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Allemagne
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Une analyse de l'un des principaux think tanks allemands. https://dgap.org/de/forschung/publikationen/stunde-der-wahrheit L'heure de vérité La guerre russe contre l'Ukraine déplace l'attention de l'Europe vers l'Est. L'annulation du Conseil des ministres franco-allemand nourrit les doutes sur la capacité des deux pays à apporter des réponses aux crises actuelles - et à assumer leur rôle de leader. Malgré les avertissements des Etats-Unis, les gouvernants de Berlin et de Paris ont été surpris par l'attaque russe sur l'Ukraine le 24 février. Les deux parties ont dû admettre l'échec de leurs propres efforts diplomatiques. Il est rapidement apparu que les forces armées des deux pays ne pourraient guère s'opposer à une attaque similaire. A première vue, la nouvelle invasion russe de l'Ukraine a donc été un choc symétrique pour l'Allemagne et la France. Depuis, les responsables politiques à Berlin et à Paris sont préoccupés par les conséquences de la guerre, la politique énergétique et la politique de sécurité étant au centre des préoccupations. Après 2014, l'Allemagne tente pour la deuxième fois de réorienter sa politique étrangère et de sécurité, cette fois sous le slogan "changement d'époque". Et le gouvernement français réorganise lui aussi ses priorités après les revers de sa politique étrangère dans l'Indo-Pacifique et en Afrique de l'Ouest. A l'avenir, la défense du territoire et de l'alliance doit à nouveau figurer en tête des priorités dans les deux pays. L'unité franco-allemande montre des fissures Mais à y regarder de plus près, des fissures apparaissent dans l'unité affichée de l'Allemagne et de la France. Outre la politique énergétique, les grandes divergences en matière de politique de sécurité ont désormais conduit à l'annulation du Conseil des ministres annuel. Le fonds spécial allemand est un exemple clair de ces raisons. L'annonce du chancelier allemand de mettre à disposition 100 milliards d'euros supplémentaires pour les dépenses de défense a d'abord été saluée à Paris. Depuis 2017, le président Emmanuel Macron insiste pour que l'Allemagne investisse davantage dans la sécurité européenne. Mais depuis, les décisions d'achat allemandes ont suscité la désillusion en France. Beaucoup en France ne croient pas que les avions de combat américains F-35 ne seront utilisés que dans le cadre de la participation nucléaire et qu'ils ne concernent pas le projet concurrent franco-allemand Future Combat Air System (FCAS). Et le fait que le gouvernement fédéral ait récemment annoncé, sans participation française mais en association avec 14 partenaires principalement d'Europe de l'Est, un bouclier antimissile pour l'Europe basé sur la technologie israélienne et américaine a été la fameuse goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Derrière cela, il n'y a pas que la déception à court terme, même si elle existe aussi : Le fait que sa propre industrie n'ait jusqu'à présent rien reçu et que les projets de coopération avec l'Allemagne, le FCAS n'étant qu'un parmi tant d'autres, n'avancent pas. Mais ce qui est plus grave, c'est que le Parlement français et une partie du gouvernement ont l'impression que le gouvernement fédéral s'éloigne de l'engagement de "souveraineté stratégique" de l'UE convenu dans l'accord de coalition. Au plus tard depuis le discours de la chancelière à Prague, qui n'a guère eu un mot pour le partenariat franco-allemand, le soi-disant changement d'époque risque, du point de vue français, de devenir une rechute. Le président pro-européen français a des doutes Les doutes de la France sur la volonté de l'Allemagne de rendre l'UE plus souveraine ne sont pas nouveaux. Depuis des années, les propositions de Macron sur l'autonomie stratégique de l'Europe tiennent en haleine l'Allemagne et d'autres partenaires de part et d'autre de l'Atlantique. Ses idées ont toutefois été tolérées ces dernières années, notamment parce que Macron est le président le plus pro-européen depuis des années à la tête de la France. Parallèlement, le président n'a longtemps rien eu à craindre dans son propre pays et a pu s'appuyer sur une majorité confortable au Parlement. Il a rejeté les attaques contre ses initiatives pro-européennes et contre les projets franco-allemands comme des opinions minoritaires des extrêmes politiques. Or, ces opinions sont sorties renforcées des élections du premier semestre. Cela se ressent également dans la politique de sécurité, traditionnellement dominée par le président dans la cinquième République française. Depuis septembre, le Parlement et l'opposition politique ont nettement plus de poids. L'époque où la commission de la défense de l'Assemblée nationale reprenait les positions du gouvernement sans les critiquer est révolue. L'opposition veut avoir son mot à dire sur les décisions importantes - c'est ce que rapportent les initiés à propos des négociations qui s'ouvrent sur la planification financière militaire pluriannuelle - souvent au détriment de l'Allemagne. Le Rassemblement national de Marine Le Pen aurait par exemple déposé un amendement qui aurait pour conséquence la suppression totale des fonds français pour la FCAS. Et comme le gouvernement a perdu plusieurs votes ces dernières semaines et que l'opposition, de la gauche à la droite, vote ensemble contre Macron en cas de doute, rien n'est exclu. Emmanuel Macron a un besoin urgent de messages de réussite Macron a besoin de messages de réussite, le gouvernement fédéral devrait en être conscient, même dans la perspective du report du Conseil des ministres. Le fait que la partie française ait insisté sur une déclaration finale ambitieuse ne doit pas surprendre. Face aux réserves croissantes à l'égard de l'Allemagne, même les représentants de la majorité gouvernementale ont parlé avant le sommet d'un "moment de vérité". En ce qui concerne le FCAS, on attendait un coup de force de Macron et Scholz pour faire pression sur l'industrie divisée et déclencher des progrès à court terme dans la phase actuelle du projet. Ce refus est désormais une munition pour tous ceux qui, à Paris, préféreraient mettre fin aux projets de coopération aujourd'hui plutôt que demain et considèrent la "souveraineté européenne" comme une déviation illusoire de la ligne gaulliste. Pourtant, l'UE a aujourd'hui plus que jamais besoin d'un leadership franco-allemand. Et au-delà du FCAS, il y aurait beaucoup de place pour des améliorations. Le gouvernement fédéral travaille sur la première stratégie de sécurité nationale allemande, les négociations sur la programmation financière militaire pluriannuelle commencent en France. Le Conseil franco-allemand de sécurité et de défense et l'Assemblée parlementaire commune, qui se réunira en novembre, pourraient favoriser des échanges réguliers sur ces processus. En amont du sommet, l'intégration de la brigade franco-allemande dans des exercices de grande envergure sur le flanc est de l'OTAN a été discutée. Ce ne serait pas seulement un signal clair adressé aux partenaires déçus d'Europe de l'Est, mais aussi la possibilité de se rapprocher enfin d'une culture stratégique commune sur le terrain. Si rien de tel ne se produit, les voix s'élèveront dans les deux pays et dans le reste de l'UE pour dire que le duo franco-allemand est dépassé. Et les critiques pourraient ainsi voir se confirmer l'ancien ministre de la Défense Donald Rumsfeld, décédé l'année dernière, qui prédisait la fin de la "vieille" Europe franco-allemande après le "non" franco-allemand à l'invasion américaine de l'Irak il y a 20 ans. -
Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Dissuasion nucléaire
Vous allez adorer celui-ci. Il s'agit du rédacteur en chef du plus important journal conservateur d'Allemagne. Il a aussi des commentaires juteux sur les relations franco-allemandes. https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/ukraine-krieg-und-bedrohung-aus-russland-braucht-deutschland-die-atombombe-18421490.html Dissuasion nucléaire : l'Allemagne a-t-elle aussi besoin de la bombe ? Dissuasion nucléaire : un bombardier américain B-52 largue un missile de croisière lors d'un exercice, qui pourrait être équipé d'une charge nucléaire. Image : OL-H, AFPAA La politique de sécurité allemande s'appuie entièrement sur le parapluie nucléaire américain. Mais Washington pourrait se détourner de l'Europe. Berlin n'aurait alors que de mauvaises options. Par Berthold Kohler -Mis à jour le 29.10.2022-12:17 Si le mot d'ordre du chancelier reste le dernier dans cette affaire, l'ère du nucléaire en Allemagne prendra fin peu après Pâques. Même le "changement d'époque" provoqué par Poutine n'y a rien changé ; pour retarder l'abandon définitif de trois mois et d'une centrale seulement, Scholz a dû invoquer sa compétence en matière de directives. Depuis, même le FDP s'est calmé, du moins pour le moment. Pourtant, à Berlin, ce n'est pas seulement l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire au-delà du mois d'avril qu'il faudrait d'urgence mettre à l'ordre du jour, mais aussi l'utilisation militaire. Un tabou allemand qui a survécu à l'attaque Mais c'est un tabou allemand qui a survécu sans dommage à l'attaque de Poutine contre l'Ukraine et l'architecture de sécurité de l'Europe. Même le sabre nucléaire du président russe a tout au plus donné lieu à des réflexions sur tout ce qu'il ne fallait pas faire pour ne pas pousser le Kremlin à la guerre nucléaire. A Berlin, on craint que la seule livraison de chars de combat modernes puisse influencer le cours de la guerre en défaveur du Kremlin, à tel point que celui-ci ne saurait plus s'en sortir qu'avec une attaque nucléaire tactique. L'horreur serait sans limite, mais il y a une chose que Moscou ne devrait pas craindre : une riposte nucléaire. Dans les années 90, l'Ukraine a remis à la Russie les armes nucléaires soviétiques stationnées sur son territoire contre l'assurance, également donnée par Moscou, de respecter la souveraineté étatique et l'intégrité territoriale du pays. En Europe occidentale, seules la France et la Grande-Bretagne disposent d'armes nucléaires dont le but est de dissuader la Russie d'attaquer leurs pays. Il n'est pas question dans leur doctrine d'une bataille nucléaire en Ukraine. L'Amérique ne mènera pas de guerre nucléaire à cause de l'Ukraine Les Américains ne répondraient pas non plus de manière nucléaire à une première intervention russe en Ukraine, qui n'est pas membre de l'OTAN. Washington veut que Kiev ne perde pas la guerre et que Poutine continue à s'affaiblir avec elle. Mais à cause d'un pays dont la plupart des Américains ne savent même pas où il se trouve exactement, il est peu probable qu'un président américain s'engage dans un échange de coups nucléaires avec la Russie, qui pourrait conduire, au bout d'une spirale d'escalade, à ce que les deux puissances nucléaires se détruisent mutuellement avec leurs milliers de têtes nucléaires. Et aussi le reste du monde. Serait-ce différent dans le cas d'un allié proche ? La politique de sécurité allemande s'appuie entièrement sur le fait d'être sous le parapluie nucléaire américain. Il y avait pourtant déjà des doutes à ce sujet lorsque les présidents américains ne voulaient pas encore laisser planer le doute. Mais Donald Trump est alors apparu et a sapé la crédibilité de la soi-disant "extended deterrence", la dissuasion étendue à l'Europe, d'une manière que l'on n'aurait pas osé espérer au Kremlin. Trump a clairement fait savoir qu'il ne se souciait pas du sort de l'Europe, qui devrait se charger elle-même de sa protection. Il est loin d'être certain que l'OTAN - déjà déclarée "en état de mort cérébrale" par un président français - aurait survécu au maintien de Trump au pouvoir. Il est attiré avec force par le retour à la Maison Blanche. Même s'il n'y parvient pas, ce serait faire preuve d'une grave négligence que de considérer la présidence de Trump comme un simple accident de l'histoire américaine. Il est plutôt à craindre que l'"atlantiste" Biden soit devenu l'exception dans une Amérique qui pense de moins en moins devoir s'inquiéter et se soucier de la sécurité et de la stabilité de l'Europe. Le changement d'époque insidieux à l'Ouest Ce changement d'époque insidieux en Occident n'est pas passé inaperçu, même à Berlin, mais jusqu'au 24 février, on n'était guère prêt à en tirer les conséquences nécessaires. Depuis la déclaration de guerre de Poutine au monde libre, le gouvernement fédéral mobilise des milliards et des milliards pour rendre l'Allemagne indépendante du gaz russe et renforcer sa propre capacité de défense conventionnelle. Mais lorsqu'il s'agit de la colonne vertébrale de la sécurité allemande et de celle de ses alliés, de la dissuasion nucléaire, dont même les Verts disent aujourd'hui qu'on ne peut pas s'en passer, Berlin continue à faire l'autruche ; le silence règne alors dans la forêt d'éoliennes allemande. Mais quand la dissuasion crédible d'un agresseur sans scrupules, qui nie le droit à l'existence d'autres nations et envahit leurs pays, serait-elle plus importante que maintenant, alors que Poutine menace ouvertement d'utiliser des armes nucléaires pour assurer ses guerres de conquête ? De son point de vue, cela avait déjà fonctionné à merveille lorsqu'il avait occupé la Crimée. Et même après l'invasion du reste de l'Ukraine, le président américain et le chancelier allemand ont affirmé vouloir certes soutenir le pays attaqué, mais en aucun cas entrer dans une guerre nucléaire avec la Russie. Après cela, ce n'était plus qu'une question de temps avant que Poutine ne menace (et ne nie à un moment donné). Il avait d'ailleurs assuré qu'il ne voulait pas envahir l'Ukraine. Le président américain n'aurait pas à choisir entre Armageddon et la capitulation. Même si la campagne là-bas est loin de se dérouler comme prévu, Poutine n'a pas encore puisé dans son arsenal richement doté en "petites" têtes nucléaires. Il ne mène pas non plus encore de guerre conventionnelle totale contre l'Ukraine. Cela s'explique probablement par le fait qu'il craint lui aussi quelque chose : les multiples possibilités de réaction militaire, tant conventionnelles que nucléaires, dont dispose la superpuissance américaine. Elles rendent crédible la menace de Washington, volontairement abstraite, selon laquelle Moscou devrait s'attendre à de très graves conséquences après une attaque nucléaire : le président américain n'aurait pas seulement le choix entre un Armageddon nucléaire et la capitulation devant l'agression russe. Mais comment l'Europe, comment l'Allemagne veut-elle arrêter le chantage nucléaire de Poutine si le prochain ou le surlendemain président des Etats-Unis d'Amérique décide qu'il ne veut plus jouer le rôle de protecteur et d'assureur-vie pour les Européens, notamment parce que la Chine représente pour lui la plus grande menace, ce que suppose déjà la stratégie de défense qui vient d'être actualisée ? Les rares personnes qui veulent y réfléchir en Allemagne tournent leurs regards vers la "Force du frappe" de la France et les sous-marins nucléaires de la Grande-Bretagne. L'arsenal nucléaire français, même combiné aux "nukes" britanniques, ne serait toutefois qu'un substitut insuffisant à la puissance nucléaire américaine. Les deux Etats européens appliquent la doctrine de la "dissuasion minimale" qui, par la menace de représailles massives, doit dissuader tout adversaire imaginable de lancer une première frappe nucléaire contre leurs pays. Quelques centaines d'ogives suffisent aux Français et aux Britanniques pour menacer les grandes villes russes. Contrairement aux doctrines nucléaires américaine et russe, qui connaissent également la "limited nuclear war", le concept de dissuasion minimale renonce à pouvoir mener des frappes nucléaires limitées. Les forces armées britanniques et françaises ne disposent donc pas non plus du large éventail de systèmes d'armes nucléaires dont disposent les Russes et les Américains. Ni Londres ni Paris ne pourraient donc réagir de manière aussi "graduée" que Washington à une utilisation tactique d'armes nucléaires par les Russes en Ukraine. Dans une confrontation avec Poutine, où celui-ci utiliserait des armes nucléaires de combat, quel que soit le théâtre des opérations, il ne leur resterait que le tout ou rien. L'Allemagne n'aurait même pas ce choix Mais l'Allemagne n'aurait même pas ce choix, car elle est un "bon à rien nucléaire". Elle devrait, si l'homme à la Maison Blanche fermait le parapluie américain, essayer de ramper sous le parapluie français. Paris a déjà déclaré avant Macron qu'elle considérerait une attaque contre un pays de l'UE comme une attaque contre les intérêts vitaux de la France. Mais Macron n'a pas non plus précisé ce qu'il fallait entendre exactement par la "dimension européenne" de la stratégie nucléaire française. Ni Paris ni Londres n'ont publié de déclarations annonçant l'extension de la dissuasion au profit de l'Allemagne. Mais la promesse du traité d'Aix-la-Chapelle, selon laquelle la France et l'Allemagne s'accordent mutuellement "toute l'aide et tout le soutien qu'elles peuvent", ne pourrait-elle pas être explicitement étendue, de manière bien visible et audible pour Poutine, au domaine de la dissuasion nucléaire ? Le "dialogue stratégique" proposé par Macron, qui doit sans doute se dérouler dans un bunker nucléaire à l'abri des écoutes, n'est pas encore allé aussi loin. Berlin et Paris sont déjà totalement occupés à surmonter l'impasse dans laquelle se trouvent les projets d'armement conventionnel. Ils ne collaborent même pas encore à la mise en place d'un parapluie européen de défense aérienne. Et il n'y a pas qu'à Washington qu'un président cauchemardesque pourrait arriver au pouvoir : On n'ose pas imaginer ce que l'arrivée de Le Pen à l'Elysée signifierait pour les relations franco-allemandes. Ils sont fous, les Allemands ! Il n'était plus nécessaire de lui soumettre l'idée typiquement allemande de participer financièrement au programme d'armement nucléaire français afin d'y prendre part d'une manière ou d'une autre - les Français en ont déjà ri. Comme si la fière puissance nucléaire française dépendait de l'accord du Bundestag allemand, qui a déjà gâché bien des contrats d'armement à Paris, pour l'acquisition de bombes et de missiles ! Ils sont fous ces Allemands ! Mais on peut aussi être déclaré complètement fou de ce côté-ci de la ligne Maginot : Si l'on propose que l'Allemagne se dote, comme son voisin, de son propre parapluie nucléaire. La bombe allemande, parce qu'on ne dépendrait plus de la volonté de sacrifice des puissances nucléaires amies, éliminerait le problème de crédibilité de la dissuasion élargie. Pourtant, lors de la réunification, même les alliés étaient heureux que l'Allemagne confirme dans le traité "deux plus quatre" le renoncement à l'armement nucléaire qu'elle avait déjà déclaré en adhérant au traité de non-prolifération. Ce traité, contrairement au traité de non-prolifération, ne comporte pas de clause de retrait. Il n'en a toutefois pas besoin, car il n'existe aucune force politique en Allemagne qui souhaite se suicider de cette manière. Le renoncement à ses propres armes nucléaires, qui a été contesté en Allemagne jusque dans les années 1970, est considéré quelques générations après Franz Josef Strauß comme une décision éternelle imposée par le passé allemand et la raison politique. Comment pourrait-on continuer à s'opposer à la propagation - dangereuse - des armes nucléaires dans le monde si on se les procurait soi-même ? Centrales nucléaires à l'arrêt : les monuments de la peur allemande Si l'Allemagne ne pouvait effectivement plus compter sur l'effet dissuasif des armes nucléaires américaines, elle n'aurait pas de bonnes options. Mais fermer les yeux sur ce point est le pire des choix. La "réassurance stratégique" dont il a été question à Berlin après l'entretien entre Scholz et Macron ne doit pas rester un vain mot. Ce qui est sûr, c'est que Poutine ne se laissera pas dissuader par des éoliennes et des centrales nucléaires à l'arrêt. Ces dernières sont des monuments de la peur allemande de l'atome, même avant son utilisation pacifique. Mais la peur agit sur Poutine comme une invitation. Avec sa guerre et ses menaces, le dictateur russe a ouvert une nouvelle phase terrifiante de l'ère nucléaire. L'Allemagne ne peut pas en sortir, le chancelier pourrait écrire toutes les lettres de directives qu'il voudrait. -
Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ?
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Dissuasion nucléaire
Weber, chef du Groupe PPE : les feux de signalisation ne sont pas le bon ton en Europe https://www.salzgitter-zeitung.de/wirtschaft/presseportal/article236782827/EVP-Fraktionschef-Weber-Ampel-trifft-nicht-den-richtigen-Ton-in-Europa.html Bonn (ots) - Le président du groupe parlementaire du Parti populaire européen au Parlement européen, Manfred Weber (CSU), a mis en garde contre l'isolement croissant de la politique allemande en Europe. "Pour de nombreuses décisions, comme les 200 milliards d'euros que l'on veut lancer maintenant, Berlin devrait être plus communicatif, plus fédérateur avec ses voisins", a déclaré le politicien de la CSU sur la chaîne de télévision phoenix, en marge du congrès de la CSU à Augsbourg. L'axe Paris-Berlin, en particulier, ne fonctionne pas actuellement, comme le montre l'annulation des consultations franco-allemandes. "Ce n'est pas un bon signal en ce moment", a déclaré Weber, qui a constaté qu'il y avait "une tension actuelle dans les relations". Selon lui, le gouvernement fédéral doit faire attention à ne pas être perçu en Europe comme quelqu'un qui souhaite de moins en moins de coordination. "Le ton est important, Scholz et les feux de signalisation doivent travailler encore plus pour trouver le bon ton", a déclaré Weber avec conviction. Pour lui, il est particulièrement important en ce moment que l'Allemagne et la France parlent la même langue. "Nous devons aller vers une Union européenne de la défense", a déclaré le chef du groupe PPE. Cela ne peut se faire qu'en collaboration avec Paris. Weber a plaidé pour une plus grande coopération dans le domaine militaire et a proposé de discuter avec Emanuel Macron également de la défense avec des armes nucléaires. "Nous devons discuter avec les Français pour savoir si le bouclier nucléaire français ne pourrait pas s'appliquer à toute l'Europe". -------- Laisser le sabre au fourreau ! Je ne suis que le chroniqueur ! -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a un compromis sur l'entrée de la Chine (Cosco) dans un terminal du port de Hambourg. Scholz était pour, les ministères, le public et les services secrets étaient contre. https://www.n-tv.de/politik/Minister-protestieren-gegen-Scholz-Entscheidung-zu-chinesischem-Einstieg-in-Hamburger-Hafen-article23675575.html La Chine peut désormais acquérir 24,9 pour cent du terminal. La plupart des médias ne sont pas satisfaits, ils accusent Scholz de satisfaire ses vieux amis de Hambourg, influents sur le plan économique (il en a été le maire par le passé), et de négliger la clairvoyance stratégique en tant que chancelier fédéral. -------------------------------- Par ailleurs, le président allemand Steinmeier a prononcé un discours sur l'état de la nation. En voici un extrait : https://www.zeit.de/politik/2022-10/frank-walter-steinmeier-lage-der-nation-rede Frank-Walter Steinmeier : il n'y a pas de retour en arrière possible L'intervention du président fédéral Frank-Walter Steinmeier avait été annoncée avec de grands mots. Un discours sur l'état de la nation, c'est quelque chose que les présidents allemands n'avaient jamais fait sous cette forme jusqu'à présent. On connaît cela aux Etats-Unis, où le président prononce chaque année un tel discours ; mais cette tradition n'existe pas dans notre pays. En mai, Olaf Scholz s'est adressé aux Allemands, ce qui est également inhabituel, mais presque logique au vu de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine et de sa proclamation d'un changement d'époque. Et maintenant Steinmeier. Le président allemand avait l'air sérieux, presque affecté, et a dit des vérités qui dérangent. Cet hiver, la crise et toutes ses pressions ne sont pas encore terminées ; dans la situation actuelle, "il n'y a pas de retour en arrière". On ne peut pas continuer à écrire "l'histoire du succès de notre pays au même rythme qu'au cours des trois dernières décennies". Ce fut un discours important et de qualité. Steinmeier était conscient de la signification historique - et ce n'est pas une exagération, mais la nouvelle réalité au milieu d'une transformation profonde dans laquelle l'Europe et le monde se trouvent actuellement face au changement climatique, à la guerre et à la crise énergétique. Scholz a parlé d'un changement d'époque. Steinmeier parle de rupture d'époque. "Face au mal" Le président allemand a critiqué le président russe Vladimir Poutine pour son "obsession" impériale. L'attaque russe est une attaque "contre toutes les leçons que le monde avait tirées de deux guerres mondiales". Une extension de la guerre et "une escalade nucléaire" doivent être évitées. Mais Steinmeier a également mis en garde, avec une clarté inhabituelle, contre le fait de miser uniquement sur les négociations : "Face au mal, la bonne volonté ne suffit pas". On peut discuter de l'utilité de la catégorie "du mal" pour analyser la situation actuelle en Ukraine. Mais son choix de mots drastiques est certainement aussi lié au fait que Steinmeier a toujours été vivement critiqué pour son attitude antérieure favorable à la Russie. S'il parle désormais du "mal" à propos de la Russie, on ne peut plus guère lui reprocher de ne pas se démarquer. Dans son discours, il n'a pris position qu'indirectement sur ces accusations. Après la réunification, il a eu l'espoir d'un avenir pacifique en ce qui concerne la Russie, et cela a été le moteur de son travail pendant de nombreuses années. Mais maintenant, il n'y a plus de place "pour les vieux rêves". Ce n'est pas une excuse. Mais Steinmeier a déjà reconnu ses erreurs et ses mauvais jugements il y a plusieurs mois. Et avec lui, beaucoup d'autres se sont trompés dans l'évaluation politique de la Russie - y compris d'ailleurs des journalistes qui le critiquent aujourd'hui pour cela. -
Suite au blâme de la Cour des comptes allemande, le ministère de la Défense a présenté la liste des suppressions : https://augengeradeaus.net/2022/10/nach-rechnungshof-kritik-weniger-projekte-im-bundeswehr-sondervermoegen/ - Il s'agit du successeur du char de transport Fuchs. Pour cela, le ministère avait déclaré en juin une participation au Common Armoured Vehicle System (CAVS) dirigé par la Finlande. Il s'agit maintenant d'acquérir dans un premier temps 20 véhicules pour des tests ; la question de savoir quand un financement sera possible reste ouverte. - En ce qui concerne la frégate 126, les options pour deux autres navires en plus des quatre déjà commandés ne seront pas utilisées pour le moment. - Le système de missiles IDAS (Interactive Defence & Attack System for Submarines), qui permet aux sous-marins de repousser les hélicoptères, mais aussi d'autres navires, n'arrivera pas non plus pour le moment. - La commande d'avions de patrouille maritime (Maritime Patrol Aircraft) supplémentaires du type américain P-8A Poseidon de Boeing sera probablement réduite. Cinq de ces avions ont déjà été commandés ; trois autres semblent pouvoir être financés. Il a parfois été question de commander sept P-8A supplémentaires, ce qui porterait à douze le nombre total de ces avions de patrouille maritime ; toutefois, la marine s'est manifestement déjà adaptée à l'exploitation de huit au total. - Un système de défense antiaérienne, principalement contre les drones, appelé protection rapprochée, est pour l'instant reporté pour l'armée de terre. - La solution pour les corvettes supplémentaires prévues pour la marine, la classe K130, n'est pas encore claire. Il s'agit de permettre l'acquisition de nouvelles corvettes sur le budget de la défense en réduisant le nombre d'unités. ------- Le ténor de nos généraux en fauteuil dans les forums : les suppressions dans la marine et la P8 sont une bonne chose. Dommage que l'artillerie et la défense antiaérienne soient négligées.
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
https://www.businessinsider.de/politik/scholz-dass-die-eu-weiter-in-richtung-osten-waechst-ist-fuer-uns-alle-ein-gewinn/ L'UE compte 27 États membres. Il y a actuellement sept pays candidats à l'adhésion. En font partie depuis de nombreuses années les pays des Balkans que sont l'Albanie, le Monténégro, la Serbie et la Macédoine du Nord, ainsi que la Turquie, avec laquelle les négociations d'adhésion sont toutefois gelées. En juin, l'Ukraine et la Moldavie sont venues s'ajouter à la liste. La Bosnie-Herzégovine et la Géorgie ont demandé le statut de candidat, et le Kosovo prévoit de déposer une demande d'adhésion. Scholz a souligné que l'élargissement ne devait pas faire oublier les préoccupations des petits États membres de l'UE. "A l'avenir également, chaque pays doit pouvoir faire entendre ses préoccupations, tout autre scénario serait une trahison de l'idée européenne". ------- Je signale le ténor suivant dans nos médias : Cette déclaration de Scholz sur l'élargissement n'a pas fait l'objet d'un grand débat chez nous. Lorsqu'on en parle, on est indécis sur le sujet, il n'y a pas d'opinion claire. De nombreuses voix disent qu'il faut approfondir l'UE, pas l'élargir. D'autres disent qu'il ne faut pas laisser cette partie de l'Europe à la Chine ou à la Russie. Important : dans nos médias, on ne perçoit pas clairement qu'il y a là un conflit avec la France. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Encore un long article sur le style controversé de Scholz. Il y a aussi des informations sur la Chine et la politique intérieure, mais je les ai laissées de côté. read://https_www.tagesspiegel.de/?url=https%3A%2F%2Fwww.tagesspiegel.de%2Fpolitik%2Fchina-koalition-macron-warum-der-kanzler-so-aneckt-8806456.html Irritations en Europe Le rendez-vous d'Athènes est plus facile que celui de la veille à Paris. L'échange circulaire, longtemps critiqué, se met en place, l'Allemagne a livré les six premiers chars Marder. Le gouvernement d'Athènes s'était engagé à envoyer dans la zone de guerre 40 véhicules blindés de combat d'infanterie soviétiques de type BMP-1, qu'il avait autrefois reçus des stocks de RDA - et reçoit en échange 40 chars Marder allemands, les six premiers étant stationnés à la frontière avec la Turquie. Dans un premier temps, Scholz avait suscité l'irritation, surtout en Europe de l'Est, en raison de la manière dont il avait géré les livraisons d'armes à l'Ukraine, qui entre-temps a fait l'éloge de livraisons telles que les obusiers blindés et les chars antiaériens Guépard. Le moteur franco-allemand est désormais en panne. Mais l'impression d'un chancelier un peu seul en Europe a aussi quelque chose à voir avec la communication, l'Elysée sait placer habilement ses points de vue, alors que l'appareil de communication de Scholz est moins offensif, réagit beaucoup et ne pénètre pas assez. Et Scholz ne s'occupe peut-être pas assez de Macron, ne donne pas assez de signes et de gestes, c'est ainsi qu'un voyage commun chez Xi Jinping en Chine a échoué, alors que cela avait encore fonctionné lors d'un voyage à Kiev. Il y a ainsi de bonnes raisons de dépenser une partie des 100 milliards d'euros de fonds spéciaux pour la Bundeswehr aux Etats-Unis plutôt qu'en France, alors que c'est là que se trouvent les avions de combat f-35 les plus rapidement disponibles. Ou bien un plafonnement européen des prix d'achat du gaz pourrait conduire à ce que trop de gaz soit vendu dans d'autres régions, ce qui est justement un problème pour l'Allemagne avec sa part élevée. Et lorsque la France critique le parapluie de 200 milliards contre les prix élevés de l'énergie, Scholz rétorque que d'autres Etats de l'UE ont également mis en place de grands programmes. Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement craignent toutefois que les mesures allemandes ne fassent encore augmenter leurs propres coûts énergétiques et continuent de réclamer un plafonnement des prix du gaz à l'échelle européenne. Macron a récemment déclaré que l'Allemagne s'isolait en Europe. Un affront pour Scholz. Cette année, l'Allemagne a fourni beaucoup d'électricité, notamment à partir de centrales à gaz, pour aider la France à faire face à l'arrêt des centrales nucléaires. Au moins, il pourrait désormais y avoir un compromis dans le litige concernant un gazoduc traversant la France. La France, l'Espagne et le Portugal se sont récemment mis d'accord sur la construction d'un nouveau gazoduc sous-marin entre Barcelone et Marseille. Il doit remplacer le gazoduc prévu jusqu'à présent à travers les Pyrénées, appelé MidCat - qui devrait toutefois également acheminer du gaz et plus tard de l'hydrogène vers l'Allemagne, Macron s'y oppose jusqu'à présent. Scholz fait plutôt preuve d'un rapprochement avec un social-démocrate, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qu'il a également invité à la réunion du cabinet à Meseberg et avec lequel il a récemment organisé des consultations gouvernementales communes en Espagne. Cela attire l'attention. Le journal espagnol "Vanguardia" observe ces dissonances avec inquiétude : "Si la France et l'Allemagne ne s'entendent pas, c'est toute l'UE qui risque de connaître des turbulences. Ce serait particulièrement malvenu en ce moment, avec l'invasion russe en Ukraine". En ce qui concerne Scholz, un changement de direction est supposé. "Ce qui est vraiment inquiétant, c'est que, selon les estimations de différentes sources, l'Allemagne veut manifestement faire passer son statut de puissance dirigeante européenne avant celui de moteur de solidarité de la construction européenne". Dans les milieux de la coalition, on s'inquiète également du fait que le style du chancelier creuse également des fossés en Europe. -
Eh bien, il est certain que le Rafale ne reçoit pas en Allemagne la reconnaissance qu'il mérite. Il y a des articles dans les journaux lorsqu'il se vend, mais les raisons ne sont pas étudiées plus avant. Parfois, on soupçonne aussi la France de vendre simplement à n'importe qui avec du cash pour soutenir l'industrie. Dans le public intéressé, on voit les choses à peu près de la même manière pour les appareils militaires : si c'est européen, cela ne fonctionne pas bien. On ne fait pas de distinction entre les partenaires de coopération ou si Dassault a un rôle particulier et positif. Pour l'Allemand non intéressé, il y a des avions de ligne Airbus depuis environ 1977 (je fantasme), ils sont 50/50, ils sont nés de rien, ils fonctionnent bien, et c'est une belle réussite. Bien sûr, les Français essaient parfois de créer un maximum d'emplois chez eux, mais c'est normal. Mais ce n'est pas non plus comme si Airbus DS était particulièrement aimé, ils sont constamment critiqués. Si Macron veut convaincre les Allemands normaux (avec des chips et de la bière en regardant le foot) de la technologie française, il doit construire une voiture qui coûte au moins 60000 euros et qui se vend à des millions d'exemplaires. Ce serait le plus grand gain de réputation de la France en Allemagne depuis 1998.
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a justement une toute nouvelle interview de ce Nils Schmid (SPD) qui veut empêcher que les deux parlements parlent du FCAS. Introduction écrite de la Deutschlandfunk : Rencontre Scholz et Macron - Schmid (SPD) : "Vouloir avancer ensemble avec la France". L'Allemagne et la France ne peuvent pas partir d'une culture commune sur les questions d'énergie et de défense, a déclaré Nils Schmid (SPD) après la rencontre entre le chancelier Scholz et le président Macron. Mais il y aura des résultats concrets, a-t-il ajouté. https://www.deutschlandfunk.de/wo-stehen-die-deutsch-franzoesischen-beziehungen-interview-mit-nils-schmid-spd-dlf-60f094ed-100.html Les négociations sur le FCAS sont difficiles, mais elles avancent. Sur les questions de défense et d'énergie, il n'y a pas de culture commune. Macron utilise délibérément la frustration liée à cet état de fait pour forcer les progrès. Lors de la crise de la Corona, Macron a par exemple contraint l'UE à assumer une responsabilité financière commune sans concertation avec l'Allemagne, en posant des exigences publiques. Mais les ministres des Finances des deux pays ont ensuite bien collaboré sur ce dossier. La coopération franco-allemande fonctionne souvent sur ce mode, et il en sera de même pour le FCAS. Macron ne cesse de réclamer, et l'Allemagne commence à céder. Question : Mais la France doit quand même se sentir bousculée par Skyshield ? Réponse : Le projet est encore ouvert et n'est pour l'instant qu'une esquisse. La porte est ouverte, et on peut trouver un moyen pour que la France soit impliquée. Question : Mais n'est-ce pas décevant pour la France que le chef d'état-major allemand demande des produits prêts à l'emploi, pas des développements de l'UE ? Réponse : Oui, les projets sont trop lents. Le gouvernement précédent s'est mis d'accord sur beaucoup de choses politiques, mais les détails de la mise en œuvre sont beaucoup plus difficiles, parce que les industries de l'armement ont des intérêts différents. Il s'agit de la propriété intellectuelle. Du côté allemand, avec le MGCS, il y a malheureusement souvent l'idée que les chars allemands sont formidables et qu'on n'a pas besoin de partenaires européens. D'autres tranches sont néanmoins prévues dans le fonds spécial de 100 milliards pour les projets d'armement communs, nous continuerons à y travailler. Lors du Conseil des ministres commun reporté, qui doit avoir lieu en janvier, les choses doivent être définitivement clarifiées. Il ne veut pas admettre que c'est la faute de l'Allemagne. La coopération fonctionne, on le voit justement avec l'attitude étroitement coordonnée vis-à-vis de la Russie. ------- Dans une autre interview :https://www.swr.de/swraktuell/radio/spd-aussenexperte-schmid-zwischen-scholz-und-macron-passt-kein-blatt-papier-100.html Question : La coopération en matière d'armement ne progresse pas. Pourquoi snobe-t-on la France avec la commande du F-35 ? Réponse : Pour l'armement nucléaire, il n'y a que des systèmes américains. Pour le développement du successeur du Tornado, il faudra encore attendre de nombreuses années. D'où le F-35. Dans les 100 milliards de fonds spéciaux, le développement du FCAS est pourtant prévu. C'est un signal clair à la France que l'Allemagne veut ce projet. Question : Ne doit-on pas dire que l'amitié est rompue ? Réponse : Non, c'est totalement faux, comme on le voit dans la coordination étroite vis a vis la Russie. Concernant Skyshield, il dit que la France est invitée, mais qu'elle a jusqu'à présent refusé de coopérer en se référant à son propre système. Cela peut changer. ------------------- Eh bien, c'est à peu près ce à quoi je m'attendais. Peut-être que Nils Schmid ne veut pas d'un travail parlementaire commun sur le sujet parce qu'il y a déjà trop d'acteurs qui veulent avoir leur mot à dire. Malheureusement, les journalistes n'étaient pas des experts en armement, ils auraient alors pu demander, par exemple, si le FCAS devait porter des bombes nucléaires américaines. Mais en Allemagne, de tels détails spécifiques ne sont généralement même pas discutés dans des think tanks spéciaux. Il dit entre les lignes Merkel a eu la partie facile, elle a pu faire des annonces grandiloquentes, nous devons maintenant nous attaquer aux détails moches. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Qu'est-ce que Methode Pic ? Nous avons déjà discuté de l'article Vauban lundi dernier. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
En fait, les médias proches du gouvernement rapportent les faits de manière un peu plus "neutre" et descriptive. L'un de ces médias a par exemple rapporté que Macron voyait maintenant le moment tactiquement propice à l'escalade et qu'il voulait sciemment "piquer" Scholz avec une aiguille. Mais le sujet est partout. On ne trouve pas d'articles qui mettent résolument la France en cause. On parle aussi souvent de l'idiosyncrasie de Scholz. On la connaît déjà. Il est souvent guindé, refuse la franchise personnelle ou la communication. Il est têtu et aime se prendre pour la personne la plus intelligente de la pièce (un peu Asperger ou autiste). Voici un autre commentaire qui montre un peu de compréhension pour Scholz : https://www.tagesschau.de/kommentar/scholz-macron-kommentar-101.html Une France sans compréhension La proximité géographique de l'Ukraine et de la Russie attise les peurs, Berlin s'arme militairement et l'industrie allemande, l'économie allemande sont bien plus touchées par la crise énergétique actuelle et les sanctions contre la Russie que l'économie et l'industrie françaises. Seulement, la France ne comprend guère ces inquiétudes allemandes. Berlin se tourne donc vers d'autres partenaires qui sont dans le même cas. En d'autres termes, la meilleure amie se cherche de nouveaux amis. Cela fait mal, cela égratigne l'ego. Et un président français à l'ego égratigné n'est pas un bon interlocuteur. D'autant plus que Macron ne se fait pas seulement taper sur les doigts par l'Allemagne, mais aussi sur le plan de la politique intérieure. La situation de départ - un Macron à fleur de peau et un Scholz inquiet - est loin d'être optimale pour une bonne collaboration. ça continue de secouer Et pourtant : personne, à part le président russe Poutine, n'est aidé si la France et l'Allemagne se disputent publiquement dans la situation actuelle. On peut bien grincer des dents, mais en coulisses s'il vous plaît. Apparemment, Macron et Scholz ont tout de même réussi à se rassembler sur la terrasse du palais de l'Elysée, par un temps magnifique à Paris. Le moteur franco-allemand de l'Europe tourne, il est juste un peu secoué, car il y a un accord sur les grandes questions urgentes, dit-on dans les milieux gouvernementaux allemands. Cette déclaration n'est guère surprenante. Et elle n'est pas très concrète pour décrire l'état des relations franco-allemandes. La nouvelle date annoncée pour le Conseil des ministres franco-allemand annulé à la dernière minute est déjà plus concrète - à savoir aucune. ---------- Le problème, c'est que je me demande vers quels nouveaux amis Scholz se tourne. Les Européens de l'Est continueront à le soupçonner de complaisance à l'égard de la Russie, malgré le bouclier antimissile, et le seul fait d'entretenir de bonnes relations avec Biden est un peu léger pour l'Allemagne. Quand on est critiqué par tous ses voisins, il semble qu'il y ait un conducteur à contresens sur l'autoroute. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Les coups continuent de pleuvoir sur Scholz, c'est le jour noir des relations franco-allemandes, y compris à la télévision. Ici par une correspondante francophile du FAZ. https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/scholz-trifft-macron-im-elysee-palast-frankreich-ist-verstimmt-18416050.html Scholz rencontre Macron à l'Élysée : la France est contrariée Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz à l'Élysée. Image : AP Le président français Macron est mécontent du chancelier allemand. Politique chinoise, projets d'armement, politique énergétique - les sujets de discorde sont nombreux. Macron regrette l'intimité avec Merkel. L'accueil du chancelier allemand Olaf Scholz dans la cour intérieure du palais de l'Elysée a été aussi chaleureux que d'habitude ce mercredi. Le président Emmanuel Macron a souri à l'invité de Berlin et l'a accueilli avec un "Olaf" amical et une poignée de main. Au menu de ce déjeuner de travail de trois heures, il n'y avait pas que des plats légers préparés par le chef cuisinier de l'Élysée, Fabrice Desvignes. Sur la politique énergétique européenne, la coopération franco-allemande en matière d'armement, mais aussi sur la politique chinoise, Scholz et Macron ont du mal à élaborer des positions communes. Le président a refusé d'organiser une conférence de presse commune à l'issue de l'entretien. Le porte-parole adjoint du gouvernement à Berlin avait pourtant annoncé une conférence de presse à l'Elysée, si bien que ce refus a été jugé comme un signe de relations tendues. La semaine dernière, les deux gouvernements se sont mis d'accord à court terme pour reporter le point culminant annuel de leur coopération, le Conseil des ministres franco-allemand de Fontainebleau, sans fixer de nouvelle date. Ils ont accepté le signal de crise qu'ils envoyaient ainsi. Depuis, il ne se passe pas un jour sans que de nouveaux détails sur les désaccords ne soient révélés. Cela fait passer au second plan le fait que la coopération reste malgré tout étroite. Pas de voyage commun en Chine La presse française accorde une grande importance à cette brouille. Le Figaro a présenté en première page Scholz en allemand comme "Soloreiter". Libération a titré "Olalaf ! - Tensions entre la France et l'Allemagne". Le reproche selon lequel l'Allemagne s'isole au sein de l'UE a également été formulé par Macron lui-même lors du dernier sommet européen à Bruxelles. Des initiés rapportent que le président n'a pas trouvé d'écho auprès de Scholz avec l'attitude coopérative des semaines précédentes et qu'il a donc opté pour la méthode de la confrontation. Il n'y aurait de toute façon pas d'intimité avec le hanséatique cassant comme avec la prédécesseur de Scholz, Angela Merkel, qui échangeait presque quotidiennement des SMS avec Macron et buvait encore un petit verre avec lui à l'hôtel Amigo à Bruxelles à la fin des sommets européens. La décision sur l'entrée de Cosco dans le port de Hambourg n'est en outre pas considérée comme la meilleure carte de visite pour l'Elysée. Macron demande depuis longtemps que les partenaires de l'UE se concertent davantage au nom de l'autonomie stratégique lorsqu'il s'agit de la vente d'infrastructures critiques à la Chine. Vendredi à Bruxelles, il a souligné avec insistance que l'UE ne devait pas se considérer comme un "supermarché ouvert" dans lequel la Chine se servirait à sa guise. "Nous avons maintenant besoin de règles et nous devons, en tant qu'Européens, définir les points sensibles en matière d'infrastructures", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse finale. Le voyage du chancelier allemand à Pékin début novembre est vu d'un œil critique à l'Élysée. Le chef d'État chinois Xi Jinping avait invité Macron avant Scholz, mais l'Élysée a estimé qu'il fallait d'abord analyser le tournant autoritaire et ne pas passer immédiatement au business as usual avec une visite. Macron a proposé à Scholz un voyage commun, et l'Elysée a également estimé qu'une visite après le sommet du G20 à Bali serait plus appropriée. La chancellerie allemande a rejeté ces deux propositions. D'abord malade, puis devant la caméra Macron a décidé à la dernière minute de rendre visite ce jeudi à l'entreprise d'armement MBDA à Bourges. MBDA fabrique des systèmes de défense aérienne qui n'ont pas été présélectionnés dans le cadre de l'initiative allemande sur un bouclier de défense European Sky Shield. En ce qui concerne les projets d'armement franco-allemands, des critiques s'élèvent contre la volonté du coprésident allemand de l'assemblée parlementaire franco-allemande, Nils Schmid (SPD), d'empêcher un débat des parlementaires. Schmid a ainsi refusé de créer un groupe de travail, comme l'avaient suggéré plusieurs députés en raison des difficultés actuelles de compréhension des grands projets comme le système d'avion de combat FCAS. Le Bundestag a un rôle important à jouer dans le financement, c'est justement pour cela que les représentants du peuple voulaient en discuter. Le député alsacien Patrick Hetzel (LR) atteste du peu d'intérêt global du gouvernement fédéral Scholz pour les échanges avec la France : "C'est profondément inquiétant". Hetzel a interrogé la secrétaire d'État chargée des Affaires européennes, Laurence Boone, à ce sujet lors de la séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale. "Le couple franco-allemand n'est pas affaibli, au contraire, il fonctionne très bien. Nous n'avons pas décidé d'annuler le Conseil des ministres franco-allemand, mais de le reporter", a déclaré Mme Boone. Dans le cercle confidentiel, d'autres expériences sont révélées. La veille de l'annonce du paquet d'allègement de 200 milliards d'euros, le ministre de la Chancellerie Wolfgang Schmidt (SPD) était à Paris pour des entretiens. Il n'aurait pas évoqué d'une syllabe les projets de "double vrombissement", ce qui explique l'effet de surprise à Paris. Dans la même période, le chancelier a eu un entretien avec la première ministre Elisabeth Borne, qui devait avoir lieu par vidéo en raison de la maladie de Corona de Scholz. L'entretien a été annulé à la dernière minute, le chancelier se sentant "mal à l'aise", selon la rumeur. On a donc été d'autant plus surpris lorsque ce dernier a annoncé quelques heures plus tard, et soudain tout guilleret, l'accord de 200 milliards lors d'une vidéoconférence. -
Article long et intéressant sur le FCAS dans un magazine économique allemand. Il semble pessimiste et francophobe. https://www.wiwo.de/politik/europa/europas-gemeinsame-aufruestung-das-projekt-stand-noch-nie-so-auf-der-kippe-wie-jetzt/28764760.html Extraits : Macron n'exerce pas assez de pression sur Dassault. ---- D'autres responsables de l'armement ont également estimé, lors d'entretiens avec le magazine WirtschaftsWoche, que le projet était fini. Airbus qualifie volontiers le FCAS de plan A - et Trappier menace ouvertement d'un plan B non spécifié. "Apparemment, Dassault louche sur le fait que le Rassemblement national d'extrême droite arrive bientôt au pouvoir et lui finance un programme national comme promis", estime un responsable de l'armement. L'Allemagne est plus discrète, mais commence à être à peine moins ouverte à un échange de partenaires. "Car il est clair qu'après la fin de FCAS, nous ne resterions pas longtemps seuls", explique Schulte. On lorgne depuis longtemps déjà vers le projet anglo-italien Tempest, pour lequel le Japon a également manifesté son intérêt. Le fait que la direction de la Bundeswehr et les managers d'Airbus se sentent culturellement plus proches des pilotes de Tempest, BAE Systems et Leonardo, que de Dassault, n'y est pas étranger. Des partenaires plus petits, une chance plus grande ? Les premières avances ont déjà été faites. "Nous aurions de la place pour vous et votre technologie", recrute un manager de l'un des pays participants, "mais vous devriez vous décider rapidement, car nous sommes tellement avancés que plus vous attendez, plus il serait difficile de vous loger". Les Britanniques sont également à bord de Skyshield. Reste à savoir si cela permettra d'améliorer les choses à présent. Ce qui est positif pour les observateurs : Dans le groupe, outre l'Allemagne et la Grande-Bretagne, on ne trouve qu'un seul pays avec une industrie d'armement importante, la Norvège. Et en comparaison avec la France, ce pays est considéré comme relativement pragmatique et habitué aux coopérations internationales. A cela s'ajoute l'espoir que les participants se rendent compte, au vu des nombreuses acquisitions nécessaires dans tous les domaines, qu'une défense antiaérienne commune est plus rapide et surtout plus avantageuse pour tous les pays.
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Dommage que tu ne veuilles pas confirmer le cliché. Mais j'ai trouvé dix fois plus de résultats sur google pour l'expression allemande que pour la française. Je ne me laisse pas déposséder de mon interprétation de la psychologie profonde. @Bechar06 En fait, nous, les Allemands, nous nous appelons toujours en premier dans ce genre de formations de mots, mais je ne pense pas que cela ait une signification politique. C'est plus facile à prononcer parce que l'adjectif "deutsch" est très court. "deutsch-französisch" est facile à prononcer. Il en va de même pour "deutsch-amerikanisch". "deutsch-französisches Tandem", on le dit moins souvent, seulement 300000 occurrences sur google. Dans un tandem, la femme est assise à l'arrière et l'homme à l'avant. Néanmoins, c'est la femme qui donne la direction, nous ne voulons pas nous mentir.
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La pression sur Scholz s'accroît pour qu'il cède à la position française. Même Friedrich Merz, chef du parti d'opposition CDU et transatlantique avéré, rejette sur le gouvernement fédéral la responsabilité exclusive de la mauvaise relation avec la France : https://www.spiegel.de/politik/deutschland/friedrich-merz-wirft-olaf-scholz-isolation-von-deutschland-vor-a-f9d7f544-ae38-4d15-9298-85a4a8637bc5 A propos, une observation intéressante que j'ai remarquée ces derniers temps, mais qui est valable depuis des lustres : les Français parlent (soi-disant ?) le plus souvent de l'amitié franco-allemande, et c'est certainement ainsi que l'on parle chez nous. Mais nous parlons tout aussi souvent (ou peut-être plus souvent ?) du "moteur franco-allemand". C'est bien sûr parce que vous avez une conception émotionnelle des relations entre les groupes humains, alors que nous avons une conception mécanique. Il faudrait faire un sondage auprès de nos épouses respectives.
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Extrait du principal journal conservateur, le FAZ : La politique européenne de l'Allemagne : un éléphant dans le magasin de porcelaine européen https://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/deutschlands-eu-politik-elefant-im-europaeischen-porzellanladen-18412767.html Olaf Scholz pendant le sommet européen à Bruxelles Image : dpa Le chancelier allemand Olaf Scholz doit recoller les morceaux de porcelaine en Europe, qui n'auraient jamais dû être brisés. L'Allemagne ne peut pas se permettre son comportement, surtout en ce moment. Emmanuel Macron cherche ses alliés là où il peut les trouver. Moins de deux jours après la nomination de la nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président français lui a rendu hommage ce week-end à Rome. C'est déjà remarquable en soi. L'événement prend une signification supplémentaire lorsqu'on le replace dans son contexte : Quelques jours plus tôt, Berlin et Paris avaient annulé le Conseil des ministres franco-allemand hautement symbolique ; peu après, lors du sommet européen à Bruxelles, Macron a déclaré que l'Allemagne était "isolée" au sein de l'UE. Il est difficile de décrire plus clairement l'état actuel des relations franco-allemandes et donc le rôle de l'Allemagne dans l'UE. Le voyage du chancelier à Paris ce mercredi n'est donc pas un événement de routine, même si Olaf Scholz veut faire croire le contraire. Lors de son entretien avec Macron, le chancelier doit recoller les morceaux de porcelaine qui n'auraient jamais dû être brisés. La responsabilité principale de la profonde déchirure entre les deux gouvernements incombe à Berlin. L'indifférence avec laquelle la coalition Ampel traite la France doit déranger. Le conflit ne porte pas sur les contenus Les optimistes formés à l'économie interprètent peut-être le conflit comme une dispute sur le fond, c'est-à-dire comme le signe que Berlin s'oppose pour une fois à un gouvernement interventionniste à Paris, qui veut imposer à l'UE un plafonnement des prix du gaz et européaniser davantage les dettes publiques avec un nouveau fonds européen. Une telle dispute sur les contenus économiques et de politique européenne serait tout à fait honorable. Le sommet européen de la semaine dernière a également porté sur le plafonnement des prix du gaz et le fonds de la dette. S'il n'avait été question que de ces contenus, force serait de constater que l'Allemagne a perdu la bataille. Le compromis provisoire des chefs d'État et de gouvernement n'allait certainement pas dans le sens de l'Allemagne. Mais le conflit ne portait et ne porte toujours pas en premier lieu sur les contenus. Les relations entre Berlin et Paris ne se limitent pas à des lignes de front bien connues en matière de politique économique. Il s'agit du fait que le gouvernement allemand a volontairement et inutilement froissé d'autres Etats de l'UE à plusieurs reprises au cours des derniers mois. Scholz, en particulier, s'est comporté comme un éléphant dans un magasin de porcelaine européen. La manière dont le chancelier a propagé le "double coup de balai" allemand contre les conséquences de la crise énergétique a entraîné des réactions de rejet totalement exagérées (et donc évitables) au sein de l'UE. La possibilité d'un fonds de la dette de l'UE subsiste donc. L'Allemagne a contrecarré la critique justifiée d'un plafonnement des prix du gaz en achetant ces derniers mois du gaz à des prix que d'autres pays ne pouvaient pas se permettre. L'incompréhension a également été provoquée par le fait que Scholz ait dû faire appel à ses compétences de direction pour imposer l'exploitation un peu plus longue d'une seule centrale nucléaire supplémentaire. Et la querelle sur la construction du gazoduc Midcat, dans laquelle le chancelier s'était immiscé, a été tranchée par Macron. La thèse de Macron sur l'isolement de l'Allemagne a un fond de vérité La constatation du Français selon laquelle l'Allemagne est isolée au sein de l'UE est peut-être exagérée. Mais il a au moins un fond de vérité, car les critiques à l'encontre de Berlin ne viennent pas seulement des pays méditerranéens, mais aussi des Etats membres du Nord et de l'Est. Leur méfiance se nourrit également du fait que la plus grande économie de l'UE s'est rendue si dépendante des livraisons d'énergie russes et qu'elle continue à traiter les demandes ukrainiennes de livraison d'armes avec tant d'hésitation. L'errance de la politique européenne allemande est peut-être aussi liée au fait que les deux petits partenaires de coalition ne tirent pas à la même corde. Leurs poids lourds en matière de politique économique et financière, Habeck et Lindner, sont pourtant très expérimentés (et bien conseillés) sur les questions européennes. Scholz, quant à lui, agit tantôt de manière désintéressée, tantôt de manière maladroite, tantôt de manière irréfléchie - et toujours de manière moralisatrice. C'est pourquoi il est généralement impossible de savoir s'il heurte ses partenaires intentionnellement ou par erreur. La vérité se situe probablement au milieu : En règle générale, il ne se soucie pas des autres. L'Allemagne ne peut pas se le permettre, surtout pas en ce moment. C'est un truisme de dire que l'UE est mal positionnée lorsque son plus grand État membre se trouve en situation d'errance. Mais il en va aussi des intérêts allemands. Si Macron se détourne de Berlin pour se tourner vers Rome, Madrid et Lisbonne, rien de bon n'en sortira, ni pour l'économie allemande, ni pour l'Etat allemand et son budget. -------- Un extrait partielle de l'autre grand journal conservateur, qui s'en prend également à Scholz. C'est un long article, il considère l'armement comme un point de critique majeur : https://www.welt.de/politik/ausland/article241778509/Scholz-und-Macron-Jetzt-bestaetigt-sich-eine-alte-Angst-der-Franzosen.html La stratégie énergétique met en jeu des intérêts nationaux qui ne peuvent être écartés, c'est pourquoi Macron cherche d'une certaine manière à obtenir la compréhension de l'Allemagne auprès de ses propres compatriotes. Selon lui, son voisin a été plus déstabilisé que la France par la guerre et sa dépendance au gaz russe. "Notre Europe vit un moment de vérité", a déclaré Macron dans une interview au journal économique Les Echos, dans laquelle il a plaidé pour "des choix forts en matière d'énergie et de solidarité financière". La situation est différente en ce qui concerne les questions d'armement. Jusqu'à présent, Macron ne s'est pas exprimé publiquement sur le fait que Berlin, dans ses choix stratégiques, a infligé plusieurs gifles successives à la France. En effet, alors que les projets d'armement franco-allemands tels que l'avion de combat Scaf et le char du futur sont gelés en raison de jalousies et de craintes industrielles, la Bundeswehr achète avec empressement auprès d'entreprises d'armement extra-européennes. Parmi elles, les avions de combat américains F-35 pour 40 milliards d'euros et un système de défense antimissile israélien. Lorsque la ministre de la Défense Christine Lambrecht (SPD) a annoncé mi-octobre l'initiative European Sky Shield (Essi), à laquelle participent 14 autres Etats, elle a parlé d'une situation gagnant-gagnant pour tous. Mais pas pour la France. Pour Paris, c'est une situation perdant-perdant. Avec les Italiens, ils ont développé le système de défense antiaérienne Mamba, dont l'un est déjà stationné à la frontière orientale de la Roumanie. Il est prêt à être utilisé, mais Berlin n'en veut pas. Cela confirme la vieille crainte des Français, déjà exprimée par Charles de Gaulle, qu'en cas d'urgence, l'Allemagne soit plus proche des Etats-Unis que de ses voisins. En matière d'armement, Scholz aurait dû suivre les décisions politiques prises par son prédécesseur Angela Merkel. Le fait qu'il ne l'ait pas fait montre à Paris qu'on ne peut pas compter sur l'Allemagne. Cela montre surtout que l'idée de Macron sur la souveraineté européenne et la défense commune a été discrètement enterrée par Scholz. -
Personne ne parle de réduction. Mais il s'avérera que tous les souhaits de Noël ne pourront pas être financés avec cet argent, car trop coûteux. Mais il y a aussi d'autres raisons : Je prédis que l'argent sera disponible, mais qu'une partie importante ne pourra pas être dépensée parce que l'administration est trop lente. Ou alors, il n'y aura pas de fournisseurs. Nous le voyons en Allemagne depuis quelques années : il y a de l'argent disponible sans limite, mais il ne peut pas être utilisé. Par exemple, dans la construction de routes, de logements ou dans l'éducation. Cela vient du fait que l'on a réduit le budget pendant des années, que la situation est devenue catastrophique et que l'on met rapidement en place de grands "fonds spéciaux" pour ensuite attendre des miracles.
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Je ne suis pas d'accord sur plusieurs points. Le réarmement fait l'objet d'un consensus politique. Les 100 milliards sont déjà inscrits comme crédit dans la loi fondamentale, le Bundestag et le Bundesrat l'ont décidé. Bien sûr, l'euro est faible et l'inflation élevée, il faudra donc voir combien on pourra acheter à l'avenir pour 70 milliards de budget de défense par an (pour être plus précis, l'euro n'est pas faible, le dollar est anormalement fort par rapport à toutes les autres monnaies). En Allemagne, les coalitions au niveau fédéral n'échouent presque jamais. Le chancelier ne peut pas être destitué, il ne disparaît que s'il y a une majorité pour un nouveau chancelier. Et même si de nouvelles élections avaient lieu, les partis extrémistes de droite et de gauche atteindraient au maximum 20 pour cent au total (15 pour cent AfD, 5 pour cent Linkspartei). Tout continuerait comme d'habitude dans une constellation des trois grands partis. Voici 14 prévisions de croissance actuelles pour l'Allemagne. Les plus négatifs prévoient plus 1,1 pour cent pour 2022 et moins 1,75 pour cent pour 2023. https://www.tagesschau.de/wirtschaft/konjunktur/konjunkturprognose114.html En Allemagne, il y a encore une grande capacité d'endettement, les entreprises sont parmi les moins endettées d'Europe et les dettes privées sont également moyennes. Et avec une inflation aussi élevée, comment en arrives-tu à penser que 2,5 % d'intérêts sur la dette publique seraient un problème ? Dans les faits, la dette est même dévalorisée. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Quelques aspects intéressants dans cet article, mais aussi quelques interprétations erronées des processus de la politique allemande. Tout d'abord, il faut savoir que les partis de gauche allemands exigent toujours un contrôle plus strict des armements lorsqu'ils sont dans l'opposition avant les élections, puis deviennent "raisonnables" lorsqu'ils sont au gouvernement. C'est tellement prévisible et ennuyeux en Allemagne qu'il n'est pas nécessaire de le scandaliser. Ce qui est très surprenant, c'est l'influence que l'on attribue à cette femme politique verte, Hannah Neumann. C'est la première fois que j'entends ce nom. Bien sûr, je connais Jürgen Trittin, un homme du passé. Son impact sur la vie politique allemande est nul comparé à celui des ministres verts Habeck et Baerbock. Il est tout à fait absurde de prétendre que les Verts quitteraient (ou pourraient menacer de quitter) le gouvernement allemand à cause des exportations d'armes. Il est plus probable que j'aille sur la lune et que j'y construise une base en camembert. L'aspect vraiment intéressant de cet article réside dans les détails concernant une éventuelle réglementation européenne des exportations d'armes. Comme on m'a toujours assuré sur ce forum que la France était favorable à un approfondissement de l'UE, nous pouvons en effet envisager ce sujet avec sérénité. Je suppose que Macron défendra habilement ses intérêts dans les négociations sur les modalités - si tant est que de telles règles soient envisageables. Je m'inquiète toutefois de l'existence de think tanks explicitement germanophobes comme Vauban ou Mars. Ne nous méprenons pas, il y a aussi chez nous des nationalistes/souverainistes qui accusent le gouvernement allemand de vendre des intérêts nationaux à l'UE/aux Européens du Sud. Mais ce n'est pas si spécifiquement dirigé contre un pays. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Eh bien, deepL a traduit le sens d'"insulte" de manière trop tranchante. J'ai écrit "schimpfen", ce qui correspond à une réprimande sévère. Je ne me sens donc pas insulté au niveau national, mais en partie réprimandé à juste titre. Je suis en effet d'accord avec beaucoup de choses, y compris avec la menace de perte de compétences de l'industrie de l'armement. Mais l'état de la Bundeswehr est si mauvais que les pilotes perdent leurs compétences parce qu'il n'y a pas assez d'exercice. Il y a une fuite de l'armée de l'air parce qu'il n'y a pas assez d'heures de vol. L'idée de programmes d'armement propres souhaitables est un luxe comparé à cette catastrophe. La maison brûle. https://augengeradeaus.net/2018/05/schwund-beim-eurofighter-eine-pilotin-erklaert-ihre-kuendigung/ C'est pourquoi vous ne pouvez pas non plus comprendre notre sentiment d'urgence, un cynisme s'est installé depuis longtemps dans l'armée allemande, qui reproche à la politique d'avoir refusé pendant des années des armes utilisables. Je rappelle qu'en mars, le plus haut général de la Bundeswehr a déclaré que l'Allemagne était sans défense. En France, on aurait ensuite décapité soit le général, soit le président de la République. @Obelix38, la fable du scorpion et du criquet est bien triste. Mais ce n'est pas une description entièrement vraie des relations mutuelles. -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Les sujets de la semaine dans les grands talk-shows politiques : Anne Will (16.10.22) Missiles sur des cibles civiles - Peut-on encore arrêter Poutine ? Maybritt Illner (20.10.22) Énergie, crise, inflation - l'Allemagne est-elle la plus durement touchée ? Le chancelier voulait régler le litige nucléaire, mais cette crise n'est pas pour autant combattue. Elève modèle, championne du monde des exportations, nation industrielle - voilà ce qu'était l'Allemagne hier. Fini le rêve du gaz bon marché qui rendait l'économie compétitive et la voie particulière du tournant énergétique abordable. A cela s'ajoutent désormais l'inflation, la hausse des taux d'intérêt et un énorme problème de main-d'œuvre. Pourquoi l'Allemagne est-elle plus durement touchée par la crise que d'autres pays ? Comment peut-on encore éviter le pire ? Peut-on répartir les coûts de manière équitable ? La perte de prospérité est-elle en train de devenir permanente ? L'Allemagne - menacée de déclassement ? Dur mais juste (17.10.22) En attendant le frein aux prix : combien de temps les coûts de l'électricité et du gaz vont-ils encore augmenter ? Les citoyens font déjà l'expérience de prix élevés. Mais de nombreux plans d'aide de la politique se font attendre. Quand le frein aux prix de l'électricité et du gaz sera-t-il mis en place ? Les réserves d'énergie de l'Allemagne seront-elles suffisantes pour un hiver froid ? Et avec quelle facilité un sabotage peut-il paralyser notre approvisionnement ? -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Je ne comprends pas cette déclaration. Qui est offensé en Europe lorsque l'Allemagne achète des CH 47 et des F-35 ? Tous les autres utilisateurs européens qui les ont achetés dans le passé ou qui les achètent en ce moment ? -
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Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Wallaby dans Politique etrangère / Relations internationales
Quand je dis sans alternative, je veux dire sous la contrainte de temps que l'Allemagne s'est créée elle-même. Les Tornado et CH-53 allemands sont sur le point de tomber du ciel. Je reconnais le caractère tragique de cette situation, qui nous oblige à repousser encore plus loin la défense européenne, car les nouvelles acquisitions grignotent le budget. C'est la faute de l'Allemagne, car nous avons joué et procrastiné pendant des années sur ces questions. La Bundeswehr dit qu'il faut rapidement acquérir un hélicoptère de transport lourd, soit le CH 47, soit le 53. Il n'y a pas d'autre débat. Oui, il y avait une alternative au F-35, le F-18, mais dans le débat allemand, l'homogénéité du matériel au sein de l'OTAN et de l'Europe joue un rôle énorme. Le fait est qu'il s'agit de facto de standards du présent et du futur proche. Insulter l'Allemagne pour son comportement passé : d'accord. Insulter l'Allemagne si elle continue à bricoler et à procrastiner sur des contrats déjà signés dans le cadre de projets d'avenir comme le FCAS et le MGCS : d'accord. Insulter l'Allemagne parce qu'elle achète maintenant du matériel aux Etats-Unis afin d'établir rapidement un minimum de capacité opérationnelle : pas d'accord. EDIT: Ne pas "insulter", mais réprimander/critiquer. Pardon. -
[Union Européenne] nos projets, son futur
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Marechal_UE dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce qui m'a semblé intéressant dans cet article, c'est la perception de la France comme étant le défenseur le plus bruyant de l'approfondissement de l'UE. Je ne suis pas ces débats de très près, mais j'aurais supposé que la France souhaitait moins d'approfondissement que l'Allemagne. L'approfondissement signifie forcément moins de souveraineté, et sur ce point, nous, Allemands, nous considérons comme beaucoup plus généreux que les Français. Une interprétation allemande de mauvaise foi sera bien sûr que la France souhaite l'approfondissement de l'UE essentiellement en ce qui concerne les dettes communes, mais qu'elle ne souhaite pas céder de souveraineté pour le reste. On peut abandonner la souveraineté sur un enfant mal-aimé le cœur léger. J'aimerais bien savoir quel est le concept d'approfondissement de Macron en particulier, car il n'est pas du tout débattu chez nous, ni même considéré comme un sujet. Une première étape consisterait à regarder de très près qui, de la France ou de l'Allemagne, réclame le plus bruyamment la suppression du veto et l'instauration de décisions à la majorité ? Et dans quels domaines ? -
[Union Européenne] nos projets, son futur
Manuel77 a répondu à un(e) sujet de Marechal_UE dans Politique etrangère / Relations internationales
J'ai trouvé une analyse intéressante. Elle concerne la France, l'Allemagne et la Pologne. L'auteur est britannique et fait partie de l'un des principaux think tanks allemands. Je dois dire d'emblée que ses réflexions ne font pas partie du mainstream allemand. Teaser : La France est dans le camp de l'approfondissement de l'UE, la Pologne dans celui de l'élargissement. L'Allemagne se situe entre les deux. Dans son discours à Prague en août, Scholz a fait preuve de trop d'égards pour la France. L'axe Paris-Berlin ne peut pas à lui seul créer un compromis pour l'Europe. Macron a lancé la CPE pour emballer les intérêts français dans un conteneur qu'il peut faire passer pour européen ; c'est sa manière habituelle de procéder. Désormais, la CPE est devenue un monstre de Frankenstein sur lequel Macron perd le contrôle. L'Allemagne doit profiter de l'occasion pour se rapprocher de la Pologne. -------------- https://ip-quarterly.com/en/filling-europes-geopolitical-vacuum Combler le vide géopolitique de l'Europe La Communauté politique européenne est lancée aujourd'hui lors d'un sommet réunissant 44 États à Prague sans que l'on sache exactement à quoi elle sert. L'Allemagne a toutefois la possibilité de faire preuve de leadership et de négocier un accord entre la France et la Pologne pour faire avancer l'UE. Roderick Parkes À un moment où l'architecture de sécurité de l'Europe est brisée, un nouveau forum potentiel a émergé pour la réparer. Cette semaine, 44 dirigeants européens se réunissent pendant la plus grande crise géopolitique que l'Europe ait connue depuis au moins trois décennies. En tête de l'ordre du jour : déterminer pourquoi ils se réunissent et s'il convient de le faire à nouveau. Ce sommet géant est le fruit d'une proposition française visant à établir une Communauté politique européenne, et s'il reste plutôt informe et sans direction, c'est parce qu'il aurait dû être une proposition allemande avec des conseils allemands sur son objectif et son avenir. C'est l'histoire d'une occasion manquée - et d'une chance de tirer les bonnes leçons. Tirer sur le vieux canard : élargissement ou approfondissement ? En mai, lorsque l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie ont demandé le statut de candidat à l'Union européenne, elles ont involontairement ravivé un vieux clivage entre les États membres de l'Union européenne, entre le camp de l'"élargissement" et celui de l'"approfondissement". Les partisans de l'élargissement affirment que celui-ci a permis à l'UE d'adopter des sanctions contre la Russie à l'échelle du continent. Les sceptiques affirment que l'échec de l'approfondissement de l'intégration a permis aux nouveaux États membres de ralentir l'adoption de ces sanctions. C'est un débat qui se déroule depuis les années 1970, lorsque le Royaume-Uni a rejoint l'UE et a considéré l'élargissement comme un moyen de ralentir l'intégration politique. Il s'agit d'un débat extrêmement polarisé. Dans le coin rouge, la France, qui souhaite rationaliser la capacité de l'UE à agir dans le monde et est convaincue que l'élargissement y fait obstacle. Dans le coin bleu, la Pologne - favorable à l'élargissement et nerveuse à l'idée d'une coopération plus approfondie en matière de politique étrangère, de peur que l'Europe ne se détache des États-Unis ou que la Pologne ne soit mise en minorité par la France. Et entre les deux : L'Allemagne. Au printemps, un accord devait être négocié : Les Polonais obtiennent l'élargissement, mais renoncent à un droit de veto sur la politique étrangère de l'UE ; les Français obtiennent des structures de politique étrangère européennes rationalisées et une Commission européenne plus petite, mais uniquement pour que la future UE élargie soit viable. L'Allemagne était idéalement placée pour conclure cet accord. L'absence de leadership allemand Toutefois, cela aurait nécessité un leadership politique de la part de Berlin. En termes purement procéduraux, bien sûr, il n'y a pas de réelle tension entre élargissement et approfondissement ; l'élargissement a toujours obligé les États membres à rationaliser le processus décisionnel. Mais le simple fait de bricoler les procédures de l'UE n'empêche pas la fragmentation politique. L'Allemagne avait besoin d'un argument politique : elle devait dire à Chypre et à Malte : "Vous pensez peut-être que vous risquez d'être dominés si vous renoncez à votre droit de veto, mais en fait, vous invitez la domination, car la Russie et la Chine vous pressent de bloquer les décisions de l'UE" ; ou encore dire à la Hongrie : "Perturbez cet accord européen comme vous l'avez fait pour les paquets de sanctions et risquez de graves répercussions". Le 29 août, le chancelier allemand Olaf Scholz a finalement tenté de s'imposer, et son discours à Prague a effectivement esquissé les contours de cet accord. Mais il était trop allemand - trop tardif, trop technique, et détourné par une demande de sièges allemands supplémentaires au Parlement européen. L'accent a également été mis sur la nécessité d'obtenir l'adhésion de la France (c'est un mythe dépassé que si l'Allemagne et la France s'entendent, elles forgent un compromis pour toute l'Europe). Et l'on a trop critiqué la Pologne, qui a fait preuve d'une grande solidarité envers les Ukrainiens déplacés et qui a rompu ses liens avec la Hongrie (les provisoires maladroits de Scholz sur la solidarité en matière de migration et l'État de droit). Un problème à la recherche d'une solution Il nous restait donc la proposition française, ou plus précisément la méthode française. En lançant la Communauté politique européenne (CPE), le président Emmanuel Macron a suivi son modus operandi habituel : inventer un terme attrayant et le remplir d'intérêts français (élargissement-phobie, protectionnisme, anglo-scepticisme) ; nier furieusement aux autres États de l'UE qu'il s'agit bien d'un véhicule pour les intérêts français ; puis verrouiller les intérêts français en concluant un compromis franco-allemand. Le CPE était donc prêt à tromper l'Ukraine en lui proposant une alternative à la pleine adhésion à l'UE, tout en répondant aux critères allemands d'"inclusion" et de respect des règles et réglementations européennes existantes. C'est alors qu'est survenu un rebondissement inattendu : face à la confusion de l'Allemagne et à la méfiance des autres États membres, les Français ont semblé prendre peur et ont confié la propriété du projet à la présidence tchèque de l'UE. L'idée a ensuite été accidentellement revigorée par les Britanniques, qui ont annoncé à la dernière minute que la nouvelle première ministre, Liz Truss, participerait finalement au sommet initial et souhaitait même accueillir le suivant. Truss cherchait-elle à échapper à ses problèmes domestiques ? Jouait-elle le même tour que lorsqu'elle est devenue ministre des affaires étrangères et a surpris l'UE en adoptant un ton conciliant ? Ses motivations sont sans importance ; les effets sont réels : Comme un Lazare, la proposition est revenue de son lit de mort. Une vie propre Comme le monstre de Frankenstein, le projet de Macron montre des signes sérieux de développement d'une vie propre, loin de son maître. Entre les mains des Britanniques, le CPE deviendrait un forum intergouvernemental de coordination sur la menace russe et la montée de la Chine. La CPE offrirait le type de sessions de rencontre de haut niveau présentées par le président russe Vladimir Poutine lors du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai à Samarkand le 15 septembre, un forum politique inclusif conçu pour empêcher la Chine de s'attaquer aux franges de l'Europe avec l'un de ses formats "plus un". Avec Londres aux commandes, le CPE se détacherait complètement de l'UE, jetant peut-être les bases d'une nouvelle architecture de sécurité européenne. Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Europe, la Moldavie fait évoluer la proposition dans une direction très différente. Leur conception de la CPE est basée sur un projet et repose sur le sentiment que, même si l'UE s'est engagée de manière rhétorique à s'élargir, dans la pratique, les poteaux d'objectif se déplacent. L'UE approfondit ses normes, introduit de nouvelles taxes et investit dans ses propres transformations écologiques et numériques. Les pays candidats à l'adhésion ont besoin de projets d'infrastructure, afin de rester à portée de main de l'UE. Ils espèrent également que le CPE sera un forum technique permettant à l'UE d'apprendre de ses voisins, plutôt que de leur faire la leçon, en matière de décentralisation, de numérisation et de défense. "Le centre de l'Europe se déplace vers l'Est" La bonne nouvelle : L'EPC, malgré ses débuts sournois en France, est en train de tâtonner pour combler un vide géopolitique européen majeur. La mauvaise nouvelle : Ces développements ont contourné la division originale au sein de l'UE entre la France et la Pologne, ce qui signifie que l'UE ne peut pas fournir un noyau politique cohésif et inclusif pour la grande périphérie européenne. L'autre bonne nouvelle : La France n'a pas réussi à verrouiller ses intérêts, et l'Allemagne a encore une chance de négocier un accord entre ses deux voisins. L'autre mauvaise nouvelle : pour y parvenir, l'Allemagne doit se ressaisir. Elle doit reconnaître que c'est la Pologne, et non la France, et non l'Allemagne, qui prend l'ascendant. Depuis l'élection du gouvernement Droit et Justice (PiS) en 2015, l'Allemagne a eu tendance à passer la Pologne par pertes et profits comme étant eurosceptique et xénophobe. Mais la Pologne se bat désormais pour la démocratie européenne et ouvre les portes aux réfugiés, ce qui éclipse plutôt les "mécanismes de solidarité avec les réfugiés" et la "conditionnalité de l'État de droit" de l'Allemagne." Les Allemands le savent dans leur cœur. Mais dans leur esprit, ils s'attendent à ce que la Pologne mette bientôt de côté sa position morale et que le confortable statu quo puisse revenir. Les Polonais se tirent toujours une balle dans le pied, avec leur désir de contrarier les Allemands (cf. leurs demandes chimériques de réparations de guerre allemandes et leur tendance à s'aligner sur le Royaume-Uni marginal). L'ancien statu quo européen n'est toutefois pas viable. Le statu quo verrouille les avantages et les intérêts allemands. L'Allemagne ne peut plus revendiquer la responsabilité franco-allemande de son développement et considérer les autres tentatives de réforme comme une atteinte à l'ordre naturel des choses. La Pologne, dès la crise de la zone euro, a compris qu'elle devait passer du statut de décideur passif de l'UE à celui de décideur actif, et a présenté ses idées de réforme économique. Elle a présenté ses idées de réforme économique. La France et l'Allemagne lui ont dit de se tenir tranquille, tout comme ses propositions pour une union européenne de l'énergie en 2014. Lors de la crise de Schengen de 2015, la Pologne a joué le rôle de trouble-fête, se contentant de bloquer les excès de la France et de l'Allemagne. L'Allemagne doit donc reconnaître qu'elle a une part de responsabilité dans l'aigreur politique de la Pologne, et que l'euroscepticisme de la Pologne - comme celui de l'Italie - ne vient pas d'un rejet de l'UE mais d'un fort sentiment d'appartenance et de propriété qui a été repoussé par la France et l'Allemagne. Elle doit également comprendre que le débat sur "l'approfondissement de l'UE" va bien au-delà des règles de veto au Conseil européen. Il s'agit plutôt d'un désir de changement et d'une peur de la domination. La Pologne serait probablement plus constructive à l'égard de l'"approfondissement" si elle avait le sentiment d'avoir une chance équitable de l'influencer. Faire des concessions à la Pologne aurait été impensable jusqu'à récemment, mais il y a maintenant une fenêtre d'opportunité.