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olivier lsb

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Tout ce qui a été posté par olivier lsb

  1. Pour qu'il y ait des passe-droits, encore faut-il qu'il y ait un droit. Lequel ? Ecrit et appliqué par qui ? Et comment l'analyser dans le contexte des relations bilatérales FR-Syrie / EU-Syrie ? C'est toute la limite de ton raisonnement, qui n'est pas propre au cas Syrien d'ailleurs: on n'a pas juridiction localement, sinon on serait colon ou protecteur du vassal. Dans la situation actuelle, Al-Charaa doit survivre politiquement. Lui donner sa chance, c'est tenter de confirmer une méthode qui, excusez du peu, a permis de chasser Assad à un coût humain infinitésimal, et avec des exactions post des plus limitées, sans que la responsabilité directe de son gouvernement soit réellement mise en cause. Et dans un contexte pourtant pas facile, avec plus de dix ans de rancœur accumulée et des groupes armés par encore totalement contrôlés. Sincèrement, qui pourrait faire mieux ? Même le Général et les troupes alliées à l'époque n'avaient pas su ou voulu ou pu contenir les vengeances et exécutions sommaires en 44: fallait-il d'emblée condamner son pouvoir et son avenir politique ? Les radicaux ont prospéré sur la faiblesse des états et sur la corruption des politiciens, de l'Irak à la Syrie. Donc on connait la recette du désastre. Postuler qu'il en ira immanquablement ainsi pour la Syrie, c'est faire fi du cas de beaucoup d'autres pays de la région, qui se tiennent bon an mal an. Il n'y a pas de malédiction jihadiste, uniquement des pouvoirs localement faibles et illégitimes. Faire effondrer Assad en quelques jours avec un énorme soutien populaire, c'est pas exactement la définition de la faiblesse et de l'illégitimité. Pas une garantie non plus, je te l'accorde. Est-ce aujourd'hui une demande des Syriens, même localement ? J'en doute, y compris chez les Kurdes, qui comprennent très bien que leurs meilleures chances de survie pourrait être de s'adosser à un état Syrien pour peser face à la Turquie. Jouer avec l'éclatement de la Syrie, c'est jouer avec le feu d'un territoire qui a déjà connu une terrible guerre civile à 500 000 morts pour une vingtaine de millions d'habitants. Ce serait irresponsable, sans compter que ça pourrait très bien aboutir à faire l'indépendance du Kurdistan Syrien le lundi, pour se retrouver avec une annexion Turque le dimanche. Qui ira se mobiliser face aux Turcs ? C'est franchement plus simple d'aider Al Charaa à consolider son pouvoir, dans la continuité politique et diplomatique de nos actions anti-Assad depuis le début de la guerre civile. On a donné presque 10 ans au Mali, qui a voulu dès le début faire sa politique d'épuration ethnique dans l'Azawad. On y aura cru jusqu'au bout. Alors qu'il n'est absolument pas question d'une quelconque vengeance ethnique ou confessionnel à Damas, j'ai du mal à comprendre qu'on juge la barre déjà hors d'atteinte sur nos attentes en matière de droits de l'hommes et de la femme. Les dirigeants finiront par tourner, c'est certain, c'est vrai partout, ce n'est pas une découverte. Mais si les règles du jeu sont posées d'emblée car établies dans un cadre ou une certaine stabilité de départ a pu être fournie, notamment par les partenaires étrangers, alors c'est notre meilleure garantie d'écarter le retour des salafous. Il n'est pas question d'un soutien à corps perdu: lever les sanctions, c'est un acte passif qui coûte dans les pas-grand-chose euros. Et c'est réversible, si jamais un jour, on se prend des pudeurs de gazelle. L'enjeu, c'est la nourriture, l'écoulement du pétrole et des devises pour le pays, un début d'indépendance face aux vautours de la région.
  2. La dichotomie est possible, suffit de ne pas caricaturer les postures. Les russes sont mauvais dans un sens typiquement occidental du terme, accoutumés que nous sommes aux conflits 0 mort ou très peu de morts. Nous mettons sur un piédestal les notions d'efficience, pour faire toujours plus avec moins, et le moins de pertes possibles. Car ni culturellement, ni sociétalement, nous ne sommes prêts à date, à consentir à d'importants sacrifices. En regardant la tronche des combats en Ukraine, les trotti assauts, les voiturettes-assauts, les béquilles assauts (énormément de vidéos vues dernièrement, difficilement partageables), on pourrait se dire qu'il y a là une certaine idée de la médiocrité. Pas totalement à tort. Pourtant ça tient. Ca tient non pas grâce au génie militaire russe, mais grâce à l'aspect sacrifiable pour ne pas dire sacrificiel du peuple russe. Militairement c'est pas fou fou mais stratégiquement, pour l'instant, ça marche. Sans rentrer dans des comparaisons stériles, la quantité est une qualité en soit. Là aussi on peut rapprocher deux conclusions d'apparence contradictoire: le matériel est pas ouf, mais le terrain dit autre chose. Entre temps, la quantité a produit ses effets. En chute libre oui, mais partant de 140 millions. Retraite de la population européenne, les gros centres démographiques qui ne se sentent pas concernés par un affrontement avec Moscou, et les comparaisons sont déjà bien plus précaires pour nos amis d'Europe centrale. Sans compter pour les russes, l'apport des milliers d'étrangers enrôlés dans ses rangs, sans compter les Nord-Co, sans compter les Ukrainiens des territoires occupés, dont les hommes ont tous été envoyés au front dans une logique d'économie du sang russe et d'une épuration ethnique qui ne dit pas son nom; Sans compter que le calcul russe peut être encore plus pervers que ce qu'on imagine, et se baser sur les annexions à terme de la Malorossiya et de la Russie Blanche, pour regénérer les pertes. Dans le projet impérial russe, ces aspects démographiques compris dans une acception élargie, sont tout sauf des délires d'illuminés. Très difficile de savoir ce qu'il en est réellement. Aucune économie n'a sérieusement réussi dans un contexte de taux directeur à 20%. C'est un signe de faiblesse, et un signe qu'une inflation voir une hyperinflation, couplée à une dévaluation de la devise, est à l'œuvre dans le pays. La génération de liquidités est LE point fort de l'économie "station service" de la Russie, ça permet de distribuer beaucoup de palliatifs à court terme. Les infrastructures ont pris un sacré coup, oil & gas entre autre, mais ça se paiera à plus long terme. Notons que la priorité immédiatement des russes, presque avant le périmètre des annexions en Ukraine, reste la levée des sanctions. Et que ça sera probablement la première décision tangible et durable de l'administration Trump vis à vis de la Russie. C'est pas totalement pour rien et ça suggère quand même que ça tape dur et qu'on râcle les fonds de tiroirs pour tenir. L'OTAN, combien de divisions ? Même pas sûr que la Pologne irait en défense des Baltes, dans un contexte ou je sors totalement l'idée d'un appui américain, on a tous bien compris comment se positionne cette administration. Les Finlandais ont un concept puissant de défense total, mais qui fonctionne à son optimum sur le terrain Finlandais. C'est pas une armée d'OPEX ou de déploiement frontalier, genre Tsahal. Ils sont nuls au sens "inefficient" du terme. Parce que leur capacité à encaisser des pertes humaines, matérielles et économiques est colossale, nous horrifie et nous renvoie à notre propre incapacité, aujourd'hui, à envisager des sacrifices similaires dans l'hypothèse d'un conflit. Ils sont une menace car justement, ils disposent d'actifs humains, monétaires, matériels, sont prêts à s'en servir et à en perdre une quantité importante. Le pouvoir politique russe, couplé et aligné avec sa faction sécuritaire, s'autorise ces options tout en bénéficiant d'une relative stabilité dans la société. C'est nul et inefficient si on raisonne à leur place, avec nos critères, mais c'est stratégiquement efficace dans le sens ou ça leur permet d'atteindre leurs objectifs politiques. Qu'on ignore ce qu'ils sont d'ailleurs, et où ils s'arrêtent.
  3. Ah çà, on est bien d'accord. Il y aurait bien quelques vérités blessantes à dire en Europe et quelques ajustements politiques à faire sur nos ambitions Humanistes, de plus en plus écrasées par le parpaing des réalités. J'ai eu un échange très à propos d'ailleurs sur ce sujet, sur le fil Syrie, avec le camarade @Patrick, que je salue bien amicalement.
  4. L'administration américaine est totalement indépendante et non compromise par les russes. L'électeur MAGA s'y retrouve à 200%, surtout sur le prix des oeufs.
  5. Possible oui, mais c'était au début du grand remplacement européen des américains. On n'a pas toutes leurs capacités c'est certain et je me fais aucune illusion, mais à ce moment là que tu décris, on n'était pas non plus en rythme de croisière de ce qu'on pouvait offrir comme soutien de remplacement. Je ne suis pas certain que la décision soit si évidente. Si Kiev cède, encore faudrait-il pouvoir leur fournir une assurance solide que ce ne sera pas pour recommencer dans 10 ans. Il faudra donc un torchon autrement plus solide que le memorandum de Budapest, qui n'était pourtant pas si vilain dans sa rédaction des garanties de sécurité. Est-ce que VZ va prendre le risque d'une situation temporaire bancale, pour sauver à court terme des vies tout en reportant l'issue fatale ? Dans un contexte ou le voisin n'a pas renoncé à ses projets impérialistes, tant la dissuasion en face est faible. Difficile de dire, mais foutu pour perdu, entre une Ukraine anémiée et non viable ou une défaite par épuisement, mettant les européens au pied du mur, il pourrait choisir cette autre voie et nous forcer à prendre de sérieuse responsabilités en assumant l'existence de ce voisin à nos frontières, et plus seulement derrière une arrière cours.
  6. On n'est pas obligé d'être aussi radical dans nos positions. Si on veut se mettre en retrait du droit international en Afrique ou au MO, ça ne fera pas de mal à notre soft power sans nous en coûter sur le plan sécuritaire. Ma position n'est pas de dire c'est tout ou rien du droit international. Je dis juste que si l'UE signale qu'elle renonce à défendre le droit international à ses frontières et dans son voisinage immédiat (voir demain, dans ses frontières), alors on entrouvre une porte qui va nous éclater à la figure. Que l'on renonce à l'universalité du bousin du droit international, de Kinshasa à Lhassa, c'est une autre question et on pourrait considérer que ce ne sont ni nos oignons ni nos intérêts, sans juger que ce soit bien ou mal. On peut nous aussi faire de la realpolitik, sans pour autant s'aligner que sur de mauvais principes, aka, le rapport de force le plus brut et le plus destructeur. J'assume le jugement moral: c'est mauvais pour les peuples.
  7. *Servir le thé L'article 5 dit "individuellement" ou "avec les autres parties", le 42.7 désignent "les états membres". Et la force peut faire partie des solutions, selon l'article 5, alors qu'avec le 42.7, on doit porter assistance. Evidemment, tout cela reste très conceptuel, car comme tout accord qui ne souffre pas d'une application coercitive, les clauses restent un signalement stratégique bienvenu mais d'application seulement coutumière et relevant de l'usage.
  8. Tout à fait. Raison pour laquelle, on devrait éviter de se gausser de cette clause de défense de l'UE et de prendre un peu plus de recul sur l'OTAN. Disons que pour cette dernière posture, les esprits sont maintenant bien préparés au retrait américain. Mais il y a un an encore, on était en moyenne loin du compte.
  9. Et dans la vraie vie, tant que l'Ukraine n'est pas disposée à le faire, on peut aussi nous européens, jouer aux cons et s'opposer à tout règlement du conflit et soutenir le conflit. A minima, en allant pas signer le torchon. D'ailleurs Corée du Nord, très mauvais exemple: il n'y a qu'un armistice signé. Les russes n'auront pas leur reconnaissance, on signale au reste du monde qu'il reste encore la volonté de se battre dans l'UE pour le respect d'une certaine du droit.
  10. De quelle merde parle-t-on de manger ? Si on est aussi conjointement opposé aux actions russes en Ukraine toi et moi, c'est pas pour vouloir tout régenter en Syrie. En tout cas, pas pour ma part. Que les Syriens décident, certains plus que d'autres, pour d'autres syriens, sur le sol syrien et sans enfreindre le B.A BA du droit pénal international, eh bien je dis chapeau ! Ca faisait 15 ans que c'était pas arrivé. Et pour un point de départ d'un renouveau des relations, ça me va. Les sanctions européennes Patrick, on les avait décrétées suites aux massacres commis par le régime d'Assad. Assad est parti, les massacres ne sont plus: comment est-ce que tu justifies leur maintiens ? Et attention, si tu me changes la justification politique de l'époque, en disant "oui mais maintenant, regardez vos pauvres femmes, on peut pas vous lever les sanctions".... alors c'est ni plus ni moins que de l'ingérence, et on sera remis au même niveau que russes ou iraniens. Et franchement, je préfèrerais qu'on déploie nos efforts FR et Européens pour peser sur des vrais sujets: - Sécuritaires: immigrations, lutte contre les jihadistes (c'est à dire contre ceux qui veulent porter le combat chez vous, pas ceux qui l'ont porté chez eux avec un projet de réconciliation), recul de l'influence russe et iranienne, - Economiques (gaz, gaz et re-gaz pour se sortir de la dépendance russe) plutôt que de s'époumoner sur des sujets de société qui ne nous concernent PAS. Je n'ai pas envie que "on" me dise quoi manger, quoi croire, quoi m'habiller. Je vais pas aller l'imposer aux autres, chez eux. J'ai du mal à comprendre ce qui te bloque. Tu spécules beaucoup avec des itérations qui sont de l'ordre du possible, je veux bien l'admettre, mais loin de relever du probable. En attendant, c'est l'un des pays les plus pauvres de la planète, et comme tout dirigeant responsable et comptable devant ses sujets, Al Charaa ira chercher la bouffe et la sécurité pour son peuple là où il pourra la trouver, quitte à pactiser avec le diable, plutôt que d'envoyer du 7.62 sur son peuple: qui ira lui jeter la première pierre ? VZ ne fait pas autre chose dans son pays. Je ne peux pas en vouloir à ces dirigeants pour ce type de conduite politique, honorable et responsable et dont nous façonnons une partie de la mise en œuvre pratique.
  11. Le 42.7 de l'UE est même plus contraignant, d'un point de vue purement juridique, que l'article de 5 de l'OTAN. Le 42.7 stipule que les états membres "doivent assistance", l'article 5 prévoit seulement des consultations. Le fait que depuis tout ce temps, on en braillait que pour l'OTAN et absolument pas pour l'UE, relève d'une construction purement politique et de choix assumés des états membres de s'en remettre quasi exclusivement qu'aux Etats-Unis. Il y a un prix très cher à payer pour l'ensemble de la communauté internationale, Européens en premier lieu, d'entériner le coup de force de Poutine par une reconnaissance officielle des annexions sur la ligne actuelle. Tout le monde voudra ensuite nous faire la peau, à commencer par nos territoires ultra-marins. Quant aux russes, ils ne feront que différer dans le temps l'achèvement du "travail". Comme avec les US à chaque élection, il faudra désormais que les européens jouent aux dès avec les différents réseaux d'oligarques et de siloviki, pour espérer ne pas se prendre une Russie de face politiquement stabilisée, dans un contexte post Poutine. Voilà ce qui nous attend, ce n'est pas qu'une histoire de renoncements russes ou ukrainiens. Ce précédent nous obligera, ou nous mettra salement sur la défensive, dans des contextes géographiques totalement différents. Pas étonnant que K. Kallas ait déclaré que l'UE ne reconnaitrait jamais la moindre annexion: nous sommes irénistes par construction et par l'Histoire, donc ça jouera fatalement contre nous.
  12. Je ne serais pas si dur à ta place, ces guignols nous ont rendu un grand service qui ne nous a pas couté grand chose, tant le revirement aura été rapide alors même que les entreprises, souvent critiquées pour leur propension au court-termisme, n'ont même pas eu le temps de reconfigurer leurs chaînes de production et leurs circuits exports. En échange de quoi, les US ont perdu une bonne part de leur crédibilité et nous auront permis de récupérer un peu de crédit politique, financier et économique. Il faut transformer l'essai, notamment sur les services et la Tech US en particulier (voir les annonces d'amendes à Meta et Apple aujourd'hui, mais encore insuffisantes). Quand on pose la question de la compromission de l'administration américaine et/ou de Trump avec la Russie, on se heurte à des murs de déni. Pourtant, les sabotages de l'intérieur sont de plus en plus graves et récurrents. Bezmenov avait parfaitement bien expliqué ces logiques qu'on voit aujourd'hui à l'œuvre.
  13. Influence russe à la maison Blanche: désormais, on ne prendra que les bonnes questions. Tim Pool entre dans la pièce, l'AFP et autres en sortent.
  14. Je ne suis pas sûr que l'UE dans son ensemble soit suffisamment alignée sur la question Israélienne, pour que cette dernière représente un cap diplomatique sur lequel s'aligner. Je crois que la question "anciens islamistes" est plus présente, couplée encore et toujours à une volonté (soupire) de s'aligner sur les US en matière de sanctions, qu'on prend ou qu'on lève rarement sinon jamais, sans s'être aligné au préalable sur les américains. Comme ces derniers mettent la Syrie au second plan, le dossier trainasse. Je serais tombé dans le panneau...
  15. Témoignage d'un engagé volontaire chez Wagner, ayant depuis fuit la Russie au moment de l'absorption de la PMC par l'armée Russe. Un témoignage rare et assez cru sur la corruption et l'épuisement qui gangrène l'armée russe. https://www.currenttime.tv/a/do-menya-seychas-doshlo-chto-eta-voyna-nepravilnaya-rasskaz-naemnika-iz-tsentralnoy-azii-voevavshego-za-rf-v-ukraine/33382090.html
  16. Je suis choqué par tant de médisance sur le pouvoir du briquet. Une petite flamme placée au bon endroit et puis... C'est d'ailleurs très officiellement, la cause de l'explosion. Encore ces foutues règles de sécurité jamais respectées. Quelques images très intéressantes du lieux, avant explosion. Certains abris sont en fait juste des toits. Il y a eu également un scandale de corruption en 2017 lors de la rénovation du site.
  17. En attendant, on est en train de se faire doubler par.... les russes, dont on ne développera pas le léger handicap de départ. Il y a urgence pour le nouveau pouvoir Syrien à engranger quelques bénéfices au retour au calme, notamment sur les sanctions et les approvisionnements en denrées de base. Les russes l'ont bien compris, et on est en train de les jeter dans les bras de leur ancien adversaires pour des mesquineries sur la longueur des barbes ou le nombre de femmes dans le gouvernement. 5 millions de réfugiés à prendre en charge par l'UE, à croire qu'on en redemande... Cedric Labrousse livre une remarquable analyse de ces premiers mois de pouvoir, avec sources et documents à l'appui. Quand les occidentaux laissent passer le train, les autres le prennent. Depuis plusieurs mois, je ne cesse de documenter le lien qui se crée entre Moscou et Damas. Vladimir Poutine a compris que l'isolement d'Ahmad al-Sharaa était une opportunité pour son pays. Livraisons de gaz, soutien monétaire, livraisons de blé... On fait le point sur la situation. 1/ Je ne reviendrai pas dans le détail de ce que j'ai déjà pu aborder sur le rapprochement entre Damas et Moscou. Je vous renvoie vers mes interventions précédentes. 2/ Loin d'être un ennemi du nouveau pouvoir, la Russie s'en rapproche depuis plusieurs mois. Alors qu'elle accueille une partie des dirigeants de l'ancien régime, dont Bachar al-Assad, et des chefs de l'armée ou de milices de ce même ancien pouvoir, la Russie a compris l'opportunité de travailler avec ceux qu'elle bombardait encore il y a un an. 3/ Je commencerai, aujourd'hui, par évoquer la livraison, massive, de 6600 tonnes de blé envoyées par la Russie en soutien au maintien de la stabilité sociale, par un apport alimentaire de base, du pays. Une livraison reconnue par les autorités portuaires syriennes le 20 avril 2025. Et qui en dit long sur le soutien que compte porter la Russie aux nouvelles autorités syriennes. 4/ Cette livraison fait suite à des précédentes livraisons de gaz et de pétrole, eux aussi tout droit venus de Russie. Et d'autres livraisons auront lieu. Elles sont même supérieures, actuellement, au soutien des pays du Golfe... 5/ Je ne rentrerai pas dans le détail, comme indiqué plus haut, mais je rappelle aussi que la Russie, certes sur la base d'un accord datant de l'ancien régime, continue de fournir le papier monnaie à la Syrie. En février, une livraison a représenté l'équivalent de 23 millions de dollars en livres syriennes imprimées en Russie et livrées au pouvoir HTS à Damas. 6/ Autre fait symbolique, même si les choses pourraient évoluer dans les semaines à venir, le nouveau pouvoir issu d'HTS maintient, à Moscou, le fameux ambassadeur Bachar Jaafari. Pourtant considéré comme un des piliers de la propagande de l'ancien régime quand il représentait la Syrie à l'ONU... 7/ Certes, l'homme a fait un mea culpa en décembre 2024, depuis l'ambassade de Syrie à Moscou (où il est nommé depuis 2022), lors de la fuite d'Assad. Mais le maintien de Bachar Jaafari en dit long sur l'utilité de cet homme, pour les nouvelles autorités de Damas, qui connait bien les autorités russes... 8/ Enfin, la Russie et la Syrie avancent, en coulisses, dans leurs négociations sur le maintien de la présence russe dans la base portuaire de Tartous et dans la base aérienne d'Hmeimim. Avec potentiellement même une coopération contre l'Etat Islamique. 9/ Vous le comprenez : la Russie ne prend pas de pincettes sur la politique intérieure menée par Ahmad al-Sharaa. Poutine et son gouvernement ne lui demandent pas tel pourcentage de femmes ou tel pourcentage de kurdes, etc. Il n'exige pas tel agenda politique, etc. En maintenant des exigences très fermes sur Damas, que l'on peut certes comprendre bien évidemment en Europe, la Russie se place comme un interlocuteur accessible pour Ahmad al-Sharaa. 10/ Enfin, le refus de l'Union Européenne et des États-Unis de lever l'immense majorité des sanctions toujours en place sur le pays, ne font qu'alimenter le tournant d'Ahmad al-Sharaa vers Moscou. Un pays lui aussi sous sanctions et qui n'a donc rien à craindre de livrer du grain ou du pétrole à Syrie. 11/ La posture des européens et des américains est en train d'avoir un impact considérable sur la politique régionale. Là où le tremblement de terre politique de la chute d'Assad leur ouvrait des perspectives dans un pays pivot et essentiel comme Syrie, ils exigent toujours plus de ce pays. Ce sont donc des pays qui sont bien moins regardants qui leur grillent la priorité diplomatique, économique et même militaire à terme. Poutine l'a bien compris... 12/ Et dernièrement, la Russie a de nouveau démontré cet opportunisme géopolitique et diplomatique en étant un des premiers pays à retirer les Talibans des organisations terroristes, et entamant des négociations pour ses ressources... 13/ Bruxelles, mais aussi de nombreuses capitales européennes (Rome est davantage ouverte à travailler avec al-Sharaa, je préfère le préciser), et Washington sont en train de louper l'occasion de se renforcer dans un pays dont toute l'histoire diplomatique sait qu'il est central dans le jeu régional. Henry Kissinger, en son temps, n'avait cessé de défendre une ligne de contact entre Washington et Damas par exemple. 14/ Le bilan est désastreux pour les européens et américains en 2025 en Syrie. Soutiens à la chute du régime pendant des années, les voilà écartés de la suite car ils se sont parés d'exigences morales et politiques, que des pays comme la Russie n'ont pas, pour un pays qui sort à peine de 14 ans de guerre civile avec 90 % de taux de pauvreté... C'est tout un ensemble d'opportunités qui s'évanouit en quelques mois du fait de ces postures. 15/ Ainsi, les européens et américains de déplorer encore leur recul diplomatique dans une autre région du monde face aux appétits de la Russie, bien décidée, elle, à se tisser un vaste réseau de partenaires. Et je ne parle même pas de la Chine qui est aussi en embuscade en Syrie... Merci pour votre patience et votre lecture. 16/ ADD. : Pour le "quelques semaines" : le nouveau pouvoir aimerait probablement, à terme, retirer son poste à Bachar Jaafari. Mais rien n'est fait pour le moment. La nomination suivante sera tout autant favorable à Moscou, et on suivra cela.
  18. A l'ONU hier, le vote américain avec les alliés de toujours: Russie, Biélorussie, Corée du Nord, Erythrée, Mali, Nicaragua, Niger, Soudan. Simplement parce qu'il était question de "condamner" l'invasion russe en Ukraine. Comment croire que tout ce cirque sert l'électeur MAGA ? Comment croire qu'il existe encore une agence américaine indépendante de celle des russes sur la question ukrainienne ? On peine à comprendre comment un tel alignement de vote sert les pseudos négociations de paix conduites par les US, avec un enjeu totalement anecdotique dans le rapport de force. Même quand ils ont une occasion de préserver les apparences, tout est fait pour démontrer l'alignement total et indiscutable sur Moscou.
  19. Le cirque continue. On est qu'au 3e mois de présidence.
  20. Ce n'est effectivement pas une opposition Biden - Trump que je veux discuter ici, ni même une question de crédibilité pour engager ou désengager une action politique. La question est celle du rapport au mensonge: est-il vraiment apprécié de manière équitable par les électeurs ? Ou alors la bulle Trump va-t-elle finir par exploser ? Vous écriviez que les mensonges sur la santé de Biden, par son administration et par Biden lui même, ont fini par entamer sa crédibilité politique sur l'Ukraine. Entre autre. J'achète, je le comprends, je le conçois. Mais alors pourquoi les mensonges du Deal maker sur l'Ukraine, ne finiraient ils pas par sapper sa crébilité MAGA ? Oh j'ai bien compris qu'il n'y avait pas besoin d'être crédible et honnête pour se désengager de l'Ukraine quand on est Trump. De tout cela, je ne discuterais pas, même pour dire "oh c'est mal, il a menti". Je comprends qu'Oliver the plumber s'en foute royalement. A quel moment Oliver the plumber a-t-il politiquement condamné Biden et son administration pour les mensonges sur sa santé, Clinton et le parti démocrate pour ses mensonges sur son serveur email, mais donnera toujours le bénéfice politique MAGA à Trump, alors qu'il a menti sur ses capacités de deal maker ? Cette contradiction dans ton propos, je ne la comprends pas. Si le plombier peut bien se foutre de l'Ukraine, et on le comprend, il devrait autrement s'inquiéter des capacités de Trump, de sa crédibilité et de ses compétences, en ce qui concerne le budget fédéral, les marchés actions, l'inflation, et toutes ces autres choses sur lesquelles les faits n'importent plus à l'administration Trump 2. Et ça commence par ses mensonges sur l'Ukraine, en lien avec ce qui était sensé être son point fort, son Art of the Deal.
  21. C'est plutôt rempli de bon sens et ça appuie fort là où ça fait mal, à savoir sur les contradictions du discours russe, savamment entretenues par les mensonges du pouvoir. Effectivement, ces deux mécanismes sont assez conventionnels. Dans le premier cas, c'est la banque centrale qui centralise les richesses fiduciaires (comprendre, les actifs et devises autres que la votre, dont vous serez toujours suspect d'imprimer en trop grande quantité et dont la valeur reste sujette à caution) du pays, pour les adosser aux émissions de monnaie nationale et envoyer le signal qu'imprimer des devises se justifie par l'excédent de richesses accumulées (par un excédent de croissance par exemple) et que ça ne doit pas conduire à de l'inflation. Le second mécanisme consiste à utiliser les banques commerciales comme intermédiaires de la banque centrale, pour financer l'état. Là aussi, le but est de préserver les apparences, pour ne pas que les acteurs économiques n'anticipent trop vite une situation inflationniste, voir hyper-inflationniste (celle où la banque centrale prête directement à l'état. Interdit dans la plupart des pays, mais très facilement contournable). Au demeurant, la BCE n'avait pas employé un mécanisme fondamentalement différent durant la crise de l'Euro, avec son programme de Quantitative Easing. On a ensuite eu un début d'inflation par la suite, qu'il a fallu rapidement juguler. Heureusement, on était (et est toujours) dans des dérives très limitées de taux (monétaire et inflation), car nos économies se portent à peu près bien (comparé à la Russie). Même si Moscou veut nous faire croire le contraire. Effectivement, dans une situation ou l'information n'est pas transparente, les marchés très fortement entravés (voir bloqués), se référer à des informations financière pour mesurer des volumes d'importation, de croissance, d'exportation etc... reste un exercice très sujet à caution. Les volumes, si possible obtenus par les parties tierces, sont déjà des données plus fiables. Vous vendez en dollar, vous maintenez une parité artificielle en repoussant l'éclatement de la bulle, à court terme oui, vous pouvez clamer que vos revenus augmente. Et puis un beau jour, tout çà éclate, un marché noir de l'argent se développe et il vous faut 15 ans pour en sortir. Sans commentaire.... Il rend hommage à un vrai talent russe: celui de la propagande et de l'affrontement cognitif. Et là, c'est touché en plein cœur. Il est effectivement démontré depuis longtemps qu'inflation et taux d'intérêt sont deux variables très fortement corrélée, avec une certaine élasticité entre les deux mais une dépendance très forte l'une à l'autre. Seule la relation de causalité (qui entraîne l'autre) fait encore débat chez les économistes (voir Troy Matheson sur le sujet), mais personne de sérieux ne nierait que les deux se rejoignent en tendance longue (quelques mois à années, pas en dizaines d'années). Or c'est effectivement LA grosse anomalie en Russie. Le taux d'intérêt directeur est une information publique, quasi impossible à falsifier car il est répercuté ensuite (avec marge) à l'ensemble du réseau des banques commerciales (et succursales russes d'établissements étrangers) et donc vous ne pouvez pas cacher cette information. Et puis il y a les données d'inflation, qui font toujours débat et peuvent être plus facilement manipulées. Constater officiellement un écart aussi grand entre ces deux données, c'est hautement suspect et fortement révélateur qu'une des variables n'est peut être pas sincère. Comme c'est impossible de mentir sur le taux directeur, il n'est pas erroné de croire que le pouvoir ment sur l'inflation. Quand celles-ci voudront récupérer leur argent, elles ne le pourront pas car la bulle monétaire risquera fortement d'exploser, entrainant une partie de l'économie avec. Il se passera comme il s'est passé au mi-temps des années 90, de nouveaux oligarques empocheront pour une bouchée de pain les actifs économiques les plus intéressants et les plus décotés. Tout cela dans le cadre d'une reconfiguration du pouvoir, post Poutine (ou en anticipation proche). Evidemment le peuple russe passera en dernier, mais bon, il ne se plaint pas tant que çà de passer à trépas en Ukraine, alors une crise économique à coté, une promenade de santé. Cette interview me rappelle celle de Milov, un ancien vice ministre de l'énergie sous Kassianov, que j'avais partagé il y a quelques mois, et qui disait à peu près la même chose en substance.
  22. En quoi l'affirmation de Trump (durant la campagne) qu'il mettrait fin à la guerre en 24h (allez bon prince, je lui en aurais donné 72) est différente des mensonges de l'administration Biden, que tu dénonces (pas tout à fait à tort) ? Evidemment que conclure un accord alors que personne ne souhaite négocier, ce n'est pas possible. C'est vrai aujourd'hui, c'était vrai il y a six mois et connu de tout le monde. Et encore plus il y a un an, quand Trump a démarré ses premières vociférations sur le sujet. Donc il a menti au peuple américain ? Ce n'était pas la promesse de départ, quand j'ai voté Trump pour mettre fin à la guerre horrible en Europe. I am Oliver the plumber, calling from Nebraska, in deep alternative reality. Il y a quelque chose de très hypocrite à donner maintenant des leçons de réalisme politique, alors que la campagne a été une mascarade de promesses douteuses et fantasques, tout en dénonçant les mensonges de l'administration précédente. Et on n'est qu'au 3e mois de cette administration...
  23. Oui, les Etats-Unis n'ont aucune patience stratégique, depuis l'effondrement du bloc soviétique. S'agissant de la Russie, il n'y a de toute façon jamais eu d'intention d'exercer réellement la moindre pression de la part de l'administration Trump. Qui s'était déjà à l'époque, cassé les dents sur l'Iran et la CdN. Peu étonnant de les voir abandonner aussi tôt un conflit aussi résolument engagé des deux cotés. Cela démontre surtout en creux que les déclarations de cette administration n'ont que très peu de valeur, s'il fallait encore en douter.
  24. Non ?! Déjà ?? Impossible... Quelle déception ! On avait investi au moins une bonne centaine de pages ici à déblatérer combien Trump pourrait être ou ne pas être une solution vers une sortie du conflit, et à quel point elle serait de toute façon mauvaise. Allez Donnie, c'mon.... Fais au moins semblant un peu plus longtemps. Et puis y'a le boss qui n'a pas encore donné son quitus.
  25. La couleur signifie la quantité de CO2 émise par KWh produit sur electricity map.
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