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République démocratique du Congo
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Mani dans Politique etrangère / Relations internationales
source : https://www.ege.fr/infoguerre/les-enjeux-dinfluence-autour-du-processus-de-certification-dans-lextraction-miniere-des-3t#_heading=h.17dp8vu (15 juillet 2024) En Afrique centrale, dans la région des Grand Lacs, une confrontation d’intérêts économiques 1 oppose sur les exportations des minerais 3T, la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) principal exportateur de la région et le plus important exportateur de colombite-tantalite du monde à son voisin le Rwanda également exportateur important desdits minerais. En effet, tandis que la chaîne de production et d’exportation des minerais 3T du Congo est teinté et décrédibilisé 8 par le sang de la guerre qui perdure depuis bientôt 30 ans à l’est de son territoire, le second lui a réussi à certifier et normaliser ses exportations par la mise en place d’un storytelling 14 et de normes nationales 51 ensuite reconnues et acceptées par des organismes normatifs internationaux 52 grâce à un lobbying habile. De fait, le Rwanda annonce avoir normalisé l'entièreté de sa chaîne d’exportation minière essentiellement sur le standard anglais ISTCI 52. Cependant, ce standard est très contesté, notamment par de nombreuses enquêtes internationales et rapports d’organisation non gouvernementales 55 comme Global Witness l’accusant d'être une véritable laverie des minerais du sang 10. Les enjeux commerciaux de la crédibilité éthique des exportations de minerais de ces nations sont énormes, et sont au cœur de cette confrontation informationnelle. C’est en mettant en doute la crédibilité du standard l’ISTCI, principale standard appliqué au Rwanda, que le gouvernement Congolais à mis en demeure le 22 Avril 2024 le géant américain de la technologie Apple 73 sans doute pour amplifier la médiatisation de son narratif et combattre le storytelling et le lobbying du Rwanda, menant une véritable guerre informationnelle contre la filière 3T de ce dernier 44, relevant son manque d’éthique et l’accusant de lui piller ses ressources 9 par le biais de milices à sa solde 8. Analyse et décryptage du narratif de la chaine de production 3T du Rwanda Le Rwanda se positionne comme un pays acteur historique 12 dans l’extraction minière des 3T, dont les chaînes de production sont vertes 45 éthiques, conformes aux normes et standards du secteur, facteur d’inclusion et de stabilité sociale 14. Ce narratif, n’est par ailleurs qu’un élément d’une stratégie de communication globale de ce pays dont le régime semblerait soigneusement orchestrer les facettes à l’aide de puissant soutien politique étranger mais également de trolls numériques et de cabinets de conseil grassement rémunérés 64 . Analyse et décryptage du contre-narratif de la République Démocratique du Congo : Guerre de l'information. Les acteurs du contre narratif indirect associent la guerre d’agression à l’est de la République du Congo (ex Zaïre) aux exportations minières du Rwanda 5 accusant celui-ci de soutenir les groupes armées y commettant des atrocités 11 et trouve une corrélation entre l’intensité de cette guerre et la hausse des exportations minières rwandaise 16. Identification des acteurs de l’encerclement cognitif Le acteurs de l’encerclement cognitif sont des du côté congolais des cabinet de conseil privé tel que Amsterdam & Partners 55 ainsi que des instituts de recherches internationales tel que l’International Peace Information service (IPIS) 2, The Hague Center for Strategic Studies 1 et le Pôle institutes mais également la société civiles Congolaise à travers diverses organisation non gouvernementales tels que le Centre National d’Appuis au Développement et à la Participation Populaire (CENADEP) et des activistes congolais à travers les mouvements citoyens Filimbi, Lucha et d’autres. Diverses organisations non gouvernementales internationales sont également impliquées tel que Global Witness, Agiamondo et le Service Civil pour la paix. On observe du côté Rwandais principalement la société civile à travers certains activistes et organisations non gouvernementales ainsi que le monde politique. Impacts géostratégiques Cette amplification de la guerre informationnelle sur le narratif éthique de la filière 3T du Rwanda semble coïncider avec une intensification des confrontations militaires entre armée congolaise et mouvements qualifiés par la RDC de terroristes 75. En effet dans les territoires Congolais de Masisi et de Rutshuru; territoires frontalier avec le Rwanda et particulièrement riche en coltan, zinc et minerais 3T, de nombreux combats ont opposé l’armée régulière Congolaise, à ces mouvements autour de l’important site minier de Rubaya 62 sur la période qui nous occupe. De manière systématique, chaque confrontation militaire dans la région est commentée par les acteurs Congolais de l’encerclement cognitifs de façon à associer à la filière d’exportation des minerais 3T du Rwanda le sang des victimes congolaises. Cela conduit à un isolement diplomatique accru du Rwanda dans la sous-région et à une dégradation de son image 64. De plus, en alertant les opinions publiques internationales, cette guerre informationnelle force l’agenda diplomatique des traditionnels soutiens du Rwanda et à conduit par exemple les Etats-Unis à suspendre son aide militaire à ce dernier 61. -
République démocratique du Congo
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Mani dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/les-enjeux-internationaux-emission-du-jeudi-25-septembre-2025-1317302 Thierry Vircoulon Alors que plusieurs tentatives de paix ont été menées, les échecs se multiplient. "Le processus qui a été défini au printemps dernier est un processus en quatre accords. Un premier accord entre Kinshasa et Kigali qui est un accord sécuritaire, un accord de paix entre le M23 et le gouvernement congolais, un accord de coopération économique entre la RDC et le Rwanda, et enfin des accords de coopération économique avec les États-Unis et les deux pays. C'est donc un processus en quatre étapes très compliqué." Ce processus était censé être mené en trois mois, mais n'a pas tenu dans la mesure où le premier accord signé en juin dernier prévoyait un cessez-le-feu, or les combats ont repris cet été après la signature de l'accord. Pour l’instant, l'initiative américano-qatari patine. Un accord aurait dû être signé cet été et cela n'aurait été que le deuxième accord sur quatre prévus initialement, sachant que le premier a déjà été violé. Pour arriver à instaurer une paix entre les différentes parties, le gouvernement congolais et le M23 doivent se mettre d’accord sur le contrôle du Kivu, ce qui est difficile, car les différentes parties n'arrivent pas à trouver d’accord sur les termes d’un contrôle partagé. "Cet été, il y a eu plusieurs rapports de l'ONU, d'Amnesty International, de Human Rights Watch, qui ont expliqué que toutes les parties au conflit, c'est-à-dire les forces anti-gouvernementales ou les forces pro-gouvernementales, commettent toutes des atrocités contre les populations civiles." 03:29 Les groupes armés sont innombrables dans la région. On en compte plus de 100 dans les Kivus. Mais le plus puissant actuellement c'est en effet le M23. -
La technologie contre la démocratie ?
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.theguardian.com/politics/2025/sep/27/petition-opposing-starmer-plan-digital-id-cards Plus de 1,6 million de personnes signent une pétition contre le projet de Starmer visant à instaurer des cartes d'identité numériques Les opposants à ce projet destiné aux personnes travaillant au Royaume-Uni le qualifient de « pas vers la surveillance de masse et le contrôle numérique ». Les associations de défense des libertés civiles ont fait part de leurs inquiétudes concernant ces propositions. Silkie Carlo, directrice de Big Brother Watch, a averti que ce système « rendrait la Grande-Bretagne moins libre » et créerait « une infrastructure de surveillance de masse nationale qui s'étendrait probablement de la citoyenneté aux prestations sociales, aux impôts, à la santé, voire aux données Internet et bien plus encore ». Elle a ajouté : « Des informations extrêmement sensibles sur chacun d'entre nous seraient accumulées par l'État et exposées aux cyberattaques. » La chef du parti conservateur, Kemi Badenoch, a déclaré que son parti s'opposerait à toute tentative du gouvernement « d'imposer des cartes d'identité obligatoires aux citoyens respectueux de la loi ». Le chef du parti Reform UK, Nigel Farage, a également critiqué ce projet, qu'il a qualifié de « carte anti-britannique ». Dans un article publié dans le Daily Express, il a déclaré : « Le projet du gouvernement travailliste d'imposer des cartes d'identité numériques à tous les adultes ne contribuera en rien à lutter contre l'immigration clandestine. Mais il donnera à l'État plus de pouvoir pour contrôler le peuple britannique. » https://www.theguardian.com/politics/2025/sep/27/britons-on-keir-starmer-plan-digital-id-cards Encore plus de choses dont je serai exclue, ou qui me seront rendues très difficiles, à cause de mon choix de ne pas avoir de smartphone pour mon bien-être. On nous oblige à posséder un smartphone pour pouvoir participer à la vie sociale, et ce n'est pas normal. Le smartphone et l'utilisation constante d'Internet sont en grande partie responsables de la mauvaise santé mentale de beaucoup d'entre nous, et le gouvernement rend de plus en plus difficile l'existence sans smartphone. Même les cabinets médicaux partent du principe que vous en possédez un et vous envoient des liens à suivre sur votre téléphone, liens que vous ne pouvez évidemment pas suivre sur un téléphone basique. Pourquoi ne pas simplement présenter son passeport ? Eve, 38 ans, travailleuse indépendante, Glossop. Je n'ai aucune confiance dans la capacité du gouvernement actuel à résister aux paroles mielleuses des géants américains de la technologie. En matière de bases de données, je ne vois que quelques acteurs suffisamment importants pour pouvoir le faire rapidement à l'échelle d'un pays tout entier... Je ne fais pas confiance au gouvernement britannique pour prendre une bonne décision dans ce domaine si... ces entreprises proposent leur « aide » pour ce projet, malgré les énormes problèmes que cela poserait pour la souveraineté numérique et la protection des données. De plus, si ce projet est baptisé « Brit card », la moitié de l'Irlande du Nord et un tiers de l'Écosse le détesteront passionnément. Alexander, 36 ans, développeur de logiciels, originaire d'Écosse, vivant actuellement au Danemark -
ZEE française La France d'Outre-mer et son voisinage
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Nouvelle-Calédonie. Source : https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/ces-six-chiffres-de-l-ieom-qui-confirment-la-catastrophe-economique-annoncee-en-2024-1603086.html (9 juillet 2025) Ces six chiffres de l'IEOM qui confirment la catastrophe économique annoncée en 2024 13 000 emplois salariés détruits - 8% de retraits par carte bancaire +3,3% : le coût de l'alimentation toujours en hausse - 88,8 milliards de francs : l'exportation de produits miniers en chute libre - 34,3 % de ciment consommé par le BTP 40% : la capacité d'hospitalisation en fort recul "La pénurie d'infirmiers devient critique" au Médipôle, indique l'institut qui relaie le chiffre de 200 postes perdus, dont 114 entre janvier et novembre 2024. Le territoire était déjà jugé "pas suffisamment attractif" par la commission des praticiens des établissements hospitaliers. -
ZEE française La France d'Outre-mer et son voisinage
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/nous-ne-sommes-pas-sur-une-phase-de-reprise-economique-ferme-et-significative-constate-fabrice-dufresne-directeur-de-l-ieom-1626422.html (25 septembre 2025) Fabrice Dufresne : La Nouvelle-Calédonie a perdu entre 10 et 15% de PIB. Ça n’avait jamais été enregistré depuis les années 60. (...) Nous ne sommes pas sur une phase de reconstruction, de reprise économique ferme et significative. En revanche, il y a quelques signaux positifs, notamment sur l’indicateur du climat des affaires. L’IEOM sonde le moral des chefs d'entreprise chaque trimestre et depuis un an on voit une progression. Ensuite, il y a des indicateurs objectifs comme l’exportation de minerais qui reprend un peu. La production métallurgique (+33% sur 12 mois, NDLR), et la production de l’usine du Sud (+114%), qui retrouvent des niveaux d’avant crise, sont quelques signaux positifs qui montrent qu’il y a des éléments favorables. La situation économique reste tout de même très dégradée. Le taux de créances douteuses, ce sont tous les crédits qui ne peuvent pas être remboursés de la part des entreprises comme des ménages. Il est d’un peu plus de 8%. C’est le taux le plus élevé de l’ensemble de l’Outre-mer. Bien plus élevé que celui, aux alentours de 2%, qui est actuellement en vigueur dans l’hexagone. Un chiffre important à retenir c’est la production de crédits. Ce sont tous les nouveaux crédits qui sont mis en production par les banques calédoniennes. Et ce chiffre de production de crédits se lève à un peu moins de 40 milliards de francs sur les six premiers mois de l’année 2025. Ça signifie un retrait de presque 13% en un an, ce que la NCL n’avait pas connu depuis de longues années. -
Israël et voisinage.
Wallaby a répondu à un(e) sujet de loki dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.thenational.scot/news/25496262.edinburgh-becomes-first-city-scotland-boycott-israel/ (25 septembre 2025) Édimbourg est devenue la première ville d'Écosse à boycotter Israël. Jeudi, les conseillers municipaux ont voté en faveur d'une motion qui rapproche la capitale de la mise en œuvre du boycott, du désinvestissement et des sanctions (BDS) contre Israël, en opposition au génocide en cours à Gaza. La motion, présentée par le conseiller municipal écologiste écossais Ben Parker, exprimait sa solidarité avec les Palestiniens et appelait le gouvernement écossais à confirmer les mesures qu'il compte prendre pour garantir que les autorités locales puissent adopter légalement des politiques BDS. Cette décision fait suite au vote du Parlement écossais en faveur d'un boycott immédiat d'Israël et des entreprises complices des opérations militaires israéliennes et de l'occupation de la Palestine. Commentant l'adoption de la motion, soutenue par le SNP et le Parti travailliste écossais, le conseiller Parker a déclaré : « Aujourd'hui, le conseil a pris une mesure visant à garantir qu'aucun fonds public ne soit utilisé pour soutenir le régime génocidaire du gouvernement israélien en Palestine. -
Relations et Rivalité Chine / Etats-Unis
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Le paradoxe, c'est que le principal reproche fait à Tiktok aux États-Unis était sa promotion d'un message pro-palestinien. Je soupçonne que c'était juste des reportages de choses qui se passent réellement à Gaza. https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/edito-rachat-de-tiktok-pour-trump-c-est-une-operation-gagnante-affirme-francois-lenglet-7900544835 Le réseau social chinois de 1,2 milliard d’utilisateurs, dont 170 millions aux États-Unis a fait l'objet d'une commission d'enquête parlementaire aux États-Unis. Celle-ci a établi qu'après le massacre du 7 octobre 2023 en Israël, TikTok proposait systématiquement des contenus biaisés, pro-palestiniens. Donc le fait de retirer Tiktok des mains des Chinois représente une forme de censure. Paradoxalement, le droit à l'information des citoyens, qui est une composante de leur liberté, était mieux assuré par les Chinois qu'il ne s'apprête à l'être entre celles de Murdoch/Fox News. -
Plus exactement par un Grand Jury https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_jury_(droit) Les membres d'un grand jury sont de simples citoyens, généralement tirés au sort pour une longue période (par exemple plusieurs mois).
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https://journals.openedition.org/transatlantica/5385 (20 juin 2011) Un empire comanche ? Tout en s’appuyant sur les analyses socio-économiques des zones-frontières1, P. Hämälainen en renverse ainsi le présupposé de marginalité : c’est la centralité du pouvoir comanche dans la région qui ressort de son étude, la longue portée d’une influence qui s’exerce des Rocheuses au Mississippi et aux Plaines du Nord pendant près de 150 ans, et, corrélativement, la marginalité des empires coloniaux euro-américains. Lorsque les Comanches arrivent dans la région vers 1700, il ne s’agit pas d’une simple migration : ce peuple issu des contreforts des Rocheuses met en œuvre un véritable projet colonial qui aboutit, un siècle plus tard, à une hégémonie de type impérial sur le plus grand domaine indigène du nord du continent. La réalisation de ce projet témoigne des capacités d’adaptation exceptionnelle des Comanches : c’est la maîtrise de technologies militaires empruntées qui leur permet d’écarter les autres peuples indigènes comme les Apaches, mais aussi la maîtrise des équilibres écologiques, en particulier ceux qui gouvernent les troupeaux de bisons. À l’aide du cheval et du fusil, ils poussent devant eux des peuples semi-sédentaires auxquels ils imposent des guerres de mouvement destructrices et, pour les Comanches, victorieuses. Si le niveau de la « bande » reste opérant pendant toute la période, les Comanches qui se divisent en deux grands blocs à l’est et à l’Ouest de leur domaine, se montrent également capables de coordonner leurs mouvements. Le cycle annuel de leurs déplacements permet d’assurer l’alternance entre dispersion et regroupements, propice aux conseils inter-bandes, aux négociations diplomatiques et à la planification commune, voire à la sélection de chefs puissants, sinon hégémoniques. On peut alors parler de confédération comanche. Au-delà d’une brillante adaptation à un environnement nouveau et conflictuel, il faut voir dans leur réussite la mise en œuvre d’une stratégie de contrôle et d’extraction. Leur hégémonie se caractérise ainsi par l’alternance raisonnée entre raids et pillages, et diplomatie et commerce, amenant une exploitation systématique de la région et la captation à leur profit de ses principaux réseaux d’échanges. Elle leur permet de jouer le rôle fondamental de diffuseurs de chevaux volés aux Espagnols, qui remontent à travers eux jusque dans les Plaines du nord. Ils sont bel et bien le modèle de toutes les sociétés équestres des Plaines. Sur cette base, ils transforment les provinces du nord du Mexique en zones vassales, hinterland d’où sont régulièrement emmenés en esclavage des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui alimentent la croissance de la population et des richesses comanches. Il ne s’agit pas, dans Comanche Empire, de raconter une conquête mais d’expliquer son caractère durable, puisque les Comanches ne sont pas remplacés par un autre peuple indigène. Ils sont, de fait, plus qu’une simple société prédatrice. Leur adaptabilité se transforme en hégémonie parce qu’ils se montrent aptes à organiser durablement la région, divisant les provinces mexicaines pour mieux les exploiter, et manipulant, à côté des armes, les éléments d’un soft power avant la lettre. Conscients de leur supériorité, qui transforme leur langue en lingua franca du commerce, et les voient imités jusque dans leur style vestimentaire, ils accueillent aussi dans leur domaine des tribus alliées, semi-vassalisées. À l’intérieur de ce domaine dans lequel nul ne peut s’aventurer sans leur accord, ils font régner ce que P. Hämälainen n’hésite pas à appeler une « paix comanche », pour lui la marque incontestable de leur organisation impériale. Le cas des Comanches invite à repenser la manière dont les États-Unis ont pu s’appuyer sur des expériences hégémoniques antérieures et indigènes pour s’étendre, puisque, de toute évidence, les Comanches les ont précédés dans le Sud-ouest, qui était au surplus loin d’être une terre vierge de toute construction politique. Le cas s’est présenté ailleurs : avec la confédération de Powhatan, celle des Iroquois, ou l’hégémonie sioux dans les Plaines du Nord. Dans ces trois cas, comme dans le Sud-ouest sous les Comanches, un empire indigène a crée vides et divisions propres à faciliter la pénétration ultérieure des Euro-américains. https://en.wikipedia.org/wiki/Comancheria#Greatest_extent_and_possible_empire
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co² Effondrement écologique et civilisationnel en ce siècle ?
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Economie et défense
https://www.franceinfo.fr/economie/gardez-votre-calme-et-conservez-de-l-argent-liquide-pourquoi-la-banque-centrale-europeenne-nous-conseille-de-stocker-70-a-100-euros-de-cash_7512958.html (25 septembre 2025) Dans une note publiée, mercredi, sur son site internet, la BCE conseille aux particuliers de conserver 70 à 100 euros d'argent en liquide. En cas de panne électrique majeure ou de cyberattaque massive, l'argent liquide constitue "une protection à faible coût contre une instabilité systémique majeure", indique le document. En avril dernier, par exemple, l'Espagne, le Portugal et une partie de la France avaient été touchés par une coupure d'électricité. Les terminaux de paiement et les distributeurs automatiques étaient, par endroits, hors d'usage, ce qui avait obligé les clients à régler en espèces. Les systèmes de paiement électroniques ne sont pas "infaillibles", indique l'institution dans sa note. La BCE encourage ainsi chaque foyer européen à conserver entre 70 et 100 euros d'argent liquide par personne. Certains gouvernements de pays de l'Union européenne ont déjà pris des recommandations en ce sens, comme les Pays-Bas, l'Autriche ou encore la Finlande. En mars dernier, la Commission européenne préconisait un kit de survie de 72 heures pour faire face aux crises à venir ou à d'éventuelles perturbations des services publics. La somme conseillée, de 70 à 100 euros, correspond à "couvrir les besoins essentiels pendant environ 72 heures", précise justement la BCE. [Il faudrait aussi encourager et peut-être obliger les magasins à conserver des caisses physiques pour encaisser les pièces et les billets et rendre la monnaie. Si les gens ont du liquide mais les magasins n'ont plus de caisse, ça bloque aussi les achats. Et je ne parle pas des machines à encaisser le liquide et à rendre la monnaie qui fonctionnent à l'électricité]. https://www.franceinfo.fr/monde/europe/union-europeenne/l-ue-preconise-un-kit-de-survie-de-72-heures-pour-se-preparer-aux-crises-et-aux-conflits-a-venir_7156668.html (28 mars 2025) L'UE préconise un kit de survie de 72 heures pour se préparer aux crises et aux conflits à venir Le kit contient une liste d'une dizaine de produits jugés indispensables, entre bouteille d'eau, lampe torche et allumettes. L'Union européenne propose aussi la création d'un "jour de préparation nationale". La Commission européenne s'est inspirée du rapport remis à l'automne 2024 par l'ancien président finlandais Sauli Niinistö visant à "améliorer l'état de préparation de l'Europe en matière civile et de défense". https://www.lavoixdunord.fr/1569395/article/2025-03-27/what-s-my-bag-survival-edition-l-ue-lance-sa-campagne-sur-les-kits-de-survie-une Alors qu’y trouve-t-on dans le kit de survie d’Hadja Lhabib ? « D’abord, mes lunettes. Très important si tu veux voir ce qu’il se passe… ou pas. Ensuite mes documents dans une pochette résistante à l’eau. Un incontournable dans une pluvieuse Bruxelles. Maintenant, parlons de la lumière. J’ai une lampe de poche. Si tu peux, n’oublie pas les allumettes et un briquet… et de l’eau, évidemment. Parce que l’eau, c’est la vie. Et mon ami spécial, un couteau de l’armée suisse de l’armée. Dix-huit outils dans un couteau. Un indispensable. Et n’oublie pas tes médicaments. Tu dois les avoir parce qu’on ne sait jamais. Et n’oublie pas quelque chose à manger. Tu peux avoir faim. Très faim. Et bien évidemment, de l’espèce. » Et de poursuivre : « En plein milieu d’une crise, le cash est roi. Et ta carte bancaire peut juste être un morceau de plastique. Un chargeur et une batterie de secours, car un téléphone éteint est une impasse. Un jeu de cartes. Un peu de divertissement ne blesse jamais personne. N’oublie pas une petite radio. C’est tout ce dont tu as besoin pour survivre les premières 72 heures d’une crise. En parlant de se préparer, l’Union européenne prépare sa stratégie pour être sûre que chaque citoyen est en sécurité en cas de crise. Sois prêt, mets-toi en sécurité. »- 2 389 réponses
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AFRIQUE : politiques internes et relations internationales
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.spiked-online.com/2025/09/24/chinas-scramble-for-africa/ La présence chinoise est palpable dans toute l'Afrique. Ses entreprises sont des acteurs actifs dans plus d'un tiers des 231 ports commerciaux africains. Le commerce sino-africain est passé d'environ 200 milliards de dollars en 2013 à 295 milliards de dollars en 2024. En revanche, le commerce américain avec l'Afrique a chuté de manière spectaculaire. Les importations africaines vers les États-Unis sont passées de 93 milliards de dollars en 2011 à seulement 37 milliards de dollars en 2021, la valeur des exportations américaines vers l'Afrique étant également en baisse. Le retrait américain d'Afrique ne se reflète pas seulement dans les statistiques économiques. Prenons l'exemple des consulats, qui jouent un rôle essentiel dans l'établissement de relations avec les pays étrangers. Les États-Unis ont réduit de 24 % leurs missions diplomatiques en Afrique. Dans le même temps, les puissances non occidentales renforcent agressivement leur présence diplomatique. Après une augmentation de 62 % au cours de cette période, la Chine est désormais en tête avec 65 missions, dépassant les 56 missions américaines. Ce changement reflète l'évolution de l'influence de ces pays à travers l'Afrique. La Chine a clairement remporté la bataille diplomatique pour obtenir le soutien de l'Afrique aux Nations unies. Les pays africains votent systématiquement avec la Chine sur toutes les questions importantes. Avec l'Afrique soutenue par la Chine représentant 28 % des votes à l'Assemblée générale des Nations unies, Pékin dispose désormais d'un droit de veto effectif sur de nombreuses initiatives internationales, bloquant ainsi les objectifs politiques américains. Une étude récente de l'université Chapman révèle un autre aspect du rôle de la Chine en Afrique : la croissance de son influence médiatique. Les médias d'État chinois exploitent désormais 37 bureaux de presse à travers le continent et emploient 500 journalistes rien qu'au Kenya. Des milliers de journalistes africains sont formés en Chine afin de « bien raconter la narration chinoise ». Les médias occidentaux, en revanche, n'ont jamais été aussi faibles dans les pays africains. La BBC a fermé plusieurs services en langues africaines. Voice of America, la chaîne internationale financée par l'État américain, a pratiquement cessé ses activités. Pourtant, la domination chinoise sur l'Afrique est loin d'être totale. Après tout, il existe toujours des liens humains très forts entre l'Afrique et sa diaspora. Quelques faits illustrent cette réalité. La diaspora africaine (en tenant compte de la traite transatlantique des esclaves) compte environ 350 millions de personnes. La grande majorité vit dans les Amériques, en particulier aux États-Unis, au Brésil, en Colombie et en Haïti. Il existe également d'importantes communautés en Europe, notamment en France et au Royaume-Uni. La Chine n'accueille qu'une infime partie de la diaspora africaine. L'année dernière, la Banque mondiale a averti que plusieurs pays africains étaient au bord de l'effondrement économique en raison des dettes qu'ils avaient contractées auprès de créanciers chinois. Dans 54 des 120 pays en développement pour lesquels la Banque mondiale dispose de données pertinentes, les paiements au titre du service de la dette envers la Chine dépassent désormais le montant total des remboursements dus au Club de Paris (un groupe de 22 pays de l'OCDE et de prêteurs de premier plan, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France). De nombreux pays africains découvrent trop tard que la Chine n'est pas tant un donateur bienveillant qu'un créancier impitoyable. -
Relations et Rivalité Chine / Etats-Unis
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/edito-rachat-de-tiktok-pour-trump-c-est-une-operation-gagnante-affirme-francois-lenglet-7900544835 (24 septembre 2025) Les deux présidents se sont parlés et ils sont parvenus à un accord. Celui-ci prévoit qu'un consortium de proches de Trump va racheter la propriété de "Tiktok États-Unis" avec, à sa tête, la famille Murdoch, qui possède déjà la chaîne de télé conservatrice Fox News. L'algorithme de Tiktok, le logiciel, va être reprogrammé par la société Oracle, fondée et dirigée par un autre proche de Donald Trump, de façon à ce que les biais imposés par les Chinois soient supprimés, et de façon à ce qu’un utilisateur chinois ne puisse pas avoir accès au contenu de ce nouveau TikTok. -
La technologie contre la démocratie ?
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.eurotopics.net/fr/345775/albanie-l-ia-accde-a-un-maroquin-ministeriel (25 septembre 2025) En Albanie, un poste gouvernemental a été confié à une IA : "Diella" (soleil en albanais), un chatbot qui intervenait jusqu'à présent sous la forme d'avatar en habit traditionnel sur les sites gouvernementaux, officiera désormais en tant que "ministre des Marchés publics". En théorie objective et incorruptible, elle est censée empêcher toute corruption. Par décret, Diella a été placée sous la coupe du Premier ministre, Edi Rama. Cette innovation divise les médias. « Le [Premier ministre] excentrique Edi Rama adore se présenter en visionnaire. ... Mais il supporte mal la critique. C'est peut-être la raison pour laquelle il mise sur une ministre IA : elle ne fera jamais d'annonce publique de sa propre initiative, ne lui fera pas de reproche, et peut à tout moment être débranchée.» (Tageszeitung, Allemagne, 23 septembre 2025) -
Géorgie
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://responsiblestatecraft.org/georgia-election-russia-west/ (24 septembre 2025) Plus d'un an avant la chute du mur de Berlin, un groupe d'éminents militants indépendantistes se réunissait régulièrement dans un appartement de la rue Chavchavadze pour planifier la voie vers l'indépendance de la Géorgie. L'un de ces leaders était Irakli Batiashvili, avec qui j'ai eu la chance de passer une soirée lors de ma récente visite dans ce même appartement, entouré par le fantôme de discussions mémorables. Irakli a joué un rôle central dans l'organisation des manifestations publiques généralisées contre le régime soviétique, qui ont débuté en 1988. Ces manifestations ont atteint leur apogée le 9 avril 1989, lorsque des dizaines de milliers de Géorgiens se sont rassemblés pour manifester pacifiquement sur l'avenue Rustaveli, à Tbilissi. Réalisant qu'elles perdaient le contrôle, les autorités soviétiques ont envoyé l'armée, qui s'est attaquée aux manifestants à coups de pelles et de gaz lacrymogènes. Dans la mêlée qui s'ensuivit, 21 personnes trouvèrent la mort et des centaines d'autres furent blessées, dont Irakli lui-même. Le 9 avril reste le jour de l'unité nationale en Géorgie, en mémoire de ceux qui ont perdu la vie. Irakli Batiashvili lui-même a été si violemment battu que les gens l'ont cru mort et l'ont emmené à la morgue avant, comme il me l'a dit sans ironie, « qu'ils aient décidé que j'étais encore en vie ». La Géorgie a déclaré son indépendance en 1990 avant de l'obtenir en 1991 : Irakli a été son premier chef des services de renseignement nationaux, travaillant en étroite collaboration avec la CIA pour sa mise en place. Il n'est donc pas un russophile invétéré prêt à ignorer ou à pardonner les péchés du passé. En effet, lorsque je lui ai dit que j'avais personnellement sanctionné tous les membres de l'actuel Conseil national de sécurité russe, y compris Dmitri Medvedev et Sergueï Narychkine, il m'a adressé un large sourire et m'a serré la main. « Bravo ! » Il s'agit plutôt d'une personne profondément fière de son pays et déterminée à l'empêcher de devenir la victime d'une lutte d'influence entre la Russie et l'Occident. Il soutient Rêve Géorgien, même s'il n'est plus actif en politique. Victime de la brutalité soviétique en 1989, Irakli Batiashvili a également été victime de la répression politique dans la Géorgie indépendante en 2006, lorsqu'il a été arrêté sur la base d'accusations forgées de toutes pièces. L'affaire portait sur ses efforts de médiation dans un conflit croissant entre les milices abkhazes (Irakli considère l'Abkhazie comme faisant partie de la Géorgie) et l'armée géorgienne, qui reniait ses promesses d'accorder aux séparatistes un certain niveau d'autonomie locale. Irakli est apparu dans un journal télévisé géorgien pour parler de ses efforts, mais la chaîne de télévision a divulgué une transcription modifiée d'une conversation téléphonique enregistrée entre Irakli et un leader séparatiste, qui lui avait été fournie par le ministère de l'Intérieur du gouvernement Saakashvili. Au total, Irakli a passé 18 mois en prison, répartis sur deux périodes distinctes entre 2006 et 2008, avant d'être gracié à la suite de manifestations en Géorgie et d'actions menées par des organisations internationales de défense des droits humains telles qu'Amnesty International. La Cour européenne des droits de l'homme a par la suite jugé qu'en emprisonnant Irakli, le gouvernement Saakashvili avait manqué envers lui à ses obligations conventionnelles, selon laquelle un suspect doit être considéré comme innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établie. Aujourd'hui, Irakli mène une vie modeste, enseignant la philosophie et la culture à l'université d'État de Tbilissi, lisant et écrivant dans son petit appartement révolutionnaire, rempli de magnifiques œuvres d'art, de peintures et de photos de sa famille, ainsi que de livres, dont ceux écrits par lui-même, sa femme et sa fille. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.ft.com/content/66308c61-9296-47ac-b4a8-fca894abfd25 (European officials fear Trump is preparing to blame them for Ukraine failure, 25 septembre 2025) Les responsables européens craignent que les dernières déclarations de Donald Trump sur l'Ukraine aient pour but de leur imposer une mission impossible qui permettra au président américain de détourner la responsabilité de Washington si Kiev échoue dans la guerre ou vient à manquer de liquidités. Après avoir fait pression pendant des mois sur l'Ukraine pour qu'elle trouve un accord avec Moscou et renonce aux territoires occupés par la Russie, le président américain a surpris les capitales européennes mardi en déclarant sur les réseaux sociaux que Kiev pouvait « se battre et gagner » tous ses territoires « avec l'aide de l'UE ». Si la nouvelle position de Trump a été saluée dans certains milieux, plusieurs responsables européens ont conclu qu'il leur confiait la responsabilité de la défense de l'Ukraine avec des attentes que l'Europe aurait du mal à satisfaire. Trump a également adopté une position plus ferme en matière de sanctions, appelant l'UE à cesser ses achats de pétrole russe et à imposer des droits de douane à la Chine et à l'Inde — des mesures que Viktor Orbán, allié de Trump, a depuis longtemps déclaré vouloir bloquer. « C'est le début d'un jeu de reproches (blame game) », a déclaré un responsable à propos du revirement soudain de Trump. « Les États-Unis savaient que les droits de douane imposés à la Chine et à l'Inde seraient impossibles » à accepter pour l'UE. Trump « prépare une rampe d'évacuation » afin de pouvoir blâmer l'Europe si nécessaire, a déclaré un conseiller du gouvernement européen. Ce revirement a été « spectaculaire » et « globalement positif », mais Trump « a placé la barre très haut », a fait remarquer un responsable allemand. « Trump veut éviter qu'après neuf mois au pouvoir, cette guerre devienne aussi la sienne » et ne soit plus seulement « la guerre de Biden », a déclaré Carlo Masala, professeur d'affaires internationales à l'université de la Bundeswehr à Munich. Un responsable européen a souligné que la signature « Bonne chance à tous ! » de Trump sur son post Truth Social équivalait à une note de passation de pouvoir. Un autre responsable européen a déclaré : « Tout le monde voit qu'il se désengage. » Au début du mois, il a appelé l'UE à imposer des droits de douane pouvant atteindre 100 % à l'Inde et à la Chine, les plus gros clients énergétiques de la Russie, une demande jugée irréalisable à Bruxelles. Les responsables européens ont du mal à croire que Trump ira jusqu'au bout s'ils imposent des droits de douane élevés à Pékin et New Delhi, a déclaré Liana Fix, chercheuse senior au Council on Foreign Relations. « Ils ne croient pas que Trump suivra le mouvement », a déclaré Mme Fix. « Il n'est pas fiable sur ce point ». -
Groenland et Arctique : actifs strategiques très convoités
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Janus dans Politique etrangère / Relations internationales
Le Groenland est un pays socialiste https://prospect.org/world/2025-09-23-this-greenland-is-red/ Je suis allé là-bas en raison d'une caractéristique particulière de l'économie du Groenland : le vaste portefeuille d'entreprises détenues par l'État. Le gouvernement est propriétaire de la société de pêche Royal Greenland, qui est également le plus grand employeur du pays ; de la compagnie maritime Royal Arctic Line ; de la société immobilière INI ; de la compagnie de ferry Arctic Umiaq Line ; de la société de logistique et de vente au détail KNI ; de la compagnie aérienne nationale Air Greenland ; de la société de télécommunications Tusass ; la société de vêtements Great Greenland ; la société de construction et d'énergies renouvelables NunaGreen ; la société d'investissement Nalik Ventures ; la société immobilière Illuut ; la société de services publics Nukissiorfiit ; et la société touristique Visit Greenland. Selon un rapport récent, en 2023, elles employaient collectivement 5 117 personnes, soit près de 10 % de la population totale. Cette année-là, elles ont généré 2,6 milliards de couronnes en salaires et bénéfices (soit environ 410 millions de dollars), ce qui donne une idée approximative de leur contribution au PIB : 11 % en 2023. En 2022, ce chiffre était de 13 % ; cette baisse est due à l'inflation post-pandémique et à d'importantes dépenses d'investissement qui ont rendu leurs bénéfices nets combinés négatifs. Si l'on ajoute les 11 633 résidents du Groenland qui travaillaient directement pour le gouvernement en 2023 et les 9,6 milliards de couronnes dépensées directement par le gouvernement, environ 66 % des Groenlandais ayant un emploi travaillent pour l'État ou ses entreprises, et le secteur public dans son ensemble représente environ 57 % du PIB (ou 59 % en 2022). Le Danemark a accordé le droit de vote aux Groenlandais, a fourni des fonds considérables pour les infrastructures et les services, et a clairement indiqué que s'ils le souhaitaient, ils pouvaient déclarer leur indépendance. L'idée que l'administration Trump ferait mieux est absurde : il suffit de voir le traitement épouvantable réservé à la colonie américaine de Porto Rico, qui n'a pas de voix au Congrès et ne s'est toujours pas remise de l'ouragan Maria en 2017. Comme beaucoup de peuples migrateurs, les Inuits ont toujours considéré l'idée de propriété privée des ressources naturelles comme étrange et injuste. Les richesses de la Terre devraient bien sûr être largement partagées avec l'ensemble de la communauté, comme cela a été le cas pendant des milliers d'années. D'où l'interdiction au Groenland de la propriété privée des terres, qui ne peuvent être louées qu'au gouvernement, et d'où le recours aux entreprises publiques. Il est remarquable que le Royal Greenland Trading Department ait persisté jusqu'à la période d'autonomie ; lorsqu'il a été réformé et scindé au milieu des années 1980, il a formé le noyau du secteur public. Royal Greenland, Royal Arctic Line et KNI sont tous des descendants directs de cette ancienne institution coloniale. La pêche est de loin l'industrie la plus importante du Groenland, représentant plus de 95 % de ses exportations, qui sont principalement destinées au Danemark, puis à la Chine et à l'Europe. Cette implantation en Asie a nécessité des années de recherche et de développement du marché. Au début des années 2000, le gouvernement a tenté de privatiser le service de ferry public Arctic Umiaq Line, et comme on pouvait s'y attendre, le nouveau propriétaire étranger, dans le but de réduire les coûts, a immédiatement supprimé plusieurs lignes desservant de petites localités, les coupant ainsi pratiquement du monde extérieur. « Il a été privatisé, et en moins d'un an, il a complètement échoué et fait faillite, alors le gouvernement l'a racheté pour une couronne », a-t-il déclaré. Il a fallu beaucoup d'argent pour le remettre en marche, mais l'État n'a malheureusement pas rétabli tous les services supprimés. L'Islande voisine est sans doute devenue le premier État électrique au monde grâce à un développement massif de l'énergie géothermique et hydroélectrique. Elle a produit près de 50 000 kilowattheures par personne en 2024, soit plus de quatre fois plus que les États-Unis, et a tiré parti de cette situation pour s'imposer comme un acteur majeur dans la production d'aluminium. Ce petit pays de seulement 364 000 habitants produit plus d'aluminium que l'ensemble des États-Unis. L'électricité du Groenland provient déjà en grande partie de l'énergie hydraulique, avec un petit barrage relié à Nuuk, combiné au plus grand tronçon de lignes à haute tension sans support au monde. Mais sa capacité de production théorique est pratiquement infinie. Avec plus de 27 000 miles de côtes abritant des dizaines de rivières alimentées par les glaciers qui se jettent dans des canyons profonds, ainsi qu'un vaste réseau de fjords idéal pour la production d'énergie marémotrice et des vents forts constants propices à l'énergie éolienne, le Groenland pourrait devenir une centrale électrique zéro carbone. La construction d'usines de fusion d'aluminium ou d'acier, de centres de données ou d'autres entreprises gourmandes en énergie nécessiterait également des investissements supplémentaires importants dans les installations portuaires et autres, mais bien moins que les opérations minières (car elles pourraient être implantées à proximité des zones habitées existantes) et avec beaucoup moins de dommages environnementaux. Les gains potentiels sont énormes. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a jamais d'erreurs. Le Groenland a récemment construit trois nouveaux aéroports différents simultanément, et certains critiques ont fait valoir que les emplacements étaient mal choisis. L'un d'entre eux, en construction près de Qaqortoq, dans le sud, verra probablement « un vol sur quatre en moyenne redirigé ou annulé », a déclaré M. Poppel, en raison du vent et du brouillard. Les hommes d'affaires se sont également plaints que la Royal Arctic Line ne répondait pas à leurs attentes. Il est important de noter qu'une grande partie de la richesse du Groenland provient des subventions danoises. Le Danemark accorde une subvention globale qui finance environ la moitié du budget du gouvernement, ainsi que des fonds supplémentaires pour des services tels que la police et les tribunaux. Au total, cela représente environ 600 millions de dollars, soit environ 18 % de l'économie totale du Groenland. Pourtant, on ne peut contester les résultats globaux. En 1975, le PIB par habitant du Groenland en dollars américains courants était d'environ 4 300 dollars, tandis que celui du Danemark était supérieur de 87 %, à environ 8 000 dollars. En 2023, ces chiffres étaient respectivement de 58 500 dollars et 68 500 dollars, ce qui signifie que le Groenland est devenu près de 14 fois plus riche au cours des 50 dernières années et a comblé la majeure partie de son retard par rapport au Danemark. -
Islande
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://prospect.org/world/2025-09-23-this-greenland-is-red/ L'Islande voisine est sans doute devenue le premier État électrique au monde grâce à un développement massif de l'énergie géothermique et hydroélectrique. Elle a produit près de 50 000 kilowattheures par personne en 2024, soit plus de quatre fois plus que les États-Unis, et a tiré parti de cette situation pour s'imposer comme un acteur majeur dans la production d'aluminium. Ce petit pays de seulement 364 000 habitants produit plus d'aluminium que l'ensemble des États-Unis. -
15 septembre 2025. Bernie Sanders retourne en Virginie Occidentale, à la rencontre des électeurs de Trump, déçus et trahis par celui qui n'a pas tenu sa promesse de rouvrir les mines de charbon et qui a fait des coupes sombres dans les budgets sociaux avec son "big beautiful bill". Bernie Sanders avait gagné la primaire démocrate en Virginie Occidentale en 2016 contre Hillary Clinton et les autres, mais c'est une illusion car cet État a voté massivement Trump à chaque élection, ce dernier point étant lui-même une illusion, le parti politique dominant étant en fait l'abstention.
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Groenland et Arctique : actifs strategiques très convoités
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Janus dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.justiceinfo.net/fr/150152-excuses-danemark-femmes-groenlandaises.html (23 septembre 2025) Le 24 septembre, le Danemark présentera officiellement ses excuses au Groenland après qu'une enquête a établi la responsabilité de l'État dans la campagne dite des « stérilets », lancée en 1965, qui a fait des milliers de victimes parmi les femmes groenlandaises. Hier, la première ministre danoise a annoncé un « Fonds de réconciliation ». Le 27 août, le gouvernement danois et le Naalakkersuisut – le gouvernement autonome du Groenland – ont créé la surprise en publiant un communiqué de presse présentant des excuses officielles à toutes les femmes groenlandaises victimes de discrimination systématique lors de la campagne de contrôle des naissances menée au Groenland de 1965 à 1991. Cette campagne de contraception était parrainée par l'État danois et visait à réduire le taux de natalité au Groenland. En 2017, l'une des victimes, Naja Lyberth, a commencé à parler publiquement de son expérience et, en 2022, un podcast d'investigation intitulé « Spiralkampagnen » (« La campagne du stérilet ») et diffusé par la société de radiodiffusion danoise a révélé que des jeunes filles groenlandaises âgées de moins de 15 ans avaient été envoyées chez le médecin où on leur avait posé un stérilet sans leur consentement éclairé – ni le leur, ni dans de nombreux cas celui de leurs parents – et que des stérilets avaient été posés à leur insu chez des femmes ayant accouché. Cette campagne a entraîné une baisse rapide et significative du taux de natalité. La révélation de ces faits par les médias avait provoqué une onde de choc dans la société groenlandaise et aggravé les relations déjà tendues entre le Groenland et le Danemark. En 2023, les gouvernements du Danemark et du Groenland ont convenu de mener une enquête historique sur la campagne de stérilisation et les autres méthodes de contrôle des naissances utilisées au Groenland entre 1965 et 1991 (le gouvernement autonome du Groenland a obtenu l’autorité sur le système de santé en 1992). En mars 2024, un groupe de 143 femmes groenlandaises a poursuivi l'État danois en justice, réclamant une indemnisation individuelle de 300.000 couronnes danoises chacune (environ 40 000 euros). L'enquête sur l'utilisation de la contraception au Groenland a été publiée le 9 septembre 2025. Bien que le rapport ne fournisse pas de chiffres complets, il indique qu'à la fin de 1970, 4.070 femmes groenlandaises avaient un stérilet. Cela représente environ une femme groenlandaise sur deux. Après 1970, la méthode de statistique a changé et le nombre total de stérilets insérés reste inconnu. Le rapport n'a pas pu établir le pourcentage de femmes qui ont subi la pose d'un stérilet sans leur consentement. Mais parmi les 354 femmes qui ont témoigné, le consentement éclairé n'a pu être documenté que dans 47 cas. D'autres ne savaient même pas qu'elles avaient un stérilet, car celui-ci leur avait été posé après un accouchement ou d'autres interventions gynécologiques. Dans certains cas, les femmes avaient demandé par la suite que le stérilet soit retiré, mais leur demande avait été refusée. Il ressortait déjà clairement des reportages journalistiques sur la campagne qu'il s'agissait à la fois d'un cas de femmes privées de leurs droits fondamentaux à disposer de leur propre corps et d'une campagne menée dans un contexte colonial caractérisé par un schéma de domination et de différences culturelles qui ont rendu encore plus difficile pour les femmes de s'y opposer. De plus, la campagne était un plan parrainé par l'État, conçu notamment pour réduire le taux de natalité afin de diminuer un coût économique. En août 2024, Naalakkersuisut a donc lancé sa propre enquête sur [les] aspects [juridiques] de la campagne en faveur du stérilet. Le rapport est attendu cet hiver. Il devrait examiner les allégations formulées par plusieurs politiciens groenlandais, dont l'ancien Premier ministre Muté B. Egede, qui, en décembre 2024, lors d'une interview télévisée sur une chaîne danoise, a qualifié la campagne en faveur du stérilet de génocide. Bien que le rapport ne fournisse aucune conclusion juridique, il établit que l'État danois avait la responsabilité globale de la campagne et qu'il a potentiellement négligé son devoir de surveillance, conformément à la Charte européenne des droits de l'homme, ainsi que sa responsabilité envers les personnes vulnérables, à savoir les élèves des internats et ceux issus d'un milieu culturel différent. [La Charte européenne des droits de l'homme entrée en vigueur avec le traité de Lisbonne le 1er décembre 2009 s'applique-t-elle à des faits antérieurs à 1992 ?] Le Premier ministre groenlandais a jugé approprié de présenter ses excuses au nombre (beaucoup plus faible) de femmes qui ont subi la pose d'un stérilet sans leur consentement préalable après 1992. Les excuses du Groenland ont été critiquées par certains commentateurs, qui estiment que le Groenland n'a pas à présenter d'excuses, car les schémas fondamentaux de la domination coloniale ont perduré même après l'introduction de l'autonomie et de l'autogouvernance. Il s'agit de la troisième excuse présentée par le Groenland à son propre peuple. En 1999, le Premier ministre danois Poul Nyrup Rasmussen avait présenté des excuses à la population de Qaanaaq pour leur déportation en 1953, lorsque la base aérienne américaine de Thulé avait été construite sur leurs terres. Le Premier ministre groenlandais Jonathan Motzfeldt avait cosigné ces excuses. En 2020, puis à nouveau lors d'une cérémonie officielle en 2022 (reportée en raison du Covid), la Première ministre Frederiksen avait présenté ses excuses aux 22 victimes souvent appelées « enfants cobayes », dans une affaire datant des années 1950 où 22 enfants groenlandais avaient été retirés à leurs familles dans le cadre d'une expérience sociale visant à en faire une nouvelle élite groenlandaise parlant danois. Dans ce dossier, certaines victimes avaient également demandé des excuses au Naalakkersuisut, successeur de l'ancien Conseil national du Groenland, pour ne pas avoir protesté ou empêché la réalisation de l'expérience. Le Premier ministre groenlandais de l'époque, Muté B. Egede, avait refusé, mais il s'était excusé pour le fait que le Naalakkersuisut n'ait pas demandé au Premier ministre danois de présenter ses excuses plus tôt. En 2022, les gouvernements du Danemark et du Groenland ont convenu de mener une nouvelle enquête historique sur toutes les décisions politiques majeures et leurs conséquences pour les Groenlandais depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui. 45 millions de couronnes danoises (6 millions d'euros) ont été alloués à cette enquête et, en février 2024, les deux responsables de cette recherche ont été nommés. Mais ce n'est qu'en septembre dernier qu'ils ont annoncé que leur travail avait enfin commencé. Les raisons de ce retard ne sont pas tout à fait claires. -
Groenland et Arctique : actifs strategiques très convoités
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Janus dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.nytimes.com/2025/09/22/world/europe/denmark-greenland-baby-reunited.html Une Groenlandaise retrouve la garde de son bébé au Danemark -
Israël et voisinage.
Wallaby a répondu à un(e) sujet de loki dans Politique etrangère / Relations internationales
La déclaration d'Avi Dichter dans son contexte : https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/07/19/israel-etat-nation-juif-les-dessous-d-une-loi-controversee_5333745_3218.html (19 juillet 2018) La nouvelle Loi fondamentale, un tournant dans l’histoire israélienne De nombreux articles sont critiqués, tels que l’institution de Jérusalem comme capitale du pays ou l’attribution d’un « statut spécial » à la langue arabe. Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Il était environ 3 heures du matin, jeudi 19 juillet, lorsque l’un des projets de loi les plus symboliques et controversés depuis dix ans en Israël a été adopté. Par 62 voix contre 55, les députés de la Knesset ont donné la force d’une Loi fondamentale — le plus haut degré possible, en l’absence de Constitution — à un texte définissant Israël comme le « foyer national du peuple juif » et précisant ses attributs. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a estimé qu’il s’agissait d’un « moment charnière » dans l’histoire du pays. En revanche, Ayman Odeh, le chef de file des députés de la Liste arabe unie, a exprimé l’émoi de la minorité arabe, qui représente 20 % de la population. Le texte, a-t-il dit, consacre « la suprématie juive, nous disant que nous serons toujours des citoyens de seconde classe ». Hymne, calendrier, fêtes… : une partie consensuelle La loi comporte un certain nombre d’articles qui ne suscitent pas de polémique, ne faisant que reprendre des formulations ou des faits établis. Elle accorde uniquement aux juifs le droit à l’autodétermination dans l’Etat d’Israël, « foyer national du peuple juif ». Elle rappelle les symboles nationaux : l’hymne (Hatikvah), le drapeau, l’emblème d’Etat qu’est la menorah à sept branches avec les branches d’olivier, ou encore le calendrier hébraïque. Elle fixe les jours de fêtes d’Etat, comme celle de l’indépendance ou la journée du souvenir en mémoire des disparus pendant les guerres ou lors de l’Holocauste. En outre, le texte rappelle les liens entre Israël et la diaspora juive dans le monde. L’Etat doit s’assurer de « la sécurité des membres du peuple juif en danger ou en captivité en raison de leur judaïté ou de leur citoyenneté ». Il doit aussi veiller à « renforcer les affinités » entre l’Etat et la diaspora et préserver l’héritage culturel, historique et religieux du peuple juif parmi cette diaspora. Jérusalem, langue arabe… : les dispositions contestées La loi définit Jerusalem comme « capitale complète et unie » d’Israël. Dans les faits, tous les Israéliens considèrent naturellement Jérusalem comme leur capitale, où se concentrent les lieux de pouvoir comme la résidence du premier ministre, la Knesset et la plupart des administrations centrales. Mais selon le consensus international en vigueur depuis des décennies, le statut de Jérusalem — où se trouvent notamment les lieux saints des trois grands monothéismes — ne devra être tranché qu’au terme de négociations finales de paix entre Israéliens et Palestiniens. Une Loi fondamentale est plus difficile à modifier à la Knesset qu’une loi classique, elle demande à être remplacée par une autre. La droite, par cet article, s’inscrit dans la continuité de la reconnaissance unilatérale historique de Jérusalem comme capitale par les Etats-Unis, en décembre 2017. Ce fait accompli connaît ainsi un prolongement législatif. Or, dans les différents plans de paix étudiés par les deux parties depuis les accords d’Oslo (1993), l’hypothèse d’une capitale pour deux Etats était retenue. Un autre point très sensible pour la minorité arabe israélienne et pour les défenseurs des droits de l’homme concerne le statut de la langue arabe, qui est dégradé. Elle n’est plus dorénavant langue d’Etat, au même titre que l’hébreu, mais se voit promettre un vague « statut spécial ». Enfin, la nouvelle Loi fondamentale se penche sur « le développement des communautés juives », considérées comme « valeur nationale ». Elle affirme que l’Etat « agira pour encourager et promouvoir leur établissement et leur consolidation ». La formulation initiale de cet article prévoyait la possibilité d’établir des communautés uniquement réservées aux juifs. Elle avait provoqué de vives critiques de la part du procureur général, Avichaï Mandelblit, de nombreux autres juristes s’émouvant de l’institutionnalisation de la discrimination contre les Arabes. Le président Réouven Rivlin, dans une démarche rare, avait même pris la plume pour alerter les députés. « Regardez la société israélienne et demandez-vous : au nom de la vision sioniste, sommes-nous prêts à soutenir la discrimination et l’exclusion d’hommes et de femmes sur la base de leur origine ethnique ? » Une inégalité entre citoyens ancrée dans la loi ? Le mot « démocratie » est absent de la Loi fondamentale. Mais c’est surtout l’inégalité entre citoyens qui est fustigée par ses critiques. Un seul député du Likoud, Benny Begin, a exprimé de vives réserves et s’est abstenu au moment du vote. « Un patriotisme qui n’est pas associé aux droits de l’homme dégénère en nationalisme », a-t-il averti. Le leadeur travailliste à la Knesset, Isaac Herzog, a pris la parole devant les députés pour s’émouvoir du déséquilibre que le texte introduisait entre citoyens juifs et non juifs : « Nous sommes très attristés du fait que le principe d’égalité, qui a représenté un acquis inestimable dans la défense de la bonne réputation d’Israël, a disparu de cette loi. » Le député du Likoud qui a porté le texte, Avi Dichter, s’est pour sa part adressé aux députés arabes, selon un compte rendu du site Ynet : « Vous n’étiez pas là avant nous et vous ne serez pas ici après nous. » Le contraste est fort avec la déclaration d’indépendance de 1948, proclamant « la fondation de l’Etat juif dans le pays d’Israël », qui était bien plus ouverte dans ses formulations. Il y était notamment écrit ceci, au sujet de l’égalité des droits entre tous ses citoyens : « L’Etat d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la charte des Nations unies. » Les magistrats de la Cour suprême auront à présent l’immense responsabilité d’interpréter, au cas par cas, dans les affaires de discrimination collectives ou individuelles, les articles controversés de cette Loi fondamentale. -
https://www.zinnedproject.org/about/faq/ Quel est l'objectif du Zinn Education Project ? L'objectif du Zinn Education Project est d'offrir aux élèves une compréhension plus précise, plus complexe et plus intéressante de l'histoire des États-Unis que celle présentée dans les manuels scolaires et les programmes traditionnels. Le potentiel enrichissant de l'étude de l'histoire des États-Unis est souvent perdu dans une recherche insignifiante de noms et de dates dictée par les manuels scolaires. Les supports pédagogiques et la pédagogie axés sur l'histoire populaire mettent l'accent sur le rôle des travailleurs, des femmes, des personnes de couleur et des mouvements sociaux organisés dans le façonnement de l'histoire. Les élèves apprennent que l'histoire n'est pas faite par quelques individus héroïques, mais plutôt par les choix et les actions des gens, et comprennent ainsi que leurs propres choix et actions ont de l'importance. Nous pensons qu'en portant un regard plus engageant et plus honnête sur le passé, nous pouvons aider les élèves à acquérir les outils analytiques nécessaires pour comprendre et améliorer le monde d'aujourd'hui. Pour une description plus complète, lisez A People's History, A People's Pedagogy. Qui utilise le Zinn Education Project ? Les enseignants et les formateurs d'enseignants de tous les États et territoires des États-Unis téléchargent des cours depuis le site web du Zinn Education Project. Pourquoi ce projet porte-t-il le nom de Howard Zinn ? Le Zinn Education Project s'inspire d'une scène du documentaire You Can't Be Neutral on a Moving Train, dans laquelle Howard Zinn parle de l'histoire américaine à des lycéens de Chicago, ainsi que de l'expérience personnelle d'un donateur qui a eu Zinn comme professeur. Ce donateur souhaitait rendre hommage à Howard Zinn pour sa contribution extraordinaire à la promotion de « l'histoire du peuple », et en particulier à son livre A People's History of the United States, qui s'est vendu à plus de quatre millions d'exemplaires et a été traduit dans de nombreuses langues. Pourquoi les élèves devraient-ils étudier l'histoire ? Howard Zinn répond à cette question et à d'autres questions fréquemment posées sur l'enseignement de l'histoire d'un peuple dans cette interview. [transcription] Parmi les questions abordées figurent : Quels sont, selon vous, les principaux problèmes liés à l'enseignement de l'histoire des États-Unis dans ce pays ? Comment éviter que les cours d'histoire ne se transforment en une simple récitation de dates, de batailles, de noms de membres du Congrès et de présidents ? Comment les enseignants peuvent-ils encourager la pensée critique afin que les élèves ne se contentent pas de mémoriser un ensemble de faits nouveaux, même s'ils sont plus progressistes ? L'histoire peut-elle être objective ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Howard_Zinn Howard Zinn, né le 24 août 1922 à Brooklyn, New York, et mort le 27 janvier 2010 à Santa Monica, Californie, est un historien et politologue américain, professeur au département de science politique de l'université de Boston durant 24 ans. Il est particulièrement connu pour son best-seller publié en 1980 Une histoire populaire des États-Unis, qui « l'a consacré comme l'un des historiens américains les plus lus, bien au-delà des campus américains ».
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Wallaby a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Le but c'est de pouvoir faire Ponce Pilate le jour où il apparaîtra clairement que la Russie a gagné cette guerre, et de pouvoir rejeter la responsabilité de la défaite sur les Européens. L'Ukraine est une patate chaude et il en fait cadeau aux Européens. -
Israël et voisinage.
Wallaby a répondu à un(e) sujet de loki dans Politique etrangère / Relations internationales
https://shs.cairn.info/revue-politique-africaine-2024-3-page-193?lang=fr (19 juin - 19 décembre 2024) Penser les qualifications des violences en Palestine et Israël depuis l’Afrique Apartheid, colonisation, occupation, guerre, génocide, futuricide. La question de la qualification des violences en Israël et en Palestine est au cœur de polémiques et de tensions extrêmement fortes, particulièrement exacerbées depuis le 7 octobre 2023. Certains des termes employés et des réalités qu’ils recouvrent, en particulier « apartheid », « colonisation » et « génocide », ont en effet une histoire particulièrement chargée en Afrique. Le continent [africain] a connu deux génocides internationalement reconnus comme tels, celui des Herero et des Nama en Namibie au début du xxe siècle (officiellement reconnu par le gouvernement allemand en 2021), et celui des Tutsi au Rwanda en 1994. Notre objectif est de questionner l’usage de ces différents termes dans les contextes israéliens et palestiniens, de revenir sur leur fondement politique et épistémologique, et sur les modalités de leur circulation internationale. Nous proposons pour cela une série de rencontres avec des universitaires travaillant en Israël, en Palestine et dans différents pays africains afin de réfléchir à ces enjeux de qualification [1]. La lutte anti-apartheid, portée par le Congrès national africain (ANC) mais aussi, notamment, par le Parti communiste sud-africain, a mobilisé des réseaux de plus en plus larges, et créé des liens avec de nombreux mouvements de libération à travers le monde, y compris l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). La cause a également été consacrée par le droit international, lorsque l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la « Convention internationale des Nations unies de 1973 sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid ». Quand bien même il n’y aurait pas d’équivalence, en quoi l’apartheid, tel qu’il a été institué et mis en pratique en Afrique du Sud, aide à penser ce qui se passe dans la région qui nous intéresse ? Et, si c’est le cas, qu’aide-t-il à penser plus particulièrement ? La situation des populations palestiniennes dans les territoires occupés ? Ou les différences de traitement entre différents types de citoyens et citoyennes en Israël ? Crée-t-il, au contraire, des angles morts ? En retour, le détour par Israël et la Palestine aide-t-il à mieux penser les spécificités de l’histoire de l’Afrique du Sud ou à repérer des similarités qui permettraient de mieux la caractériser ? Raphaël Botiveau : Une des lois emblématiques de cette époque est le Native Land Act de 1913, qui restreint la propriété foncière des populations noires autochtones à des réserves ne couvrant que 7 % du territoire de la nouvelle Union (une surface portée à 13 % en 1936). L’Union sud-africaine figurera à ce titre, en novembre 1947, parmi les 33 États membres de l’Assemblée générale des Nations unies (n’en comptant alors que 56, principalement européens) qui adopteront la résolution 181 prévoyant le partage de la Palestine en deux États, l’un juif, l’autre arabe. Il est ici intéressant de remarquer que c’est dans le contexte historique du colonialisme et de l’impérialisme britannique que se sont respectivement développés les nationalismes juif sioniste et afrikaner. Londres favorisa ainsi l’établissement de Juifs européens en Palestine avant de s’y opposer et de se heurter politiquement et militairement aux forces sionistes. En Afrique du Sud, c’est la violence extrême de la répression des Boers durant la guerre de 1899-1902 qui créa les conditions du développement du mouvement nationaliste afrikaner et du régime d’apartheid. Ainsi, outre la référence biblique qui fait des Juifs et des Afrikaners des peuples élus liés à Dieu par un pacte leur promettant une terre, sionistes et nationalistes boers se sont forgé un récit national assez proche, qui met en avant leur lutte héroïque contre l’Empire britannique avec comme effet induit de minimiser l’existence et la spoliation des indigènes de Palestine et d’Afrique du Sud. Il est également nécessaire de rappeler que, si le régime d’apartheid et l’État d’Israël développeront une coopération notamment militaire pour faire face à des ennemis communs durant la guerre froide (mouvements anticoloniaux, bloc soviétique…), leurs affinités idéologiques n’étaient pas évidentes au départ. Un certain nombre de dirigeants du Parti national, en Afrique du Sud, s’étaient ainsi rapprochés de l’Allemagne nazie par antisémitisme ou pour lutter contre les Britanniques dans les années 1930 et durant la Deuxième Guerre mondiale. Les premiers dirigeants d’Israël, quant à eux, étaient empreints d’idéologie socialiste et proches du bloc de l’Est, l’Union soviétique ayant voté pour la résolution 181 et fourni des armes aux organisations militaires sionistes. Le projet plus global des architectes de l’apartheid se fondait enfin sur la fiction idéologique – assise sur l’Ancien Testament – d’un agencement harmonieux du monde où chaque race occuperait la juste place qui lui revient : le « développement séparé » prévoyait l’accès à l’indépendance de bantoustans (« États des Bantous ») sur 13 % de l’Afrique du Sud, un sacrifice jugé nécessaire par le régime d’apartheid pour préserver la nation afrikaner et la domination blanche. De 1976 à 1981, quatre bantoustans (Transkei, Bophuthatswana, Venda et Ciskei) accédèrent ainsi à une autre forme d’indépendance coloniale qui, contrairement à celle de 1910, ne fut pas reconnue internationalement. L’objectif pour Pretoria était d’établir l’essentiel des Noirs du pays dans ces États sans souveraineté, administrés par des dirigeants fantoches et garantissant à l’économie sud-africaine une vaste réserve de main-d’œuvre. Sara Dezalay : La CIJ avait été saisie pour avis en 1950 afin de répondre à la question suivante : l’Afrique du Sud, détentrice d’un mandat sur ce territoire [de Sud-Ouest Africain, aujourd'hui Namibie] en vertu du Pacte de la Société des Nations, devait-elle transformer ce mandat en un système de territoire sous tutelle, tel que prévu par la Charte de l’ONU ? Dans son avis de 1950, la Cour entérinait le refus de l’Afrique du Sud d’opérer cette transformation, tout en spécifiant son obligation d’accepter un contrôle international, ce que refusa le gouvernement sud-africain, malgré de multiples résolutions de l’Assemblée générale et du Comité de décolonisation de l’ONU. En 1960, la Cour fut cette fois saisie par l’Éthiopie et le Liberia, dans le cadre d’une affaire contentieuse, pour juger de la légalité du maintien du mandat de l’Afrique du Sud sur le Sud-Ouest africain, ainsi que de l’ensemble de la politique d’apartheid aux termes du droit international. La Cour commença par se déclarer compétente sur le fond et rejeta finalement la requête en 1966 au prétexte que l’Éthiopie et le Liberia n’avaient pas d’intérêt à agir dans ce cas. Dès 1962, l’Assemblée générale avait adopté la résolution 1761, qui dénonçait la politique d’apartheid, appelait à un embargo sur la vente d’armes vers l’Afrique du Sud et portait création d’un Comité spécial sur l’apartheid. Le Comité fut boudé par la majorité des États du Nord – tout particulièrement le Royaume-Uni en tant que principal exportateur d’armes vers l’Afrique du Sud. Mais la résolution 1761, bien que non contraignante comme toutes les résolutions de l’Assemblée générale, fut mobilisée par l’Anti-Apartheid Movement. En 1970 – sous la présidence du Burundi et à la faveur de l’abstention du Royaume-Uni – le Conseil de sécurité adopta deux résolutions : la première qualifiait pour la première fois d’illégale l’occupation continue par l’Afrique du Sud du Sud-Ouest africain, tandis que la seconde sollicitait un avis consultatif de la CIJ sur les conséquences juridiques de la présence sud-africaine en Namibie. Adopté en 1971, l’avis consultatif de la CIJ entérina l’illégalité de l’occupation de la Namibie. Surtout, dans ce même avis consultatif, la CIJ se prononça également sur le terme d’« apartheid », qu’elle définit, au-delà du cadre des politiques de « développement séparé » pratiquées par l’Afrique du Sud, comme « [l]e fait d’établir et d’imposer […] des distinctions, exclusions, restrictions et limitations qui sont uniquement fondées sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique et qui constituent un déni des droits fondamentaux de la personne humaine [5] ». En 1973, le terme d’apartheid devint ainsi l’objet d’une convention adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, au statut hybride, car elle contient un volet pénal – incluant la toute première définition conventionnelle de l’apartheid comme crime contre l’humanité – et un volet plus classique de protection des droits humains. Et si ce texte reste intimement lié au régime sud-africain, certains des 129 rapports soumis au Groupe des trois entre 1978 et 1993 (année du dernier examen) ont mentionné des cas d’apartheid au-delà de la situation en Afrique du Sud. Par exemple, la Biélorussie, Cuba, l’Irak, le Qatar, la Syrie et les Émirats arabes unis avaient souligné que les politiques et les pratiques d’Israël à l’encontre du peuple palestinien entraient dans le champ d’application de la Convention [6]. Il est tout à fait symbolique, à ce titre, que le gouvernement sud-africain ait décidé de signer la Convention en mai 2024 : cela dénote sans doute une volonté de la régénérer au-delà du cas de l’Afrique du Sud – sachant qu’hormis l’article 7 du Traité de Rome portant création de la Cour pénale internationale (CPI), qui liste et définit le crime d’apartheid en tant que crime contre l’humanité, l’apartheid, en tant que catégorie juridique, est défini uniquement dans la Convention [7]. L’avis consultatif du 20 juillet 2024, dans lequel la CIJ a qualifié d’« illicite » l’occupation israélienne et a rappelé le « droit à l’autodétermination » sans condition des Palestiniens, est certes non contraignant, mais il doit être lu à l’aune du rapport de force au sein de la Cour et du rapport de celle-ci aux États membres de l’ONU. La Cour n’utilise pas explicitement, dans cet avis, le terme d’apartheid. Elle évoque une politique de « discrimination systémique ». Selon certains commentateurs, cette « ambiguïté sur l’apartheid est probablement délibérée, afin de permettre au plus grand nombre de juges possible de se joindre à la majorité [8] ». La CIJ a été saisie pour un avis consultatif par l’Assemblée générale de l’ONU en 2022 sur la légalité de l’occupation de territoire palestiniens depuis 1967 : cela a donné lieu à l’avis consultatif rendu le 20 juillet 2024 évoqué précédemment. En substance, cet avis consultatif réitère l’avis rendu par la Cour en 2004, connu sous le nom « Le mur », dans lequel elle estimait que les politiques de colonisation d’Israël violaient l’interdiction, prévue par le droit humanitaire international, de transférer des populations civiles de la puissance occupante vers un territoire occupé. Mais, dans son avis de 2024, la Cour est allée plus loin : elle y souligne que les pratiques d’Israël équivalent à une annexion de vastes parties du Territoire palestinien occupé [9]. Raphaël Botiveau : Nelson Mandela et ses pairs prirent initialement pour modèle les actions militaires des organisations sionistes contre les Britanniques. Le lien entre les deux luttes se fit concrètement via des individus comme Arthur Goldreich, sud-africain juif qui, marqué par l’antisémitisme et la position pronazie de bien des Afrikaners, rejoignit la Palestine et s’engagea dans le Palmach, milice sioniste, avant de rentrer en Afrique du Sud et d’intégrer la branche armée de l’ANC au début des années 1960. Lorsqu’après sa libération en 1990 et alors qu’il poursuivait son « Freedom Tour » aux États-Unis, Nelson Mandela fut par exemple encouragé à renier son soutien à Yasser Arafat, considéré comme un terroriste par ses interlocuteurs étatsuniens, le futur président sud-africain n’eut de cesse de rappeler qu’Arafat était et demeurait un « camarade de lutte », aux côtés d’ailleurs de Fidel Castro ou du Colonel Khadafi. À l’instar de l’Intifada palestinienne, qui débuta en décembre 1987 dans le camp de Jabaliyeh, tout partit en Afrique du Sud, durant cette décennie, des townships du triangle du Vaal en septembre 1984. [Un] dernier point amène cependant à nuancer le rapprochement entre les deux situations. En Afrique du Sud, l’essentiel des victimes de cette période – jusqu’à 20 000 morts recensés – fut le résultat d’une quasi-guerre civile entre organisations noires, encouragée et entretenue par le régime d’apartheid. En Palestine et bien que la création du Hamas, en 1987, fût encouragée par Israël pour diviser le mouvement national palestinien, la concurrence entre organisations palestiniennes rivales resta beaucoup plus limitée. J’avais souvent été frappé, dans plusieurs pays arabes, chez des personnes exprimant leur soutien à la cause palestinienne, par une certaine distance vis-à-vis de la situation vécue dans les territoires occupés. En Afrique du Sud, j’ai a contrario été étonné de rencontrer des personnes qui semblaient, comme par expérience, savoir de quoi elles parlaient en évoquant ce que vivaient les Palestiniens. Sbeih Sbeih : En ce qui concerne la lutte menée par les Palestiniens, la catégorie apartheid a été progressivement appropriée à partir des années 1989-1990. Au début, cet usage s’est limité aux réseaux plaidant pour la non-violence, comme c’était le cas du prêtre Naïm Ateek (de l’Église épiscopalienne) qui a fondé le Centre de théologie de la libération Sabeel à Jérusalem et à Nazareth en 1989-1990. Il était en relation directe avec l’archevêque anglican Desmond Tutu. Mais c’est au début des années 2000, avec le déclenchement de la deuxième Intifada, la construction du Mur d’annexion et de séparation, et surtout après la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance de Durban en 2001, que son usage s’impose d’une manière plus évidente. Cette manière de cadrer les choses a permis de visibiliser la cause auprès de l’Occident, tout en invisibilisant des éléments fondamentaux de la situation politique historique et contemporaine. Elle a participé – sur la base, en passant, d’une représentation erronée de ce qu’a été la lutte de l’ANC – de la décrédibilisation de la lutte armée, et du passage à une lutte dans le cadre de ce que je nomme « la Palestine des bailleurs de fonds [13] ». Cette transformation a eu des effets sur la sélection sociale des militants, dont on attend qu’ils parlent l’anglais, maîtrisent le droit, etc., ce en quoi on peut parler d’une évolution à la fois élitiste et professionnelle. Avec ce cadrage, les revendications ne sont plus nationalistes, mais formatées à partir de ce qui est acceptable juridiquement et paraît faire sens pour l’international. On n’est plus dans un face-à-face avec l’occupant (action directe populaire) : on passe par le droit international (action indirecte portée par des « professionnels »), et on passe de l’arabe à l’anglais, ce qui invisibilise une partie de la réalité de ce face-à-face et décrédibilise les autres formes de lutte et profils de militants. L’objectif consiste désormais à convaincre que les Palestiniens « méritent » un État et à convaincre la « communauté internationale » de la justesse de la cause. Cela va de pair avec un décalage entre ce qui est revendiqué et la réalité vécue des Palestiniens. Par exemple, on parle d’une revendication d’indépendance politique et économique alors que, dans les faits, la colonisation s’accélère et la dépendance économique est redoublée, non seulement vis-à-vis d’Israël, mais aussi des bailleurs de fonds. Cette évolution – dans laquelle s’inscrit cette importation singulière de la notion d’apartheid – n’est pas consensuelle parmi les Palestiniens. Tal Dor : L’utilisation de la catégorie d’apartheid permet de comprendre les injustices que le monde occidental et eurocentré ne veut pas comprendre. Ceci étant dit, cela nous enferme également dans des représentations. L’effet majeur est que ce cadrage permet de ne pas mettre en question le sionisme politique, et donc la Nakba (terme qui désigne les déplacements forcés, et l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens après l’occupation coloniale de leur terre en 1948), dans une grille d’analyse du colonialisme du peuplement. En outre, à mon sens, la catégorie, comme elle est souvent employée en France aujourd’hui par exemple, amène à appeler à une solution qui pourrait elle-même être comprise comme un apartheid dans un sens littéral de « séparation » : celle des deux États. Bien avant la création de l’État d’Israël et alors que le mouvement d’installation de Juifs en Palestine s’accélérait pendant les premières décennies du xxe siècle, des leaders palestiniens ont appelé à un État démocratique [14]. En comprenant le caractère colonial du projet euro-sioniste de créer un État juif en Palestine, la population palestinienne et leur leadership reconnaissaient la présence juive en Palestine et son lien à la terre, tout en refusant la séparation entre Juifs, musulmans et chrétiens palestiniens. L’occultation du colonialisme de peuplement, en tant qu’aspect central du sionisme, joue un rôle central, pas seulement dans la formation de la conscience et dans l’être du sujet sioniste (comme Juif israélien), mais aussi dans la conscience collective et individuelle occidentale. Le sionisme et donc l’État d’Israël sont perçus comme un projet démocratique de construction d’une nation par une société multiculturelle de migrants. L’utilisation du terme « apartheid », reconnu comme violent et injuste dans le cadre sud-africain, dévoile les profondes injustices du régime israélien mais il ne décolonise pas le savoir sur la Palestine. Car cela nous enferme dans l’idée que ce n’est qu’un problème de régime et que la solution (euro-atlantique) de deux États va amener à la fin de cette violence. Dès 2004, le sociologue palestinien Raef Zreik avait ainsi montré les limites du terme « apartheid », et notamment le fait que le cadre territorial qu’il induisait était celui de l’occupation de 1967, plutôt que celui de 1948, ce qui supposait d’oublier les réfugiés, soit plus du tiers de la population palestinienne [15]. Le mot [d'« apartheid »] est alors entré d’abord dans le vocabulaire des militants israéliens de la gauche radicale [16] qui militaient aux côtés des Palestiniens contre sa construction. Plus tard, l’organisation israélienne B’Tselem, les ONG internationales Human Rights Watch et Amnesty International ont institutionnalisé, d’une certaine manière, le terme avec leurs rapports internationalement reconnus (2021 et 2022) [17]. Ce qui a d’abord été considéré comme une appellation controversée, même inaudible, s’est aujourd’hui largement répandu dans la société israélienne. On peut faire le parallèle avec l’histoire de la Nakba. Des historiens palestiniens (et arabes) ont parlé de la catastrophe et du nettoyage ethnique depuis la création de l’État d’Israël. Or c’est seulement lorsque des historiens israéliens – ce qu’on appelle « les nouveaux historiens » – ont dévoilé les archives militaires israéliennes à partir des années 1980 et ont travaillé sur cette question qu’elle a été entendue et reconnue (partiellement). Raphaël Botiveau : Ceci étant dit, il me semble que le paradigme colonial reste plus approprié que la notion d’apartheid pour saisir la situation palestinienne. En Afrique du Sud même, d’ailleurs, durant la lutte contre l’apartheid, le mouvement de libération porté par l’ANC théorisait d’abord la situation sud-africaine comme un « colonialisme d’un type spécial » (colonialism of a special type), l’apartheid ne représentant qu’un ultime avatar. La plainte portée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice en décembre 2023, qui vise à faire condamner Israël pour génocide, est ici d’une grande portée politique. Et le gouvernement israélien, qui fait peu de cas du droit international en général et de la CIJ en particulier (quand bien même Israël est l’un des rares États créés en vertu d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies), a cette fois bien perçu le danger. Il y a d’abord le poids symbolique de l’action sud-africaine en justice. Si c’était l’Égypte ou un autre régime militaire voisin d’Israël qui portait l’affaire, il ne s’agirait que d’un nouveau coup d’épée dans l’eau. Or l’Afrique du Sud est dotée du « crédit » qui lui donne la légitimité morale et politique nécessaire pour soutenir une telle accusation. Les dirigeants sud-africains d’aujourd’hui sont les héritiers de ceux d’hier. Ses détracteurs diront que le Président Ramaphosa incarne la faillite de l’ANC, les inégalités persistantes, le massacre de Marikana (qui avait vu, en août 2012, la police sud-africaine assassiner 34 grévistes dans les mines de platine) ; il n’en reste pas moins qu’il était négociateur en chef de l’ANC au début des années 1990 et que la position qu’il incarne aujourd’hui sur la Palestine est conforme à celle que portait hier son mentor Nelson Mandela. De plus, si l’action sud-africaine tend à porter un nouveau coup diplomatique à Israël, elle porte aussi atteinte à sa légitimité en tant qu’État prétendument plus moral que les autres du fait de l’héritage de la Shoah qu’il revendique : Israël redevient un État justiciable comme les autres. Mais si l’on pense à nouveau à la question déjà mentionnée du « droit à l’autodétermination », le gouvernement sud-africain porte aussi un coup à l’idéologie et au projet politique sioniste dans certains de leurs fondements. Car si la solution à deux États continue d’être officiellement privilégiée comme horizon par les États-Unis, l’Union européenne et l’Afrique du Sud, le modèle de résolution d’un conflit colonial dont l’exemple sud-africain est porteur est d’abord celui de la mise en œuvre, sur un territoire donné, parmi des populations descendantes de colons et de colonisés étroitement imbriquées, d’une autodétermination matérialisée par le principe du « One man, one vote », du refus de la bantoustanisation et de la construction d’une identité nationale commune. Les réactions violentes que provoquent aujourd’hui les défenseurs de la solution à un seul État – Rima Hassan en France par exemple – sont peut-être à la hauteur du danger que perçoivent désormais les dirigeants israéliens et leurs soutiens, pour qui la solution à un seul État représenterait la fin du sionisme. Un tel danger est incarné par l’Afrique du Sud post-1994 et sa mobilisation en faveur du droit à l’autodétermination des Palestiniens. Tal Dor : Le terme de colonisation – et plus précisément, de colonisation de peuplement – renvoie à une réalité bien présente. Des militants anti-apartheid ont pu parler d’une Afrique du Sud unie à la fin de l’apartheid, en clamant « on est tous sud-africains ». Ce n’est pas le cas en Palestine et dans l’État d’Israël, où continue de se poser la question du colonialisme de peuplement, qui est au cœur de la situation. Sbeih Sbeih : On peut rappeler que ce moment charnière commun à l’Afrique du Sud et à Israël, 1948, correspond à une période importante de la décolonisation britannique (l’Inde est devenue indépendante en 1947, et la Birmanie et Ceylan en 1948) : ce sont tous des territoires qui ont à voir avec l’impérialisme britannique et sa décolonisation. Tal Dor : Le terme Nakba est un outil de vérité et de résistance épistémique fondamental. Les travaux de Walid Khalidi nous montrent qu’entre décembre 1947 et janvier 1949, 400 villages palestiniens ont été totalement vidés de leurs habitants et la plupart de la population arabe a été expulsée de onze villes [19]. Pendant cette période, des forces paramilitaires sionistes (comme le Palmah), puis l’armée israélienne ont mené des opérations armées contre une population non armée dans sa majorité. En 1949, plus de 80 % des terres (16,6 millions de dounams) détenues par l’État d’Israël appartenaient aux 750 000 Palestiniens devenus réfugiés. Peu de Juif·ves israélien·nes tâchaient de comprendre ce qui s’était passé pour la population palestinienne qui habitait, travaillait et était propriétaire de la terre. De plus, le savoir officiel israélien nie la Nakba et interdit sa commémoration. En 2011, l’amendement 40 à la loi de base budgétaire, connu sous le nom de « loi Nakba », a ainsi été adopté par le parlement israélien. Il autorise le ministre des Finances à retirer les fonds publics de toute institution ou organisme qui commémore « le jour de l’indépendance d’Israël ou le jour où l’État a été établi comme jour de deuil », ou qui nie l’existence d’Israël en tant qu’« État juif et démocratique [22] ». Dans les espaces éducatifs formels et informels, les enfants juifs israéliens apprennent que la terre était vide et à ne connaître ni les faits historiques, ni les objectifs sionistes derrière la destruction. En 2002, lors d’un entretien à la radio française Radio Orient, à une époque où le mot Nakba était méconnu en hébreu et dans la société israélienne, l’historien Ilan Pappé, qui donnait déjà des cours sur la question à l’université de Haïfa dans l’État d’Israël – cours à cause desquels il a dû quitter son poste et le pays –, a dit : « À mon avis, nombreux sont les Israéliens qui commettraient une nouvelle Nakba sans aucune hésitation. » Dix ans plus tard, en décembre 2022, le militant et journaliste Meron Rappaport a écrit que le gouvernement élu un mois plus tôt, dont des membres défendent explicitement une « Suprématie juive », pouvait être « un gouvernement de Nakba ». Alors que, jusqu’à début octobre 2023, la majorité des Israéliens niaient la Nakba et que seule la minorité d’extrême droite la revendiquait, le mot s’est davantage répandu dans la sphère publique après le 7 octobre, notamment sous la forme d’un appel à une « deuxième Nakba » ou encore à une « Nakba de Gaza » lancé par des figures politiques et publiques, comme par exemple le ministre de l’Agriculture Avi Dichter en novembre 2023. Jusqu’en 2001, le terme n’était quasiment pas utilisé en hébreu [23], même par les militants antisionistes. Certains l’ont découvert très tardivement, ce qui a pu produire des vrais chocs personnels, avec l’impression qu’on leur avait menti, ou en tout cas qu’on avait occulté une part fondamentale de la vérité. Ces militants sont, comme toute la société israélienne, pris dans une socialisation qui a supprimé certains éléments de la mémoire et de l’histoire nationales [24]. L’expression actuelle d’« on-going Nakba », déjà utilisé par Joseph Massad en 2008 [25] et plus récemment par l’avocat palestinien Rabea Eghbariah [26], est cependant intéressante : elle nous permet de comprendre la guerre génocidaire actuellement menée à Gaza dans le contexte de ce que l’historien Rashid Khalidi nomme « The Hundred Years’ War on Palestine [27] ». Sbeih Sbeih : De manière plus générale, l’idée de supériorité raciale est à l’origine de toute justification du colonialisme mis en œuvre en Palestine depuis un siècle. Maxime Rodinson l’explique bien quand il démontre comment le mouvement sioniste voulait à tout prix inscrire son projet dans l’esprit colonial-impérialiste européen de l’époque selon lequel on a le droit de conquérir tout territoire en dehors de l’Europe [28]. Dans le cas palestinien, la religion (à travers les notions de « peuple élu » et de « terre promise ») a été instrumentalisée pour alimenter l’idée de cette supériorité de race/nation, ce qui a permis de justifier d’abord la colonisation de peuplement et de remplacement, puisqu’il s’agit d’une terre habitée et non pas « sans peuple », comme c’est souvent présenté par une formule des premiers sionistes : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre. » Pour en revenir à la question de l’apartheid qui nous occupe aujourd’hui, l’institutionnalisation de la séparation par des lois et l’instauration d’une géographie coloniale classent les Palestiniens en fonction de cette supériorité. Les ruptures géographiques imposées entre Palestiniens, entre ceux qui vivent en Palestine occupée en 1948, ou encore entre ceux qui vivent en Cisjordanie (zone A, B, C…) ou encore à Gaza (le plus grand camp de réfugiés dans le monde dès les années 1950, puis la prison à ciel ouvert sous siège depuis 2005-2006, et finalement le génocide actuel), sont institutionnalisées par plusieurs méthodes de catégorisation : carte d’identité et plaques d’immatriculation de couleurs différentes…, mais aussi des lois militaires, y compris pour les Codes de la route, sans oublier le statut des réfugiés qui varie en fonction du lieu de résidence. Tout cela évoque en effet l’apartheid et son fondement éminemment racial. On ne doit pas oublier que les réalités désignées sous ce terme d’apartheid ne concernent qu’une partie des Palestiniens – à l’exclusion des réfugiés – alors que la colonisation les concerne tous. Pourquoi parler d’« apartheid » en Palestine ou en Israël alors que le terme de « colonisation » fonctionne pour qualifier une situation plus globale ? L’apartheid permet de penser la situation des Palestiniens qui ont pu rester en Israël après 1948, ou celle de ceux qui résident dans les territoires occupés après 1967. Alors que la colonisation permet de penser à la fois la situation de ces derniers, comme colonisés (non pas comme une minorité opprimée dans un « État des droits », mais comme des indigènes colonisés), mais aussi celle des Palestiniens qui ont été chassés de chez eux par la violence ou contraints de fuir après la création de l’État d’Israël, dont il faut rappeler qu’ils étaient alors la majorité. C’est uniquement après la Nakba en 1948, c’est-à-dire l’exode forcé et le déracinement d’environ 750 000 Palestiniens, la destruction d’environ 500 villages et l’expropriation de leur propriété, que la situation a été modifiée sur le terrain [31]. C’est dans ce sens que l’on parle d’un peuple de réfugiés [32], dont la cause principale est de retourner dans leurs villages et villes d’origine dont ils avaient été chassés. En bref, c’est la condition de colonisé qui unit tous les Palestiniens quel que soit leur lieu de résidence. Et c’est un groupe issu de ce mouvement de colonisation, un « groupe étranger », se considérant comme supérieur et doté d’une force militaire, technologique et économique, et souvent soutenu par les puissances internationales, qui domine et exploite par la force ce groupe indigène. Ce sont les éléments qu’évoque Balandier pour définir une « situation coloniale ». Autrement dit, afin de se prémunir contre le « sens commun savant » et les catégories d’analyse et de perception qui en découlent, il est indispensable de se référer à l’ordre colonial instauré en Palestine depuis un siècle pour pouvoir, d’abord, décrire et saisir la réalité palestinienne et, ensuite, repérer les mécanismes de domination qui découlent de cet ordre – tels que l’apartheid, le génocide, l’annexion, etc. – et permettent à ce dernier de se reproduire et de se consolider. En résumé, il ne faut pas séparer les conséquences de l’ordre structurel qui les a fait surgir et réduire l’analyse uniquement à elles, c’est-à-dire à une situation d’apartheid, tout en la considérant comme la racine de la réalité et du problème palestiniens. Cela revient à faire de l’ombre au colonialisme de peuplement et de remplacement, et à décontextualiser, voire à neutraliser, l’effet structurel de l’ordre colonial qui est à l’origine de la réalité sociale et politique de tous les Palestiniens. -
Côte d'Ivoire
Wallaby a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
https://shs.cairn.info/revue-politique-africaine-2024-3-page-145?lang=fr Dans le contexte post-crise du début des années 2010 en Côte d’Ivoire, l’idée que le soutien international à la mise en œuvre de la politique foncière participe de la reconstruction de la paix et de la réconciliation semble faire consensus parmi les acteurs de l’action publique. En milieu rural, il est généralement admis que le foncier, identifié comme un facteur majeur de tension depuis les années 1980, a exacerbé les violences du conflit. En réponse, l’administration foncière ivoirienne reçoit le soutien de bailleurs internationaux pour concevoir des programmes post-conflit visant à apaiser les tensions socio-foncières par le biais de la délivrance de documents attestant des droits fonciers des populations rurales. Une décennie plus tard, la formalisation des droits fonciers ruraux demeure un sujet prégnant en Côte d’Ivoire, mais tout lien qu’elle a pu avoir avec les programmes post-conflit du milieu des années 2010 est quasiment nié, tant au sein de l’administration foncière que chez les bailleurs de ces programmes ruraux. Comment expliquer cette transition d’une rhétorique à une autre, diamétralement opposée ? Cet article interroge la performativité des discours dans le cadrage des politiques publiques et, au-delà, la manière dont la conduite routinière de l’action publique interagit avec l’idée d’exception portée par la conjoncture de sortie de conflit. Il questionne plus largement les relations entre cadrages discursifs des politiques de développement et mise en application de ces dernières…