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Tout ce qui a été posté par Alexis
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Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Ils sont plus mignons quand ils sont petits -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Tu exprimes ce que tu penses. Mais Poutine affirme autre chose Or, avec tout mon respect, permets moi de te dire qu'entre vous deux, un seul est à la tête d'une armée d'invasion... Il n'y a pas de question sur les objectifs de Poutine, qui les dit et les répète encore et encore depuis plus de trois ans, sans les adoucir et même en les aggravant (septembre 2022 par rapport à avril 2022, juin 2024 par rapport à septembre 2022) Je les ai répété des dizaines de fois sur ce fil, chaque fois en donnant les sources, je ne vais pas me répéter Je crois que cette question a une réponse simple - D'un côté les 2% des Ukrainiens qui votaient néofasciste en 2019 (le parti "Corps national") ou composaient la brigade Azov. Quelle que soit leur influence réelle sur l'appareil d'Etat ukrainien - probablement surestimée par tous, en particulier évidemment par Moscou pour raison de propagande - ils ne sont pas au pouvoir - De l'autre le chef d'Etat qui s'est converti à l'idéologie "Monde Russe" de rassemblement forcé des Slaves orientaux dans une structure incluant peut-être des Etats à autonomie limitée comme la Biélorussie, mais dirigée fermement par Moscou. Et tous ceux qui le suivent en Russie, qui sont nombreux Du côté ukrainien, une influence au pire secondaire, plus probablement marginale Du côté russe, une idéologie impériale est au pouvoir -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Bon accord, certainement pas. Il reste la différence acceptée entre 15% de taxe américaine sur les importations européennes et 0% dans l'autre sens J'ai vu l'argument comme quoi les pays de l'UE ont "moins pire" que certains concurrents notamment asiatiques, et que cela pourrait permettre de gagner certaines parts de marché pour compenser une partie de celles qui seront perdues du fait de la différence de taxation entre les deux rives de l'Atlantique C'est possible - enfin ça reste à prouver ! - mais l'asymétrie du deal est un problème en soi. Il y a la question de la dignité, qui est plus importante que l'argent Et bien sûr, pour peu (hypothèse...) que par exemple le triplement des investissements européens aux Etats-Unis ne se produise pas, rien n'empêchera Trump de recommencer la guerre commerciale quand il le voudra. Le Monsieur n'est ni dans une logique de long terme, ni adepte de la stabilité... -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Si c'est en dollar, je pourrai modérer mon opposition. Ce serait une clause acceptable, tout compte fait En dollar du Zimbabwe, j'entends -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Comme le fait remarquer ce journaliste, les versions de la Maison Blanche et de la Commission européenne sur ce qui a été entendu diffèrent fortement Il faudra attendre la publication du texte pour savoir qui mentait sur quel sujet Voici la version de la Maison Blanche, Fiche d'information : Les États-Unis et l'Union européenne concluent un accord commercial de grande envergure Et le pointage des principales différentes Là où il est probable que la Maison Blanche raconte n'importe quoi, c'est en présentant l'investissement de 600 milliards $ par l'UE en trois ans, en plus des 100 milliards $ investis déjà annuellement - donc un triplement ! - comme un engagement. L'UE n'a tout simplement pas le pouvoir de prendre un tel engagement. Selon la Commission, il s'agit d'une "intention" De même pour l'achat de 750 milliards $ d'énergie, toujours d'ici 2028, et pour la même raison. Ainsi que pour l'achat de "centaines de milliards" de dollars d'armement. Là encore, c'est hors du pouvoir de l'UE. Encore des "intentions" Pour d'autres différences entre les discours des deux côtés, sur les secteurs encore soumis à 50% de tarif américain (acier, aluminium...), sur le sort du secteur pharmaceutique, sur la baisse des exigences sanitaires européennes sur la nourriture, sur l'abandon des normes sur le numérique... ça pourrait être un côté comme l'autre qui ment -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est le droit souverain des Etats-Unis d'imposer les importations en effet. Le problème est l'acceptation par la technocratie UE d'un accord inégal où les pays de l'UE n'imposent pas les importations américaines au même degré que leurs exportations ne sont imposées Oui. L'apport russe, aussi Pas d'accord. Trump réussit brillamment au contraire. Rappelons qu'il défend les intérêts des Etats-Unis, ce qui est parfaitement normal, c'est dans sa fiche de poste ! Ecraser l'adversaire comme la technocratie UE a été écrasée, c'est le 100% de réussite pour lui C'est seulement si le Conseil européen refuse le diktat et renvoie la Commission dans ses buts que Trump n'aura pas pleinement réussi -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
Poutine l'avait prévu - il y a six mois Poutine : Trump rétablira rapidement l'ordre et les Européens « se tiendront aux pieds du maître » Les Européens exécutaient « volontiers » tout ordre de Washington sous Biden, et ils « n'aiment tout simplement pas » Trump (...) « Mais je vous assure, Trump, qu'avec son caractère, avec sa persévérance, il rétablira l'ordre assez rapidement et tous, vous verrez, cela se produira rapidement, bientôt, ils se tiendront tous aux pieds du maître et remueront doucement la queue - tout cela se mettra en place » De Gaulle l'avait prévu - il y a soixante ans "La Commission [européenne] vous attend comme une araignée dans sa toile [...]. Des sommes gigantesques vont s’accumuler et on va les confier à qui ? À des individus qui sont nommés par les gouvernements mais qui prêtent aussitôt serment de ne pas en recevoir d’instructions et ne sont donc même pas responsables devant eux. On va inventer un pouvoir absolument arbitraire et technocratique, avec un argent fou ; et pour le contrôler, on va avoir une institution aussi artificielle que l’assemblée de Strasbourg. C’est-à-dire quoi ? En réalité une amicale de parlementaires qui n’ont de comptes à rendre à personne. Avant de construire une institution, nationale ou pas, il faut savoir qui sera responsable de quoi et devant qui." Il y a 193 Etats membres des Nations Unies. 166 d'entre eux ne sont pas membres de l'organisation "UE"... et s'en portent fort bien, merci pour eux. Rejoignons-les La France a vécu 15 siècles sans l'organisation UE. Nous pouvons encore vivre 15 siècles sans cette organisation. Nous vivrons même mieux -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est clair. Les Etats européens membres de l'OTAN qui peuvent éventuellement être visés par la Russie ne sont déjà que bien peu protégés - s'ils le sont seulement ! - par les forces armées américaines Si le diktat américain accepté par Von der Leyen est approuvé par le Conseil européen, alors Moscou sera encore plus assuré de l'inaction et de la paillassonerie des pays européens, s'il venait à s'en prendre à certains d'entre eux Ca reste un "Si" Il reste possible de passer Von der Leyen au goudron et aux plumes et de constater que son acceptation du diktat trumpien est nulle et non avenue -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
80 ans d'entraînement à la servilité -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
C'est peut-être la dernière chance oui. Je pense au Conseil européen en particulier -
Guerres commerciales 2025 (version Trump)
Alexis a répondu à un(e) sujet de Lordtemplar dans Politique etrangère / Relations internationales
On sort quand de l'UE ? Le dernier argument qui restait pour rester dans ce truc était l'idée qu'à N pays, on obtenait de meilleures conditions commerciales qu'à 1 S'il disparaît, l'UE n'a plus que des inconvénients, et la France se portera beaucoup mieux sans Une France indépendante appliquerait la formule "Taux uniforme sur les importations américaines = Max (taux sectoriels appliqués par les Etats-Unis sur les importations françaises", et basta. C'est d'être ligoté à des pays qui se croient obligés de plier devant Washington parce qu'ils lui ont confié leur défense, comme un noyé est ligoté à un bloc de béton, qui fait que la France pliera et se couchera devant les puissants du jour ==>Frexit. Vite -
Europe de la Défense ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Merci, rappel très utile Il permet aussi de se rendre compte à quel point dans les 63 dernières années rien n'a bougé -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Il me semble pertinent de rappeler aussi la déclaration de Budanov le chef du SBU en janvier dernier à une session à huis clos du Parlement ukrainien "S'il n'y a pas de négociations sérieuses avant l'été, des processus très dangereux pour l'existence même de l'Ukraine pourraient être lancés" L'été est arrivé, et toutes les exhortations de Trump et Zelensky n'ont pas réussi à faire bouger d'un iota Poutine sur ses exigences pour un traité de paix. Pas de négociations sérieuses à l'horizon Si Budanov ne se trompait pas, le temps des "processus très dangereux" pourrait commencer J'ajouterais l'évaluation convergente d'un homme très différent, le conseiller de Poutine Nikolaï Patrouchev - lui avec espoir naturellement et toujours en janvier dernier Patrouchev a admis que l'Ukraine cesserait d'exister en 2025 -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Pour la Nème fois, en cas de défaite l'Ukraine n'est pas menacée de conséquences similaires à celles de la défaite de 1871 pour la France, soit la perte de provinces et une amende énorme, tandis que la plus grande partie du pays restant indépendante Si elle est défaite, si elle est forcée d'accepter les exigences de Poutine, l'Ukraine perdra tout moyen de défendre son indépendance puisqu'elle n'aura le droit que de maintenir une petite armée et aucun droit à coopérer militairement avec d'autres pays. Exposée en permanence au risque d'une nouvelle "opération spéciale" russe qui celle-là serait vraiment facile l'affaire de quelques jours, elle n'aura d'autre moyen de préserver le peu d'autonomie qui lui restera qu'en cédant à Moscou sur toute demande qu'il pourrait lui présenter à l'avenir. En pratique, son indépendance ne sera qu'une fiction, elle n'aura qu'une sorte d'autonomie locale au sein d'un ensemble "monde russe" où toutes les décisions importantes seront prises à Moscou. Une position similaire à celle de la Pologne ou la Tchécoslovaquie pendant la Guerre froide, ou de la Biélorussie aujourd'hui -
Europe de la Défense ?
Alexis a répondu à un(e) sujet de samson dans Politique etrangère / Relations internationales
Je crois que ce "si" a un coefficient de probabilité nettement supérieur à 50% ... Le scénario rose bonbon où Moscou renonce de lui-même à placer l'Ukraine sous contrôle et accepte un compromis politique laissant le plus gros de l'Ukraine un pays indépendant est pratiquement exclu Le scénario rose pâle où l'Ukraine parvient à tenir indéfiniment le front malgré les pertes et Moscou finit (après sans doute plusieurs années encore) à se résoudre à renoncer à son projet et à transiger n'est pas exclu, mais il est de plus en plus fragile au fur et à mesure de l'affaiblissement continu des FAU Le scénario noir de la victoire russe totale est le scénario principal à l'heure actuelle, sauf retournement imprévu. Je crains que les budgets suivront Rien d'étonnant sur le principe. Une pénurie de budget peut être très difficile à gérer, mais une avalanche d'argent l'est aussi Rendre tout cela pertinent et efficace sera d'une difficulté redoutable. Il faut espérer que Pistorius - très estimé outre-Rhin, raison pour laquelle il est si durable à ce poste, comme Lecornu chez nous - saura être à la hauteur C'est ainsi qu'il faut toujours discuter entre Paris et Berlin Cela dit, l'amitié et la confiance doivent justement aussi permettre la franchise. Il est fort possible que les positions sur l'avenir du SCAF soient trop éloignées pour permettre de définir une manière efficace de le faire ensemble. Mieux vaudrait alors se le dire franchement -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Sans oublier "Il joue du piano avec sa b..." -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Pour essayer de répondre sérieusement à ta question : parce que l'Ukraine, à la différence de la Roumanie, est en danger d'être submergée par une invasion, et son peuple tout entier soumis à son oppression Corruption et manipulation dans un pays qui n'est pas en danger mortel, c'est déjà criminel Corruption et manipulation dans un pays en danger mortel, au risque de miner un effort de guerre et une situation déjà très délicate, c'est le degré encore au-dessus -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Il y a d'une part un parlement aux ordres qui vote (presque) comme un seul homme : 263 pour, seulement 13 contre De l'autre un peuple qui visiblement ne l'entend pas de cette oreille La démocratie ukrainienne est loin d'être parfaite (plus ou moins que la française ? euh... joker !) mais elle est clairement vivante. Le contraste avec la Russie est clair : la décision incomparablement plus absurde encore du président russe d'agresser le pays voisin en février 2022 n'a suscité dans la plus grande partie du peuple russe (une minorité courageuse mais hélas petite exceptée) qu'un conformisme bovin, alors que de simples manifestations de masse (disons 2 millions à Moscou et 1 million à St Pét') auraient suffi à stopper Poutine net Donc l'Ukraine est bien un pays libre. Mais un pays libre non seulement menacé par une invasion qui menace de plus en plus de faire s'écrouler des parties du front, mais encore par un coup de Jarnac à la concorde nationale au pire moment ! Le déclencheur le plus probable est en effet la mise en examen du vice-premier ministre Oleksiy Chernyshov à fin juin pour corruption par l'institution anti-corruption L'objectif de la mise sous tutelle en urgence de cette institution est probablement de protéger Chernyshov ainsi que tous ceux qu'il pourrait mettre en cause -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Une caricature. Fausse en plus, hein ? Hein ? -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Obama explique en effets en peu de phrases la position réaliste sur ce qui ressort du coeur des intérêts américains ou de leur périphérie plus ou moins lointaine Il souligne aussi, à mon avis à juste titre, les limites de la "stratégie du fou" de Nixon. En gros, la marge d'ambiguïté, la marge de bluff est trop faible, l'autre partie comprendra facilement la réalité, parce qu'elle peut analyser là où sont vraiment les intérêts essentiels américains. Les dirigeants, en fait, ne sont pas fous... et tout le monde le sait La théorie d'Obama est simple : l'Ukraine est un intérêt fondamental pour la Russie, mais pas pour les États-Unis. La Russie pourra donc toujours y maintenir une domination croissante. « Le fait est que l'Ukraine, pays non membre de l'OTAN, sera vulnérable à la domination militaire par la Russie, quoi que nous fassions », a-t-il déclaré. J'ai demandé à Obama si sa position sur l'Ukraine était réaliste ou fataliste. « Elle est réaliste », a-t-il répondu. « Mais c'est un exemple où nous devons être très clairs sur nos intérêts fondamentaux et sur les raisons pour lesquelles nous sommes prêts à faire la guerre. Et au final, il y aura toujours une certaine ambiguïté.» Il a ensuite formulé une critique qu'il avait entendue à son encontre, afin de la dissiper. « Je pense que le meilleur argument que l'on puisse avancer de la part de ceux qui critiquent ma politique étrangère est que le président n'exploite pas suffisamment l'ambiguïté. Il ne réagit peut-être pas d'une manière qui pourrait faire penser : « Waouh, ce type est peut-être un peu fou. » « L'approche du “Nixon fou” », ai-je dit : confondre et effrayer ses ennemis en leur faisant croire que vous êtes capable de commettre des actes irrationnels. « Mais examinons la théorie de Nixon », a-t-il dit. « Nous avons donc largué plus de munitions sur le Cambodge et le Laos que sur l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, et pourtant, au final, Nixon s'est retiré, Kissinger est allé à Paris, et tout ce que nous avons laissé derrière nous, c'est le chaos, le massacre et des gouvernements autoritaires qui, avec le temps, ont finalement émergé de cet enfer. Lorsque je visiterai ces pays, j'essaierai de comprendre comment nous pouvons, aujourd'hui, les aider à retirer les bombes qui arrachent encore les jambes des enfants. En quoi cette stratégie a-t-elle servi nos intérêts ?» Mais que se passerait-il si Poutine menaçait d'intervenir contre, disons, la Moldavie – un autre État post-soviétique vulnérable ? Ne serait-il pas utile pour Poutine de croire qu'Obama pourrait se mettre en colère et devenir irrationnel à ce sujet ? « Rien dans la politique étrangère américaine moderne ne prouve que les gens réagissent ainsi. Ils réagissent en fonction de leurs impératifs, et si c'est vraiment important pour quelqu'un, et pas tant que ça pour nous, ils le savent, et nous le savons », a-t-il déclaré. « Il existe des moyens de dissuasion, mais cela nécessite d'être très clair à l'avance sur ce qui justifie ou non une guerre. Or, si quelqu'un dans cette ville prétend que nous envisagerions une guerre avec la Russie au sujet de la Crimée et de l'est de l'Ukraine, qu'il le dise haut et fort. L'idée qu'un discours ferme ou une action militaire secondaire à cette région puisse influencer les décisions de la Russie ou de la Chine est contraire à toutes les preuves que nous avons observées au cours des 50 dernières années. » Il faut reconnaître que Obama avait un tout autre calibre à la fois que son prédécesseur le néo-conservateur "remodelons le Moyen-Orient" et ses deux successeurs Le meilleur président américain du XXIème siècle à ce jour. Enfin il est vrai qu'à voir les trois autres, la barre n'est pas très haute -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce n'est pas ça qui est prévu L'Allemagne va donner 2 de ses systèmes Patriot restants à l'Ukraine et acheter pour les remplacer 2 systèmes Patriot nouveaux. Du matériel qui n'existe pas encore. Pas du matériel qui serait pris dans les stocks américains Que Washington continue effectivement à refuser de laisser diminuer Telle est la réalité Telle est le cadre de pensée dont Trump est l'expression (ainsi que d'autres choses encore) Il fait une exception, et aussi il fait une bonne affaire commerciale, quand des Européens proposent de payer rubis sur l'ongle des armements américains nouveaux destinés à remplacer des armements européens supplémentaires envoyés à l'Ukraine C'est à peu près tout, je dirais. La menace de mettre 100% de taxe douanière à la Chine - avec des conséquences dévastatrices sur l'économie américaine - juste parce que Pékin continuera d'acheter du pétrole à la Russie dans 50 jours quand la guerre continuera n'a aucune crédibilité Les mots durs contre Poutine vu la cruauté de sa guerre sont d'une part certes justifiés... d'autre part sans aucune importance par eux-mêmes. Seules les actions comptent -
Guerre civile en Syrie
Alexis a répondu à un(e) sujet de maminowski dans Politique etrangère / Relations internationales
Les Druzes à As-Suwayda dans le sud de la Syrie sont systématiquement visés par la terreur islamiste du nouveau pouvoir Israël intervient par des frappes sur les milices, afin de secourir les Druzes et mettre fin à la terreur https://www.aa.com.tr/fr/monde/syrie-la-france-appelle-à-un-cessez-le-feu-à-suwayda-alors-qu-israël-menace-damas/3632650# « Le régime syrien doit laisser les Druzes de [Suwayda] tranquilles et retirer ses forces », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, ajoutant que « l’armée continuera de frapper les forces du régime jusqu’à leur retrait de la zone, et intensifiera bientôt sa riposte si le message n’est pas compris » Netanyahou s'adresse aux citoyens druzes d'Israël en leur demandant de ne pas franchir la frontière et en les rassurant, Israël ne reste pas inactif Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a lancé ce mercredi un appel solennel aux citoyens druzes d’Israël, alors que la situation dans le sud-ouest de la Syrie, notamment dans la région de Soueïda, continue de se détériorer. "La situation à Soueïda et dans le sud-ouest de la Syrie est très grave", a déclaré Netanyahou dans un message adressé à la communauté druze. "Tsahal agit, l’armée de l’air agit, d’autres forces agissent. Nous intervenons pour sauver nos frères druzes et éliminer les milices du régime." La Syrie condamne l' "agression perfide" d'Israël Le point de vue d'un analyste émirati (de toute évidence musulman) sur ces événéments Soueïda est engloutie par un terrorisme orchestré. Les milices islamistes ciblent les civils druzes par des tirs de snipers et des bombardements. Les hôpitaux se transforment en morgues. Les écoles deviennent des nids de snipers. Femmes et enfants sont condamnés à mort simplement parce qu'ils existent. Ces groupes armés ne recherchent ni réforme ni libération. Ils prospèrent sur l'humiliation, la domination et la peur. Une communauté qui a défendu son indépendance pendant des générations se retrouve désormais seule, entourée d'ennemis qui qualifient leur destruction de victoire. Israël a choisi d'agir, guidé par le devoir plutôt que par les applaudissements. Ce sont les liens de parenté et l'impératif moral de protéger la vie qui définissent sa position, et non des slogans. La « nouvelle armée » à l'origine de cette horreur est saturée de militants et de criminels se faisant passer pour des libérateurs. Leur objectif est la terreur, et non un avenir fondé sur la justice. Les puissances occidentales observent en silence, se retranchant derrière des discours creux sur « l'équilibre » et la « retenue ». Leur crédibilité s'effondre à chaque heure de silence. Les Druzes ne demandent pas la pitié. Ils revendiquent le droit de vivre librement dans leur patrie sans crainte d'être anéantis. Les gouvernements et les institutions qui prétendent défendre la dignité humaine doivent désormais le prouver par des actes. L'histoire ne se souviendra pas des hashtags ni des déclarations prudentes. Elle se souviendra de ceux qui ont eu le courage de défendre les derniers gardiens de l'esprit véritable de la Syrie, et de ceux qui ont choisi de détourner le regard tandis que la montagne s'écroulait. Avis perso : un djihadiste reste un djihadiste. Il met un costume-cravate, il vient serrer la main de Macron à l'Elysée... ça reste un djihadiste -
USA - Criailleries 2 - Rumeurs, controverses, polémiques
Alexis a répondu à un(e) sujet de rogue0 dans Politique etrangère / Relations internationales
J'en profite pour dévoiler en avant-première le nom du prochain président français ... Non, pas d'inquiétude, ce n'est pas Supertrump -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Le FT rapportait hier une conversation entre Trump et Zelensky dans lequel le président américain aurait incité son homologue ukrainien à frapper Moscou. La porte-parole de la présidence américaine avait déjà démenti, accusant le FT de propager de fausses nouvelles C'est maintenant au tour de Trump d'insister 1. Non, il ne soutient pas des frappes ukrainiennes sur Moscou 2. Non, il ne va pas fournir à l'Ukraine des missiles longue portée JASSM Je soupçonne qu'il y a eu "derrière le rideau" une "explication de gravures" entre Moscou et Washington, sur le thème "Cela pourrait être l'étape décisive vers une escalade militaire". Le genre d'argument propre à faire "réfléchir" le président américain -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Alexis a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Texte très intéressant de l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau, par l'analyse comparée qu'il fait de la guerre d'Ukraine avec les deux autres guerres de position qui peuvent lui être comparées, première guerre mondiale et guerre Iran-Irak. Les parallèles sont très éclairants Sa thèse est que l'Ukraine a déjà perdu la guerre, de même que l'Allemagne l'avait déjà perdue à l'été 1918, mais qu'on ne le sait pas encore, ou plus exactement que nous vivons majoritairement dans le déni. Il en discute les raisons, et s'interroge sur les conséquences si ce déni continuait même au-delà de la défaite ukrainienne Je reproduis l'ensemble de ce texte, à mon avis très riche Stéphane Audoin-Rouzeau : «Nous sommes dans le déni de la défaite de l’Ukraine car c’est aussi la nôtre» GRAND ENTRETIEN - L’historien de la Première Guerre mondiale et fervent soutien de Kiev se désole des leçons oubliées de 1914-1918, une guerre de position comme aujourd’hui, où défaite et victoire demeurent longtemps invisibles, et redoute un prochain déni dans l’après-guerre. Directeur d’étude à l’EHESS et président de l’Historial de la Grande Guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau est l’un des grands historiens français de la Première Guerre mondiale . Sa vingtaine d’ouvrages dessine une vaste anthropologie de la violence, qui s’appuie sur une étude des mentalités, tant des soldats que des opinions publiques. Fervent soutien de l’Ukraine, il dénonce depuis longtemps un déni de guerre occidental dont les conséquences sont lourdes pour Kiev puisqu’il considère que les Ukrainiens ont déjà perdu la guerre . Les raisons de cette défaite encore invisible se révèlent dans la nature de la guerre de position : pour Stéphane Audoin-Rouzeau, les leçons du premier conflit mondial sont aussi utiles que cruelles. Vous parlez d’un déni de guerre. Mais de quand datez-vous ce déni ? On en débattra longuement entre historiens dans le futur, mais il existe un déni ancien qui dépasse la guerre d’Ukraine. Nos sociétés croient encore à la disparition de la guerre. Collectivement, nous ne sommes pas sortis de cette sorte de parousie de la paix définitive, en Europe occidentale du moins. C’est moins vrai en Europe orientale où l’inquiétude a été précoce. Dans son cas, le déni est tombé au moins dès 2014, à partir de l’invasion de la Crimée. Plus à l’Ouest, nous n’avons absolument pas entendu l’avertissement lancé dès l’invasion de la Géorgie en 2008, puis confirmé par l’intervention russe en Syrie en 2015. L’un des signes les plus étonnants de ce déni a été l’invitation de Poutine à Brégançon en 2019. Et il s’est poursuivi jusqu’aux semaines qui ont précédé l’entrée en guerre de la Russie le 24 février 2022. En tant qu’historien de la Grande guerre, c’est ce qui m’a le plus marqué. Pourquoi ? En 1910, le député travailliste britannique Norman Angell a écrit un livre qui a été un best-seller, traduit en français sous le titre La Grande Illusion en 1911. Angell était un pacifiste, certes, mais de tendance libérale, non pas un socialiste ou un internationaliste. Pour lui, la guerre entre grandes puissances européennes était irrationnelle puisque leur interpénétration économique et financière ferait que chacun combattrait ses propres clients, au risque que tout le monde finisse ruiné. Par certains côtés, il avait parfaitement raison : la guerre était absurde. Cela n’a pas empêché qu’elle ait lieu, et aucun des arguments de Norman Angell n’est arrivé à la conscience des dirigeants au moment de la crise de la fin juillet 1914. Nous avons été dans une situation comparable avant le 24 février 2022, quand presque tous les experts – universitaires, services de renseignement, militaires, journalistes – se rassuraient en considérant qu’il serait irrationnel pour Poutine d’attaquer. Oui, c’était irrationnel, ils avaient totalement raison. Mais il a attaqué. Trump semble avoir été victime du même type d'illusion "Ce qui est rationnel économiquement, c'est ce que les gens feront". Il a cru fermement que s'il proposait à Poutine de juste arrêter la guerre en l'état, en échange de la reprise de toutes les relations économiques, Poutine aurait des dollars plein les yeux et qu'il sauterait sur l'occasion. Il est déçu et froissé que ce ne soit pas le cas Mais bien sûr, la rationalité économique n'est pas la seule rationalité possible. Poutine a la rationalité d'un conquérant et d'un militant de l'idéologie du Monde russe. Pas celle d'un homme d'affaires Ce n’est pas nouveau, le philosophe Henri Bergson écrivait que la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, celle-ci lui apparaissait « tout à la fois comme probable et impossible » … Absolument, c’est ce fameux texte des années 1930 où Bergson décrit l’entrée du temps de la guerre dans la pièce, telle une ombre… La guerre paraît inconcevable jusqu’à ce qu’elle ait lieu. Pour la concevoir, il faut accepter que le temps de la guerre ne soit pas le temps de la paix. Excusez-moi de ce truisme ridicule, mais c’est en réalité difficile à comprendre et à faire admettre : pris dans chacun de ces temps radicalement différents, les acteurs sociaux réagissent également différemment. Or, du point de vue du pouvoir russe, ce temps de la guerre avait déjà commencé avant le 24 février 2022. Nous n’avons pas réussi à concevoir ce basculement. La propagande russe, loin de reconnaître ce temps de la paix en Europe, considérait au contraire que la Russie était menacée militairement par ce qu’elle nommait l’«Occident collectif» … Cela fait déjà très longtemps qu’en Europe, la guerre est perçue comme toujours défensive, y compris chez l’attaquant ! C’est en cela que ce conflit est extrêmement intéressant à lire au prisme de 1914-1918. À l’époque, absolument tout le monde, déjà, se défendait ! Chacun en était profondément persuadé, qu’il s’agisse des dirigeants ou des opinions publiques. Bien sûr, c’est vraiment l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne qui ont la responsabilité primaire (mais non pas exclusive) du conflit, mais elles vivaient leur déclaration de guerre comme purement défensive. David Fromkin dans "Le dernier été de l'Europe" dit quelque chose de semblable, il affirme que les élites politico-militaires allemandes étaient convaincues que la guerre européenne était de toutes façons inévitable. En commençant la guerre à l'été 1914, elles n'ont pas eu l'impression de causer cette guerre, mais simplement de décider "Maintenant", de fixer le moment de quelque chose qui dans leurs conceptions arriverait quoi qu'il en soit. La cause de la guerre était moins la décision de tel ou tel que l'ensemble des idées que ces élites partageaient De même, tout artiste de la propagande et du mensonge qu'il soit, il est tout à fait possible que Poutine soit sincèrement persuadé de ne pas être à l'origine de cette guerre. La cause profonde n'étant pas la décision d'un individu, mais l'ensemble des idées prégnantes dans les élites gouvernementales russes, qui ont produit l'individu à même de prendre cette décision Jusqu’à la fin, les soldats allemands ont le sentiment, très intériorisé, qu’ils se défendaient, alors qu’une illégitimité profonde, vécue par tous, s’attache au fait d’être l’attaquant. Si l’on considère la subjectivité des acteurs sociaux, ce sont deux patriotismes défensifs qui s’affrontent. Vous notez une autre similarité entre la Première Guerre mondiale et l’Ukraine car il s’agit dans les deux cas d’une guerre de position… Il y a peu d’exemples historiques de cette forme de guerre, très récente, car elle exige des armements qui n’ont été disponibles qu’à la fin du 19e siècle. Structurellement, il s’agit d’une guerre de siège, mais menée en rase campagne sur des centaines de kilomètres. Il n’y a eu que trois conflits de ce type : la Grande Guerre (de la fin 1914 jusqu’au printemps 1918, pas au-delà) ; la guerre Iran-Irak (de 1980 à 1988) ; la guerre d’Ukraine (à partir d’avril 2022, pas avant). Quels sont les invariants d’une telle guerre ? Le point principal est la supériorité de la défensive sur l’offensive. Si cela n’avait pas été le cas, l’Ukraine aurait été battue depuis longtemps. Pendant la Première Guerre mondiale, déjà, il fallait franchir un «no man’s land» saturé de barbelés, l’une des armes les plus efficaces du début du 20e siècle. Puis, il y a eu les champs de mines, qu’on a vus en Iran-Irak et que l’on voit aussi en Ukraine. C’est une barrière d’interdiction d’une compacité extraordinaire. Les Ukrainiens s’y sont heurtés à l’été 2023 lors de leur contre-offensive ratée, et les Russes depuis 2024. Ainsi, on ne peut pas percer sur des dizaines de kilomètres de large et briser le front adverse. On observe une sorte de régression dans les trois conflits. En Ukraine, les hélicoptères et les avions volent très peu au-dessus et au-delà de la ligne de front. Il n’y a pas non plus de grandes offensives blindées. Jamais on n’a observé quelque chose de similaire à la bataille de Koursk de 1943. Ainsi, le combat repose-t-il massivement sur l’infanterie. Et en même temps sur la puissance de feu… Oui, c’est encore un autre invariant de ce type de guerre. Au départ, cette puissance de feu était liée à l’artillerie, avec le canon comme arme de domination du champ de bataille pendant la Première Guerre mondiale. On retrouve cette domination écrasante du canon en Ukraine, jusqu’en 2024. Malheureusement, la Russie a toujours eu une très bonne artillerie et elle a eu, contrairement aux Ukrainiens, les moyens de l’alimenter, là où ces derniers se sont retrouvés à court de munitions pendant une bonne partie de l’année 2024. Mais le drone n’a-t-il pas pris le relais ? Les drones ont pris l’ascendant sur l’artillerie au cours de l’année dernière, vérifiant cette vieille règle clauzewitzienne que la guerre est un caméléon et que la vitesse d’adaptation est cruciale dès lors que les économies industrielles sont lancées à plein régime. C’est en considérant ces invariants que vous en êtes arrivé à une conclusion radicale, exposée lors d’une audition au Sénat en avril : selon vous, l’Ukraine a déjà perdu la guerre… Effectivement, au moment où nous parlons, l’Ukraine semble malheureusement avoir perdu la guerre, probablement dès l’été 2023, quand il a été manifeste que sa contre-offensive, très attendue, avait échoué. On pourrait imaginer un retournement spectaculaire, mais on ne voit pas bien comment. Bien sûr, lorsque l’on dit cela, les gens sont choqués car il est insupportable de se dire que l’Ukraine a perdu la guerre. Ça l’est aussi pour moi. Mais voilà : il est inutile de rester dans l’incantation, il faut sortir d’un nouveau déni, celui de la défaite, après celui de l’éventualité de la guerre elle-même. Car j’ajouterai une autre caractéristique de la guerre de position : on ne discerne pas immédiatement la défaite quand celle-ci se profile. Elle est longue à apparaître. Ce n’est pas comme à Stalingrad, où il y a un vaincu qui quitte le champ de bataille et un vainqueur qui l’occupe. Ce n’est pas comme la blitzkrieg de mai-juin 1940. Dans une guerre de position, ce sont deux corps de bataille qui, l’un contre l’autre, s’usent lentement. À la fin seulement, il apparaît que l’un s’est usé plus vite que l’autre. Ça a été le cas en 1918 ? Justement, faisons une petite expérience de pensée. Imaginons qu’au début du mois d’octobre 1918, on ait réuni dans un pays neutre un ensemble d’experts militaires, de journalistes et d’historiens pour leur demander leur avis sur la situation. Et supposons maintenant que quelqu’un a alors avancé que l’Allemagne avait déjà perdu la guerre. Eh bien, tout le monde aurait poussé des hauts cris ! À cette date, le Reich occupe encore d’immenses territoires à l’est au détriment de la Russie, depuis le traité de Brest-Litovsk. Elle occupe toute la Belgique et encore de larges fractions du territoire français. Certes, l’armée allemande recule depuis l’été, c’est une chose entendue, mais nulle part le front n’a cédé. Les Allemands infligent des pertes importantes aux Alliés puisque ce sont ces derniers qui sont à l’offensive et ce sont donc eux qui prennent les risques les plus lourds. Où est donc la défaite allemande ? En réalité, la défaite allemande est certaine depuis juillet-août 1918. Elle a eu lieu, mais elle n’est pas encore apparente. Depuis l’été, l’état-major allemand le sait très bien et demande le lancement de négociations. Sauf que le pouvoir politique ne le comprend pas, l’opinion publique allemande non plus et ne le comprendra jamais. Cette non-compréhension de la défaite de 1918 sera l’une des raisons de la poussée du nazisme. Le risque dans une guerre de position, c’est qu’à force d’usure, celui qui tient le plus longtemps relance une guerre de mouvement. En Ukraine, ce n’est pas le cas à ce stade : les Russes continuent leur grignotage territorial, mais les Ukrainiens ne s’effondrent pas. Là encore, pensons à la Première Guerre mondiale. Quand les Alliés lancent leur contre-offensive en juillet 1918, celle-ci est générale, mais en dehors des Américains, les soldats ne sont plus capables d’attaquer. Ils ont tellement l’habitude de se jeter au sol au premier danger que tout le monde fait montre d’une extrême prudence. Mais on aurait pu imaginer qu’une partie du front soit percée et en ce cas... l’Allemagne n’avait plus de réserves pour boucher les trous. C’est pourquoi les risques d’une offensive russe en Ukraine, cet été, m’inquiètent : compte tenu de la disproportion des forces, pourrait-elle briser le front ? On entrerait alors dans une autre configuration, car toute rupture du front risquerait de produire un effet moral puissant sur les forces armées ukrainiennes, sur le pouvoir politique et sur l’opinion publique. Rien n’est écrit encore ! Absolument, car dans une guerre de position, pour rompre le front, il ne suffit pas de faire un petit trou dans le dispositif adverse, il faut une percée de plusieurs dizaines de kilomètres de large. Sinon, les forces s’engagent dans la brèche, mais sont aussitôt cernées, puis attaquées sur leurs flancs. À une moindre échelle, les Russes pourraient malgré tout réussir à prendre certaines villes qu’ils ambitionnent depuis longtemps, comme Pokrovsk, et cela pourrait porter un coup au moral ukrainien. Oui, mais Pokrovsk est sur la ligne de front. Pour l’instant, Vladimir Poutine est très loin de pouvoir prendre Kiev, Dnipro, Zaporijia, Kherson, Mykolaiv ou Kharkiv. Ce sont pourtant de grandes villes qu’il a attaquées en février 2022… La bonne question n’est pas de savoir si Ukraine a perdu la guerre, ça me paraît malheureusement trop évident, mais de savoir jusqu’où elle va la perdre. Sur la base du rapport de force actuel, ou bien sur celle d’un rapport de force plus défavorable encore ? Cela déterminera si la défaite ukrainienne représente, ou non, une victoire russe sur le plan stratégique. Car la situation de la Russie au sortir de la guerre, même si elle est victorieuse tactiquement, pourrait s’avérer extrêmement difficile. C’est le plus long terme qui nous le dira, comme toujours avec les guerres. La position de vainqueur et de vaincu s’inverse parfois de manière étonnante… Oui, mais voilà, Poutine semble très conscient de ce risque. C'est pourquoi il ne réduit pas d'un iota ses exigences très dures vis-à-vis de Kiev, dont la combinaison organise la satellisation définitive de l'Ukraine subsistante (c'est-à-dire : moins les parties qui serait annexées) par la Russie Il a malheureusement compris que s'il subsistait un Etat ukrainien indépendant, même nettement plus petit, cet Etat serait l'expression d'un rejet beaucoup plus brutal par les Ukrainiens de la proximité avec la Russie que le rejet même de 2021 (après la guerre du Donbass). Bref qu'il aurait en fait consolidé un Etat ukrainien (farouchement) indépendant, alors que son objectif principal est d'empêcher qu'un tel Etat continue à exister Poutine étant conscient que l'arrêt de la guerre avant que la totalité de ses exigences soit satisfaite serait une défaite stratégique pour son idéologie de "Monde russe", une défaite de l'Ukraine si elle se confirme ne pourra être qu'une défaite "extrême". Pas de "grâce" du vainqueur à attendre. Pas d'autre Etat "ukrainien" subsistant qu'une marionnette lobotomisée de la Russie Vous parlez beaucoup de la Première Guerre mondiale, mais moins de la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988. Quelles leçons en tirer ? J’ai visité l’ancien front Iran-Irak à deux reprises, la morphologie de ce conflit était assez différente car les forces en présence ne pouvaient pas construire de tranchées, en raison du terrain. À la place, ils construisaient des talus au bulldozer. Mais c’était bien une guerre de position, avec les mêmes invariants. Les Iraniens attaquent massivement et constamment à travers les champs de mines irakiens, de façon absolument sacrificielle, lors des offensives de Kerbala ! Mais, à la fin, l’armée iranienne s’est tellement usée qu’elle n’a plus la possibilité d’attaquer. L’ayatollah Khomeyni n’a pas d’autre choix que de signer la paix et d’accepter de «boire la coupe de poison» que lui tend l’Irak, selon sa propre expression. Le défenseur peut donc épuiser l’attaquant. Cet exemple peut-il être un motif d’espoir pour l’Ukraine ? Il est vrai que, dans une guerre de position, la force vive d’une attaque diminue progressivement. C’est ainsi que le défenseur épuise l’attaquant. En 1916, pendant la bataille de la Somme, les Allemands ont érigé six lignes de défense face aux Alliés ! Mais, en Ukraine, n’oublions pas que ce sont les Ukrainiens qui se sont épuisés lors de leur offensive de l’été 2023 face à de très puissantes défenses russes. Ils ont alors perdu cet avantage qu’ils avaient acquis, notamment à l’automne 2022 pendant lequel ils avaient mis en difficulté les Russes, dont les forces n’étaient pas encore proportionnées pour une guerre d’une telle intensité. Mais, depuis, les Russes sont repassés à l’offensive. Dorénavant, la balance des forces est en leur faveur, et de plus en plus semble-t-il. Ils ont pour eux leurs terribles bombes planantes, mais aussi des drones filoguidés qu’ils maîtrisent mieux et plus intensément que les Ukrainiens. Quant aux drones à longue portée, à l’origine iraniens, ils en tirent désormais plusieurs centaines par jour. Kiev craint qu’ils franchissent le chiffre quotidien du millier ! Les défenses ukrainiennes, en face, sont saturées. Surtout, il y a la puissance démographique de la Russie qui compte 144 millions d’habitants quand l’Ukraine en comptait 40 millions avant-guerre et aujourd’hui beaucoup moins. C’est terrible à dire, mais quand le négociateur russe à Istanbul a demandé aux Ukrainiens combien de temps ils étaient prêts à se battre, en ajoutant que les Russes pouvaient se battre un, deux, trois ans, voire éternellement, il y avait malheureusement quelque chose d’assez exact dans cette déclaration. Ne faites-vous pas le jeu du Kremlin ? Ayant énormément travaillé sur la question de l’opinion publique durant la Première Guerre mondiale, ce qui m’intéresse est justement le fait que personne ne puisse tenir ce discours dans l’espace public. Pourquoi, selon vous ? Si les politiques – ce serait à eux de le dire – reconnaissaient que l’Ukraine a perdu la guerre, il faudrait logiquement qu’ils ajoutent un codicille : « elle l’a perdue à cause de nous ». C’est très pénible à dire, mais à dire vrai, nous l’avons d’une certaine manière perdue plusieurs fois. D’abord avant la guerre, car nous avons été incapables de comprendre que la Russie allait attaquer. Ensuite pendant la guerre, car nous avons été dans le déni de l’inadaptation de notre soutien à l’Ukraine : tout ce que nous avons livré à Kiev, en armes et en équipements, est arrivé trop tard, à contretemps par rapport à la situation sur le champ de bataille. En particulier à cause de l’Allemagne, l’Ukraine s’est battue avec une main dans le dos, voire les deux. On se raccroche à l’héroïsme des Ukrainiens et à leur habileté pour compenser la supériorité de la Russie, qui a aussi connu des échecs flagrants durant ce conflit. A-t-on pris nos désirs pour des réalités ? L’héroïsme ukrainien, qui nous a été profondément sympathique – et à juste titre ! –, nous est apparu comme une promesse de victoire, comme si la victoire obéissait à une forme de morale. Mais la guerre n’a strictement rien à voir avec la morale ! Quant à la Russie, oui, Dieu sait qu’on a moqué ses échecs initiaux, absolument spectaculaires. Mais on a oublié que c’était le pays de Stalingrad et de Koursk, et qu’il existe dans ce pays une capacité d’adaptation absolument extraordinaire. La Russie a gravi la «learning curve» militaire assez lentement, mais elle l’a gravie : les forces russes auxquelles les Ukrainiens se sont heurtés à l’été 2023 n’étaient plus du tout celles de 2022, et celles d’aujourd’hui moins encore. C’est cette réalité que nous ne voulons pas voir. Nous n’avons pas non plus voulu admettre que la propagande poutinienne – toutes ces références à la Grande guerre patriotique et à la soi-disant dénazification de l’Ukraine – pouvait être profondément intériorisée par de larges couches de la population russe. Pour reprendre une très intéressante expression de l’historien Nicolas Werth, en tant qu’«historien en chef», Poutine a réalisé une mobilisation du souvenir historique russe très probablement efficace. On n’est pas devant une population fondamentalement sceptique sur le bien-fondé de la guerre, même si les Russes ne se réjouissent pas, évidemment, de la poursuite de l’affrontement. Mais l’historicité particulière de la société russe demeure un socle très puissant d’un effort de guerre russe qui se poursuit sans difficultés majeures. "Historicité particulière" est un mot joli, ou une litote, pour désigner la perméabilité impressionnante de l'opinion russe aux manipulations du récit historique pour servir les guerres de l'idéologie du "Monde russe" Déni avant la guerre, déni pendant la guerre, déni face à la défaite… Voyez-vous un déni au-delà ? La capacité historienne à analyser le présent est parfois pertinente, mais la capacité d’anticipation de l’histoire, en tant que science sociale, est égale à zéro. En revanche, d’ores et déjà, nous n’arrivons pas à imaginer qu’une fois que la Russie aura gagné la guerre d’Ukraine – et on ne sait pas exactement en quels termes et jusqu’où elle va la gagner –, elle pourrait décider de la poursuivre. Cette hypothèse reste en dehors, pour l’instant, de notre horizon d’attente. Qu’ils y aient des stratèges, des militaires qui y réfléchissent, c’est heureux, mais il me semble que d’un point de vue collectif, nous n’arrivons pas à concevoir que la Russie pourrait commencer à tester l’article 5 de l’Otan en s’attaquant, par exemple, à l’Estonie ou à la Lituanie. On sait que c’est possible, mais c’est, en tout cas en Europe occidentale, une pure hypothèse théorique. Le déni de guerre domine, encore et toujours. Jusqu’à quand ? Je partage tout à fait, à ma simple petite échelle personnelle. Je suis capable d'énoncer pourquoi il est possible qu'après avoir atteint ses objectifs de guerre en Ukraine (Courant 2026 ? Plus tôt ?) Poutine décide d'utiliser la majorité des forces russes, qui seront dégagées de la guerre d'Ukraine, pour une action de force contre l'un des pays Baltes, ou les trois. Pourquoi, même s'il n'est pas certain qu'il choisisse d'aller de l'avant, le dossier "Annexion des pays Baltes" sera certainement sur son bureau, et pourquoi il y aura des arguments pour "y aller" : forces disponibles et population déjà mobilisée, Européens encore à peine réarmés, Américains moyennement convaincus de la nécessité de défendre et dirigés par un président velléitaire... Mais je ne suis pas capable de le ressentir, de réagir émotionnellement à la perspective - pourtant tout à fait réaliste, je peux le voir - de mon pays forcé dès l'année prochaine de choisir entre d'une part abandonner un allié en rase campagne (et donc laisser s'écrouler tout son système d'alliances...) et d'autre part participer à une guerre dure et meurtrière, où des milliers de mes concitoyens pourraient mourir, où des missiles de croisière pourraient tomber sur mon pays Bien sûr, mon incapacité personnelle à faire marcher l' "intelligence émotionnelle" dans ce cas n'a pas de conséquence sérieuse. Mais si elle est partagée par les décideurs en France et dans les pays alliés ...