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Guerre Etats-Unis / Iran ... et la France ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
1) Pour faire suite aux différents arguments que j'ai posté il y a deux jours pour et contre chacune des trois options, il me semble après réflexion que le plus convaincant de tous est la situation de dépendance envers des "stratèges" pour le moins peu brillants dans laquelle se placerait la France si elle se joignait à une campagne américaine en Iran. Cet argument va contre l'option 1) A partir du moment où la France se serait joint à l'attaque américaine, en fait à partir du moment où elle aurait menacé explicitement l'Iran "Nous vous ferons la guerre si telle condition n'est pas remplie" elle n'aurait presque plus de contrôle sur les événements, notamment sur la stratégie suivie. Même en envoyant 30 000 voire 50 000 hommes contribuer à une offensive terrestre, nous ne serions qu'un partenaire très "junior" [10] des Américains qui fourniront sans doute les 3/4 des troupes au sol et plus de 90% de la puissance aérienne. L'influence française sur les plans de guerre américains ne doit pas être surestimée ... elle serait pratiquement nulle ! N'ayant pratiquement aucune influence sur les événements, nous serions en revanche impliqués jusqu'au cou dans les conséquences de la guerre. Et le retrait précipité serait impossible : là nous saborderions effectivement notre crédibilité pour des décennies [04] ! Une guerre pour casser programmes nucléaire et classiques iranien serait beaucoup plus délicate et dangereuse que l'invasion de l'Irak. Il y a bien des manières de mal la conduire (exemple : privilégier le tout-aérien ...), de planifier mal la réaction aux contres iraniens, de réagir mal aux probables surprises tactiques voire stratégiques ... Or dans le scénario qui sert de base à cette discussion, c'est l'équipe Bush qui mènera la guerre contre l'Iran. La même "fine équipe" [57] qui a conçu le fiasco irakien (fiasco pas pour des raisons militaires proprement dites, mais parce qu'il affaiblit l'Amérique sans lui donner d'avantages pétroliers et en renforçant beaucoup le véritable challengier de l'hégémonie américaine sur le Golfe, c'est-à-dire l'Iran) ! Nous parlons de ceux qui ont démantelé les forces de sécurité irakiennes après avoir pris Bagdad, de ceux qui n'ont toujours pas compris que leurs véritables alliés potentiels en Irak sont les sunnites et non les chiites ... Pouvons-nous faire confiance à cette équipe au point de leur confier le plus clair des unités de combat de l'armée française, avec la crédibilité française par-dessus le marché ? [31] Je réponds Non ! 2) La neutralité complète est une option indigne de la France, dangereuse par l'esprit de renoncement qu'elle favoriserait dans notre pays. Elle doit être refusée avec la dernière énergie, sauf s'il existait une raison impérative (grave menace militaire) de s'y rallier. En pratique, si les Américains devaient nous faire "payer" de façon intolérable notre opposition diplomatique à leur guerre. Cela me paraît difficilement imaginable : - Les attaques contre l'influence française en Afrique, oui, c'est fort probable. Cela dit, c'est "business as usual" ... Il faut se rappeler par exemple des guerres dans la région des grands lacs au milieu des années 1990. Donner motivation aux Etats-Unis pour nous attaquer à nouveau sur ce terrain, c'est dommage, mais enfin on connaît déjà ça. Ce n'est en aucune manière une grave menace militaire - Des attaques contre, par exemple, des satellites militaires français, le risque existe, quoique franchement les Etats-Unis auraient probablement bien d'autres chats à fouetter que de donner de bonnes raisons aux Français de vendre des technologies militaires aux Chinois (et il est même possible d'imaginer pire [20] ...) Personnellement, je n'y crois guère. Si toutefois ce risque se matérialisait, ce serait un dommage réel, mais pour citer un Turc les EU nous auraient seulement "rasé la barbe" ... elle repousse plus dru ensuite. Le risque de perdre plusieurs milliards d'€ n'est pas négligeable, mais à l'échelle des événements dont nous parlons, c'est quand même un petit risque - Des attaques contre l'influence française en Europe, oui bien sûr, mais là encore : "business as usual". Croire qu'on se bousculera au portillon parmi les Européens pour fournir des troupes aux EU, j'ai quelques doutes [28] ! Même imaginer que à la fois RU et Allemagne participeraient avec des troupes est bien difficile. Le risque que la France serait isolée en Europe est fort minime ... L'option "neutralité complète" doit donc rester exclue. 3) Reste l'option d'une franche opposition diplomatique à la guerre américaine. Une remarque importante, qui d'ailleurs fait suite à l'argument du ratage stratégique probable de l'équipe Bush, et le renforce : l'objectif même de la guerre si elle a bien lieu est d'empêcher l'Iran de déstabiliser les régimes arabes pro-occidentaux du Golfe, donc la production pétrolière actuellement indispensable au fonctionnement de l'économie mondiale, à l'aide de ses futures dissuasion nucléaire et production d'armes classiques avancées. Or il serait très facile avec une guerre mal menée de précipiter au contraire ce qu'on souhaite éviter. [11] Que l'on se rappelle des réactions des populations arabes à la guerre Israel / Hezbollah, alors que les gouvernement arabes étaient sur une ligne anti-Hezbollah ! Ceci alors qu'Israel n'avait visé "que" certaines des installations civiles libanaises, et n'avait fait "que" un millier de morts civils. Une guerre américaine contre l'Iran, c'est au minimum deux ordres de grandeur de plus. Les dégâts humains pourraient certes être limités par une offensive terrestre plutôt qu'aérienne mais encore une fois ... ce n'est pas nous qui choisirons, et nous n'aurons aucun contrôle sur les plans de bombardement américains. Il est fort possible (probable [52] ?) que certains gouvernements du Golfe ne survivent pas longtemps au spectacle d'une grande guerre américaine en Iran. En cas de troubles persistants dans les régions produisant le pétrole et d'installation de guerrillas efficaces ne serait-ce qu'au niveau irakien, la production de pétrole pourrait être très perturbée pour des années et non pas des mois ... Rappelons que la production pétrolière irakienne est inférieure à son (faible) niveau de 2002, ceci à cause de la guerrilla. Dans le cas où une telle guerrilla naîtrait parmi les populations chiites majoritaires dans les régions pétrolières de l'Arabie saoudite, y aurait-il d'autre solution pour rétablir la production en moins de plusieurs années qu'un nettoyage ethnique sans pitié [05] ? Je ne suis pas en train de le préconiser, je constate simplement qu'il ne serait guère dans l'intérêt de la France de se trouver mêlée à tout cela ... mais bien dans son intérêt d'avoir prévenu contre ces risques. Le risque de l'attaque américaine contre l'Iran, c'est d'être celui qui se jette à l'eau par peur de la pluie ... Le risque "maximal" serait de permettre à Ahmadinejad de faire un plan à la Paul Atréides, ou plus précisément Muad'dib (pour ceux qui se rappellent de "Dune" de Frank Herbert) ! La meilleure politique à moyen terme serait certainement pour les Etats-Unis d'utiliser la peur du loup chiite pour consolider leur influence auprès des régimes sunnites du Golfe, en profiter pour renforcer leur présence militaire (antimissiles ?) ... et de ne rien faire qui puisse favoriser le rapprochement entre sunnites et chiites. Le contre-exemple absolu étant la guerre israélienne au Liban, offrant un rôle de "porte-drapeau" de la cause arabe à Nasrallah ... Ce n'est pas la France qui décidera de la politique américaine. [21] En revanche, elle peut agir diplomatiquement contre l'option de la guerre, stratégiquement fort dangereuse. D'abord de manière discrète (ne pas envenimer les choses si on peut l'éviter ... il ne s'agit pas de jouer à [07] le sujet est trop grave), puis, si les actions des Etats-Unis pour entraîner d'autres avec eux le rendent nécessaire, de manière publique. -
Guerre Etats-Unis / Iran ... et la France ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Il se trouve que je connais personnellement Stratège. Tout ce que je peux dire c'est qu'il est effectivement consultant, à un haut niveau. Quand aux sources d'information particulières auxquelles il fait parfois allusion, je ne peux porter aucun jugement même si je suis évidemment enclin à le croire. De toutes façons il n'utilise pas sur ce forum les informations confidentielles qu'il a peut-être (ce qui bien entendu serait très dangereux !) donc chacun peut se faire un avis sur ses thèses en utilisant les sources d'information ouvertes. -
Guerre Etats-Unis / Iran ... et la France ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Quelques réflexions sur ces trois options. Et tout d'abord une remarque préliminaire. Lorsque nous parlons d'écrasement de l'industrie iranienne sous les bombes, nous parlons de centaines de milliers de meurtres de civils. J'aurai aussi l'occasion d'évoquer une politique qui pourrait être considérée comme traîtresse à l'égard de pays alliés (transgression morale certes moins grave que la première) Il n'est pas interdit d'avoir un jugement moral. C'est même recommandé. Il faut se rappeler toutefois de l'écrasement de l'industrie allemande sous les bombes, de la destruction de Hambourg, de Tokyo et de Dresde, de celle d'Hiroshima et de Nagasaki, crimes de guerre massifs, qui furent pourtant nécessaires pour éviter de pires conséquences. Il faut se rappeler de Churchill ordonnant de faire feu en traître sur la flotte française à Mers-el-Kébir, c'est-à-dire sur un allié souffrant et sanglant. Il faut se rappeler de Staline ordonnant d'attendre l'écrasement de la résistance polonaise par les Allemands avant de libérer Varsovie. Il faut se rappeler l'attentisme de Roosevelt pas même capable d'envoyer un petit corps expéditionnaire en 1940 comme l'Angleterre eut au moins la décence de le faire. Il faut se rappeler que le cardinal de Richelieu, sans doute le plus grand homme d'Etat que la France ait connu, n'était pas précisément un enfant de choeur ... Bref, c'est sur les intérêts de la France que j'essaie de réfléchir dans ce post. Les options : 1) Faire la guerre à l'Iran nous aussi Le pour : - Contribuer à l'écrasement d'une puissance menaçant l'hégémonie américaine sur la production pétrolière du Golfe ainsi que nos investissements dans les pays du Golfe. - Prouver les performances des armes françaises (ce dernier point est tout de même sujet à caution. Il ne faut pas s'attendre à ce que la propagande américaine mette en avant les performances autre qu'américaines ... il y a des contrats d'armement derrière !) - Nous avons quelque chose à négocier : d'une part une force aéroterrestre conséquente et en partie moderne, d'autre part un appui politique qui pourrait être indispensable. Je pense à l'aspect extérieur mais aussi intérieur : pour convaincre les Américains, quel meilleur moyen que de leur dire "Même les Français, qui se sont opposés à nous sur l'Irak, veulent y aller !" On pourrait donc imaginer obtenir des concessions concrètes des Etats-Unis. Je pense à des technologies militaires : Washington n'est à mon avis pas digne de confiance s'il s'agit de contrats pétroliers ... - Contribuer à court / moyen terme aux opportunités de contrat parmi les monarchies du Golfe ... si ces monarchies survivent aux conséquences du conflit, bien entendu [08] Le contre : - Pertes humaines (soldats et civils), matérielles - Conséquences à long terme : certes l'Iran sera écrasé, mais quid des turbulences ultérieures ? Comme le faisait remarquer avec humour le War Nerd, si les Etats-Unis attaquent l'Iran après avoir attaqué Afghanistan et Irak, ils pourront tout aussi bien décorer leurs uniformes avec de grandes croix blanches : trois pays musulmans en six ans ! Plus personne n'aura de doute sur le retour des croisés, comme le proclame Ben Laden. La France associerait son nom à cette entreprise - Argument très important : une guerre américaine contre l'Iran serait une entreprise délicate. Or c'est la même équipe au pouvoir à Washington qui la mènera ... celle qui a conçu et mené la "brillante" décision stratégique d'envahir l'Irak [57] ! Même si on est convaincu que la guerre contre l'Iran est nécessaire, on doit bien reconnaître que la France, embringuée parmi les supplétifs américains, n'aurait plus guère de contrôle sur les événements. En revanche, en cas d'échec (qui pourrait prendre de multiples formes), nous serions dans le même bateau que la dite fine équipe ... 2) Neutralité complète Le contre : Le principal inconvénient est à mon sens psychologique / moral. Chevènement rapporte une conversation privée avec Mitterrand dans laquelle l'ancien président lui avait dit penser que la France ne pouvait désormais faire mieux que "passer entre les gouttes". En somme esquiver les dangers et les responsabilités, pis-aller choisi par défaut de force (je dirais par défaut de confiance en soi) Cet esprit, dont Mitterrand n'est clairement pas le seul responsable, est très présent aujourd'hui dans notre pays. Il est évidemment très dangereux. Alors que les rapports de force internationaux sont très mouvants, que la France y est beaucoup moins bien placée qu'elle ne le devrait, la neutralité complète risquerait de renforcer encore cet état d'esprit défaitiste. Risque très grave. Une guerre américaine contre l'Iran serait un événement majeur, aux enjeux énormes. La France ne peut prétendre à la fois être une grande puissance et s'en désintéresser. Le pour : La prudence, bien sûr. Ménager la chèvre et le chou. La seule possibilité pour défendre valablement cette option, c'est que la situation militaire de la France soit si dégradée qu'il soit à la fois imprudent d'envoyer une force combattre aux côtés des EU car elle y serait ridicule et nous déconsidérerait et imprudent de s'opposer diplomatiquement aux EU car nous serions sans possibilité de riposte contre leurs opérations secrètes (attaques contre les intérêts français en Afrique ? Contre les satellites français ?) Alors, une condition indispensable pour défendre tout de même cette option serait, en parallèle de notre neutralité, d'entreprendre la rénovation de notre défense pour nous rendre capable d'intervention extérieure en force ou de parer des opérations secrètes américaines ... et de préférence les deux ! 3) Opposition à la guerre américaine par action diplomatique, à l'ONU ou ailleurs Le pour : - Contribuer aux difficultés de maintien de l'hégémonie américaine sur la production pétrolière du Golfe. En pratique, le refus de la France, privant les EU d'un auxiliaire, rendra plus facile à d'autres pays également de refuser de jouer les supplétifs. Les conséquences militaires seront limitées, les conséquences politiques pourraient être importantes - Contribuer à moyen / long terme aux opportunités d'investissements français dans la production pétrolière iranienne, et peut-être aussi irakiennes. L'attaque EU/RU contre l'Irak a annulé les perspectives de contrats français pour l'exploitation des pétroles irakiens (et en ce sens elle a effectivement été un succès ... c'est pour l'exploitation du pétrole de l'Irak par les Américains que les résultats sont un peu moins bons [08] !) La vengeance n'est-elle pas un plat qui se mange froid [22] ? - Autre ligne de raisonnement : puisque les Etats-Unis vont casser la menace iranienne, en prenant les coups et en assumant les risques (quoique les risques économiques concernent tout le monde) ... pourquoi les soutenir ? C'est l'argument du passager clandestin : nous profiterons des avantages de l'équipée américaine et n'avons aucun intérêt à y contribuer Le contre : - Si l'Iran pose vraiment une menace majeure à nos intérêts, alors il faut se rappeler que la France n'a pas une puissance militaire négligeable. Elle aiderait véritablement les EU dans leur entreprise, et servirait donc ses intérêts en augmentant la probabilité de réussite Bon, je ne prétend pas avoir été exhaustif ... tout cela est à discuter. -
nouvelle doctrine russe
Alexis a répondu à un(e) sujet de lefoudeladefense dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui. Sur le premier point, je ne pense pas avoir besoin de te rappeler la guerre d'Algérie ? Plus près de nous, la guerre des Etats-Unis en Irak et son cortège de massacres, puisque c'est avec la démocratie aux Etats-Unis et en France que j'avais fait ma comparaison. Sur le second point, regarde l'influence de certaines thèses dans les médias aux Etats-Unis (positions pro-guerre) et en France (constitution européenne). Regarde, plus gravement encore, le verrouillage des options démocratiques grâce au système des "deux grands partis", aux Etats-Unis système plus solide qu'en France il est vrai où des "surprises" sont possibles. Et je ne parle pas des traités verrouillant les lois françaises en donnant plus de poids aux réglements de la bureaucratie européenne (traité d'Amsterdam), ceci en contradiction frontale avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 en ses articles III et VI ! Les limites de la démocratie, la possibilité de mener des guerres contre-insurrectionnelles (c'est-à-dire contre des faibles) existent bel et bien en France et aux Etats-Unis comme elles existent en Russie. Ca n'a pas grand chose à voir avec la probabilité de se lancer dans une guerre mondiale (c'est-à-dire contre des forts). Cette probabilité est quasi-nulle dans le cas de la France comme de la Russie, très faible dans le cas des Etats-Unis. -
nouvelle doctrine russe
Alexis a répondu à un(e) sujet de lefoudeladefense dans Politique etrangère / Relations internationales
Deux faits : 1) La démocratisation de la France a eu pour résultat vingt-cinq ans de guerre, s'étendant à toute l'Europe. Bref, le lien entre "démocratie" et "paix" est, comment dire ... pas entièrement convaincant [28] ! 2) La Russie a aujourd'hui un gouvernement démocratique. Démocratie criticable mais pas davantage que les démocraties par exemple américaine ou française qui - faut-il le rappeler - ne sont pas au-dessus de toute critique [08] ! Bref, il n'y a actuellement pas de différence notable entre Russie et autres pays européens ou issus de l'Europe en ce domaine. -
Guerre Etats-Unis / Iran ... et la France ?
Alexis a posté un sujet dans Politique etrangère / Relations internationales
Prenons pour hypothèse une attaque américaine d'envergure contre l'Iran en 2007/2008, avec bombardements massifs de l'industrie iranienne et conquêtes de portions du territoire autour du détroit d'Ormuz et de la frontière avec l'Irak, ceci pour neutralisation ou affaiblissement de contres iraniens possibles mais sans occupation à long terme. L'objectif de la guerre étant de "casser" à la fois le programme nucléaire et les programmes d'armement classique iraniens. Bref, un scénario similaire à celui que Stratège présente notamment dans la discussion "Guerre nucléaire contre l'Iran", avec des arguments à mon avis convaincants. Une telle attaque est effectivement très probable avant la fin du mandat de Bush. On peut évidemment le discuter, dans le principe ou dans les détails, mais continuons à le faire dans la discussion existante : la présente discussion prend pour hypothèse que cette attaque aura bien lieu. Que devrait faire la France ? Il n'y a que trois positions envisageables : 1) Soutenir militairement la guerre américaine, c'est-à-dire faire la guerre à l'Iran nous aussi 2) Neutralité complète. Abstention à l'ONU si une résolution pro-guerre vient à être présentée. 3) Opposition à la guerre américaine, évidemment dans les limites du raisonnable : action diplomatique, à l'ONU ou ailleurs, mais pas de livraisons d'armes ni de renseignements à la République islamique Quelle option correspondrait le mieux aux intérêts de la France ? -
nouvelle doctrine russe
Alexis a répondu à un(e) sujet de lefoudeladefense dans Politique etrangère / Relations internationales
Question intéressante. En voici une autre : combien d'années faudrait-il pour que les forces allemandes redeviennent une menace crédible pour la France et le Bénélux ? Et encore : combien d'années faudrait-il pour que les forces françaises redeviennent une menace crédible pour le Saint-Empire romain germanique et l'Autriche-Hongrie ? La Russie est une puissance notable. Sur le plan militaire, elle est la deuxième au monde même si elle est très loin des Etats-Unis. Cela ne signifie pas que la probabilité qu'elle menace à nouveau d'envahir l'Europe soit plus élevée que la probabilité que l'Allemagne ou la France songent à nouveau à envahir leurs voisins ... [50] Il faut vivre avec son temps [61] ! -
Pourquoi le patriotisme est interdit
Alexis a posté un sujet dans Politique etrangère / Relations internationales
Très intéressante interview de Marcel Gauchet concernant le patriotisme en France et l'élection présidentielle à venir. Article originellement paru dans Le Point. Quelques extraits : "aux Etats-Unis le libéralisme est compensé par le sens de l’appartenance nationale. A chacun de faire ses preuves, mais dans le cadre d’une communauté d’égaux. Regardez, Warren Buffett donne sa fortune, car s’il trouve normal de gagner de l’argent il ne veut pas d’une caste d’héritiers sans mérite. Quand Antoine Zacharias [ex-PDG de Vinci] donnera son argent à l’abbé Pierre, on en reparlera ! La nouvelle religion de l’inégalité promue par les élites européennes réduit la valeur de l’homme du commun à rien. Elle les délivre de l’obligation de contribuer au bien de leurs pays." "L’impuissance est fille de la confusion. Je prends l’exemple des services publics. Les libéraux formulent une critique juste en disant que les agents se sont appropriés les services publics aux dépens des citoyens.. Ils en tirent une conclusion hâtive en prônant leur liquidation. De l’autre côté, les « républicains », au nom d’une défense juste du principe du service public, justifient tous les abus. Pour avancer, il faut sortir de ces querelles de fous." "il est presque impossible de mettre en doute les vertus du libre-échange sans être disqualifié d’avance. Pourtant, l’état de nos économies devrait susciter quelques questions. Mais non. Naturellement, vous avez le droit d’être trotskiste. Vous êtes alors un marginal toléré. Mais si vous prétendez parler en responsable, c’est inadmissible." Le lien complet : http://www.revue-republicaine.org/article.php3?id_article=1195 PS : Je suis conscient que ce sujet s'éloigne quelque peu du domaine strictement militaire. Il me semble cependant que le patriotisme et le sentiment d'appartenance collective ne sont pas sans rapport avec la défense d'une nation, et j'espère que les modérateurs seront d'accord pour considérer que ceci n'est pas hors-sujet ... -
Projet Constellation de la NASA "Go back to the moon !"
Alexis a répondu à un(e) sujet de Neowens dans Engins spatiaux, Espace...
Oui, comme il y a trente ou quarante ans. A ce moment-là, Mars était déjà "dans 20 ans" ... -
Point de situation contribution militaire au Liban.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Europe
Erreur bien compréhensible. Les Russes sont si nombreux en Israel (environ 1 million soit 1/6è de la population) qu'Israel demandera peut-être un jour à devenir une république russe d'outre-mer [08] ? -
Guerre nucléaire contre l'Iran
Alexis a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Politique etrangère / Relations internationales
S'agirait-il de cette étude-ci : http://www.npr.org/documents/2004/iran_wargame.pdf ? -
http://www.pinr.com/report.php?ac=view_report&report_id=548&language_id=1 Voici un article détaillé concernant les risques de récession en 2007 aux Etats-Unis, résultant d'un effondrement du marché immobilier (éclatement de la bulle) et se traduisant en écrasement de la consommation des ménages et augmentation des faillites personnelles. Donc un arrêt du moteur de la croissance américaine de ces dernières années lequel est aussi le principal moteur de la croissance mondiale, en particulier la croissance asiatique. Le sujet n'est pas tout à fait nouveau, mais on n'en parle guère. A tort, il me semble ... On semble se diriger effectivement vers un éclatement de la bulle immobilière américaine à court terme, donc vers une récession américaine qui pourrait au pire mériter le nom de "Mère des Récessions" ... Bien sûr, nous aussi en subirions des effets induits. Quelles conséquences stratégiques voyez-vous à cette crise, si elle se produit effectivement ?
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turquie La Turquie
Alexis a répondu à un(e) sujet de madmax dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a quatre raisons principales de s'opposer à l'entrée de la Turquie dans l'UE. Chacune de ces raisons suffit à elle seule pour dire Non : 1) L'UE n'a aucune vocation à devenir un gouvernement mondial ([31] !) Elle ne peut donc s'étendre qu'en Europe, pas au Moyen-Orient, ni en Afrique ni en Amérique. Cet argument est en partie géographique, mais pas seulement ni même principalement. Je rappelle à ce sujet la définition que Paul Valéry donnait de la civilisation européenne : c'est celle qui résulte de l'influence croisée de la Grèce, de Rome et d'Israël (l'ancien Israël, bien sûr). Le fait est que la Turquie ne fait pas partie de la civilisation européenne. Ce n'est ni un sujet de honte ni un sujet de fierté pour la Turquie. C'est simplement un fait. 2) L'appartenance à l'UE signifierait le droit pour chaque citoyen turc de s'établir en tout pays de l'UE. La Turquie a un niveau de développement moyen, beaucoup plus faible que le niveau moyen dans l'UE, ainsi qu'une population importante et en expansion. Le résultat de l'entrée dans l'UE serait une grande vague d'immigration turque en Europe. L'intégration d'immigrés musulmans dans des pays européens s'avère être un processus plus long qu'avec la plupart des autres immigrés, même dans un pays avec une forte tradition d'assimilation comme la France. Or plusieurs millions d'immigrés musulmans sont en cours d'intégration rien qu'en France. Ce n'est vraiment pas le moment d'accueillir une nouvelle grande vague d'immigrés musulmans. Il y a beaucoup d'hypocrisie à ce sujet, surtout dans le monde politique. Je préfère dire les choses comme je les pense. 3) L'appartenance à l'UE inclut une solidarité par l'impôt entre les membres les plus riches et les plus pauvres. Dix nouveaux pays sont entrés en 2004 avec 75 millions de personnes au total, en moyenne beaucoup plus pauvres que les membres plus anciens. Ce n'est là non plus vraiment pas le moment d'accepter un grand pays moyennement développé avec 70 millions de personnes, sauf à accepter : - soit de faire supporter une charge beaucoup plus lourde aux pays les plus riches - soit de déshabiller Pierre pour habiller Paul, en pratique l'Europe de l'Est pour la Turquie 4) La stabilité interne de la Turquie est basée en partie sur le rôle particulier de l'armée turque, rôle que l'appartenance à l'UE lui ferait perdre. L'armée maintient les traditions laïques issues de l'héritage de Mustapha Kemal Atatürk, en agissant parfois hors des limites constitutionnelles. Or le processus (en cours ...) d'adaptation de la Turquie aux normes européennes place de sérieux obstacles à ce que l'armée conserve de rôle de gardien, voire l'empêchera totalement à terme ... au moment même où l'islam politique gagne du terrain dans le pays. Aller au bout de ce processus signifie prendre le risque de déstabiliser la Turquie et de transformer peut-être ce pays en citadelle fondamentaliste ... avec toutes les conséquences. C'est de l'irresponsabilité à l'état pur. Le Non à l'entrée de la Turquie dans l'UE est donc un quadruple Non. Il est parfaitement normal que cette question pèse sur l'élection présidentielle de l'année prochaine, étant donné que la machinerie de l'UE continue le processus d'adhésion de la Turquie, sans tenir aucun compte de l'avis des peuples européens ni du rejet de la constitution par la France et par les Pays-Bas. L'UMP en particulier prend vraiment les Français pour des imbéciles : en France on fait mine de s'opposer à l'entrée de la Turquie, pour la galerie, tandis qu'au parlement européen on vote cette entrée ! En revanche, un président français qui le déciderait pourrait arrêter ce processus une fois pour toutes. -
[Liban] Archive
Alexis a répondu à un(e) sujet de dr.watson dans Politique etrangère / Relations internationales
Je suis d'accord, c'est une décision pragmatique pour l'Inde. Ce pays n'est pas membre permanent du conseil de sécurité, il est donc normal qu'il se concentre sur ses seuls intérêts régionaux. On espère un peu plus d'engagement de la part des quatre membres permanents qui ne se sont pas encore engagés pour faire suivre par des actes la résolution qu'ils ont approuvées verbalement ... A mon avis, on l'espèrera longtemps [23] ... -
Point de situation contribution militaire au Liban.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Europe
Pour cette raison, je trouverais très bien que les Russes se décident à participer. La mission sera extrêmement délicate et la présence sur le terrain d'un allié indispensable de l'Iran gênerait les actions éventuelles de ce pays contre la force internationale. Pour l'instant la France est le seul membre permanent du conseil de sécurité à avoir décidé de déployer des troupes au Sud-Liban, alors que la résolution 1701 a bien été adoptée à l'unanimité des membres du conseil. Ce serait bien que d'autres membres permanents du conseil fassent suivre leurs paroles par des actes ... -
Russie : 1/3 du PIB français, 2 à 2,5 fois les achats d'armements ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les facteurs de déclin sont réels. Ce qui n'empêche pas de remarquer qu'en plus de quinze cents ans d'histoire ... ... la France s'est déjà sortie de bien pire [16] ! Et à de nombreuses reprises encore [28] ! Je ne sais plus qui disait que le sport national des Français est le yo-yo. Pourquoi ? Parce que nous sommes toujours soit au-dessus soit en-dessous des autres peuples ! Une "honnête médiocrité", ce n'est pas notre fort. Evidemment une honnête médiocrité serait préférable à la situation actuelle. Du moins, elle serait honnête ! Mais d'un autre côté il n'y a aucune raison de penser que la France a fondamentalement changé. Nous retrouverons une voie vers des sommets. -
Voici un petit lien qui donne tout de même à penser ... http://www.russianairpower.net/veille2006.html#387 Bon, un programme d'équipement des armées, que ce soit d'ailleurs en France, en Russie ou aux Etats-Unis, est rarement réalisé dans son intégralité. Mais enfin c'est tout de même ce qui sert au moins de base de discussion, là-bas comme ailleurs. Or le programme d'achats d'armements annoncé représente 63% de 145 G€ sur une période de 9 années, soit 10 G€ par an en achats d'armes. A comparer avec les environ 4 G€ HT d'achats d'armes en France, ou ~ 5 G€ avec la TVA (voir notamment les postes de Stratège au sujet de la décomposition du budget militaire), soit le double ! On peut douter que le budget militaire se limite aux 145/9 ~ 16 G€ par an annoncés, car une part de 63% du budget pour l'achat d'armements neufs semble excessive. Il y aurait donc une comptabilité différente de la défense en Russie, avec une part des dépenses militaires comptabilisées ailleurs que dans ces 16 G€ par an. Des questions restent posées, pas de doute. Le fait brut est cependant celui-ci : avec une économie à peine plus d'un tiers de celle de la France (voir les chiffres de la Banque mondiale pour 2005 http://siteresources.worldbank.org/DATASTATISTICS/Resources/GDP.pdf France 2110 G$ de PIB, Russie 764 G$ soit 36%), la Russie prévoit des achats d'armements 2 à 2,5 fois supérieurs (suivant que les chiffres russes incluent ou non la TVA, ce qui serait à étudier) La différence en intensité de l'effort est comprise entre un facteur 5,5 et un facteur 7 ! Ceci alors que le budget de défense russe, même si on l'estime supérieur au 2,7% du PIB officiel, ne correspond en rien à du surarmement. Une partie de cette situation vient du besoin de la Russie de produire un plus grand nombre de nouvelles armes pour remplacer les stocks obsolescents. La plus grande partie de cette situation vient de la manière dont le budget de la défense français est dépensé ... On ne sait que dire ... [10][09][57][21]
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accrochage russo japonais
Alexis a répondu à un(e) sujet de lefoudeladefense dans Politique etrangère / Relations internationales
Tout ce que tu a dit là est vrai. C'est pour cette raison qu'un lanceur H2 japonais, ou une Ariane 5, n'auraient aucune valeur dissuasive si on essayait d'en faire des missiles balistiques intercontinentaux. Mais le Japon ne construit pas que des lanceurs H2. Il y a en fait deux agences spatiales japonaises et la deuxième se concentre sur l'exploitation de lanceurs comme le Mu-3S-II, dont on peut lire les spécifications là : http://www.astronautix.com/lvs/mu3.htm Des spécifications ... "intéressantes", tu ne trouves pas [08][50]? Bien sûr il va de soi que le Japon n'a pris la peine de développer des lanceurs spatiaux avec de telles spécifications et pour seulement un tir tous les deux ou trois ans ... que pour la beauté du geste ! Cela va de soi, tout le monde en sera d'accord [08]! -
Point de situation contribution militaire au Liban.
Alexis a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Europe
A mon avis, le gouvernement a parfaitement raison de refuser d'engager des troupes nombreuses tant que la mission et les règles d'engagement ne sont pas définies d'une façon qui nous convienne. J'ai des doutes sur l'envoi de 200 soldats supplémentaires qui vient d'être réalisé. Evidemment c'est une manière de montrer que nous sommes sérieux puisque nous envoyons déjà quelques troupes alors que rien n'est encore défini sur ce que va être la force de maintien de la paix. Mais ça ne nous évite pas les critiques impudentes de quelques éditorialistes imbéciles et du pantin de la Maison Blanche et surtout si la mission et les règles d'engagement devaient ne pas être définies correctement c'est 200 soldats de trop ! En tout cas ce sera une mission difficile ! 1) La mission sera très longue La guerre s'est arrêtée parce que le Hezbollah inflige trop de pertes à l'armée israélienne dans sa tentative de l'expulser du Liban sud. Bref, Israël estime que désarmer de force le Hezbollah serait trop coûteux pour lui, alors qu'Israël est évidemment le premier intéressé. Donc il ne peut être question de désarmer de force le Hezbollah. Il ne s'agit pas de faire à la place d'Israël les guerres qu'il ne veut pas mener ! Il ne peut s'agir que de démarrer un "processus politique" ... bref d'enserrer peu à peu le Hezbollah dans les filets de la politique libanaise pour finalement convaincre les chiites qui le soutiennent que sa capacité militaire est devenue inutile à leur sécurité. Avant les bombardements stupides d'Israël contre les infrastructures et les civils du Liban, ce ne pouvait être qu'une tâche de longue haleine. Maintenant .... y faudra-t-il une décennie ? Une génération ? 2) Elle sera rapidement très "animée" ... Le Hezbollah, et au-delà ses parrains iranien et syrien, a remporté un succès éclatant. Tout ça grâce à une petite provocation contre Israël, et en comptant sur la stupidité de la réaction israélienne. Le Hezbollah est un bel instrument et un atout important dans le jeu iranien. Ce n'est sans doute pas la dernière fois qu'il est utilisé ? ... La prochaine fois qu'Israël réprimera dans le sang les Palestiniens de Gaza après qu'ils aient tiré des roquettes sur Israël ? La prochaine fois qu'on parlera un peu trop du nucléaire iranien ? La prochaine fois que l'archange Gabriel apparaîtra en rêve à Ahmadinejad pour lui dire de détruire Israël ? En tout cas, ça ne tardera sans doute pas beaucoup ... 3) Le rapport de forces ne sera pas précisément favorable ... Quand le Hezbollah recommencera ses provocations et Israël peut-être ses réactions stupides, comment la force de maintien de la paix pourra-t-elle réagir pour limiter les dégâts ? Il faudra à la fois qu'elle puisse "faire mal" (vraiment mal) au Hezbollah tout en n'apparaissant pas comme le supplétif d'Israël. Notamment elle devra combattre toute tentative d'Israël d'exercer des représailles contre les civils libanais : une force d'interposition doit être impartiale. Cette force ne sera pas dans la position d'un "gros bras" s'interposant entre deux "petites frappes", comme dans une quelconque dispute tribale en Afrique. Même avec des moyens importants et des règles d'engagement libérales, cette force sera un petit homme s'interposant entre d'une part la meilleure force de guerrilla au monde, d'autre part un "gros bras" qui tape sur les civils quand ladite force de guerrilla l'exaspère trop. Une position tout sauf confortable ! 4) Une petite remarque accessoire Pour ceux qui pensent que le programme nucléaire iranien est inacceptable et qu'il faut aller jusqu'à faire la guerre à l'Iran pour l'empêcher (ce n'est pas mon cas), il n'a sans doute échappé à personne que l'Iran, en plus d'avoir ses amis chiites irakiens pour faire gentiment pression sur les occupants américains au cas où les Etats-Unis attaqueraient l'Iran, aura maintenant aussi le moyen d'exercer une amicale pression sur des troupes européennes au cas où des pays européens songeraient à appuyer une attaque américaine contre l'Iran ... Si j'étais un mollah iranien, je regretterais vraiment que le champagne me soit interdit ... oh la bonne cuite qu'on pourrait se payer à Téhéran après toutes ces bonnes nouvelles ! Bon, faut y aller ou pas ? Vu ce que j'ai écrit au-dessus, je regrette vivement que Chirac ait ouvert sa grande g... Mais maintenant que c'est fait, nous ne pouvons plus nous déjuger ... ... à condition évidemment que mission et règles d'engagement nous conviennent ! A mon avis, il faut insister notamment sur trois points : - que la mission n'est pas de désarmer le Hezbollah (c'est un accord politique intralibanais qui doit y pourvoir) - que la force de maintien de la paix doit avoir toute latitude pour user de la force à la fois en cas de provocation Hezbollah et d'incursion israélienne - que la France ne peut contribuer plus d'un quart des moyens en hommes. Soit presque 4 000 hommes ... ou 20% du "contrat" de l'armée de terre en ce qui concerne les déploiements indéfinis à long terme, ce qui est déjà énorme Chacun de ces points doit être une condition sine qua non. -
"Il faut sauver le Liban"
Alexis a posté un sujet dans Politique etrangère / Relations internationales
Je ne suis pas toujours d'accord avec Julliard, mais là je lui tire mon chapeau. Cet éditorial résume l'essentiel de ce qui concerne le Liban : http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060718.OBS5473.html Malheureusement cet impératif de sauvegarde du Liban ne sera sans doute pas suivi d'action. Chirac n'a pu que proposer une force internationale permettant d'imposer le désarmement du Hezbollah tout en évitant au Liban de souffrir sous les bombes israéliennes. Il semble que pour tout une série d'acteurs tels Israël et les Etats-Unis (sans parler de l'histrion nommé à la charge de ministre des Affaires étrangères de la France) ce ne soit "pas encore le moment" ... Dans l'état actuel de puissance, donc d'influence, où se trouve la France, même lorsqu'il s'agit d'un Etat aussi proche de nous que l'est le Liban, la France propose, les véritables puissances disposent :oops: :evil: ... -
Quelle puissance française pour protéger le Liban ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les forces à mettre en jeu doivent permettre de : 1) rendre trop coûteux pour Israël de continuer des bombardements au Liban étendus aux cibles non-Hezbollah 2) dissuader Israël d'envahir le Liban, au moins à partir d'une certaine ligne 3) empêcher les Etats-Unis de détruire facilement certains éléments du dispositif français 4) empêcher les Etats-Unis d'attaquer facilement des intérêts français à un autre endroit 5) enfin, la valeur de la dissuasion française doit être absolument hors de question D'où : 1) - Au minimum un PAN avec groupe complet de 30+ Rafale en version minimum F3, de préférence 2 PAN sur zone pour avoir une marge qui dissuade l'escalade, avec 1 à 3 frégates AA Horizon, 2 à 4 frégates ASM et 1 à 3 SNA modernes (pas les Améthyste actuels) sur zone - Une capacité conséquente de frappe au missile de croisière, soit plusieurs centaines de Scalp naval, de préférence au moins 2 frappeurs à 500 missiles chacun, sur zone. Ceci pour faire peser une menace sur les bases aériennes 2) - Capacité de projection de plusieurs milliers de parachutistes avec matériel léger en une opération - Capacité de renfort rapide avec unités lourdes, ce qui suppose des rouliers (RO/RO) et les forces navales pour les protéger : 1 à 3 frégates AA Horizon, 1 à 2 SNA, de préférence 1 PAN d'escorte (peut-être pas indispensable vu la distance réduite et le / les PAN déjà sur zone) 3) et 4) - Les Rafale doivent être au meilleur niveau possible (le standard F4 y compris radar AESA pourrait bien être indispensable) - La qualité des SNA, notamment pour furtivité et détection, est une condition sine qua non - Des moyens antisatellite dissuadant une attaque contre les Hélios ou Syracuse français. Probablement des lanceurs mobiles légers (environ 15 tonnes) au choix en version antisatellite y compris orbite haute ou en version de dissuasion nucléaire à portée intercontinentale - Une capacité navale de reste en plus des moyens déjà engagés. De préférence un groupe PAN de plus, avec frégates AA et SNA 5) - Au strict minimum 4 SNLE au meilleur niveau de furtivité (et non 3 comme actuellement, le 4ème étant l'Inflexible) - De préférence un système stratégique alternatif, par exemple les lanceurs mobiles légers déjà évoqués Soit au total pour les matériels principaux : - Minimum 2, de préférence 4 PAN disponibles (soit 3 à 5 au total vu les nécessités de disponibilité) - Minimum 70, de préférence 140 Rafale M disponibles (soit 100 à 200 au total) - Minimum 3, de préférence 7 à 8 frégates AA Horizon (soit 5 à 12 au total) - Minimum 3, de préférence 7 SNA disponibles (soit 8 à 14 vu les besoins de l'Ile Longue et la disponibilité) - Minimum 2, de préférence 4 frappeurs disponibles (soit 3 à 6 au total, avec 1500 à 3000 Scalp naval) - Un nombre suffisant de rouliers pour projeter 30 000 hommes avec 400 Leclerc, 200 canons de 155 et 100 Tigre (je ne sais pas évaluer ce nombre) - Evidemment, les forces terrestres en Leclerc, canons de 155 et Tigre doivent être égales à au moins le double de ces chiffres - Minimum 4 SNLE furtifs type Triomphant - Une centaine de lanceurs légers mobiles, pour partie à ogive nucléaire, pour partie antisatellite Ce serait donc là le minimum pour que la France ait la capacité d'intervention d'une véritable puissance en 2006. Evidemment, ce minimum sera plus élevé en nombre et surtout en performance des matériels en 2015 ou en 2020 ... -
Exercice d'évaluation de force "en direct" On peut poser la question de savoir de quelle force la France aurait du disposer pour empêcher l'écrasement du dernier gouvernement libanais indépendant en 1990 par la Syrie ou encore pour forcer la Syrie à respecter les accords de Taëf suivant lesquels ce pays aurait du cesser son occupation du Liban au plus tard en 1992. A mon avis la bonne réponse est que la France avait suffisamment de force pour cela, mais pas la volonté politique de le faire. Une question sans doute fictive mais intéressante(*) est de savoir quelle puissance militaire la France devrait avoir pour remplir aujourd'hui son rôle traditionnel de protectrice du petit et amical Liban contre ses puissants et violents voisins. Cette fois-ci, il s'agit d'Israël qui outrepasse manifestement les représailles légitimes qu'il mène contre le Hezbollah en s'attaquant aux infrastructures civiles du Liban. Attaquer l'Etat libanais et la population civile libanaise au moment même où ce pays commence à se relever de sa longue nuit (réconciliation entre chrétiens, musulmans sunnites et druzes, fin de l'occupation syrienne ...) est contre-productif à terme pour Israël qui n'a pas intérêt à ce que son voisin du nord retombe dans le chaos, qui est l'élément naturel dont se nourrit le Hezbollah, dont se nourriront peut-être demain d'autres mouvements encore plus radicaux. Les militaires israéliens semblent être sous forte influence américaine pour ce qui est de la qualité de la stratégie d'ensemble :rolleyes: :evil: ... En attendant, c'est une agression militaire contre un Etat pacifique, le Liban, qui ne peut pas grand chose lui-même contre l'organisation militaire du Hezbollah Je propose le scénario suivant : - L'objectif est de forcer Israël à se limiter à des attaques contre les seules forces du Hezbollah, à l'exclusion de toute attaque contre des objectifs d'infrastructure, économiques ou militaires libanais. Si Israël souhaite attaquer la Syrie, la France ne s'y opposera pas. - La France ne doit compter que sur ses seules forces. Certains Etats manifesteront peut-être de la sympathie (Russie, ...) mais une sympathie passive. La question étant : quel serait le minimum pour que l'objectif puisse être atteint. - Il ne s'agit évidemment pas de prêter le flanc à un désastre, sur ce théâtre d'opérations ou à un autre endroit. Les forces doivent être suffisantes pour dissuader Israël d' "escalader" militairement comme pour dissuader les Etats-Unis de mener des attaques dissimulées contre les intérêts français Quelle est votre analyse ? (*) : Etre une puissance réelle signifie pouvoir intervenir dans une situation où d'autres puissances réelles sont intéressées, non pour imposer tout et n'importe quoi mais pour imposer du moins un objectif limité / une inflexion limitée mais réelle des plans de ces autres puissances. Ce scénario répond à cette définition.
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Economies d'énergies et développement durable dans les armées
Alexis a répondu à un(e) sujet de phyvette dans Technologie
Ce genre de sortie n'augmente pas ta crédibilité. Le vocabulaire que tu utilises est celui d'un adventiste annonçant le Jugement dernier pour dans un an ou deux. Pas un vocabulaire objectif. Puisque tu dis que nucléaire classique, conversion CTL, pétroles non-conventionnels et réserves actuels de pétroles chacun ne représentent que peu de réserves d'énergie primaire ... pourquoi ne donnes-tu pas d'estimation de chacune de ces réserves ... et de leur somme ? Sans oublier bien sûr les réelles solutions à long terme, détaillées dans mon précédent post ;) -
Economies d'énergies et développement durable dans les armées
Alexis a répondu à un(e) sujet de phyvette dans Technologie
Non, lorsque le prix du pétrole s'installera à un niveau beaucoup plus élevé qu'actuellement (sachant que nous avons déjà assisté à un doublement de son prix en quelques années), il faut s'attendre au moins à une stabilisation sinon à une diminution des besoins. Cette stabilisation ou diminution des besoins, alors que le prix sera élevé, rendra beaucoup plus rentables les mesures d'économie d'énergie, par exemple le passage à des voitures hybrides, augmentera la compétitivité du rail par rapport à la route pour les transports lourds, rendra rentables l'exploitation des pétroles non conventionnels ainsi que la transformation CTL, provoquera une relance à grande échelle du nucléaire ... Bref, la situation sera stable pendant un certain temps (un petit nombre de décennies) dans un contexte de prix élevé du pétrole. Et cette stabilité jointe à la forte incitation à rechercher des sources alternatives d'énergie représentera la période d'opportunité pour préparer la phase suivante. Il ne s'agit évidemment pas de produire de l'énergie avec un bilan négatif ! Les réserves accessibles avec un bilan d'énergie positif sont considérables. Je te renvoie à la littérature (et j'essaierai de joindre des liens ultérieurement à l'appui de ce que j'avance) Oui bien sûr ... avec le type de réacteur actuel. Les réacteurs surrégénérateurs sont une option bien réelle puisque non seulement testés à petite échelle mais testés à l'échelle industrielle avec Superphénix. L'ordre de grandeur c'est la récupération de 100 (cent) fois plus d'énergie du même gisement d'uranium avec un surrégénérateur qu'avec un réacteur nucléaire classique. Nous parlons de réserves d'énergie pour plusieurs centaines d'années au rythme actuel de consommation. Pétition de principe, rien de plus. Les progrès réalisés depuis une génération dans le domaine de la fusion nucléaire contrôlée par confinement magnétique sont impressionnants. De mémoire nous parlons de trois ordres de grandeur gagnés sur le critère de Lawson. La machine ITER sera très probablement la dernière machine de recherche. Ensuite (dans une génération ?), ce sera le premier réacteur de production. Ensuite, l'industrialisation à plein régime, donc sans doute dans la seconde moitié du siècle. Si, cela diminue la consommation donc augmente le temps disponible pour réaliser le passage à l'énergie non fossile, surtout compte tenu d'un prix du pétrole plus élevé qui décourage la consommation (voir plus haut) Un prix du pétrole doublé en euros signifie un prix à la pompe augmenté de moitié environ, du fait de la TIPP. Avec un pétrole à 120 € le baril et le litre d'essence à 2 €, certains produits seront plus chers, pas de doute. Ca ne signifie pas la "chienlit" Sur notre production, dont le prix augmentera nettement moins que celle des Etats-Unis, sans parler de la Chine. Ceci dans la période "intermédiaire" dont j'ai parlé plus haut, celle qui signalera et rendra possible la sortie progressive de l'époque du pétrole, puis des autres énergies fossiles. Non, on peut produire des hydrocarbures à partir d'une énergie primaire de nature nucléaire, comme expliqué dans mon précédent post. Le tout est de disposer de cette énergie nucléaire. La société industrielle ne se conçoit pas sans une énergie primaire abondante. L'époque actuelle où cette énergie primaire est d'origine fossile ne peut être que temporaire, sur ce point tu as entièrement raison. A ma connaissance seules trois sources d'énergie primaire sont envisageables pour l'après - énergie fossile : 1) Le nucléaire surrégénérateur, avec des réserves de plusieurs centaines d'années de consommation d'énergie primaire au rythme actuel 2) Le nucléaire à fusion, avec des réserves qui dépendent des réactifs considérés mais qui se comptent en milliers voire millions d'années si on utilise les ressources du système solaire (la fusion contrôlée cela signifie aussi des transits interplanétaires aisés) 3) Le solaire spatial, c'est-à-dire des satellites géants placés là où le soleil brille toujours et où aucune gravité n'empêche de construire de grandes structures ultralégères, l'énergie étant retransmise à Terre par faisceau de micro-ondes. Il s'agit là d'une énergie tout simplement inépuisable (jusqu'à ce que le Soleil se transforme en géante rouge dans cinq milliards d'années :lol: ) L'avancement de la technologie commande de les pratiquer dans l'ordre, d'abord le surrégénérateur puis la fusion nucléaire. Le solaire spatial, peut-être un jour ? -
La France a t elle fait une impasse dans son armement ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est vrai. D'un autre côté, ces impasses ne semblent pas aussi graves que l'impasse sur l'armement antisatellite : - L'hélicoptère lourd ne remplit pas une fonction indispensable, au sens où ne pas en disposer n'interdit pas de mener un conflit moderne - Le chaland de débarquement rapide, idem, quoique ce manque me semble plus dommageable (à débattre) - Pas de flotte de rouliers pré-attribuée à la Marine en temps de guerre, en effet, mais enfin il serait possible d'utiliser des réquisitions en cas de besoin. Ce serait plus difficile à organiser, mais le blocage ne semble pas total Il ne semble pas qu'il y ait d'impasse aussi grave que celle sur les armes antisatellite.