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Pol

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Tout ce qui a été posté par Pol

  1. Le jour ou on se prendra un truc sur un navire car le responsable aura préféré économiser un missile, on verra les réactions et on verra comment l'affaire se passera. Cela me rappel l'avant Uzbin, ou les manières de faire, les procédures et les manques étaient acceptés tant que tout allait bien. Puis après, c'est "pourquoi nous n'avons pas de drones ? pourquoi nous n'avons pas fait de la reconnaissance au préalable, pourquoi le renfort aérien a été si long (d'autant plus qu'il était américain), pourquoi on a envoyé les gars à pieds et ou étaient les appuis? Oui mais comprenez ce ne sont que des types en sandalettes, on ne va quand même pas engager pleins de moyens contre ça..." Cela me rappel également cette vidéo en Syrie ou en Irak ou un SVBIED s'approche d'une position ou on avait des types de la coalition et de leurs alliés? Là ou tout le monde cherche à l'arroser avant un tir Milan qui va le louper (...), cette tension qui monte avant qu'un Javelin des forces américains élimine la menace. L'écart entre une bonne décision et une mauvaise tient souvent qu'à un cheveux. Vouloir utiliser le canon c'est de facto accepter que la menace approche, c'est accepter le risque de louper la cible à un moment ou vous n'aurez plus le temps de répondre. Derrière un écran il est toujours facile de faire les comptes une fois qu'un événement est passé. Si un jour on (ou un autre pays) s'en prend un car le responsable aura voulu "économiser" un missile, croyez moi que les critiques fuseront et on aura beau dire "qu'on l'a déjà fait avant et tout s'était bien passé", ben ce discours ne passera pas. On doit peut-être tirer 1 missile par mois en moyenne, ce n'est pas beaucoup. Je ne dis pas, au début de l'opération, on pouvait craindre de voir un rythme soutenu voir exponentiel d'interceptions de ce genre, là oui on pouvait s'inquiéter de la consommation de missiles et au risque de vagues saturantes venant des Houthis. Mais il faut le dire, la crainte de voir nos navires pris pour cible par des dizaines de missiles/drones, si on pouvait s'en inquiéter au début, ce n'est pas vraiment la tendance de ce conflit. Pour les Houthis, la réalisation d'une attaque importante (plus de 10 engins) semble demander un effort important, une préparation importante, ils ne font pas cela tous les jours. Depuis quelques mois, il y a plus à commenter sur les frappes qui se font sur les Houthis au Yémen ou sur les drones US abattus qu'il n'y a d'attaques en mer rouge. Le conflit change petit à petit de dimension, car sur la phase maritime, le trafic civil évite la zone et les Houthis ne semblent pas du tout en capacité de prendre l'ascendant sur la force militaire navale déployée. Il est plus simple d'envoyer un drone sur un navire marchand que d'en envoyer sur un navire de guerre. Je pense que côté américain on se prépare à soutenir une opération militaire au Yémen pour reprendre le littoral (avec la ville/port d'Hodeida en P1), ceci via les forces locales. Mais pour en revenir à la France, le problème encore une fois, ce n'est pas de balancer un missile qui coûte 1 million une fois par mois contre un drone (on pourrait presque faire passer cela comme un entrainement), mais c'est surtout que nous n'avons pas un grand stock. Si ce stock est faible, ce n'est pas que le missile est exceptionnellement coûteux et qu'on ne peut pas se permettre d'en avoir plus, c'est juste que pour faire des économies de bouts de chandelles (comme partout ailleurs) on a voulu avoir juste ce qu'il fallait. Le vrai problème est là, celui d'avoir les stocks de munitions, celui d'avoir une industrie capable de produire rapidement.
  2. Sauf que nous ne sommes pas à l'entrainement. En réel on doit s'assurer de l'interception pour éviter un loupé. Ici le drone a été abattu, c'est bien. Le jour ou on s'en prendrait un sur le navire (ça ne va pas non plus le couler), si l'excuse était d'éviter de tirer un missile Aster en préférant utiliser le canon, ben il y a des têtes qui vont sauter, un scandale qui va émerger et toutes les personnes qui prétendent qu'il faut faire des économies avec les missiles qui feront un week-end prolongé dans le silence. Nous ne sommes pas à balancer des dizaines de missiles par jour non plus. Il faut peut-être mettre d'autres choses en parallèle. A force de croire que les Houthis contrôlent le Yemen, on oublie que ce pays est un pays en guerre civile avec d'autres forces en présence. https://www.firstpost.com/world/yemeni-govt-preparing-80000-soldier-push-against-houthis-us-support-likely-report-13879653.html
  3. Cela surprend? L'intervention israélienne est assez lisible depuis le début. Contrôler l'ensemble de la bande de Gaza en créant un no man's land avec sa frontière, en allant prendre le contrôle de la frontière avec l'Égypte puis arriver à "vider" l'enclave d'une grande partie de sa population. On regarde l'Égypte mais ça pourrait se faire ailleurs (Syrie, Jordanie...). Les israéliens sont méthodiques dans la destruction de la bande de Gaza. J'invite tout le monde à regarder sur google earth/map les photos de la zone, beaucoup datent de décembre 2024 pour la partie nord. Les destructions sont colossales, invivables. Il n'est même pas concevable d'imaginer une reconstruction (qui va payer pour cela?). Le Hamas là-dedans, il devient un fantôme, ceux qui s'imaginaient ou s'imaginent encore qu'il va se refaire et deviendra plus fort qu'avant sont totalement déconnectés de la situation. On n'est plus sur une opération type "plomb durci", comme dans le passé. D'ailleurs depuis qu'on ne voit plus les quelques actions du Hamas contre les forces israéliennes, ce sujet semble moins intéressant pour certains... Avec Trump, Israël a presque une carte blanche pour pousser son opération sans contraintes. Ils reçoivent les bombes que Biden bloquaient. Le Hamas n'est plus une menace pour Israël, le Hezbollah a lui aussi grandement été bousculé, Assad s'est effondré et depuis Israël a éliminé une grande quantité de matériels en Syrie qu'on peut qualifier "d'importants" en plus d'avoir pris le contrôle d'une partie du territoire le long du Golan. Israël n'a plus cette menace d'une guerre sur plusieurs fronts qui iraient diviser ses forces. Cette menace était dissuasive dans le scénario d'une intervention contre le nucléaire en Iran. Pas étonnant que ça s'active en ce moment et le risque d'une intervention militaire devient une réalité, les américains préparent et vont appuyer les israéliens pour une frappe. Un Thaad et 2 batteries de Patriot ont été envoyés en Israël il y a quelques jours. Les bombardiers autour de Diego Garcia sont aussi à analyser, 2 porte-avions qui s'entrainent en ce moment sur les Houthis, il y a ce qu'il faut pour un raid si les négociations n'aboutissent pas sérieusement sur un accord.
  4. La stratégie russe est à l'offensive, la stratégie ukrainienne est à la défensive. Il faut comprendre l'intérêt de chacune de ces stratégies. L'objectif d'une stratégie offensive, c'est d'avancer, l'objectif d'une stratégie défensive c'est de fixer l'adversaire pour l'user (car le défenseur a toujours un avantage sur l'attaquant). Dans cette configuration, il est logique et normal de voir avancer les russes à des endroits. Pour celui qui cherche avancer, le gain c'est le terrain. Pour celui qui défend, le gain c'est l'épuisement adverse, le terrain est utilisé à son avantage et s'il n'est plus ou pas avantageux, on recule sur une meilleure position. Donc la notion de qui avance ou recule ne doit pas être l'élément qui dicte de celui qui gagne ou qui perd, ni ne détermine l'état du rapport de force et de la finalité de la guerre. Depuis des mois, le pari du Kremlin c'est un gros effort offensif pour maximiser la possession territoriale dans l'idée qu'après la phase de négociations de l'ère Trump, on aura une fin de guerre imposée dans laquelle au pire ils maintiendront les acquis. Côté ukrainien on a sans doute fait le pari d'économiser les forces en vue de cette phase de négociations mais avec l'idée que ça n'aboutira à rien et que la guerre continuera, qu'il faut donc se tenir prêt. Quand on analyse la situation avec sérieux, on constate que les russes dans leur stratégie offensive sont très limités. On peut répéter à l'envie "ils avancent de partout", dans les faits on est loin d'être partout, on reste sur quelques points qu'on regardera à la loupe. Il faut un peu prendre ses distances avec les divers bloggers qui vont vous colorier des cartes, expliquer avec d'immenses flèches les diverses offensives et expliquer leurs interprétations. Il y a 2-3 ans, quand on évoquait la stratégie offensive russe, quand on regardait une carte on voyait les villes comme Kharkiv, Odessa, Kherson, Sumy, Zaporijia ou même Kiev en objectif de conquête. Aujourd'hui on sait tous que c'est inatteignable, peu importe que l'ambition demeure, les moyens d'y arriver ne sont pas là. Il fallait regarder plus petit. On regardait alors une carte à une autre échelle, l'objectif c'était les villes de Slaviansk ou Kramatorsk car on a fait un gros zoom ou on est passé d'une carte de l'Ukraine à une carte du Donbass. On sait aujourd'hui que pour y arriver ce serait très compliqué et très long, que même là on est déjà très optimiste. Il fallait regarder encore plus petit. Aujourd'hui quand on regarde une carte du Donbass, on va regarder des villes encore plus petites comme Pokrovsk et même là on peut s'interroger sur les capacités des russes à y arriver. C'est pour cela que ceux qui veulent se rassurer sur les capacités russes ont depuis quelques temps pris une toute autre habitude. En effet à force de zoomer et à force de chercher des avancées russes parfois ridicules, la carte du Donbass s'est transformée en plusieurs cartes qui va permettre de donner l'impression que les russes avancent de partout. On ne se rend même plus compte qu'on parle parfois de la prise d'une lisière d'arbres, d'un carrefour ou de quelques habitations. Les bloggers et autres vont donner une importance presque stratégique, imaginant ensuite des scénarios qui jamais ne se produisent (percées, effondrement, encerclement ou je ne sais quoi). Les offensives dont on parle, c'est 4 véhicules russes qui font les suicidaires sur un point ou 15 jours plus tôt 4 autres véhicules ont tentés la même manoeuvre, peut-être que ça passera cette fois-ci et ensuite faudra refaire la même chose 100m après. Mais parfois on a l'impression qu'on parle de divisions ou de corps d'armées (...) tant on leur donne de l'ampleur. Un petit clash sur une partie de front, on va y mettre une grosse pastille donnant l'impression sur une carte que les russes sont à l'offensive sur un tas d'endroits, mais dans la majorité des cas, on parle d'une situation sur un front qui ne bouge pas. Je l'ai déjà dit plusieurs fois, bien souvent on est dans une analyse à la hauteur d'un CDU, pour des objectifs qu'on va assigner à un CDS. C'est logique dans ce genre de situations que vous pouvez voir des ukrainiens (en posture défensive) mener des offensives, car on est dans un niveau de responsabilité très bas, sur des objectifs très locaux. Mais ces offensives ukrainiennes ne sont pas à traiter comme une stratégie offensive, ils restent dans une logique de défense de zones. Il y a des zones ou les russes sont bloqués depuis des mois, si ce n'est des années alors qu'ils y mettent les moyens et qu'ils sont à l'offensive. Là on parle seulement des multi-cartes du Donbass. Les offensives russes ne sont pas plus importantes car ils n'ont tout simplement pas les moyens. Il a très clairement été donné l'ordre général de chercher à avancer pour maintenir une pression, mais en dehors de certains points ou il y a un réel effort fournis, ailleurs on a des "petits" chefs qui vont peu de moyens mais à qui doivent quand même rendre des comptes sur leurs activités. C'est donc un CDS qui pendant 3 semaines va bricoler localement, artisanalement 3-4 blindés à sa disposition en mettant du surblindage, des cages et d'autres éléments pour aller ensuite essayer de prendre une position à l'ennemi avec une trentaine d'hommes. Réussite ou pas, c'est ce que ses chefs attendaient de lui. Faut pas croire que derrière ça vous avez 10 divisions en attentes pour voir ou se trouve la faille, il n'y a tout simplement rien derrière et c'est pour cela que même quand parfois ça va réussir à prendre une position, il n'y a rien qui est vraiment exploité derrière, un lieutenant passera peut-être capitaine avec une médaille, voilà tout. Cela parait con mais c'est ça. Quand on voit que leur offensive du côté de Kharkiv n'a pas donné grand chose, que la concentration de leurs forces a donné aux ukrainiens les moyens d'entrer en territoire russe et d'en contrôler une partie pendant des mois, amenant Moscou à réorienter son effort et même à devoir appeler les coréens en renfort, je pense qu'il est bon de revoir un peu sa copie sur l'aisance militaire russe et de ses capacités offensives. Car plus le temps passe, plus on a l'impression qu'avancer en territoire ukrainien ne se fait pas sans conséquence sur le potentiel global de l'armée russe à maintenir cette posture offensive sur la durée. Plus le temps passe plus on semble réduire les objectifs réalistes et atteignables pour eux. Le risque du pari russe, c'est que les négociations n'aboutissent pas à la fin de la guerre. Que ses efforts pour bien se positionner en ce moment, que ce soit en terme de possessions territoriales et de posture (je suis celui qui avance) ne puisse pas tenir sur la durée. Cela ne veut pas dire que l'armée russe va s'effondrer et que les ukrainiens finiront à Moscou dans 1 an, mais que les russes ne soient plus en capacité militaire de se tenir en position offensive ou que cette position amènerait à une fragilisation d'ensemble exploitable par l'adversaire. C'est ainsi alors que de nouvelles négociations ultérieures amènerait la Russie à devoir faire des concessions contrairement à aujourd'hui ou elle pense être en position de ne rien donner pour arrêter la guerre.
  5. Comme d'autres ont répondus, il faut comparer le comparable. Dans un pays dont l'exportation de pétrole représente l'alpha et l'oméga de son économie, une chute des prix va profondément perturber toutes les finances, toutes les dépenses du pays. Autant ça peut être la poule aux oeufs d'or autant ça peut devenir une cruelle dépendance. La Russie est un peu dans ce cas là, faut pas croire, il n'y a jamais eût un miracle économique lié à Poutine, ce dernier a juste profité d'une envolée du prix du pétrole (et d'un renforcement du dollar) au début des années 2000 comme bien d'autres pays. C'était quoi Dubaï il y a 25 ans? C'était quoi l'Arabie saoudite au niveau financier? Le Qatar et tous les autres. Faut bien comprendre que tous ces pays ont connus la même ascension économique au même moment, ce n'est pas Poutine qui a redressé l'économie russe, c'est bien le marché pétrolier qui lui a donné l'argent pour pouvoir sortir de l'ornière et réaliser des choses (comme partout ailleurs). Un pays comme les USA, il n'y a pas une dépendance à l'exportation pétrolière. Une baisse du prix du marché va peut-être s'avérer une mauvaise chose pour le secteur d'extraction pétrolière, mais cela va s'avérer une excellente chose pour tous les consommateurs. Dans ce pays il y a sans doute plus de gains liés aux économies réalisées par la consommation que de pertes liées à la production/vente. Ajoutez une politique protectionniste et vous aurez un système qui à coup de taxes et de subventions permettra d'atteindre un équilibre ou le consommateur américain ne tirera pas pleinement avantage d'un prix bas comme on pourrait le voir chez des pays exclusivement importateurs (Europe...) mais ou la production se maintiendra à flot. Ajoutez aux USA un m'enfoutisme très Trumpien de l'environnement ou d'autres contraintes qui pouvaient limiter les rendements, on pourrait voir là aussi une baisse du prix à l'extraction. Il y a des techniques qui évoluent en parallèle, les techniques pour extraire le gaz de schiste il y a 10 ou 15 ans ne sont plus les mêmes qu'aujourd'hui. La Russie comme les autres pays exportateurs qui de base fait déjà bénéficier à l'intérieur d'un faible coût des énergie (prix du gaz ou à la pompe) ne vont pas compenser les pertes, ne vont pas tirer avantage chez le consommateur. Au contraire, pour compenser un revenu étatique trop important, on pourrait voir une hausse du coût de l'énergie chez le consommateur russe. Autre élément à prendre en compte, c'est bien de regarder le prix du baril, mais il faut aussi prendre en compte la valeur du dollar. Hors on est et on va entrer dans une période ou le dollar va perdre en valeur. Une histoire de marché, d'inflation. Donc 60$ d'il y a 20 ans, ce n'est pas les 60$ de maintenant ni peut être les 60$ dans 2 ans. De toute façon, on va avoir droit dans les temps à venir de fortes modifications de valeurs sur les différentes monnaies à travers le monde. Les pays producteurs (OPEP+) de pétrole risquent eux aussi d'entrer dans une confrontation. Si depuis un moment ils se mettent d'accord pour réduire l'offre, il y a de fortes chances qu'on entre bientôt dans une logique ou on va vouloir la plus grande part de marché, donc qu'on va produire le maximum pour vendre le maximum dans l'espoir de tuer la concurrence. Ajoutez à cela les choix géopolitiques et vous comprendrez que la Russie n'est pas dans une très bonne situation peu importe qu'elle possède du gaz ou du pétrole, car l'important c'est de pouvoir le vendre à bon prix. Les projets en arctique et ailleurs, ça va nourrir les ambitions du Kremlin, mais dans les faits, pour exploiter tout cela, les russes ont besoins de sociétés étrangères comme Total, Exxon et d'autres qui ont le savoir, les technologies pour pouvoir extraire et rentabiliser tout ça. Il n'y a pas en Russie de telles entreprises, Gazprom ou Lukhoil ils sont principalement des exploitants, des transporteurs, distributeurs. Ils vont avoir quelques compétences pour trouver et extraire le pétrole "facile d'accès" (comme on peut en trouver chez les chinois) , mais pour le reste, ils ont besoin des grosses sociétés étrangères (comme partout dans le monde). On sait qu'en Russie, le pétrole et le gaz facile d'accès (donc à bon profit) deviennent de moins en moins présents, qu'on se rapproche de plus en plus d'une situation à l'américaine ou il faut aller très profond, faire de l'offshore (arctique) ou devoir réaliser de gros investissements dans des zones difficiles d'accès ou instables (gel/dégel, marécages...)
  6. Quand on mène une campagne contre le système, qu'on se dresse contre le système, qu'on cherche à combattre le système, il ne faut pas s'étonner qu'une fois au pouvoir, le système est mis à mal. Le problème c'est que le système mondial actuel est celui du système américain, c'est cette mondialisation, c'est ce commerce massif, ce capitalisme financier. Tout le monde l'exploite, tout le monde s'y adapte, tout le monde en tire son profit même dans les pays qui prétendent lutter contre le système américain. Que ce soit les chinois communistes qui vont tirer leur force dans le commerce, les russes qui sont bien content d'avoir un "marché" du pétrole en dollar qui permet de s'en mettre plein les poches.
  7. Je pense qu'après tout ce qu'on a vu depuis le début de cette guerre (3 ans!) il va falloir un peu mettre de côté cette idée que la Russie peut faire ce qu'elle veut et que si elle ne le fait pas, c'est parce qu'elle l'a décidé ainsi. Au bout d'un moment faut comprendre que la Russie ne peut pas faire ce qu'elle veut mais qu'elle fait ce qu'elle peut. Les russes ont des moyens limités qui les ont déjà plusieurs fois amenés à devoir se retirer pour pouvoir concentrer des moyens permettant de mener des offensives. Ce ne sont que dans ces zones d'actions, sur la ligne de front, que les russes peuvent se permettre de réduire des villes en ruines. Mais nous l'avons constaté de nombreuses fois, malgré la concentration de moyens, le processus est extrêmement long, consommant extrêmement de moyens, de munitions pour des résultats qui parfois se font encore attendre à de nombreux endroits. Si en 2022 on regardait Severodonetsk (et la zone autour) recevoir 50 000 obus par jour côté russe, la réalité c'est qu'actuellement les russes ne sont plus du tout en capacité de balancer ça la sur une autre ville aujourd'hui. C'est comme ça depuis le début, les russes vont concentrer un effort destructeur sur un seul point, non pas qu'ils ont pitié du reste, mais parce qu'ils ne peuvent pas faire la même chose partout. Le temps qui passe ne voit pas la Russie augmenter son pouvoir destructeur. C'est comme les bombes planantes, il y en a peut-être des milliers qui sont utilisées, mais c'est toujours très concentré sur les zones ou il y a le territoire russe qui permet à l'aviation d'être en sûreté relative. Ils vont balancer des milliers de bombes mais ça reste toujours sur 2 ou 3 points du front et souvent ce sont de petites villes. Sauf qu'on peut encore une fois s'interroger sur la finalité de la chose, comme à Vovchansk (offensive russe sur Kharkiv), ville que les russes s'efforcent de bombarder et de raser depuis un an mais ou ils n'avancent pas. Comme c'est également le cas du côté de Pokrovsk, ville qu'on annonce presque déjà comme perdue depuis des mois alors qu'on voit bien que les russes patinent et sont loin de pouvoir se permettre un nouveau Bakhmut. Les russes pour reprendre la zone de Koursk ont été contraints d'alléger leurs efforts ailleurs, même si au début on disait que ce n'était pas le cas. Ils ont été faire appel à des milliers de coréens même si au début certains voulaient y voir des sibériens derrière leurs yeux bridés. Il y a un mal fou pour certains d'admettre que les russes ont des limites, que leur potentiel militaire ne s'accroit pas dans ce conflit et qu'ils sont contraints à de nombreux choix pour raisons capacitaires. Comment peut-on donc imaginer que les russes se retiennent de raser des villes comme Kharkiv, Odessa, Sumy ou autres quand ils galèrent déjà à raser de petites villes sur le front dans une zone ou ils concentrent déjà leurs moyens pour pouvoir justifier "d'avancées" ? De petites villes qui dans bien des cas encore ne sont même pas prises et ou derrière vous avez des villes X fois plus grandes ou on se dit que la répétition du processus se fera en X années car la densité de feu diminue. Nous l'avons observé avec l'artillerie, on commence à l'observer avec les bombes planantes que certains cherchent à expliquer par le brouillage ou je ne sais quoi. Mais le brouillage va seulement perturber la précision, pas la quantité. Les russes ne vont pas raser des villes comme Kharkiv ou Kiev par l'intermédiaire de drones shahed dont l'explosion va détruire 1 ou 2 appartements dans une tour d'habitations. Car ce sont bien ces drones et non des missiles qui font la quantité des projectiles envoyées loin des lignes de front. Même en concentrant sur une seule grande ville l'ensemble des drones/missiles envoyés en profondeur en Ukraine, il faudrait des années avant d'envisager la raser. C'est sans compter les interceptions, les échecs de ciblages, le brouillage, les échecs. Les russes ne peuvent pas faire évoluer leur aviation comme ils voudraient, ils ne peuvent pas non plus faire des miracles avec une artillerie dont la portée est limité. Ne parlons pas de l'usure général de l'outil militaire, du potentiel des aéronefs à celui des tubes d'artillerie. Il doit y avoir un grand nombre de matériels inaptes, indisponibles, en maintenance que les russes (tout va bien) ne communiquent pas. Quand il y a parfois de grosses vagues de missiles tirés, c'est déjà le résultat d'une grande phase de préparation, de remise en état, ça ne se fait pas tous les jours. S'ils avaient les moyens de le faire tous les jours ou de faire plus, ils le feraient. La plupart des ciblages en profondeur, d'un côté comme de l'autre se font très certainement par un renseignement émanant de l'open source et non de moyens militaires. En d'autres terme, beaucoup de cibles proviennent très certainement de la simple observation de google map sur laquelle on vient identifier un truc intéressant à frapper. C'est pour ces raisons que des deux côtés les cibles visées sont généralement des cibles "civiles", entendons par là de l'infrastructure civile que vous et moi pouvons également trouver sur google map. Nous ne sommes pas dans un circuit ou la programmation d'un Shahed se fait sur une prise photo par satellite, par l'analyse de cette photo, puis de l'identification d'un point d'intérêt qu'on viendra reconfirmer avec d'autres photos sur une certaine durée, puis encore d'une photo satellite pour confirmer la destruction. On est loin de tout ça Donc les russes ne font pas plus qu'ils ne font aujourd'hui car ils ne peuvent pas faire plus, ce n'est pas une décision, une retenue, c'est juste une limite capacitaire. Hormis entrer dans le spectre du nucléaire, avec lequel ils jouent maladroitement car cela ne fait que confirmer la limite conventionnelle de leurs moyens. La Russie n'a pas une armée du tiers monde, elle n'est pas sans moyens et sans capacités mais elle n'est pas du tout en position de faire ce qu'elle veut et comme elle le veut. Ce n'est pas possible sur l'Ukraine, ça l'est encore moins face à l'Otan. Le problème c'est la folie des grandeurs qu'il y a dans la tête des dirigeants et de nombreux russes. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas donner une illusion de réussite ou de victoire aux russes sous peine de leur donner un gain de confiance qui va confirmer une ambition guerrière et conquérante. Que ce soit un nouvel épisode en Ukraine ou ailleurs. On en revient comme souvent à l'époque nazie (pour rester dans la propagande russe) qui voyait des nations offrir à Hitler ce qu'il voulait en espérant satisfaire ses préoccupations, évitant ainsi la guerre. Sauf que derrière cela n'a fait que renforcer son ambition. La folie des grandeurs amène à des actions insensées car on se considère comme le plus fort et celui qui au final gagnera. C'est ainsi pour les actions militaires de Poutine, il en est de même pour les actions commerciales de Trump.
  8. Trump est un investisseur dans la pure tradition capitaliste. Sa vision est celle de l'opportunisme. Il est en mode "j'écrase la concurrence" pour la remplacer, la racheter, l'exploiter en position dominante. Il est le genre de types qui va travailler derrière des tableaux de chiffres, derrière des graphiques comme certains traders. Il ne voit qu'une logique de chiffres, il ne cherche pas à vendre une vérité ou quoi que ce soit, dans sa tête c'est la loi de l'offre et de la demande, celle de l'importation et de l'exportation, celle de l'investissement. Faut pas croire, en ce moment il y a un grand nombre de personnes qui se frottent les mains de voir les marchés s'effondrer, de voir les difficultés, de voir ces droits de douanes, ces gens ne voient que des portes qui s'ouvrent pour tirer avantage de la situation. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Trump va voir un déficit commercial et il ne va pas chercher le détail. Pour lui, réduire l'offre étrangère va pousser la demande intérieure à se tourner vers un produit US et s'il n'y en a pas, les investisseurs se chargeront d'amener l'argent pour le réalise sur le sol US. C'est très basique et simpliste comme idée, mais c'est ce qui se passe, c'est du protectionnisme pour les nuls, celui qui est assimilable par le petit peuple à qui on va demander de se taire, de serrer les dents car ça ira mieux demain. Le problème c'est que cette idée, quand on l'a fait de son côté, elle ne peut que fonctionner, car effectivement, malgré des perturbations à court terme, sur le long terme on remplacera l'offre étrangère par une offre intérieure et on finira sans doute par l'exporter derrière. Sauf que le problème c'est qu'on néglige ou qu'on ne veut pas voir les répliques étrangères. Car oui ce serait trop beau que les USA puissent continuer à exporter et satisfaire une demande étrangère tout en jouant seulement sur une diminution des importations. Pourquoi vous croyez qu'ils sortent des tableaux ou ils veulent essayer de faire croire que leurs taxes seraient inférieures à ce qu'on ferait avec des chiffres sortis de nul part? Ils veulent juste éviter qu'on réponde sur les importations de produits américains. Laissant croire qu'ils sont "gentils" dans leurs taxes et laissant planer la menace d'une augmentation si on ne se laisse pas faire. C'est un processus de guerre commerciale, celui de la surenchère des USA face au reste du monde. Généralement on va faire cela contre un pays en particulier, ou on va viser un secteur particulier qu'on va souhaiter protéger ou renforcer dans son pays. Le cas des voitures importées (pour faire plaisir à Musk et Tesla?...) c'est un truc qui est sensé comme protectionnisme, ça vise un truc en particulier, l'effet est absorbable mais il se passera quand même des années avant d'en voir le bénéfice. Là on est dans une dimension du déraisonnable car il est global et contre tous. Alors oui, les USA sont une superpuissance économique, oui ils peuvent avoir le melon, mais si on voudrait foutre en l'air ce pays qui s'est construit justement grâce à ce système (mondialisation), on ne s'y prendrait pas autrement. Les américains s'isolent totalement en espérant que c'est la voie vers un âge d'or. Tout le monde va en souffrir et c'est bien possible que ça amène à de problèmes qu'on sous-estime encore beaucoup, pas seulement du point de vue économique. Car dans le même temps aux USA, on est dans une sorte de destruction du système intérieur, d'une chasse aux sorcières. Le problème c'est que ce qui est certain, c'est que sur le court terme il n'y aura pas un avantage économique à espérer. Ce ne sera que de l'inflation, problèmes et autres. La propagande fera son effet, les discours et les positions de Trump continuera de satisfaire sa "base" de soutien, sauf que ça ne va pas suffire à convaincre ceux d'en face ou ceux qui ont votés pour lui sur l'instant, parfois "pour voir". Tous ne voudront pas attendre 10 ans pour voir s'il avait raison.
  9. Ben sa stratégie est simple, donner aux Russes ce qu'ils veulent pour soulager la souffrance des Ukrainiens...
  10. Moi cela fait plusieurs années, bien avant la guerre que je m'opposais aux gens qui surestimaient les capacités russes, les forces russes, le matériel russe. Forcément pour ceux d'en face, lorsqu'on fait cela, on tombe dans l'extrême ou on serait là à prendre des russes pour des moins que rien, des nuls qui ne peuvent rien faire. Je le disais déjà avant le conflit, l'armée russe n'est pas ce rouleau compresseur qui va tout écraser sur son passage comme un rouleau compresseur, non elle ne va pas prendre Kiev en 3 jours et non elle n'est pas à la hauteur de l'Otan en cas de conflit. Personnellement je n'étais pas de ceux qui ont été surpris de la désillusion russe au début du conflit, je répétais depuis longtemps qu'une aventure en Ukraine ne serait plus la ballade en Crimée de 2014 et que les ukrainiens qu'il faut considérer étaient ceux qui tenaient l'aéroport de Donetsk et non ceux qui restaient l'arme au pied. La suite m'a entièrement donné raison. On oublie (volontairement) l'ambition initiale du Kremlin, de ses objectifs pour croire que la situation actuelle a été recherchée et voulue. Non je le répète, la combattivité des ukrainiens est ce qui a conduit à voir les russes faire retraite de nombreux lieux d'Ukraine, incapable de tenir de multiples fronts en raison de moyens insuffisants, d'une mauvaise stratégie et de tout un tas d'autres choses. C'est cette combattivité qui a contraint la Russie à devoir concentrer ses moyens sur le Donbass pour obtenir localement, sur un petit carré de 50km de côté, une supériorité militaire. On est dans un conflit bien plus équilibré qu'on ne le pense. Peu importe la propagande des uns ou des autres qui va parier sur un effondrement, quand aujourd'hui certains se félicitent presque que la Russie "tienne" face à l'Ukraine, que certains vont vous parler de la prise d'un village de 20 habitations comme d'une avancée majeure alors que hier on parlait de prises comme Soumy, Odessa, Kharkiv, Kiev, je me dis que ces personnes devraient un peu mieux revoir leurs analyses. Car non, la Russie n'est pas dans une position écrasante vis à vis de son adversaire. Je disais l'an dernier qu'avec la perspective de Trump, Kiev et Moscou ont 2 approches différentes. Moscou mise sur une réussite des négociations pour faire plier l'Ukraine (sans concessions), les russes ont donc accentuer les efforts pour gagner le maximum de terrain. Les ukrainiens eux misent sur l'échec des négociations en préservant leur force tout en cherchant à maximiser les pertes d'un adversaire très offensif depuis des mois dans l'optique d'une guerre qui va continuer encore un temps. La question de savoir si les russes n'ont pas un peu trop épuisé leur potentiel (en plus des coréens...) pour se mettre en bonne position aujourd'hui va sans doute se poser dans les mois à venir. J'ai dit qu'on laissera à Trump sa phase de négociations, tout le monde observera, tout le monde cherchera à lui plaire mais qu'au final c'est bien côté russe que ça va coincer, car la Russie cherche une capitulation et ne fera pas de concessions. S'il ne faut pas sous-estimer les forces russes, il ne faut pas non plus surestimer ses capacités en faisant comme si la Russie était en position d'obtenir le beurre et l'argent du beurre car Trump a décidé de faire la paix en 24h comme s'il était celui qui fait la guerre à la place des ukrainiens. J'avais dit que cette position amènerait les européens à se positionner au fur et à mesure que les négociations ne mèneront à rien et que les ukrainiens se tourneront vers eux. Soit les USA finiront par comprendre la situation (qu'ils cherchent à éviter en cherchant leur face à face avec les russes) et ils amèneront sur la table les revendications européennes et ukrainiennes, soit ce sont bien les américains qui s'isoleront sans avoir réglé quoi que ce soit. Et ceux qui disent que sans l'aide américaine, l'Ukraine ne tiendra pas 6 mois, c'est à dire ceux qui en vérité le souhaite, verront qu'en fait la guerre peut encore continuer bien longtemps dans la situation actuelle. Dans la guerre, l'usure c'est aussi le temps et un pays agressé aura toujours une volonté de tenir plus grande que celui qui agresse et qui doit perpétuellement trouver des raisons pour justifier la prolongation de la guerre.
  11. Ce mode de raisonnement n'existe pas, il s'agit d'un parti pris que certains assument et que d'autres n'assument pas. Depuis le début de ce conflit je le répète, c'est comme cette attitude "relativiste" qui va placer la Russie comme une quasi victime de cette guerre, un pays qu'il ne faut pas critiquer, un pays qu'il faut "comprendre" et "satisfaire" pour que tout se passe bien. Bien entendu c'est répété par la propagande, une propagande qui depuis des années se dit "alternative" et comme tout ce qui se veut anti-système cherche ses alternatives, faut pas s'étonner que le camp Trump baigne dedans, sans vraiment comprendre ses racines. Se positionner contre l'Ukraine revient à se montrer contre le système, contre l'ancienne administration. La Russie profite de cette position anti-système et cela fait des années également qu'elle surfe dessus chez nous, les anti-américains, les anti-européens, ils portent tous un regard "complaisant" ou "opportuniste" avec la Russie. Le hasard n'existe pas. Dans cette guerre, on a une victime, l'Ukraine, on a un envahisseur que je préférerai nommer le Kremlin plutôt que la Russie. Si on a des principes légitimes, il n'y a pas à "choisir" un camp comme si on soutiendrait telle ou telle équipe dans un matche de foot. C'est tout naturellement l'agressé qu'on va soutenir.
  12. Ben c'est du surblindage. Il y a la caisse + le blindage de base sur lequel on va fixer les 2 supports qui vont faire tenir les plaques additionnelles Tu pensais qu'il y avait 15cm d'épaisseur? Une plaque reste une plaque. Au-delà on peut y mettre le kit anti-RPG C'est juste que l'absence des divers coffres va un peu perturber la vue.
  13. Le contrat opérationnel n'a pas changé et il reflète notre format et nos capacités actuelles. Mais il ne faut pas se leurrer, il n'y aura pas une réelle massification de l'armée de terre car le problème reste la ressource humaine. On est déjà aujourd'hui dans une situation compliquée pour recruter et maintenir les effectifs. Qu'on va renouveler nos équipements, oui. Qu'on va densifier et reboucher certains trous présents depuis des années, oui. Qu'on va se doter ici ou là de capacités supplémentaires, oui mais ça restera très fortement liées aux limites humaines. Je l'avais déjà dit ailleurs, l'argent qu'on va avoir en plus ne va pas créer plus de vocations, donc ne va pas permettre de créer de la masse. Il sera plus simple d'acquérir un avion à 100 millions qui au final va nécessiter 5 ou 6 personnels supplémentaires que d'acquérir 1000 blindés pour le même prix dans lesquels on ne pourra pas recruter les 10 000 hommes à mettre dedans. C'est pour ça qu'il faut bien réfléchir aux listes de père noël en ayant toujours la limite humaine comme limite, bien avant l'argent. On va donc pouvoir obtenir des capacités supplémentaires qui nécessiteront peut-être quelques centaines voir quelques milliers créations de postes en plus, mais on ne va pas créer de la masse. On va même continuer à "transformer" des postes ou redéfinir certains changements. J'évoquais plus haut un la création d'un groupe drones dans les sections d'appuis, mais on pourrait bien voir la transformation du groupe sur mortier de 81mm être ainsi transformé. Sans la conscription, la masse n'est tout simplement pas possible. Le politique peut avoir un levier financier, il n'aura jamais le levier sur la volonté des français à s'engager. Maintenant si on décide de rétablir la conscription, on analysera les choses différemment et on pourra très bien se dire qu'on va s'acheter 12 000 blindés pour y mettre 100 000 combattants pour avoir du volume à déployer au sol. Sauf que rétablir la conscription amènera un immobilisme militaire qu'on peut évaluer à presque 10 ans, car il faudra construire toute l'infrastructure, repenser l'organisation, utiliser les professionnels pour l'encadrement, prévoir les équipements etc. Les conscrits c'est aussi une masse qu'on ne va pas utiliser à l'envie dans des conflits extérieurs au pays. On sera dans la même situation que durant la guerre du Golfe, sur le papier on est nombreux, mais pour la projection, on va galérer à monter une division. Ce n'est pas parce que c'est plus haut qu'une marche d'escalier qu'il faut considérer cela comme un problème. Il est plus facile de monter/descendre cette rampe (vous ne la faîtes pas 100 fois dans une manip) que de monter à l'arrière d'un VAB ou d'un BMP. C'est moins haut que la rampe du VBCI. Elle n'est pas non plus glissante si elle est mouillée ou qu'il y a de la boue, c'est recouvert d'une surface antidérapante comme sur certaines parties extérieures du blindé. C'est pour cela que j'invite à expérimenter le combat embarqué/débarqué depuis un VAB (plus bas) et depuis un Griffon pour comprendre.
  14. Quand j'évoquais les comparaisons foireuses, je n'ai pas appelé à en faire d'autres. La France n'est pas l'Ukraine, la France n'est pas dans la situation de l'Ukraine, la France ne va pas remplacer l'Ukraine. Prendre ce conflit comme si ça serait la référence qui doit déterminer ce que doit être notre armée et nos stocks, c'est ne pas comprendre la réalité militaire qui est la nôtre. Nous avons un contrat opérationnel qui va nous amener à projeter une force de 15 000 hommes, nos moyens, notre logistique nos stocks vont se baser sur ça. Que l'on juge cela faible, que l'on juge que nous n'avons pas la masse c'est un autre débat. Mais par pitié qu'on arrête de se mettre dans la situation d'autres pays qui ne sont pas du tout dans la même configuration que nous. Vouloir également prendre les chiffres qui arrangent pour élaborer ses calculs c'est un peu n'importe quoi. Il y a des jours ou un canon va tirer jusqu'à 200 fois? Donc forcément on va faire de ces jours la normalité et bien entendu ce chiffre qui émane très certainement d'une situation exceptionnelle pour peut-être 3 ou 4 canons va s'appliquer à l'ensemble des canons du front? Depuis le début du conflit l'Ukraine a reçu peut-être 5 millions d'obus, donc selon tes calculs ils n'ont pût tiré que 225 jours sur 3 ans ? Tout ne reposant que sur 109 canons? Faut arrêter un peu à vouloir comparer les consommations de munitions dans le conflit en Ukraine avec l'état de nos stocks afin de faire croire qu'on ne tiendrait que quelques jours. Nous ne sommes pas dans la situation de l'Ukraine et ce que l'Ukraine va consommer pour 700 000 hommes, ce n'est pas la référence qu'on doit avoir pour se demander ce que nous devons avoir pour une force de 15 000 hommes. Sauf à vouloir faire comme la Russie, c'est à dire envahir nos voisins, nous n'allons pas nous retrouver demain avec une armée étrangère de plusieurs centaines de milliers d'hommes en Champagne comme en 14-18. Comme pour le collègue au-dessus, tu prends en référence les consommations du conflit en Ukraine que tu vas calquer sur notre armée. L'Ukraine, c'était quoi son potentiel de drones au début du conflit? Les drones sont des consommables dont on voit qu'il n'est pas compliqué d'en produire massivement quand il y en a besoin. Il n'y a pas la nécessité d'en faire des stocks énormes comme on le ferait avec des munitions complexes et longues à produire. Restons réaliste, ne prenons pas non plus ce que certains qui sont engagés à fond dans une guerre avec 700 000 hommes avec notre situation ou nous ne sommes pas en guerre et ou nous n'avons pas ce volume d'effectif. J'ai évoqué 2000 "systèmes" de mini drones, c'est à dire que généralement dans un système vous avez déjà 2 ou 3 drones qui permettent de palier des pertes ou d'effectuer des relais (autonomie...). 2000 systèmes ça permet d'équiper 2000 groupes (7 hommes) d'infanterie, c'est à dire de quoi équiper toute l'infanterie avec une dotation initiale. Je pense que la prolifération du drone et de ses possibilités amènera de facto dans les régiments d'infanterie à l'intégration dans la section d'appui d'un groupe avec 3-4 équipes articulé autour d'un véhicule qui mettra en oeuvre un nombre important de drones pour l'observation comme pour la neutralisation (munitions rôdeuses ou drones FPV). Au-delà de ça, on peut penser à en faire de même dans les compagnies d'appuis soit sur le même principe, soit sur un spectre à plus longue distance et avec plus de vecteurs. Avoir ce genre d'équipes permettraient d'intégrer ce qu'il faut dans des proportions plutôt importantes. Comme dit plus haut, il faut avant tout regarder notre situation à nous, notre potentiel militaire et ne pas se laisser absorber par la situation ou les guerres dans lesquelles d'autres sont.
  15. Un APC qui dans une action va ouvrir le feu ne fait pas de lui un VCI, même s'il a un tourelleau. Un APC dispose d'une arme défensive (TTO ou pas), dit d'autoprotection qui va servir à couvrir une action débarqué/embarqué axé autour du groupe d'infanterie. Sa zone d'action se situe dans une zone de danger qui est celle de l'infanterie adverse, c'est à dire celle des armes "transportées" sur homme. Un VCI est un véhicule de combat qui a un armement fait pour engager des cibles d'un niveau supérieur à l'infanterie. C'est un véhicule qui va également transporter de l'infanterie mais qui va resté engagé avec elle. A vrai dire l'infanterie devient plus un accompagnement/complément au VCI dans un environnement ou l'on peut retrouver des blindés adverses. D'où l'intérêt d'adjoindre avec eux des chars ou mêmes des engins comme le Jaguar, des engins destinés au combat avec des capacités anti-blindage supplémentaire. D'où aussi l'importance de maintenir des unités constituées qui vont se compléter. On est là dans un cadre de combats entre blindés Le Griffon va amener la "masse" en infanterie dans un second rideau ou la menace blindée est traitée par nos Leclerc, nos Jaguar nos VBCI et bien entendu par l'appui si possible d'aéronefs. On fait ensuite une sorte d'effet de tiroirs pour avancer permettant la poursuite de la manoeuvre des unités de combats et le "nettoyage/sécurisation" d'une zone arrière (dans le même temps) par de l'infanterie. Parfois le second rideau n'est pas très éloigné du premier et l'action (qui garde toujours un flou) peut réserver des surprises ou des oublis, tel un blindé adverse surgissant au milieu du dispositif car planqué, car problème de reco ou je ne sais quoi. Mais n'oublions pas qu'on ne demandera pas au Griffon de neutraliser cette menace imprévue, pour cela on a de l'infanterie équipée de roquettes/missiles AC. Généralement le Griffon (ou autres APC) va rester sur place comme véhicule de soutien au groupe débarqué, il est un relai de communication, un moyen d'EVASAN, dispose des vivres et des munitions et parfois tout simplement un refuge. Un APC qui va engagé de l'infanterie résiduelle adverse se trouve dans son environnement et dans son niveau de menace pour lequel il a été conçu et pour lequel il peut appuyer le groupe débarqué. Mais cette action de soutien n'en fait pas un VCI. Un véhicule qui fait feu n'est pas de facto un véhicule de combat. C'est pour cela que je dis bien souvent qu'il est avant toute chose, très important de comprendre l'organisation et le rôle de chaque élément dans une armée, en particulier dans notre armée pour éviter des comparaisons foireuses. Car je ne sais combien de fois je vais voir des gens considérer le Griffon ou le Serval comme des véhicules de combats, c'est à dire des véhicules évoluant dans des environnements ou on a de la présence blindée. Mais on a beau le répéter encore et encore, on aura toujours des gens qui vont vous dire qu'un Griffon n'est pas capable de détruire un blindé car n'ayant maximum qu'une 12.7 comme armement, qu'il faudrait du 20 ou 30mm pour pouvoir faire face à des VCI adverses. Mais ce n'est rien comprendre à son emploi, son rôle, ses missions. En Afghanistan comme au Mali, on est dans un environnement ou un APC est suffisant, il est dans son milieu. Ajouter du VCI là-dedans à apporter une puissance de feu ou un blindage supplémentaire, ce n'est aucunement interdit, qui peut le plus peut le moins (l'inverse est moins vrai). Dans un tel environnement (sans menace blindée adverse) on peut jongler sur une composition plus légère, oui on peut alors avoir un dispositif d'infanterie qui tournera uniquement autour du Griffon/Serval avec du Jaguar en accompagnement et de soutien au combat. C'est dans ce genre de situations ou parfois il n'y a même pas un engin comme le Jaguar qui est là, qu'on va avoir de l'infanterie qui sentira un manque de puissance de feu. C'est ainsi qu'on en vient à foutre du T-20 sur VAB et à faire avec des APC des missions qui ne sont pas les leurs. Mais c'est la conséquence d'un manque de moyens (on ne veut pas ou on ne peut pas) mais pas un problème lié à l'APC lui même et son rôle. Par contre dans une autre configuration de conflit, on ne fera pas la même chose et on mettra en place ce que j'ai décris plus haut. La nature des menaces amène à des choix qui détermineront les moyens engagés ainsi que les principes et approches d'engagements. Quand il y a une menace blindée adverse, le Griffon sera derrière le VBCI. Avec Scorpion on entre dans un système de combat collaboratif ou on cherche à exploiter et détecter la menace pour la communiquer par celui qui est le plus à même de le traiter. Mais parler de PROCOLL ou de la réalité augmentée c'est encore un autre sujet. Maintenant on peut se dire que ce serait plus simple qu'il n'y ait que des VCI à la place des APC et je ne dirai pas le contraire, surtout dans une armée pro ou il n'y a pas la masse. Le problème est bien entendu budgétaire et c'est bien pour cela qu'on en est resté avec un modèle inchangée. Nous avons 20 régiments d'infanterie dont 8 sur VBCI. Il reste 12 régiments VAB qui vont passer sur Griffon/Serval. 4 régiments sont paras, 4 sont des BCA. On peut se dire que les régiments paras restent avec des Serval et autres véhicules plus légers. On pourrait se dire que les 4 BCA peuvent s'équiper de VHM et rester avec des Griffon. Mais derrière on pourrait très bien faire le choix de doter les 5 autres régiments de VCI. Cela représente 350-400 blindés. On voit de toute façon qu'en réalité, sur les 4100 Griffon et Serval qu'on va avoir, pour l'infanterie on doit tourner à 700 engins. Même si on transformerait toute l'infanterie (même para) sur VCI on ne dépassera pas les 1300 véhicules dont des sous-variantes pas forcément équipées de la tourelle principale. C'est aussi à prendre en compte quand on cherche à comprendre ou se trouveront réellement les Griffon et les Serval sur le champ de bataille et leur degré d'exposition, les besoins en kits, en tourelleaux etc... Ce volume d'infanterie va également définir le besoin sur la cavalerie qui va graviter autour des hommes sur le terrain, sur l'artillerie, le soutien etc. De la même façon que ça ne sert à rien de regarder un inventaire sur wikipédia en trouvant que ça serait bien qu'on achète 2 fois plus de poste de tir MMP si derrière on ne comprend pas que dans notre format d'armée, on ne saura pas ou les mettre. C'est comme quand je vois des gens qui disent trop peu quand on annonce commander 2000 systèmes de mini drones, mais ces gens comprennent-ils que derrière ces drones il faut des opérateurs? Qu'on donne un drone par groupe de combat dans l'infanterie et ce sera déjà une bonne dotation. Un groupe c'est un véhicule, donc je reprend mes 1300 véhicules d'en haut pour identifier le besoin et on comprend vite qu'en fait c'est idiot de vouloir plus. Comme vouloir stocker des millions d'obus quand on a 109 canons.
  16. On va donc acheter des chars aux allemands sans rien exiger en retour ?
  17. Tu es déjà monté dans un VAB pour comparer l'accessibilité pour l'avant ou l'arrière? Tu as déjà fais du combat embarqué/débarqué avec le marche pied souple à l'arrière? J'en ai vu se casser la gueule, j'en ai vu des embouteillages, j'en ai vu des blessures et de la casse de matériel sur la formidable "ergonomie" que certains vouent au VAB. Ton discours, je le vois et je l'entends chez les observateurs (juges) du web qui ont leurs idées préconçues, pas chez les utilisateurs, encore moins chez ceux qui ont réalisé la transition entre l'ancien et le nouveau. Mais je sais parfaitement que pour beaucoup, on veut croire qu'un Griffon ne serait qu'un MRAP juste bon pour l'Afghanistan. Un Griffon a une bien meilleure maniabilité qu'un MRAP, meilleur qu'un VAB. Quand on regarde le conflit en Ukraine, va t-on me dire que la menace des mines est propre à un conflit de faible intensité contre des insurgés? Non c'est une menace constante et les utilisateurs vont préférer être dans un véhicule qui leur offre une protection optimisée. Le blindage global du véhicule est supérieur à la majorité des blindés qu'on voit en Ukraine, même sans le surblindage, là aussi serait-ce complètement débile et inadapté à un conflit autre que l'Afghanistan? Je veux bien que certains n'aiment pas le design, habitué à des blindés comme le VAB, le BTR80. D'autres s'imaginent dans world of tank, d'autres encore imaginent qu'on parle de VCI ou et ne comprennent tout simplement pas le rôle et la place qu'occuperont ces véhicules sur le champ de bataille. Le VAB a fait son temps, on a aujourd'hui des véhicules qui permettent d'évoluer et d'adapter de nombreuses choses (kits déjà connus et les autres qui viendront) et qui sont adaptés aux hommes et à leurs équipements. C'est une évolution qu'on constate un peu partout dans le monde pour ce type de véhicule.
  18. Il va falloir un jour accepter le changement. le VAB ce n'est pas "la" référence sur laquelle il faut indéfiniment se baser pour juger de ce qui est bon ou non dans le gabarit d'un véhicule. Nous ne sommes plus dans les années 70 et on parle d'un blindé de transport, pas d'un véhicule de reconnaissance, pas d'un véhicule de combat d'infanterie, pas d'un char.
  19. Quand vous n'avez rien à exporter ou pas d'argent pour importer, l'accès au port est idéologique. Dans la réalité, ces pays ont toujours "accès" aux ports des pays voisins. Cela a toujours été ainsi et n'a jamais empêché l'insécurité ni amené la prospérité économique.
  20. Je pense qu'on est encore nombreux à garder les vieilles habitudes et les vieux réflexes, ce qui fait que nous sommes encore réservés, douteux, méfiants sur ce qui se passe en ce moment. On doit comprendre qu'en ce moment, on est à revoir l'ensemble de notre armée, la LPM en cours est obsolète même si elle reste un support sur lequel on est adossé. Les décisions en cours, les priorités et autres sont revues. Les sommes débattues sont énormes, ce n'est pas juste un petit peu plus qui va permettre de mettre un pansement ici ou là. Si durant la guerre en Ukraine on a déjà redéfinit de nouvelles priorités capacitaires (cyber, guerre élec, drones, sol-air, munitions etc.) cela s'est fait sur la LPM du moment, donc il a fallu revoir d'autres programmes (on repousse en gros) pour pouvoir financer. Mais là c'est très clairement un autre monde qui s'ouvre, on parle d'un budget à presque 100 milliards par an d'ici 2030 et peut-être même avant (tout dépend comment on procède pour l'atteindre). Les débats qui s'ouvrent touchent et vont toucher le format de nos armées. On parle déjà de plus d'avions, de plus de navires mais sans sacrifier d'autres choses. Les renouvellements seront accélérés, des choses prévues pour la période 2030-2035 se feront plus tôt que prévu avec une volonté d'accélérer la production (l'effet de commandes multiples à l'échelle européenne est à prendre en compte). Alors c'est sûre, on aura un "vide" de 2-3 ans liés à la production. Pendant ce temps malgré une hausse des budgets, malgré les annonces, les effets ne seront pas vraiment perceptibles. Ce sera surtout après qu'on va le sentir et le voir concrètement.
  21. Pas idiot, c'est bien de vouloir que d'autres achètent chez nous, mais il faut savoir aussi acheter aux autres, surtout sur des segments ou nous ne sommes pas au top ou qu'il faut concevoir un tout nouveau programme. On est dans une période ou l'on veut aller vite dans le renouvellement de nos moyens et l'obtention de capacités qui font défauts, donc oui, achetons sur étagère ce qu'il faut.
  22. Il faut savoir faire le bon retex et savoir se projeter. Le conflit en Ukraine sert de retex, car c'est un conflit qui engage une force armée, la Russie, dont l'artillerie "classique" est pléthorique, avec une doctrine ou elle a une place centrale, se confrontant à une armée adverse sur le même modèle. Forcément, comme dans toutes les guerres, on commence et on utilise ce qu'on a en inventaire, donc on a très vite tourné à faire comme si le sort de la guerre se déterminerait par celui qui va tirer/produire le plus d'obus. Le besoin d'obus et d'artillerie était lié aux caractéristiques des armées engagées, de leurs moyens, de leurs méthodes. Donc du côté occidental ou l'artillerie était relayé à un second plan par rapport à l'aviation, ben oui on avait du mal à répondre aux consommations de cette guerre. Mais observons que cette guerre a vu le drone prendre une place prépondérante, qu'il est un élément peu coûteux qui permet d'obtenir une grande précision. Aujourd'hui ce qu'on peut qualifier de "no man's land" entre les deux armées, c'est le terrain de chasses des drones. Ils imposent des précautions, des distances et infligent des dégâts considérables. C'est bien dans le domaine des drones que les russes et les ukrainiens semblent mettre leurs efforts. Cela ne va pas enterrer l'artillerie, mais il faut lui trouver une place plus adaptée, un usage différent en intégrant pleinement la dimension "drone". Oui il est souvent très difficile de faire changer des habitudes ou retirer certaines convictions, mais même s'ils ne sont pas nouveau en soit, dans ce conflit en Ukraine, c'est et ça restera bien le drone qui aura pris de l'intérêt, de la valeur et de la place sur le champ de bataille. Que ce soit le petit FPV qui va traquer le moindre combattant/véhicule adverse ou le drone pour faire de la frappe en profondeur, c'est bien là que les efforts se feront. L'artillerie classique ne va pas être démultipliée dans les forces armées occidentales. Oui il y aura peut-être des efforts ici ou là, oui il y a en ce moment un besoin de renouveler une "vieille" artillerie ou remplacer ce qui a été donné à l'Ukraine. Mais on ne parle pas en milliers de tubes par pays. La production d'obus est actuellement à fond pour fournir le front, renflouer des stocks mais ça ne va pas durer. On profitera sûrement à la fin de la guerre de la production en cours pour faire des stocks "stratégiques" au niveau européen, mais ce sera tout. La France ne va pas stocker 5 millions d'obus pour peut-être au final 150 ou 200 tubes de 155mm. La consommation courante (entraînement) ce ne sera pas non plus une masse. Donc la production d'obus va ralentir, on a peut-être 5 ans ou ça va bien se maintenir, mais après on fait comme on le dit déjà maintenant, on cherchera à maintenir des sites de productions capables de se "réveiller" rapidement pour produire de la masse. C'est pareil pour les drones, on ne va pas stocker des drones FPV par centaines de milliers, on doit avoir une capacité industrielle pour en produire massivement, ça oui.
  23. Faut pas non plus exagérer. Trump veut jouer sans les européens sur la question de l'Ukraine, ça arrange la Russie mais ça ne veut pas dire que ça va se faire ainsi et que ça va redéfinir le monde stratégique de demain. La Chine ne va pas envahir l'Europe et n'a en vérité aucune "haine" contre nous. La Russie qui aujourd'hui cherche à se sortir victorieuse d'une sale guerre en Ukraine n'a pas non plus les capacités de faire la guerre à tout le monde. Ce qui se passe en ce moment, c'est un isolationnisme/impérialisme américain (combien de temps durera t-il en réalité?) qui va profiter à l'impérialisme d'autres pays. En Europe on est dans une phase ou on se repense collectivement, faut pas faire comme si tout allait se jouer sur les 6 prochains mois. La Russie peut obtenir une des gains à l'issue du conflit en Ukraine, mais elle ne va pas sortir plus forte de cette guerre qu'au moment de son entrée. Elle a ses qualités et ses défauts comme tout pays, mais d'une manière globale ce n'est pas du tout un pays comparable aux USA ou à la Chine. Je sais que la Russie est grande sur une carte, mais même si ça va emmerder beaucoup de monde, redisons le, c'est un pays qui a l'économie d'un pays comme l'Espagne. Les russes ne pourront plus compter sur les revenus qu'ils percevaient d'Europe et ce n'est pas la Chine qui va venir compenser par amitié la différence. La politique de Pékin n'est pas de se faire biberonner par les russes dans l'intérêt des russes, la politique de Pékin est au contraire vers l'autosuffisance. Faut arrêter de croire que les chinois sont là à vouloir entretenir, sauver ou défendre la Russie dans une logique d'affrontement face à l'occident, Pékin n'a même pas reconnu la souveraineté russe sur la Crimée. C'est bien du côté russe qu'on aime bien donner l'illusion que Pékin comme l'ensemble du BRICS formerait une base d'alliés qui pensent et agissent dans le même sens qu'eux. Cela permet de donner plus de poids à la Russie alors qu'en fait ces pays ne se sentent aucunement concernés ou obligés de soutenir l'impérialisme russe et ses rivalités avec l'occident. L'Europe n'est pas composée de pays insignifiants. La phase actuelle semble faire revivre un certain souverainisme en Europe, qu'il soit individuel ou collectif. Les petits pays resteront des petits pays, mais il faut savoir surveiller les plus grands pays, comme la France, l'Allemagne, l'Italie ou encore le RU. Ces pays sont des puissances, ce n'est pas parce que nous n'avons pas la taille de la Russie sur une carte, que nous n'avons pas autant d'habitants que les chinois ou l'armée des américains que ça fait de nous des faibles qui ne comptent pas. Car si aujourd'hui on est dans une phase ou on cherche à restreindre l'impérialisme russe, on doit regarder un peu plus loin. Les efforts militaires qu'on veut faire, on peut les juger insuffisants là pour peser immédiatement dans le conflit ukrainien, on peut dire que c'est trop tard, mais qu'en sera t-il dans 5 ans? Dans 10 ans? L'issue de la guerre en Ukraine est à des années lumières de l'issue de la seconde guerre mondiale. Il n'y a pas d'un côté les grands gagnants (qui se partagent le monde à Yalta) et ceux qui auront tout perdu. L'Ukraine ce n'est pas un grand pays et cette guerre n'a jamais engagée les armées des nations européennes ou d'autres pays. Donner une victoire (déjà loin des attentes initiales du Kremlin) à la Russie, ce n'est pas offrir l'Europe à Poutine. Cela ne va pas non plus placer la Russie comme une hyperpuissance à la manière des grands vainqueurs des guerres mondiales. Il y a un truc qu'il faut observer en Europe, c'est que dans la situation géostratégique et géopolitique des temps à venir, il n'est pas impossible qu'il y ait également la renaissance d'un impérialisme dans certains pays. Les problèmes et les crises conduisent généralement à cela. Tout peut arriver très vite, il suffit parfois d'un seul individu pour transformer la face de tout un pays. On est aujourd'hui avec l'exemple des américains, ou ça parle ouvertement d'annexer le Groenland, le Canada.
  24. Bien souvent cet argent va servir au "fonctionnement" de l'état (la dépense publique). Ce n'est pas un prêt d'investissement qui va développer l'économie ni un prêt qui va développer les conditions sociales de la population. Le problème de ces prêts liés au FMI ou parfois à d'autres instances internationales, c'est qu'ils traduisent une mauvaise gestion de la dépense publique et des finances et l'absence de confiance qui amènerait (comme pour les pays riches) son lot d'investisseurs. Si le FMI accorde un prêt, c'est que derrière il y a les conditions de remboursement. Dans ces conditions, on impose forcément une réduction des dépenses afin de pouvoir justement être en mesure de le rembourser. Le Burkina va donc devoir faire des mesures budgétaires pour rembourser le FMI. Faudra donc expliquer au peuple pourquoi malgré tous les discours souverainistes ou on vante le renouveau et la prospérité, la situation continue de se dégrader. Mais le Burkina n'est pas seul dans ce cas, le Mali c'est pareil, le Niger c'est pareil. Ces pays qui se regardent dans des miroirs déformants afin de se prendre pour ce qu'ils ne sont pas, oublient à quel point les aides extérieures étaient importantes pour leur simple fonctionnement. Qu'il y avait à côté de cela un grand nombre d'ONG et d'associations qui assistaient les plus défavorisés et lançaient des projets. Alors vu de chez nous ça parait toujours très faibles, mais quand vous amenez 3 panneaux solaires dans un village pour un minimum d'électricité, que vous construisez un puits, une école avec quelques fournitures, ben pour certaines populations en dehors des grandes villes, ça change la vie. Ces régimes se sont coupés volontairement de ces aides, car leur idéologie (que je ne vais plus réexpliquer) les a poussé dans ce sens. D'une manière plus globale encore, la fin de l'USAID va faire son effet en Afrique. Ce qui est presque "drôle" c'est la "discrétion" dans laquelle le Burkina ou la Mali font appel au FMI. La propagande bien silencieuse, les trolls du web se cachent bien de le mettre en avant, on est dans ce moment prévisible de flottement ou la désillusion de la réalité commence par faire son effet, ou les grandes rêveries portées par ces militaires ne souhaitant plus une quelconque transition (qui y croyait?) disparaissent. On arrive même à faire passer via les médias l'obtention d'un prêt du FMI comme la preuve d'une bonne gouvernance ou d'une bonne confiance économique. Il faudra encore un temps pour que tout cela amène au réveil d'une opposition et pourquoi pas au réveil des ennemis intérieurs (dont les terroristes) qui profiteront de la situation. Depuis qu'ils sont au pouvoir, militaires obligent, ils mettent beaucoup d'argent dans la défense. Imaginant construire des armées puissantes, imaginant avoir les moyens, leur seul intérêt est de rester au pouvoir. Ils foncent dans un mur qui amènera tôt ou tard à une situation chaotique. Les armes achetées n'y changeront rien pour maintenir la situation, car ce sont les hommes qui tiennent ces armes qui resteront le talon d'Achille de ces armées. Ce n'est pas non plus l'Afrika Korps qui va faire des miracles, il n'y a plus d'influence occidentale à combattre et à diminuer, du côté de Moscou la zone a donc également fortement perdue de son intérêt.
  25. Je dis et je répète depuis des années, Poutine (et son entourage) sont des soviétiques frustrés de ce qu'est devenu la Russie à la fin de l'URSS. Ils ont grandis avec l'URSS, ils ont appris et vécus avec cette superpuissance, ils ont toujours en tête les cartes de l'époque avec des frontières différentes, une domination/présence sur le pacte de Varsovie (Poutine officiait même en Allemagne de l'Est pendant un temps). Cette superpuissance d'un monde bipolaire, rivalisant avec la superpuissance américaine, avec l'Otan, toute cette idéologie reste gravée dans leurs esprits. Tout ce qu'ils font c'est vouloir revivre leur jeunesse, continuer les habitudes de superpuissance. Les cartes de l'URSS de leur enfance continuent de se superposer par papier calque sur les cartes actuelles et sincèrement ils ne comprennent pas, ils n'acceptent pas cette situation. La seule influence russe c'est celle de représenter un pays anti-occidental (et américain en premier lieu), c'est là qu'ils vont trouver leurs "adeptes" à travers le monde. L'idéologie du Kremlin, dans ces grandes lignes, c'est ça. Tout le reste n'est que manipulations, tentatives, et opportunismes en fonction des capacités et des possibilités qu'offre le pays. Mais il n'y a toujours cette volonté de dominer les pays de l'ex URSS, de contrôler le bloc de l'Est, ils ne vont pas conclure un contrat de gaz avec l'Ukraine comme ils le font avec la Chine. Quand les chinois signent un contrat "classique", l'Ukraine signait un contrat à géométrie variable, soit politiquement tu satisfaits les intérêts du Kremlin, alors là on te fait même un prix inférieur au marché, soit dans le cas contraire on augmente les prix voir on réduit ou on coupe le robinet. Pourquoi vous imaginez qu'un type comme Orban semble à ce point défendre les intérêts du Kremlin? Car derrière les russes arrosent d'argent ce genre de politiciens, on lui fait des cadeaux qui parfois lui profiteront politiquement sur la scène intérieure. C'est ainsi pour nombre de politiciens/opposants dans toute l'Europe, les russes sont généreux avec leurs poulains, on en vient jusqu'à recruter un ex chancelier allemand pour le foutre PDG d'une grande boite, chez nous c'était un ancien premier ministre, sans oublier les types un peu plus bas, comme Mariani et d'autres. Il y a une énorme corruption de politiciens, de partis, d'oppositions. D'énormes manipulations, de propagandes qui se font chez nous et qui doivent servir les intérêts et l'influence du Kremlin. En Ukraine avec les événements qui auront chassés du pouvoir un politicien qui faisait les intérêts de la Russie (Ianoukovitch, réfugié depuis en Russie...), le Kremlin voyait son influence lui échapper dans ce pays. Que ce soit l'expansion de l'Otan ou de l'UE, cela n'a jamais été une menace contre la Russie, cela a toujours été un problème qui limiterait de possibles actions de la part de la Russie dans sa logique de domination et forcément des conquêtes. Car là aussi, pendant des années, certains ne voulaient pas accepter de voir la Russie comme un pays impérialiste, agressif, non c'était toujours un pays qui joue sur la défensive et c'était les américains les "méchants" agresseurs qu'il fallait combattre pour amener à un monde de paix. On oublie de dire que si des pays comme la Russie ou la Chine cherchent sans arrêt à vouloir voir les américains s'éloigner de chez eux, ce n'est pas pour réduire les tensions, pour éviter un risque de confrontation, mais au contraire pour pouvoir avancer leurs pions, sans être gênés par les américains. Ainsi Poutine en 2014 voyait l'Ukraine lui échapper mais il était hésitant. Une intervention limitée en Crimée avec de petits hommes verts qui devaient surtout ne pas montrer qu'ils appartenaient à l'armée russe, l'usage d'un pseudo référendum devant rendre "acceptable" une annexion de force auprès de la communauté internationale. Au Donbass, pareil, la Russie n'était pas en confiance, ni prête militairement à entrer avec son armée. On a joué sur un soutien caché, sur des soldats "touristes" qui devenaient des indépendantistes du Donbass et qui trouvaient des chars, des canons dans les épiceries de Dontesk une fois que les camions humanitaires blancs venant de Russie avaient terminés de livrer leurs cargaisons. Mais Poutine n'assumait pas et craignait les réactions internationales. Puis on a eût la situation qu'on a connu dans la zone pendant des années. Cette politique militariste non assumé, c'est en résumé Wagner, l'armée de l'ombre du Kremlin. Mais on oublie un autre événement dans cette période, c'est l'intervention en Syrie. Là aussi les russes étaient hésitants et c'est bien en voyant l'inaction occidentale, la division (Obama ne voulant pas intervenir) dans le camp occidental, qu'ils ont décidés d'agir. Ils ont constaté qu'on laisse faire, ils ont vu qu'ils pouvaient militairement agir et vu qu'ils pouvaient "s'imposer" aux autres. La succession des gains en Ukraine en 2014, l'action militaire en Syrie a donné de l'assurance pour construire une politique bien plus agressive. Une propagande massive axée sur la lutte contre l'occident (nous français on l'a bien observé en Afrique) mais également la préparation de ce qui devait être un grand coup qui ne s'est pas décidé en 6 mois, cette invasion de l'Ukraine en 2022 ou l'on ne se cachait plus derrière des mercenaires, des indépendantistes ou des petits bonhommes verts, une invasion dans le plus simple appareil, dans la plus simple tradition militaire. Le Kremlin pensait refaire sur toute l'Ukraine un remake de la prise de la Crimée, pensant que l'occident ne ferait rien, que les ukrainiens préféreront ne rien faire. Une blitzkrieg devant placer le monde dans un fait accomplit, devant donner à la Russie une victoire grandiose, un retour en force qui imposera une nouvelle architecture sécuritaire en Europe dans laquelle elle retrouvera toute son influence. Mais ça ne s'est pas passé ainsi et aujourd'hui bien que Poutine fait le coq, en vérité la victoire qu'il espère trouver actuellement en Ukraine n'est qu'une bouée de sauvetage politique à son pouvoir. Jamais Poutine n'a voulu et ne pensait devoir mener une guerre comme celle qu'il mène en ce moment. Jamais autant de morts, de pertes matériels pour des gains qui seront au mieux, uniquement territoriaux. Un territoire (ravagé, pollué, vidé de ses habitants) qui une fois la Crimée et le Donbass qu'elle possédait déjà retiré, est vraiment du genre à entrer dans la case "tout ça pour ça" de l'Histoire. On est loin des grandes batailles, des grands succès tactiques, aujourd'hui on est face à un Poutine qui doit revêtir un treillis pour se féliciter d'avoir enfin réussi à dégager des forces ukrainiennes du territoire russe avec l'aide de la Corée du Nord. C'est un véritable bourbier dont les enjeux initiaux du Kremlin sont bien bien loin de ce pourquoi les soldats se battent aujourd'hui. Cette guerre n'amènera pas à Poutine ce qu'il espérait (et qu'il tente encore d'obtenir). Je l'ai toujours dit, dans une phase de négociation sous l'égide de Trump, l'Ukraine sera prête à faire des concessions mais c'est bien en face que ça va poser un problème, car s'estimant comme les vainqueurs dans négociant la capitulation de l'ennemi. Les russes ne comprennent pas qu'ils vont devoir faire des concessions et c'est bien cela qui risque de faire capoter le plan de Trump, qui risque au final de se retourner contre les russes.
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