Aller au contenu
Fini la pub... bienvenue à la cagnotte ! ×
AIR-DEFENSE.NET

Alexis

Members
  • Compteur de contenus

    15 152
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    246

Tout ce qui a été posté par Alexis

  1. La Russie il est vrai doit faire face de son côté à l'escalade destructrice de l'armée ukrainienne, par exemple dans l'attentat terroriste à Belgorod. Attentat terroriste dont il est permis d'ailleurs de se demander comment l'idée en est venue aux forces ukrainiennes ? Enfin ce n'est pas comme si le gouvernement russe avait quoi que ce soit de provocant ?
  2. J'avoue n'avoir basé mon avis que sur ses interviews. Il faudra peut être que je lise un livre de lui un jour
  3. Je trouve dans l'entretien d'Emmanuel Todd au Figaro à l'occasion de la publication de son dernier livre un passage que je ne peux qu'approuver entièrement Et est-ce que la Russie a vraiment gagné ? Nous sommes plutôt dans une forme de statu quo… Les Américains vont effectivement rechercher un statu quo qui leur permettrait de masquer leur défaite. Les Russes ne l’accepteront pas. Ils sont conscients non seulement de leur supériorité industrielle et militaire immédiate, mais aussi de leur faiblesse démographique à venir. Poutine veut certes atteindre ses objectifs de guerre en économisant les hommes, et il prend son temps. Il veut préserver l’acquis de la stabilisation de la société russe. Il ne veut pas remilitariser la Russie et tient à poursuivre son développement économique. Mais il sait aussi que des classes creuses démographiquement arrivent et que le recrutement militaire sera dans quelques années (trois, quatre, cinq ?) plus difficile. Les Russes doivent donc abattre l’Ukraine et l’Otan maintenant, sans leur permettre aucune pause. Ne nous faisons aucune illusion. L’effort russe va s’intensifier. Le refus occidental de penser la stratégie russe dans sa logique, avec ses raisons, ses forces, ses limitations, a abouti à un aveuglement général. Des mots flottent dans le brouillard. Sur le plan militaire, le pire est à venir pour les Ukrainiens et les Occidentaux. La Russie veut sans doute récupérer 40 % du territoire ukrainien, et un régime neutralisé à Kiev. Et sur nos plateaux de télévision, au moment même où Poutine affirme qu’Odessa est une ville russe, on raconte encore que le front se stabilise… Je constate que nous nous rejoignons non seulement sur le constat de la supériorité militaire russe sur le terrain, mais sur l'analyse du discours actuel du gouvernement américain sur le thème d'un "conflit gelé" et "blocage réciproque" comme un simple refus de reconnaître la réalité pour l'instant, et surtout de l'objectif russe de prendre le contrôle d'une grande partie de l'Ukraine et de neutraliser le reste (bien loin des espoirs occidentaux d'une simple amputation limitée de l'Ukraine dont le reste resterait indépendant) ainsi que de la prévision d'une intensification de la guerre à court-moyen terme jusqu'à l'atteinte de cet objectif. Todd a bien noté lui aussi la réitération récente par Poutine de sa remarque comme quoi Odessa serait "une ville russe". Et il est vrai que Poutine ne remilitarise pas la Russie dans une grande proportion. 6% du PIB pour la défense cette année, c'est certes davantage que les Etats-Unis (pour ne pas parler des pays européens) mais cela n'a rien à voir avec les 15 à 20% de l'époque soviétique, et Israël a été pendant la majeure partie de son Histoire aux alentours de 8% sans que cela n'empêche le moins du monde son développement ni sa prospérité. Je précise à toutes fins utiles que je n'approuve pas tout ce que Todd affirme loin de là. Par exemple, quand il affirme que le retrait des Etats-Unis du monde amènerait une ère de paix générale, je pense que c'est d'une naïveté confondante. A mes yeux, c'est un intellectuel brillant qui produit des idées à jet continu, et sur trois de ses idées l'une est fausse, l'autre est simplement aberrante... et la troisième est très éclairante au point d'ouvrir de nouvelles perspectives ! Bref quelqu'un à écouter avec attention, et avec un grand filtre pour critiquer ses idées et séparer le bon grain de l'ivraie. Quelqu'un qui fait réfléchir, et qui force d'ailleurs à réfléchir puisque le très éclairant et l'aberrant sont tellement mêlés dans son discours. Ce qui est probablement la meilleure manière d'être un intellectuel d'ailleurs plutôt qu'un gourou ou un personnage essentiellement médiatique mais en fait très superficiel (à la Michel Onfray par exemple)
  4. L'explication proposée par le Telegraph est nouvelle pour moi (bon, peut-être que ça a déjà été dit et je l'avais juste manqué ) Sous couvert d'anonymat, un fonctionnaire français a déclaré que Paris craignait, en se joignant aux frappes menées par les États-Unis, de perdre tout moyen de pression dans les pourparlers visant à désamorcer les tensions entre le Hezbollah et Israël. Ces dernières semaines, la France a concentré une grande partie de sa diplomatie sur la prévention d'une escalade au Liban. C'est vraisemblable, la France ayant une longue tradition d'appuyer le Liban, lequel serait la première victime en cas d'escalade supplémentaire entre Hezbollah et Israël. Si vraiment Paris a la possibilité d'en diminuer le risque - et comment le savoir sans essayer ! - c'est certainement pour nous un enjeu plus important que de rajouter quelques AASM ou MdCN aux frappes américaines comme le Royaume-Uni l'a fait. Le souci de rester en capacité de parler à la fois au gouvernement israélien et aux djihadistes hezbollahis, afin de tenter de préserver les Libanais, justifierait alors à mon avis de laisser la responsabilité de tenter d'empêcher les Houthis de continuer à troubler le trafic maritime en Mer Rouge aux Etats-Unis, qui en ont la volonté et les moyens. Ce qui n'empêcherait pas d'approuver l'action de Washington bien entendu... mais en silence Une sorte de répartition des rôles.
  5. Chacun de nous sur ce forum se présente d'une certaine manière... sans fournir de preuve à l'appui de ses dires. Quand il m'arrive de dire la vérité d'ailleurs, les autres contributeurs ne me croient pas - ils n'arrivent pas à concevoir que je poste vraiment depuis le 3ème étage (couloir B dernière porte à gauche) de la Loubianka à Moscou, section agit-prop étrangère Donc la question que tu poses peut être adressée à n'importe lequel d'entre nous. Pas besoin de de singulariser Stark_Contrast Au fait, mon voisin de la porte de droite @Stark_Contrast m'en doit une maintenant... Demain, c'est toi qui paie la vodka cher collègue ! C'est déjà une belle performance, puisque Ukraine et pays baltes sont assez proches à l'échelle du Monde. A preuve ces autres exemples
  6. Je dirais plutôt qu'il ne s'exprimait pas très précisément. Ce qui semble exister en Russie c'est une hyperconfiance à l'égard du Gouvernement. En France nous sommes plutôt spécialistes de la confiance à l'égard de l'Etat, même si en pratique nous pensons le plus souvent que le Gouvernement manie fort mal cet Etat. En somme, l'Etat est révéré du moins sur le principe - quand il s'agit de respecter les limitations de vitesse par exemple le principe peut devenir assez théorique - tandis que le Gouvernement quelle que soit sa couleur est généralement regardé comme une collection de branleurs et d'abrutis. Et en écrivant cela je me mets dedans naturellement... Sinon, voici un commentateur russe qui regarde ailleurs - c'est-à-dire ici - et ce faisant révèle pas mal de sa manière de penser. Où nous apprenons que la caractéristique personnelle la plus remarquable de Gabriel Attal est son orientation sexuelle - il est appelé "premier ministre-homosexuel" - que les deux personnages mis en avant par les deux principaux partis français Attal et Bardella ont en commun non seulement d'être arrivés par les relations de couple mais encore de ne pas être vraiment français vu leurs ascendants étrangers. Et que le fait que Attal n'a pas grand-chose à voir avec son ancêtre russe héros de la guerre contre Napoléon est suffisamment prouvé par le fait qu'il est homosexuel ... Pas de doute, il y a quelques obsessions qui se devinent ici ! Bardella a maintenant 28 ans et Attal 34 ans, tous deux étaient attachés de presse (Bardella dans le parti et Attal dans le gouvernement). Certes, Bardella est contre le mariage homosexuel et Attal est devenu le premier Premier ministre d'orientation homosexuelle, mais tous deux sont en réalité liés à leurs supérieurs : Bardella est marié de manière non officielle avec la nièce de Marine Le Pen, et Attal est dans un " "Union civile" avec Stéphane Séjournet, secrétaire général de Macron. "Renaissance" (longtemps et l'un des plus proches conseillers de Macron). Aujourd’hui, cependant, on dit que Séjournet et Attal se sont déjà séparés, mais cela ne change en rien le mécanisme de sélection du personnel de Macron. Bardella et Attal ont d'ailleurs des racines qui sont loin d'être françaises : alors que Bardella est issu d'une famille italo-algérienne, Attal est un mélange de juifs alsaciens et tunisiens (dont des proches des propriétaires de la célèbre chaîne des Galeries Lafayette), descendants de pairs de France, grecs et même des « Russes blancs d'Odessa ». Il existe encore peu d'informations sur ce dernier, mais parmi les ancêtres de son grand-père maternel, on mentionne le prince Dmitri Golitsyne, héros des guerres avec Napoléon et gouverneur général de Moscou de longue date . Il est clair que tous ces glorieux ancêtres n'ont pas influencé la formation de la conscience du premier ministre homosexuel, bien que sa grand-mère aux racines grecques l'ait élevé dans l'orthodoxie.
  7. De ce que j'ai compris, l'exigence d'Israël est que le Hezbollah retire ses forces au nord du fleuve Litani. C'était déjà l'objectif de la guerre - ratée - de 2006 qui répondait à une attaque hezbollahie en Israël qui avait coûté la vie à huit soldats de Tsahal. Dans les faits, les attaques récentes sur le nord d'Israël ont forcé à évacuer des milliers d'Israéliens de leurs villages situés trop proches de la frontière. Il n'est pas certain qu'Israël accepte indéfiniment cette situation. Ils veulent faire cesser ces attaques, et l'idéologie des organisations djihadistes palestiniennes et libanaises ne leur laisse que deux possibilités : soit évacuer tous les juifs de Terre sainte et détruire leur propre pays. Soit la solution de force, idéalement par la simple intimidation si elle suffisait, sinon par la guerre. Cela dit, je suis surpris que les Israéliens en parlent si tôt. Ils sont encore loin d'avoir pris le contrôle de l'ensemble de la bande de Gaza et d'y avoir éradiqué les moyens militaires du Hamas. Les évaluations initiales en octobre étaient d'ailleurs un délai de 8 à 12 mois pour atteindre cet objectif, donc pas avant juin à octobre de cette année.
  8. Rôoooh... Tu donnes là une dose de réalité trop forte. Sans doute, les Américains avant tout étaient à la manœuvre dans cette affaire, et si c'était un mauvais coup pour la France, c'était surtout un vrai sale coup pour l'Australie que son précédent premier ministre a mis dans une mauvaise situation. Je ne suis même pas sûr qu'il ait été payé pour cela. C'était à mon avis plus de la bêtise que de la corruption. Mais bon, même si nos amis britanniques étaient la 5ème roue du carrosse sur ce coup, comment ne pas en profiter pour mettre à jour la tradition franco-britannique bien établie de de casser du sucre mutuellement sur le dos à la première occasion ?
  9. La manière juste de protéger ces enfants aurait été de les confier aux autorités ukrainiennes, en marge de l'un des échanges de prisonniers - non pas que ces enfants le soient bien évidemment, mais ces échanges montrent bien qu'il y a des contacts entre autorités russes et ukrainiennes, même en pleine guerre, donc la possibilité de confier ces orphelins aux autorités du pays dont ils sont ressortissants existe bien. Mais bien sûr ce n'est pas ce que les Russes ont fait, puisque c'est précisément leur projet d'assimiler de force après les avoir conquis des gens qui ne le veulent pas. Tu as hésité... et tu as pris ta décision on dirait Oui c'est l'évidence l'assimilation forcée n'est pas le génocide. Il reste que c'est un projet criminel en lui-même, même si ce crime n'a pas la même gravité que le génocide. C'est possible en effet, mais quelles seraient les conséquences pratiques pour eux ? Ils pourront continuer à voyager sans souci dans les pays qui n'appliquent pas les décisions de la Cour pénale "internationale" (et non mondiale). Et ça fait du monde. Ils ne pourront pas visiter leurs villas de luxe en Europe non, mais c'était déjà le cas avant. Le fait de parler, et de parler beaucoup (à mon avis un peu c'est déjà trop) d'une mesure qui n'aurait aucun effet notable sur les dirigeants impliqués, à plus forte raison aucun impact sur la guerre en cours... au moment même où cette guerre a lieu ! Ce fait ressemble fort de mon point de vue à une distraction volontaire, un évitement de la (difficile) réalité. Et à mon sens, ça projette la faiblesse. Fournir des HIMARS ou des Scalp ou des obus. Argumenter auprès de la Chine pour qu'elle incite la Russie à la modération comme Macron l'a tenté en avril dernier. Payer les factures de l'Etat ukrainien pour qu'il ne s'effondre pas. Ces actions peuvent réussir ou échouer, mais elles s'adressent bien au sujet. Elles ont, ou peuvent potentiellement avoir un impact sur la réalité, et sur l'issue de la guerre. Elles n'affichent pas la faiblesse. Je n'imagine pas les dirigeants russes s'en rire, même s'ils pensent qu'elles échoueront. Parler de "juger" tel responsable russe, mettre en accusation Poutine devant la CPI - du coup, il doit participer à une réunion en Afrique du Sud par télé-présence... le pauvre ! - j'imagine fort bien que ça leur a fait la journée, aux dirigeants russes... une fois qu'ils ont réussi à arrêter de rigoler.
  10. Il me paraît difficile de nier que confier des enfants issus d'un orphelinat d'une région qu'on vient de conquérir à des parents adoptifs de son propre pays, plutôt qu'à des parents du pays qu'on est en train de conquérir, est criminel. Ce crime est une sous-partie du projet plus général consistant à conquérir et assimiler de force une population. Là où l'organisation Trial me semble vraiment pêcher par naïveté et refus du réel c'est en affirmant que ces crimes "devront être jugés". C'est complètement hors sol. Même si la Russie perdait cette guerre - je suis pessimiste sur le sujet mais admettons - nul ne pourra juger les dirigeants qui ont ordonné ce projet, ni Poutine ni les autres et jusqu'aux exécutants... sinon les Russes eux-mêmes. Le seul scénario où ces gens pourraient éventuellement passer devant un tribunal est celui d'un changement de pouvoir à Moscou - une révolution. Nul ne connaît l'avenir, mais le moins qu'on puisse dire est que ça ne se profile guère. Le problème de ce genre de déclarations "ces crimes devront être / seront jugés" est qu'elles sont tellement hors du réel qu'elles peuvent apparaître comme de simples pleurnicheries. Ou au minimum comme une hallucination et un refus du réel. Ce qui est un signe de faiblesse. Il n'est pas souhaitable d'afficher la faiblesse.
  11. Ces rapprochements peuvent être faits en effet. Parmi les différences qui me semblent particulièrement notables, je dirais : - Il aurait du être beaucoup plus difficile aux dirigeants russes de mentir à la population pour qu'elle soutienne la guerre que cela n'a été difficile pour les dirigeants américains. En effet, l'Irak est un pays lointain des Etats-Unis, que la majorité des Américains n'ont aucune raison de connaître bien. En revanche, l'Ukraine est un voisin de la Russie, c'est même un voisin avec lequel les Russes ont vécu pendant des générations - j'ai lu l'estimation comme quoi environ 20% des Russes ont de la famille en Ukraine. Et pourtant Moscou a réussi à convaincre la majorité des Russes que cette guerre était nécessaire et juste ! Il faut imaginer Bush et son équipe parvenir en 2003 à convaincre les Américains que l'invasion du Canada est absolument nécessaire... Je soupçonne que les ressorts utilisés pour le mensonge d'Etat de 2022 sont différents de ceux utilisés pour celui de 2003. Voire que c'est peut-être quelque chose de différent qui s'est passé - Le poids de la guerre pour la société russe est incomparable avec celui de l'Irak, même du Vietnam pour la société américaine. La Russie, pays un quart moins peuplé que ne l'étaient les Etats-Unis dans les années 1960, a subi au moins (minimum des estimations) autant de pertes en moins de deux ans de guerre en Ukraine que les Etats-Unis en une décennie au Vietnam, alors même que sa démographie est pire que celle de l'Amérique des années 1960 qui était une société jeune Cela ne signifie pas que les rapprochements avec l'Irak 2003 soient inintéressants naturellement. Mais il me semble qu'ils trouvent rapidement leurs limites. Une comparaison plus surprenante, mais qui pourrait être éclairante, c'est avec la guerre civile américaine 1861-1865. Elle n'est pas de moi, même si je ne sais plus dans quel journal américain je l'ai lue en premier. Sans doute il y a des différences notables, mais les parallèles sont importants (la suite reflète mes connaissances de la guerre de Sécession américaine, n'hésitez pas à corriger le cas échéant) D'abord les différences évidentes : le Nord n'a pas attendu 30 ans pour refuser que le Sud devienne indépendant, alors que la Russie s'est plus ou moins accommodée de l'indépendance ukrainienne entre 1991 et 2022 (plutôt moins vers la fin, certes). Egalement, et c'est un point important si l'on s'intéresse au côté moral, l'Ukraine ne maintient pas > 3 millions de personnes en esclavage - cependant ce n'est pas la morale qui gagne ou perd les guerres. Mais les parallèles sont nombreux : - L'enjeu est le même : la prise de contrôle d'une entité politique plus petite par une entité politique plus grosse. La Russie veut transformer l'Ukraine en pays satellite à "souveraineté limitée", comme le Nord refusait l'indépendance du Sud - Le rapport de forces est similaire : la plus grosse entité a une population 4 fois supérieure à la plus petite (population libre du Sud, la seule à porter les armes), son industrie est 10 fois plus grande. Ce sont pratiquement les mêmes chiffres dans les deux cas - La grande entité s'attend à une guerre courte et joyeuse, une simple opération de police. On ramènera Jefferson Davis / Volodymyr Zelensky en slip ! - Très mauvaise surprise pour eux, ça ne se passe pas du tout comme ça. Non seulement ceux d'en face résistent, mais ils résistent bien ! Quant aux Nordistes / Russes, ils s'avèrent moins adroits militairement qu'ils ne l'espéraient, et les mécomptes s'enchaînent - Que faire ? La réaction est la même, à 161 ans de distance. Pas question d'abandonner, il faut gagner à tout prix... plutôt choisir la guerre sainte ! Le Chant de Bataille de la République est créé en 1861, et c'est un chant de croisade. Les médias russes tonnent et fulminent en 2022, les dirigeants religieux opinent ceci est une guerre sainte. La mémoire de la "guerre sacrée" contre le nazisme est convoquée. Un chanteur populaire et bien en cour écrit une chanson de fierté nationale "Je suis russe, je vais jusqu'au bout !" - En face, on combat sans esprit de recul. Et on se bat bien. Deux ans après le début de la guerre, les Sudistes en sont encore à opérer sur le territoire du Nord. A l'automne 2022, les Ukrainiens réussissent deux offensives notables. L'habileté supérieure des Ukrainiens / des Sudistes paraît indéniable - Seulement voilà, un pays beaucoup plus peuplé et plus puissant, et qui parvient à rester uni sur le projet de gagner quoi qu'il en soit, a de nombreux avantages. Notamment, il a le temps pour lui. Le temps d'abord d'élever son efficacité militaire. Le Nord gagne la bataille de Gettysburg en 1863, en deux ans il a rattrapé l'habileté militaire du Sud. Dès le printemps 2023, les reportages sur le front rapportent que les Russes ont appris de leurs erreurs et que leur habileté n'est plus inférieure à celle des Ukrainiens - Et puis, il a la force tout simplement ! Humaine et économique. Et il peut donc se permettre une stratégie d'attrition. Le Sud s'est davantage mobilisé que le Nord, ses pertes quoique dans l'absolu un peu inférieures étaient en termes relatifs beaucoup plus lourdes... mais cela n'a pas suffi. L'Ukraine est beaucoup plus mobilisée pour la guerre que ne l'est la Russie... mais ses soldats au front sont de plus en plus démunis, et malgré une longue série de vagues de mobilisation on parle de la nécessité d'une nouvelle vague qui serait encore plus grande. Et la Russie produit des armes, bien davantage que l'Ukraine n'en produit ni n'en reçoit ==>Comment est-ce que tout cela peut se terminer ? Pour que le résultat de la guerre Russie-Ukraine soit différent de celui de la guerre civile américaine, il faudrait que le soutien militaire que l'Occident apporte à l'Ukraine - c'est LA différence importante avec la situation du Sud en 1861-65, Jefferson Davis ne bénéficiait de rien de tel - soit suffisant pour compenser la production d'armes de la Russie, et encore par dessus le marché la différence de population entre Ukraine et Russie. Et tout cela pendant très longtemps, jusqu'à ce que Moscou se décourage, ce qui prendrait probablement des années. La Russie n'a pas à ce jour gagné la guerre, donc en ce sens l'avenir reste ouvert. Cependant, il faut remarquer d'une part que le soutien militaire des Occidentaux a jusqu'ici été très insuffisant - à preuve, la dégradation de la situation matérielle du front ukrainien - d'autre part que même ce soutien insuffisant semble en voie d'affaiblissement. Enfin que la Russie semble mieux réussir à s'assurer un soutien de ses alliés (en échange d'autres avantages), munitions de Corée du Nord, drones d'Iran. Alors que l'armée ukrainienne connaît une crise des effectifs, notamment des effectifs expérimentés. J'imaginais en février dernier que les derniers défenseurs de Lviv dans l'ouest de l'Ukraine risqueraient de cesser le combat vers 2026, après quatre ans comme pour la guerre civile américaine. Mais si cette comparaison est valable, il peut être nécessaire de rapprocher ce terme, car tout semble aller plus vite en 2022-202X qu'en 1861-1865. Sauf si de nouveaux événements remettent tout cela en question - mais je ne vois pas lesquels... - je m'attends à ce que l'indépendance de l'Ukraine connaisse le même sort que celle des Etats Confédérés. J'ai bien noté que le commandant en chef de l'armée ukrainienne ne s'appelle pas Robert Lee, et qu'aucune ville ukrainienne ne s'appelle Appomattox, mais je crains que tout ceci ne se termine comme la guerre de Sécession. Du moins à terme humain. A très long terme, j'ai la faiblesse de penser que la morale reprend de l'importance. Et autant les Etats-Unis ont su refaire leur unité, grâce à la modération du Nord dans la victoire mais aussi parce que les descendants des Sudistes sont forcés de reconnaître que les Etats confédérés n'avaient pas que des qualités - esclavage, tout ça - si bien qu'ils n'ont à ma connaissance aucun désir de se séparer à nouveau, autant si l'Ukraine est forcée d'entrer dans le "monde russe" je peux imaginer que d'ici une ou deux générations les "Russes" de Kiev, Dnipro et autres lieux se mettent à affirmer qu'ils sont en fait des Ukrainiens, que c'est une guerre injuste qui a été faite à leurs grands-parents... et qu'ils veulent être indépendants. Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont mortes, la chance nous sourira encore, jeunes frères... C'est le début de l'hymne ukrainien. Mais si la guerre de la Russie en Ukraine se termine comme je le crains, je ne saurai jamais si j'avais eu raison sur ce dernier point... car ce serait pour l'avenir lointain.
  12. La censure, oui ou non ? L'institut d'étude de l'opinion publique en Russie le VTsIOM a publié aujourd'hui une enquête qui confirme le soutien de la majorité de la population à une censure d'Etat - comme il y a 15 ans, quoique avec quelques nuances. L'étude est là - en russe, naturellement, mais comme toujours la traduction automatique fonctionne bien Les résultats sont détaillés, et on demande aux sondés de donner leurs raisons pour demander / refuser une censure, mais voici le résultat général Pensez-vous que les médias russes (télévision, presse écrite, etc.) ont besoin ou non d’une censure d’État ? (2008 / 2023) Certainement nécessaire 26 / 24 Plutôt nécessaire 32 / 39 Probablement pas nécessaire 16 / 17 Certainement pas nécessaire 8 / 13 J'ai du mal à répondre 18 / 7 En quinze ans, il y a donc surtout beaucoup moins d'indécis, et à la fois le total des "Oui" et des "Non" a augmenté. Mais la majorité reste du côté des "Oui", qui restent en gros deux fois plus nombreux que les "Non" Les raisons données par les sondés sont intéressantes. Elles sont résumées dans cet article (on peut aussi lire l'étude directement) Les experts du VTsIOM ont dressé le portrait d’un Russe typique favorable à la censure. Le plus souvent, il s'agit d'une femme de plus de 45 ans, ayant fait des études secondaires ou secondaires spécialisées, des revenus élevés ou moyens (selon l'évaluation personnelle), vivant dans une petite ville ou une zone rurale. Sa source d'information préférée est la télévision. Ou encore, il combine le visionnage de programmes télévisés avec des flux provenant de sources Internet. Le citoyen russe typique qui ne soutient pas la censure est un homme de moins de 35 ans, avec une éducation secondaire incomplète et une situation financière précaire. Dans le même temps, un tel hipster gagne son existence dans la capitale ou dans une ville d'un million d'habitants et consomme activement du contenu Internet. Les femmes sont un peu plus nombreuses que les hommes à souhaiter une censure, et les personnes éduquées sont plus nombreuses que les personnes moins éduquées (ce point m'a surpris au premier abord) Les sociologues du VTsIOM ont également énuméré les raisons qui poussent les Russes à renoncer à la liberté de la presse au profit du contrôle de l'État. Ainsi, 44 % des personnes interrogées considèrent la censure comme « un mécanisme permettant d’assurer la stabilité et l’ordre dans la société afin d’éviter la panique ». Le deuxième argument est la protection contre les fausses nouvelles. C'est ce qu'affirment 20 % des personnes interrogées favorables à la censure. 10 % pensent que le filtre d'information de l'État améliorera le niveau culturel de la société. 9 % soutiennent la censure dans les médias, car elle est censée protéger les téléspectateurs et les lecteurs des informations négatives et immorales et de la propagande de comportements déviants. A noter que la deuxième raison donnée par ceux qui souhaitent une censure... est la même que donnent les partisans de la lutte contre les "fake news" en Occident. Eh oui, la lutte contre les fausses nouvelles c'est important ! La reprise de Twitter par Elon Musk est une catastrophe de ce point de vue, cet homme ne lutte pas assez pour la censure contre les fausses nouvelles ! L'article donne aussi les arguments des opposants à la censure. Je ne les recopie pas, ils sont ceux que nous connaissons - je l'espère - tous. Enfin, une conclusion intéressante de cette étude "De tels chiffres indiquent qu'il existe dans la société un concept d'hyperconfiance à l'égard de l'État", a commenté Sergueï Markelov à propos des résultats de l'étude. Le stratège politique a expliqué comment cela fonctionne au niveau de la psyché humaine. Cette situation peut survenir dans une société où le niveau d’anxiété est élevé. Plus une personne consomme d’informations, sur Internet, dans les journaux ou à la télévision – peu importe –, plus elle devient nerveuse. En conséquence, le psychisme ne peut pas faire face et une idée logique apparaît : vous devez trouver quelqu'un de grand et de fort qui vous aidera à vous calmer. - Les gens demandent à l'État : « Protégez-moi des contrefaçons. Moi-même, je n'arrive pas à comprendre où est le mensonge et où est la vérité. Déterminez-le pour moi et assurez-vous que ce n'est pas moi qui gère mon anxiété", a expliqué Markelov. "Cela crée un sentiment de contrôle et de compétence. En réalité, bien sûr, il s’agit là de pseudo-contrôle et de pseudo-compétence. Mais pour celui qui prône la censure, les pensées sont très importantes : « Je sais exactement ce qui se passe » ou « Je sais exactement quels mots utiliser pour couvrir ces damnés Américains ». Une hyperconfiance envers l'Etat. Je ne vois pas de description plus claire. Un fait de mentalité notable. Et à quel point commode pour Vladimir Poutine ! D'aucuns vont jusqu'à suggérer que le président russe en serait si satisfait qu'il n'a pas attendu les résultats de l'étude pour agir, et qu'il existe en fait déjà une censure des médias en Russie...
  13. C'est le moment de partager un touite du souvent excellent Collab Blues. Avec les petits drapeaux Et puis, la conclusion au moins est indéniable : "Tout ça est la faute des Anglais"
  14. J'ai d'ailleurs en ligne un certain Vladimir P. qui fait remarquer qu'il est absolument inacceptable de laisser continuer un génocide, comme de laisser un régime nazi au pouvoir dans un Etat voisin. Il affirme que si c'était les Etats-Unis qu'il dirigeait, ça ne se passerait pas comme ça, et qu'il ne reculerait pas devant la nécessité d'une opération militaire spéciale en direction du nord, après tout Trudeau et Zelenski sont bien aussi nazis l'un que l'autre ! Trêve de plaisanterie, c'est bien à ce genre d'absurdité manifeste que l'on arrive quand on étend indéfiniment, pour raison avant tout idéologique ou de propagande, une notion initialement on ne peut plus claire, et inventée spécifiquement en réponse au génocide nazi contre les juifs. Reconnaître que plusieurs événements historiques s'y rattachent - Arméniens en 1915, Tutsis en 1994 par exemple - est une chose, et si on se borne à cette évaluation de bon sens on en trouvera effectivement une poignée - confirmant au passage que le génocide est un crime rare, ce qui justifie d'ailleurs de maintenir une notion spécifique pour le désigner. Sinon, à force de l'étendre, on ne pourra plus guère le distinguer de la notion de "massacre" (série de meurtres). Voire même d'une situation sans aucun meurtre !
  15. Pas forcément d'accord avec cette idée. Ce qui est mort, et bien mort, c'est l'idée de rendre les Européens indépendants en matière de défense par la voie proposée par Macron en 2018-2019. Pour mémoire, il s'agissait de constituer un "pôle européen" à l'intérieur de l'OTAN, dans un contexte de délitement progressif de la garantie de sécurité américaine (c'était l'époque Trump N°1) qui aurait été compensée par une cohérence et des investissements de défense plus grands des Européens, avec appui sur une force de dissuasion française qui aurait été "étendue" avec des armes sous double clé dans d'autres pays européens, dans le même temps qu'un "arrangement" progressif aurait été recherché avec la Russie, un refroidissement progressif des tensions incluant une résolution du conflit gelé du Donbass (c'est Macron qui a relancé les rencontres avec Poutine, Zelenski et Merkel en 2019, dernière fois sauf erreur que les présidents russe et ukrainien se sont rencontrés), et avec une vue sur l'intégration pleine et entière de la Russie à moyen-long terme (Macron pouvait parler de "dix ans") C'était une stratégie réaliste dans le contexte de l'époque, qui a échoué et est aujourd'hui obsolète du fait de : - Refus des autres pays européens, notamment de l'Allemagne, Merkel ayant rapidement compris que Trump parlait fort mais ne ferait pas grand chose - Échec de la tentative de relance du processus de paix dans le Donbass (le sommet de 2019 n'a rien donné) - Remplacement de Trump par Biden, et les autres pays européens pleinement rassurés sur le maintien de la protection américaine - Invasion de l'Ukraine par la Russie, supprimant la possibilité d'arrangement et de refroidissement des tensions avec la Russie et conduisant la majorité des pays européens à redoubler d'attachement à l'arrangement de sécurité actuel avec les Etats-Unis Cela dit, même si la voie envisagée en 2018-2019 est définitivement barrée, il reste que le besoin, plus précisément la nécessité que les Européens tiennent sur leurs deux jambes pourrait apparaître. Ce n'est pas certain, mais c'est un scénario. Cela n'arrivera sans doute pas dans le scénario où d'une part l'Ukraine parvient à maintenir son indépendance plus ou moins dans ses frontières actuelles - c'est-à-dire si la Russie perd sa guerre - et si les Etats-Unis maintiennent leur rôle directeur dans la protection des pays européens. Dans ce cas, l'arrangement actuel resterait plus ou moins en état, avec probablement un peu plus de dépenses européennes pour la défense, un peu moins d'irritation américaine devant la négligence européenne de leur défense, un ou deux membres de plus à l'OTAN (Finlande, peut-être Suède, l'Ukraine elle ne rentrera évidemment pas) Et tout cela avec la France qui continue à faire semblant d'en être alors qu'elle se soucie surtout de maintenir sa capacité d'évaluation et d'intervention indépendante bref de faire du gaullisme "light", et les autres pays européens qui continuent à en être tout à fait sincèrement mais en essayant d'en faire le moins possible - bref le meilleur des OTAN possibles En revanche, dans le scénario inverse où la Russie l'emporterait en Ukraine, tandis que les Etats-Unis se retireraient largement de l'Europe pour se concentrer sur Extrême-Orient et Moyen-Orient, sans oublier l'augmentation de la puissance militaire russe (un 6% du PIB pour la défense qui perdurerait pour une armée expérimentée et victorieuse) et la température idéologique à Moscou qui resterait au "chaud bouillant", la nécessité pour les Européens hors Russie de sécuriser l'équilibre avec Moscou tout seuls serait évidente. Donc des solutions seraient trouvées. Pas la voie imaginée par Macron il y a 5 ans ça non, mais d'autres voies. Qui sont impossibles à prédire dans leurs détails, mais enfin quand des gens se sentent menacés gravement, ils ont tendance à réagir et à chercher des solutions. Les Européens sortent peut-être un peu ahuris de leur grande bulle de paix (presque) complète 1945-2022, mais s'ils sont amenés par les circonstances à redevenir ce qu'ils étaient auparavant... eh bien, il faut reconnaître que "chatons inoffensifs" n'est peut-être pas la manière la plus appropriée pour décrire leur comportement durant la plus grande partie de leur Histoire. Mon opinion personnelle est qu'en tout état de cause, si les Européens sont forcés par les circonstances à changer, le nombre de puissances nucléaires européennes augmentera de l'actuel 3 (RU+FRA+UK) à... davantage, et peut-être bien davantage Et bien sûr il y a tous les scénarios intermédiaires entre ces deux extrêmes. Par exemple la victoire russe sans désengagement américain. Ou la guerre gelée en Ukraine avec ou sans désengagement US. Etc. Bien sûr, il vaudrait beaucoup mieux que l'Ukraine maintienne son indépendance même avec un territoire plus réduit, que la température idéologique en Russie redescende, et que Washington soit reste là soit s'en aille à vitesse modérée en laissant quelques années aux Européens de s'adapter. Et dans un deuxième temps, les bisounours apparaîtraient et ce serait la paix sur Terre mes frères. On verra bien ce qui arrivera. Tout n'est pas dans la main des Européens c'est l'évidence - attention, litote ! - mais quoi qu'il en soit et comme disait Jean le majordome des "Tontons flingueurs" "Quand ça change, ça change. Faut pas se laisser démonter"
  16. Puisqu'on en est au cours de langue, DeepL me propose pour "gros con" : Großkotz, Riesenarsch, Fettarsch ou Fettsack... @Manuel77, un avis ?
  17. Le plus intéressant dans cette discussion je trouve, c'est de rappeler que les Etats-Unis jouent un rôle essentiel dans l'équilibre militaire de trois régions principales en-dehors du continent américain. Pas quatre, pas deux, mais exactement trois : Extrême-Orient, Moyen-Orient et Europe. Les deux principaux pôles économiques en dehors de l'Amérique du Nord + l'emplacement des principales réserves de pétrole mondiales Ce qui aide à mon avis à poser correctement le problème : 1. Un hégémon militaire qui exerce sa puissance et son influence directrice dans trois régions lointaines répond à des objectifs ambitieux. Voire très ambitieux. L'Empire britannique même au faîte de sa puissance n'en faisait pas autant. L'Empire mongol peut-être à la limite mais il n'a pas été uni longtemps. En 1945, pas de doute, les Etats-Unis avaient la puissance relative nécessaire (50% du PIB mondial, monopole de l'arme absolue la bombe atomique). En 1992, pas de doute, les Etats-Unis l'avaient (régime unipolaire de puissance du fait de l'effondrement soviétique, 25% du PIB mondial). En 2024, ils tirent un peu la langue (toujours 25% du PIB mondial, mais régime à nouveau bipolaire avec la Chine voire multipolaire avec Russie et Inde, plus réticence de la population aux aventures lointaines après les mécomptes en Irak et Afghanistan) ==>Et demain ? 2. Les Etats-Unis peuvent essayer de continuer à s'en sortir et à maintenir leur ascendant militaire mondial, en utilisant de deux leviers principaux : a) miser sur la mobilité de leurs forces (c'est déjà le cas depuis longtemps, et la logistique peut être considérée comme la partie de l'art militaire où les Américains excellent le plus) ainsi que sur la désunion de leurs adversaires potentiels, b) déconcentrer les charges et devoirs militaires vers des alliés (les Romains les auraient appelé fœderati, ou fédérés), en mobilisant notamment Japonais et Allemands, également Britanniques, Français, Polonais, Israéliens et Sud-Coréens pour qu'ils suppléent localement les forces centrales, tout en continuant à maîtriser les facilitateurs haut de gamme (high-end enablers, je ne trouve pas de bonne traduction en français) soit observation et intervention spatiale, C3I, guerre électronique, cyber... indispensables à une action d'envergure ainsi qu'à assurer le rôle d' "intervenant en dernier ressort", de réserve générale. L'argument principal pour convaincre les fœderati est le classique "Moi ou le chaos", ou au minimum "Moi ou l'inconnu". On préfère généralement maintenir une situation existante connue, et à vrai dire assez confortable, y compris au prix de quelques efforts supplémentaires. Cependant, a) trouve ses limites lorsque les puissances concurrentes / adversaires potentiels se coordonnent - et comme ils ne sont pas tout à fait stupides, ils y pensent bien sûr voire le pratiquent déjà. Reste avant tout le levier b), qui est potentiellement puissant mais pas très facile à mettre en oeuvre : les Japonais répondent clairement présent, et les Sud-Coréens sont déjà mobilisés, mais les Allemands dont l'Amérique attend pourtant beaucoup ne se mobilisent pas vraiment, les Polonais ont beaucoup de bonne volonté mais une économie assez petite, les Français travaillent avant tout à maintenir leurs propres high-end enablers afin de demeurer capables d'action indépendante même à beaucoup plus petite échelle, les Israéliens sont mobilisés et relativement très puissants mais ont leurs propres objectifs, tandis que les Britanniques semblent un peu perdus en ce moment et de toute façon pas franchement motivés pour augmenter leur puissance militaire. D'autre part, les disputes plus importantes qu'à l'accoutumé aux Etats-Unis - et particulièrement stridentes - ne rassurent pas vraiment les fœderati ce qui affaiblit un peu l'argument "Moi ou le chaos" ==>Même si la puissance relative des Etats-Unis ne diminue pas dans les 1-2 décennies à venir - la bonne échelle pour définir et mettre en oeuvre une politique de défense - ces deux leviers suffiront-ils à maintenir l'ascendant militaire des Etats-Unis et la structure qu'ils ont donnée au paysage géopolitique mondial ? Et que se passerait-il si elle diminuait - rôle affaibli du dollar et fin du recyclage des excédents mondiaux dans l'économie américaine, continuation de la montée en puissance de la déjà première puissance industrielle mondiale la Chine ? 3. Le simple fait que le sujet de discussion soit la priorisation des trois régions d'influence directrice Extrême-Orient, Moyen-Orient et Europe montre que Washington envisage (au moins) de ne pas être en mesure de maintenir son rôle dans chacune des trois. D'où la question évidente : laquelle risquerait d'être (relativement) "abandonnée", sans disparition complète des Etats-Unis de cette région mais avec abandon en fait si pas en droit du rôle directeur américain, et de son caractère structurant ? Une évidence, partagée par les deux partis américains, est que l'Extrême-Orient est la priorité. Qui vient après dans l'ordre de priorité - eh bien c'est un sujet de discussion entre Américains, et les Rouges et les Bleus ne sont pas forcément d'accord. Et la réélection de Trump ou de Biden en novembre ne décidera pas tout, l'orientation définitive peut aussi bien être décidée nettement et rapidement que se dessiner progressivement ou au fil des événements ==>Y aura t il vraiment pour Washington nécessité pratique de choisir "Deux parmi Trois" ? Si oui, qui de l'Europe ou du Moyen-Orient "perdra" au jeu de chaises musicales ? Je sais bien que ce n'est pas l'esprit dans lequel vous l'avez dit, mais comme il faut bien rire un peu, j'avoue que cette dernière phrase me rappelle la réplique d'un certain seigneur habillé en noir et au respirateur assez bruyant
  18. Intéressant, merci. D'une manière générale - évidemment on trouvera des exceptions - les Russes ont une conception (hyper-) réaliste de la souveraineté. Est souverain qui peut défendre son existence par lui-même... Point. Eltsine est assez extrême dans ce passage, mais son discours est en fait cohérent avec cette conception. La plupart des pays européens ne peuvent pas se défendre par eux-mêmes, donc ils ne sont pas des sujets souverains. L'Amérique les défend donc c'est elle qui les possède. Donc c'est bien à Washington qu'on peut demander de bien vouloir les donner à Moscou. Là où Eltsine est déraisonnable, c'est d'avoir imaginé que Clinton pourrait lui donner des biens appartenant à son pays. "Tiens Boris c'est cadeau !"
  19. Absolument ! Par exemple, Leonid Brejnev, le dirigeant soviétique de 1964 à 1982, il était comme Staline : russe.
  20. Pas d'accord avec cette opinion. Je pense que la situation de dissuasion est remarquablement stable depuis le tout début - depuis le 24 février 2022. Ce jour-là, dans son discours d'annonce de la prétendue "opération militaire spéciale", Poutine déclare que Maintenant, quelques mots importants, très importants pour ceux qui pourraient être tentés de l'extérieur d'intervenir dans les événements en cours. Quiconque essaie de nous gêner, et plus encore de créer des menaces pour notre pays, pour notre peuple, doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et vous entraînera à des conséquences que vous n'avez jamais rencontrées dans votre histoire De son côté, Biden déclare le 31 mai 2022 dans une adresse au peuple américain publiée dans le New York Times que les Etats-Unis soutiendront l'Ukraine tout en respectant trois limites Bien que je sois en désaccord avec M. Poutine et que je trouve ses actions scandaleuses, les États-Unis n'essaieront pas d'obtenir son éviction à Moscou. Tant que les États-Unis ou leurs alliés ne seront pas attaqués, nous ne nous engagerons pas directement dans ce conflit, que ce soit en envoyant des troupes américaines combattre en Ukraine ou en attaquant les forces russes. Nous n'encourageons ni ne rendons possible à l'Ukraine de frapper au-delà de ses frontières Il n'y a pas de prise d'assurance, et il n'y a pas de partie de poker menteur. Il n'y a pas davantage de série de menaces nucléaires de la part de Poutine qui n'auraient pas été suivies d'effet. Ce n'est tout simplement jamais arrivé, et il ne faut pas confondre les singeries de tel pitre télévisuel comme Solovyov ou de tel analyste halluciné comme Karaganov avec la politique du président russe. Il y a des paramètres fondamentaux permanents, définis je n'irais pas jusqu'à dire de manière coopérative mais de manière coordonnée par Moscou et par Washington, qui limitent leur affrontement à distance tout en préservant le cœur de leurs intérêts, pour l'un l'absence d'attaque contre un de ses alliés de l'OTAN et surtout l'absence de détonation nucléaire sur le sol américain, pour l'autre l'absence d'attaque sur son sol et surtout l'absence de détonation nucléaire sur le sol russe. Ces paramètres fondamentaux ont été définis très tôt, ils n'ont pas varié, et personne ne fait mine de vouloir les changer. Quant à France et Royaume-Uni, les deux seuls Etats avec ne serait-ce qu'une petite voix au chapitre - car puissances nucléaires - ils se sont alignés sans discussion sur les paramètres définis par leur allié américain. Aucun Scalp / Storm Shadow ne sera tiré sur le territoire russe internationalement reconnu. L'Ukraine parviendra, ou non, à préserver son indépendance dans le cadre de ces paramètres. Quoi qu'il en soit, ils ne varieront pas. Même si les troupes russes devaient finir par entrer en vainqueurs à Kiev et à Lviv. Amusant, mais... Poutine n'a jamais dit cela. Un pitre télévisuel qui déclare qu'on va atomiser l'Allemagne parce qu'ils nous ont regardé de travers, un analyste chtarbé qui déclare qu'il faut nucléariser la Pologne pour montrer qu'on est sérieux, on en trouvera. Ce ne sont que des pitres, et des extrémistes démentis d'ailleurs explicitement par Poutine lui-même. Si je me trompe, je suis intéressé à ce que tu partages le lien d'une déclaration de Poutine avec le sens que tu décris - une menace explicite de tir nucléaire si condition X est réalisée sachant que X a été réalisé depuis. Voici une vidéo de l'essai de tir en rafale de 4 balistiques intercontinentaux Boulava depuis l'un des nouveaux SNLE russes de classe Boreï - sept sont déjà opérationnels, trois autres en construction, deux supplémentaires en projet. C'était en 2018 sauf erreur. Il n'y a pas de "SIC", qui indique qu'on cite exactement une déclaration, qui serait ici de Poutine. Il n'a jamais dit cela. Là encore, si je me trompe, je serais intéressé à ce que tu partages le lien de cette déclaration. Par ailleurs, les objectifs de guerre de la Russie ont été précisés très tôt - au plus tard lors des négociations ratées de mars-avril 2022 où Moscou a tenté de les obtenir à l'intimidation seule, sans faire la guerre plus avant - et ils n'ont pas varié depuis. Sauf que les 3 provinces exigées au départ (Crimée, Louhansk, Donetsk) sont devenues 5 (Kherson et Zaporojjia en plus), les autres conditions quant à elles restent les mêmes. Poutine les répète d'ailleurs de temps en temps, la dernière fois pas plus tard qu'il y a quelques semaines. Je ne ferais certainement pas le même pari. Et nous parlons de toute façon d'un scénario hors sol, car l'OTAN n'entrerait jamais en action sans la protection et de préférence la direction et le guidage de son membre le plus puissant les Etats-Unis, et les Etats-Unis ont déjà pris leur décision depuis longtemps. Maintenant, juste pour explorer rapidement ce scénario, je suis d'accord pour dire que même dans ce cas et même si ça se passait très mal pour eux sur le terrain, la Russie ne tirerait pas au nucléaire sur la France, ni sur le Royaume-Uni, pas davantage bien sûr que sur les Etats-Unis. Pour des raisons évidentes. Trois des membres de l'OTAN seraient protégés des détonations nucléaires. Quant aux 28 autres membres ? Je n'en suis pas si sûr. Heureusement, nous n'en saurons jamais le fin mot. Et que l'on ne s'illusionne pas sur la volonté de Washington, pas plus que de Londres ou de Paris, de mettre en danger ses intérêts vitaux en répliquant en Russie au nucléaire à une frappe nucléaire qui ne menacerait pas ce qui est vital pour lui. Comme le disait quelqu'un de tout sauf recommandable, mais à qui il faut donner raison sur ce point (Job, 2, 4) Peau pour peau ! L’homme donne tout ce qu’il a pour sauver sa vie.
  21. Absolument. Dans ce papier, Gérard Araud est sévère, voire cinglant, mais juste. Comme de bien entendu, je n'ai pas accès au papier, puisque je ne suis pas abonné. Comme très souvent, ce papier est cependant tombé du camion, là : L’Europe un nain géopolitique qui entend le rester Et s'il est tombé du camion, je suis sûr que ceux qui l'ont fait tomber en avaient le droit, n'est-ce pas ?
  22. En un sens si, puisqu'elle a adressé sa demande en 2022, alors que Trump était le véritable vainqueur de l'élection de 2020 et était donc légalement le président, même si la fraude des démocrates l'a empêché de rester à la Maison Blanche. Vous dites ? Sortir ? Hmmm oui ce serait peut-être mieux
  23. Situation très difficile pour les troupes ukrainiennes, du côté de Kreminna. Un reportage sur place du Point, auprès de soldats qui manquent de tout. Je ne recopie que quelques extraits, je conseille cependant de lire l'ensemble de l'article. Dans l’est de l’Ukraine, l’angoisse d’une débâcle Face à des Russes supérieurs en nombre, les Ukrainiens manquent d’hommes, d’armes et de munitions. Le moral est au plus bas. (...) Tout s'est précipité à l'automne, tandis que la contre-offensive ukrainienne s'essoufflait dans d'ultimes tentatives. Les munitions et les tanks ont commencé à manquer. Les Russes ont intensifié leurs assauts. La pression ennemie, conjuguée au manque de ressources, à la fatigue et à l'absence de perspective, a écorné le moral des soldats. « Ils veulent tous rentrer chez eux, au moins quelques semaines, raconte Sacha. Ils veulent quitter cet enfer où leurs jours sont comptés. Mais il n'y a pas de relève en vue. Aucune perspective dans un avenir proche. À Kiev, on parle d'une mobilisation nécessaire. Mais cela prendra encore des mois avant que les nouveaux conscrits soient prêts. » (...) « Pas de matériel, pas de munitions, des troupes en sous-effectif, des hommes épuisés, certains prêts à déserter ou à se mutiner, un commandement déficient au niveau de la brigade, énumère-t-il, oui, la situation est urgente. » (...) L'intensité de la guerre soumet le matériel à rude épreuve. L'ampleur des besoins logistiques et l'usure de l'équipement ont été sous-estimées. « Chaque tir lime l'intérieur du canon, explique Oleh. Peu à peu, le canon devient moins précis.Les Himars américains, les Howitzers allemands qu'on a utilisés pour libérer la région de Kharkiv sont usés. Il faudrait les réparer. » (...) Les militaires ukrainiens gardent un avantage de précision, mais sur le front la quantité l'emporte sur la précision. Les Russes ont l'avantage de détenir des stocks quasi inépuisables d'obus qu'ils ont hérités de l'URSS. (...) « Le point de rupture est atteint, explique Mykyta, la détermination seule ne nous permettra pas de tenir nos positions très longtemps. Compenser le manque d'armes par la vie de mes hommes m'est insupportable. Nous n'avons pourtant pas le choix, il faut continuer à se battre. Si nos alliés internationaux ne nous livrent pas très vite des obus et des armes, la guerre s'éternisera, et les soldats ukrainiens le payeront de leur sang. » (...) Iaroslav, un vidéaste devenu droniste, chasse son désespoir par le rire et l'ironie. « Nous n'en sommes pas encore à la période noire de Picasso, mais ce n'est plus la rose depuis longtemps. Nous arriverons bientôt à la dernière cartouche. Faut-il la garder pour soi ou la tirer sur l'ennemi ? » Ses camarades, Ivan, un éditeur de vidéo, et Ryba, éclatent de rire. Leur commandement a changé, et ils ne savent à quelle sauce ils seront mangés. Les pertes ont conduit la hiérarchie à refondre certaines brigades. Un certain chaos règne, mais les trois dronistes se refusent à critiquer l'état-major ou le gouvernement. Volodymyr Zelensky ? Ils sourient. « Il est dans son rôle, il pérore, s'amuse Iaroslav. Nous, nous sommes des vaches qu'on mène au pré ou à l'abattoir. » (...) Côté russe aussi, la lassitude s'installe. Selon les témoignages recueillis auprès des soldats capturés par les Ukrainiens, le moral est au plus bas. Leur armée a massé un nombre considérable de troupes sur le front Est. Leurs efforts acharnés leur ont valu des pertes immenses pour des gains territoriaux minimes, mais ils poursuivent l'offensive, coûte que coûte. (...) Sur les 500 hommes que le commandant Mykyta avait sous ses ordres, seuls 18 restent en première ligne. « J'ai perdu plus de 140 soldats, morts ou blessés, depuis la fin de l'été. Quelque 80 ont déserté, abandonnant derrière eux armes et équipements. J'en ai envoyé 40 autres en prison pour sédition. Le reste, ce sont des artilleurs, des officiers et des soldats chargés de la logistique. » Sacha, l'autre commandant, noie son spleen dans le haschisch : « Je ne sais plus ce que je fais ici, mais je continue de le faire. »
  24. Pour les autres pays européens - au hasard, la France - ces réalités économiques jointes à la réalité d'une menace multiforme balistiques / bombes guidées / missiles de croisière / avions d'armes / drones lourds ou légers / drones suicide doivent éclairer la nécessité d'une défense antiaérienne nombreuse et diversifiée : - Aster y compris 1NT à meilleure capacité antibalistique, 2 m€ pièce - VL Mica NG à moyenne portée, <1 m€ pièce - Mistral 3 - Mais aussi RapidFire 40 mm - Et laser au-delà du Helma P puissance 2 kW portée 1 km. Israël prépare le Keren Barzel puissance 100 kW portée jusqu'à 10 km, la France a besoin d'un système équivalent Tout cela et en mer et sur la terre. Indispensable si nous voulons que la France ait une capacité de haute intensité. Y a du boulot...
  25. Tout cela est fort bien, mais c'est oublier l'essentiel. L'essentiel, c'est qui est Donald Trump. Et de ce point de vue, les lycéens russes en savent davantage que bien des Américains et Européens - en effet, leur nouveau manuel d'histoire contemporaine ne leur cache rien Homme politique, homme d'Etat et homme d'affaires américain, né en 1946, 45ème président des Etats-Unis entre 2017 et 2021, premier président des Etats-Unis à n'avoir tenu aucun poste officiel avant son élection. Plus fortuné de tous les présidents américains. Il a présenté à nouveau sa candidature aux élections présidentielles de 2020, mais du fait de fraudes évidentes de la part du parti démocrate il a perdu l'élection au bénéfice de Joe Biden
×
×
  • Créer...