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Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est là le paradoxe : si les dirigeants occidentaux étaient un peu intelligents dans leur volonté de limiter le pouvoir du président russe, voire idéalement de l'éliminer politiquement, la meilleure méthode serait de lever toutes les sanctions prises contre l'économie russe et autres opérations de guerre économique. Certes, cela enlèverait une grosse épine du pied de la Russie, mais les problèmes qui resteraient seraient imputés par la population au gouvernement russe sans qu'il puisse reporter la responsabilité sur l'agressivité occidentale. Et des problèmes il y en aurait, la baisse du pétrole rend les choses plus difficiles pour Moscou qui de toutes façons connaissait un ralentissement économique depuis un à deux ans, sans doute en partie pour raison structurelle et non seulement conjoncturelle. Le taux d'approbation de Poutine il y a un an c'est-à-dire avant la crise ukrainienne était entre 50 et 60%, sans cet adjuvant et compte tenu des difficultés économiques il risquerait fort de descendre en dessous de 50%. Ce qui pourrait créer de véritables ouvertures dans la politique russe et l'espace permettant à un ou des rivaux sérieux d'émerger à temps pour les prochaines élections en 2018. Bien sûr pour cela il faudrait un tout petit peu de finesse... La bêtise des dirigeants occidentaux est fort nuisible aux relations euro-russes comme américano-russes, à l'économie russe et aussi à l'économie européenne. Mais elle est très favorable au soutien de la population russe à Poutine, merci pour lui. -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Mais l'ironie c'est très bien ! C'est le vide de l'argumentation qui me laisse sans plus de réponse. "Ça va, les œillères" ? C’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme… ... et avec quelques arguments de ta part à me mettre sous la dent, je n'aurais pas conclu si rapidement que tu n'en avais aucun ;) -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
"renversement du gouvernement ukrainien démocratiquement élu par une milice néo-fasciste et attaques contre des civils par un gouvernement putschiste", c'est la racine de la guerre civile ukrainienne avec toutes ses conséquences. Impossible de comprendre les événements sans partir de là, impossible d'espérer résoudre la crise internationale qui en a résulté sans le prendre en compte. Le gouvernement ukrainien était dans son droit lorsqu'il a refusé de signer l'accord tel que défini par l'Union européenne, lui préférant l'accord proposé par la Russie. En démocratie, le mandat impératif n'existe pas. Et si un coup d'Etat était justifiable à chaque fois qu'un gouvernement revient sur une de ses promesses de campagne, la vie politique de la plupart des pays européens et nord-américains serait très agitée et pas très pacifique... celle de la France notamment. Sans compter que si le processus démocratique normal n'avait pas été interrompu, les élections ukrainiennes auraient eu lieu en 2015, ce qui aurait été l'occasion de changer le président et l'orientation du pays... si les citoyens l'avaient décidé. -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Merci pour ce commentaire qui en dit long... sur toi :P -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Intéressant. Noter l'année, noter le contexte de l'époque avec des troupes soviétiques dans toute l'Europe centrale de la Pologne à la Hongrie et à Berlin-Est - ce à quoi le dernier dirigeant soviétique a volontairement renoncé il y a vingt-cinq ans afin de promouvoir la paix entre ouest et est de l'Europe, de Lisbonne à Moscou. Noter également l'absence dans la démarche de l'Autriche de tout renversement de gouvernement démocratiquement élu, de toute milice néo-fasciste, et de toute attaque contre des civils par un gouvernement putschiste. Bref... rien à voir :) -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Plus de dix mille soldats tchétchènes en tenue de combat dans un stade, volontaires pour exécuter les missions que leur confiera leur commandant en chef Vladimir Poutine et combattre les ennemis de la Russie n'importe où dans le monde. Ainsi se termine le discours de leur chef le président de Tchétchénie Ramzan Kadyrov : "Longue vie à notre grande patrie la Russie ! Longue vie au chef de la nation russe Vladimir Poutine ! Allahou Akbar !" (sous-titres anglais disponibles) Ma traduction partielle : --- Edit : petit lien intéressant au sujet de Kadyrov défendant les crimes d'honneur (en 2009) Cela donne une idée du genre de compromis que Poutine a accepté afin de pacifier la Tchétchénie - en plus naturellement d'y dépenser beaucoup d'argent - et de faire une fin à la seconde guerre de Tchétchénie qui laisse cette région province de la Russie et entièrement nettoyée de ses wahhabites. Disposer d'au moins dix mille vétérans endurcis volontaires pour missions "spéciales" à l'étranger n'impliquant pas directement les forces armées russes et attachés par loyauté personnelle envers lui fait partie des avantages. Enfin tout cela a certainement un prix... "Pas d'argent, pas de Suisses" disait-on au temps où nos voisins helvétiques étaient considérés les meilleurs mercenaires d'Europe. Beaucoup de Tchétchènes se vantent d'aimer la guerre et d'y exceller et la prospérité de leur République a sans doute beaucoup à voir avec la juste rémunération de ce talent... Peut-être les Tchétchènes se consacreront-ils un jour au chocolat, à l'horlogerie, à la banque et à la neutralité bienveillante. Mais ce jour n'est pas encore arrivé. -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Sondage en Russie par l'institut Levada -
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Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Je suis d'accord à la fois avec le dernier post de Boule75 et avec celui de G4lly :) et non ce n'est pas contradictoire ... ... car à mon avis il convient avant tout de bien différencier les époques. Que l'OTAN ait été une alliance essentiellement défensive depuis sa création jusqu'à la dissociation de l'URSS me paraît difficilement contestable. Les forces des différents pays de l'alliance se préparaient à des scénarios défensifs face à l'éventualité d'une attaque PaVa, à ma connaissance il n'y avait strictement aucune préparation de scénarios du type "on rentre en force en RDA ou en Tchécoslovaquie et on en expulse les Soviétiques". Mais il est très juste de souligner, et de souligner encore, que l'existence même de l'OTAN ne pouvait que changer de sens une fois disparue la menace qui l'avait suscitée. L'OTAN aurait pu à ce moment-là être dissociée, ou bien peu à peu tomber en désaffection. Elle aurait pu à l'inverse s'étendre en une alliance intégrant les menaces d'hier, donc crucialement la Russie. L'un ou l'autre de ces choix aurait préservé l'apaisement créé par le retrait volontaire des Soviétiques des pays qu'ils maintenaient sous leur contrôle en Europe centrale, tout en sécurisant la Russie gravement affaiblie par son effondrement économique et politique des années 1990. Ce qui a été choisi était bien différent : faire survivre l'OTAN en lui donnant un nouveau sens, comme bras armé d'un interventionnisme prétendument "humanitaire" aux motivations en réalité bien différentes et pas si difficiles à discerner, comme moyen de standardisation et d'organisation de réservoirs de forces supplétives aptes à l'occasion à seconder l'Hégémon, et avant tout comme instrument d'influence directrice sur les pays d'Europe centrale et orientale destinés à être absorbés dans la mouvance américaine, jusqu'aux frontières même de la Russie mais - crucialement - sans y inclure la Russie elle-même. Le résultat est naturellement un système de sécurité européen qui sous la direction pratique d'une puissance extérieure couvre l'ensemble du continent à l'exception de l'une des puissances européennes parmi les plus grandes, et à coup sûr la plus peuplée et la plus militairement puissante. Ce genre de système "tous sauf un" ne pourrait naturellement manquer d'apparaître menaçant à la puissance exclue, même avec la meilleure politique de voisinage au monde. Il se trouve qui plus est que la politique vis-à-vis de la Russie est très loin d'être de bon voisinage : - Guerre d'agression contre une alliée traditionnelle de la Russie, proche culturellement d'elle - à la fois slave et orthodoxe - basée sur une propagande grossière et en contravention frontale avec les lois internationales (Serbie 1999) - Appui décidé - au minimum - voire intrigues et manipulations à tout groupe de l'espace post-soviétique prêt à s'opposer à la Russie, c'est l'ensemble des "révolutions de couleur", l'orange en Ukraine 2004, puis la Géorgie - Guerre d'agression par l'un des clients des Etats-Unis - non encore otanisé - la Géorgie dirigée par Saakashvili contre une région qui dès l'indépendance de la Géorgie avait voulu s'en séparer et où la paix était maintenue par un contingent russe, c'est le bombardement par surprise en pleine nuit à l'artillerie lourde de Tskhinvali en août 2008 avec centaines de morts civils et 15 soldats russes tués, suivi d'une offensive de propagande médiatique pour présenter la réaction russe comme une agression, contre toute évidence - Installation d'éléments de défense antimissile en Europe centrale censément "pour protéger l'Amérique contre l'Iran", laissant craindre à la Russie une remise en cause de la valeur de sa dissuasion dont certains analystes outre-Atlantique se plaisent à prétendre qu'elle ne pourrait monter de contre-attaque sérieuse si d'aventure les Etats-Unis lançaient une attaque nucléaire massive par surprise Lorsque le gouvernement démocratiquement élu d'Ukraine, celui qui avait accepté la prolongation du bail de la base de Sébastopol en Crimée autrement promis à s'achever en 2017, celui qui avait adopté un statut de neutralité pour le pays que le gouvernement précédent issu de la "révolution orange" prétendait intégrer à l'OTAN, fut renversé en février 2014 par des éléments extrémistes appuyant des politiciens visant la suppression complète de toute influence russe en Ukraine avec le soutien décidé, financier et médiatique, de l'appareil d'Etat américain, on a clairement estimé à Moscou que les bornes étaient passées. Dans son discours à l'occasion de l'intégration de la Crimée et de Sébastopol à la Fédération de Russie, Vladimir Poutine pouvait rappeler que lorsqu'on comprime un ressort, il arrive un moment où la limite de compression étant atteinte, le ressort commencera à se détendre. Et il mimait le ressort de ses doigts. Et il y avait certes comme un reflet gourmand dans son regard. Pourquoi le Kremlin est-il occupé aujourd'hui par une personne comme Vladimir Poutine plutôt que par un pacifiste à collier de fleurs comme Mikhaïl Gorbachev ou un ivrogne invétéré comme Boris Eltsine... pourquoi ce dirigeant a-t-il décidé de sortir l'épée pour sécuriser une fois pour toutes la base navale de Sébastopol comme pour interdire au nouveau gouvernement ukrainien de résoudre son problème de légitimité en écrasant militairement les Ukrainiens insurgés contre lui... pourquoi il peut bénéficier pour cette politique du soutien de 80% des Russes, malgré leurs inquiétudes sur l'impact des "sanctions" occidentales... ... devrait être assez clair une fois rappelé le contexte d'ensemble, dont la survie, l'extension et l'interventionnisme de l'OTAN sont des éléments majeurs. -
Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
En effet, la position de l'économie russe n'est pas si délicate que cela. Voir aussi une analyse un peu plus détaillée Le Triomphe et le sang-froid, ou les chances de la guerre économique Comme le veut l'expression consacrée "je ne suis pas en désaccord avec l'auteur" :lol: -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
L'Ukraine met officiellement fin à son statut de pays non-aligné qu'elle avait adopté en 2010. A mon avis, les chances des négociations de paix entre Kiev et Donetsk viennent de prendre un grand coup sur la tête. :( -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
George Friedman le directeur de Stratfor "l'agence de renseignements privée" l'affirme au magazine russe Kommersant - Le renversement de Yanoukovitch fut "le coup d'Etat le moins dissimulé de l'Histoire" - L'origine : "Aucun président américain ne peut se permettre de rester les bras croisés quand la Russie devient de plus en plus influente", spécialement au Moyen-Orient - L'objectif des Etats-Unis est de "maintenir l'équilibre des puissances en Europe", sachant que "les Etats-Unis considèrent que l'alliance potentielle la plus dangereuse serait entre Allemagne et Russie", car elle unirait "la technologie et le capital allemand avec les ressources humaines et naturelles russes" Moi j'ai deux commentaires : - Friedman est en train de prendre des risques concernant l'avenir des activités de Stratfor avec le secteur public américain... - Et puis je vais lui réclamer des royalties.. parce qu'enfin il est bien gentil de dire exactement la même chose que moi, mais j'ai des droits d'auteur ! :lol: -
Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Une pièce de plus au puzzle B.R.I.C.S, comme celle que je signalais à l'instant sur le fil "B.R.I.C.S" correspondant. Ça pleut, en ce moment... Naturellement, Téhéran se réjouit. Et Ankara se tâte. On pouvait dire à un Américain du XIXème siècle désireux de faire fortune "Go West, young man". A Vladimir Poutine, il faut dire "Go East, proud Russian" Pas de doute, l'isolement de la Russie va bientôt forcer le président russe à venir à Canossa faire amende honorable et implorer le pardon. -
BRICS - Coordination, Solidarité et Influence
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est maintenant confirmé officiellement par Wang Yi, le ministre des affaires étrangères de Pékin La Chine est prête à aider économiquement la Russie en cas de besoin Une pièce de plus, et de taille, à la coordination B.R.I.C.S. La Chine est clairement le plus puissant des membres de ce groupement, et elle choisit de déclarer son soutien concret à un autre membre lorsqu'il se trouve en butte à une campagne de guerre économique des Etats-Unis et des pays de leur mouvance. Qui plus est, elle le fait habilement, en prenant toutes les précautions pour éviter toute trace de condescendance : le ministre des affaires étrangères chinois loue la "capacité" et la "sagesse" de la Russie et affirme que le soutien entre Chine et Russie est mutuel. Décidément, la guerre est un accélérateur de l'Histoire. -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
J'approuve ! Discussion à mon avis intéressante, mais n'ayant clairement pas sa place dans le fil Ukraine. Si un modérateur est du même avis... :) La Russie soutient sans faiblesse le Donbass. Diet Maros - le Père Noël version russe - amène des cadeaux pour tous les enfants. Et aussi pour les soldats, il est permis de le parier. -
France USA , quels sont nos réelles relations ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Gibbs le Cajun dans Politique etrangère / Relations internationales
Eh oui, c'est la longue tradition des échanges franco-américains :) Un brillant soldat américain déserte pour rejoindre la Légion étrangère -
Israël et voisinage.
Alexis a répondu à un(e) sujet de loki dans Politique etrangère / Relations internationales
L'esprit de Noël, oui. Chacun sait que les batailles de polochon sont traditionnelles pendant la veillée de Noël. Mais je ne savais pas que ça se pratiquait aussi au moment de Hanoukka ! On en apprend tous les jours... :lol: Si quelqu'un avait un doute sur le fait que Jésus est juif, un détail est révélateur, le nombre de fois qu'il commence un discours avec cette expression typiquement juive "En vérité je vous le dis". La Vérité ! Dans le Sentier, on n'a pas oublié cette tradition. :lol: Petit exemple : "La Vérité ! Quiconque commet le péché, est esclave du péché" ...Jean, 8, 34, version "Sentier" spécialement restaurée par... euh, moi... -
Israël et voisinage.
Alexis a répondu à un(e) sujet de loki dans Politique etrangère / Relations internationales
Les gars, je sens un fort potentiel pour une belle... BATAILLE DE POLOCHONS !!! ... Ouaaaiiiiis ! Tous sur ceux d'en face ! :oops: -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
Que cela plaise ou non, l'Allemagne a une influence nettement plus grande sur son voisinage notamment oriental, que la France sur le sien. Le constater n'est pas du complotisme. Et je n'ai pas parlé de "pilotage en sous-main" ça c'est une expression à toi :) Comme je le disais, c'est précisément lorsque Allemagne et Etats-Unis s'opposent que la France retrouve une marge de manœuvre en politique étrangère. C'est arrivé un certain nombre de fois ces dernières années, pas de doute. Ce n'est en revanche pas le cas en permanence naturellement, et lorsque Berlin et Washington sont en phase Paris n'a plus guère de marge de manœuvre. -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
Non il s'agit de 7 Etats ou 110 millions d'habitants en plus de la France. Pour information, il s'agit du fonctionnement d'un super-Etat fédéral. Lequel "Etat" n'est certainement pas démocratique, ne serait-ce que compte tenu de l'absence de séparation des pouvoirs. Si l'on parle d'un Etat démocratique, France ou autre, il s'agit d'une superstructure contraignant la liberté de déterminer une politique étrangère. Evaluer le niveau de la minorité de blocage revient à apprécier la rigueur de la contrainte exercée par la superstructure. Naturellement, la plupart des Etats du monde, ne s'embarrassant pas d'une telle superstructure, ne subissent pas ce genre de contrainte. -
années 30 et 2010: peux t-on y voir un parallèle?
Alexis a répondu à un(e) sujet de leclercs dans Politique etrangère / Relations internationales
"La prochaine guerre mondiale est déjà engagée" ? Non, je ne crois pas, d'une part l'affrontement n'est pas mondial, même s'il pourrait dériver plus tard dans cette direction et que des tendances se dessinent en ce sens. Surtout : il ne s'agit pas d'une guerre au sens classique du terme d'affrontements armés pour conquête de territoires - ce que l'auteur dit d'ailleurs lui-même. Oui, c'est très vrai et c'est très nouveau. Les instruments de guerre financière mis en place par les Etats-Unis contre la Russie n'ont jusqu'ici été utilisés que contre les Cuba, Venezuela, Irak ou Iran, bref contre des puissances faibles ou au plus moyennes. C'est la première fois que Washington tente la même chose contre un pays qui est - excusez du peu - à la fois l'une des dix premières économies mondiales, le premier exportateur au monde d'énergie fossile, l'une des principales puissances militaires et l'une des deux principales puissances nucléaires, en plus d'être peu endetté et d'avoir une balance commerciale structurellement très positive. Bref contre un pays qui a les moyens de riposter sur le même terrain, et qui d'ailleurs a déjà commencé en ciblant le point faible des Etats-Unis, c'est-à-dire leur dépendance envers le rôle de principale monnaie de réserve du dollar. "You're not in Kansas any more" comme le veut l'expression américaine. Tu n'es plus dans ta zone de confort - tu en es même assez éloigné. On peut estimer que les limites sont de nouveau "testées" : où est l'espace propre de la Russie, c'est-à-dire l'endroit où moi Amérique je dois m'abstenir d'imposer mes intérêts faute que la Russie me fasse un œil au beurre noir ? Ce genre de limites a déjà été testé par frictions et par crises, de la crise de Berlin à celle de Cuba que citent l'auteur. Alors, c'était d'ailleurs plutôt l'Union soviétique qui venait chatouiller l'espace que l'Amérique considérait comme propre, tenter d'appliquer la position de Khrouchtchev que Kennedy décrivait comme "Ce qui est à nous est à nous, ce qui est à vous est négociable". En un sens, c'est la même chose qui recommence, ce n'est pas nouveau. En un autre sens ça l'est, car une certaine tendance aux Etats-Unis à la faveur du "moment unipolaire" de l'après-guerre froide a estimé ou du moins s'est comportée comme si les intérêts de l'Amérique pouvaient être imposés partout... bref comme s'il n'y avait plus de limite. D'ailleurs l'UE a eu une tendance parallèle et coordonnée à considérer que tout l'espace est-européen avait vocation sinon à être intégré, du moins à être transformé et mis aux normes de l'Union européenne - c'était l'enjeu de l'accord refusé par Yanoukovitch. Cette tendance s'est pour la première fois heurtée à une limite "dure", c'est-à-dire imposée par une puissance qui a les moyens de le faire, non par une puissance secondaire facile à circonscrire ou à mater. Cependant, l'affrontement militaire reste un tabou. Il est absolument inimaginable que Washington envoie ses troupes combattre dans le Donbass en soutien des troupes de Kiev. Le risque de combats directs entre troupes américaines et russes, surtout aussi près de la frontière avec la Russie, est trop énorme pour être couru. Des troupes d'une grande puissance dans le Donbass, vu de Russie, c'est "été 1942". Non seulement les pertes américaines seraient importantes - même si moindres que les russes - mais surtout le risque de dérapage vers le nucléaire tactique serait très grand. Voir l'exercice Zapad-99 pour mémoire. Personne n'est prêt à courir un tel risque. Tout le monde en a une peur bleue. A raison. Naturellement, une guerre par procuration n'est absolument pas exclue. Oui, exactement. Mon impression - impossible à prouver évidemment - est qu'il s'agit effectivement d'un réflexe, de l'application sans réflexion de recettes toutes faites habituelles. Philippe Grasset parle de "la politique de l'idéologie et de l'instinct" Les chances de succès d'une guerre économique contre la Russie sont minces - même si elle peut entraîner des événements impressionnants tels la chute du rouble, mais de faible portée sur le long terme - celles d'une guerre de déstabilisation avec révolution colorée ou révolution de palais à Moscou sont négligeables. Et pourtant Washington s'y engage, apparemment sans plus y réfléchir. Alors que sa position internationale sera significativement affaiblie par les ripostes de Moscou - renforcement de la Chine, de l'Iran, de la coordination intra-BRICS - bref qu'il y aura un prix élevé à payer. Ce n'est pas une décision mûrement réfléchie. Non en ce qui concerne une tentative de déstabilisation sérieuse de la Chine. Ce ne sont pas quelques manifestations à Hong Kong, dont le statut est particulier et la taille minuscule comparé à l'ensemble de la Chine, qui peuvent en tenir lieu. Même si les Etats-Unis peuvent les exploiter dans leur discours. Non concernant l'alternative "la voie militaire empruntée sans détour" Les armes nucléaires existent. Et contrer la dissuasion chinoise, tout comme celui de la dissuasion russe, est hors de portée d'une première frappe surprise américaine ou de leurs défenses antimissiles. -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
L'Allemagne a certainement joué son jeu en Ukraine pour pousser au renversement de Yanoukovitch et à le remplacer par son poulain Klitschko. Elle a échoué sur le deuxième point puisque c'est le poulain des Etats-Unis qui est parvenu au pouvoir (Yatseniouk), c'était le fond de la conversation de la sous-secrétaire d'Etat américaine Victoria Nuland interceptée par les services russes avant le renversement du gouvernement ukrainien : "Fuck Europe", c'est-à-dire c'est notre poulain à nous les Américains qui prendra le pouvoir, ce n'est pas aux Allemands de décider. Le rôle de l'Allemagne a été néfaste et elle a joué son jeu. Cela dit, pour être honnête, elle est loin d'être la seule à jouer ses intérêts plutôt que le collectif, cela se voit très souvent pour ne pas dire la plupart du temps, sur la plupart des sujets. Et ce n'est pas surprenant. La question de la politique étrangère unique de l'UE et de la liberté des nations est celle de la minorité de blocage au conseil européen. Quand la décision ne porte pas sur une proposition préalable de la commission, la proposition pour être adoptée doit rassembler 72% des Etats représentant 65% de la population. Donc, lorsque la France veut bloquer une proposition qu'elle estime contraire à ses intérêts, par exemple pour avoir une politique étrangère un peu libre, elle doit rassembler avec elle 7 autres Etats <ou> des Etats totalisant 110 millions d'habitants de façon à parvenir à la minorité de blocage. Lorsqu'une proposition est soutenue à la fois par l'Allemagne avec sa clientèle proche et (en sous-main) par les Etats-Unis avec leurs nombreux obligés (*), il paraît "assez" difficile de réunir cette minorité de blocage. La France n'a alors pas d'autre choix que de s'écraser en votant comme les autres, ou encore de s'opposer en vain soulignant son impuissance, ou enfin d'essayer d'influer à la marge la décision non pas sur le fond mais en chipotant sur des détails puis de s'imaginer qu'elle a fait valoir son influence et défendu ses intérêts. En pratique, le résultat est le même, naturellement : la proposition sera adoptée et la France devra l'appliquer. Nous sommes membres de l'Union européenne, il convient de le rappeler. C'est lorsque Allemagne et Etats-Unis s'opposent que la France retrouve une certaine liberté de politique étrangère. Sinon, le Conseil européen la sur-détermine, et l'opinion de Paris sur ce que devrait être sa politique étrangère, pour dire le vrai... n'est pas si importante. Dans cet exemple, dans le cas théorique où la France aurait souhaité ne pas alourdir les sanctions envers Moscou, elle n'aurait pas été en mesure d'empêcher cet alourdissement, et comme elle s'est engagée par traité à appliquer les décisions du Conseil européen elle aurait tout de même du l'appliquer pour ce qui la concerne. Enfin ce cas est théorique bien sûr... nul n'imagine que François Hollande ne souhaite en réalité arrêter la course aux sanctions pour laisser le temps à la diplomatie de faire son oeuvre, et qu'il se retrouve obligé de faire contre mauvaise fortune bon coeur parce que Berlin et Washington poussent dans l'autre sens... à moins que ? Eh, finalement, qu'est-ce qu'on en sait ? ^_^ (*) Je parle naturellement des décisions vraiment importantes, suffisamment pour que l'Hégémon s'en soucie. Comme le disaient les Romains, de minimis non curat praetor -
Russie et dépendances.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Tactac dans Politique etrangère / Relations internationales
Je n'ai pas noté de grande surprise dans le discours de Poutine ce matin. La chose la plus notable semble être la prédiction que la crise économique durera "un maximum de deux ans" (François Hollande, sors de ce corps ! :lol: :P ) Accalmie pour la Russie sur le taux de change, aux alentours de 73-75 pour un euro, quand il a brièvement touché les 100 jeudi, et était à 48-50 au début de l'année. A voir si l'accalmie est durable et si les sorties de capitaux sont contenues sans nécessité de recours aux mesures "non-conventionnelles" type contrôles sur les capitaux. Quoi qu'il en soit, c'est dans les semaines ou les mois qui viennent que la situation se clarifiera... les mouvements de court terme peuvent être impressionnants, mais c'est le moyen terme qui compte. Politiquement, je n'ai pas aperçu d'évolution dans le discours du président russe ? Sauf erreur de ma part sur ce point, le choix de Poutine semble être de maintenir sa position et faire le gros dos en attendant que la tempête économique se calme. C'est dans la longue durée que cette affaire sera décidée... sauf percée diplomatique et accord sur l'Ukraine et sur la normalisation des relations UE - Russie. -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
Où ai-je écrit qu'aucun crime de guerre n'avait jamais été perpétré nulle part ? Ce que j'ai en revanche effectivement écrit se résume à ceci : contrairement à ce que tu écrivais, un crime de guerre n'est ni "de bonne guerre", ni "logique", ni "attendu". Et je n'ai évidemment pas écrit qu'un crime de guerre serait "plus scandaleux" si commis par le gouvernement de Kiev que si commis par quelqu'un d'autre. Concernant l'interprétation de la dépêche que je citais, de deux choses l'une : - soit la nouvelle est fausse et alors évidemment la discussion est inutile, - soit elle est vraie, et dans ce cas il n'y a aucun doute à avoir sur l'implication de certains éléments ukrainiens dans la tentative de Zakaev - au moins, sans parler du cas le pire où c'est le gouvernement lui-même qui serait impliqué On devrait en savoir plus dans les prochains jours. Personnellement je souhaite que la nouvelle soit fausse ! Ce n'est pas ce que j'ai écrit. Et tu le sais très bien :) Cela fait deux fois que tu déformes jusqu'au grotesque l'argument d'un contradicteur, ce qui certes facilite la réponse à un argument devenu absurde. Procédé de rhétorique classique... mais guère efficace, désolé ;) -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
Je ne m'étendrai pas sur la différence pourtant fondamentale entre une invasion aboutissant à annexer un territoire sans consultation de sa population - type Alsace-Moselle 1871 - et un commando militaire forçant un parlement local à organiser une consultation de séparation d'un Etat pour en rejoindre un autre, proposition ensuite adoptée par la population à une grande majorité comme toute personne connaissant un tant soit peu la situation sur place pouvait aisément le deviner - type Crimée 2014. Je serais d'accord avec ton raisonnement si les Ukrainiens envoyaient en Crimée des guerrilleros pour monter des coups de main sur les arrières de l'armée russe. C'est-à-dire : ça n'est pas malin vu la situation d'ensemble, mais c'est attendu à partir du moment où un Etat estime qu'une de ses provinces est sous occupation étrangère. Mais ce n'est pas ce dont il est question ! Il ne s'agit pas d'opérations militaires de guerrilla, sinon quel besoin les Ukrainiens auraient-ils eu de faire appel à ce Monsieur Zakaev ? Pourquoi seraient-ils incapables de monter des coups de main eux-mêmes ? La spécialité de Zakaev c'est bien les opérations terroristes de grande ampleur, c'est-à-dire tout sauf des opérations militaires légitimes. Ça n'est pas du tout attendu, même en temps de guerre. Tu oublies la participation des Iraniens, celle de Abe et Xi interrompant un moment leur lune de miel aux Senkaku, sans oublier Iznogoud Al Baghdadi qui a joué les intermédiaires main dans la main avec Netanyahu. :lol: Plus la fée Clochette et les Bisounours ;) -
Ukraine II
Alexis a répondu à un(e) sujet de Akhilleus dans Politique etrangère / Relations internationales
Hassan Zakaev, wahhabite tchétchène et l'un des organisateurs de l'attaque terroriste contre le théâtre Doubrovka à Moscou en 2002, a été arrêté aujourd'hui alors qu'il tentait d'entrer en Crimée depuis l'Ukraine avec de faux papiers. Coopération entre certains des pires des djihadistes tchétchènes et au minimum des éléments des forces ukrainiennes anti-russes, au pire le gouvernement de Kiev. La tentative d'infiltration de Zakaev en Crimée n'était certainement pas prévue pour lui permettre de faire du tourisme... Même dans l'hypothèse minimale - que des Ukrainiens extrémistes plutôt que le pouvoir de Kiev soit à l'origine de cette coopération - voilà qui ne risque pas de contribuer à calmer Moscou...