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Wallaby

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Tout ce qui a été posté par Wallaby

  1. 24 septembre 2024. 11:00 James Mattis. Je suis originaire du service naval : l'US Navy et les marines. Et il y a une question qu'on pose aux aspirants de votre âge : que faites-vous si vous être pris avec votre navire entre une tempête au large et une côte rocheuse ? Et ils se mettent au travail, avec une mise à l'ancre, en abaissant toutes les voiles. Il y a toutes ces idées sur la manière de ce sortir de ce pétrin. Ceux d'entre vous qui font de la voile savent de quoi je parle. Mais vous savez quelle est la bonne réponse ? Ne mettez pas votre bateau ici, avant tout, imbéciles ! Comment en sommes nous arrivés à ce point, Eli, où ce que vous avez fait, c'est que vous voyez ces deux pays se mettre ensemble ? Je veux dire : depuis 1973 ou 1974, nous avions des stations d'écoute en Chine du Nord-Ouest d'où nous écoutions tous les secrets des Russes. Lorsque nous sommes allés en Afghanistan pour battre la 40e armée soviétique, ces AK 47 qui étaient donnés aux gens pour tuer les Russes, toutes ces munitions, devinez qui les fabriquait ? La Chine. Croyez-moi, nous avons toute une histoire avec la Chine, qui remonte à 1848, lorsque nous avons dit que nous voulions que la Chine soit un pays dynamique. Donc la question est : comment sommes-nous parvenus à cette situation où la Chine et la Russie sont ensemble ? C'est là qu'étudier l'histoire et appliquer une stratégie est critique. Nous avons traversé toute une période sans stratégie. Nous avons enfin une bonne stratégie, écrite par l'administration Trump, et adoptée pour l'essentiel - une "compétition de grandes puissances" - l'expression a été reprise par l'administration Biden, bien qu'elle cherche à se distancier de la période Trump, elle a été écrite à partir d'idées à la fois républicaines et démocrates. L'impératif lorsque nous avons mis en place cette stratégie à l'époque en 2017, est de ne rien faire qui attirerait la Chine et la Russie l'une vers l'autre. Et qu'est-ce que la stratégie ? La stratégie est un coupe-appétit sur certaines folies que vous ne devez pas faire, et l'autre point c'est de mettre en place des priorités. Et la priorité aurait dû être : ne faites rien quand vous vous occupez de l'Iran, de l'OTAN, de n'importe qui, qui rapprocherait la Chine et la Russie l'une de l'autre. Et aussi bien l'administration Trump, malgré l'existence de cette stratégie, que l'administration Biden n'ont pas agi stratégiquement. Donc c'est une leçon à retenir : voilà ce qui se passe lorsque vous n'agissez pas stratégiquement.
  2. Et pour continuer, voici une intervention du général Mattis à la Hoover Institution de Stanford : 24 septembre 2024. 3:28 J'ai envie de vous dire que quelle que soit votre spécialisation, que ce soit les mathématiques, ou l'intelligence artificielle, le numérique, quoi que ce soit, assurez vous d'étudier suffisamment d'histoire pour pouvoir l'appliquer. 3:52 Si c'était à refaire, si j'avais su tout que j'aurais à affronter dans ce monde, quand j'avais votre âge, croyez moi si vous voulez, c'était au millénaire précédent, j'aurais fait une licence d'histoire. Parce que lorsque vous savez ce que les hommes et les femmes ont fait dans une situation similaire, soit avec succès, soit en échouant, vous apprenez des deux et vous pouvez mieux vous guider. Si vous n'en êtes pas capable, si vous ne pouvez faire d'histoire appliquée, c'est comme si vous alliez chez le fleuriste, achetiez des fleurs coupées, les plantiez dans la terre en leur disant : "maintenant poussez !". Elles n'ont pas de racines. Elles vont mourir. Vos politiques vont mourir si vous ne pouvez pas appliquer l'histoire.
  3. Ou encore quelle histoire étudier ? sur toutes ces questions je voudrais renvoyer à ce post, peut-être aussi pour éviter de le perdre, qui explique pourquoi il ne faut pas se contenter de l'histoire récente ou contemporaine ou moderne, car suivant l'auteur, c'est l'étrangeté du passé, son dépaysement qui le rend précieux en nous préparant aux surprises du futur : Le passé est un pays étranger (The past is a foreign country) dit la célèbre citation. Malheureusement, il semble souvent que les "guerres étrangères" menées avant 1900 soient trop lointaines pour trouver leur place dans notre analyse politique. Et si nous ne comprenons pas la guerre de Sept Ans, nous ne pouvons pas comprendre pleinement les avantages possibles de la patience stratégique en Ukraine aujourd'hui. Comme l'a récemment fait remarquer Paul Lockhart, historien militaire de renom, l'écrasante majorité des historiens militaires aux États-Unis se concentrent sur des sujets postérieurs à 1900. Ils sont encore moins nombreux, environ 20 %, à étudier l'histoire militaire avant 1815. Un article récent de War on the Rocks affirmait à juste titre que l'une des principales valeurs de la pensée historique était "la capacité de penser en dehors des paramètres du présent", plutôt que de tirer des leçons concrètes. Mais en même temps, les exemples spécifiques cités dans cet article ne remontaient pas plus loin dans le temps que 1938 - toujours de mémoire d'homme. Prenons le cas de la fin des guerres, une question urgente qui préoccupe les États-Unis en Ukraine. How Wars End de Dan Reiter, la principale étude universitaire sur le sujet, ne remonte qu'à la guerre de Sécession. L'ouvrage de Gideon Rose, intitulé de la même manière How Wars End : Why We Always Fight the Last Battle (Pourquoi nous livrons toujours la dernière bataille) de Gideon Rose examine une période encore plus courte, uniquement les guerres depuis la Première Guerre mondiale. Même des institutions telles que l'Académie militaire des États-Unis à West Point réduisent l'enseignement obligatoire de l'histoire militaire avant 1900 pour les élèves officiers. L'académie a supprimé ce contenu obligatoire en 2018, bien qu'il soit toujours possible de le suivre en tant qu'option. Il s'agit d'un problème non seulement dans l'enseignement militaire professionnel, mais aussi dans la profession d'historien au sens large. Entre 2004 et 2017, environ 80 % des historiens diplômés ont étudié des sujets postérieurs à 1800, le nombre de doctorants étudiant l'époque antérieure à 1800 ayant chuté précipitamment. Compte tenu de la formation spécialisée en langues et en paléographie nécessaire pour accéder à cette partie du passé humain, il n'est pas exagéré de dire que nous perdons la capacité de former les futures générations d'historiens qui souhaitent se spécialiser dans les sujets antérieurs à 1800. On ne peut pas très bien penser en dehors des paramètres du présent si tout le monde étudie le 20e siècle.
  4. (suite) 57:47 Et ensuite on a vu le bazar sur la Géorgie où il [Poutine] provoque ce bon à rien (ignoramus) de Saakachvili pour le faire attaquer en premier. [Donc contrairement à ce que certains osent encore affirmer, c'est bien la Géorgie qui a attaqué en premier, et le concept de "provoquer un bon à rien pour le faire attaquer en premier" se prête à la réutilisation. Quid de Bush ou Obama ou Trump ou Biden provoquant ce "bon à rien de Poutine à attaquer l'Ukraine en premier le 24 février 2022" ?] 57:55 Et ensuite la Maison Blanche passe un coup de fil [à Poutine], en lui disant : « n'allez pas à Tbilissi ». Les troupes de Poutine sont à Gori. Si vous connaissez la géographie, c'est très proche de Tbilissi, la capitale, et il n'y a pas d'armée géorgienne pour lui barrer la route, parce que l'armée géorgienne qui était entraînée par les États-Unis a abandonné le champ de bataille. Elle a simplement pris la fuite, laissant ses armes et ses morts sur le champ de bataille. La route de Tbilissi était grande ouverte et le reste d'entre eux disent au téléphone aux Américains : "Vous ne comprenez pas : nous détestons Saakachvili et nous renversons son régime ». Et les Américains reviennent à la charge et disent : « ne faites pas cela ». Et d'une façon ou d'une autre, comme Truman en 1945 pour Hokkaïdo, persuade Staline de ne pas envahir le Japon métropolitain - j'ai écrit tout un chapitre là dessus dans mon livre mais je ne sais toujours pas comment Truman a fait pour convaincre Staline - la Russie s'abstient de prendre la capitale géorgienne. 59:04 Mais quoi qu'il en soit, ils détachent les deux régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie, et il y a la subversion du reste de la Géorgie, et la Géorgie tombe dans cette orbite [au sens de sphère d'influence] que l'administration Bush avait refusée à Poutine, mais il y réussit par ses propres moyens, et l'Ukraine tombe dans la même catégorie avec l'épisode de Crimée. Donc qu'est-ce que pense Poutine ? 59:32 Est-ce qu'il perçoit l'Occident comme étant faible ? Que les Américains ne riposteront pas ? Que les Allemands sont dépendants du gaz ? Que Biden a pris la fuite d'Afghanistan au milieu de la nuit et n'est pas un type sérieux ? Peut-être qu'il pense cela, mais encore une fois, cela fait longtemps que je n'ai pas déjeuné avec Poutine... 01:02:43 Beaucoup d'analystes de la Russie font l'erreur de croire qu'ils ne faisaient que s'enrichir. Que c'étaient des voleurs et qu'ils voulaient juste être riches et n'avaient pas d'idéologie, pas de conceptions. Mais je pense que cela n'explique pas tout, car dans leur esprit ils sont patriotes. Ils pensent qu'ils défendent Mère Russie contre le sabotage et la subversion des Occidentaux, contre les révolutions de couleur. Bien sûr, en défendant Mère Russie, ils méritent de s'enrichir, parce qu'ils accomplissent ce devoir patriotique. Donc ils méritent les compagnies pétrolières, les compagnies gazières et les mines d'or et les grands bureaux, parce qu'ils accomplissent l’œuvre de Dieu en défendant Mère Russie dans le monde aujourd'hui. Quand vous regardez ces cérémonies où Poutine leur donne des médailles, ils pleurent. Ils pleurent à cause de cette sentimentalité, à cause de ce patriotisme sentimental. 01:04:15 Et certainement ils ont volé des tas de choses, mais après tout, s'ils n'avaient pas volé tout cela, les démocrates auraient pu voler tout cela, et devenir une cinquième colonne faisant les basses oeuvres de l'Occident en Russie, en démembrant la Russie, et où serions-nous aujourd'hui ? 01:17:43 Donc si vous n'élaborez pas avec la Russie un moyen de coexister sur cette planète, vous savez, un quelconque modus vivendi, si vous ne les incitez qu'à la spoliation, qu'à l'Ukraine, qu'à plus d'Ukraine ou à de l'Ukraine éternellement, vous allez être confronté à de multiples répétitions de cela potentiellement, et vous pouvez faire le pied de grue à attendre le retour d'un Boris Yeltsine ou d'un Gorbatchev, le retour d'un dirigeant pro-occidental. Et vous savez quelle est la cote des paris : historiquement : elle est à un seul chiffre. (...) Ceux qui affrontent l'Occident sont ceux qui entrent dans les livres d'histoire. 01:20:18 Et donc avec Trump, il est possible d'avoir des surprises. Rappelez-vous, il était supposément pro-russe, il était supposément un agent russe, il s'était supposément entiché de Poutine, et ses sanctions furent plus sévères, bien plus sévères que les sanctions d'Obama vis à vis de la Russie. 01:31:00 Poutine a consolidé sa popularité au cours de la guerre, en élargissant et enrichissant une plus grande élite qu'auparavant, et en enrichissant les provinciaux [ceux qui s'engagent dans l'armée et leurs familles] d'une manière qu'ils ne pouvaient même pas rêver. 01:41:32 Je n'ai aucune idée de ce qu'il va faire. Et il ne le sait pas lui-même. Il improvise. Voilà ce que je sais : il n'a attaqué aucun des pays de l'OTAN qui fournissent l'Ukraine en armes. (...) Il respecte une ligne rouge qui est de ne pas attaquer l'OTAN cinétiquement. 01:42:46 L'idée qu'il a besoin de faire la paix pour reconstruire son armée est du grand n'importe quoi. Il a d'ores et déjà la possibilité de reconstruire son armée et c'est en cours. Il n'a pas besoin d'une paix pour faire cela. 01:43:21 Malgré le déficit de main d'oeuvre, il produit un multiple de la production de missiles qui existait antérieurement. Il a une production lourde de drones adaptés du drone iranien shaheed. Il est approvisionné en technologie duale chinoise via le Kirghizistan, le Kazakhstan ou la Turquie. 01:44:34 30 000 nouvelles recrues par mois, donc il est capable de remplacer à un contre un les pertes. Le remplacement ukrainien est une fraction minuscule du remplacement russe de troupes sur le front. [C'est contredit par l'article du Financial Times ici https://forum.air-defense.net/topic/26223-guerre-russie-ukraine-2022-opérations-militaires/page/2473/#comment-1748647 qui parle d'une égalisation par l'Ukraine, au prix d'une mauvaise formation des troupes ainsi recrutées] (...) il n'a pas besoin d'un pause pour régénérer son armée. 01:50:28 Je soutiens la politique d'éviter une guerre directe [des États-Unis] contre la Russie armée d'armes nucléaires. Je soutiens aussi la politique d'aider l'Ukraine dans son autodéfense contre l'attaque russe. 01:51:41 Oui il y a beaucoup d'atrocités, mais le nombre de civils tués en Ukraine est bien inférieur en comparaison à la Syrie où la Russie a aussi commis des atrocités. 02:09:35 La Russie pourrait devenir démocratique, et la Pologne dira toujours non au rapprochement et à la réhabilitation de la Russie. (...) Donc même si l'Allemagne se décidait pour l'Ostpolitik une nouvelle fois - c'est ce qui leur a valu a réunification, donc ils ont gagné beaucoup avec l'Ostpolitik - (...) la Russie ne peut plus rentrer dans les bonnes grâces de l'Europe, parce que la Pologne est membre de l'UE.
  5. C'est très facile de faire parler les morts pour leur faire dire ce qu'ils n'ont pas dit, mais catholique dévot, il aurait probablement épousé la vision du pape Benoît XV d'une paix sans (ou presque sans) annexion ni réparation. Pour Benoît XV, la guerre est un "suicide de l'Europe civilisée" et un "massacre inutile". Ces mots entre guillemets ne sont pas des citations mais des paraphrases qui modifient à peine le vocabulaire et l'esprit de sa "Lettre aux chefs des peuples belligérants" du 1er août 1917. https://www.vatican.va/content/benedict-xv/fr/letters/1917/documents/hf_ben-xv_let_19170801_popoli-belligeranti.html Le monde civilisé devra-t-il donc n’être plus qu’un champ de mort ? Et l’Europe, si glorieuse et si florissante, va-t-elle donc, comme entraînée par une folie universelle, courir à l’abîme et prêter la main à son propre suicide ? Nous sommes animé d’une douce espérance, celle de les voir acceptées et de voir ainsi se terminer au plus tôt la lutte terrible, qui apparaît de plus en plus comme un massacre inutile.
  6. (suite) Stephen Kotkin 14:34 Je pense qu'il faut faire très attention quand on met Poutine et Staline dans la même phrase. Staline est responsable avec Lénine de la mort d'environ 20 millions de personnes, et quoi qu'on pense de Poutine, il n'est pas dans la même catégorie. Staline est dans la catégorie qui comprend aussi Hitler et Mao, et il n'y a personne d'autre dans cette catégorie. Poutine n'est pas dans cette catégorie et la similarité est que Poutine officie au Kremlin, dans le même bâtiment où était le bureau de Staline. 17:55 Une Russie autocratique qui surinvestit dans la police secrète, qui surinvestit dans l'armée et menace ses voisins n'est pas sans précédent. Donc l'attribuer à l'expansion de l'OTAN est difficile parce que ce phénomène précède chronologiquement l'OTAN. Il précède chronologiquement l'existence des États-Unis. C'est un schéma que nous avons déjà vu dans le passé et je ne pense pas que l'expansion de l'OTAN ou que les politiques américaines soient responsables. 19:09 Cela ne veut pas dire que les politiques américaines étaient bien inspirées ou excellentes ou que je soutiens tout ce que l'Amérique et l'Occident ont fait. 19:33 La deuxième explication [qui a fleuri] est que ce serait lui, Poutine, qui serait personnellement responsable. (...) La Russie était sur une trajectoire pro-occidentale, mais brusquement ce personnage aléatoire venu du KGB entre en scène et l'interrompt, poussant la Russie sur une autre voie. (...) Et si Yeltsine avait choisi Boris Nemtsov (...) ou quiconque d'autre, peut-être qu'il en aurait résulté une trajectoire différente. Donc ce serait Poutine, capricieux, sa personnalité, son passé du KGB, tout ce que vous avez écrit à ce sujet. Cette explication a été populaire jusqu'à récemment, lorsque les gens ont commencé à voir que ce n'était pas uniquement Poutine, dans la guerre en Ukraine, que les élites russes semblaient s'aligner, pas toutes mais bon nombre d'entre elles, et la population russe ne semblait pas s'opposer massivement à la guerre. 20:46 Il est difficile de dire que n'importe laquelle des alternatives aurait été différente une fois arrivées au pouvoir. Parce que Poutine n'était pas le Poutine d'aujourd'hui quand il est arrivé initialement au pouvoir. Il est aussi difficile de comprendre comment, si elles avaient été différentes, elles auraient survécu. Parvenir au pouvoir ne veut pas forcément dire y survivre. Vous pouvez accéder au pouvoir par accident, mais survivre au pouvoir décennie après décennie n'est pas un accident. Donc cette explication selon laquelle c'est Poutine qui est personnellement responsable ne tient pas debout. 22:10 La troisième explication selon laquelle c'est l'impérialisme russe, l'ADN russe [l'âme russe ?] qui est responsable, est très populaire dans les pays Baltes, très populaire en Pologne, très populaire, bien sûr, en Ukraine, très populaire à la télévision, très populaire à Harvard et dans d'autres forums renommés. 22:49 Donc comment me situé-je entre ces trois explications ? J'ai déjà dit que je ne crois pas que ce soit de manière prédominante la politique occidentale, quoique la politique occidentale doive être discutée, je ne pense pas que ce soit de manière prédominante la personnalité d'un individu accidentel, et je ne pense pas que ce soit génétique. 24:11 Donc j'en suis arrivé à penser qu'il s'agit d'un casse-tête géopolitique (geopolitical conundrum) que la Russie tente. Elle s'imagine être une puissance providentielle d'origine divine. Elle veut être une puissance de premier rang. Et cette aspiration est partagée non seulement par les élites mais également par la population. Et cette aspiration excède ses capacités. 26:35 Et il y a une confusion entre la survie de l'État russe et la survie du régime qui tente une modernisation forcée pour combler l'écart entre les capacités et les aspirations. Et vous aboutissez à un pouvoir personnel, à une économie stagnante, et à cette confusion où la survie du régime est prise comme étant la même chose que la survie de la Russie. 28:18 Je pense que ce casse-tête peut être brisé. Dans le cas de l'Allemagne et du Japon, il a été brisé par la destruction absolue de la guerre mondiale, suivie par l'occupation, incluant les bombes incendiaires et atomiques sur les villes allemandes et japonaises. [Donc une bonne petite guerre atomique, et tout ira mieux ?] 28:49 Dans le cas des Anglais et des Français, ça n'a pas été brisé exactement de la même façon, et vous pourriez dire que ça n'a pas été complètement brisé. Les Français ont une aspiration à avoir un rôle spécial dans le monde, quand bien même ils n'en ont pas la capacité, mais ils ont un État de droit et des institutions, et ils ne menacent pas leurs voisins. Et de même pour les Anglais. Les Chinois, les Russes et les Américains sont ceux qui gardent cette aspiration. Dans le cas des Américains, les capacités sont plus proches des aspirations, bien que des gens pensent que c'est en train de glisser. Dans le cas des Chinois, ils sont en train de construire ces capacités bien qu'ils soient encore très loin de ce que vous pourriez considérer. Et dans le cas des Russes, les capacités sont bien inférieures à ce que les aspirations aient jamais été. 30:43 Je pense que c'est fondamentalement un casse-tête géopolitique et un choix de la Russie, qu'ils ne sont pas obligés de faire mais qu'ils continuent de faire, et qui continue d'imposer des coûts horribles à leurs voisins et à la population russe elle-même. 32:02 Je ne vais pas être capable de répondre à votre question sur ce que Poutine pense. J'ai maintenant un assez bon feeling de ce que Staline pensait. Je n'ai jamais rencontré Staline, mais je pense mainteant que je le comprends un petit peu. Cela ne veut pas dire que j'approuve ce qu'il a fait, mais j'ai une sorte d'empathie, pas de sympathie, pour sa pensée. Si vous vous plongez dans la mentalité de Staline, je comprends maintenant certaines des décisions qu'il a prises. (...) On m'a donné accès à ses archives. (...) Avec Poutine c'est un peu différent. Nous avons ses discours publics où il dit beaucoup, et il faut y être très attentif. Ils ne sont pas cohérents. Il y a des changements dans ses discours au fil du temps. Nous avons les témoignages de ceux qui ont été en réunion ou en entretien privé avec lui. Y compris certains qui sont en disgrâce et qui ne l'ont pas vu depuis longtemps mais aussi certains qui l'ont vu plus récemment. Donc nous avons quelques informations sur son mode de pensée, mais nous devons être prudent, parce que le régime est toujours en place. Nous n'avons pas les propos de table, nous n'avons pas ses archives personnelles, etc. 48:04 Au début et au milieu des années 2000, Poutine essaie désespérément de passer un accord avec le Japon sur les îles Kouriles que le Japon appelle Territoires du Nord, où il rétrocéderait deux des quatre îles au Japon, ou établirait un condominium, en échange d'investissements japonais massifs. Et les Japonais refusent d'envisager autre chose qu'une rétrocession complète des quatre îles. 48:38 Mais Poutine a énormément de succès en Corée. (...) Il répare les relations avec la Corée du Sud et il abandonne la Corée du Nord. (...) Il y a ce moment où il cherche à obtenir l'investissement, la technologie occidentale à grande échelle. 51:16 Le conseiller de Poutine qui écrivait des notes pour les négociations avec le Japon sur les îles Kouriles, m'a demandé un historique. Donc j'ai donné un cours et une bibliographie au principal conseiller de Poutine qui menait cette négociation. 51:40 Anatoly Tchoubaïs, un collègue que vous connaissez bien, dit que Poutine a changé, que le Poutine du début des années 2000 était différent par rapport au Poutine d'aujourd'hui. Je suis d'accord jusqu'à un certain point. 52:20 Poutine se heurte à l'impossibilité pour la Russie d'être le genre de Russie que lui et ses collègues imaginent, comme à l'ONU, avec un droit de véto [qui la place au-dessus des autres nations]. Non pas une Russie simple membre de l'Union Européenne [après tout, même le Royaume-Uni a été membre de l'UE à un moment donné], mais une Russie qui exerce un condominium avec les États-Unis sur l'Europe, comme pendant la guerre froide. Mais il n'y avait pas d'offre. Aucun dirigeant occidental n'allait concéder cela. Et Poutine devait abandonner ce projet, sous peine de perdre l'accès à l'investissement et à la technologie occidentale. Donc il y a eu cette divergence où l'Occident n'allait pas permettre à la Russie d'être ce qu'elle avait été pendant la guerre froide, tandis que la Russie n'allait pas accepter la diminution de son statut. Et aucune des parties n'a réussi à trouver un modus vivendi pragmatique.
  7. Défendre les populations russes ou russophones d'Ukraine n'est pas la même chose que défendre le régime moscovite. C'est comme si on disait que défendre les Tutsis était la même chose que défendre le régime Kagame. Ou comme si défendre les germanophones (ex-citoyens et sujets de l'empereur d'Autriche) des Sudètes était défendre Hitler. D'ailleurs si j'ai bonne mémoire, les accusés du procès de Nuremberg ont eu droit à des avocats. Donc il faut pendre les avocats ? À propos des Sudètes, je rappelle l'intervention de Nikolai Karayev, russophone d'Estonie dans Vikerkaar et republié par Eurozine : https://forum.air-defense.net/topic/19099-pays-baltes/page/6/#comment-1663778 (25 août 2023) Selon moi, il existe des parallèles entre la situation des Russes d'Estonie aujourd'hui et celle des Allemands des Sudètes en Tchécoslovaquie dans les années 1930 (ces parallèles sont beaucoup plus marqués dans le cas du Donbass, mais ils s'appliquent également à l'Estonie). Frappés d'un côté par la Grande Dépression, la pauvreté et le chômage, les Allemands des Sudètes ont fait l'objet d'une discrimination de la part de l'État. Les autorités ont imposé la langue tchèque (dans les écoles, par exemple), ce qui a favorisé l'émergence de sentiments irrédentistes, tant nazis que communistes. Hitler n'a fait qu'exploiter ces sentiments pour envahir le pays. Les Allemands des Sudètes ont été reconnus coupables en masse. Après la guerre, avec l'autorisation de la conférence de Potsdam, la Tchécoslovaquie a déporté un demi-million d'entre eux. Peu d'entre eux avaient un lien avec l'Allemagne. Personne ne s'intéressait à la question de savoir si chaque individu soutenait ou non le nazisme. Personne ne se souvient de l'héritage de la discrimination. Bien qu'il existe des cas isolés d'expulsion, il n'y a pas (encore) d'expulsions massives de Russes d'Estonie. En Lettonie, cependant, les autorités menacent maintenant d'expulser environ 17 000 citoyens résidents de la Fédération de Russie s'ils échouent à un examen linguistique. Nous n'en arriverons probablement pas là. Mais au niveau du message, tout est très clair. En Estonie aussi, des signaux disant "vous n'êtes pas des nôtres" sont émis - constamment et bruyamment. Ils sont normalisés dans le discours, souvent avec le soutien du gouvernement. On peut bien sûr dire qu'il existe d'autres signaux, de bons signaux, et qu'il ne faut pas prêter attention uniquement aux mauvais. Mais ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. La peur suscitée par un signal fort n'est pas éteinte par les autres. Le contexte joue un rôle important. Prenons l'exemple de l'installation d'un char russe abattu sur la place de la Liberté de Tallinn. À Bruxelles ou à Stockholm, où il n'y a pas de population russe, ce serait un message ; en Estonie, où une personne sur quatre est russe et où beaucoup ont un lien quelconque avec la Russie, et où il existe une tradition de xénophobie normalisée pour des raisons nationales, le message est tout autre. Mon propre sentiment subjectif était que les autorités ont agi ainsi précisément pour approfondir la division.
  8. Il faut toujours dire ce que l'on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit. Charles Péguy.
  9. 10 septembre 2024. Harvard. Davis Center for Russian and Eurasian Studies. 12:45 Ievguenia Albats : La Fédération de Russie a atteint un niveau de prospérité sans précédent en 2013. Jamais auparavant dans l'histoire de la Russie fût-ce dans l'empire tsariste ou soviétique, les Russes n'ont vécu aussi bien qu'entre 2008 et 2012. Non seulement dans la capitale, mais aussi dans les régions rurales. Sa croissance économique annuelle était supérieure à 3,4%, les prix énergétiques montaient en flèche, et le monde occidental ouvrait son capital et ses marchés technologiques à la Russie. Cependant l'annexion de la Crimée en 2014, suivie de l'invasion de troupes russes en Europe orientale, qui constitue l'origine de la guerre en Ukraine, a mis un terme à toute cette prospérité. Le rouble s'est effondré fin 2014, emportant dans sa chute l'épargne populaire et les prestations sociales, caractérisant la crise économique des années suivantes. Ainsi advint le 24 février 2022, et l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie. Alors professeur Kotkin, pourquoi Poutine a-t-il choisi de détruire ce que lui et son régime avaient réussi à construire jusqu'en 2014 ? Quels étaient son raisonnement, ou ses peurs ? Qui a joué le rôle de Trotsky pour Poutine et son entourage ? [Sachant que Staline a sacrifié l'intérêt du pays, notamment la préparation du pays à la guerre contre Hitler, à la lutte contre les trotskystes, en décapitant l'élite du pays] https://ru.wikipedia.org/wiki/Альбац,_Евгения_Марковна (Yevgenia Albats) En 1989, elle a reçu le prix principal de l'Union des journalistes de l'URSS, la « Plume d'or ». En 1990, elle reçoit la bourse Alfred Friendly Press, qui permet à des journalistes de pays en développement d'acquérir de l'expérience en travaillant pour des publications américaines ; la même année, Mme Albats travaille temporairement pour le Chicago Tribune. De 1993 à 2000, elle a été membre de la Commission présidentielle des grâces. En 1992, elle est experte auprès de la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie dans l'affaire du PCUS[8]. En 1996, elle obtient un master à l'université Harvard. Elle a travaillé pour le journal Izvestia, où elle a écrit une chronique hebdomadaire intitulée « Nous et nos enfants », et a également publié des enquêtes et des commentaires dans Novaya Gazeta entre 1996 et 2003. De février à avril 1997, elle est auteur et présentatrice de l'émission d'information et d'actualité « Gazetny Ryad » sur la chaîne NTV[9]. En 2004, elle termine ses études doctorales à l'université de Harvard, où elle obtient un doctorat en sciences politiques avec une thèse intitulée « Bureaucratie et transformation de la Russie : la politique de l'accommodement ». Elle a enseigné à l'université de Princeton, à l'université Harvard, à l'université de Yale, à l'université de Chicago, à l'université de Pennsylvanie et à l'université de Duke[10]. Jusqu'en janvier 2011, elle était professeur à la Higher School of Economics, où elle enseignait au département de sciences politiques générales de la faculté de sciences politiques appliquées. En mai 2016, la direction de la station de radio Ekho Moskvy a proposé un nouveau contrat à Mme Albats en raison de l'expiration de son contrat. Ce contrat contenait, entre autres, une interdiction des blasphèmes et des sujets offensants. Mme Albats a refusé de signer le contrat et a cessé d'assister aux émissions. Il a fallu l'intervention personnelle d'Alexei Venediktov[14] pour résoudre la situation. Avant la fermeture de la station de radio Ekho Moskvy en mars 2022, elle a animé l'émission d'auteur « The Complete Albats »[15] et est rédactrice en chef du magazine The New Times. Elle développe actuellement sa propre chaîne YouTube[16]. Elle est l'un des trois membres russes du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ)[17], avec Roman Anin et Roman Shleinov de Vazhnye Istorii. Le 6 septembre 2022, elle annonce son départ de Russie pour les États-Unis, où elle prévoit d'enseigner à l'université de New York[18].
  10. Donc il y a un devoir de mensonge, et la vérité est l'ennemie. Vaste programme... totalitaire.
  11. Ishiba et les maquettes : source : https://www.telegraph.co.uk/world-news/2024/09/27/shigeru-ishiba-military-model-aircraft-japan-prime-minister/ source : https://www.sankei.com/gallery/20160809-62EX4ZQJD5OK5DKBYWX42WONKU/ source : https://mainichi.jp/articles/20240510/k00/00m/010/063000c Shigeru Ishiba, ancien secrétaire général du Parti libéral démocrate (PLD), connu comme le plus grand passionné de chemin de fer en politique, est un expert dont les opinions sur la ligne [à moteur] linéaire [et à sustentation magnétique] du Shinkansen central sont très variées. Il se demande s'il existe une demande pour la ligne linéaire, si les raisons du recours aux prêts gouvernementaux ont été correctement expliquées et si les chemins de fer régionaux seront laissés pour compte. Les questions de M. Ishiba sont innombrables. Il a également laissé échapper ce qui suit. En tant que passionné de chemin de fer, il n'y a rien de plus ennuyeux que les chemins de fer linéaires ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_Shinkansen_Chūō Le projet de Ligne Shinkansen Chūō a reçu les critiques suivantes : son coût de construction est extraordinairement élevé, il serait équivalent à au moins 5,5 fois, voire 11,3 fois, celui du Tokaido Shinkansen ; ce type de train a besoin de beaucoup d’énergie, il en consommerait cinq fois plus que le Tokaido Shinkansen ; l'impact environnemental de sa construction serait énorme ; son exploitation sera probablement déficitaire, et cela devra être remboursé en utilisant les bénéfices d'exploitation du Tokaido Shinkansen, qui seront eux-mêmes affaiblis par la concurrence du Shinkansen Chūō ; le projet souffre d'un déficit démocratique et d'un manque de débat public.
  12. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans ce qui est transcrit à 0:44 par "a military base" dans le contexte "transformer l'Ukraine en colonie [Occidentale], en base militaire visant la Russie" le mot employé est плацдарм (PLATSDARM) qui vient du français "Place d'armes". https://en.wiktionary.org/wiki/плацдарм#Etymology (au sens militaire) tête de pont, terrain de parade, point d'appui (au sens figuré) tremplin, marchepied Voilà donc un mot russe facile à retenir.
  13. https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/emmanuel-macron-exhorte-le-president-iranien-a-liberer-sans-delai-trois-francais-retenus-dans-des-prisons_6800758.html (25 septembre 2024) Emmanuel Macron exhorte le président iranien à libérer "sans délai" trois Français retenus dans des prisons En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, le chef de l'Etat a répété à Massoud Pezeshkian que c'était un "impératif préalable à toute amélioration de la relation bilatérale avec la France". L'an passé, Téhéran avait libéré deux Français, Benjamin Brière et Bernard Phelan, qui a aussi la nationalité irlandaise. En juin, c'est Louis Arnaud qui avait été libéré. https://www.aa.com.tr/fr/monde/pezeshkian-on-nous-avait-promis-un-cessez-le-feu-à-gaza-si-lon-ne-réagissait-pas-à-lassassinat-de-haniyeh/3346001 (30 septembre 2024) Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré que les dirigeants américains et européens lui avaient promis de déclarer un cessez-le-feu à Gaza si l'Iran ne réagissait pas à l'assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, mais qu'ils n'avaient pas tenu leur promesse. https://foreignpolicy.com/2024/09/27/iran-pezeshkian-united-nations-nuclear-deal-outreach/ Les détracteurs des ouvertures diplomatiques de M. Pezeshkian plaident également en faveur d'une position beaucoup plus ferme. Ils affirment que l'absence de représailles de la part de l'Iran après l'assassinat de Haniyeh a encouragé Israël à intensifier ses attaques, y compris au Liban. Ces analystes préconisent une réponse iranienne plus énergique, exhortant Téhéran à cibler les intérêts américains et ses alliés régionaux. Certains proposent que les Houthis mettent fin à leur cessez-le-feu avec l'Arabie saoudite et frappent ses installations pétrolières, et suggèrent que l'Iran menace les infrastructures pétrolières et gazières des pays du golfe Persique, tels que les Émirats arabes unis et le Qatar, en invoquant le fait qu'ils abritent des bases militaires américaines. En outre, ils exigent la fin de tout effort de normalisation avec le Bahreïn. L'Occident prend un risque énorme en rejetant d'emblée la présidence de M. Pezeshkian et en n'explorant pas les voies diplomatiques. L'Iran poursuit son programme nucléaire et la région reste sur le fil du rasoir. L'alternative au dialogue est une marche vers un conflit plus important, qui pourrait culminer dans une guerre régionale impliquant non seulement l'Iran, mais aussi ses voisins et les puissances mondiales. L'engagement diplomatique avec le gouvernement de Pezeshkian, bien que difficile et incertain, reste le meilleur moyen de gérer ces risques.
  14. https://www.thedailybeast.com/zelensky-pushes-ukraine-victory-plan-but-frontline-troops-stare-at-defeat (30 septembre 2024) Avec peu d'entraînement et des conditions de combat très éloignées de celles pour lesquelles ils se sont engagés au début de la guerre, les hommes sont envoyés dans ce qu'ils décrivent comme des missions suicides : On leur demande de se placer derrière les lignes ennemies pour lancer des attaques, mais on ne leur donne pas les armes nécessaires pour y parvenir. Ces tactiques irréalistes ont conduit des bataillons entiers à refuser les ordres de leurs supérieurs, créant ainsi un conflit interne qui fait qu'il est de plus en plus difficile pour l'Ukraine de résister à l'offensive russe de l'été. Les soldats qui ont parlé au Daily Beast, sous couvert d'anonymat, ont déclaré que si l'Ukraine ne changeait pas ses méthodes, c'est la Russie qui finirait par être victorieuse. Dans le chaos de la ligne de front, disent-ils, les soldats ukrainiens se tirent accidentellement dessus ; certains commandants sont membres de groupes criminels organisés, qui utilisent la guerre pour leurs propres intérêts commerciaux. À la suite de l'incursion de l'Ukraine dans la région russe de Koursk le mois dernier, un soldat avec lequel le Daily Beast a été en contact au cours de l'été a déclaré que l'ouverture du nouveau front avait détourné l'attention des scandales de corruption auxquels l'armée de Kiev est confrontée. En outre, certains soldats préfèrent accepter la défaite et rentrer chez eux plutôt que de continuer à se battre dans une guerre sans fin à laquelle ils ne peuvent échapper. Le soldat, qui a demandé à être appelé « Eddie » et qui a combattu sur les principaux champs de bataille avec le 206e bataillon de défense territoriale, a déclaré qu'il était important que le Daily Beast raconte son histoire, estimant qu'elle pourrait aider à sauver des vies et peut-être déclencher un changement dans la guerre. Eddie, 34 ans, est originaire de Kiev et a pris les armes pour la défense du territoire peu après le début de l'invasion russe. Kiev était le point central des plans de guerre du Kremlin : Les généraux de Poutine pensaient pouvoir s'emparer de la capitale en quelques jours et le reste du pays s'écroulerait. Eddie n'avait pas suivi d'entraînement militaire lorsqu'il a rejoint la défense territoriale. Pourtant, il considérait son engagement comme un acte héroïque et patriotique qu'il pouvait accomplir pour son pays, en risquant sa vie pour le plus grand bien de tous les Ukrainiens. Lorsque la Russie a été repoussée hors de Kiev à la fin du mois de mars 2022, Eddie a ressenti un sentiment d'accomplissement. « Je me sentais très bien », se souvient-il. « C'était la première bonne nouvelle après l'invasion. C'était une lueur d'espoir : nous allions enfin pouvoir nous libérer des chaînes de l'oppression russe après des siècles. » Après la sécurisation de Kiev, Eddie et son bataillon ont été répartis entre les différents points chauds de la guerre, se battant pour la libération de la ville méridionale de Kherson et de Lyman et Izium dans l'est du pays. Il a assisté à certaines des plus grandes réalisations de l'Ukraine, mais aussi à ses pertes les plus importantes. Zaluzhnyi a été remplacé en février par Oleksandr Syrskyi, qu'Eddie et ses camarades tiennent pour responsable de la plupart des difficultés rencontrées par son bataillon et d'autres au cours des six derniers mois. Eddie se plaint que la plupart des hommes ne reçoivent toujours pas une formation militaire adéquate avant d'être envoyés au front. Après deux ans et demi de service, Eddie a déclaré qu'il n'avait pas l'impression de ne pas posséder les compétences que ses commandants exigent désormais de lui. « Le problème, c'est que nous étions censés obtenir plus de personnel pour l'unité, mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Il y a une pénurie catastrophique de personnel, ce qui surcharge les soldats », a déclaré Bruce, ajoutant que le manque de personnel n'est pas seulement le problème de son bataillon, mais de l'ensemble de l'armée ukrainienne. Après son retour au Donbas, le bataillon d'Eddie a rejoint une nouvelle brigade pour son déploiement actuel, et il déclare : « Depuis le premier jour, nous avons remarqué un désordre total dans l'organisation de la gestion de la défense et des communications. Il est arrivé que des gars de la [brigade] tirent sur d'autres gars de la [brigade] ». Eddie a ajouté que le commandant de sa brigade « a commencé à confier des tâches presque suicidaires à nos bataillons, envoyant des gens pour des assauts sans artillerie, sans aviation, sans blindés ou sans aucun type de soutien ». « Neuf mois de combats intenses, suivis de six semaines ridicules de repos, puis d'un retour au front dans l'une des directions les plus chaudes, c'est trop pour un petit bataillon. Nos véhicules sont en mauvais état, sans parler des problèmes de santé, du recrutement de nouveaux hommes et de l'entraînement. Nous n'avons eu aucun [nouvel] entraînement, » déclare Eddie. Lorsqu'Eddie s'est entretenu avec The Beast cet été, il a déclaré : « En ce moment même, trois gars sont morts et un autre a été gravement blessé parce qu'ils n'ont jamais reçu le soutien d'artillerie promis lors d'un assaut. Ils ont chargé quatre personnes avec des AK-47 et rien d'autre » de se battre sur une position. Selon Eddie, la batterie motorisée de son bataillon se plaint de recevoir environ 15 obus d'artillerie par jour, alors que les Russes en tirent des centaines, voire des milliers. « Nous avons perdu plus d'hommes [en deux mois] que nous n'en avons perdu depuis le début : la défense de Kiev, la campagne de Kherson, Vovchansk, Bakhmut, Siversk-Soledar et Mar'yinka réunies. Des officiers (commandants de compagnie, commandants de section), des sergents (médecins de combat, commandants d'escouade) et des soldats sont morts ou gravement blessés et luttent pour leur vie dans un hôpital ». Au début du mois de juillet, Roman Kulyk, commandant du bataillon d'Eddie, a publié un message sur X concernant la situation accablante sur les lignes de front, expliquant que ses soldats avaient refusé d'exécuter une « tâche suicidaire globale » qui leur avait été confiée et avaient emprunté un autre itinéraire à la place. « C'est un simple axiome de la guerre que les commandants supérieurs sont généralement incapables [ou] refusent d'évaluer objectivement les capacités de leurs subordonnés... Le fait que ces personnes aient été physiquement et psychologiquement épuisées par les années de la Grande Guerre, où il y a un manque total de moyens et de munitions pour soutenir l'infanterie - tout cela est stupidement ignoré. »
  15. https://www.japantimes.co.jp/commentary/2024/09/29/japan/japans-new-leader-anti-abe/ Ishiba a fait sa carrière comme l'anti-Abe Dans son récent livre, « Conservative Politician : My Policies, My Destiny », il se décrit comme un “libéral conservateur” dans la lignée de Tanzan Ishibashi, éphémère mais influent premier ministre des années 1950. Ishibashi défendait des positions libérales et promouvait l'égalité pour les femmes ; Ishiba penche lui aussi du côté libéral sur les questions sociales et a exprimé par le passé son soutien à la légalisation du mariage homosexuel, bien qu'il se soit montré circonspect sur la scène politique. Étant donné qu'Ishiba établit la comparaison, il est intéressant de noter qu'Ishibashi était, plus tard dans sa carrière, également connu pour son opposition à de nombreuses politiques de son rival politique Nobusuke Kishi - le grand-père d'Abe. Kishi et Abe prônaient tous deux un Japon fort, ce qui n'est pas le cas d'Ishiba. D'autres comparaisons avec Ishibashi devraient toutefois faire réfléchir. Avant la Seconde Guerre mondiale, il prônait le « petit japonisme », mettant en garde contre l'expansion impérialiste et prônant une diplomatie utilitaire. Ishiba affirme que cette façon de penser est utile pour traiter avec la Chine d'aujourd'hui, plaidant pour une diplomatie « gagnant-gagnant » et semblant défendre une position plus neutre entre Pékin et Washington. En battant Takaichi de manière inattendue, Ishiba a imité l'une des victoires les plus célèbres d'Ishibashi, lorsqu'il est revenu de l'arrière pour battre Kishi lors de l'élection de 1956 à la direction du parti. Mais deux mois plus tard, Ishibashi quitte le pouvoir et c'est Kishi qui définit l'avenir du Japon. Bien que cela ait été dû à des problèmes de santé, les dirigeants japonais peuvent avoir des mandats de courte durée pour de nombreuses raisons. Ishiba doit maintenant faire face à des menaces internes et restaurer l'unité du parti et sa popularité pour éviter un destin similaire.
  16. https://www.asahi.com/ajw/articles/15446523 (30 septembre 2024) Le mécontentement de M. Ishiba trouve son origine dans l'accident d'un hélicoptère de l'armée américaine sur le campus de l'université internationale d'Okinawa en août 2004, alors qu'il était directeur général de l'agence de défense, prédécesseur du ministère de la défense. L'armée américaine a confiné la zone autour de l'hélicoptère pendant environ une semaine après l'accident. Ce qui a fait dérailler l'enquête japonaise sur l'accident, c'est l'accord sur le statut des forces entre le Japon et les États-Unis (SOFA), qui détermine le statut et les droits de l'armée américaine au Japon. « La police préfectorale d'Okinawa n'a même pas été autorisée à pénétrer sur le site. Toutes les pièces de l'hélicoptère ont été enlevées par l'armée américaine. Cette nation est-elle vraiment un État souverain »? a récemment déclaré M. Ishiba en évoquant l'incident. Dans un discours prononcé à Naha, dans la préfecture d'Okinawa, le 17 septembre, M. Ishiba a déclaré : « Nous devrions au moins commencer à revoir le SOFA. Nous devons prendre nos responsabilités en tant que nation souveraine ». Selon lui, pour réviser la SOFA, il faut modifier le traité de sécurité nippo-américain, qui est à la base de l'accord. Le traité de sécurité nippo-américain n'est pas un traité de défense mutuelle comme ceux conclus entre la Corée du Sud et les États-Unis, ou entre les Philippines et les États-Unis. L'article 5 du traité impose aux États-Unis l'obligation de défendre le Japon, mais le Japon n'est pas tenu de venir en aide aux États-Unis. Au contraire, l'article 6 du traité impose au Japon de fournir des bases à l'armée américaine. Lorsque le traité de sécurité nippo-américain a été révisé par le cabinet Kishi en 1960, les dispositions relatives à l'« Extrême-Orient », qui stipulent que l'armée américaine peut utiliser des bases au Japon pour assurer la stabilité de l'« Extrême-Orient », ont suscité des remous. Tous les membres du cabinet Kishi ont démissionné en masse pour prendre leurs responsabilités après l'approbation de la révision. https://www.hudson.org/politics-government/shigeru-ishiba-japans-new-security-era-future-japans-foreign-policy (25 septembre 2024) Shigeru Ishiba Le traité de sécurité actuel entre le Japon et les États-Unis est structuré de telle sorte que les États-Unis sont tenus de « défendre » le Japon et que le Japon est tenu de « fournir des bases » aux États-Unis. Le moment est venu de modifier ce « traité bilatéral asymétrique ». Il est possible que le traité de sécurité et l'accord sur le statut des forces entre le Japon et les États-Unis soient révisés pour permettre aux forces d'autodéfense d'être stationnées à Guam afin de renforcer les capacités de dissuasion du Japon et des États-Unis. Dans ce cas, un accord sur le statut des forces d'autodéfense à Guam pourrait être conclu, au même titre que celui des forces américaines au Japon. En outre, l'élargissement du champ d'application de la gestion conjointe des bases américaines au Japon permettrait également de réduire la charge pesant sur les forces américaines au Japon. Ma mission est d'élever l'alliance nippo-américaine au niveau de l'alliance américano-britannique. Pour y parvenir, le Japon doit avoir sa propre stratégie militaire et devenir indépendant en termes de sécurité jusqu'à ce qu'il soit prêt à partager sa propre stratégie et ses tactiques sur un pied d'égalité avec les États-Unis.
  17. https://responsiblestatecraft.org/nasrallah-israel-hezbollah/ (29 septembre 2024) Paul Pillar Israël a l'habitude de décapiter le Hezbollah, et cette approche ne lui a pas réussi. En 1992, il a utilisé des hélicoptères de combat pour tuer le secrétaire général du Hezbollah de l'époque, Abbas al-Musawi. L'effet le plus important au Liban a été d'ouvrir le poste à Nasrallah, qui s'est avéré être un chef de groupe plus efficace que Musawi. D'autres faits historiques pertinents pour le type de violence susceptible de découler des combats actuels incluent deux attentats meurtriers à la bombe à Buenos Aires, chacun d'entre eux étant probablement une représaille aux attaques israéliennes contre les intérêts chiites libanais au Moyen-Orient. En mars 1992, un camion piégé conduit par un kamikaze a explosé devant l'ambassade d'Israël, faisant 29 morts et 242 blessés. L'Organisation du Jihad islamique - largement perçue comme une couverture du Hezbollah - a revendiqué l'attentat en représailles à l'assassinat de Musawi le mois précédent. En mai 1994, des commandos israéliens ont enlevé le chef de la guérilla chiite libanaise, Mustafa Dirani, tout en menant un raid sur un camp du Hezbollah dans le sud du Liban. Deux mois plus tard, un attentat suicide au camion piégé contre un centre communautaire juif à Buenos Aires fait 85 morts et plus de 300 blessés. Comme l'a reconnu plus tard un rapport officiel d'Israël, cet attentat pourrait avoir été commis en représailles aux opérations israéliennes au Liban. Les récentes attaques israéliennes au Liban - en particulier l'assassinat de Nasrallah - donnent au Hezbollah au moins autant de motivation qu'il en avait dans les années 1990 pour riposter. Même si les frappes israéliennes ont affaibli la capacité du Hezbollah à mener une guerre conventionnelle au Levant, sa capacité à mener des opérations irrégulières ailleurs n'a probablement pas diminué. Le risque de représailles terroristes contre des cibles molles liées à Israël au cours des prochains mois est élevé.
  18. Et il a raison ou il a tort ? Nous avons assisté à la fermeture de toutes les écoles alternatives, et l'élimination systématique d'un bout à l'autre de l'Ukraine de l'Est et du Sud, d'écoles offrant des cours de/en russe à la demande des étudiants et des parents. L'interdiction des cours de/en russe, même organisés sur la base du volontariat, est de toute évidence motivée politiquement. Laissez moi citer la première médiatrice linguistique - il y en a eu deux ensuite - mais la première, Tatiana Monakhova a expliqué le but de sa mission en 2019 dans ces termes, je cite : "le rêve a toujours été de cultiver et construire un monolithe ukrainien puissant et homogène, une société de gens qui pensent des choses semblables (like-minded), qui parlent la langue nationale, n'ayant pas de désaccords sur les grandes questions d'État. Les monolithes sont créés en utilisant à la fois le fouet et les pâtisseries", fin de citation. Les chiffres que j'ai vus parlent de 95 à 99% des écoles de langue russe fermées en Ukraine au cours des 30 dernières années. Mais je peux vous dire que l'effet net de tout cela n'est pas une réduction de la popularité du russe chez les jeunes. Le but, selon le secrétaire de la Commission de Sécurité et de Défense Nationales, Oleksiy Danilov, est - je cite - "la langue russe doit disparaître complètement de notre territoire, celle-ci étant un aspect de propagande hostile et de lavage de cerveau de notre population" - fin de citation. [est-ce réaliste ?] Dans un monde idéologique, vous poursuivez vos fantasmes. C'est le danger du nationalisme, à savoir que c'est un fantasme et non une réalité. Et la mise en œuvre de ce fantasme a des conséquences dévastatrices, non seulement sur le plan individuel, mais sur le corps politique en général. C'est selon moi ce qui constitue la tragédie ukrainienne.
  19. qui a assez peu pénétré le Japon. Par exemple le système de fonctionnaires admis sur concours n'a pas été emprunté par les Japonais.
  20. Conclusion Dans l'ensemble, une leçon majeure semble être qu'il n'y a pas de contrepartie économique ou pratique évidente à la perte dramatique de contrôle démocratique et de responsabilité résultant de l'érosion de la souveraineté nationale implicite dans l'approfondissement du processus de supranationalisation rampante de l'UE. Au contraire, l'absence de contrôle ne fait qu'exacerber la capture du processus décisionnel par de puissants intérêts particuliers, motivés par le profit, le pouvoir, l'idéologie ou généralement un mélange de ces facteurs, ce qui conduit à des résultats sous-optimaux, du moins pour la société dans son ensemble.
  21. https://www.compactmag.com/article/a-coup-in-brussels/ (23 septembre 2024) Même le courant principal de la presse, qui fait habituellement preuve d'une déférence flagorneuse à l'égard de Bruxelles, a été contraint d'admettre que ce que la présidente de la Commission a réalisé n'est rien de moins qu'un coup d'État. En nommant des loyalistes à des postes clés, en écartant les critiques et en créant un système complexe de dépendances et de chevauchements de responsabilités dans lequel personne ne peut avoir trop d'influence, Mme von der Leyen s'est assurée le contrôle total de l'organe exécutif de l'Union européenne. Cela a également impliqué la mise à l'écart de poids lourds traditionnels comme la France au profit de pays comme les États baltes (population totale : un peu plus de 6 millions d'habitants), qui sont maintenant remontés dans la chaîne alimentaire politique parce qu'ils partagent la position ultra-agressive de Mme von der Leyen à l'égard de la Russie. Politico, l'organe des classes bavardes bruxelloises, a décrit la décision de Mme von der Leyen comme un « accaparement du pouvoir " qui lui donnera un " contrôle sans entrave " sur la politique de l'UE. « Elle contrôlera encore plus tout », a déclaré un fonctionnaire de l'UE. « Qui a cru que c'était possible ? Le journal allemand Die Welt a également fait preuve d'une sévérité inhabituelle dans son évaluation : « Avec un chef-d'œuvre tactique, [Mme von der Leyen] a réduit le pouvoir de ses commissaires tout en augmentant le sien. La nouvelle commission n'a qu'un seul objectif : renforcer le pouvoir de Mme von der Leyen ». S'il est difficile de ne pas être d'accord avec ces appréciations, le ton de surprise et d'étonnement qu'elles adoptent semble hypocrite. La « prise de pouvoir » de Mme Von der Leyen ne s'est pas produite à l'improviste : Il s'agit de l'aboutissement d'un processus qui s'est déroulé lentement et qui, jusqu'à présent, a été encouragé par les médias traditionnels. Comme je l'ai expliqué dans un récent rapport publié par le MCC Brussels [1], la Commission étend furtivement ses pouvoirs depuis longtemps, passant d'un organe technique à un acteur politique à part entière, ce qui entraîne un important transfert de souveraineté du niveau national au niveau supranational, au détriment du contrôle et de la responsabilité démocratiques. [1] https://brussels.mcc.hu/uploads/default/0001/01/7666e85398a4a98b88a3095b7de70ff37f740172.pdf Le coup d'État silencieux Au cours des 15 dernières années, les pouvoirs de la Commission européenne (CE) ont connu une expansion accélérée, entraînant un important transfert de souveraineté du niveau national au niveau supranational. Ce changement de pouvoir, qui change la donne, a été géré par un processus subreptice de « fuite des compétences », en dehors de l'arène du débat démocratique. C'est pourquoi nous le qualifions de « coup d'État silencieux ». Dès sa création dans les années 1950, la CE a été conçue comme une institution européenne supranationale et la moins soumise à la responsabilité démocratique. Ces problèmes se sont intensifiés au fur et à mesure que la CE est passée du statut d'organe technique à celui d'acteur politique à part entière, occupant le devant de la scène dans l'UE. La politique de l'UE a connu un processus de supranationalisation et de « commissionnalisation », la Commission ayant accru son influence sur des domaines de compétence qui étaient auparavant considérés comme la chasse gardée des gouvernements nationaux - des budgets financiers à la politique de santé, en passant par les affaires étrangères et la défense. Ces dernières années, la Commission européenne a profité de ses réponses à une série de crises - la crise de l'euro, le Brexit, la pandémie de covid, la guerre en Ukraine - pour asseoir son autorité et prendre des décisions « d'urgence », par exemple sur les vaccins ou les sanctions, qui entraînent des changements permanents dans l'exercice du pouvoir de l'UE. Cette utilisation de la politique de « permacrise » pour étendre la portée et le pouvoir de la Commission a atteint de nouveaux sommets sous le régime de l'actuelle présidente de la CE, Ursula von der Leyen (« VDL »), en réponse aux crises de la grippe Covid-19 et de l'Ukraine. La pandémie de Covid-19 a marqué un tournant dans le rôle de la Commission, Mme von der Leyen jouant un rôle de premier plan dans les efforts de relance économique et d'approvisionnement en vaccins de l'UE. Le scandale du « Pfizergate », qui entoure la gestion autocratique de la politique vaccinale Covid par la VDL, illustre le manque de transparence et de responsabilité dans l'exercice actuel du pouvoir de l'UE. De même, la guerre en Ukraine a été utilisée par Mme von der Leyen pour étendre l'influence de la Commission, notamment en matière de politique étrangère et de sanctions contre la Russie. Cela a modifié la position géopolitique de l'UE, l'alignant plus étroitement sur les intérêts de l'OTAN et des États-Unis. La vantardise de Mme von der Leyen devant le Parlement européen, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, selon laquelle « la sécurité et la défense européennes ont davantage évolué au cours des six derniers jours qu'au cours des deux dernières décennies », a démontré le rythme accéléré de la supranationalisation et de la commissionnarisation. Le rapport met en lumière les inquiétudes concernant l'érosion de la souveraineté nationale, la Commission ayant de plus en plus imposé sa volonté aux Etats membres, souvent en utilisant des outils financiers et des conditionnalités. Des mécanismes tels que le règlement sur la conditionnalité de l'État de droit permettent à la Commission de retenir les fonds des États membres qui ne s'alignent pas sur ses politiques, renforçant ainsi la centralisation du pouvoir. La Commission ne tient pas toujours le haut du pavé. La structure de pouvoir labyrinthique de l'UE comprend des organes supranationaux (la Commission, la Banque centrale européenne et la Cour de justice européenne), des organes quasi fédéraux (le Parlement européen) et des organes intergouvernementaux (le Conseil européen et le Conseil des ministres), en plus des États membres. Il n'est pas toujours facile de savoir qui commande. Mais ce qui est sûr, c'est que toutes ces composantes du pouvoir de l'UE travaillent ensemble pour s'assurer que les citoyens européens ne sont pas ceux qui contrôlent. Il ne s'agit pas non plus d'un simple problème de souveraineté nationale par rapport à la souveraineté supranationale (bien qu'il s'agisse également de cela). L'histoire récente montre comment les élites politiques nationales peuvent s'entendre avec Bruxelles contre leurs opposants populistes en Europe - notamment la Hongrie - et même contre leurs propres électeurs dans leur pays. Les plus grands perdants du transfert de pouvoir vers la CE, qui n'a pas de comptes à rendre, sont le demos, les peuples d'Europe. Nous avons besoin de toute urgence de réformes pour rendre l'UE plus démocratique, en redonnant des pouvoirs aux États-nations, et pour rendre la Commission moins puissante et plus responsable.
  22. https://www.compactmag.com/article/bidens-gift-to-chinas-solar-industry/ (25 septembre 2024) La loi sur la réduction de l'inflation était censée changer la donne - un moyen de renforcer la chaîne d'approvisionnement nationale et de stimuler rapidement la production américaine d'énergie renouvelable, tout en réduisant la dépendance à l'égard de la Chine. Or, comme le révèle un nouveau rapport du cabinet de conseil Horizon Advisory, c'est exactement le contraire qui se produit. L'industrie solaire chinoise, soutenue par l'État et bénéficiant de subventions publiques massives, exploite les lacunes de la politique américaine et utilise les crédits d'impôt IRA financés par le contribuable pour étendre sa domination sur le marché mondial de l'énergie solaire, y compris aux États-Unis. L'Association des industries de l'énergie solaire (Solar Energy Industries Association), un lobby de l'énergie solaire étroitement lié aux entreprises chinoises, a exercé une forte pression pour que ces échappatoires restent ouvertes. Comme le montre le rapport d'Horizon Advisory, la SEIA n'a cessé de saper les fabricants américains, tout en faisant avancer des politiques qui profitent à Pékin.
  23. https://www.compactmag.com/article/the-looming-industrial-downturn/ (25 septembre 2024) La récession industrielle qui s'annonce La production est en baisse depuis cinq mois, sans doute en raison de l'incertitude sur les taux d'intérêt et de la pénurie débilitante de travailleurs qualifiés. Toutefois, cette contraction n'est pas simplement le reflet de la politique de la Réserve fédérale qui renforce les points d'étranglement du côté de l'offre, ce qui a réduit à néant les efforts de l'équipe Biden pour relocaliser l'industrie. En fait, la production est largement anémique depuis au moins l'effondrement de 2019 ; selon l'Institute for Supply Management, une association industrielle de premier plan, la période de 13 mois entre 2022 et 2023 a été le plus long ralentissement depuis 2000-2002, lorsque les Relations Commerciales Normales Permanentes avec la Chine sont entrées en vigueur. De nombreux facteurs structurels à long terme sont à l'origine de cette situation, notamment le cercle vicieux des fermetures d'usines, le sous-emploi régional, l'atrophie des compétences et la diminution de la demande interentreprises et de la demande des consommateurs pour les produits nationaux. Après des décennies de désinvestissement, ni des droits de douane plus élevés ni des subventions généreuses pour les investissements fixes ne peuvent provoquer un miracle soudain dans les « ceintures de rouille » américaines. Les nouvelles usines prometteuses soutenues par le CHIPS and Science Act ou l'Inflation Reduction Act sont toujours éclipsées par le déclin d'autres centres manufacturiers, où les grandes entreprises continuent de menacer de délocaliser des activités déjà réduites. Tout cela malgré l'ambiance protectionniste qui règne à Washington. Le problème n'est nulle part aussi aigu que dans la très importante Pennsylvanie. L'ancien géant industriel est un indicateur de la baisse de la part du produit intérieur brut de la région et du déclin de la population, dû à l'émigration et aux décès dus au désespoir. Dans les régions plus rurales, les pics d'inflation ont été plus élevés que la moyenne nationale, une tendance qui s'est étendue du Sud au Nord-Est postindustriel. Son impact a sans aucun doute renforcé le sentiment d'impuissance des ménages ruraux, qui ont tendance à payer plus cher leurs produits d'épicerie et autres produits de première nécessité.
  24. https://thediplomat.com/2024/09/chinese-fm-criticizes-us-missile-deployment-in-the-philippines/ (30 septembre 2024) À la fin de la semaine dernière, le tabloïd d'État chinois Global Times a publié un article reprenant, de manière colorée typique, les affirmations de Pékin selon lesquelles le système de missiles ne pourrait qu'accroître les tensions avec la Chine. « À l'heure actuelle, les Philippines croient que les États-Unis leur offrent des bonbons, mais ce qu'ils leur offrent en réalité est toxique, empoisonnant les relations des Philippines avec la Chine et d'autres pays de la région, et sapant la paix régionale ».
  25. https://thediplomat.com/2024/09/tuvalus-water-woes/ (28septembre 2024) Avec une population d'environ 11 200 habitants, [Tuvalu] est le quatrième plus petit pays du monde en termes de masse terrestre, dépassant seulement la Cité du Vatican, Monaco et Nauru. Le point le plus élevé au-dessus du niveau de la mer de cette nation corallienne de faible altitude est de 4,5 mètres, ce qui fait de Tuvalu l'un des premiers pays à disparaître en raison de l'élévation du niveau de la mer. Étant donné l'absence de sources naturelles d'eau douce dans le pays, la collecte des eaux de pluie est la pierre angulaire de l'approvisionnement en eau de Tuvalu. Les limites de la capacité des réservoirs d'eau deviennent particulièrement évidentes pendant les périodes de fortes pluies, lorsque tous les réservoirs sont pleins et que l'eau excédentaire ne peut pas être collectée. Le développement de l'infrastructure de collecte des eaux de pluie renforcera la résistance à la pénurie d'eau. Le projet d'approvisionnement en eau et d'assainissement de Funafuti (...) dotera Funafuti d'une série de ressources, dont une usine de dessalement de l'eau de mer par osmose inverse, une station de pompage de l'eau, deux réservoirs surélevés de stockage de l'eau potable, un réseau de distribution d'eau par canalisation de 17 kilomètres et au moins 400 raccordements à des compteurs d'eau pour les ménages dans ses sept villages. Cependant, pour parvenir à une véritable équité dans l'accès à l'eau, il est impératif d'étendre des ressources et un soutien similaires aux îles périphériques.
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