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Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Il faut savoir faire le bon retex et savoir se projeter. Le conflit en Ukraine sert de retex, car c'est un conflit qui engage une force armée, la Russie, dont l'artillerie "classique" est pléthorique, avec une doctrine ou elle a une place centrale, se confrontant à une armée adverse sur le même modèle. Forcément, comme dans toutes les guerres, on commence et on utilise ce qu'on a en inventaire, donc on a très vite tourné à faire comme si le sort de la guerre se déterminerait par celui qui va tirer/produire le plus d'obus. Le besoin d'obus et d'artillerie était lié aux caractéristiques des armées engagées, de leurs moyens, de leurs méthodes. Donc du côté occidental ou l'artillerie était relayé à un second plan par rapport à l'aviation, ben oui on avait du mal à répondre aux consommations de cette guerre. Mais observons que cette guerre a vu le drone prendre une place prépondérante, qu'il est un élément peu coûteux qui permet d'obtenir une grande précision. Aujourd'hui ce qu'on peut qualifier de "no man's land" entre les deux armées, c'est le terrain de chasses des drones. Ils imposent des précautions, des distances et infligent des dégâts considérables. C'est bien dans le domaine des drones que les russes et les ukrainiens semblent mettre leurs efforts. Cela ne va pas enterrer l'artillerie, mais il faut lui trouver une place plus adaptée, un usage différent en intégrant pleinement la dimension "drone". Oui il est souvent très difficile de faire changer des habitudes ou retirer certaines convictions, mais même s'ils ne sont pas nouveau en soit, dans ce conflit en Ukraine, c'est et ça restera bien le drone qui aura pris de l'intérêt, de la valeur et de la place sur le champ de bataille. Que ce soit le petit FPV qui va traquer le moindre combattant/véhicule adverse ou le drone pour faire de la frappe en profondeur, c'est bien là que les efforts se feront. L'artillerie classique ne va pas être démultipliée dans les forces armées occidentales. Oui il y aura peut-être des efforts ici ou là, oui il y a en ce moment un besoin de renouveler une "vieille" artillerie ou remplacer ce qui a été donné à l'Ukraine. Mais on ne parle pas en milliers de tubes par pays. La production d'obus est actuellement à fond pour fournir le front, renflouer des stocks mais ça ne va pas durer. On profitera sûrement à la fin de la guerre de la production en cours pour faire des stocks "stratégiques" au niveau européen, mais ce sera tout. La France ne va pas stocker 5 millions d'obus pour peut-être au final 150 ou 200 tubes de 155mm. La consommation courante (entraînement) ce ne sera pas non plus une masse. Donc la production d'obus va ralentir, on a peut-être 5 ans ou ça va bien se maintenir, mais après on fait comme on le dit déjà maintenant, on cherchera à maintenir des sites de productions capables de se "réveiller" rapidement pour produire de la masse. C'est pareil pour les drones, on ne va pas stocker des drones FPV par centaines de milliers, on doit avoir une capacité industrielle pour en produire massivement, ça oui. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Faut pas non plus exagérer. Trump veut jouer sans les européens sur la question de l'Ukraine, ça arrange la Russie mais ça ne veut pas dire que ça va se faire ainsi et que ça va redéfinir le monde stratégique de demain. La Chine ne va pas envahir l'Europe et n'a en vérité aucune "haine" contre nous. La Russie qui aujourd'hui cherche à se sortir victorieuse d'une sale guerre en Ukraine n'a pas non plus les capacités de faire la guerre à tout le monde. Ce qui se passe en ce moment, c'est un isolationnisme/impérialisme américain (combien de temps durera t-il en réalité?) qui va profiter à l'impérialisme d'autres pays. En Europe on est dans une phase ou on se repense collectivement, faut pas faire comme si tout allait se jouer sur les 6 prochains mois. La Russie peut obtenir une des gains à l'issue du conflit en Ukraine, mais elle ne va pas sortir plus forte de cette guerre qu'au moment de son entrée. Elle a ses qualités et ses défauts comme tout pays, mais d'une manière globale ce n'est pas du tout un pays comparable aux USA ou à la Chine. Je sais que la Russie est grande sur une carte, mais même si ça va emmerder beaucoup de monde, redisons le, c'est un pays qui a l'économie d'un pays comme l'Espagne. Les russes ne pourront plus compter sur les revenus qu'ils percevaient d'Europe et ce n'est pas la Chine qui va venir compenser par amitié la différence. La politique de Pékin n'est pas de se faire biberonner par les russes dans l'intérêt des russes, la politique de Pékin est au contraire vers l'autosuffisance. Faut arrêter de croire que les chinois sont là à vouloir entretenir, sauver ou défendre la Russie dans une logique d'affrontement face à l'occident, Pékin n'a même pas reconnu la souveraineté russe sur la Crimée. C'est bien du côté russe qu'on aime bien donner l'illusion que Pékin comme l'ensemble du BRICS formerait une base d'alliés qui pensent et agissent dans le même sens qu'eux. Cela permet de donner plus de poids à la Russie alors qu'en fait ces pays ne se sentent aucunement concernés ou obligés de soutenir l'impérialisme russe et ses rivalités avec l'occident. L'Europe n'est pas composée de pays insignifiants. La phase actuelle semble faire revivre un certain souverainisme en Europe, qu'il soit individuel ou collectif. Les petits pays resteront des petits pays, mais il faut savoir surveiller les plus grands pays, comme la France, l'Allemagne, l'Italie ou encore le RU. Ces pays sont des puissances, ce n'est pas parce que nous n'avons pas la taille de la Russie sur une carte, que nous n'avons pas autant d'habitants que les chinois ou l'armée des américains que ça fait de nous des faibles qui ne comptent pas. Car si aujourd'hui on est dans une phase ou on cherche à restreindre l'impérialisme russe, on doit regarder un peu plus loin. Les efforts militaires qu'on veut faire, on peut les juger insuffisants là pour peser immédiatement dans le conflit ukrainien, on peut dire que c'est trop tard, mais qu'en sera t-il dans 5 ans? Dans 10 ans? L'issue de la guerre en Ukraine est à des années lumières de l'issue de la seconde guerre mondiale. Il n'y a pas d'un côté les grands gagnants (qui se partagent le monde à Yalta) et ceux qui auront tout perdu. L'Ukraine ce n'est pas un grand pays et cette guerre n'a jamais engagée les armées des nations européennes ou d'autres pays. Donner une victoire (déjà loin des attentes initiales du Kremlin) à la Russie, ce n'est pas offrir l'Europe à Poutine. Cela ne va pas non plus placer la Russie comme une hyperpuissance à la manière des grands vainqueurs des guerres mondiales. Il y a un truc qu'il faut observer en Europe, c'est que dans la situation géostratégique et géopolitique des temps à venir, il n'est pas impossible qu'il y ait également la renaissance d'un impérialisme dans certains pays. Les problèmes et les crises conduisent généralement à cela. Tout peut arriver très vite, il suffit parfois d'un seul individu pour transformer la face de tout un pays. On est aujourd'hui avec l'exemple des américains, ou ça parle ouvertement d'annexer le Groenland, le Canada. -
Le Burkina Faso
Pol a répondu à un(e) sujet de Coriace dans Politique etrangère / Relations internationales
Bien souvent cet argent va servir au "fonctionnement" de l'état (la dépense publique). Ce n'est pas un prêt d'investissement qui va développer l'économie ni un prêt qui va développer les conditions sociales de la population. Le problème de ces prêts liés au FMI ou parfois à d'autres instances internationales, c'est qu'ils traduisent une mauvaise gestion de la dépense publique et des finances et l'absence de confiance qui amènerait (comme pour les pays riches) son lot d'investisseurs. Si le FMI accorde un prêt, c'est que derrière il y a les conditions de remboursement. Dans ces conditions, on impose forcément une réduction des dépenses afin de pouvoir justement être en mesure de le rembourser. Le Burkina va donc devoir faire des mesures budgétaires pour rembourser le FMI. Faudra donc expliquer au peuple pourquoi malgré tous les discours souverainistes ou on vante le renouveau et la prospérité, la situation continue de se dégrader. Mais le Burkina n'est pas seul dans ce cas, le Mali c'est pareil, le Niger c'est pareil. Ces pays qui se regardent dans des miroirs déformants afin de se prendre pour ce qu'ils ne sont pas, oublient à quel point les aides extérieures étaient importantes pour leur simple fonctionnement. Qu'il y avait à côté de cela un grand nombre d'ONG et d'associations qui assistaient les plus défavorisés et lançaient des projets. Alors vu de chez nous ça parait toujours très faibles, mais quand vous amenez 3 panneaux solaires dans un village pour un minimum d'électricité, que vous construisez un puits, une école avec quelques fournitures, ben pour certaines populations en dehors des grandes villes, ça change la vie. Ces régimes se sont coupés volontairement de ces aides, car leur idéologie (que je ne vais plus réexpliquer) les a poussé dans ce sens. D'une manière plus globale encore, la fin de l'USAID va faire son effet en Afrique. Ce qui est presque "drôle" c'est la "discrétion" dans laquelle le Burkina ou la Mali font appel au FMI. La propagande bien silencieuse, les trolls du web se cachent bien de le mettre en avant, on est dans ce moment prévisible de flottement ou la désillusion de la réalité commence par faire son effet, ou les grandes rêveries portées par ces militaires ne souhaitant plus une quelconque transition (qui y croyait?) disparaissent. On arrive même à faire passer via les médias l'obtention d'un prêt du FMI comme la preuve d'une bonne gouvernance ou d'une bonne confiance économique. Il faudra encore un temps pour que tout cela amène au réveil d'une opposition et pourquoi pas au réveil des ennemis intérieurs (dont les terroristes) qui profiteront de la situation. Depuis qu'ils sont au pouvoir, militaires obligent, ils mettent beaucoup d'argent dans la défense. Imaginant construire des armées puissantes, imaginant avoir les moyens, leur seul intérêt est de rester au pouvoir. Ils foncent dans un mur qui amènera tôt ou tard à une situation chaotique. Les armes achetées n'y changeront rien pour maintenir la situation, car ce sont les hommes qui tiennent ces armes qui resteront le talon d'Achille de ces armées. Ce n'est pas non plus l'Afrika Korps qui va faire des miracles, il n'y a plus d'influence occidentale à combattre et à diminuer, du côté de Moscou la zone a donc également fortement perdue de son intérêt. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je dis et je répète depuis des années, Poutine (et son entourage) sont des soviétiques frustrés de ce qu'est devenu la Russie à la fin de l'URSS. Ils ont grandis avec l'URSS, ils ont appris et vécus avec cette superpuissance, ils ont toujours en tête les cartes de l'époque avec des frontières différentes, une domination/présence sur le pacte de Varsovie (Poutine officiait même en Allemagne de l'Est pendant un temps). Cette superpuissance d'un monde bipolaire, rivalisant avec la superpuissance américaine, avec l'Otan, toute cette idéologie reste gravée dans leurs esprits. Tout ce qu'ils font c'est vouloir revivre leur jeunesse, continuer les habitudes de superpuissance. Les cartes de l'URSS de leur enfance continuent de se superposer par papier calque sur les cartes actuelles et sincèrement ils ne comprennent pas, ils n'acceptent pas cette situation. La seule influence russe c'est celle de représenter un pays anti-occidental (et américain en premier lieu), c'est là qu'ils vont trouver leurs "adeptes" à travers le monde. L'idéologie du Kremlin, dans ces grandes lignes, c'est ça. Tout le reste n'est que manipulations, tentatives, et opportunismes en fonction des capacités et des possibilités qu'offre le pays. Mais il n'y a toujours cette volonté de dominer les pays de l'ex URSS, de contrôler le bloc de l'Est, ils ne vont pas conclure un contrat de gaz avec l'Ukraine comme ils le font avec la Chine. Quand les chinois signent un contrat "classique", l'Ukraine signait un contrat à géométrie variable, soit politiquement tu satisfaits les intérêts du Kremlin, alors là on te fait même un prix inférieur au marché, soit dans le cas contraire on augmente les prix voir on réduit ou on coupe le robinet. Pourquoi vous imaginez qu'un type comme Orban semble à ce point défendre les intérêts du Kremlin? Car derrière les russes arrosent d'argent ce genre de politiciens, on lui fait des cadeaux qui parfois lui profiteront politiquement sur la scène intérieure. C'est ainsi pour nombre de politiciens/opposants dans toute l'Europe, les russes sont généreux avec leurs poulains, on en vient jusqu'à recruter un ex chancelier allemand pour le foutre PDG d'une grande boite, chez nous c'était un ancien premier ministre, sans oublier les types un peu plus bas, comme Mariani et d'autres. Il y a une énorme corruption de politiciens, de partis, d'oppositions. D'énormes manipulations, de propagandes qui se font chez nous et qui doivent servir les intérêts et l'influence du Kremlin. En Ukraine avec les événements qui auront chassés du pouvoir un politicien qui faisait les intérêts de la Russie (Ianoukovitch, réfugié depuis en Russie...), le Kremlin voyait son influence lui échapper dans ce pays. Que ce soit l'expansion de l'Otan ou de l'UE, cela n'a jamais été une menace contre la Russie, cela a toujours été un problème qui limiterait de possibles actions de la part de la Russie dans sa logique de domination et forcément des conquêtes. Car là aussi, pendant des années, certains ne voulaient pas accepter de voir la Russie comme un pays impérialiste, agressif, non c'était toujours un pays qui joue sur la défensive et c'était les américains les "méchants" agresseurs qu'il fallait combattre pour amener à un monde de paix. On oublie de dire que si des pays comme la Russie ou la Chine cherchent sans arrêt à vouloir voir les américains s'éloigner de chez eux, ce n'est pas pour réduire les tensions, pour éviter un risque de confrontation, mais au contraire pour pouvoir avancer leurs pions, sans être gênés par les américains. Ainsi Poutine en 2014 voyait l'Ukraine lui échapper mais il était hésitant. Une intervention limitée en Crimée avec de petits hommes verts qui devaient surtout ne pas montrer qu'ils appartenaient à l'armée russe, l'usage d'un pseudo référendum devant rendre "acceptable" une annexion de force auprès de la communauté internationale. Au Donbass, pareil, la Russie n'était pas en confiance, ni prête militairement à entrer avec son armée. On a joué sur un soutien caché, sur des soldats "touristes" qui devenaient des indépendantistes du Donbass et qui trouvaient des chars, des canons dans les épiceries de Dontesk une fois que les camions humanitaires blancs venant de Russie avaient terminés de livrer leurs cargaisons. Mais Poutine n'assumait pas et craignait les réactions internationales. Puis on a eût la situation qu'on a connu dans la zone pendant des années. Cette politique militariste non assumé, c'est en résumé Wagner, l'armée de l'ombre du Kremlin. Mais on oublie un autre événement dans cette période, c'est l'intervention en Syrie. Là aussi les russes étaient hésitants et c'est bien en voyant l'inaction occidentale, la division (Obama ne voulant pas intervenir) dans le camp occidental, qu'ils ont décidés d'agir. Ils ont constaté qu'on laisse faire, ils ont vu qu'ils pouvaient militairement agir et vu qu'ils pouvaient "s'imposer" aux autres. La succession des gains en Ukraine en 2014, l'action militaire en Syrie a donné de l'assurance pour construire une politique bien plus agressive. Une propagande massive axée sur la lutte contre l'occident (nous français on l'a bien observé en Afrique) mais également la préparation de ce qui devait être un grand coup qui ne s'est pas décidé en 6 mois, cette invasion de l'Ukraine en 2022 ou l'on ne se cachait plus derrière des mercenaires, des indépendantistes ou des petits bonhommes verts, une invasion dans le plus simple appareil, dans la plus simple tradition militaire. Le Kremlin pensait refaire sur toute l'Ukraine un remake de la prise de la Crimée, pensant que l'occident ne ferait rien, que les ukrainiens préféreront ne rien faire. Une blitzkrieg devant placer le monde dans un fait accomplit, devant donner à la Russie une victoire grandiose, un retour en force qui imposera une nouvelle architecture sécuritaire en Europe dans laquelle elle retrouvera toute son influence. Mais ça ne s'est pas passé ainsi et aujourd'hui bien que Poutine fait le coq, en vérité la victoire qu'il espère trouver actuellement en Ukraine n'est qu'une bouée de sauvetage politique à son pouvoir. Jamais Poutine n'a voulu et ne pensait devoir mener une guerre comme celle qu'il mène en ce moment. Jamais autant de morts, de pertes matériels pour des gains qui seront au mieux, uniquement territoriaux. Un territoire (ravagé, pollué, vidé de ses habitants) qui une fois la Crimée et le Donbass qu'elle possédait déjà retiré, est vraiment du genre à entrer dans la case "tout ça pour ça" de l'Histoire. On est loin des grandes batailles, des grands succès tactiques, aujourd'hui on est face à un Poutine qui doit revêtir un treillis pour se féliciter d'avoir enfin réussi à dégager des forces ukrainiennes du territoire russe avec l'aide de la Corée du Nord. C'est un véritable bourbier dont les enjeux initiaux du Kremlin sont bien bien loin de ce pourquoi les soldats se battent aujourd'hui. Cette guerre n'amènera pas à Poutine ce qu'il espérait (et qu'il tente encore d'obtenir). Je l'ai toujours dit, dans une phase de négociation sous l'égide de Trump, l'Ukraine sera prête à faire des concessions mais c'est bien en face que ça va poser un problème, car s'estimant comme les vainqueurs dans négociant la capitulation de l'ennemi. Les russes ne comprennent pas qu'ils vont devoir faire des concessions et c'est bien cela qui risque de faire capoter le plan de Trump, qui risque au final de se retourner contre les russes. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a 10 ans, les partis politiques qui voulaient faire un effort considérable pour nos armées, évoquaient 50 milliards. Aujourd'hui on y est, mais beaucoup ne voudront pas voir cette augmentation car ce serait alors reconnaitre un effort qui reviendrait à Macron. Certains vont jouer avec "l'inflation" pour essayer d'en réduire son effet, d'autres vont jouer comme on le voyait beaucoup 2017-2022 sur le fait que la hausse est en trompe l'oeil, qu'en fait ça sert uniquement à financer les opex. D'autres encore étaient là à dire que Macron est un arnaqueur, car l'essentiel de l'effort militaire se fera après 2022, donc qu'il ne sera peut-être plus président pour honorer tout cela. Bref on était dans un déni de lui accorder ce mérite, d'autant plus qu'après 2022, l'effort a été amplifié. Dans l'adversité politique, on cherche à s'aveugler. Je dis depuis des années (avant même la crise ukrainienne et de Trump) que la dynamique de hausse dans nos armées, le contexte sécuritaire fait qu'on est dans une surenchère dans l'opposition et qu'il sera très difficile de remettre en question les efforts militaires en cours une fois au pouvoir. C'est pour ces raisons que Macron ou pas, que peu importe le changement politique de 2027, l'objectif qu'on se fixera aujourd'hui pour 2030 se fera. Faut se l'avouer, déjà 68 milliards comme programmé actuellement c'est déjà bien et ça produira ses effets, même si comme je le dis souvent, on est toujours dans une phase de rattrapage et de consolidation de notre armée et ce n'est qu'après on aura l'allonge nécessaire pour faire plus. Donc ceux qui vont sortir l'argument de "on n'a pas plus de chars ou d'avions qu'il y a 5 ans" n'ont rien compris au fond des besoins et des trous à combler. Mais une centaine de milliards, c'était effectivement impensable il y a 10 ans, il y a 5 ans ou même il y a 1 an. Reste à voir comment on va y arriver. On sait que l'échéance est 2030, mais il faut connaitre les paliers d'efforts sur les 4 ans à venir. Si on va faire 12 milliards en plus par an ce n'est pas pareil que si on fait passer le budget à 100 milliards dès 2026. C'est presque 100 milliards qui peut plus ou moins se rajouter ou s'enlever dans les hausses sur la période. Regardons aussi si on va oui ou non faire une enveloppe exceptionnelle dès cette année ainsi que son montant. Car c'est bien sur ce court terme (enveloppe en 2025 et budget en 2026) qu'on va créer la bouffée d'oxygène nécessaire pour jouer pleinement l'accélération de notre réarmement. Avec le format d'armée actuel, on pourrait rapidement atteindre ce point ou le rattrapage sera fait et ou on aura consolidé l'ensemble (munitions, infrastructure etc...). Tout ne sera pas livré en 6 mois, mais tout sera financé plus rapidement, les programmes seront accélérés. On pourrait dès 2027 ou 2028 être dans une situation d'aisance financière qui va permettre de faire plus, c'est presque déjà une certitude. Mais pas la peine d'attendre ce moment pour l'anticiper, quand le ministre évoquait plus de frégates ou de rafale, c'est que ça devient faisable sans que ça perturbe le reste. On est dans une situation à court terme ou on pourrait bien atteindre l'objectif 2035 en 2030 sur la programmation actuelle et sans tenir compte des augmentations capacitaires qui n'étaient pas prévues jusqu'à présent. -
Guerre civile en Syrie
Pol a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce n'était pas sur ce forum que certains défendaient les méthodes d'Assad qui a poussé à des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés? Ce n'était pas sur ce forum que certains critiquaient l'OSDH lorsqu'elle pointait les crimes d'Assad, mais qui devient très utile pour évoquer les crimes des autres? Va falloir arrêter un peu de faire comme si Assad était le "bon" au milieu des brutes et des truands, il a été l'origine qui a transformé une contestation populaire en une guerre civile, il n'a jamais pris de gants pour quoi que ce soit et n'a jamais travaillé pour une quelconque stabilité. Pour lui, la stabilité c'était lorsqu'un quartier "rebelle" (par forcément par les armes) était vidé de ses habitants. Combien de millions de syriens se sont retrouvés en dehors de la Syrie? Combien de zones sont aujourd'hui sans vie en raison de cette "politique" que les alliés de ce régime auront contribué? Alors oui, vous pouvez critiquer encore et encore les occidentaux d'avoir été contre un tel régime en jouant la carte qu'Assad et ses alliés ont joués, celle ou on va vouloir faire croire qu'en face, ce ne sont que des terroristes, celle ou on a joué pendant des années "avec" les terroristes pour éliminer les oppositions qu'on qualifiait alors de modéré. Alors oui, au bout d'un temps, dans le paysage syrien, il n'y avait presque plus que des groupes radicaux, mais dans cette époque là, nous n'apportions plus d'aides à ces groupes. Ce n'est qu'avec le développement et l'expansion de Daesh (essentiellement en Irak) qu'on est venu appuyer à nouveau des groupes en Syrie, à dominance kurde. Mais le narratif d'Assad grand défenseur de la Syrie contre le terrorisme, le seul capable de garantir la stabilité, semble encore dans la tête de certains qui aujourd'hui (et pour toutes les années à venir) recherchent encore la validation de ce narratif au travers toutes les perturbations qui viendront en Syrie. Pourtant on savait parfaitement qu'avec la chute du régime, les "profiteurs" d'hier, le clan Assad et sa communauté (10% de la population contre 75% pour les sunnites) se prendrait un retour de bâton similaire à ce que ceux d'en face connaissent depuis des années. Mais par pitié qu'on arrête de faire comme s'ils étaient nos petits "protégés", nos "favoris" et que ce serait maintenant le début du chaos, qui serait de notre faute, car nous n'avons pas été avec Assad. Assad a toujours été un problème qui empêchait la Syrie de prendre un nouveau départ. Avec lui, on était sur une situation qui n'évoluait pas, aucun pas pour un retour à la normale, c'était un jeu de soumission qui n'amenait pas la stabilité ni le développement dans le pays. Faut-il s'excuser de voir un tel régime s'effondrer? Non c'était sa destinée depuis le début que certains ont voulus précipiter que d'autres ont voulus prolonger. Faire comme si on était "heureux" de voir HTS renverser Assad afin de laisser croire que ce groupe (en plus de le mettre dans le même sac que les FDS) serait notre poulain, notre allié, c'est répéter à vous même le refrain des occidentaux "alliés" des terroristes qui a servit de soupe à la propagande pro-Assad durant des années. Que vous le vouliez ou non, il fallait que ce régime chute pour envisager un nouveau développement en Syrie. Vous pointez les occidentaux qui auraient fait la même "erreur" qu'en Irak, mais étrangement vous ne trouvez rien d'anormal à ce que les russes, qui étaient pourtant dans le camp de ceux qui balançaient des bombes sur HTS (et d'autres), participant aux "couloirs humanitaires" devant vider des quartiers, des villes, des villages de ses habitants infidèles, aient retourné leur veste pour signer un accord avec eux. Non bien entendu, l'opportunisme du changement que certains cherchent à capter, il est critiquable uniquement du côté occidental et la moindre poignée de main ferait de nous leurs "alliés"... -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
"C'est pourquoi la trajectoire d'augmentation prévue portait le budget à 68 milliards d'euros en 2030. Mais si l'on veut reconquérir nos capacités de manœuvre dans la durée tout en répondant souverainement aux enjeux posés par les nouvelles technologies, il est clair qu'un horizon autour de 100 milliards d'euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises" https://www.tf1info.fr/international/rearmement-de-la-france-le-ministre-armees-sebastien-lecornu-plaide-pour-une-enveloppe-autour-de-100-milliards-d-euros-par-an-2358281.html -
Les cibles finales (d'ici 2035) portent sur 50 à 60 Serval avec Mistral (DSA) et autant avec le canon de 30mm (LAD). Derrière ces deux versions il y a aussi la variante Serval SATCP qui est un véhicule sur lequel on peut installer un poste Mistral ou le mettre en oeuvre indépendamment. Même quantité que les deux versions spécialisés (Ceci bien entendu avant un probable renforcement de ce segment ou accélération/priorisation des commandes) N'oublions pas aussi qu'on va miser un peu plus sur la guerre électronique y compris via drone, c'est moins "percutants" visuellement mais ça a toute sa place. Tout l'aspect "brouillage" est également à observer. Aujourd'hui on fait encore un peu de bricolage pour faire la jonction, mais ce sera bien environ 150 véhicules dédiés au sol-air à courte et très courte portée. Bien sûre on peut regarder le conflit en Ukraine pour se dire qu'il en faudrait 10 fois plus, mais gardons à l'oeil ce qu'est notre format d'armée actuel Nous ne sommes pas à savoir comment protéger 500 000 hommes sur des milliers de km de front ou à pouvoir abattre 5000 drones dans la journée. L'essentiel des drones qu'on voit en Ukraine sont des minidrones (FPV et autres) contre lesquels ce ne sont pas des missiles Mistral ou même des canons de 30mm qui seront efficaces, mais bien le brouillage et encore d'autres moyens qui ne sont pas forcément "connus, testés et approuvés" à ce jour. Que ce soit les russes ou les ukrainiens, les drones et tout le reste ça continue de faire un carnage, ils n'ont pas la solution pour annuler ou fortement réduire cette menace. Entre le bricolage de blindage, des mesures de brouillage, de camouflage, du tir LATTA, ça passe, la meilleure solution étant la distance. Ces masses de drones sont en vérité un autre sujet et il n'existe nulle part dans le monde une solution qui ferait que la France ou autre serait en retard d'une guerre. Là avec nos Serval on parle d'une défense sol-air plus "classique", cela concerne l'interception d'aéronefs de type hélico comme avions et des drones qui ont quand même une certaine taille (comme les shahed) ou des missiles de croisière. L'enjeu premier déjà pour nous c'est tout simplement d'avoir une capacité efficace. L'évolution de la menace (drones peu coûteux et en grand nombre) bouscule le secteur de la défense courte portée et pousse vers des solutions moins onéreuses que l'interception par missile, c'est la raison du (re)développement et du regain d'intérêt pour des canons AA. Derrière cela on a des systèmes comme le VL MICA ou le SAMP-T. Nous ne partons pas de rien et avons déjà les produits et les compétences. Reste maintenant la recherche du volume et surtout de parvenir à des intercepteurs moins coûteux, comme le Tamir israélien de l'iron dôme pour protéger des points/zones d'attaques saturantes. Puis finalement trouver la meilleure parade dans le domaine de lutte contre le mini/micro drones. Même si aujourd'hui on aime bien regarder le conflit ukrainien en se mettant dans la situation des ukrainiens, n'oublions pas que nous ne sommes pas les ukrainiens. Dans l'armée française, comme dans beaucoup d'armées occidentales, si la défense anti-aérienne au sol a été négligée, c'est parce qu'on rechercher la supériorité aérienne dans les airs. Un avion de chasse restera toujours notre premier détecteur/intercepteur contre les aéronefs ennemis jusqu'à de longues distances (missile Meteor). Souvenons nous de l'attaque iranienne contre Israël, de nombreux drones et missiles ont été abattus au-dessus de l'Irak, de la Jordanie ou de la Syrie (par l'aviation de plusieurs pays) avant même d'atteindre le sol israélien. On voit parfois en Ukraine des hélicos qui vont abattre à la mitrailleuse des drones Shahed. On aime bien dire que dans des environnements contestés par une défense sol-air, nos avions ne serviront à rien, mais c'est faux. Reprenons le conflit ukrainien en exemple, la Russie a toujours été pris comme le pays qui dispose de la plus grande puissance sol-air au monde, pourtant nous voyons toujours les ukrainiens avec des avions en vol. Alors oui aucune des deux parties ne va s'enfoncer en territoire ennemi, mais les avions servent toujours sur l'arrière et quand on a des munitions qui permettent des frappes à plusieurs dizaines de km, ben vous êtes en capacité de soutenir un front
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
On a vraiment l'impression que l'idée de voir les pays européens se réarmer semble t'agacer. Que tu cherches par tous les moyens par vouloir te rassurer sur le fait que tout cela échouera ou qu'on sera les grands perdants, les couillons qui payeront sans en profiter. On semble lire le discours des anti-européens qui ont comme argument répétitif d'une UE qui "coûte plus qu'elle ne rapporte" car la France contribue plus qu'elle ne reçoit, que pour s'enrichir de plusieurs milliards, faut la quitter. Il faut être un minimum logique et crédible dans l'analyse générale de la situation. Forcément les plus grosses armées européennes auront les plus gros besoins militaires et ce sont également ceux qui ont de l'industrie qui en profiteront. Les 150 milliards qui sont des prêts garanties par l'UE ne sont pas remboursés collectivement sur la même base que la contribution au budget de l'UE. C'est une aide ou il faut qu'au moins 2 pays commandent (des produits européens) sur des secteurs prioritaires qui ont été donnés c'est à dire la défense anti-aérienne, les missiles, les drones et les systèmes anti-drones ou encore les systèmes d’artillerie . On est face à un dispositif qui doit créer de grosses commandes collectives sur quelques segments bien particulier qui va booster les industriels concernés. Dans tous ces domaines, on ne peut pas dire que la France va être perdante, non seulement elle fera sans doute partie de ceux qui vont commander, mais elle fera aussi partie de ceux qui vont bien profiter industriellement de ces commandes. Le contexte actuel passe par la défiance de l'allié américain et sans doute par une remise en question des achats d'armes américaines, on a ici la situation parfaite pour faire décoller notamment le SAMP-T par exemple au détriment du Patriot. On est dans une bonne situation pour booster encore plus le missile Mistral, le Caesar et d'autres choses, ne faisons pas semblant de ne pas le voir, ne tombons pas dans l'idée qu'on fait des chèques en blanc aux pays de l'Est pour qu'ils achètent ensuite aux américains et ailleurs. Un tel programme, 6 mois en arrière aurait pût amener le doute, là on a presque chaque jour une raison de plus de "fuir" ou de se méfier des américains. L'idée de voir des contrats d'armes américaines être annulées commencent par faire son chemin dans l'UE mais aussi dans des pays comme le Canada, le RU, la Suisse etc. Trump n'est pas une bénédiction pour le commerce des armes américaines. Sur le déficit, ce n'est pas parce qu'on va sortir les dépenses militaires du calcul qu'il faut faire comme si la France ne pourra pas "profiter" de cette mesure. De base cette "idée" est déjà française, donc si on a voulu la mettre en place, c'est qu'on a l'idée d'augmenter les dépenses militaires. De fait, on peut avoir un déficit de 5% ou même plus, un pays comme la France obtiendra toujours une certaine complaisance qui peut s'étendre comme actuellement sur des années. Le seul truc à faire, c'est de fixer un objectif de réduction du déficit. Nous avons aujourd'hui une trajectoire budgétaire qui est déjà en cours, l'objectif c'est 3% de déficit en 2029. Donc très clairement, si nous faisons l'effort de porter à 3 ou 3,5% du PIB l'effort de défense, ceci ne sera pas pris en compte comme un déficit supplémentaire qu'on va ajouter à la trajectoire des 3% d'ici 2029. Cela ne veut pas dire que c'est de l'argent magique, qu'il n'y a pas des choix à faire, car ces 650 milliards ce n'est qu'une autorisation de dépassement du déficit (des 3%) accordés aux états membres (qui sont déjà au-dessus de 3% ou qui pourraient l'atteindre en cas de hausse du budget militaire) sur les 4 prochaines années. Cet argent c'est de la dette aux états concernés. En gros on ferme les yeux pendant 4 ans, mais à la 5e année on le prendra en compte dans le déficit. La question est de savoir la base de calcul de tout ça qui aboutit sur 650 milliards, sans doute qu'il s'agit de 1% du PIB par an pour les états concernés (après effort) par un dépassement des 3% de déficit. Donc de fait on a une liberté financière pour s'endetter sans tenir compte du déficit pendant plusieurs années, mais si on souhaite ensuite maintenir l'effort militaire, il faudra d'ici là faire des choix financier. Personne ne limite ou n'impose des choses, si la France se fixe 3% du PIB pour ses armées il faudra effectivement, qu'en plus de sa trajectoire de réduction budgétaire prise pour 2029, trouver encore 1% de point de PIB d'économie ou de recettes supplémentaires d'ici là. Si on se fixe 3,5% ben ce sera 1,5% à trouver. C'est aux états alors de trouver des solutions et de faire les mesures nécessaires, rien de nouveau. On peut miser sur l'épargne des français comme avancé, l'avantage de cette mesure c'est que ce sera transparent sur le marché de la dette, bien qu'il y ait une surcharge (payements des intérêts) qui s'appliquera et que ce sera également en dehors du déficit public. Le pari étant que la réduction du déficit sur un temps long finisse par équilibrer les comptes, ainsi on éviterait de faire des mesures drastiques impopulaires (même si la situation économique du pays l'impose de toute façon). Mais il faut bien comprendre qu'il faut s'enlever l'idée que nous sommes dans l'impossibilité d'augmenter l'effort militaire, on a actuellement sans doute carte blanche pour pousser dès 2026 notre budget à 3% du PIB et si on veut se fixer du 3,5% pour 2030, on peut déjà le faire (car ça permettra de prendre à défaut un autre président qui devra expliquer pourquoi il ne suit pas cette loi de programmation militaire). Oui la dette augmentera, oui il faudra continuer et amplifier la réduction de notre déficit public avec des choix budgétaires. Cela fait des années et des années que je suis sur des sites, des blogs, des forums militaires. Des années que je vois des gens qui se plaignent qu'on ne fasse pas plus pour nos armées. Des années que je vois des gens qui essayent de trouver des économies de bouts de chandelles en prétendants alors abonder le budget de la défense. Entre ceux qui expliquent le nombre de porte-avions qu'on aurait en arrêtant nos "coûteuses opex" et ceux qui voulaient la peau des trop nombreux généraux, du 14 juillet, ceux qui voulaient qu'on arrête d'acheter des choses produites en France trois fois plus coûteuses que chez d'autres, j'ai vu de tout. Il y avait presque une plus grande "passion" à évoquer nos problèmes, les mauvaises situations et perspectives que l'inverse. Depuis plusieurs années nous avons un budget qui prend des milliards par an, mais il y a comme une forme de "refus" de le voir, bien souvent par une simple opposition à Macron. Aujourd'hui on semble évoquer très sérieusement des perspectives budgétaires qui auraient fait passer certains pour des rêveurs il y a 10 ans, mais bizarrement on ne retrouve pas la même passion pour parler en positif pour nos armées, on est noyé au milieu de gens qui veulent que tout cela va mal, qu'on soit incapable de le faire. On cherche les problèmes, des difficultés plutôt que de voir des opportunités. -
Dissuasion nucléaire européenne, voire allemande ?
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Dissuasion nucléaire
Forcément la base de tout sera de définir ou quand et comment l'usage de l'arme nucléaire s'exercera. Il faudra des textes qui serviront à la dissuasion et qui expliqueront par exemple que la violation de l'intégrité territorial d'un pays de l'UE impliquera une réponse collective. Un texte qui gardera le flou sur un parapluie nucléaire pour que celui d'en face ne comprenne pas vraiment à quel moment la réponse nucléaire se fera. Pour nous, il faut diviser notre doctrine militaire en deux. Un volet national et un volet européen. Sur le national, c'est la doctrine actuelle, il n'y a rien à changer. Sur l'européen il faut dissocier l'arme tactique (ASMP-A) et l'arme stratégique (M-51). Le tactique doit servir à défendre les autres pays, le stratégique est un second rideau devant protéger plus particulièrement la France. Les M-51 via nos SNLE, c'est quand même le signe d'un certain apocalypse nucléaire, l'exclure du parapluie nucléaire européen en disant qu'on l'utilisera uniquement lorsque les intérêts vitaux de la nation sont atteints, c'est dire à celui d'en face "si j'utilise un ASMP-A pour défendre tel pays de l'UE, garde toi de frapper la France en retour". On sanctuarise ainsi la France en faisant d'elle le coeur de l'UE qu'il vaut mieux éviter de toucher en cas de confrontation afin d'éviter une escalade nucléaire d'un tout autre niveau. Comment mettre cela en place? Comprenons déjà que la France va garder la main sur tout cela, que mettre à disposition l'ASMP-A ne veut pas dire le donner aux autres et ne plus en avoir pour notre dissuasion nationale. Ce missile a 500km de portée et la France a une alerte permanente et des moyens pour projeter ce qu'il faut le moment venu. Mais pour marquer le sérieux de la chose, en guise de politique de réassurance, je pense qu'il faudra créer plusieurs sites dans différents pays ou seront stockés quelques missiles. Des sites qui restent sous notre surveillance et ou on fera tourner de temps en temps nos avions. Déploiement 1 mois ici puis 1 mois ailleurs ceci de manière aléatoire en temps de paix, en temps de conflit ou de grosses tensions on pourra y maintenir une permanence sur une plus longue durée. Nous sommes en position d'exiger que tout cela soit financé par l'UE ou les pays hôtes, d'exiger un budget exceptionnel pour augmenter la quantité d'ASMP-A ou même du nombre de nos avions, d'exiger même une enveloppe plus large pour la recherche et le développement (nouveaux missiles etc). Comprenons qu'on est en position de force aujourd'hui quand les autres, abandonnés par les USA sont désemparés et totalement prêt à accepter nos propositions. Tout cela se fera dans un contexte plus global de réarmement conventionnel, qui restera toujours la réponse n°1 à une crise. La France est aujourd'hui la seule qui puisse "remplacer" les américains pour la sécurité collective en Europe. Nous n'avons pas l'armée américaine, ni son économie, mais nous avons une dissuasion nucléaire qui permet de mettre à l'abri l'UE le temps qu'on s'adapte collectivement à la nouvelle donne stratégique qui se dessine (renforcement des armées, moindre dépendance aux américains, opposition à la Russie) et qui prendra quelques années. La France au-delà du nucléaire doit parallèlement montrer l'exemple dans l'effort militaire. Je pense que Macron le sait très bien, il faut une forme d'électrochoc qui amènera l'ensemble des pays à suivre la même voie. Je pense que côté français, il y a de fortes chances qu'on finisse par annoncer un objectif de 3% du PIB pour 2030 et qu'au niveau collectif on ait en Europe une enveloppe exceptionnelle très importante pour créer un coup de boost immédiat (qu'il faudra conditionné aux achats d'armes européens), augmentant les productions, accélérant le renouvellement de matériels. Ainsi on pourra au passage amorcer des dons d'équipements qu'on saura remplacé dans 1, 2 ou 3 ans. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
L'industrie fonctionnera toujours à la commande. Depuis la chute du mur on a pris pour habitude d'étaler les productions sur un temps long. Cela permet d'étaler les dépenses et de maintenir l'activité le plus longtemps possible pour qu'on puisse dans le même temps vendre à l'export. En soit ce n'est pas idiot et ça a permis de maintenir des compétences et des capacités. Forcément une fois qu'on a ce rythme d'activité en place, un sursaut rapide de production n'est pas possible. Au delà de la commande, il faut l'infrastructure et des gens. Alors oui, cela demande des adaptations et du temps, mais beaucoup moins que de partir de zéro. C'est pour cela qu'on ne doit pas ignorer le potentiel de production européen qui si on lui amène des commandes, sait s'adapter, même si ça prendra 1 an ou 2. Comme je le disais sur un autre sujet, prenons le cas de Rheinmettal qui au début du conflit ukrainien produisait 70 000 obus de 155mm et qui aujourd'hui en produit 700 000 (et ce n'est pas terminé). Prenons le cas de Dassault qui nous aura habitué à produire 11 Rafale par an et qui lorsqu'on a vu les commandes export tomber a tripler sa production. C'est pareil pour le Caesar, il y a 3 ans on était là à se ridiculiser de ne "pouvoir" produire que 24 canons par an, on est désormais sur un objectif de 150 par an. Des usines qui produisent des blindés, il y en a un paquet, rien qu'en France on doit en ce moment recevoir facilement 300 nouveaux blindés (Griffon, Serval, Jaguar) par an. Pourtant nous ne sommes pas dans une économie de guerre, il n'y a pas non plus eût d'explosions des budgets comme cela pourrait être le cas en Russie ou parfois on continue de se comparer comme si on serait dans la même situation. En Russie justement, on dit et on pense beaucoup de choses sur leurs productions, pourtant voyons nous vraiment sur le terrain les effets de cette production qu'on présente comme massive et largement devant la nôtre? Sauf à toujours se focaliser sur la production de chars, est-ce que le reste semble vraiment si fou que ça? Est-ce qu'aujourd'hui nous voyons sur le champ de bataille une augmentation ou une baisse du nombre de blindés, d'artillerie et autres? Est-ce que ces équipements sont neufs ou sortent-ils des stocks? Combien d'avions de chasse la Russie produit-elle en ce moment? Combien d'hélicos? De navires? Vraiment je n'ai pas l'impression de voir une armée russe qui augmente capacitairement son potentiel militaire en dehors des annonces (!) sur l'augmentation de la masse humaine de l'armée. Alors oui ils produisent pas mal de drones, mais c'est bien la seule chose qu'on constate. Arrêtons un peu de nous faire peur ou de surjouer une production russe qui serait 10 fois ou 20 fois plus importante que celle en Europe, c'est faux. L'Europe peut se réarmer plus vite qu'on ne le pense et se retrouver industriellement avec une forte capacité de production en plus d'avoir augmenté les divers stocks de consommables. On pourra toujours débattre au cas par cas (comme avec les chars) pour se dire qu'on est "nul", "limité" ou "incapable" mais dans l'ensemble, l'Europe n'est pas un nain ni ne doit être ignorée ou méprisée comme le font depuis un moment les russes et comme le font en ce moment les américains. Car au final, ces comportements ont bien plus de chances de construire une puissance européenne alors même que leurs espoirs reste sa déconstruction. On est aujourd'hui à un moment important ou l'Europe, puissance économique, pourrait construire sa puissance militaire. Alors on ne va pas créer une armée européenne sous une même bannière, mais une défense commune indépendante/complémentaire à l'Otan (pourquoi pas avec un parapluie nucléaire français), des règles budgétaires, des obligations militaires, des achats d'armes réglementés, des déploiements communs aux frontières terrestres et maritimes (ou chacun devra amener sa contribution, pas seulement sur volontariat), des stocks communs de munitions, des aides et du soutien aux industries (souveraineté industrielle) etc. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Je pense que la chose principale qu'on fera au niveau européen, c'est d'augmenter les aides à l'Ukraine avant une implication directe. Dans un premier temps, l'effort devra être "national", c'est celui d'augmenter les dons, avec notamment des équipements que nous avons en service. Ensuite c'est de mettre en place une compensation européenne à ces dons qui ira financer tout ou parti le remplacement de ces dons lorsque les achats de remplacements sont européens. Dernière chose, c'est permettre aux états européens d'investir beaucoup plus dans leurs moyens militaires, pourquoi pas ne pas fixer un objectif commun (3% du PIB par exemple). Se pose la question avec tout le sérieux du monde d'une protection nucléaire de l'UE par la France, nous avons pleinement un rôle historique pour prendre la position dominante dans la sécurité européenne. Tu exprimes beaucoup tes volontés en cherchant à ne pas vouloir entendre autre chose que ce qui va dans ton sens. L'idée que les européens puissent agir plus fortement en faveur de l'Ukraine semble être un truc que tu ne veux pas voir. Trump est parti sur le dossier ukrainien avec l'idée que les européens ne comptent pas et n'ont pas un mot à dire, c'est exactement ce qui fait que Zelenski ne se prosternera pas devant lui et que son "plan" de paix n'aboutira pas. Certains répètent depuis des années que les européens sont les toutous des USA, qu'ils suivent toutes leurs décisions, qu'ils sont aux ordres. Factuellement ça ne se passe pas ainsi, mais on va continuer à prendre l'Europe pour de la merde, incapable de tout, capable de rien. Faut arrêter de croire que l'Ukraine ne fait la guerre qu'avec l'aide américaine et que l'Europe a été au bout de ce qu'elle pouvait faire. Nous savons parfaitement que l'Europe se satisfaisait de l'aide américaine et que ça permettait de faire moins. Prenons juste l'exemple de la France, la plupart des blindés qu'on a donné sont des blindés qu'on sortait des inventaires ou qui allaient en sortir. Idem pour presque tous les matériels donnés. On avait peut-être des Caesar qu'on a prélevé un temps mais depuis on a comblé le trou. Au niveau des industriels nous ne sommes plus non plus dans la même situation qu'en 2022. Quand on voit par exemple Rheinmetall qui a passé sa production d'obus de 155mm de 70 000 à 700 000 aujourd'hui, ou notre production de Caesar. Alors oui, sans les USA la capacité globale est réduite, certains éléments peuvent finir par manquer, mais les européens ont les moyens de soutenir l'Ukraine et de compenser une bonne partie du retrait de l'aide américaine dès lors qu'on comprend et qu'on accepte l'idée que l'Europe n'est pas au bout de ses capacités. Dans une perspective plus globale ou l'on voit des efforts militaires se faire un peu partout, les hausses de productions vont certainement continuer. On a encore de nombreux programmes en cours qui amènent et vont amener des armes à l'Ukraine, ce n'est pas parce que les américains annoncent la fin de leur aide que d'un jour à l'autre les ukrainiens n'auront plus rien. Ils auront des problèmes sur certaines choses, comme pour l'HIMARS, le Patriot ou d'autres choses, mais ce n'est pas la fin de tout. La question n'est pas de "vaincre" la Russie, c'est de lui faire perdre l'idée qu'elle terminera la guerre par une capitulation de l'Ukraine ou elle pourra obtenir tout ce qu'elle veut sans concessions. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Au delà de vouloir humilier Zelensky pour le forcer à signer son "deal", cet échange marque un tournant et c'est effectivement à partir de maintenant que les européens vont devoir agir et proposer leur alternative. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Pour ma part, je pense que les russes ont ces derniers mois réalisé un effort militaire important, forçant les actions pour avancer, multipliant les attaques afin d'arriver à ce qu'on anticipe et discute depuis presque 1 an, des négociations à l'aube de l'arrivée de Trump. Faire venir des coréens pour chercher à reprendre la zone de Koursk fait partie de cet effort, un renfort militaire et surtout un message politique. La question est de savoir si les russes n'ont peut-être pas trop donné au point de ne pas assez anticiper la continuité de la guerre. Nous devons prendre un peu de recul avec Trump. Il a sans doute ses idées et ses espoirs, mais ça ne veut pas dire qu'elles vont s'imposer. Plus les semaines passent, plus le "plan" de Trump se heurte à certaines résistances, plus on voit ces européens qu'on ne voulait pas voir construire un plan B pour l'Ukraine et contre la Russie. Même si beaucoup ne veulent ou ne pensent pas voir venir cette alternative européenne, elle semble pourtant bien se dessiner, c'est juste que pour l'instant on cherche encore à faire changer d'avis Trump. Mais il y a une forte probabilité que la finalité de tout cela soit un échec car Trump en voulant la paix, aura négligé l'un des deux protagonistes, l'Ukraine, à qui les européens apporteront un contrepoids (plus d'aides, des assurances sécuritaires, déploiement de forces...) qui ira enterrer une fin de guerre se négociant entre Washington et Moscou sur le dos de Kiev et des européens. L'objectif c'est que tout le monde se retrouve autour d'une table, les russes et les ukrainiens concédant des choses pour obtenir la paix. Sinon la guerre continuera. Je persiste à croire que c'est toujours plus du côté russe que le problème se pose et qu'on aura le plus de mal à obtenir des concessions. Attendons donc encore quelques semaines et on verra assez vite les européens consolider la position de Kiev. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Faut arrêter de se faire peur en prenant l'Algérie pour une superpuissance militaire qui va venir nous attaquer. Oui on a des tensions diplomatiques, oui les relations sont exécrables, mais comprenons que le pouvoir politique à Alger a besoin de ça pour une certaine stabilité, pour détourner un peu l'attention et pour faire vivre l'histoire du FLN. Que les algériens "puissent" frapper est une chose, qu'ils puissent maintenir un effort de guerre prolongée en est un autre. L'Algérie est un pays qui dépend totalement de l'extérieur pour ses armements. On aura vite fait de l'isoler de ses fournisseurs. L'état algérien dépend financièrement de ses exportations d'hydrocarbures et de gaz, les principaux importateurs sont les européens. Là aussi financièrement ça ne tiendra pas longtemps. C'est un pays qui dépend également de l'étranger pour son alimentation. L'Algérie n'est aucunement en position de faire une guerre à l'Europe ni aujourd'hui encore moins demain. Laissons les excités du net s'imaginer faire la guerre à la France. Je sais qu'en Algérie la communauté du web adore fantasmer l'armée algérienne et adore se faire des scénarios de conflits (ou ils sont toujours les meilleurs) notamment face aux marocains. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
La défaite russe en Ukraine a été actée dès les premières semaines du conflit. Cette défaite c'est celui d'une ambition démesurée, d'un mauvais calcul politique et militaire, que ce soit sur la faible combativité de l'Ukraine ou encore sur l'inaction occidentale. La mauvaise tournure des événements a conduit la Russie a se fixer un objectif militaire à sa hauteur, celui des 4 oblast (Kherson, Zaporijjia, Lougansk et Donetsk). Mais même cet objectif "réduit" semble en dehors de sa portée. On est sur une situation militaire qui ne bouge pas réellement, certains vont s'exciter ou surjouer des avancées russes sur un carré de 40km de côté depuis un an et demi. On débat d'actions, de manoeuvres militaires qui sont très souvent du niveau d'un chef de section, celle ou une trentaine de types vont se lancer à bord de 4-5 véhicules sur une position adverse Croire que la Russie continue la guerre pour gratter ces quelques km² est une belle erreur. La Russie continue une guerre car elle n'a pas la possibilité d'obtenir la victoire militaire qu'elle espère. En vérité, cela fait déjà un moment que cette guerre continue car pour le Kremlin, l'arrêter de son côté passerait par un "repli", donc une défaite. Moscou n'est pas en position d'arrêter la guerre par la force, l'Ukraine est loin d'être à genoux, on est loin de l'effondrement militaire qui amènerait Kiev à capituler dans l'esprit mai 1940. On est sur un conflit qui stagne et ou Poutine attend qu'on lui propose une sortie politiquement acceptable, c'est à dire ou la Russie pourrait mettre en avant un gain qu'ils présenteront ensuite comme l'objectif (accompli) de leurs efforts, de leur "opération militaire spéciale". Mais cette guerre a déjà considérablement affaiblit la Russie, sur l'aspect militaire, économique, politique, diplomatique, en influence, en respect, en dissuasion. Il n'y aura pas un reset qui va se faire après cette histoire. Moscou rêve et se bat depuis des années pour que les USA se coupe des européens. Mais l'ambition étant à l'affaiblissement et la fragilisation des européens pour que Moscou puisse y exercer des pressions plus impactantes, d'étendre son influence et d'agir avec forces sans que l'obstacle américain ne se trouve sur le passage. Sauf que ce qui se dessine pour les années à venir, c'est au-delà d'un élargissement déjà effectif de l'Otan à la Finlande et la Suède, les nations européennes vont se renforcer militairement avec comme ennemi désigné, la Russie. Alors oui cela prendra sans doute quelques années avant d'en voir concrètement les effets, mais cette Europe là n'est pas celle que la Russie aimerait avoir géostratégiquement à ses portes. Ajoutons à cela une Ukraine qui est profondément marquée par une guerre et qui restera "hostile" pour la Russie pendant au moins une génération. -
Europe de la Défense ?
Pol a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Balancer un 5% de PIB n'a aucun sens. Je pense qu'il se prépare bien une hausse militaire mais qu'on vient jauger les diverses réactions (politiques, médiatiques ou de la société) pour définir l'acceptabilité de l'effort. 5% est sans doute une limite haute qui ne dit pas non plus si c'est un objectif sur 5 ans, 10 ans ou peut-être s'agit-il juste d'une dépense exceptionnelle (gros emprunts) qui mettra pendant 1 ou 2 ans le budget au niveau de ces 5% pour qu'ensuite on retombe sur un budget constant plus proche des 2,5-3%. Ensuite l'outil militaire ce n'est pas juste une commande au père noël pour obtenir des capacités. Il y a de nombreuses limites qui vont contraindre les divers souhaits et ambitions. Cela peut être un industriel qui ne peut pas produire plus vite même en l'inondant d'argent, cela peut être une limite dans de l'infrastructure, mais le plus problématique dans notre cas, c'est la limite humaine. Nous sommes déjà aujourd'hui en difficulté pour recruter sur notre modèle d'armée existant, vouloir une nouvelle division, c'est juste impossible. Une augmentation du budget ne va pas créer de la masse comme on le croit, le seul moyen d'obtenir de la masse c'est en rétablissant la conscription. Un budget augmenté ce sera d'accélérer le renouvellement de l'équipement en service. C'est de faire aujourd'hui ce qu'on veut réaliser financièrement dans 2 , 5 ou 10 ans. C'est du gain qualitatif, c'est la mise hors service des anciens matériels, c'est l'opportunité de faire évoluer et moderniser de l'existant. Ensuite on va "nourrir" ce qui ne se voit pas forcément, les stocks de munitions et de pièces détachées, l'infrastructure. Ce n'est que lorsqu'on aura cette base saine pour ce qu'on a déjà en service, qu'on pourra réfléchir à augmenter le volume dans les limites du possible. Si l'argent est là, tout ce qui ne prend pas forcément beaucoup de masses humaines tout en apportant un gain capacitaire important sera favorisé. Il sera plus intéressant d'acquérir 7 frégates que de créer un régiment d'infanterie. Certains vont dire que pour le prix de ces frégates on peut s'acheter 600 CV90, de quoi créer presque 10 régiments d'infanterie pour avoir de la masse, mais je vais le redire, dans cette équation ce n'est pas le rapport entre l'argent dépensé et l'équipement, c'est le rapport entre l'équipement et le besoin humain (+ infra) qu'il y a derrière. Les 7 frégates vont consommer l'équivalent humain d'un régiment. Il en sera de même pour des avions, acquérir 50 avions de chasse de plus c'est du domaine de la faisabilité capacitaire, c'est coûteux, plus coûteux que des blindés, mais humainement c'est absorbable, que ce soit en terme d'équipages comme pour la maintenance. Il ne faut pas non plus tomber dans l'excès de munitions sous l'effet guerre d'Ukraine. Si nous avons 120 canons de 155mm, on ne va pas stocker 5 millions d'obus. Il en est de même pour le reste. Derrière les stocks, il y a de la production. On ne va pas stocker massivement un truc qu'on est capable de produire en quantité et rapidement. Sachons jongler habilement entre le stockage, les volumes et les capacités de production. Mais n'imaginons pas que tout cela se fera en 2 ou 3 ans, la perspective 2030 pour atteindre la base saine que j'évoquais plus haut est réalisable, mais ce sera après qu'on pourra voir par exemple les gains capacitaires (plus d'avions, de frégates etc...) même si les décisions seront annoncées avant. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Toute la question qui est débattue actuellement c'est de savoir s'il faut donner une victoire à la Russie pour obtenir la paix. Trump c'est l'anti-système qui surfe à l'opposé du système (Biden) d'avant. On va donc se retrouver tout naturellement dans un registre de pensées très proche de ce que l'on peut voir avec la propagande russe, avec le narratif russe qui est par nature une opposition qui chez nous alimentent l'idéologie de différents extrêmes. Trump a utilisé ce courant de pensées, il l'a manipulé et aujourd'hui il en est sans doute "prisonnier". Il lui faut de l'extrémisme, il lui faut de l'image, du discours percutants, choquants et qui vont en opposition de l'ancien système qu'il combat. Il faut nourrir cette bête idéologique en permanence, sinon elle va mourir. La quasi exclusivité de ce qu'on observe est destiné au public américain. Analysons un peu ce qui se passe, sachons lire ce qui se passe avec ces "négociations de paix". Trump joue "solo" dans cette affaire, il va voir les russes, entendre leurs revendications puis il pense qu'il fera plier l'Ukraine. Problème, il découvre que Zelenski ne lui obéit pas comme il l'imaginait, donc on va chercher à le descendre politiquement. Autre problème qu'il n'a pas calculé, c'est qu'une initiative européenne pour soutenir l'Ukraine est probable, même si elle n'est pas facile à se mettre en place. Quoi qu'il en soit, on peut légitimement dire qu'une paix ne se fera pas sans la Russie, mais elle ne se fera pas non plus sans l'Ukraine et sans l'Europe. Les USA s'isolent et s'enferment dans un prisme idéologique qui risque d'aboutir à rien de concret, hormis un "retrait" américain et à des tensions diplomatiques. Côté russe, on attendait ce moment avec impatience et sans doute que de gros efforts militaires ont été donnés ces derniers mois en vue de ces négociations. Mais les limites militaires sont réelles, la reprise de la région de Koursk par exemple devait très certainement être un objectif assigné par le Kremlin que même le renfort nord-coréen n'aura pas permis de satisfaire. Si l'Ukraine n'est pas au mieux de sa forme militaire, ne faisons pas comme si les russes seraient dans une aisance militaire ou feraient des avancées spectaculaires. Ce n'est pas en raison d'un immobilisme assez global qu'il faut surjouer la moindre avancée. Cela fait 2 ans qu'on débat des avancées russes sur un carré de 50km de côté avec des combats qui sont certes nombreux et répétitifs, mais de faibles envergures. Aujourd'hui on va annoncer comme "massive" une attaque russe qui va regrouper une dizaine de blindés, la réalité du terrain c'est aussi cela. Ce rythme des opérations ne profite à personnes, c'est une guerre d'usure ou nous avons 2 pays qui sont usés, qu'on cesse d'ignorer un peu les problèmes russes. Le Kremlin n'est pas en mesure de faire plier l'Ukraine en continuant la guerre et mise depuis presque 2 ans sur un lâchage occidental, sur des pressions occidentales pour que Kiev concède une défaite. Cet état de faiblesse russe doit lui aussi être pris en compte, ils sont déjà loin d'avoir atteint les objectifs de 2022, ne faisons pas semblant qu'ils sont aujourd'hui en position d'obtenir tout ce qu'ils veulent sans rien concéder. Cette guerre fait beaucoup de mal à la Russie, elle devient une véritable plaie dont on ne voit pas la fin. Cela fait déjà bien longtemps que l'enjeu n'est pas de gratter des km² de zones dévastées dans le Donbass mais de chercher une porte de sortie victorieuse qui sauvera la classe dirigeante russe d'une guerre (opération militaire spéciale...) qui a mal tournée qui n'en maitrise pas la sortie. Les pays européens ont une carte à jouer. On est actuellement dans une phase d'observation, de réactions ou on s'interroge sur la suite des événements mais viendra le moment ou l'on va se décider, même si on attendra la dernière minute, celle ou on verra Trump s'isoler après avoir échoué à trouver la paix qu'il pensait obtenir. -
Guerre civile en Syrie
Pol a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Opportunisme d'un changement. Avec Assad, aucun changement n'était possible, peu importe les tentatives de réinsertion, il n'y avait qu'un camp d'un pays dans une guerre civile qui en profitait. Il y a des millions et des millions de syriens présents en Syrie ou à l'étranger qui étaient des indésirables qu'Assad méprisait, que faire de les faire revenir, ils étaient "son" problème. Aujourd'hui avec la fin du régime Assad, on est à l'aube d'une nouvelle ère. Soit on se dit qu'on n'aime pas trop ceux qui l'ont renversés et alors on laisse pourrir la situation soit on se dit qu'on accompagne le changement. Si on laisse pourrir la situation ben rien ne va s'améliorer en Syrie et on peut être certain qu'à un moment ou à un autre l'extrémisme et le terrorisme reprendra sa place. Si on accompagne la chose, on peut amener la Syrie vers un redressement, ça se fera sur de nombreuses années , mais ça pourra se faire. Quoi qu'on en pense, quoi qu'on en dise, non la chute d'Assad n'a pas amené une sauvagerie, des règlements de comptes ou je ne sais quoi. Bien au contraire, on est dans une logique de réconciliation, d'acceptation, de négociations, de normalisation et cela semble emmerder sérieusement ceux qui depuis des années clament "Assad ou le chaos". Même les russes semblent avoir négociés une sortie "tranquille" du pays, pourtant ceux d'en face auraient tout le loisir de se mettre au bord de la piste d'aviation pour dégommer chaque avion voulant atterrir ou décoller. Il faut être idiot pour ne pas se dire maintenant qu'il y a une fenêtre d'ouverture par laquelle on peut amener la Syrie vers un meilleur horizon, qu'on tient également là un moyen de se sortir l'épine "immigrants syriens" du pied, en Europe et ailleurs. Qu'on le veuille ou non, notre politique "anti-Assad" fait de nous aujourd'hui des pays plus enclins à se positionner en Syrie quand ceux qui ont misés sur Assad sont enclins aujourd'hui à devoir l'oublier. Vouloir laisser pourrir la situation c'est juste faire plaisir à ceux qui dans leur parti pris pro-Assad veulent plus tard se donner raison, ils ne veulent pas voir une amélioration en Syrie car ils devraient se remettre en question, donc ils vont et ils continuent de chercher à broyer du noir. Oui ils sont islamistes, pourquoi dans la bouche de certains ces islamistes seraient plus dangereux que les islamistes de la république islamique d'Iran? Cette dernière qui bien souvent est défendue par ces mêmes individus? On est dans des pays musulmans, l'islam est et restera toujours un "guide" culturel, politique. Ce ne sont pas ceux qui disent depuis des années que l'occident a tort de vouloir exporter une démocratie à des pays qui n'en veulent pas ou qu'elle ne colle pas à la réalité de leur situation. Oui ce n'est pas le parti écologiste qui dirige la Syrie en ce moment, oui ils ne sont pas des occidentalisés et laïcs comme on pourrait le voir chez nous, mais aujourd'hui on peut se positionner et influencer des choses, en ne faisant rien, c'est là qu'on risque de voir les problèmes. Faut-il se faire l'ennemi d'un camp qui ne l'est pas au risque de nourrir une animosité propice au terrorisme internationale? C'est maintenant qu'il faut et qu'on peut influencer la situation, c'est maintenant qu'on peut donner et obtenir des choses. La nature a horreur du vide, l'influence Russo-iranienne a été chassée de Syrie, d'autres vont chercher à la remplacer, la Turquie tout naturellement, les monarchies du Golfe, des pays occidentaux également. Des projets énergétiques jusqu'alors bloqués pourront peut-être revenir au goût du jour, exploitation pétrolière ou gazière offshore, gazoducs. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Va falloir que l'Algérie cesse ses visées néocolonialistes! L'Afrique veut être unie libre et indépendante qu'on a dit... Poutine a vanté la réussite de l'intervention russe en Syrie... à la chute d'Assad et au retrait forcé des russes. Que faut-il attendre et comprendre de la position russe? Faut garder à l'idée que l'intérêt russe dans des pays comme le Mali était présent dans une logique de guerre d'influence contre l'occident. Maintenant que nous n'y sommes plus, la perte d'intérêt va aller en grandissant et ces pays seront petit à petit laissés à leur sort. -
Guerre civile en Syrie
Pol a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Figure toi que les crevettes ne supportent plus ces attaques incessantes néocolonialistes sur l'océan. De plus en plus de crevettes se radicalisent, on soupçonne d'ailleurs le groupe Al Creveta de la mer Baltique d'être à l'origine des ruptures de câbles sous-marin. Le collectif des crabes "liberté pour l'océan" réclament des fonds d'urgence pour remettre l'eau en état. Les dauphins, eux, sont un peu plus mesuré, tant que ça ne fait pas de vagues, ils tolèrent. On surveille de près cependant les sardines, silencieuses devant ces événements, certains évoquent l'élaboration d'une arme nucléaire pour sanctuariser l'océan. Elles seraient en contact avec Nemo, ancien poisson clown devenu dictateur impitoyable de la mer du Nord. De nombreux poissons dissidents ont déjà disparus très souvent jetés de force dans les filets de pêches. Nemo serait en contact étroit avec Vladimir Poutine, il aurait reçu en effet les plans pour réaliser une arme nucléaire en échange de combattants pour l'Ukraine. Bien que cela soit nié par toutes les parties, on commence par recevoir des images de l'unité Phoque Korps à l'entrainement en Russie. -
Côte d'Ivoire
Pol a répondu à un(e) sujet de alexandreVBCI dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui et non. Concernant le Mali en 2013 on avait du monde au Tchad, au Sénégal, Gabon, en Côte d'Ivoire avec des FS au Burkina (premiers à intervenir). Des facilités, des accords et autres qui a permis d'aller vite face à une situation qui le demandait. Dans quelques mois on n'aura plus rien et tout deviendra beaucoup plus compliqué. On a également très clairement des pays qu'on ne viendra pas secourir, peu importe le péril comme le Mali, le Burkina ou le Niger. Sauf un danger tourné exclusivement contre la France et ses ressortissants, une intervention unilatérale sera sans doute la dernière chose qu'on poussera. On laissera au préalable les africains se gérer seuls, puis on misera sur l'ONU. Mais la on sent une volonté d'éviter l'Afrique, de s'enlever cette "gestion" (personnel, logistique, entretien...) et de ne plus vouloir intervenir. Il y a toujours de l'imprévisibilité à l'internationale, des retournements de situations rapides. Qui aurait pensé il y a 1 mois que le régime d'Assad s'effondrerait? L'avenir s'écrit toujours avec 3 petits points en fin de phrase... -
Dans la théorie c'est bien. En pratique une armée a besoin de pouvoir soutenir et réparer ses matériels. On retrouve cette logique d'achat sur étagère dans les FS par exemple. Le matériel est souvent renouvelé mais derrière c'est la galère pour réparer (gestion des flux, des stocks, des procédures, des marchés, des autorisations, de la traçabilité, du personnel et de ses compétences etc...). Très souvent un matériel acquis comme cela, une fois cassé, ben il va à la poubelle et quand on prône l'arrêt des gabegies, il vaut mieux le comprendre. Parfois les industriels ne fournissent tout simplement pas un soutien en pièces détachées (hors accessoires), il va concevoir et vendre le produit, s'il casse ben tu vas en acheter un autre. C'est le cas par exemple de l'Eotech, une fois qu'il y a une casse ou qu'il est un peu trop rayé, direction la poubelle, pourtant on en a des milliers... L'achat sur étagère c'est une facilité et ça permet de satisfaire un besoin immédiat ou urgent. Mais vous ne pérennisez pas le matériel dans les forces. Quand c'est possible, surtout pour des équipements qui coûtent très cher, on va passer un marché qui va donner aux armées le matériel, lui donner les moyens de les réparer, les moyens d'assurer un approvisionnement sur XX années (avec diverses autres conditions) et parfois un soutien de l'industriel (qui n'ont pas forcément en place des ateliers de "réparations" à côté des zones d'assemblages).
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Je ne déconne pas du tout. Il ne faut pas se laisser impressionner par le volume global de la lunette, ce n'est pas cela qui fait le poids. Les matériaux sont légers et fins. Il n'y a pas une voie optique directe, c'est du numérique, en gros des caméras avec une restitution sur écran. Il n'y a donc pas de grosses parties en verre qui souvent amènent un certain poids aux lunettes. L'interface d'accroche c'est pareil, ce n'est pas de l'acier mais un alliage très léger. Dans la lunette tu vas avoir une ou deux carte électronique avec 2-3 nappes pour les commandes et quelques fils pour l'alimentation, ça ne pèse rien tout ça c'est creux et que ce soit pour la partie IR ou le tube intensificateur de lumière, ça aussi ce n'est pas énorme. 1.5kg c'est une bouteille d'eau pleine à titre de comparaison. J'ai déjà tenu/utilisé ces lunettes et jamais je n'avais un tel poids sur l'arme. D'ailleurs c'est toujours la même réaction pour ceux qui en prennent une dans les mains pour la première fois, du genre "ah mais en fait c'est léger". Les apparences sont souvent trompeuses, on peut avoir un tout petit équipement qui est lourd, car ayant de grosses lentilles en verre, car utilisant de l'acier sur toutes les parties métalliques avec de grosses épaisseurs. UN constructeur qui veut faire du peu cher va généralement utiliser ce genre de choses sans rechercher nécessairement le bon design, la finesse dans la conception ou dans les composants, des alliages spéciaux etc.