondation rationnelle" : je ne répondrai pas là-dessus, parce que ce ne sont que des mots, sans appui sur des raisonnements ni des faits. Il ne suffit pas de disqualifier les arguments d'un contradicteur. Il faut encore les contrer :) C'est l'attitude : "si mon contradicteur n'est pas d'accord avec moi, c'est qu'il est irrationnel. Je vais le mettre sur le divan et lui demander quel est son problème". Penses-tu qu'elle fait avancer le schmilblick ? L'attitude en miroir serait de te demander si tu n'es pas motivé par une crainte de faire face à la réalité et de t'accuser de mettre volontairement la tête dans le sable. Ce n'est pas ce que je pense, l'existence du débat sur ce sujet n'a rien de surprenant, et surtout ça n'a rien à faire dans une discussion qui doit être basée sur des faits et des arguments, pas un échange d'accusations qui ne peut être que stérile. En passant : tu as fait plusieurs fois référence à une "science" économique. L'économie n'est pas une science, du moins absolument pas dans le même sens où par exemple la physique ou la biologie sont des sciences. Le débat entre les partisans de Ptolémée et de Copernic est tranché depuis belle lurette, tandis que les débats par exemple entre keynésiens et autrichiens, ou libre-échangistes et protectionnistes, continuent... Cela ne veut pas dire qu'un côté est composé de gens raisonnables l'autre d'attardés voire de primates –j'ai bien noté que tu n'as pas dit cela, mais certains commentateurs et analystes n'ont pas cette pudeur ;) . Ça signe seulement la difficulté intrinsèque d'atteindre des certitudes sur le comportement en groupe de l'être humain et la complexité de l'objet "économie" toujours changeant, toujours surprenant... Tu penses que tes arguments ont été prouvés "d'une façon remarquable" ces dernières années. Ça oui, c'est un bon sujet de discussion : "les investisseurs (...) assistés des esprits les plus brillants de la planète" Là franchement je ne peux que sourire : - Sur le plan général, les "best and brightest" ne peuvent-ils donc pas se tromper ? Quelle est l'origine de cette expression, d'ailleurs… - Sur le plan particulier : n'y avait-il pas en 2006 un quasi-consensus sur l'immobilier qui monte toujours ? Et en 1999 sur les actions Internet qui ne peuvent que grimper jusqu'au ciel ? Le consensus comme quoi les obligations US – et quelques autres, dont les françaises…– ont une valeur très élevée dure depuis cinq ans en effet. Ce genre de consensus dure quelque temps… jusqu'au moment où il cesse. - Soit dit en passant ce genre de consensus est facilité par la socialisation des pertes qui a eu lieu en 2008-2009 : non seulement les banques centrales prêtent de l'argent aux banques quasi gratuitement, mais encore les banques "trop grosses pour faire faillite" savent qu'elles jouent à "pile je gagne, face l'Etat perd". Le risque moral à l'état pur… - Deux indications qu'il ne durera pas toujours : - Le taux sur les obligations américaines jusqu'à une durée de 5 ans incluse est inférieur à l'inflation ! Comment peux-tu expliquer ça autrement que par une bulle ? - Il n'est d'ailleurs pas exact que les "best and brightest" risquent sans sourciller leur argent dans les T-Bonds… ils le font de moins en moins ! La Fed a monétisé environ 2 trillions de dollars de dette publique fédérale depuis 5 ans, ce qui correspond à 25-30% de l'augmentation de la dette sur cette période. Avant 2008, cette proportion était de 0%. Actuellement elle atteint les 50%. Bref, elle augmente en tendance… ce qui signifie que les investisseurs privés se détournent de plus en plus des T-Bonds ! Mesurer l'augmentation de cette proportion, c'est mesurer la progression vers le moment où les investisseurs privés se détourneraient entièrement des T-Bonds, dont le prix ne dépendrait que des achats de la banque centrale. Bref, la bulle sur les obligations d'Etat ne serait soutenue que par la monétisation. Ce qui est effectivement le mécanisme qui a conduit à l'hyperinflation en Allemagne, au Zimbabwe... et autres lieux – je recommande de vérifier. J'ai une question pour toi : si la proportion de nouvelle dette monétisée par la banque centrale continue à l'avenir d'augmenter… se dirige vers les 100%... voire passe au-delà (la monétisation s'étendant aux anciennes dettes arrivant à échéance), y a-t-il un moment où tu peux imaginer admettre qu'il y a un problème ? Si oui, quel serait ton "seuil d'inquiétude" ? :) Il y en a toujours une effectivement. Je ne crois pas que ce soit nécessairement toujours la même. Mais voici un exemple de remontée des taux… provoquée par le simple discours sur une baisse à venir du rythme de la planche à billets ! (en l'occurrence, c'est le taux des obligations américaines à 10 ans) Quand les investisseurs anticipent ne serait-ce qu'une diminution des achats d'obligations par la banque centrale, ils anticipent une baisse de la valeur du T-Bond suffisante pour augmenter le taux à 10 ans de 1%... Donc pour alourdir le service de la dette. Et qu'en serait-il si la banque centrale diminuait vraiment ses achats plutôt que de juste en parler ? Et si elle les réduisait à zéro ? Ce serait l'explosion du service de la dette dont j'ai parlé dans mon post précédent, menant probablement à la faillite de l'Etat – voir les taux espagnol et italien fin 2011, avant que la BCE ne parle de LTRO – ce qui est bien le piège que je décrivais : si la Fed arrête la monétisation, l'Etat fédéral ira vers la faillite, si elle la continue, à doses de plus en plus intenses... le dollar finira par s'écrouler. Tu dis que depuis sept ans (en fait c'est cinq mais ça ne change pas le fond de l'argument) la Fed imprime – tout comme la Banque d'Angleterre d'ailleurs – et que l'inflation n'est pas là : - L'inflation n'est pas au supermarché non… mais l'inflation est dans le cours des actions et dans celui des obligations. Il était possible d'imaginer qu'elle arriverait directement dans le cours des produits de base – pour être transparent c'était mon cas il y a cinq ans – et ça ne s'est pas produit, mais elle est bien là cependant - L'historique des hyperinflations ne permet guère de dégager de critère permettant de deviner à quel moment elle commence. Il s'agit avant tout d'un phénomène de confiance, qui ne se modélise guère, confiance dans la solidité de l'Etat – raison pour laquelle elle peut être déclenchée par une guerre ou des troubles civils comme le rappelait Tancrède – et dans celle de la monnaie. Pour la même raison la fin d'une bulle – le début d'un krach – ne se prévoit pas précisément. Tout ce que l'on sait c'est qu'un krach est prévisible, ce qui était clair il y a six / sept ans pour l'immobilier, et qui est clair aujourd'hui pour les obligations d'Etat. La politique qui consiste à continuer d'imprimer de l'argent et de monétiser de la dette, parce qu'effectivement refuser de le faire serait provoquer une crise économique, une série de faillites bancaires et le défaut sur certaines dettes privées et qu'effectivement il n'est rien arrivé de grave jusqu'ici – l'augmentation des cours de bourse, ça ne déplaît pas tant que ça ! – c'est un peu comme rouler de nuit dans le brouillard à 150 tous feux éteints sur une départementale, et répondre à qui s'inquiète des risques "Mais il n'y a pas eu d'accident jusqu'ici, alors votre théorie est réfutée !".
  21. On peut aussi se référer à ce graphe tiré des données de la Fed
  22. Article intéressant des Echos sur les frères Koch, soutien financier essentiel du Tea Party américain
  23. Nul besoin d'être un disciple de Friedman ou de Von Hayek - ce que je ne suis pas, soit dit en passant... - pour comprendre que l'augmentation indéfinie de l'endettement, que l'on soit l'Etat ou un acteur privé, mène à la dépendance envers des taux d'intérêt hyper-bas, et que l'augmentation du taux d'intérêt débouche soit sur la faillite, soit sur la monétisation de la dette publique pour éviter la faillite. Les Etats-Unis en sont là depuis plusieurs années, la monétisation continue de manière addictive (ils ne sont d'ailleurs pas les seuls, voir l'Angleterre par exemple). Nul besoin d'avoir des idées sado-masochistes pour comprendre qu'à force d'imprimer de l'argent, on diminue sa valeur, et plus généralement que la loi de l'offre et de la demande s'applique aussi aux monnaies et que si quelque chose, par exemple "quelque chose en échange de rien", a l'air trop beau pour être vrai... eh bien, ça risque fort de ne pas être vrai, en effet. J'ai bien une suggestion : on pourrait utiliser la même méthode que pour s'adresser aux abrutis qui s'amusent avec la valeur de la monnaie de réserve mondiale par excellence, le dollar américain. Zut... on n'a pas trouvé de méthode pour faire entendre raison à ces abrutis-là non plus :( L'étalon or n'est pas un remède miracle. Reste qu'on peut tout à fait défendre l'idée que "le capitalisme est malade de sa monnaie" On peut aussi déplorer le "privilège exorbitant" pour les Etats-Unis d'imprimer la monnaie de réserve mondiale, comme le fit De Gaulle avec Jacques Rueff. Mais c'est un autre sujet.
  24. Je ne présuppose rien de tel. Ce que je présuppose, c'est que si un gouvernement ou une classe politique n'a pas pu en cinq ans commencer sérieusement à maîtriser déficits et dettes, si au contraire elle a rajouté aux engagements publics y compris plus discrets que les dettes (garantie apportée à Fanny Mae et Freddy Mac), si le peu qu'elle a fait en matière de réduction de déficit n'a été décidé que suite à une négociation de bord du gouffre (à l'été 2011), alors c'est que cette classe politique ne veut pas ou ne peut pas agir. Que ce soit par aveuglement, par inertie, ou par incapacité de "faire des deals" est secondaire. Ce qui ne veut pas dire que ça n'a pas d'importance, mais : que ça vient en second. Le fait premier et principal c'est qu'on ne peut pas compter sur la classe politique américaine pour changer la trajectoire d'endettement, laquelle mène à la catastrophe. Dire que "le pays doit avant tout fonctionner", c'est vrai, et c'est justement là le problème. S'il était possible de laisser déficits, endettement et dépendance envers la planche à billets continuer indéfiniment ! Mais ce que cette dérive et cette addiction couvent, c'est précisément l'impossibilité pure et simple pour l'économie de fonctionner : une monnaie entrant en hyperinflation empêche les échanges et détruit presque complètement les circuits d'échange économique. Je conseille la lecture de "When money dies" d'Adam Fergusson, une description datant des années 60 des événements en Allemagne entre 1921 et 1923. Ce que j'ai critiqué dans ton discours sur le Tea Party, ce n'est pas de tirer à boulets rouges sur leur refus idéologique des solutions publiques ou des augmentations d'impôt - nous sommes d'accord là-dessus. C'est de ne pas voir qu'ils ont raison de dire que la trajectoire financière actuelle des Etats-Unis mène au désastre. Et que ce qu'on peut décrire comme leur irresponsabilité doit être mise en balance avec l'irresponsabilité du reste de la classe politique américaine - en tout cas ceux qui font la politique chez les Démocrates comme chez les Républicains. Oui, hélas ! Et il faut oublier aussi le deuxième (diminution sérieuse de la Défense) et le troisième (augmentation sérieuse des impôts sur les plus riches) Le système politique américain tel qu'il est aujourd'hui a très peu de chance de générer des politiques permettant d'éviter le désastre. Le problème de ces chiffres, c'est la manière dont ils se comparent avec les revenus du pays... et la question du service de la dette. Celui-ci a diminué depuis 2008 pour des pays comme Etats-Unis, Allemagne ou France qui empruntent à taux d'intérêt extrêmement bas à la fois parce que les banques centrales appliquent le "ZIRP" la Zero-Interest-Rate-Policy ou politique de taux d'intérêt (presque) nul et parce que ces pays sont vu comme des refuges pour les capitaux à la recherche de sécurité. Malgré ce service au minimum, les déficits demeurent très grands. Qu'arrivera-t-il lorsque -non pas "si"- les taux remonteront ? Le taux d'intérêt moyen lié au service de la dette américaine est resté dans les années 90 toujours supérieur à 6%. Il était aux environs de 4,5% entre 2003 et 2008. Il est actuellement nettement inférieur à 3%. Même le retour à un niveau moyen de 5%, compte tenu d'une dette publique actuellement à 125% du PIB, aurait un impact sur les finances publiques de 3% du PIB environ... presque 500 milliards. Et le niveau moyen pourrait parfaitement augmenter au-delà. Maintenir au plancher le taux sur les obligations d'Etat est la raison principale pour laquelle le QE (planche à billets) est continué : si la Fed cessait d'acheter des T-Bonds, leur prix diminuerait fortement (moins de demande), ce qui correspond pour une obligation à une augmentation de son taux. Le résultat est que la politique ZIRP + QE de taux d'intérêt de la banque centrale à zéro + monétisation d'une grande partie de la nouvelle dette est un piège dont il est très difficile de sortir sans provoquer la faillite de l'Etat par augmentation du taux auquel les institutions financières lui prêtent de l'argent, augmentation qui peut rapidement devenir auto-entretenue : c'est bien ce qui est arrivé à la Grèce, au Portugal, ce qui menaçait en 2011 l'Italie et l'Espagne... Donc l'impression d'argent continue... et les prêts de la banque centrale au système financier à taux quasi-nul : "argent gratuit" nourrissant les bulles. La seule chance d'en sortir en sauvegardant à la fois le crédit de l'Etat et la valeur de la monnaie c'est de cesser d'empiler de la dette en même temps que le taux de la banque centrale est augmenté à sa valeur "moyenne en temps normal", c'est-à-dire certes pas 0,5%. Ce qui suppose un effort d'autant plus brutal sur le budget : il faut compenser l'augmentation du service de la dette et en même temps l'effet récessif de cette politique. Difficile, mais pas impossible à condition d'agir suffisamment rapidement. A un certain moment l'exercice deviendra impossible par dette trop élevée... et il ne restera plus que la répudiation au moins partielle, ou bien la monétisation (bonjour Mme Inflation) Je n'ai pas dit que le risque de faillite était nul, j'ai dit qu'il serait toujours possible à l'Etat fédéral d'éviter la faillite par manque de dollars, pour préciser immédiatement après que le risque de faillite par hyperinflation est du coup tout à fait ouvert. En 1922, un Allemand pouvait retirer l'épargne constituée pendant toute sa vie, il n'y avait aucun problème il recevait tous les marks qu'on lui devait... c'est juste que ça faisait juste assez pour s'acheter une bière au café du coin ! J'appelle ceci une autre forme de faillite. Concernant l'hyperinflation : il vaut la peine de se demander ce qui arriverait si l'inflation commençait à augmenter dans la situation actuelle. La raison pour l'augmentation initiale importe assez peu : disons qu'une fluctuation à la hausse survienne pour raison quelconque. Il est assez facile de voir qu'elle risquerait fort de devenir auto-entretenue en un très beau cercle vicieux menant à un effondrement hyperinflationniste. Voir par exemple la politique de Paul Volcker à partir de 1980 visant à "casser" l'inflation qui augmentait continûment : il a tout simplement porté le taux de base de la banque centrale américaine au-dessus du taux d'inflation. Le taux de base tutoyait à un moment les 20%... Pas 4 ou 5% comme en temps normal, ni 0,5% comme aujourd'hui. Vingt! Il va sans dire que la Fed mettrait immédiatement l'Etat fédéral en faillite si elle appliquait une telle politique aujourd'hui. Elle ne peut donc pas lutter contre l'inflation si celle-ci apparaît... et c'est justement cette incapacité à la refréner qui rend possible que l'inflation devienne auto-entretenue et aille jusqu'au paroxysme hyperinflationniste. Il est vrai qu'il y a du bon sens à considérer que "on n'a rien sans rien" et que ce que l'on produit à tire-larigot finira par ne plus valoir grand'chose - simple application de la loi de l'offre et de la demande au cas de la monnaie. Mais c'est aussi la leçon de l'histoire. Reste évidemment à considérer que "Cette fois, c'est différent"... mais c'est justement ce qu'on entend en présence d'une bulle, par exemple la bulle sur les actions Internet à la fin des années 90. La bulle actuelle, c'est celle des obligations d'Etat dont le prix est très élevé -contrepartie d'un taux bas- en dépit du fait qu'elles se multiplient comme des petits pains puisque les dettes publiques augmentent rapidement dans la plupart des pays de l'OCDE. Fin de cette bulle ===> Augmentation du taux d'intérêt sur les dettes publiques ===> Choix entre faillites publiques en série et explosion du rythme de la planche à billets pour acheter les obligations à la place des investisseurs privés désabusés, le deuxième choix étant le plus probable ===> Hyperinflation La progression dans cette chaîne causale peut s'apprécier en regardant la proportion de la nouvelle dette publique qui est achetée par la banque centrale donc monétisée. Les Etats-Unis sont autour de 50%. Ces mécanismes, ces exemples historiques, ces risques énormes, ne ressortent ni de l'alchimie, ni de la magie.
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