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Pol

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Tout ce qui a été posté par Pol

  1. Après les poules, voici les vaches. Ce n'est pas avec cela que le Hezbollah va être dissuasif ou qu'il fera peur. Derrière les discours, l'impact des roquettes est symbolique et idéologique
  2. Rien de bien nouveau, il n'y a que dans le discours du Kremlin, celui de la propagande et de ses adeptes que les soldats russes en Ukraine y vont pour défendre le pays ou par patriotisme. Enlevez l'argent, pas grand monde restera par conviction, encore moins qui s'engageront. L'effort de guerre laisse un faux sentiment d'une économie qui tourne (croissance du PIB), mais en vérité on puise la richesse emmagasinée, on appauvrit l'ensemble du pays en subissant une inflation, on réduit les dépenses sur des secteurs qui économiquement ne se voient pas (santé, éducation etc...), on augmente les impôts, on n'attire plus les investisseurs. Les grosses sommes d'argent qui vont aux volontaires de l'armée participent pleinement à un déséquilibre financier qui met le secteur civil sur la touche. Il amène avec lui son effet sur l'inflation, il pousse les entreprises à devoir augmenter les salaires, sans pour autant augmenter les recettes et ce qui était hier un avantage pour le pays devient aujourd'hui une difficulté. Mais l'ensemble de ces effets se mesureront sur des années et le pouvoir russe avec ses adeptes, pourront encore jouer le sentiment que "tout va bien" ou que "ça tient", donc que les sanctions ou autres ne fonctionnent pas, ça fait toujours du bien à l'idéologie et la confiance. Sur l'augmentation des effectifs, on est sur un registre politique. Le Kremlin "veut que" donc le plafond de soldats admissibles dans l'armée est rehaussé, mais ça n'en fait pas pour autant les effectifs réels. C'est un chiffre qui va servir à donner l'illusion que l'armée russe se renforce à mesure que le temps passe, donc on cherche à donner le sentiment aux "autres" que cette guerre n'affecte pas l'armée russe, ce qui peut jouer chez certains sur le besoin de mettre fin rapidement à la guerre car on estimera que de toute façon, la Russie ne peut pas perdre et que si on attend trop longtemps elle sera encore plus forte. Mais il ne faut pas se laisser bercer par les gros chiffres, même en temps de paix les russes jouaient dessus, le concours de celui qui a la plus grosse, ils connaissent. Dans les faits nous le voyons, trouver des volontaires ce n'est pas facile. On a plutôt l'impression de voir une armée russe qui cherche à maintenir un certain niveau d'engagement en espérant qu'en face ça s'épuise que d'une armée russe qui décuple ses moyens engagés. Je l'ai déjà dit ici, mais derrière cette ressource humaine, il n'y a pas plus d'aviation, plus d'artillerie, plus de blindés qui va l'accompagner. Là aussi on peut croire aux chiffres et aux discours des russes, dans les faits nous ne voyons pas une super production russe qui va sortir des centaines des milliers de blindés par mois, on continue de voir qu'on écoule les stocks de l'URSS, on continue de voir que les russes ont besoin des coréens ou des iraniens pour des munitions (juste pour maintenir un rythme, pas l'augmenter), qu'il y a beaucoup de choses et de problèmes qu'on cache pour rester derrière un faux semblant du "tout va bien, on a ce qu'il faut, on produit ce qu'il faut, tremblez occidentaux". Dans la réalité, plus le temps passe et je le répète depuis un moment, plus l'armée russe se transforme en une infanterie très légère. Ce n'est pas la conséquence d'un choix ou d'un besoin, c'est la conséquence des moyens qui s'érodent, la conséquence des pertes qui ne peuvent pas se renouveler, la conséquence d'un système productif qui n'est pas à la hauteur de ce qu'on peut bien croire. Plus le temps va passer, plus nous assisterons à une armée russe dont la mobilité se fera en véhicule non blindé (et de plus en plus de la gamme civil), le plus souvent ils seront à pieds. Donc l'augmentation annoncée de l'armée russe doit bien se lire et se comprendre. On n'est pas dans l'augmentation de l'armée russe sur son modèle d'avant guerre, on est sur un modèle d'armée différent qui est la conséquence de pertes, de limites capacitaires. Dire cela ne veut pas dire que les russes sont devenus ridicules et sans moyens (je vois déjà venir les défenseurs de Moscou...), mais très clairement les 180 000 hommes en plus qui doivent garnir l'armée russe, s'ils arrivent en Ukraine l'an prochain, ils ne viendront pas avec les moyens des 150 000 russes de février 2022. Donc sachons bien comparer, enlevons nous l'idée que l'armée russe se renforce car numériquement il y aura plus d'hommes sous les drapeaux, car derrière les hommes c'est de plus en plus pauvre, la Russie n'est pas en train de se construire une formidable armée grâce à cette guerre comme elle veut le faire croire. L'armée russe aujourd'hui au front, c'est Mad Max et ça ne va pas aller en s'arrangeant, donc les médias russes qui vantent la 2e plus grande armée du monde devraient rappeler un peu les conséquences de cette guerre sur le potentiel global plutôt que se cacher derrière des chiffres. Là encore connaissant les défenseurs de Moscou, inutile de venir me parler des ukrainiens pour détourner l'attention ou pour se rassurer, c'est bien Moscou qui prétend tenir tête à l'Otan et qui presque tous les jours déclare être prêt à la guerre contre elle, que l'armée russe en ferait une bouchée, car voyez vous, ils ont réussis à détruire un Abrams ou un Léopard en Ukraine....
  3. J'ai également la certitude que les ukrainiens ont reçus les autorisations pour frapper le sol russe avec les missiles à longue portée et que nous sommes depuis plusieurs jours dans une phase de préparation (positionnement, identification des cibles etc...). Bien que publiquement on veut laisser croire qu'il n'y a pas un tel accord, je pense qu'on cherche juste à donner du temps pour un effet de surprise. En tout cas du côté ukrainien on montre qu'on arrive à réaliser des frappes en profondeur et par saturation à l'aide de drones, on revient 1 an en arrière, c'était presque un événement de voir 1 drone ukrainien s'enfoncer dans ces distances, 2 ans en arrière c'était un événement que de voir un drone ukrainien s'écraser en Russie, aujourd'hui on en a des centaines. C'était prévisible et comme beaucoup le disent, les ukrainiens ont un choix de cibles plus impactants en Russie que les russes n'en ont sur l'Ukraine. Il y a un volume de drones à longue portée qui croit côté ukrainien, ils semblent avoir misé beaucoup sur ce potentiel et ces derniers mois on commence à en voir de plus en plus les effets. Il y a 2 ans on vantait aux russes d'avoir les drones iraniens Shahed pour faire du volume et qui allaient épuiser les missiles d'interception ukrainien et occidentaux. Mais fondamentalement nous ne voyons pas une grosse évolution côté russe, là ou on imaginait ces drones se multiplier, les volumes lancés sont assez stable. Les ukrainiens semblent aujourd'hui s'approcher de plus en plus de ce que font les russes, ils vont peut-être en tirer moins quotidiennement pour privilégier des gros coups, mais les quantités augmentent et ils touchent ce qu'ils visent. Là encore, comme souvent , il faut comprendre que nous sommes dans une phase d'expansion, donc qu'à l'avenir il y aura plus de drones, plus de frappes sur la Russie et elles seront plus quotidiennes. Les conséquences, il faut également bien les observer. Ces frappes poussent les russes à revoir leur dispositif défensif, ça détourne des moyens, ça pousse à concevoir d'autres priorités. L'incursion à Koursk suit la même logique. Les russes sont encore dans leurs certitudes, celles ou ils ont décidé que la guerre se jouait au Donbass, celle ou ce sont eux qui ont l'initiative, celle ou ce sont eux qui frappent l'Ukraine. Ainsi on continue de voir dans la propagande russe une focalisation sur le Donbass car pour elle, c'est ici que la guerre se joue, que la victoire ou la défaite de l'un ou de l'autre se fera. Pourtant à Kiev on est sur un autre registre depuis plusieurs mois, on semble miser sur une autre stratégie, mais les russes ne veulent ni le voir, ni le comprendre ni l'accepter. Ils sont donc très souvent "surpris", ils vont voir les ukrainiens prendre en quelques jours chez eux un territoire équivalent à ce qu'ils ont pris en 8 mois d'effort au Donbass, mais on "relativise", on va continuer à faire croire que ce n'est rien, que ce n'est pas grave, qu'il faut regarder le Donbass, toujours le Donbass et encore le Donbass. Le reste n'a aucune importance et c'est une belle connerie stratégique des russes qui pensent encore trouver dans le Donbass une bataille décisive alors que l'adversaire a changé de raisonnement et cherche d'autres voies. Je vais me répéter, mais je reste convaincu que les ukrainiens finiront par lancer une large offensive en 2025 dans le sud et que ce n'est qu'à ce moment là qu'on comprendra l'intérêt de l'offensive à côté de Koursk. Mais en attendant ce moment, les ukrainiens vont chercher à gagner en potentiel, notamment aérien. Ils vont chercher à affaiblir et diviser les russes, ils vont chercher à éloigner l'aviation russe du front pour que le jour J, il soit difficile pour eux de venir effectuer un appui à des troupes dans la région de Melitopol ou le long du Dniepr alors que les ukrainiens exploiteront pleinement leurs aéronefs. L'usage des missiles à longue portée, l'intensification des frappes de drones vont participer à tout cela.
  4. Les israéliens sont très bons, ils ont des services et des moyens très focalisés sur un objectif, sur des cibles. En tout cas le coup des bipeurs et autres qui explosent c'est il faut le dire, "magistral" peu importe à ceux qui détestent les israéliens. C'est digne d'un film et ce n'est pas impossible que dans quelques années, un tel film soit réalisé. On continue de voir que les israéliens ne sont aucunement craintifs sur le risque d'une escalade et que c'est bien du côté adverse qu'on cherche à l'éviter. Je l'ai déjà dit plusieurs fois ici, Israël en ce moment est en mode "guerre" et ses ennemis ne sont nullement prêts à subir les conséquences d'une guerre, pour diverses raisons. L'opération dans la bande de Gaza, on peut vouloir trouver un échec aux israéliens, on peut mettre en avant des pertes ou autres, la seule réalité aujourd'hui, c'est que le Hamas n'est plus du tout en position de faire planer un second front dans une guerre "commune" des ennemis d'Israël. Aujourd'hui les israéliens peuvent concentrer leurs moyens au Nord, en cas de guerre contre le Liban, le Hamas ne va pas sortir des forces cachées qui vont pousser les israéliens à devoir maintenir un gros dispositif au Sud. Le Hezbollah ce n'est pas non plus les palestiniens, on change de registre. Faut pas croire qu'en Cisjordanie et ailleurs, on va assister à un soulèvement des palestiniens (type intifada) pour soutenir un Hezbollah qui n'a pas réellement appuyé le Hamas dans la guerre qui a suivi le 7 octobre. Le Hezbollah est en réalité bien seul et même son mentor iranien risque d'être très mesuré dans son soutien, pour la Syrie d'Assad idem. Cette Syrie qui est bien affaiblie aujourd'hui, aux moyens très limités, cela fait déjà des années qu'ils se prennent des bombes israéliennes et se gardent bien de répliquer, trop instable sur tous les plans que de risquer des raids israéliens qui viendraient viser le coeur du pouvoir et des forces syriennes. Le contexte global n'est pas du tout favorable à cet "axe de la résistance" et ne nous y trompons pas, Israël aujourd'hui va chercher à traiter le Hezbollah. Les démonstrations de forces que l'Iran a voulu faire après la frappe de son consulat en Syrie ou celle du Hezbollah pour venger ses cadres tués, ben en fait, on a plus le sentiment d'une limite capacitaire et d'une réussite défensive israélienne. Donc en dehors de ceux derrière un écran qui vont fantasmer (par envie et espoir) une puissance dévastatrice des roquettes ou missiles des adversaires d'Israël, dans les faits on a l'impression que frapper Israël n'est pas aussi simple qu'on le pense, qu'en face, au delà des intercepteurs, il y aussi le répondant. C'était comme pour Gaza, on pouvait dire que le Hamas disposait de 50 000 roquettes, qu'au bout d'un moment il finirait par saturer les défenses israéliennes ou que ces derniers n'auraient plus de missiles intercepteurs. Mais dans la réalité de l'affrontement, qu'est-ce que ces milliers de roquettes ont eût comme impact militaire? Et quand on fait le tri des roquettes qui ont finalement atteint une zone intéressante (civils), c'est bien maigre, insignifiant sauf pour ceux qui vont compter le coût d'un missile intercepteur israélien en imaginant une ruine financière qui fera perdre la guerre à Israël. Mais on va me dire qu'avec le Hezbollah ce sera totalement différent, du moins certains l'espèrent. Israël est prêt à l'escalade, ils viennent tuer au coeur de Beyrouth un nouveau grand chef militaire et on se demande bien quand le tour de Nasrallah viendra. Une élimination qui fera plaisir aux américains, leur rappelant au passage que le Hezbollah a été leur ennemi, comme à nous les français amenant à des dizaines, des centaines de morts. Ne pleurons pas et ne défendons pas le Hezbollah
  5. Ce sont les européens qui vont récupérer l'argent, pour l'Ukraine ce sera un don, ils ne vont rien rembourser. Quoi qu'on en pense, le monde actuel est un monde de "capitaux", voler un état c'est jouer sur une "confiance" et les investisseurs. Ainsi le blocage de fonds et la confiscation des intérêts, ça passe. Cet argent est quoi qu'on en pense également un gros levier de négociation, pas forcément pour mettre fin à la guerre, mais aussi pour concevoir les relations futurs de la paix. Cela peut se faire dans 1 an comme dans 10 ou 15 ans.
  6. Il ne faut pas critiquer la Russie, ni ne lui reprocher quoi que ce soit. Il faut viscéralement être contre les américains et les israéliens. Si tu fais cela, tu seras le bienvenu et tu n'auras aucun problème. Combien de fois je l'ai dit? Combien de fois je pointe cette petite équipe qui ici a un parti pris non assumé? Mais il ne faut surtout pas le relever, sinon vous allez entrer dans la ligne de mire sur qui le moindre pet de travers sera un prétexte pour vous dégager...
  7. Il donne un mauvais exemple, mais une exemple qui permet d'appuyer sur l'idée qu'avant c'était mieux. Pourquoi un mauvais exemple? Car l'Allemagne faisait partie intégrante de notre dispositif militaire, zone d'occupation d'après guerre, front axé contre l'URSS de l'autre côté du rideau de fer, c'était 50 000 hommes que nous avions en permanence stationné en Allemagne. On avait donc déjà tout le soutien, le commandement, la logistique en place. Aurions nous été capable d'en faire autant en Italie ou au delà de nos frontières? Certainement pas. Oui nous avons réalisé une professionnalisation de nos armées, oui d'une certaine façon les forces en Allemagne ont été globalement "dissoutes", cela amenant à une baisse de moyens. Mais le bordel bureaucratique d'aujourd'hui n'est pas bien différent de celui d'hier. Je ne partage pas l'idée ou "avant c'était mieux" je pense juste que c'était différent. On a aujourd'hui une armée professionnelle, on peut faire croire qu'avant la France avait une grosse masse de forces à déployer, mais en vérité, dans le contexte actuel, s'il fallait envoyer des troupes en Ukraine pour combattre la Russie, l'exemple à regarder c'est plutôt Daguet qui montra les limites d'une armée de conscrits à l'employabilité limité avec une armée professionnelle. Aujourd'hui on a beau avoir beaucoup moins de moyens sur le papier, mais on reste comme pour Daguet, sur un déploiement d'une division. Donc sauf à imaginer un conflit improbable à nos frontières ou dans nos frontières (soyons réaliste), l'armée d'hier avait ses limites dès lors qu'il fallait raisonner au delà d'affronter l'armée rouge en Allemagne.
  8. Le tout roues c'est une vision obsessionnelle de certains depuis que la France a décidé de remplacer un VCI chenillé par un VCI à roues. Mais derrière les belles images ou les simplifications (la chenille ça passe partout...), il faut comprendre la réalité de comment c'est en vrai, sur l'aspect global. La France n'a pas une armée pléthorique et focalise ses forces à être apte à la projection. Nous ne sommes pas dans une configuration à défendre nos frontières et ou on demande à nos forces de prendre le train pour faire 200km. Comme toujours comprenons bien notre situation (menaces, voisinage, alliances, nucléaire, revendications territoriales etc...) , nos besoins et ne nous projetons pas dans la situation ou les besoins d'autres pays. On a aujourd'hui le Caesar à roues et l'AUf1 à chenille, mais qu'est-ce qu'on en fait de cet AUf1 par rapport au Caesar? Il n'est déployé nulle part, il a une disponibilité catastrophique, il coûte cher à entretenir, il est contraignant pour la logistique. Le Caesar à côté il fait ce qu'on lui demande et pas seulement pour des opex africaine comme les pourfendeurs de la roue aiment bien le faire croire. Au final on a un régiment et des hommes qui ne servent à rien, ils font semblant de donner du potentiel sur le papier, mais c'est presque comme s'ils n'existaient pas dès lors qu'on doit réfléchir à la projection d'une force. C'est juste pour donner un cas du moment de comparaison roues/chenilles chez nous, dans notre situation et nos besoins. Concernant les drones, il n'y a pas de "négations", juste un manque d'investissement. La vérité c'est qu'en dehors de 3-4 pays qui ont misé dessus pour diverses raisons, c'est l'ensemble du monde qui ne l'a pas considéré plus que ça, pas d'exception française ni européenne. C'est aussi un segment qui évolue très vite. Il y a 3 ans, quand on parlait de drones et d'Ukraine, c'était pour évoquer la livraison de quelques drones TB2 à une aviation ukrainienne bien faiblarde, aujourd'hui on fait presque comme s'ils étaient à un top niveau. La guerre en a décidé ainsi, mais encore une fois, ce n'est pas notre situation ni nos besoins. Pour la conservation des matériels, là aussi attention aux idées reçues. Un matériel ne va pas se placer dans un hangar et on ne va pas le sortir d'un claquement de doigts, remettre un peu d'huile et c'est reparti. Le matériel qui quitte le service est généralement dans un sale état. On avait déjà du mal à maintenir une bonne disponibilité avec les équipes de maintenance, l'argent de la MCO, des stocks de pièces. Le mettre en stock pour le sortir dans 10 ans c'est comprendre qu'on le sortira dans un plus mauvais état (un matériel qui n'est pas utilisé n'est pas préservé de l'usure du temps et d'un manque d'entretien), vous n'aurez aucunes pièces disponibles, plus grand monde qui saura quoi faire pour l'entretenir et le mettre en oeuvre. En dehors des productions massives comme de l'époque de la guerre froide et ou vous pourrez cannibaliser certaines choses ou que vous disposiez encore de capacités industrielles pour fournir des pièces pour une remise en état, ce qui n'est plus produit (matériels complets comme pièces détachées), ce qui est en petites quantités, le stockage n'a aucun avantage autre que laisser l'idée d'une réserve mais qui le moment venu ne servira à rien. La Russie actuellement peut tirer profit d'une partie de ses matériels en stocks, car il y a souvent une masse d'équipements communs qu'ils peuvent cannibaliser pour en tirer un potentiel qui ne sera jamais total non plus. Le fait (contextuel) que les russes aient dût maintenir en service de vieux blindés fait qu'ils ont continués des productions de pièces détachées ou parfois des programmes de modernisations. Donc ils vont être capable de pouvoir remettre en état des séries de véhicules comme le T-72, le MT-LB, BMP2, parfois en y mettant un moteur neuf. On sait (et on voit) aussi qu'ils font une croix sur certains matériels secondaires comme les transmissions ou les optiques. Que parfois on se contente juste d'avoir un véhicule qui roule pendant un petit temps, que l'on retrouve sans doute pas mal de véhicules, comme les chars, dont l'armement n'est plus opérationnel, ce genre de véhicules que sur place ils vont les transformer en "tortue". Comme aux USA, le stockage d'Abrams a du potentiel car derrière ils ont encore l'industrie qui va avec. On sait que chez eux la rénovation d'un de ces chars c'est un désossage de A à Z, en dehors de la structure de base tout est refait comme pour un char neuf. Idem pour d'autres équipements, il y a la masse, il y a le fait qu'ils soient toujours d'usage, il y a le fait qu'il y a toujours une industrie derrière en capacité d'en tirer un potentiel.
  9. Les allemands restent fondamentalement sur une vision "économique" pour tout, y compris le militaire. Ils ne conçoivent/veulent pas être une puissance militaire et encore moins assumer des responsabilités (on peut s'en plaindre dans l'esprit "collectif", mais en vrai, il faut s'en réjouir). L'industrie militaire est pour eux un générateur de revenus avant d'être un générateur de puissance. Ils ont vus au début du conflit que côté occidental, la production d'obus de 155mm est pauvre, ils se sont mis en tête de capter le marché, que ce soit pour reconstituer/augmenter les réserves des pays occidentaux comme pour fournir l'Ukraine en captant des commandes qui se font par des donateurs ou par le budget de l'UE. Ils ont essayés de la même façon pour produire des chars, des VCI, cherchant à se positionner au plus vite pour que l'UE, ses membres et d'autres pays finissent par amener l'argent. Mais ils ne sont pas les seuls à avancer sur ce domaine, les projets d'usines en Ukraine sont nombreux. Quoi qu'on en pense, du côté occidental la machine industriel commence par produire ses effets. Au début on donnait des surplus ou des matériels devant être prochainement retiré du service car il n'y avait pas le temps de produire et qu'il fallait attendre que ça parte. Puis en raison de faibles stocks, on a commencé à prélever dans nos forces (sans excès) puis de réaliser des commandes aux industriels pour recompléter (cela pouvant aller jusqu'à parfois 2 ans entre la commande et la livraison). Mais le conflit passant, les productions s'accélérant et augmentant, on commence par arriver à une nouvelle phase, c'est que les trous se rebouchent et qu'on entre dans une phase ou la production alimente directement l'Ukraine. Dans un premier temps on va encore continuer fort logiquement par tirer à nous les avantages du neuf, comme par exemple donner aux ukrainiens nos vieux obus en échange des neufs afin de rajeunir nos stocks, mais très rapidement l'occident aura atteint ce que je peux qualifier "d'équilibre". Cela veut dire qu'il n'y aura plus besoin de ponctionner des matériels ou des munitions de nos forces pour fournir l'Ukraine. Cela ne veut pas dire que tout ce que l'Ukraine va recevoir sera du neuf, on continuera toujours par fourguer des VAB quand nous allons recevoir des Griffon/Serval par exemple. Si en 2022 on pouvait s'inquiéter sur la suite de la guerre, constatons qu'aujourd'hui l'occident a maintenu un effort mesuré qui lui a permis de ne pas se désarmer lui même, ni de s'affaiblir. Constatons que ceux qui prédisaient qu'on ne pourrait pas mener cette guerre sur la durée en raison de stocks insuffisants ou d'une production insuffisante se sont trompés, l'occident peut continuer son soutien, aujourd'hui le frein n'est plus capacitaire (au cas par cas il y a des limites à tout, on en convient), mais il est politique. L'avantage occidental c'est que l'effort des uns se cumulent aux efforts des autres et c'est ce total qui devient une force. Alors oui la France ne produit pas 1 million d'obus de 155mm, mais elle se place avec le Caesar sur une capacité à venir de production de 120 par an contre 24 il y a 2 ans (tous n'allant pas forcément au client ukrainien). La perspective à venir sur des secteurs "critiques", comme l'obus de 155mm, montre qu'on risque réellement de passer rapidement d'une situation ou c'est la galère à une situation ou l'offre va dépasser la demande. La forte demande actuelle fait que partout dans le monde, on met les bouchées double pour en produire. Aux USA, en Europe, mais aussi en Asie, tous font des efforts considérables et dans 2-3 ans, soit la guerre en Ukraine permettra encore d'absorber cette production, soit on va assister à un choc de l'offre qui va rendre d'un coup l'obus de 155mm bon marché. C'est à ce moment là qu'il sera opportun d'augmenter les stocks et pourquoi pas imaginer des stocks stratégiques au niveau européen ou de l'Otan. Je pense que la réflexion se posera d'elle même. On peut très bien imaginer l'UE finançant la création de stocks stratégiques dans le domaine militaire sur des consommables de guerre comme les obus, la poudre, les munitions de petits calibres, des rations, etc. Un tel stock permettrait d'avoir si nécessaire ce qu'il faut pour tenir un temps de grande consommation, donnant ainsi le temps d'une relance de la production. Ce stock stratégique commun ne doit pas se substituer aux stocks nationaux, sa gestion et son stockage se faisant sur plusieurs pays doit continuer d'être financièrement pris en charge par l'UE. On pourrait créer un système ou la consommation (entrainement...) des états permettent un renouvellement naturel du stock afin d'éviter que tout soit en attente et qu'en bout de chaine, on soit contraint de payer la destruction. C'est une idée parmi d'autres, car je ne crois pas qu'individuellement après la guerre en Ukraine, nos stocks soient considérablement plus élevé, il y aura du mieux, mais à la réflexion "combien d'obus doit-on stocker?" on aura comme base de réflexion "combien de canons nous avons?"...
  10. Mais Poutine ne veut aucunement des pourparlers, faut arrêter de croire qu'il attend l'élection américaine pour trouver une voie diplomatique au conflit. Dans l'idéologie de Poutine et de ses partisans, c'est depuis 2 ans l'espoir que Trump arrive et qu'il cesse d'aider l'Ukraine, qu'il va la pousser à capituler, en gros c'est ça. Le Kremlin quand il parle de négocier, c'est dans l'esprit d'une Ukraine se voyant infliger les conditions russes, pas de s'assoir à une table comme 2 acteurs au même niveau pour mettre fin à la guerre. Il ne faut pas s'aveugler sur ces gesticulations diplomatiques/médiatiques d'apparences. Il peut y avoir demain un processus de négociations qui se fait sous l'impulsion du changement présidentiel aux USA, mais très vite tout le monde comprendra et verra que les russes ne seront présents que pour étaler leurs volontés et qu'ils ne voudront rien céder. Pour les russes, on négocie la capitulation de l'Ukraine, on ne négocie pas une paix qui va contenter les 2 parties et va permettre d'établir une bonne base pour un futur apaisé ou le respect soit présent, l'esprit de vengeance dissipé et surtout que le risque d'un nouveau conflit soit éloigné. Certes, ce n'est pas clairement annoncé, mais ça semble être du genre, on mets Zelenski et Poutine autour d'une table, lui au milieu. Il va dire à l'un "fait des concessions ou je cesse l'aide" et à l'autre "fait des concessions ou j'augmente l'aide". Il s'est mis dans la tête que l'aide américaine c'est elle qui peut permettre de faire gagner ou perdre l'un ou l'autre. L'erreur est de surestimer le pouvoir de cette aide américaine aux volontés des uns et des autres. C'est croire que l'aide européenne n'existe pas ou ne pèse rien, bien souvent il critiquait le fait que les USA donnaient plus que l'Europe (alors que dans les faits, ce n'est pas le cas, mais il ne veut pas l'entendre, car c'est juste une idéologie de l'instant pour plaire à un certain public américain). Le problème comme je l'écrivais au-dessus, c'est que Trump comprendra et verra qu'en fait Poutine ne sera pas prêt à céder quoi que ce soit et c'est pour ces raisons que malgré tout ce que certains pensent, moi j'estime que Trump a plus de chance de devenir celui qui va amener plus d'aides aux ukrainiens dans un retournement de veste en lien avec un Poutine qui s'obstine que d'être celui qui va tout arrêter. Mais ça on le verra (sil est élu) pas avant une bonne année.
  11. Pas une révélation, mais on y arrive doucement mais sûrement...
  12. Mais c'est totalement débile ton raisonnement. Si un type utilise un couteau Laguiole pour commettre un acte terroriste, la justice va juger Laguiole ou le type qui tenait le couteau? Je simplifie, mais c'est ça. Il n'y a que les états qui peuvent autoriser/bloquer des ventes d'armes, Boeing comme le constructeur de la Kalashnikov n'ont pas et ne seront pas mis en cause quant à l'usage qui en sera fait. Pour les USA, avec ITAR, les entreprises américaines (mais aussi les acheteurs étrangers) sont sous une forte contrainte. Les produits "militaires" sont identifiés (y compris pour des produits à usage civil) et doivent être tracés, les demandes d'exportations acceptées par les autorités. Généralement les entreprises américaines sanctionnées le sont symboliquement pour des négligences ou des erreurs qui vont toucher des composants qu'on retrouvera sur des produits civils et à destination de pays "non autorisés" à acquérir de l'armement américain. Mais les ventes d'armes en elle même à des armées étrangères, c'est un automatisme, ça entre dans la procédure, c'est automatique, les accords d'exportations sont donnés, souvent même au-delà du contrat finale en vue d'alléger ultérieurement les démarches. Donc à partir de là, la vente de bombes, d'avions ou je ne sais quoi c'est comme pour mon exemple de Laguiole, l'usage finale est de la responsabilité de l'utilisateur, pas du constructeur, qu'il l'utilise pour se défendre ou pour faire des agressions (là on va curieusement entrer dans le débat des armes "offensives" et "défensives", peut-être qu'en fait tout est lié sur le niveau de responsabilité, d'autorisations de fournitures, de procédures, je dis ça je ne dis rien). Dans le cas d'Israël, pour Washington c'est un feu vert permanent, c'est même eux qui financent pas mal d'acquisitions israéliennes avec l'aide qu'ils fournissent. Boeing ou tout autre entreprise qui exporte vers Israël peuvent être accusé par X ou Y, elles ne seront coupables de rien, car ceux qui tiennent les ficelles des ventes, c'est directement l'état, attaquer Boeing c'est attaquer l'état. Donc il peut y avoir une pression populaire, médiatique ou politique qui amènera des états à suspendre ou annuler des ventes (voir des achats) d'armement, mais il ne se passera strictement rien derrière.
  13. Sur ce petit dessin, il y a une simplification assez forte. Pour qui comprend la France et qui veut évoquer l'aspect colonial en Afrique, il faut déjà diviser notre approche en 3 segments. Le premier étant le temps ou c'était nos colonies, le deuxième c'est le temps de la françafrique et le troisième, en ce moment, c'est celui on on cherche à tout faire pour se détacher de la françafrique. Qu'on le veuille ou non, ce troisième segment impose des hésitations, des limites, des précautions qui ne permet pas d'avoir une approche global. Ce n'est pas une stratégie, c'est vouloir faire sans vraiment le faire, c'est être présent sans être présent, c'est vouloir contrôler sans contrôler, c'est vouloir combattre sans combattre, c'est vouloir décider sans décider, c'est vouloir s'imposer sans y arriver. On ne veut pas passer pour l'ancien colonisateur qui va dicter ce qu'il faut faire aux gouvernements en place, sauf que ces gouvernements sont incapables de savoir quoi et comment faire. Militairement on veut agir, mais on fait tout pour en faire le minimum. Prenons le Mali, l'idée initiale c'était une force de la CEDEAO qu'on devait soutenir. Mais les pays de la région ont été incapables de le faire. Nous sommes intervenus et très vite on a déjà désengagé, d'une brigade de 4000 hommes l'objectif était de ramener à 1000 hommes le dispositif en 2014. Misant sur une force onusienne, misant sur une remontée en puissance de l'armée malienne qu'on voulait déléguer à d'autres européens (EUTM). Mais constatant les lacunes de l'armée malienne à prendre une autonomie (et après l'échec de leur offensive sur Kidal en mai 2014), une MINUSMA qui fait de la présence sans traquer les terroristes, on était contraint de maintenir un rôle actif militairement. Puis on a voulu miser sur une force régionale, le G5 Sahel qu'on devait soutenir et accompagner dans les opérations militaires, là aussi en misant sur les européens avec Takuba après un surge de Barkhane qui devait neutraliser les gros rassemblements terroristes (sanctuaires). Ne nous trompons pas avec Barkhane, sa création qui a englobé les forces au Tchad, Niger, Burkina a mathématiquement augmenté un volume de force masquant l'enlèvement de forces de Serval, mais tout n'était pas au Mali. Rien de sérieux n'a émergé des autres, car tout simplement nous n'avons pas la main dessus, nous ne sommes pas responsable du volontariat des autres, pas responsable de leurs manque d'engagement, pas responsable de la qualité et des moyens limités des armées locales. Mais il faut le savoir, nous n'avons jamais voulu nous engager au Mali et nous avons systématiquement cherché un moyen pour se désengager ou pour avoir une présence à minima. Passer le relai c'était notre approche global, le désengagement allait de toute façon se faire malgré la problématique visant la force du G5 Sahel et de Takuba. Au moment du coup d'état, les putschistes savaient eux aussi que c'était en cours et c'est sur cette base là qu'ils ont justifié le recours à Wagner. Donc crise diplomatique et autres, c'est bien nous qui avons pris la décision de partir, car on y a vu l'occasion d'un désengagement ou ce sera les putschistes qui assumeront la responsabilité sur le futur. Nous n'avons pas insisté tout comme au Burkina et au Niger, car cela satisfait l'ambition politique du désengagement. Bien que les militaires aient parfois été au bord de faire infléchir la politique, comme à Niamey, à la dernière minute, le président a privilégier l'inaction et le désengagement. Mais ce n'est pas terminé, on veut partir d'autres pays, on veut une présence en Afrique à minima car on se dit que moins nous sommes présents, moins on aura l'image de la françafrique, moins on sera mal vu. Personnellement j'ai toujours été en opposition sur notre manière de faire et sur le fait qu'il y a un vrai problème politique qui craint l'action par peur de la françafrique. Nous aurions dût prendre les choses en main de manière plus profonde et centré sur le Mali plutôt qu'à vouloir être discret et le plus distant possible tout en voulant être partout. Je ne remet pas en cause les opérations militaires menées par nos forces, elles étaient adaptées au contexte d'engagement et à la place qu'on voulait occuper. Je ne mets pas en cause l'idée d'avoir fait venir la MINUSMA (qui avait son rôle) ou chercher à faire travailler les armées locales mais mon approche aurait été bien différente. En tout cas, je ne pense pas qu'aujourd'hui nous avons une doctrine de contre-insurrection, on est dans un système ou on cherche à faire le moins possible en un minimum de temps
  14. Les états sont responsables de l'usage des armes qu'ils disposent. Ce sont les états qui autorisent ou interdisent des exportations, donc toute transaction d'armement se fait toujours au niveau politique. Les entreprises vendent à qui veut acheter dès que leur état d'appartenance accorde la vente. Les entreprises ne sont pas responsables de l'usage des armes vendues, c'est encore le politique qui en a pris la responsabilité dès le départ et qui peut par la suite, suivant les événements suspendre les ventes, suspendre la maintenance. Il y a donc toujours une certaine dépendance de l'acheteur à l'égard du pays vendeur, forcément si vous voulez ne pas être emmerdé par le droit humanitaire, faut acheter russe ou chinois...
  15. Sur le front du Donbass période de 10 mois environ à la date du 16 août, axe Advivka-Pokrovsk Au détail: https://docs.google.com/spreadsheets/d/1NKsPyUhtaVer8RBbUPOeyD5LL_Clu77FyBxBBEOSPrg/edit?gid=665121821#gid=665121821 Pertes russes Pertes ukrainiennes:
  16. Je sais que dans la propagande russe, on aime bien dire que la Russie affronte l'Otan mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas non plus la présence d'équipements d'origine occidentale qui fait que les ukrainiens se battront selon la doctrine Otan. Les ukrainiens se battent en réalité de la même façon que les russes et c'est sans doute pour cela qu'on arrive sur une forme d'équilibre. Ce n'est pas parce qu'ils vont avoir un char Léopard 2 qu'ils vont se comporter différemment qu'avec un T-64, c'est pareil qu'avec un Caesar ou autres, ils gardent une organisation, une mentalité, des procédés, des tactiques très similaires aux russes, ils ont été à la même école (pour de vrai). La présence de matériels d'origine occidentale ne fait pas de l'armée ukrainienne une armée se comportant comme l'Otan si elle y serait engagé, au même titre que les saoudiens au Yémen avaient beau mettre en oeuvre toute une panoplie d'équipements américains, ça ne veut pas dire que sur le terrain c'était la même efficacité. Ce conflit ne peut pas mettre en "défaut" une doctrine militaire de l'Otan car cette dernière n'est pas engagée. Les ukrainiens sont formés comme utilisateurs, on va leur donner des bases de combattants , mais on ne leur transmet pas notre doctrine. Ce conflit montre surtout la limite de la doctrine soviétique qui amène à un front qui ne bouge presque pas et à des pertes colossales. La puissance de feu aujourd'hui ça tient sur un drone FPV. Dans un scénario fictif, si demain l'Otan amène en Ukraine une force de 100 000 hommes avec tous les moyens et l'organisation qu'on connait, les russes verraient très rapidement une différence , car ce qui fait une doctrine, c'est un art opératif, un comportement, c'est l'ensemble des moyens qu'on va constituer. L'Ukraine ne met pas la doctrine Otan en pratique, ils font de la doctrine soviétique avec des matériels occidentaux. La puissance de feu brute ne tourne pas qu'autour de l'artillerie, du côté de l'Otan, c'est bel et bien la puissance aérienne qui la représente et des bombes aériennes ça fait plus mal que l'artillerie. L'importance de l'artillerie dans ce conflit repose sur un concept soviétique ou elle a une place centrale et ou l'aviation est secondaire. Du côté ukrainien c'était même l'absence quasi complète d'aviation qui fait qu'il n'y a que l'artillerie, du côté russe le problème de l'aviation était connu, un armement (bombes lisses et roquettes guidées) ne permettant pas de l'employer sans subir de grosses pertes, donc là aussi il ne restait que l'artillerie. Mais constatons qu'avec les besoins constatés, les deux acteurs "découvrent" les bombes guidées qui permettent de balancer à longue distance et précisément sur des cibles, avec une puissance destructrice bien supérieure que l'artillerie. Si au début du conflit on disait que dans la même situation nos avions auraient été inutiles, aujourd'hui nous voyons bien que malgré un nombre important de moyens sol-air, l'utilisation de l'aviation, quand elle est couplée à une gamme de munitions adaptées, ben ça fonctionne. Alors oui ni l'un ni l'autre ne vont envoyer des avions en profondeur, mais cela n'empêche pas de l'utiliser sur la ligne de front et d'être hors de portée de l'essentiel des systèmes sol-air contrairement à des avions comme le Su-25 qu'on met à portée de manpad. Le risque est là, omniprésent, mais l'idée que dans une telle guerre l'Otan ne pourrait pas utiliser son aviation de manière importante est fausse et quoi qu'on en pense cela relativise aussi l'idée que la doctrine soviétique à base d'artillerie est la bonne. Plus ce conflit avance, plus les uns comme les autres semblent miser de plus en plus sur l'aviation (et on y inclue les drones). L'Otan à la place de l'Ukraine ne ferait pas ce que fait l'Ukraine et je doute fortement que c'est le modèle soviétique (encore permis par des anciens stocks) qui va inspirer les grands penseurs militaires de demain qui analyseront ce conflit.
  17. Pol

    VBCI

    La guerre de retard est permanente pour tout le monde, y compris les américains. Dans chaque nouveau conflit on constate un paquet de choses qui ne sont pas adaptées et un paquet de choses qu'il faudrait corriger pour juste être un peu mieux (jamais parfaitement) adapté. Dans la mentalité française la guerre de retard est encore liée au traumatisme de 40. Mais le problème c'est que cette guerre de retard n'a jamais été lié aux matériels mais aux stratégies, aux concepts d'emplois, bref à des choses qui se passent dans les têtes. La blitzkrieg allemande c'est un concept nouveau (encore largement inspiré aujourd'hui), mais ce n'était pas une supériorité matériel qui leur a permis cela, leurs chars, leurs avions n'avaient rien de plus (surtout au début de la guerre) face aux nôtres, c'est la manière de faire qui a perturbé tout le monde, pas qu'en France. Nous étions avec notre ligne Maginot à attendre une confrontation directe entre les armées quand les allemands cherchaient à éviter l'affrontement pour chercher un gain en profondeur, réaliser des contournements, couper les arrières, la logistique pour obtenir une victoire tactique. C'est toujours cela que nous devons avoir en tête, la guerre c'est de la tactique et de la stratégie et on fait avec les moyens qu'on a. Ce n'est pas celui qui a le plus de moyens qui gagne, on est dans l'esprit David contre Goliath, la ruse du renard est plus dangereuse que la force du loup. Quand on analyse un conflit, le premier retex qu'on doit analyser c'est quelles sont les nouvelles tactiques et stratégiques mises en oeuvre, qu'est-ce qui fait une différence et quels sont les meilleurs moyens pour le faire ou le contrer. La guerre en Ukraine ne révolutionne pas la guerre, on est dans une approche connue et classique, du concept initial de la blitzkrieg au concept de la confrontation direct, le seul élément qui à mes yeux s'avère intéressant, ce sont les drones, il n'y a que les drones qui amènent un concept "nouveau" de par la masse utilisé, le gain en renseignements qu'ils apportent et aux capacités de frappes de précision qu'ils offrent. Mais sinon ce conflit ne met pas en avant un type de blindé, d'armement "classique" sous les projecteurs et qui devrait nous pousser à l'acquérir en masse. Nous sommes face à 2 pays qui se font une guerre avec des matériels de la guerre froide. Un conflit ou on va voir massivement des engins blindés, comme les chars, les VCI, mais un conflit ou on ne voit que très peu de combats entre blindés. Des blindés qui deviennent des cibles de choix pour des drones au point qu'il suffit parfois d'une dizaine d'entre eux pour mettre en échec une offensive quand par le passé il fallait la stopper au sol avec des blindés ou des armes AC dans un combat de proximité, à vue et ou les blindés offrent un avantage. Alors je ne dis pas que les blindés ne servent à rien, qu'il faut tout abandonner, je dis qu'il faut savoir analyser correctement le retex de la guerre en Ukraine. Se dire par exemple qu'on voit énormément de chars ou de VCI doit amener à conclure que c'est la preuve qu'il en faut ou que les pertes importantes est la preuve qu'il en faut beaucoup plus, c'est déjà faire une erreur. Les russes comme les ukrainiens se battent avec ce qu'ils ont et cela ne veut pas dire que c'est le plus adapté à ce conflit. Voir plein de chars ne veut pas dire que c'est la preuve de leur nécessité et d'un réel besoin, je ne fais pas un débat pour/contre le char, je veux juste qu'on comprenne la logique d'analyse. La guerre de demain ne s'écrit pas autour de la question d'un calibre d'un blindé, ni de savoir s'il a des roues ou des chenilles, elle s'écrit par l'innovation tactique et stratégique. Dès lors qu'on a élaboré ce nouveau concept (tant offensif que défensif) on regarde les moyens, on regarde ce qui est utile ou non, ce qui serait bien d'améliorer, d'acquérir. Le concept d'acquérir des chars, des VCI juste pour faire comme avant ou comme d'habitude est vide de toute substance. Les gens accordent souvent moins d'importance à ce qui ne se voit pas. On veut voir plus de chars, plus d'avions, plus de navires et il n'y en aura jamais assez, on peut se dire qu'un 2e porte-avions ça serait bien, mais si on en avait 2 on trouverait autant de raisons pour un 3e. Les américains en ont 10 et trouvent qu'ils en manquent... J'accorde plus d'intérêts à la tactique et à la stratégie qu'aux moyens eux-mêmes car je sais qu'on peut faire beaucoup plus par l'esprit et le talent que ne peuvent le faire une masse qu'on jette aveuglément dans une bataille en pensant obtenir une victoire mathématique. Je reste sur l'idée première que dans la guerre il faut avant tout vaincre l'ennemi sans le combattre, que l'affrontement est déjà un échec tactique. Le conflit en Ukraine ou la Russie et l'Ukraine sont tombés dans une guerre d'attrition et d'usure c'est le résultat d'un échec tactique et stratégique, ce qui se passe ce n'est pas un exemple à suivre ni une situation qu'on doit subir. L'enseignement à avoir n'est pas de se dire si on a assez de blindés pour subir la même attrition qu'eux, c'est de savoir comment faire pour éviter de se retrouver dans une telle situation. Car croyez-moi, la Russie pouvait s'éviter de se retrouver dans une telle situation, encore fallait-il avoir la bonne stratégie et la bonne tactique pour s'éviter d'être embourbé dans un conflit statique, un conflit ou l'attrition est un coup de poker avec le temps, en espérant qu'en face on adopte pas une tactique et une stratégie nouvelle...
  18. Bien entendu, c'est pour cela que je dis qu'il s'agit d'une idéologie. Mais quand aujourd'hui on continue d'ignorer ou de rendre insignifiantes les pertes russes, cette idéologie existe encore dans la tête de beaucoup, que c'est une manière pour eux de se rassurer sur le fait que la Russie va gagner mathématiquement. C'est un peu comme en Russie quand on chercher toujours à mettre en avant la guerre contre Napoléon ou Hitler, juste pour donner l'illusion que peu importe ce qui se passe, le résultat sera le même, une victoire russe. Pas très rassurant et très sélectif dans le choix des guerres, on ne va quand même pas parler d'un conflit plus récent comme l'Afghanistan... La Russie n'est pas à l'aise dans ce conflit et il va falloir qu'on arrête de croire qu'on serait comme durant la 2e guerre mondiale face à une Russie qui est en capacité de perdre des millions d'hommes si nécessaires pour cette guerre ou elle est l'agresseuse. Qu'on arrête de croire que la Russie produit des milliers de chars par mois et qu'on comprend que l'immense majorité de ses matériels actuellement au front ne sortent pas de productions mais de ses stocks hérités de l'URSS.
  19. Les russes doivent être mis dans le brouillard par la propagande afin d'aborder ce conflit sous le prisme idéologique (la guerre contre les nazis, la décadence occidental, la Russie menacée etc...). Les ukrainiens et le reste du monde voient les choses comme elles sont, c'est à dire que le voisin cherche à l'envahir, donc qu'ils s'en défendent, pas besoin d'idéologie. Dans les faits on a un agresseur et un agressé. Effectivement les russes aujourd'hui qu'on voit en Ukraine ne montent pas au front pour "défendre la mère patrie", ils n'y vont pas pour l'honneur, ils y vont pour l'argent, les volontaires pour un contrat ne sont pas des bénévoles pour la cause russe. Il n'y a que les grands guerriers derrière un écran, sur un plateau TV qui entretiennent l'illusion d'une guerre honorable, la vérité c'est qu'ils continuent la guerre pour sauver un honneur perdu, pour sauver un pouvoir, un système, une image de l'armée, une image de grande puissance dont ils ont l'obsession. Chez eux cela devient presque plaisant, soulageant de voir qu'ils infligent des destructions en Ukraine, ça rassure, ça donne l'impression de force, de puissance, de grandeur. Une obsession des armes, de la confrontation, une jouissance qu'on parle d'elle, qu'on en ait peur, un réel complexe d'infériorité ronge la Russie post-URSS. N'acceptant pas un déclassement (réel), n'acceptant pas de ne plus être l'une des deux grandes puissances dominant le monde bipolaire de la guerre froide, elle en vient à valoriser un monde multipolaire qu'elle prétend juste et respectueux alors que si on lui proposait demain un monde unipolaire avec elle comme dominant, elle irait balayer vite fait son monde multipolaire. N'ayant plus rien à proposer au reste du monde, aucun modèle alternatif, cette Russie n'existe plus que par ambition de détruire et réduire l'influence de l'occident qu'on va caricaturer comme pas possible (il n'y a que des déviants chez nous) pour chercher à faire croire qu'en Russie, on a des "valeurs traditionnelles". On est incapable de devenir aussi puissant et influent que l'occident, donc on cherche à le combattre et à le détruire. L'Ukraine est victime de ce complexe d'infériorité et de cette obsession à voir l'occident comme le mal, le diable, qu'il faut combattre et éloigner. Cela fait des années et des années que l'Otan a déjà une frontière avec la Russie, pourtant il y a encore un nombre important de personnes qui vont vous faire croire que l'Otan se "rapproche" de la Russie et qui donne l'illusion qu'il s'agit d'une armée conquérante dont la cible finale est bien entendu Moscou. Faire croire qu'une Ukraine dans l'Otan serait un danger pour la Russie, c'est un délire pour idiots. Au même titre que faire croire que la Russie cherche à avoir des pays neutres autour d'elle pour éviter les tensions et les confrontations, pour Moscou, un pays neutre c'est une zone d'influence par laquelle elle peut espérer dominer et conquérir sans craintes. Qu'on propose à la Russie de prendre toute l'Ukraine jusqu'à la Pologne et qu'on lui demande si elle a besoin d'une zone tampon, soyez certain que leur proposition ce ne sera pas de revenir en arrière, mais de demander la neutralité de la Pologne en attendant peut-être un jour, qu'un Ribbentrop viennent lui proposer un pacte pour la partager. Au même titre que les revendications historiques s'arrêtent là ou la Russie devrait concéder et non obtenir des choses. Quant à la Biélorussie, qu'elle se garde bien de refuser son "union" avec la Russie...C'est ça la logique russe et nul ne sera surpris de voir d'autres pays neutres revoir leurs positions et intégrer l'Otan, Poutine aura peut-être même poussé la Suisse dans ce chemin, un exploit historique! https://www.letemps.ch/suisse/la-commission-de-viola-amherd-veut-reviser-la-neutralite-et-se-rapprocher-de-l-otan-et-de-l-ue La Russie ne sait pas se faire aimer, il n'y a que les anti-occidentaux/américains qui vont l'apprécier ou la respecter. Mais au bout de tout cela , il y a quoi pour la Russie de demain? Le jeu en vaut-il la chandelle? La guerre en Ukraine c'est un baroud d'honneur d'une Russie qui perd pied et qui ne trouve pas sa place dans un monde qui n'est pas dirigé par les armes, par la peur, par les arrangements/relations entre dirigeants qui ont tout le monopole du pouvoir dans leurs pays.
  20. Ben ça s'est nouveau, après le drone qu'on utilise pour éteindre les feux, voici celui qui va les allumer...
  21. Personnellement cela fait des années que je dis que la Russie mène une guerre contre l'occident sur la sphère informationnelle. C'est vers 2012 et la réélection de Poutine (suite Medvedev) ou on est entré dans une phase très active. L'idéologie russe étant de s'opposer à l'occident, c'est de vouloir jouer la division et miser sur certains courant de pensées. Tout ce qui peut amener des pays à se dissocier de l'UE, de l'Otan ou casser la relation transatlantique est la cible des russes. Ils misent donc fortement sur le courant de l'extrême droite (oui il y a les méchants d'extrême droite quand ils sont anti-russes comme en Pologne ou en Ukraine, mais les bons quand ils sont contre les américains et l'UE). C'est tout de même assez drôle de constater que vous ne trouverez pas un seul anti-américain qui n'a pas une "sympathie" pour la Russie, pas un parti d'extrême droite pour qui l'ambition, derrière les migrants, c'est de vouloir cesser de soutenir l'Ukraine au profit d'une solution (sois disant la paix) favorable à Moscou. C'est comme en Afrique, j'ai le souvenir d'avoir été de nombreuses fois pris de haut par certains (pas forcément ici) quand je disais que les russes manipulaient les opinions, qu'ils cherchaient à combattre notre influence. Tous les mouvements anti-français ou encore le panafricanisme (qui n'existe sérieusement que dans la zone francophone) et autres, ce ne sont pas des mouvements qui sont sortis par magie d'un chapeau, c'est une idéologie que la Russie instrumentalise et amplifie d'une manière importante. Sans oublier les actions de piratage, les trolls qu'on retrouve partout chez nous pour nous attaquer, nous influencer. Mais pour certains on doit encore continuer à regarder la Russie comme une victime, un partenaire et autres, ils vous trouveront bien un grain de sable avec les américains pour justifier le besoin de se rapprocher de Moscou et de faire de Washington notre pire ennemi... Concernant les pertes, là aussi, attention à ne pas jouer le jeu d'une propagande qui mise sur l'idéologie de la grande guerre patriotique ou on fait passer la Russie comme un puits sans fond. Que la Russie soit 4 fois plus peuplé que l'Ukraine c'est une chose, mais laisser croire comme dans mon exemple qu'il faut presque rendre les pertes insignifiantes tout en laissant croire en permanence que chez les ukrainiens on racle les EHPAD avant d'aller chercher les enfants à la crèche pour armer le front, c'est n'importe quoi. 4 fois plus d'habitants, ce n'est pas un puits sans fond ou on peut se permettre d'ignorer les pertes. Depuis le début du conflit on voit que les russes ont des problèmes avec les effectifs, on voit que plus le temps passe plus ils payent pour obtenir des volontaires, on voit qu'on n'ose pas mobiliser et qu'on n'ose pas utiliser les conscrits comme les contractuels, ne faisons pas comme si on serait dans les années 40. La Russie d'aujourd'hui, dans cette guerre là, n'est pas dans le même contexte et cette guerre ne se finira pas sur un épuisement d'une ressource humaine d'un camp ou de l'autre. Oui sur le papier Moscou peut faire plus que l'Ukraine, mais dans la réalité de cette guerre, la ressource humaine utile à Poutine pour s'éviter une contestation intérieure, c'est la limite de son système de contractuels payés à prix d'or. Donc les gens qui sont là dans une quasi "attente" que les ukrainiens se retrouvent sans ressources humaines pour voir la Russie triompher par un épuisement de forces, c'est attendre encore longtemps pour rien. La Russie n'est pas un puits sans fond, non elle ne produit pas non plus des chars et autres comme du temps de la grande guerre patriotique ou même de l'URSS dans la guerre froide. Plus le temps avance et plus on voit et on verra les soldats russes partir au front et monter à l'assaut à bord de véhicules civils. Les réserves ont elles aussi des limites et quand on voit du côté de Koursk que la Russie devait piocher des troupes à Kaliningrad sur le front en Ukraine, grattant l'ex Wagner en Biélorussie et cherchant à gratter quelques centaines d'hommes déployés en Afrique et ailleurs (sans pour autant réellement inverser les choses), pousser l'allié Biélorusse à faire pression sur sa frontière, ben on peut se dire sans être un spécialiste, que l'arrière cours de la Russie est bien vide. Le conflit en Ukraine lui bouffe tout son potentiel militaire et tout son potentiel militaire à quoi on assiste c'est la conquête de quelques villages ici et là au Donbass et ou Prokovsk (ville qui il y a 2 ans n'aurait même pas été sur une carte de l'état-major russe tant l'ambition était plus grande) deviendrait la démonstration d'une domination sévère de la situation face aux ukrainiens. On s'est tellement habitué aux difficultés des russes que désormais on trouve exceptionnel de débattre sur leurs capacités offensives pour prendre un village ou une mine de charbon au Donbass. Je ne sais même si certains se rendent compte de cette situation, si on se rend compte que l'armée russe qu'on présente encore si puissante et si grande, ce puits sans fond d'hommes et de matériels, cette masse, ce rouleau compresseur est loin de démontrer des capacités validant tout cela. Cette vulgaire armée ukrainienne, il y a 2 an et demi, qui pensait la voir tenir face à la Russie? Impossible, inimaginable mais aujourd'hui on a l'impression qu'on va mettre l'Ukraine et la Russie sur une même balance, je vous le dis, si ça serait les américains dans cette situation, certains tiendraient un tout autre discours et trouveraient bien surprenant de les voir perdre des milliers d'hommes des centaines de blindés (après 2 ans et demi) pour avancer d'1km par semaine sur une petite largeur d'un front face à un pays de "seconde zone"
  22. Les excuses c'est comme les ..... tout le monde en a une. Il est bien connu ici, le parti pro-russe n'existe pas, ce n'est qu'une vision de l'esprit, une mauvaise analyse des comportements et des pratiques de certains. Quand les allemands ont rasés Oradour, il devait bien y avoir quelques résistants dans le lot, donc excusez-les, c'est de la faute des résistants. Bordel ces salopards d'ukrainiens, ces lâches, pourquoi ne supportent-ils pas qu'on occupe leur pays? Qu'on leur face la guerre et pourquoi ne s'exposent-ils pas plus facilement pour faciliter leur élimination? Non mais sérieusement, les gens qui continuent à analyser ce conflit en voulant mettre les deux partis sur un même niveau de responsabilité, cela me surprendra toujours. Les russes envahissent un pays et derrière on a des types qui viennent culpabiliser les ukrainiens de ce qu'ils se prennent sur la tête. Non mais excusez-les de vouloir résister, excusez-les de vouloir combattre, excusez-les de vouloir vivre même si tout cela emmerde le "plan" russe. Va falloir comprendre une chose, l'immense majorité des frappes russes en Ukraine et des frappes ukrainiennes en Russie sont le fruit de cibles choisies sur la base d'un renseignement qu'on va trouver sur internet. Une grosse partie via l'analyse de google map comme pour les sites énergétiques, les sites militaires sont là aussi pour la plupart déjà connu, les usines et tout les reste c'est pareil. Tout cela n'est pas le fruit d'un renseignement militaire, ce n'est pas le fruit d'une observation ayant conduit à identifier spécialement un site civil utilisé par des militaires. Il faut avoir vu le travail qu'il y a pour l'identification militaire d'un site à frapper par du renseignement satellite ou autres, comprendre la boucle d'analyse et de décisions pour comprendre qu'il est totalement idiot de croire que derrière chaque site visé par un drone ou un missile russe, un tel travail a été fait. Ce n'est pas sans raison si ça va se concentrer sur des sites énergétiques ou d'autres choses, pas qu'il s'agisse d'une tactique particulière, mais que par défaut de renseignements militaires on se concentre sur des sites qu'on sait "fixe" et qui peuvent perturber le quotidien. Vous voyez les russes qui montrent l'avant-après de leurs frappes? Non c'est toujours le flou, car c'est totalement flou, c'est toujours "l'idée que" ces frappes visaient des zones militaires précises car on a envie d'y croire et on prétendra que les ukrainiens cachent les choses pour s'en convaincre. Mais je reprend ce que j'ai indiqué plus haut, pourquoi donc les russes ne vont pas montrer aux yeux du monde l'efficacité de leurs frappes? La réalité c'est que lorsqu'ils peuvent le faire, ils le font. Lorsqu'ils ont des images ou ils frappent les ukrainiens ils vont les montrer et comme pour la frappe comme les camions, on voit que cette attaque bien préparée contre des camions à l'arrêt (sans doute en pause pour la nuit), le narratif chez eux c'est de faire croire, ils vont donc écrire dans le titre avoir détruit des camions ravitaillant les forces ukrainiennes et à n'en pas douter, les pro-russes ont au départ eût les yeux qui brillaient, un sourire intérieur et puis quand on leur a montré le résultat, le silence, comme d'habitude. Mais sans doute que les ukrainiens cachaient cela, un peu comme les russes qui par leurs camions blancs, peints à la hâte, amenaient de "l'aide humanitaire" au Donbass sous forme de tube d'artillerie tout en étant accompagné de touristes en excursion. L'Ukraine est un pays en guerre, des militaires il y en a un peu partout, c'est assez logique. Dans les grandes villes, ils vont manger au resto, faire des courses, se balader. Vouloir se rassurer derrière un écran en pensant que si après une frappe on voit des militaires avec les secours en se disant que c'est bien la preuve qu'il s'agissait d'un site utilisé par des militaires ou encore justifier la destruction d'un supermarché car on a vu à un moment des militaires en camion faire les courses, c'est ne pas savoir ce qu'est un pays en guerre ou les militaires sont partout et cela ne justifie pas qu'on puisse tirer partout. On a l'habitude ici depuis 2 ans et demi (et plus même) des gens qui font du relativisme au profit des russes, qui embrassent la réussite ou la perspective victorieuse des russes. Des gens très actifs pour dire que les russes avancent, qui vont poster des cartes quand elles sont à l'avantage des russes (on sait que la source est pro-russe, mais les cartes sont bien, car elles vont avec ce qu'on veut voir et entendre). Ils ne feront pas un seul instant cela pour les ukrainiens, mais promis, ce n'est pas un parti-pris, c'est juste pour "équilibrer" le débat. Toujours la même manière de faire et d'être, les russes peuvent perdre 500 blindés et 10 000 hommes, "pas grave" pour eux mais quand les ukrainiens vont perdre 50 blindés et 1000 hommes, alors là c'est l'hécatombe, bons sang qu'est-ce qu'ils prennent, jamais ils ne s'en remettront de cette attrition. On sent très clairement le narratif qui émane des sources pro-russes, de leur vision des choses, des raisons, des excuses, l'ignorance quant aux pertes subies et à l'idée que les ukrainiens ramassent sévèrement face à la brillante et puissante armée russe. Les verrous qui vont sauter, les brigades encerclées, les chaudrons, les ukrainiens qui meurent en masse, c'est le quotidien ce ce monde pro-russe sur internet, tout ce que fait la Russie est réfléchie, sensée et ne peut que conduire vers la victoire, c'est quand même elle qui "libère" l'Ukraine des nazis...
  23. Je ne dis pas que c'est une méthode propre à l'Otan, la manœuvre d'encerclement est une logique militaire que les russes n'arrivent pas à mettre en œuvre en Ukraine car ils n'en ont pas les moyens. Ce n'est pas l'idée ou la volonté qui manque, c'est juste comme dit, qu'ils ont les yeux plus gros que le ventre, que ce soit à l'étape initiale de la guerre mais encore aujourd'hui. Nous continuons de voir une armée russe qui même concentrée au Donbass est clairement incapable d'exécuter une grande manoeuvre d'encerclement. Là encore ce n'est pas la logique et l'envie qui manque, mais les moyens. On se retrouve alors avec une armée russe qui fait de l'assaut frontal en espérant obtenir une victoire à la Pyrrhus, pariant sur une victoire mathématique et non tactique/stratégique. L'échec russe en Ukraine c'est d'avoir eût les yeux plus gros que le ventre, l'amenant à une première revue de son engagement via un désengagement important, l'amenant à connaitre ensuite une 2e déconvenue avec la perte de Kherson et de la partie droite du Dniepr ainsi que d'un territoire important en région de Kharkiv. Alors on pourrait croire que la Russie après ces échecs, son effort de guerre (mobilisation etc) et la concentration de ses forces au Donbass a trouvé les yeux adapté à son ventre, mais en vérité, toujours pas. Que ce soit avec l'offensive du côté de Kharkiv qui montra, que ce soit l'offensive ukrainienne du côté de Koursk, que ce soit au Donbass ou le regroupement de ses moyens ne lui permettent pas de réaliser autre chose que des mouvements ou l'on doit prendre une carte à la loupe, c'est que oui, la Russie a encore aujourd'hui les yeux plus gros que le ventre avec des moyens inadaptés, même si certains ne veulent pas le voir. Faut arrêter de prendre Mossoul comme si ça serait l'action d'une force occidentale. Mossoul c'est l'œuvre de l'armée irakienne avec un appui (essentiellement aérien) de quelques pays occidentaux. Mossoul n'a pas été aléatoirement détruite sur des mois car on estimait ne pas pouvoir faire autre chose, c'est essentiellement le centre ville qui a été rasé car c'est ici que ce sont regroupés les terroristes en fin de partie. Alors oui il y a eût une forte concentration de bombardements sur ce réduit, cela a donné des images avec des destructions massives, mais ce n'est pas toute la ville qui a terminé dans cet état. Nul ne dit qu'une prise de ville se fait sans dégâts sur l'infrastructure, mais comparons le comparable, ce que font les russes quand ils sont devant une ville en Ukraine, ce n'est pas pas le scénario de Mossoul. Les russes peuvent être devant une ville de 50 000 habitants (Mossoul c'est 2 millions d'habitants) qu'ils sont incapables de réaliser un encerclement de cette dernière, on peut me trouver toutes les excuses et tous les arguments pouvant l'expliquer, les faits montrent qu'ils n'y arrivent pas car ils n'en ont pas les moyens. Ils n'arrivent pas à dégager les volumes nécessaires pour pouvoir élaborer une prise de ville efficace, ils sont donc là à camper des mois devant elle pour essayer de la raser afin de pouvoir y entrer plus facilement, de rencontrer moins de problèmes. Au final on a réellement une ville qui est un champ de ruines, un scénario qui se répète sur presque chaque localité car les russes continuent d'avoir les yeux plus gros que le ventre, ils ont un peu partout un niveau de force insuffisant pour faire autre chose et leurs 2-3 points d'efforts ici et là dont certains vont louer l'efficacité ou la dangerosité, ben en vérité, ça reste bien faible et largement insuffisant. Et inutile de faire le petit jeu habituel ou on va dire que l'armée française serait incapable de faire mieux que les russes, qu'on ne serait pas capable de faire 1/10e de ce que font les russes, mais il y a dune différence de taille, nous ne sommes pas aussi con qu'eux pour se retrouver dans ce genre de merde militaire. Nous n'avons pas la volonté de conquérir nos voisins, nous n'avons pas les yeux plus gros que le ventre pour faire les mêmes erreurs. Pour la survie d'un pouvoir politique, ils s'obstinent à faire une guerre stupide ou on cherche une victoire à la Pyrrhus pour sauver l'honneur d'ambitions irréalisables d'un président et d'un système. Donc faut arrêter de comparer l'incomparable, les russes font énormément d'erreurs depuis le début de ce conflit qui conduit à des limites capacitaires qui ne permettent pas d'obtenir de victoires militaires décisives et ils s'obstinent à continuer ainsi par peur de l'échec. Le grignotage ou l'usure n'est pas de l'efficacité militaire, c'est la conséquence d'une inefficacité à pouvoir faire mieux. La folie des grandeurs a conduit la Russie à devoir maintenir un front sur des centaines et des centaines de km par peur de devoir perdre des territoires occupés. Cela fait 2 ans et demi qu'on entend que les ukrainiens n'ont pas le temps pour eux ni les moyens de durer face aux russes. 2 ans et demi qu'on a l'impression qu'ils sont toujours au bord de l'effondrement, puisant dans les dernières réserves, derniers obus, derniers chars. Et pourtant on se demande bien pourquoi les russes ne sont pas plus à l'aise que ça ou qu'ils arrivent encore à se faire surprendre comme à Koursk
  24. Je vais peut-être me répéter, mais le Donbass est la dernière zone que les ukrainiens chercheront à "conquérir par les armes. Je pense même qu'ils sont prêts à perdre le Donbass et la Crimée aux frontières d'avant 2022 même si le discours évoque une restitution totale comme objectif. Le problème c'est que c'est bien du côté russe qu'on ne veut rien céder et qu'on considère que chaque km² pris c'est un km² qui ne retournera jamais aux ukrainiens. C'est sans compter les autres exigences que le kremlin aimerait imposer. Pour cette raison (que certains ne veulent pas voir en pensant que Poutine veut "négocier"), il est nécessaire d'amener la Russie dans une situation désavantageuse, une situation ou la Russie perdra du terrain sur le court et moyen terme, qu'il sera hypothétique sur le long terme sauf à vouloir continuer des années de guerre en pensant un jour retrouver une situation plus dominante/conquérante. Pour moi actuellement il y a une nouvelle stratégie ukrainienne qui prend ce pari là et qui se construit sur 3 phases qui s'entremêlent. La première phase c'est d'obtenir du terrain en Russie. Cette phase a 2 intérêts, le premier c'est d'attirer des troupes russes au détriment d'autres régions du front, le second c'est d'avoir un terrain plus facile à prendre pou l'échanger ultérieurement dans des négociations. La deuxième phase c'est de créer des points de fixations et de blocages dans le Donbass. Le Donbass est le centre d'intérêt des russes, c'est leur point de fixation, c'est la zone à laquelle (pour eux) la guerre se joue. Les ukrainiens n'ont pas voulus alléger la pression du Donbass en espérant que Moscou dégage des troupes vers Koursk, ils ont bien compris que les russes continueront d'y maintenir leur effort offensif pour garder une dynamique "conquérante" utile au moral, à la propagande mais qu'ils vont dégarnir d'autres zones pour faire face à l'incursion dans la région de Koursk. Objectif, amener les russes à mobiliser de gros moyens militaires (l'essentiel de leur effort) sur 2 ou 3 points difficiles à conquérir. Enfin la dernière phase est pour moi une offensive majeure vers Melitopol qui visera à isoler la Crimée afin de la placer en difficulté. On va le répéter, mais la Crimée, vous enlevez le pont, cela devient une île et les russes auront bien du mal à tenir un front au Nord ou les ukrainiens s'établiraient et exerceraient une pression. J'ai déjà expliqué un peu le scénario de cette offensive ici, je ne vais pas le remettre. Au final on arriverait dans une situation ou les ukrainiens auront réussis un gros coup tactique par lequel avec le temps, ils se mettent en position de récupérer le territoire entre l'ouest de Melitopol (dont la centrale de Zaporizha) et le Dniepr, mais aussi en position de descendre sur la Crimée. Pendant ce même temps les russes seront encore fixés sur les points du Donbass, donc l'offensive ukrainienne amènera très certainement à stopper l'effort offensif dans la zone pour la rediriger sur la bande côtière face à Melitopol. Dans cette situation, les ukrainiens auront le temps avec eux, les russes comprendront que la Crimée est difficile à défendre, qu'elle peut se perdre si la guerre continue. C'est à ce moment là, que les ukrainiens seront en position de force et pourront négocier et obtenir des concessions aux russes, c'est à ce moment aussi qu'ils pourront échanger le territoire qu'ils auront alors à Koursk. Pour gagner, l'Ukraine n'a pas besoin de vaincre tout le potentiel militaire russe et l'idée qu'il va falloir reconquérir tout le territoire que les russes possèdent est une erreur. Le prisme de pensée ou on veut faire croire que la moindre avancée russe deviendrait une perte définitive pour les ukrainiens ou qu'il faudrait pour ces derniers réaliser le même effort que les russes pour le reprendre, ben c'est une erreur. La guerre c'est un jeu de stratégie ou ce n'est pas forcément celui qui a la plus grosse qui joue le mieux. Les russes jouent cette guerre avec l'idée de "on a la plus grosse, donc on va gagner". Toutes les guerre de l'Histoire confirment cette logique. Si la quantité est un avantage,encore faut-il bien l'utiliser.
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