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AFRIQUE : politiques internes et relations internationales
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.laciviltacattolica.fr/le-panafricanisme-utopie-ou-realite/ (8 juillet 2025) Le panafricanisme : utopie ou réalité ? Les prémices du mouvement panafricain peuvent être retracées jusqu’aux premières interactions entre les populations africaines et les Afro-Américains. Le Congrès des peuples africains, également appelé Premier Congrès panafricain, a été organisé par Blaise Diagne et William Edward Burghardt Du Bois. Cette réunion historique s’est déroulée à Paris les 12 et 13 février 1919. Edward Wilmot Blyden (1832-1912) figure parmi les précurseurs du mouvement panafricain. Il s’agit d’un intellectuel et homme politique originaire du Libéria. On peut également citer Anténor Firmin (1850-1911), qui était un intellectuel originaire d’Haïti. Il est le premier à souligner l’impératif d’accorder aux populations noires un statut d’égalité totale sur le plan politique et légal, en considérant qu’elles étaient équivalentes aux blancs sur le plan racial. Un groupe restreint d’intellectuels et de penseurs, principalement composé de notables noirs de l’Empire Britannique, d’anciens esclaves affranchis américains et d’intellectuels socialistes français blancs, se réunit pour soutenir les idées de Firmin, lesquelles sont souvent utilisées pour critiquer l’entreprise coloniale européenne. Les événements ultérieurs ont renforcé la mouvance panafricaniste, notamment la défaite de l’empire colonial italien lors de la bataille d’Adoua en Éthiopie en 1890, face au roi Menelik II. C’est la première fois qu’un État africain réussit à résister et à repousser de manière définitive une puissance coloniale européenne, une victoire qui permettra à l’Éthiopie de devenir le seul État africain à ne jamais avoir été colonisé par les Européens. On peut également citer Kwame Nkrumah (1909-1972). Premier président du Ghana indépendant. Son engagement militant l’a amené à poursuivre ses études aux États-Unis, où il a pris la direction de l’association des étudiants africains. Il se rend ensuite en Angleterre pour superviser l’organisation du cinquième congrès panafricain en 1945. Il soutient le droit des populations colonisées à l’autodétermination. Son engagement demeure constant et il retourne dans son pays d’origine pour participer aux manifestations contre les colons. Suite à une brève période d’incarcération, il émerge en tant que leader du mouvement indépendantiste et fonde son propre parti politique en 1949, le Convention People’s Party (CPP). En raison d’importantes victoires du CPP lors des élections, les Britanniques ont été contraints d’accorder l’indépendance à leur colonie, qui a ensuite pris le nom de Ghana en 1956. Pendant les années 1960, le Ghana était devenu un lieu de refuge pour les panafricanistes venant de divers horizons. C’est ainsi que Nkrumah accueille, entre autres, W.B. Du Bois, des artistes et intellectuels tels que la poétesse Maya Angelou, le militant Malcolm X et l’essayiste Julius Mayfield. En 1963, Kwame Nkrumah est impliqué dans l’établissement de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Il publie également l’ouvrage « L’Afrique doit s’unir » au cours de la même année. Il recommande la mise en place des États-Unis d’Afrique. Cependant, la nature radicale de cette proposition d’union en tant que seule mesure de protection contre l’exploitation des grandes puissances suscita des divergences[4]. Il est impossible d’évoquer le panafricanisme sans faire référence à Julius Nyerere. Julius Nyerere, le président de la Tanzanie, ne partageait pas entièrement les opinions de Nkrumah, ce qui a entraîné de nombreux désaccords pratiques ou tactiques entre eux. Il avait néanmoins adhéré à la tradition « progressiste » du panafricanisme. Après le renversement de Kwame Nkrumah en 1966, il prit la relève du mouvement panafricain. Il faudrait aussi ajouter que le président sénégalais Léopold Sédar Senghor a également contribué à la promotion du panafricanisme par l’identité culturelle africaine, à travers son mouvement de la négritude. Aimé Césaire, Français de Martinique, a aussi contribué au panafricanisme par sa littérature et son engagement pour la Négritude[6] [n'est-ce pas paradoxal, de la part de ce chantre de la départementalisation de la Martinique ?], tandis que l’ancien président de la République démocratique du Congo, Mobutu Sese Seko, à travers son idéologie de l’authenticité, a tenté de promouvoir une identité africaine distincte, bien que son impact sur le panafricanisme soit plus controversé[7]. Quant à Frantz Fanon, psychiatre et essayiste français d’origine martiniquaise, il a joué un rôle crucial dans le panafricanisme à travers ses écrits et son engagement politique[8]. Fondement du panafricanisme L’un des objectifs fondamentaux de ce mouvement est de permettre aux nations africaines de gagner leur indépendance totale en se libérant de toute forme de contrôle étranger, qu’il s’agisse de la colonisation passée ou de l’exploitation néocoloniale actuelle. Cela englobe la lutte visant à obtenir l’indépendance dans les domaines politique, économique et culturel, ce qui implique la recherche de souveraineté et d’autonomie dans ces différents aspects de la vie d’une nation qui contribuent à forger l’identité panafricaine. Le but final de cette démarche est de mettre en place une structure politique unifiée regroupant l’ensemble des nations africaines. Ce projet est souvent envisagé sous la forme d’une fédération ou d’une union politique à l’échelle du continent. Les panafricanistes modernes Parmi les figures emblématiques de la lutte pour l’indépendance et le développement en Afrique, on peut mentionner le leader bissau-guinéen Amílcar Cabral, qui a joué un rôle majeur dans la lutte pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, ainsi que le président burkinabé Thomas Sankara, connu pour ses réformes progressistes et son engagement en faveur de l’autosuffisance et de la justice sociale. Cependant, après la chute du mur de Berlin en 1989, une période s’ouvre pendant laquelle le concept de panafricanisme perd de son essence et de sa signification. Pendant les années 1990 et 2000, de nombreuses personnes revendiquent leur soutien envers Mouammar Khadafi, le dirigeant libyen, connu pour financer des projets de grande envergure en Afrique subsaharienne. En plus de cela, ce dernier apporte son soutien à des mouvements de rébellion armée dans divers pays[11]. Actuellement, on peut observer l’émergence de plusieurs figures et courants panafricanistes contemporains. Le Sud-africain Julius Malema est l’une des personnalités les plus célèbres en Afrique. Il est connu pour être le leader du parti politique sud-africain appelé les Combattants pour la Liberté Économique, (Economic Freedom Fighters, EFF). Au Sénégal, Fadel Barro, qui est l’un des co-fondateurs du mouvement citoyen Y’en a Marre, s’engage activement en faveur de la promotion de la démocratie, de la transparence et de la bonne gouvernance sur le continent africain. L’activiste franco-béninois Kemi Seba (son vrai nom est : Stellio Gilles Robert Capo Chichi) s’est fait remarquer à travers son engagement militant en faveur de la lutte contre le néocolonialisme et pour la promotion de la souveraineté africaine[12]. [12] Kemi Seba est très engagé dans son panafricanisme jugé parfois sévère. Dans son ouvrage, voulant mettre l’accent sur l’autodétermination, il affirme que « la décolonisation a systématiquement échoué, car, à l’image de l’aigle conditionné voulant sortir de sa cage, une fois libres, nous avons voulu nous comporter comme le pigeon auquel le chasseur nous avait dit que nous ressemblions. Nous avons voulu gérer nos pays comme des Occidentaux, mais en vain, car le fait est qu’ontologiquement, nous ne sommes pas des Occidentaux et ne le serons jamais. Nous avons voulu fonctionner avec leurs mœurs, avec leur grille de lecture politique, que ce soit le marxisme, le léninisme, le socialisme, le radicalisme de gauche, alors qu’aucune de ces notions n’est intrinsèquement adéquate à la façon de fonctionner des Noirs ». Cf. K. Seba, Supra-negritude. Autodétermination, antivictimisation, virilité du peuple, Editions Fiat Lux, Paris, 2013, 215-216. Selon [Claudy] Siar, qui est un journaliste français d’origine guadeloupéenne et qui travaille comme animateur à la radio et à la télévision, « le panafricanisme, c’est l’amour et le respect des nôtres, pas la haine des autres ! Le panafricanisme, c’est la promesse de bâtir un monde qui nous ressemble et nous rassemble »[13]. Une personnalité féminine notable dans le contexte du panafricanisme contemporain est Nathalie Yamb, Suisso-camerounaise. Au sein des mouvements panafricanistes contemporains, on peut citer Y’en a Marre, un groupe de jeunes sénégalais engagés dans la promotion de la démocratie et la lutte contre la mauvaise gouvernance. Au Burkina Faso, le Balai Citoyen a eu un rôle déterminant dans la destitution du président Blaise Compaoré en 2014. Filimbi et La Lucha représentent deux mouvements engagés en République démocratique du Congo en faveur de la promotion de la démocratie et du respect des droits de l’homme. Évaluation/critique du panafricanisme Il est regrettable que ce soient l’ONU et l’Union européenne (UE) qui continuent à être des principaux partenaires de cet organisme africain, avec l’UE comme principal contributrice au budget de l’Union africaine. Le financement est un enjeu crucial qui influence les relations extérieures de l’UA, souvent orientées par les priorités de ses partenaires plutôt que par celles de l’Afrique. L’UA dépend ainsi largement de ses partenaires pour financer ses activités. Deux tiers de son budget 2023 provenaient de sources extérieures[14]. Sakiko Nakao évoque l’évolution du panafricanisme, qui oscille entre identité et unité. Il fait remarquer que déjà en 1962, Colin Legum notait un désir croissant d’unité mais aussi de graves tensions internes. Il attribuait la désunion africaine à des facteurs tels que le système tribal, les États non viables, les nationalismes rivaux et les divergences idéologiques. Cette dualité entre union et désunion a marqué la décolonisation africaine. La création de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963, censée symboliser l’unité, n’a pas échappé à ces tensions, exacerbées par les rivalités politiques et nationales. Nakao fait aussi référence à Jacqueline Ki-Zerbo pour qui les identités africaines n’ont pas convergé vers une vision collective de l’Afrique[15]. Abordant l’évaluation sous l’aspect social, Issa Shivji appelle à une redéfinition et ré-imagination du panafricanisme historique, en achevant la libération nationale et en recentrant l’attention sur les classes laborieuses. Il propose de voir le panafricanisme comme une pensée d’émancipation sociale, liée à la lutte des classes et contre le patriarcat. Il retrace également l’histoire des 500 dernières années, marquée par la domination occidentale, les pillages, les destructions et les guerres, et souligne que cette histoire doit être comprise dans le contexte de l’accumulation capitaliste mondiale. Il insiste sur la complexité de cette histoire, qui ne peut être réduite à des théories simplistes ou purement économiques[16]. Enfin, la corruption et la gouvernance déficiente dans certains pays d’Afrique sapent les initiatives panafricanistes. Ces problèmes internes ont la capacité de compromettre la crédibilité et l’efficacité du mouvement. Ces critiques montrent que, bien que le panafricanisme ait des objectifs nobles et importants, il doit surmonter de nombreux obstacles pour réaliser pleinement son potentiel[17]. -
La vidéo apporte un plus, car si j'imaginais les larmes, je ne pensais pas à la foule qui se lève et applaudit.
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co² Effondrement écologique et civilisationnel en ce siècle ?
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Economie et défense
https://www.laciviltacattolica.it/articolo/unsafe-le-assicurazioni-in-un-pianeta-che-brucia/ (7 septembre 2024) Gaël Giraud. « Unsafe » : les assurances dans un monde en feu Dans un discours resté célèbre, prononcé à la Lloyd's de Londres le 29 septembre 2015, Mark Carney, alors gouverneur de la Banque d'Angleterre [premier ministre du Canada depuis le 14 mars 2025], avait averti que le réchauffement climatique entraînerait trois types de risques pour le secteur financier : 1) un « risque physique », provoqué par la destruction des conditions matérielles d'existence des êtres vivants ; 2) un « risque de transition », généré par la perte de valeur des actifs financiers liés aux énergies fossiles, dont nous devrons un jour, bon gré mal gré, nous passer ; 3) un « risque juridique », supporté par les pollueurs, que les sociétés civiles de la planète ne tarderaient pas à traîner devant les tribunaux pour leur demander des comptes sur leur responsabilité dans la catastrophe écologique en cours[1]. L'Italie découvre peu à peu ce que signifie devoir vivre chaque année avec la moitié de l'eau potable, comme ce sera probablement le cas en 2040 dans la péninsule, si rien n'est fait entre-temps pour remédier au manque d'eau [3]. Le risque de transition ne s'est pas encore concrétisé. Au contraire, le secteur bancaire continue de financer des projets émetteurs de carbone à coups de milliards : depuis 2015, les 60 plus grandes banques de la planète ont financé des projets liés aux énergies fossiles pour un montant de 5 500 milliards de dollars[4]. Pire encore, de nombreuses banques continuent d'intégrer dans leur bilan des actifs financiers directement liés aux énergies fossiles. Pour les 11 premières banques de la zone euro, ces réserves d'actifs représentaient en moyenne 95 % des fonds propres de chacune d'entre elles[5]. Tant qu'elles conserveront ces « métastases » fossiles, elles ne pourront tolérer que les énergies fossiles « s'échouent » (stranded), car cela signifierait leur faillite à court terme. À ce tableau déjà sombre, il faut malheureusement ajouter aujourd'hui un quatrième risque, qui pourrait bien servir de canal de transmission entre le risque physique et le risque financier de transition. On pourrait l'appeler « risque d'assurance ». De quoi s'agit-il ? Tout simplement du fait qu'il n'est pas possible d'assurer une planète qui brûle. La nouveauté, c'est que depuis 2021, le secteur des assurances commence lui aussi à s'inquiéter. C'est ce que révèle un rapport publié en 2021 par Swiss Re, l'une des plus grandes sociétés de réassurance au monde, qui est étrangement passé inaperçu auprès du grand public[7]. En effet, pour la première fois à notre connaissance, une compagnie suisse d'une certaine importance publie une estimation de l'impact du risque physique sur les économies de la planète. Malheureusement, Swiss Re ne présente pas les données qui ont servi de base à ces estimations : elles sont couvertes par le secret professionnel. Pourquoi ces estimations sont-elles néanmoins crédibles ? Parce qu'elles s'appuient sur l'enregistrement des pertes subies, année après année, par les compagnies d'assurance du monde entier que Swiss Re se charge de réassurer : des biens immobiliers sur la côte de Floride, dévastés par le typhon et l'élévation du niveau de la mer, à ceux de Jakarta, sur le point d'être engloutis par l'océan, en passant par le nord de l'Europe, dévasté par les inondations de 2022. Les estimations de Swiss Re sont alarmantes : le scénario le plus pessimiste prévu par le réassureur suisse prévoit un réchauffement climatique supplémentaire de 3,2 degrés au cours de la seconde moitié de ce siècle et une perte annuelle du PIB mondial de 18,1 % vers 2050, par rapport à ce qu'aurait été le PIB mondial si le réchauffement climatique avait pris fin en 2020. Mais cela représente, chaque année, l'ordre de grandeur des pertes totales causées par la Covid-19 entre 2020 et 2025. Malheureusement, ces estimations confirment les prévisions les plus pessimistes formulées par Simon Dietz et Nicholas Stern[8], ou celles obtenues par le groupe de recherche du programme Environmental Justice Program de l'université de Georgetown[9]. La nouveauté, c'est que cette fois-ci, ce ne sont pas des chercheurs qui annoncent ce type de catastrophe, mais l'un des principaux réassureurs de la planète. Les réassureurs se retirent discrètement La conséquence de cette alerte lancée par Swiss Re en 2021 ne s'est pas fait attendre : depuis fin 2022, la plupart des compagnies de réassurance du monde occidental se sont retirées du risque induit par les événements climatiques extrêmes – inondations, sécheresses, ouragans, etc. , qui vont se multiplier (et dont la gravité risque d'augmenter) en raison du réchauffement climatique. Cela signifie que, depuis plus d'un an, la plupart des réassureurs refusent de couvrir les assureurs pour les dommages causés par ces événements. Or, l'impact de ces dommages sur le secteur des assureurs est considérable. Comme le montre le graphique ci-dessous, les pertes annuelles causées par les événements climatiques extrêmes aux États-Unis dépassent les 50 milliards de dollars par an depuis 2016 et atteignent 200 milliards depuis 2021. Dans le meilleur des cas, seule la moitié de ces pertes est effectivement couverte par les assurances. Ainsi, au moins la moitié de ces pertes sont à la charge des personnes et des entreprises non assurées. Même s'ils restent difficiles à quantifier, il va sans dire que les dommages pour l'économie sont colossaux. Et ils touchent également le secteur de la réassurance : en 2020 et 2022, le rendement des investissements en actions des sociétés de réassurance a atteint au maximum 2 %. Cette marge est conforme à une économie américaine en faible croissance (2 % en 2022), mais elle représente un manque à gagner considérable dans un monde financier où le taux attendu, encore aujourd'hui, avoisine les 10 % par an. Si rien n'est fait, on assistera au retrait, d'abord des réassureurs, puis des assureurs, de l'assurance des risques liés aux événements climatiques extrêmes. Au cours des années et des décennies à venir, les pouvoirs publics devront venir de plus en plus souvent en aide à leurs citoyens sinistrés. L'insistance de certains sur l'austérité budgétaire pourrait s'avérer contre-productive face aux urgences climatiques, lorsque les gouvernements procèdent à des coupes sombres dans les services publics et sociaux. Dans les pays où les gouvernements n'auront pas les moyens d'intervenir, des régions entières risquent de ne plus être assurées et leurs populations d'être abandonnées à leur sort. Cela serait déjà suffisamment préoccupant si le secteur bancaire lui-même ne promettait pas d'être directement touché par les catastrophes futures. En effet, si un capital, quel qu'il soit, n'est plus assuré, sa valeur marchande s'effondre très rapidement, il devient « unsafe ». Cela signifie qu'il n'est plus « sûr », qu'il ne peut plus servir de « garantie » pour un prêt bancaire. En finance, la « garantie » est un bien réel ou financier qui sert de garantie au créancier : en cas d'insolvabilité du débiteur, la garantie est acquise par le créancier – une banque, dans la plupart des cas – en remplacement du crédit qu'il a perdu. Dans la plupart des cas, ce sont des titres « sûrs », ou réputés tels, qui servent de garantie : des titres de dette publique de pays dont l'insolvabilité souveraine est considérée, à tort ou à raison, comme impossible (par exemple, les États-Unis ou l'Allemagne) ; ou des biens matériels, comme une maison (dans le cas des titres de créance subprime, par exemple) ; ou tout titre de propriété considéré comme sûr. En d'autres termes, la désertion des assureurs et le renoncement éventuel de l'État ne peuvent finalement que provoquer, à leur tour, le renoncement des banques. Cela constituera pour les populations concernées une double condamnation : abandonnées sans filet de protection aux caprices du climat induits par le réchauffement climatique, elles pourraient même ne plus avoir accès au crédit bancaire. Cela signifierait l'effondrement économique rapide de leur région. En effet, en l'absence de crédit bancaire, les entreprises ne peuvent plus investir et, par conséquent, cessent d'embaucher. De plus, les ménages ne peuvent plus recourir au crédit pour acheter des biens durables (logement, voiture, etc.). La dépression de l'offre aggrave donc celle de la demande. Malheureusement, ce processus s'autoalimente et, sans une intervention forte de l'État, personne ne sait comment sortir de ce piège. Il y a quelques années, les ouvrages « collapsologiques » – qui mettaient en garde contre la possibilité d'un « effondrement » – ont connu, à juste titre, un grand succès[11]. Certains enthousiastes rêvaient toutefois de l'avènement d'une société pauvre mais égalitaire, dans laquelle, face à l'adversité, chacun redécouvrirait les vertus de la solidarité, de la permaculture et des potagers communs. La pandémie de Covid-19 et les différences de traitement que nous avons subies nous ont fait prendre conscience à quel point cette perspective était romantique. La réalité – beaucoup plus prosaïque – a été celle d'une augmentation des inégalités entre les économies réelles (qui ont connu un véritable effondrement durable, au détriment de tous ceux qui n'ont pas trouvé d'emploi ou qui n'ont été occupés que dans des emplois non qualifiés, sans parler de ceux qui sont morts) et la sphère financière. L'effondrement pourrait se produire par morceaux : les territoires les plus exposés aux conséquences des événements climatiques extrêmes risquent de devenir des zones abandonnées (d'abord par les assureurs, puis par l'État, et enfin par les banques), où la monnaie sera rationnée (comme c'est le cas aujourd'hui au Liban, autrefois appelé « la Suisse du Moyen-Orient »). Nous pouvons nous attendre à d'importantes migrations de populations à la recherche de territoires moins exposés ou encore assurés. La surface terrestre sûre se réduit, les bulles immobilières qui touchent certaines métropoles – et dont certaines semblent sur le point de se dégonfler en raison de la politique de taux d'intérêt élevés pratiquée par les banques centrales – ne pourraient que se regonfler dans la mesure où les assureurs et les banques y voient les dernières garanties réelles « sûres » de la planète. Pouvoir habiter dans un logement assuré, bénéficier d'un prêt bancaire et d'un emploi raisonnable deviendraient alors le privilège d'une minorité. Et surtout, il faut considérer qu'il peut y avoir une alternative : une voie vers la décarbonisation de nos économies. En janvier 2024, l'Institut Rousseau a publié un rapport, Road to Net Zero – commandé deux ans plus tôt par le parti des Verts au Parlement européen –, qui décrit un scénario de décarbonisation de l'Union européenne d'ici 2050[13]. Plus d'une centaine d'ingénieurs de toute l'Europe y ont contribué. Les principales caractéristiques de cette voie vertueuse sont connues : rénovation thermique des bâtiments ; utilisation du train et du transport ferroviaire ; réduction massive du transport aérien ; fin de la grande distribution ; réorganisation de la gestion du territoire autour d'un réseau dense de petites villes, bien reliées par le rail et entourées de cultures mixtes respectueuses de l'environnement ; réduction drastique de la consommation de viande ; absorption des émissions résiduelles par les forêts européennes. Il en résulte que non seulement il est techniquement possible de réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre de l'UE d'ici 2050, mais que cela ne coûterait même pas très cher. Le coût annuel total des dépenses supplémentaires requises par ce scénario n'atteint pas 2,3 % du PIB actuel de l'Union, soit environ 260 milliards d'euros[14]. Si l'on adopte la perspective plus pessimiste de Swiss Re, même si la Chine et les États-Unis ne décarbonisaient que très peu leurs économies, quelques calculs simples suggèrent que le coût de l'inaction pourrait dépasser le coût de la décarbonisation de l'Europe selon le scénario de l'Institut Rousseau. Même en tenant compte de l'incertitude qui entoure ce type de calculs, une conclusion s'impose : l'objection traditionnelle à la décarbonisation – « Pourquoi devrions-nous faire un effort si les autres ne le font pas ? » – n'est plus pertinente ; les dommages que promet le chaos climatique sont tels et le coût de la décarbonisation de nos économies est encore suffisamment modéré à l'heure actuelle pour que les efforts d'un continent comme l'Europe soient rentables. Tout cela sans tenir compte de l'effet exemplaire qu'un véritable Green Deal européen aurait sur de nombreux pays hors de l'UE et, par conséquent, des gains supplémentaires que générerait l'effet d'entraînement et d'imitation d'une véritable bifurcation européenne sur les émissions mondiales. La financiarisation de nos économies, combinée à la concentration croissante du secteur financier – en particulier des fonds de gestion d'actifs –, a pour conséquence que la concurrence économique se réduit à une course vers l'abîme : une entreprise cotée en bourse qui tente de réorienter son activité afin de réduire ses émissions diminue son rendement boursier et se trouve souvent pénalisée par certains de ses actionnaires. En matière écologique et en l'absence d'une réglementation contraignante, la concurrence financière revient à pénaliser la vertu et à récompenser le vice. Nous devons réécrire le cadre prudentiel dans lequel travaillent les assureurs, Solvabilité II, afin qu'un nouveau code « vert » – éventuellement baptisé Solvabilité III – récompense les assureurs qui résisteront le plus longtemps possible à la tentation d'abandonner le navire des assurés soumis à des événements climatiques extrêmes. Dans le monde bancaire, un cadre prudentiel de type Bâle IV « vert » doit fournir les bonnes motivations, notamment en termes de capital, pour que nos banques cessent définitivement de financer des projets fossiles et acceptent enfin de financer des projets verts. Pour que ces derniers deviennent rentables, il est grand temps que les pouvoirs publics européens admettent enfin que le « marché des droits à polluer » (Ets) est un échec et qu'il faut imposer et uniformiser une taxe carbone qui indemnise les familles modestes, prisonnières de la hausse du prix du carbone, afin d'éviter un nouveau phénomène de « gilets jaunes » .- 2 389 réponses
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Royaume-Uni
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.eurotopics.net/fr/345394/visite-de-trump-en-grande-bretagne-une-operation-reussie# Entre Starmer et Trump, le courant passe, estime Corriere della Sera (Italie, 19 septembre 2025) : « Le locataire de la Maison Blanche est venu accompagné de l'élite de l'économie américaine, de Microsoft à Blackrock, de Google à Apple, et ils ont conclu un partenariat technologique pour que les Etats-Unis et le Royaume-Uni prennent la tête de la révolution mondiale de l'intelligence artificielle, main dans la main. ... Selon les termes de Starmer, la 'relation particulière' entre les deux pays, qui existe déjà dans les domaines de la sécurité et du commerce, doit maintenant être complétée par un nouveau volet technologique. ... Pour le Premier ministre britannique, cette visite a été une réussite indubitable, confirmant son rôle de leader le plus proche de l'esprit et du cœur de Trump ». Probablement un renforcement de la vassalisation dénoncée par Angus Hanton : - - Et de l'impérialisme technologique dénoncé par Karen Hao : -
2023 Guerre de Soukhot
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Titus K dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.eurotopics.net/fr/345395/l-onu-accuse-isral-de-genocide Avvenire (Italie, 18 septembre 2025) salue le rapport : « Soixante-quinze pages remplies de témoignages, de données et d'analyses qui, bien qu'elles ne soient pas juridiquement contraignantes pour l'instant, prennent clairement position : ce qui se passe à Gaza ne peut plus être considéré comme une 'conséquence inévitable' de la guerre, mais se rapproche dangereusement de ce que la Convention de 1948 définit comme un génocide. La force du document réside précisément dans sa sobriété. N'y figure aucune déclaration tonitruante, mais une liste précise d'actes qui remplissent les conditions [pour être qualifiés de génocide] selon le droit international : massacres, provocation de souffrances physiques et psychologiques, dégradation délibérée des moyens de subsistance, privation d'accès à l'eau, à la nourriture et aux soins médicaux, destruction d'hôpitaux et d'établissements de santé ». -
https://fr.euronews.com/2025/09/22/assassinat-de-charlie-kirk-donald-trump-denonce-une-attaque-contre-la-nation-toute-entiere [Erika Kirk] a également adressé un message direct à l'auteur présumé du meurtre, Tyler Robinson. "Mon mari Charlie voulait sauver des jeunes hommes, comme celui qui lui a ôté la vie", a-t-elle affirmé. "Je lui pardonne parce que c'est ce que le Christ a fait et c'est ce que Charlie aurait fait". "La réponse à la haine n'est pas la haine. La réponse que nous donne l'Évangile, c'est l'amour et toujours l'amour", a-t-elle poursuivi.
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Russie et dépendances.
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Une nouvelle pièce dans ce dossier : https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250919-le-jeu-d-équilibriste-de-la-russie-dans-le-conflit-israélo-palestinien (19 septembre 2025) Jean de Gliniasty [*Géopolitique de la Russie, éditions Eyrolles, 2025], directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et ancien ambassadeur de France à Moscou « Il faut savoir que Poutine, en fait, est philosémite, explique Jean de Gliniasty, ce que lui reprochent d’ailleurs certains milieux d'extrême droite. » -
Israël et voisinage.
Wallaby a répondu à un(e) sujet de loki dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250919-le-jeu-d-équilibriste-de-la-russie-dans-le-conflit-israélo-palestinien (19 septembre 2025) Le jeu d'équilibriste de la Russie dans le conflit israélo-palestinien Trois jours après le début de la guerre, des représentants du Hamas (organisation qui n’est pas considérée comme terroriste par Moscou) et de l’Iran entament une visite officielle en Russie. Cette visite n’est pas une première, d’autres ont eu lieu avant même 2006 et la victoire du Hamas dans la bande de Gaza. La Russie appelle alors à un cessez-le-feu, au retour d’un règlement politique du conflit. Elle propose une résolution dans ce sens au Conseil de sécurité dès le 13 octobre 2023 – contre laquelle Washington met son veto - et entend jouer un rôle de médiateur entre les deux parties. « Les pays occidentaux et notamment les États-Unis répètent à l’envi qu’Israël a le droit à la légitime défense, alors qu’en tant que puissance occupante il ne jouit pas de ce droit, ainsi que le confirme l’avis consultatif de la Cour internationale de justice de l’ONU de 2004 » [1], déclare de son côté le représentant permanente de la Russie aux Nations unies, Vassili Nebenzia, le 26 octobre 2023. En février 2024, Vladimir Poutine invite aussi de nombreuses délégations d'organismes palestiniens, dont l'Autorité palestinienne, le Hamas et le Jihad islamique. Pour le Hamas, le soutien d’un membre du Conseil de sécurité de l’ONU est essentiel. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères reçoit également, en janvier 2024, une délégation de Houthis. Parallèlement, le Kremlin se rapproche toujours un peu plus des « ennemis d’Israël », de l’Iran au Hezbollah libanais, mais aussi des Émirats et de l’Arabie saoudite. Il est alors l’un des rares acteurs à parler à tout le monde dans la région. « Mais ce pari d'un rôle stratégique sur lequel a capitalisé Moscou dans la région du Moyen-Orient - où la Russie avait repris pied en intervenant militairement fin septembre 2015 pour sauver alors le régime de Bachar el-Assad -, est largement perdu avec la chute de ce régime le 8 décembre 2024 ». À cet égard, d’aucun s’interroge sur l’énième visite du Hamas en février 2025 durant laquelle Moscou demande la libération de l’otage Alexandre Trupanov, qui sera libéré très peu de temps après. Car le président russe entend maintenir les liens non seulement avec Israël mais aussi avec la diaspora russe présente là-bas. Il considère même, à tort ou à raison, qu'elle constitue un relais d'influence russe en Israël. Aujourd’hui encore, trois vols quotidiens sont opérés entre Moscou et Tel-Aviv. La Russie compte en effet près de 30 millions de musulmans. Nombre d’entre eux se sont ainsi fait entendre fin octobre 2023 lorsqu’ils ont pris d’assaut le tarmac de l'aéroport de Makhatchkala, la capitale de la république russe à majorité musulmane du Daguestan après l'annonce de l'arrivée d'un vol en provenance d'Israël. « Les tueurs d'enfants n'ont pas leur place au Daguestan », pouvait-on lire sur certaines pancartes. Le président russe a annoncé en mars dernier que Moscou organiserait le premier sommet russo-arabe le 15 octobre prochain. Vladimir Poutine a officiellement invité les dirigeants de tous les États membres de la Ligue arabe à participer à l'événement. La Syrie d'Ahmed al-Charaa est invitée à ce sommet. [1] https://www.doc-du-juriste.com/droit-public-et-international/droit-international/commentaire-d-arret/cour-internationale-justice-9-juillet-2004-quoi-avis-consultatif-eclaire-conditions-invocation-droit-legitime-defense-attaque-armee-terroriste-regard-droit-international-680254.html Selon l'avis consultatif de la CIJ, à destination de tous les organes onusiens, le droit à la légitime défense est strictement limité à la réponse d'un « État contre un autre État » en cas de situation de défense face à une attaque armée de l'un sur l'autre. Par cette formule la CIJ conditionne ainsi le droit à la légitime défense tout d'abord à une attaque armée directe et immédiate en vertu de son interprétation de l'article 51 de la Charte des Nations unies, mais également, plus crucialement dans le contexte de la publication de cet article au fait que le droit à la légitime défense n'est pas applicable dans les situations de lutte contre le terrorisme national comme transnational qui se rapportent à des groupes non étatiques qui ne sont pas inclus dans les conditions de l'article 51. https://jurdi.fr/ressources/avis-consultatif-de-la-cij-concernant-le-mur-en-palestine/ Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice (CIJ) rend un avis consultatif sur les conséquences juridiques de la construction par Israël d’un mur dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est. La CIJ conclut que la construction de ce mur viole plusieurs principes du droit international, notamment en ce qui concerne le droit humanitaire et les droits de l’homme. Points clés de l’avis 1.Violation du droit international : La CIJ estime que la construction du mur constitue une violation du droit international, en particulier de la Quatrième Convention de Genève de 1949, qui interdit aux puissances occupantes de modifier la situation des territoires qu’elles occupent au détriment des populations locales. 2.Obstacles au droit à l’autodétermination : La construction du mur empêche le peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination, en fragmentant le territoire et en isolant des communautés palestiniennes les unes des autres. Cette situation risque de rendre toute solution de paix difficilement réalisable. 3.Obligations d’Israël : Israël est tenu de cesser la construction du mur, de démanteler les sections déjà construites dans les territoires occupés et de réparer les dommages causés aux Palestiniens. La CIJ souligne qu’Israël ne peut pas justifier la construction du mur pour des raisons de légitime défense, puisque cette défense s’applique entre États et que la menace perçue provient de territoires sous son propre contrôle. -
OMS-B - Protectorat sur les Pays Baltes
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Donc la Russie n'est plus menacée. Donc elle n'a plus besoin de mener une opération contre une menace qui n'existe plus. En revanche, si c'est le contraire, si la menace se renforce, alors ce serait plus facile à imaginer comme scénario. Contradictio in termis ? Un pont terrestre ce serait à travers la Lituanie, donc tu peux laisser l'Estonie et la Lettonie tranquilles. -
Politique étrangère des USA
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.foreignaffairs.com/united-states/lies-america-tells-itself-about-middle-east-gaza (16 septembre 2025) Les mensonges que l'Amérique se raconte au sujet du Proche-Orient : Alors que son influence s'estompait, Washington a dissimulé et nié la réalité Hussein Agha et Robert Malley Avec le temps, il devient difficile de distinguer où s'arrête l'aveuglement et où commence la dissimulation. Finalement, après avoir répété les mots suffisamment souvent, la distinction s'estompe et perd de son importance, voire disparaît complètement. Les deux se confondent. Une illusion répétée à l'infini malgré son caractère manifestement faux cesse d'être une illusion et devient un mensonge ; un mensonge répété à l'infini peut devenir une seconde nature, si ancré et instinctif qu'il se détache de ses origines et se transforme en hallucination. Les affirmations récurrentes des responsables américains, depuis plusieurs décennies, selon lesquelles ils sont attachés à une solution à deux États et qu'un nouveau cycle de négociations sous l'égide des États-Unis pourrait y aboutir, sont sans doute nées d'une conviction sincère. Mais lorsqu'ils continuent à répéter ce mantra, échec après échec, cela n'est plus une illusion et devient une tromperie. C'est un autre de ces phénomènes qu'il faut vivre pour comprendre. Les responsables américains avaient confiance lorsqu'ils se sont rendus à Genève et à Camp David, tout en sachant que ces deux initiatives seraient vouées à l'échec ; ils croyaient en l'initiative de Kerry, tout en sachant qu'elle était chimérique ; ils pensaient que la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël était possible, tout en se résignant au fait que, pour l'instant, ce n'était qu'un rêve irréalisable. Ils savaient et ne savaient pas à la fois, sans être sûrs de ce qui était vrai. « Le passé a été effacé, l'effacement a été oublié, le mensonge est devenu vérité », écrivait George Orwell dans son roman dystopique, 1984. Les preuves contredisent les croyances, mais la foi persiste. Il est arrivé un moment où, dans ses relations avec le Moyen-Orient, les États-Unis ont commencé à faire de l'optimisme une religion, à adopter une idéologie fondée sur des vœux pieux, à prononcer régulièrement des paroles creuses et à faire des déclarations facilement réfutées par les événements. Il est difficile d'identifier une date précise, mais plus facile d'identifier une cause probable : cette habitude acquise ne peut être dissociée de l'érosion de la puissance et de l'influence des États-Unis. Le président Joe Biden, également, lorsque les forces américaines ont commencé à poursuivre les Houthis au Yémen en réponse à leurs attaques contre des navires commerciaux, et que les porte-parole de l'armée américaine ont revendiqué à plusieurs reprises leur succès, a fait cette déclaration lunaire à un journaliste au sujet des frappes qu'il avait ordonnées : « Quand vous dites : Est-ce que ça marche, est-ce que ça arrête les Houthis ? Non. Vont- elles continuer ? Oui. » Moins les États-Unis contrôlent le cours des événements, plus leurs responsables ressentent le besoin d'en parler, ce qui est une façon de donner l'impression qu'ils maîtrisent la situation. Ce que Washington perd en influence, il le compense par le bruit. Il masque son impuissance par sa loquacité, sa futilité par son éloquence. Le vrai pouvoir est silencieux [1]. Le décalage entre les mots et la réalité est presque impossible à comprendre, sauf peut-être comme un signe de la fin d'une époque. Il suggère la nostalgie d'une superpuissance autrefois toute-puissante qui aspire à l'époque où elle pouvait faire ce qu'elle voulait, le poids d'un système d'incitations qui pénalise le pessimisme pour le jugement qu'il porte sur les intentions américaines et récompense l'optimisme pour le verdict qu'il rend sur les prouesses américaines, ou l'espoir que la répétition compulsive et joyeuse rendra les supercheries réalités. Au fil des décennies, les États-Unis ont progressivement construit un univers parallèle. Un univers dans lequel les discours optimistes se réalisent et les actions produisent les résultats escomptés. Dans lequel la mission de Washington en Afghanistan donne naissance à une démocratie moderne et les forces gouvernementales soutenues par les États-Unis peuvent tenir tête aux talibans. Dans lequel les sanctions économiques entraînent les changements politiques souhaités, apprivoisent les Houthis et inversent les progrès nucléaires de l'Iran. Dans lequel les États-Unis sont engagés dans une lutte décisive des forces démocratiques contre les régimes autocratiques. Un univers dans lequel les Palestiniens modérés représentent leur peuple, réforment l'Autorité palestinienne et modèrent leurs revendications politiques ; un centre israélien raisonnable prend les choses en main grâce à la douce pression américaine, accepte des retraits territoriaux significatifs et un État palestinien digne de ce nom. Un univers dans lequel un cessez-le-feu à Gaza est imminent, la justice internationale est aveugle et les grossiers doubles standards de Washington ne souillent pas sans cesse l'ordre international qu'il prétend défendre. [Et cela ne s'applique peut-être pas uniquement au Proche-Orient...] [Et Trump, plus personnalité médiatique qu'homme d'action précis et stratégique, incarne tout particulièrement cette forme de "loquacité"] [1] -
2023 Guerre de Soukhot
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Titus K dans Politique etrangère / Relations internationales
https://responsiblestatecraft.org/arms-transfers-to-israel/ (17 septembre 2025) Cachée au cœur d'un projet de loi incontournable sur le financement du département d'État, une disposition permettrait le transfert illimité d'armes américaines vers un stock spécial basé en Israël au cours du prochain exercice fiscal, renforçant ainsi la voie vers la fourniture d'armes américaines à Israël avec un contrôle public réduit. La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants doit examiner le projet de loi mercredi matin. Ce stock, connu sous le nom de War Reserve Stock for Allies-Israel (WRSA-I), est « le mécanisme le moins transparent pour fournir des armes à Israël », a déclaré Josh Paul, ancien fonctionnaire du département d'État, à Responsible Statecraft. Depuis le 7 octobre, Israël a discrètement acheté un nombre considérable d'armes américaines au WRSA-I, facilitant ainsi une vague de frappes aériennes que de nombreux analystes considèrent comme la campagne de bombardements la plus intense du XXIe siècle. Le processus de transfert est simple. Lorsque Israël demande des armes au WRSA-I, le secrétaire à la Défense peut approuver la demande sans avoir à passer par les étapes habituelles, telles que la notification préalable au Congrès ou même à la Maison Blanche. Au début du conflit, les responsables de l'administration Biden semblaient contourner les règles de transparence en fractionnant les transferts importants de WRSA-I en petits lots d'armes dont la valeur était inférieure au seuil de 25 millions de dollars à partir duquel la vente doit être notifiée au Congrès. Cela explique en partie comment Israël a pu mener la guerre à Gaza malgré le peu d'armes vendues par les États-Unis qui aient été rendues publiques. Certains craignent que ces transferts d'armes n'exercent une pression supplémentaire sur les stocks d'armes américains, déjà mis à rude épreuve par le soutien apporté par les États-Unis à Israël et à l'Ukraine. Il convient de noter que le projet de loi contient également une disposition qui supprimerait toutes les obligations de reddition de comptes du Département d'État, ce qui signifie que celui-ci ne serait plus tenu de soumettre au Congrès des rapports sur des questions telles que les droits de l'homme à l'étranger. -
AFRIQUE : politiques internes et relations internationales
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250915-afrique-ouest-trafic-drogues-consommation-hors-de-contrôle La région ouest-africaine est, depuis le début des années 2000, une zone de transit pour des drogues produites en Amérique latine et à destination de l'Europe. Mais à force d'y circuler, celles-ci ont commencé à être consommées sur place. Un phénomène en pleine expansion. À la manœuvre dans ce trafic régional, on trouve une myriade d'acteurs, mais deux ont pris une place considérable ces dernières années, selon le dernier rapport du GI-TOC, consacré aux « filières atlantiques ». L'un est en charge de la « logistique » : il s'agit du Primeiro Comando da Capital, ou PCC, un groupe de prisonniers brésiliens qui s'est mué en une puissante organisation mettant en relation, à l'échelle mondiale, producteurs et « détaillants ». L'autre acteur, justement, sont ces mafias européennes chargées d'inonder le Vieux Continent, et qui ont un pied en Afrique. C'est le cas de la 'Ndrangheta calabraise, qui a scellé un accord avec le PCC à fin des années 2010. Mais ce trafic a aussi aiguisé les appétits des mafias balkaniques, qui ont accru leur présence dans la région, parfois au détriment de la 'Ndrangheta, parfois en « complément », souligne un autre rapport du GI-TOC. Résultat, en 2023, l’Office des nations unies contre la drogue et le crime (l’ONUDC) estimait que la consommation de drogues avait augmenté de 23% ces dix dernières années en Afrique de l’Ouest et du centre. Les taux de prévalence, c'est-à-dire la proportion de la population qui consomme des stupéfiants, y tournent autour de 10% alors que la moyenne mondiale est de 4,4%. -
La Place de la France dans un monde de blocs
Wallaby a répondu à un(e) sujet de herciv dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/leurope-et-la-chine-vont-sopposer-aux-etats-unis-et-a-la-russie-la-nouvelle-guerre-froide-ecologique-G2LKDQPB7VBQJBKE2YES5RZ7CQ/ (15 septembre 2025) Pour L’Express, [Nils Gilman] explique à quoi pourrait ressembler cet "ordre post-libéral" qui se scindera selon "des nouvelles lignes de faille", avec une recomposition des alliances mondiales en fonction de la transition énergétique. D’un côté, les pays engagés à opérer une transition vers les énergies vertes, en têtes desquels la Chine et le Vieux Continent – "l’Europe fournirait un marché, tandis que Pékin apporterait sa force de frappe industrielle". De l’autre, les pays producteurs et extracteurs de pétrole et de gaz que sont la Russie, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, réunis autour de leur "rejet partagé de la transition verte", jusqu’à amplifier la désinformation climatique. Côté européen, si une telle idée pourrait sembler difficile à imaginer pour le moment, rappelons que ceux-ci sont aujourd’hui régulièrement victimes de chantage de la part des Etats-Unis, leur principal partenaire commercial historique. Aussi, la question des alternatives pour atteindre l’autonomie énergétique commence à se poser. Il y a six mois, un haut responsable du Quai d’Orsay me confiait : "si nous devions choisir entre une base technique ancrée dans la technologie chinoise et une autre gérée par des Américains comme Elon Musk, Donald Trump et J.D. Vance, nous préférerions sans doute travailler avec Pékin, car au moins la Chine n’essaierait pas d’interférer avec notre gouvernance". -
Opérations au Mali
Wallaby a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce qui serait gênant c'est si la ville (et non la région) de Kayes ne pouvait plus être ravitaillée depuis Dakar, ou si la route entre Kayes et Bamako était coupée. Mais ce n'est pas le cas. Les localités attaquées indiquées sur la carte dans l'article de RFI, sont à l'est de Kayes, à l'est et au nord des vallées des fleuves Sénégal et Niger. Les vallées semblent rester hors d'atteinte pour ces attaquants et les attaques se concentrer dans des régions relativement excentrées et désertiques. https://www.agenceecofin.com/actualites-infrastructures/0306-128937-mali-le-corridor-bamako-dakar-au-c-ur-d-une-strategie-de-desenclavement-logistique (3 juin 2025) Le corridor Bamako - Dakar est l’un des deux principaux axes logistiques du Mali, l’autre étant celui menant à Abidjan. Ensemble, ils permettent d’acheminer les flux d’import/export via les ports de Dakar (Sénégal) et de San Pedro (Côte d’Ivoire), deux plateformes stratégiques pour l’économie malienne. -
Opérations au Mali
Wallaby a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Le titre "blocus à Kayes" est sensationnaliste. C'est un peu comme si une action de guérilla dans les Alpes était interprêté comme le "blocus de Lyon". -
Océanie
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.theguardian.com/world/ng-interactive/2025/aug/27/reducing-violence-against-women-png-papua-new-guinea En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les deux tiers des femmes subiront des violences au cours de leur vie. Plus tôt cette année, les meurtres brutaux de deux femmes dans des actes distincts d'extrême violence ont suscité l'indignation nationale et relancé les appels à l'action. Ruth Kissam, militante de premier plan pour les droits humains, affirme que la violence sexiste – qui comprend la violence domestique et sexuelle, ainsi que les meurtres liés à des accusations de sorcellerie – imprègne tous les niveaux de la société. La violence n'est souvent pas signalée par crainte de représailles ou par manque de confiance dans le système judiciaire. https://www.theguardian.com/world/2025/sep/16/papua-new-guinea-1975-independence-remembering-png-first-moments En cette belle journée de septembre 1975, la souveraineté nationale n'était plus seulement un concept sujet à débat, elle était devenue réalité. Mais alors que Port Moresby célébrait l'événement avec des cérémonies et des chants, une autre communauté considérait le nouvel État avec suspicion. À des centaines de kilomètres de là, dans les hautes terres de Tari, des hommes armés de haches ont pris d'assaut un poste gouvernemental où le nouveau drapeau venait d'être hissé. « Dès que le drapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a été hissé, ils ne l'ont pas descendu, ils ont abattu tout le mât », se souvient Chris Warrillow, qui travaillait à Tari sous l'administration australienne. Alors que la plupart des personnes instruites de Port Moresby soutenaient l'autonomie, d'autres dans les provinces de Papouasie-Nouvelle-Guinée craignaient que l'indépendance ne soit une autre forme d'asservissement, par des voisins inconnus, dans des langues qu'ils ne parlaient pas, sous un système qui leur était étranger. En dehors de la capitale, certains chefs tribaux soutenaient également l'indépendance et y voyaient un moyen de récupérer l'autorité sur leurs terres ancestrales. Dans certaines régions de Papouasie-Nouvelle-Guinée, certains groupes résistaient depuis longtemps à la domination australienne. Ils refusaient de payer des impôts, exigeaient une plus grande autonomie et réclamaient une indépendance rapide. Cette colère s'est parfois transformée en violence, comme en 1971, lorsqu'un haut fonctionnaire australien a été assassiné par des chefs tribaux qui voulaient récupérer l'autorité sur leurs terres ancestrales. Pourtant, pour la plupart des Australiens travaillant en Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'expérience était différente. Beaucoup se sentaient largement bien accueillis dans les communautés où ils travaillaient. « La plupart des habitants ruraux n'étaient jamais sortis de leur village ou de leur région immédiate, et ils ne comprenaient donc pas vraiment ce que signifierait l'indépendance pour leur pays », a déclaré Thompson. https://www.theguardian.com/world/2025/sep/16/papua-new-guinea-independence-50th-anniversary-png-world-leaders Les dirigeants du Pacifique se sont réunis à Port Moresby pour célébrer le 50e anniversaire de l'indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée vis-à-vis de l'Australie. Le Premier ministre James Marape a évoqué ce moment historique et s'est montré optimiste quant à l'avenir, malgré les défis auxquels le pays est confronté. « Plus tôt dans la soirée, alors que le drapeau australien était mis en berne, Sir John [Guise, le premier gouverneur général, qui joue le rôle de représentant de la reine d'Angleterre, à l'instar de ses homologues du Canada ou d'Australie] a rappelé à la foule que « nous mettons le drapeau australien en berne, nous ne l'enterrons pas », a déclaré Marape. Le Premier ministre a déclaré que les propos de Guise reflétaient « la bonne volonté avec laquelle l'indépendance était née, non pas de la colère, mais du respect, de l'humilité et de la foi en l'avenir de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ». Tôt mardi matin à Port Moresby, le drapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a été hissé, accompagné d'un défilé aérien de la Royal Australian Air Force et d'une salve de 50 coups de canon tirés par les forces armées papouasiennes sur Independence Hill, près du parlement. Avec une population estimée à environ 11 millions d'habitants, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est le pays le plus peuplé du Pacifique après l'Australie. Pour marquer le 50e anniversaire de l'indépendance du pays, l'Australie aidera la Papouasie-Nouvelle-Guinée à construire une nouvelle aile ministérielle pour son parlement. M. Albanese a annoncé ce soutien après avoir assisté lundi à un dîner officiel à Port Moresby en compagnie d'autres représentants de pays, dont le prince Edward. « Notre soutien à l'agrandissement du Parlement est un investissement dans la démocratie et la souveraineté de la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui profitera aux générations futures », a-t-il déclaré mardi. https://www.aip.ci/243574/cote-divoire-aip-inter-le-chef-de-lonu-salue-laction-climatique-en-papouasie-nouvelle-guinee/ (4 septembre 2025) En visite officielle en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres [est le] premier chef de l’ONU en exercice à se rendre dans ce pays qui célèbre ses 50 ans d’indépendance. Mercredi, devant les parlementaires à Port Moresby, la capitale, il a souligné l’importance de la récente décision de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a confirmé que la lutte contre la crise climatique constitue une obligation juridique en vertu du droit international. Cet avis, a-t-il rappelé, reflète le leadership des pays du Pacifique et de leur jeunesse, qui représente 60 % de la population. Le Secrétaire général a averti que les efforts visant à limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C étaient « compromis », exhortant les pays à soumettre de nouveaux plans climatiques couvrant l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre et à accélérer la transition énergétique.- 241 réponses
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Relations et Rivalité Chine / Etats-Unis
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
https://lareviewofbooks.org/article/party-lines-and-bottom-lines/ Patrick McGee, Apple in China: The Capture of the World’s Greatest Company, 2025 Au cours de la première décennie de ce siècle, Apple est devenue fortement dépendante de la Chine, en particulier pour la fabrication. Le plus alarmant, c'est que cela s'est produit sans que la direction ne s'en aperçoive, sans que les dirigeants ne prêtent attention aux conséquences commerciales, sans parler des implications géopolitiques, du transfert d'une grande quantité de savoir-faire précieux. C'est une mise en garde par excellence, dont Tesla, l'entreprise d'Elon Musk, ne tire les leçons que maintenant, à ses dépens. C'est alors qu'entre en scène Terry Gou, le fondateur mercurien de Foxconn. Le milliardaire taïwanais admirait [Steve] Jobs et était déterminé à devenir le fournisseur le plus important d'Apple. À cette fin, il était prêt à conclure des accords qui ne lui rapportaient presque rien. En 1999, alors que LG [Lucky-GoldStar, Corée du Sud] avait obtenu le contrat pour fabriquer l'iMac, Gou proposa de faire le même travail pour 40 dollars de moins par unité. Apple était sceptique, mais les conditions étaient alléchantes, alors la société accepta. « Ce qui était intéressant dans la collaboration avec Apple, ce n'était pas les bénéfices, mais l'apprentissage. » Une fois que l'entreprise [Apple] avait formé un groupe d'ingénieurs, le magnat de Foxconn les réaffectait souvent à des projets plus lucratifs. Une décennie plus tard, cependant, la quasi-totalité de la production avait été transférée en Chine, en grande partie sous la houlette de Foxconn. Au cours de la même période, le chiffre d'affaires de l'entreprise taïwanaise a été multiplié par près de cinquante, passant de 1,8 milliard à 98 milliards de dollars. Apple « a acheté pour plusieurs centaines de millions de dollars de machines, les a installées dans les usines de ses partenaires fournisseurs et les a « étiquetées » pour un usage exclusif par Apple, explique McGee. En 2012, la valeur de ces équipements avait grimpé en flèche pour atteindre 16 milliards de dollars. Pour former la main-d'œuvre, Apple a déployé ses propres ingénieurs dans plus de 1 600 usines. En fait, l'entreprise basée à Cupertino envoyait tellement de personnes, écrit M. McGee, qu'en 2014, elle a demandé à United Airlines d'ouvrir des vols directs, trois fois par semaine, entre San Francisco et Chengdu, promettant d'« acheter suffisamment des trente-six sièges en première classe pour rendre le vol rentable ». Deux ans plus tard, elle a demandé une autre liaison de ce type, cette fois avec Hangzhou, un pôle technologique. Avant la pandémie de COVID-19, l'entreprise réservait chaque jour 50 sièges en classe affaires pour Shanghai. Les fabricants chinois ont rapidement appris. Très vite, ils ont commencé à proposer leurs nouvelles technologies aux concurrents d'Apple, tels que Huawei, Xiaomi, Oppo et d'autres marques locales. Sans surprise, leur part de marché national a bondi, passant d'un maigre 10 % en 2009 à un impressionnant 74 % cinq ans plus tard. Pire encore, ils ont commencé à débaucher les talents formés par Apple. Certains ont même racheté en gros des usines taïwanaises et américaines appartenant à la chaîne d'approvisionnement de l'entreprise. Le résultat, selon McGee, est accablant : Apple est devenu « le plus grand soutien corporatif du plan Made in China 2025, le projet ambitieux et anti-occidental de Pékin visant à mettre fin à sa dépendance vis-à-vis des technologies étrangères ». Bien que Cupertino ait tardivement pris conscience de la gravité de la situation, ses efforts pour se désengager, notamment en délocalisant une partie de sa production, en particulier vers l'Inde, n'ont jusqu'à présent rencontré qu'un succès limité. En Chine, Apple a compromis ses valeurs à plusieurs reprises pour s'attirer les faveurs du régime dictatorial. En 1998, l'entreprise a retiré l'image du Dalaï Lama de la campagne Think Different lancée en Asie. En 2016, elle a supprimé l'application du New York Times de sa boutique en ligne. Quelques mois plus tard, elle a supprimé 674 réseaux privés virtuels, des applications qui permettent aux personnes se trouvant en Chine de contourner le Grand Firewall. Lors des manifestations contre les mesures de confinement prises par la Chine pour lutter contre la COVID-19 à la fin de l'année 2022, Apple a restreint l'accès à AirDrop, que les manifestants utilisaient pour s'organiser. Alors que les intellectuels chinois de la seconde moitié du XIXe siècle débattaient de la manière dont ils pouvaient s'inspirer de l'Occident sans perdre l'essence de leurs traditions, ils se sont tournés vers le concept de ti-yong, profondément ancré dans la philosophie chinoise, qui distingue l'essence d'un objet (ti) de sa fonction ou manifestation (yong). [Donc Apple a fait exactement l'inverse, sacrifiant son "essence" libérale, voire libertaire, sur l'autel du profit] -
Chine
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://lareviewofbooks.org/article/party-lines-and-bottom-lines/ Eva Dou, House of Huawei: The Secret History of China’s Most Powerful Company, 2025 L'un des moyens utilisés par le PCC pour exercer son contrôle est son réseau de sections locales. Huawei a créé la sienne en 1996, conformément à la loi. Cette structure dispose d'un pouvoir réel : elle peut demander aux cadres supérieurs de faire leur autocritique et, depuis 2007, elle peut opposer son veto aux nominations de cadres. En 2011, 30 000 des 140 000 employés de Huawei étaient membres du Parti, un chiffre qui n'a cessé d'augmenter au cours des années suivantes. Huawei semble également avoir des liens avec les services de sécurité chinois, bien que ceux-ci soient obscurs. Dou souligne que Sun Yafang, présidente de Huawei de 1999 à 2018, aurait, selon l'opinion générale, travaillé pour le ministère de la Sécurité d'État (MSS) au début de sa carrière. Après avoir rejoint l'entreprise de Ren, elle a été promue à un rythme étrangement rapide, passant de directrice des ventes à l'automne 1993 à vice-présidente à la fin de l'année suivante. Huawei cherchait-il à s'attirer les faveurs du MSS, l'une des agences les plus puissantes de Chine ? Difficile à dire, mais son ascension correspondait à la philosophie de gestion de Ren : les entreprises fonctionnent mieux lorsqu'elles coordonnent leurs activités avec l'État. Pourtant, les relations entre Huawei et le Parti n'ont pas toujours été au beau fixe. Au début des années 2000, l'entreprise s'est retrouvée dans une situation très délicate, accusée de « pratiques commerciales illégales ». Les accusations étaient suffisamment graves pour que 20 auditeurs se rendent au siège de l'entreprise à Shenzhen. Ren a été profondément affecté, écrit Dou, à tel point qu'il a brièvement envisagé de se suicider. Mis à part cet incident, le Parti a toujours apporté un soutien considérable à Huawei. En 2005, la Banque chinoise de développement a déboursé 10 milliards de dollars pour financer son expansion à l'étranger. Il s'agissait d'une somme colossale qui, à l'époque, représentait le double du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise. Lorsque Safaricom, un opérateur de télécommunications kenyan, s'est retiré d'un accord en 2007, après avoir attendu plus de trois ans que Huawei, en situation de surendettement, honore son engagement, Pékin est intervenu et a menacé de supprimer toute aide étrangère à Nairobi. Sous la pression de son propre gouvernement, Safaricom a cédé et l'accord a été maintenu. -
Australie
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Politique etrangère / Relations internationales
Le bilan de 50 ans d'indépendance de la Papouasie-Nouvelle Guinée : -
Burundi
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250906-le-burundi-expulse-le-directeur-de-la-coopération-belge-au-développement Le Burundi expulse le directeur de la coopération belge au développement Pour avoir brièvement partagé sur un réseau social un article de l’hebdomadaire sud-africain The Continent dénonçant les pénuries et le marché noir de carburant au Burundi, le directeur de l’agence Enabel de coopération au développement a été déclaré persona non grata. Il doit quitter le pays samedi 6 septembre. La décision des autorités burundaises vise directement David Leyssens, représentant d’Enabel à Bujumbura depuis un an. L’intéressé a reçu 48 heures pour plier bagage et rentrer en Belgique. La Belgique, ancienne puissance coloniale, reste l’un des principaux bailleurs du Burundi, où près de 75 % des 14 millions d’habitants vivent sous le seuil international de pauvreté. En avril dernier, le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, avait même effectué une visite officielle à Bujumbura pour réaffirmer ce partenariat. -
Venezuela
Wallaby a répondu à un(e) sujet de tharassboulbah dans Politique etrangère / Relations internationales
https://responsiblestatecraft.org/trump-venezuela-2673996926/ (15 septembre 2025) « Le Congrès n'a jamais autorisé le recours à la force militaire contre les cartels de la drogue, et le fait que le président qualifie arbitrairement certaines personnes de terroristes ne signifie pas qu'il peut les tuer en toute impunité », a ajouté Ramming Chappell. « Tuer intentionnellement en dehors d'un conflit armé et sans procédure régulière est un meurtre, et nous nous trouvons dans une situation extrêmement dangereuse lorsque le président peut assassiner des personnes comme bon lui semble. » Selon le New York Times, le bateau détruit lors de la première série de frappes aériennes faisait demi-tour lorsqu'il a été touché, ce qui jette le doute sur l'affirmation du Pentagone selon laquelle il représentait une menace imminente pour les États-Unis. « Si quelqu'un bat en retraite, où est la « menace imminente » ? », a déclaré un amiral américain à la retraite au Times. « Où est la « légitime défense » ? Elle a disparu si tant est qu'elle ait jamais existé, ce dont je doute. » -
2023 Guerre de Soukhot
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Titus K dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250916-une-commission-d-enquête-de-l-onu-accuse-israël-de-commettre-un-génocide-à-gaza Selon une commission d'enquête indépendante de l'ONU, Israël se rend coupable d'actes génocidaires dans la bande de Gaza. Elle a accusé, dans un nouveau rapport présenté mardi 16 septembre le président israélien Isaac Herzog, le Premier ministre Benyamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant d'avoir « incité à commettre un génocide ». Si la commission a été mandatée par l'ONU, elle ne s'exprime toutefois pas au nom de l'organisation. https://www.theguardian.com/world/2025/sep/16/israel-committed-genocide-in-gaza-says-un-inquiry La commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies (Commission of Inquiry, COI), qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a conclu que « un génocide est en cours à Gaza et se poursuit », a déclaré sa présidente, Navi Pillay. « Lorsque des signes et des preuves évidents de génocide apparaissent, l'absence de mesures pour y mettre fin équivaut à de la complicité », a-t-elle ajouté. « Tous les États ont l'obligation légale d'utiliser tous les moyens raisonnablement à leur disposition pour mettre fin au génocide à Gaza. » La COI, créée par l'ONU en 2021 et composée de trois experts indépendants, a cité le meurtre de civils et d'enfants dans le cadre d'une « stratégie militaire de la terre brûlée », la famine et les décès causés par les restrictions sur la nourriture et les médicaments, les mauvais traitements infligés aux détenus, les déplacements forcés et la dévastation physique d'une grande partie du territoire pour étayer ses conclusions. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
https://en.interfax.com.ua/news/general/1102764.html (8 septembre 2025) Selon Syrsky, l'ennemi dispose actuellement d'un avantage triple en termes de forces et de moyens, et dans les principaux domaines où il concentre ses efforts, il peut dominer d'un facteur quatre à six. https://english.alarabiya.net/News/world/2025/09/08/russia-has-large-advantage-in-manpower-resources-on-frontline-ukraine « L'ennemi dispose d'un avantage triple en termes de forces et de ressources, et dans les principales zones de concentration, il peut l'emporter par quatre à six fois », a déclaré Oleksandr Syrsky dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, résumant l'évolution du champ de bataille au cours du mois précédent. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.eurotopics.net/fr/345193/sanctions-russes-trump-impose-des-conditions-a-l-otan Rzeczpospolita (Pologne, 14 septembre 2025) ne pense pas que la nouvelle idée de Trump convainque : « Le nouveau projet de Trump n'aboutira à rien. De même que ses menaces de droits de douane, de sanctions ou encore de 'droits de douane secondaires' à l'encontre des pays qui, comme la Chine, soutiennent la machine de guerre russe en achetant du pétrole et du gaz à Poutine. En outre, il est peu probable que l'ensemble des membres de l'OTAN soient enclins à affaiblir la Russie et la Chine sur le plan économique. Dans le cas de la Chine, on peut même se demander s'ils seraient majoritaires. Quelle doit être la suite des événements ? Nous devons attendre la prochaine lettre de Trump. Et renforcer nos capacités de défense en collaboration avec d'autres pays volontaires menacés par la Russie. » Le président américain s'éloigne définitivement du projet de sanctions contre la Russie, écrit le blogueur et analyste financier Serhij Fursa dans un post Facebook publié sur Censor.net (Ukraine, 14 septembre 2025) : «Cela revient à dire à l'UE : 'soit vous participez à la guerre commerciale que j'ai lancée contre la Chine, soit j'arrête toute discussion sur d'éventuelles sanctions contre la Russie.' Il est évident que l'UE n'abondera pas en son sens : elle ne sacrifiera pas son économie pour aider Trump à garder la face, lui qui a perdu contre la Chine. Mais surtout, la Russie ne se retrouverait en aucune manière sous pression puisque la Chine ne fera aucune concession. ... Ajoutons que Trump n'honore pas toujours ce qu'il avance : même si l'UE accédait à ses demandes, ce qui paraît irréaliste, son affection pour Poutine pourrait à tout instant lui inspirer de nouvelles revendications.» Le locataire de la Maison Blanche est une épine dans le pied de l'OTAN, analyse Público (Portugal, 14 septembre 2025) : «Aujourd'hui comme hier, elle constitue l'union militaire la plus puissante au monde. Mais étant donné qu'on ne sait pas si les Etats-Unis continueront à honorer l'article 5, qui garantit la défense collective au sein de l'OTAN et constitue son arme de dissuasion la plus efficace, l'alliance est menacée. Donald Trump et sa vision du monde la mettent en danger, car le président américain ne prend pas au sérieux le principe d'une alliance durable visant à protéger les démocraties d'Europe et d'Asie contre les régimes autocratiques, dans le respect du droit international.» [Les Portugais sont pourtant bien placés pour savoir que l'OTAN ne défend pas la démocratie, puisque la dictature de Salazar était membre de l'OTAN] -
Relations et Rivalité Chine / Etats-Unis
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.lefigaro.fr/flash-eco/2e-jour-de-discussions-entre-chine-et-etats-unis-a-madrid-tiktok-et-tarifs-douaniers-au-programme-20250915 La Chine et les États-Unis sont «très proches» d’un accord concernant TikTok, a affirmé lundi le secrétaire au Trésor des États-Unis Scott Bessent à Madrid. En août, les deux pays ont décidé de reporter de 90 jours l'entrée en vigueur de nouvelles hausses tarifaires sur leurs exportations réciproques, prolongeant ainsi la trêve commerciale jusqu'au 10 novembre. https://www.lefigaro.fr/flash-eco/2e-jour-de-discussions-entre-chine-et-etats-unis-a-madrid-tiktok-et-tarifs-douaniers-au-programme-20250915 Le président américain a par ailleurs annoncé que la relation avec la Chine «demeure très solide» et qu’il s’entretiendra avec le président Xi Jinping vendredi. https://www.boursorama.com/bourse/actualites/tiktok-devrait-passer-sous-pavillon-americain-un-accord-trouve-entre-la-chine-et-les-etats-unis-15481d5af1a6f2f8a6fa77fa092e2aa9 Selon le secrétaire au Trésor des États-Unis Scott Bessent, présent à Madrid, le protocole entre Chine et Etats-Unis prévoit que la plateforme [Tiktok] ait un propriétaire américain, mais il n'a pas communiqué davantage sur un accord entre "deux entités privées".