Aller au contenu
Fini la pub... bienvenue à la cagnotte ! ×
AIR-DEFENSE.NET

Wallaby

Members
  • Compteur de contenus

    24 492
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    67

Tout ce qui a été posté par Wallaby

  1. https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/rapports/due/l17b1588_rapport-information# (17 juin 2025) Rapport d'information déposé par la commission des affaires européennes sur les relations entre l’Union européenne et la Chine (Mme Sophia Chikirou), n° 1588 Il demeure évidemment nécessaire de protéger les intérêts stratégiques des nations de l’Europe : le rapport plaide pour une Europe qui défend intelligemment sa souveraineté économique face aux déséquilibres actuels des échanges par le biais, non pas de sanctions unilatérales, mais de mesures négociées telles que la mise en place de quotas d’importation sur des produits sensibles, la généralisation de prix planchers sur certains biens stratégiques, ou encore l’exigence de contreparties technologiques lors d’investissements étrangers soutenus par des fonds publics. Cette stratégie de « protectionnisme solidaire » n’est ni un repli ni une fermeture. Au contraire, elle doit permettre des protections mutuellement négociées et sécuriser les échanges pour chacune des parties, afin de ne plus subir les risques sur les chaînes d’approvisionnement. Ce rapport est aussi une mise en garde contre la « vassalisation » de l’Europe dans le face-à-face sino-américain [*], a fortiori avec le retour de Donald Trump au pouvoir et de son agressivité tous azimuts. Il est temps de réaffirmer clairement l’attachement européen au multilatéralisme et au droit international. L’Europe doit rompre avec “l’occidentalisme” (ou choc des civilisations) et la logique de bloc contre bloc promue par les Faucons américains et leurs porte-parole européens. En définitive, ce rapport met en lumière une conviction centrale de votre rapporteure : l’intérêt de la France et de l’Europe n’est pas de s’ériger en adversaires de la Chine, ni de se rallier aveuglément aux stratégies d’endiguement américaines, mais bien de construire avec Pékin une relation responsable et exigeante. Cela suppose une Europe sachant défendre fermement ses intérêts stratégiques et ses principes, tout en reconnaissant la Chine comme un partenaire indispensable pour relever les défis du siècle. [*] Voir aussi le concept de "yéménisation" de David Baverez : https://forum.air-defense.net/topic/25430-la-place-de-la-france-dans-un-monde-de-blocs/page/32/#comment-1807063 “Ce monde multipolaire peut être la meilleure des choses à condition que son développement soit harmonieux, que personne n’ait un comportement agressif, et que le dialogue et la concertation entre les différents pôles soient aussi bons et efficaces que possible. C’est ce que nous souhaitons, c’est ce que souhaite la Chine et c’est ce que nous indiquons dans notre déclaration commune » Jacques Chirac, lors de la conférence du 16 mai 1997, à Pékin « La Chine et l’Union européenne doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale. Cela permettra non seulement de préserver nos droits et intérêts légitimes, mais aussi de préserver l’équité et la justice internationales, et de faire respecter les règles et l’ordre internationaux » Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine, lors d’une rencontre à Pékin avec le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, avril 2025 « European Union is in many ways nastier than China, okay? Oh, they'll come down a lot. You watch. We have all the cards. They treat us very unfairly ([1])» Donald Trump, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, le 12 mai 2025
  2. https://www.questionchine.net/la-grande-disgrace-du-dialogue-chine-europe (27 juillet 2025) Même en s’obligeant à un optimisme diplomatique de bon aloi comme LesEchos qui titrait « Sommet Chine-UE : un dialogue franc et direct dans un climat tendu », impossible de ne pas être saisi par l’évidence que le dernier sommet Chine – Europe du 24 juillet fut un échec dont l’ampleur a touché aux limites de l’humiliation. L’alternance des sommets prévoyait que la rencontre se déroule en Europe. Or, il se trouve que Xi Jinping dont l’appétence pour l’Europe où il est souvent critiqué, n’est plus très enthousiaste, alors même que depuis 2013, il s’est rendu une dizaine de fois en Russie, avait fait savoir qu’il ne se déplacerait pas. Autre symptôme de la brouille, le communiqué commun, anormalement court, n’a mentionné que l’intention commune de lutter contre le réchauffement climatique. Le 26 mars 2019 à l’Élysée, lors de la 3e visite en France du Président Xi Jinping (...) E. Macron, JC Junker et Angela Merkel qui l’avaient accueilli ensemble sur le perron de l’Élysée pour marquer la solidarité européenne, avaient qualifié la Chine de « rival systémique. » Préférant les relations séparées avec les États, elle [la Chine] a violemment exprimé sa colère chaque fois que Bruxelles est sorti des limites des relations commerciales pour s’aventurer dans la « cour des grands » de la compétition stratégique. Par exemple à l’automne 2008, Pékin avait réagi avec une violence très peu diplomatique aux controverses sur la question tibétaine après les émeutes de Lhassa en mars 2008 et la rencontre du Président Sarkozy avec le Dalai Lama, le 6 décembre 2008 à Gdansk. A l’époque, indiquant au passage le peu de cas qu’elle faisait de l’UE et, signalant à l’inverse, la priorité absolue qu’elle accordait au respect de sa souveraineté et à l’unité de son territoire, sujets de nervosités récurrentes, la Chine avait purement et simplement boycotté le sommet annuel entre la Chine et l’UE, annonçant l’absence du Premier Ministre Wen Jiabao seulement quelques jours avant la date prévue. Un autre exemple de la vindicte chinoise contre l’UE eut lieu à l’été 2023. Jugeant que Bruxelles sortait du périmètre des affaires commerciales ou économiques, Pékin avait brutalement annulé la visite en Chine de Josep Borrell prévue le 10 juillet. La gifle diplomatique ripostait au discours d’ouverture du 18 avril 2023 de la session du parlement européen où Borrel mentionnait clairement que « Taiwan faisait partie du périmètre géostratégique de l’Europe [essentiel] pour garantir la paix. » Le 7 mai 2023, le China Daily en Anglais fustigeait le Haut Représentant sur un ton méprisant : « La Chine n’a que faire d’un faux-nez ou d’un porte-voix rabâcheur. Ce qu’elle veut c’est un partenaire de dialogue fiable, ayant l’esprit clair, capable de gérer prudemment et avec recul les problèmes complexes ». [En 2021, après les critiques européennes sur le traitement des Ouïghours] « La partie chinoise exhorte l’UE à réfléchir sur elle-même, à prendre conscience de la gravité de son erreur et à la réparer. Elle doit cesser de donner des leçons aux autres en matière de droits de l’homme et de s’ingérer dans leurs affaires intérieures. Elle doit mettre fin à la pratique hypocrite du deux poids, deux mesures et cesser de s’engager davantage dans la mauvaise voie. Dans le cas contraire, la Chine réagira résolument ». Il n’est pas anodin de rappeler que seuls les Occidentaux avaient condamné Pékin pour le traitement infligé aux Ouïghour. Au fond, face à la Chine qui s’adosse au « Sud Global », animé comme elle d’une rancœur anti-occidentale, l’Union Européenne, « grand marché » souvent désuni souffre à la fois d’un déficit de puissance et de la concurrence de l’Amérique. L’Europe n’a jamais été pour la Chine qu’une opportunité épisodique, de faire peser un contrepoids face à Washington.
  3. L'Ukraine c'est l'Afrique, c'est le Proche-Orient et c'est le Caucase. C'est le Vietnam. C'est l'Afghanistan. Comme le dit Mark Galeotti, chercheur au Royal United Service Institute (RUSI) en décembre 2023 : Il n'est pas impossible, après tout, d'imaginer un monde dans lequel la Russie gagnerait, non pas en s'emparant de toute l'Ukraine, mais en parvenant à contrôler de facto la Crimée et une partie du sud-est ukrainien. Et ce n'est pas la fin du monde [le ciel ne tombe pas sur la tête / the sky does not fall] pour l'Europe. Je veux dire qu'il s'agit en quelque sorte d'une guerre, mais elle ressemble à tant d'autres guerres que l'Occident a menées ailleurs, loin de ses frontières, et qu'il pouvait finalement se permettre de perdre si nécessaire.
  4. source : https://www.noahpinion.blog/p/xi-jinping-is-the-main-thing-holding
  5. Le Point corrige le tir avec cet éditorial de Nicolas Baverez prenant au sérieux l'hypothèse d'un affaiblissement du pouvoir de Xi Jinping : https://www.lepoint.fr/editos-du-point/chine-le-pouvoir-absolu-de-xi-jinping-est-il-en-train-de-vaciller-28-07-2025-2595221_32.php Chine : le pouvoir absolu de Xi Jinping est-il en train de vaciller ? Le retrait constaté du président chinois pourrait annoncer le retour à une direction collégiale. Avec pour objectif une réorientation économique. La préparation du 21e congrès du Parti communiste paraît devoir être placée sous le signe de la remise en question de la toute-puissance du président Xi. La nature totalitaire du régime et le monopole du parti ne sont nullement en cause ; sa libéralisation n'est pas à l'ordre du jour. Le maintien de Xi à la tête de l'État et son rôle de noyau de la direction ne sont pas menacés. Mais le parti mettrait fin à l'exercice solitaire du pouvoir et reviendrait à un mode de décision collégial. La priorité pourrait être de nouveau donnée à la réforme, au développement du secteur privé et à l'ouverture, conformément aux principes arrêtés en 1979 par Deng Xiaoping pour sortir du maoïsme et moderniser le pays.
  6. S'unir avec l'UE, c'est s'unir avec des pays qui sont des chevaux de Troie de l'Amérique. C'est s'unir avec des pays qui ne sont pas souverains, donc se vassaliser avec eux. Se co-vassaliser. Comme disait De Gaulle dans le texte que j'ai cité il y a quelques jours : Dans ce même texte, De Gaulle refusait, en termes diplomatiques, mais refusait l'entrée de l'Angleterre dans l'UE de l'époque qui s'appelait marché commun. L'élargissement de l'Union Européenne, s'est faite vers des pays, souvent des petits pays, qui mangent dans la main des Américains et à qui on offre plus de députés européens par habitant qu'aux Français ou aux Allemands. Si on voulait une Europe souveraine, la première mesure à faire serait d'arrêter les élargissements, voire de commencer le rétrécissement. Je rappelle à cet égard la position de Sylvie Goulard.
  7. https://www.lecho.be/opinions/general/olivier-schmitt-les-etats-unis-ont-un-role-toxique-au-sein-de-l-otan/10611127.html (12 juin 2025) Olivier Schmitt Pour atteindre une efficacité militaire maximale, il faudrait un commandement unifié et une spécialisation des pays selon leurs capacités respectives. Mais politiquement, aucun État n’est prêt à devenir dépendant des autres. La France refuse certaines formes d’intégration afin de conserver sa souveraineté stratégique. Quant aux Suédois et aux Finlandais, ils ont été surpris par le niveau de coordination requis. Ils pensaient qu’on leur confierait simplement la défense du flanc nord, sans trop d’ingérence. Mais ils ont découvert que l’Otan repose sur une organisation très intégrée, qui impose de discuter avec d’autres États pour définir ensemble la stratégie.
  8. Je rappelle les concepts d'Olivier Schmitt : "Pacte de Varsovie" et "racket de protection" :
  9. Pour compléter la liste des victimes des nationalistes ukrainiens affiliés directement à Bandera ou pas : [1] Les Juifs https://fr.wikipedia.org/wiki/Pogroms_de_Lviv_de_1941 Peu après l'arrivée des Allemands en ville, les pogroms commencent, perpétrés par des nationalistes ukrainiens Techniquement Lviv est en Pologne à cette époque - d'ailleurs s'appelle Lwów en polonais - donc les victimes du pogrom ont la citoyenneté polonaise. https://lia.lvivcenter.org/en/storymaps/jewish-lviv/ La ville abritait à la fois des Juifs orthodoxes qui parlaient principalement le yiddish et suivaient la tradition et la loi religieuses (Halakha) et des Juifs dits acculturés, intégrés à la culture polonaise, qui se percevaient comme des Polonais (et parlaient principalement le polonais) mais qui reconnaissaient également leur appartenance juive. [2] Indirectement, toutes les victimes du nazisme par des choix de collaboration qui en entraînent d'autres ou en légitiment d'autres. Par exemple, le choix de collaboration fait par le soldat qui a été acclamé par Justin Trudeau et Volodymyr Zelensky à la chambre des Communes d'Ottawa le 27 septembre 2023 https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/27/au-canada-apres-l-hommage-rendu-par-erreur-a-un-ex-soldat-nazi-justin-trudeau-presente-ses-plus-sinceres-excuses_6191318_3210.html Ce dernier fut en réalité membre de la division Galicie de la Waffen-SS. https://www.historyanswers.co.uk/history-of-war/stepan-bandera-the-holocaust-1939-1943/ Néanmoins, la différence idéologique entre l'UON-M et l'UON-B s'est avérée peu distincte dans la réalité du front de l'Est et la maxime « l'ennemi de mon ennemi est mon ami » a entraîné la faction de Bandera dans une relation de plus en plus étroite avec les nazis, aussi facilement que leurs rivaux. En 1940, Bandera, tout comme Melnyk, était considéré comme un mandataire ("proxy") allemand par l'Abwehr et, dans un rapport, le capitaine Lazarek, commandant adjoint de la section 202 de l'Abwehrstelle, affirmait que Bandera avait reçu 2,5 millions de Reichsmarks pour entreprendre une guérilla dans la sphère soviétique de la Pologne. Malgré sa haine des Soviétiques, Bandera était plus qu'heureux d'apprendre de leur application impitoyable de la doctrine politique et, en 1940, il a créé le Sluzhba Bezpeky (Service de sécurité) sur le modèle de la Tchéka, la tristement célèbre police secrète de Lénine. La Tchéka avait été incorporée au NKVD en 1922 en tant qu'aile politique, mais sa réputation n'était pas usurpée et, à son image, le SB deviendrait plus tard un symbole de justice sommaire et de terreur politique à l'ombre du front de l'Est. Entre février et mai 1941, l'Abwehr, à l'instigation de Bandera, commence à mobiliser les nationalistes ukrainiens en vue de leur prochaine invasion de l'Union soviétique - l'opération Barbarossa - en formant deux unités d'infanterie ukrainiennes de plus de 350 hommes chacune, le groupe spécial Nachtigall (qui signifie Rossignol) et le groupe spécial Roland. Portant la tenue de combat standard de la Wehrmacht et le ruban bleu et jaune du drapeau ukrainien sur les épaules, ces unités ont été recrutées en grande partie au sein de l'OUN-B et Bandera les a suivies au combat le 22 juin 1941 lorsqu'elles ont franchi la frontière et pénétré dans la Pologne occupée par l'Union soviétique. [Une Pologne occupée par l'Union Soviétique qui inclut ce que nous appelons aujourd'hui l'ouest de l'Ukraine] Tandis que Nachtigall et Roland se battent sur le front, l'OUN organise des raids derrière les lignes et ordonne « l'exécution en bloc des ennemis ». Ces actions de partisans sont rapidement réprimées par la police secrète soviétique, mais l'assaut allemand s'avère bien plus difficile à résister pour l'Armée rouge, mal préparée. [Une Armée rouge qui se retrouve, de facto dès le déclenchement de Barbarossa, alliée de l'Angleterre et qui sera alliée de l'Amérique et de la France] Le 30 juin, l'armée allemande et ses cohortes ukrainiennes sont entrées dans la ville de Lwów (aujourd'hui Lviv en Ukraine) où le commandant en second de Bandera, Yaroslav Stetsko, a allumé Radio Lwów et proclamé l'indépendance de l'Ukraine sans apparemment en parler aux Allemands. Ignorant ce faux pas et rempli de zèle pour ses bienfaiteurs apparemment merveilleux, Stetsko a exhorté ses nouveaux compatriotes à « coopérer étroitement avec la Grande Allemagne nationale-socialiste qui, sous la direction de son Führer, Adolf Hitler, crée un nouvel ordre en Europe et dans le monde ». Les tracts de l'OUN-B s'écriaient de la même manière : "la peste rouge juive et moscovite a été détruite... gloire à l'Organisation des nationalistes ukrainiens et à son chef Stepan Bandera ! Gloire à l'armée allemande libératrice et à son Führer Adolf Hitler !". [3] Les Ukrainiens accusés d'être collaborateurs de l'Union Soviétique et toutes les victimes collatérales : [4] Hache de guerre enterrée... ou pas :
  10. https://www.deutschlandfunk.de/russlands-praesident-putin-kuendigt-weitere-aufruestung-der-flotte-an-100.html (28 juillet 2025) Le président russe Poutine a annoncé un réarmement des forces navales. D'ici la fin de l'année, deux brigades d'infanterie de marine seront transformées en divisions, a déclaré Poutine à l'issue d'une manœuvre navale. Trois autres divisions suivront.
  11. Ou est-ce que ça ne veut pas dire que l'Ukraine n'a plus assez de troupes pour défendre une ville maison par maison, comme c'était le cas plus tôt dans cette guerre ? L'Ukraine serait entrée dans une phase où elle fait beaucoup plus attention à économiser ses troupes.
  12. Qu'est-ce qui te fait dire que cet accord est un mauvais accord ? Est-ce qu'il ne faut pas se donner rendez-vous dans un an, ou un peu plus, le temps de voir ce qui se passe au bout d'un an de fonctionnement de cet accord et de regarder ce que devient la balance commerciale entre l'UE et les États-Unis ? Si au bout d'un an cette balance est toujours excédentaire en faveur de l'UE, où est le problème ? Les 15% de droits de douane, c'est le consommateur américain qui va les payer, pas nous.
  13. Après le "moment Spoutnik", le "moment Deepseek" : https://www.nytimes.com/2025/07/17/opinion/trump-america-china.html La semaine dernière, sur son blog « Marginal Revolution », Alex Tabarrok, un économiste de George Mason, nous a demandé de comparer le comportement des États-Unis pendant la première guerre froide (contre l'Union soviétique) avec celui des États-Unis pendant la deuxième guerre froide (contre la Chine). Dans les années 1950, les services de renseignement américains ont laissé entendre que l'Union soviétique était en train de dépasser les capacités des États-Unis dans toute une série de technologies militaires. Puis, le 4 octobre 1957, l'Union soviétique a lancé le premier satellite, Spoutnik, dans l'espace. Les Américains ont été choqués mais ont réagi avec confiance. En l'espace d'un an, les États-Unis ont créé la NASA et l'A.R.P.A. (plus tard DARPA), l'agence de recherche qui a notamment contribué à la création de l'internet. En 1958, Dwight Eisenhower signe le National Defense Education Act, l'une des plus importantes réformes éducatives du XXe siècle, qui améliore la formation, notamment en mathématiques, en sciences et en langues étrangères. Le budget de la National Science Foundation a triplé. Le ministère de la défense a considérablement augmenté ses dépenses en matière de recherche et de développement. En l'espace de quelques années, les dépenses totales de recherche et de développement de nombreuses agences ont atteint près de 12 % de l'ensemble du budget fédéral. ( Elles représentent environ 3 % aujourd'hui). Le financement total de la recherche et du développement en Chine a été multiplié par 16 depuis 2000. Aujourd'hui, la Chine devance les États-Unis dans toute une série de domaines universitaires. En 2003, les universitaires chinois produisaient très peu d'articles de recherche largement cités. Aujourd'hui, ils produisent plus d'articles de recherche « à fort impact » que les Américains et, selon The Economist, ils dominent absolument la recherche dans les domaines suivants : science des matériaux, chimie, ingénierie, informatique, environnement et écologie, agronomie, physique et mathématiques. Entre 2003 et 2007, selon une étude de l'Australian Strategic Policy Institute, les États-Unis étaient en tête dans 60 des 64 technologies d'avant-garde, couvrant des secteurs tels que la défense, l'espace, l'énergie, l'environnement, l'informatique et la biotechnologie. Entre 2019 et 2023, les Chinois seront en tête dans 57 de ces 64 technologies clés, tandis que les États-Unis ne le seront que dans sept d'entre elles. Les progrès de la Chine dans le domaine de la biotechnologie sont surprenants. En 2015, les fabricants chinois de médicaments représentaient un peu moins de 6 % des médicaments innovants en cours de développement dans le monde. Dix ans plus tard, les fabricants chinois de médicaments sont presque à parité avec les fabricants américains. La course à l'I.A. est peut-être la plus cruciale, car elle sera probablement la technologie dominante des prochaines décennies. « Le facteur n° 1 qui déterminera si les États-Unis ou la Chine remportent cette course est la technologie qui sera la plus largement adoptée dans le reste du monde », a déclaré Brad Smith, président de Microsoft, lors d'une audition au Congrès. "Celui qui y parviendra le premier sera difficile à supplanter". Comment l'Amérique répond-elle au plus grand défi de la deuxième guerre froide ? En augmentant considérablement la recherche ? En injectant de l'argent dans les écoles et les universités qui forment les jeunes esprits et produisent de nouvelles idées ? Nous faisons exactement le contraire. Les dirigeants d'aujourd'hui ne semblent pas comprendre ce que les Chinois ont clairement compris, à savoir que l'avenir sera dominé par le pays qui tirera le meilleur parti de ses talents. Sur son blog, Tabarrok ne s'y trompe pas : « Le moment DeepSeek n'a pas été accueilli avec détermination et compétition, mais avec anxiété et repli ». Les populistes sont anti-intellectuels. Le président Trump n'injecte pas d'argent pour la recherche dans les universités, il l'épuise. L'administration n'est pas en train de tripler le budget de la National Science Foundation, elle essaie de le vider de sa substance. Selon l'American Association for the Advancement of Science, l'administration tente de réduire d'un tiers l'ensemble du financement fédéral de la recherche fondamentale. Une enquête menée par la revue Nature auprès de 1 600 scientifiques américains a révélé que les trois quarts d'entre eux ont envisagé de quitter le pays. La réponse à la menace de Spoutnik était de se tourner vers l'extérieur et d'être compétitif. La réponse de Trump à la menace chinoise consiste généralement à construire des murs, à ériger des barrières commerciales et à se replier sur lui-même. Un pays normal renforcerait ses liens d'amitié avec toutes les nations autres que la Chine, mais les États-Unis brûlent les ponts dans toutes les directions. Un pays normal essaierait de restaurer l'industrie navale américaine en en faisant la meilleure au monde. Nous essayons de la sauver par le protectionnisme. Le raisonnement semble être le suivant : "Nous pouvons protéger nos industries médiocres en nous isolant du reste du monde". C'est la recette du déclin national.
  14. Indonésie : https://www.lowyinstitute.org/the-interpreter/indonesia-discount (28 juillet 2025) Initialement fixé à 32 %, menacé de passer à 42 %, puis « compromis » à 19 %, Jakarta s'est empressé de proclamer que le résultat des négociations tarifaires avec le président américain Donald Trump était un triomphe diplomatique. Pourtant, derrière ce prétendu sursis se cachait un lourd tribut : un engagement de 15 milliards de dollars US pour le GNL, 4,5 milliards de dollars US pour les importations de céréales et de soja du Midwest, et 50 avions gros porteurs Boeing dont les opérateurs éventuels restent incertains. À l'étranger, [Prabowo Subianto] présente l'entrée de l'Indonésie dans les BRICS comme si elle déplaçait le centre gravitationnel de la diplomatie de Jakarta. Pourtant, dès que Washington brandit des tarifs douaniers, la bravade se dégonfle. Quel est le sens de la multipolarité si un seul pays peut encore nous dicter notre conduite avec une telle facilité ? L'Indonésie rejoint les BRICS comme un symbole et non comme un levier. À Pékin et à Moscou, Prabowo sourit. À Washington, il se prosterne. Les droits de douane ne sont plus de simples instruments de marché ; ce sont des armes géopolitiques qui imposent la loyauté. Un « rabais » de 19 % n'est pas de la bonne volonté, mais un rappel que l'accès au marché américain est conditionnel, écrit unilatéralement pour servir les intérêts américains. Chaque dollar que l'Indonésie dépense en GNL, en céréales et en avions Boeing renforce la base électorale de Trump. Pour les États-Unis, il s'agit de politique intérieure. Pour l'Indonésie, il s'agit d'hypothéquer l'avenir pour un sursis éphémère. Les tarifs douaniers de Trump sont le symptôme d'une absence de vision plus profonde. Nous répondons aux menaces en renonçant à l'avenir. Nous ouvrons de nouvelles portes à la dépendance simplement pour retarder les anciens coups. La souveraineté ne s'effondre pas du jour au lendemain. Elle s'érode lentement au fil des remises tarifaires présentées comme des victoires, au fil des concessions justifiées comme étant du pragmatisme. Aujourd'hui, nous importons des céréales ; demain, nous importerons des postures ; le jour suivant, nous importerons des principes. Il ne s'agit plus d'occasions manquées. Il s'agit d'une nation qui perd son sens. Si vous attendez trop longtemps à la croisée des chemins, vous disparaissez de la route. Continuez à vous incliner, et l'Indonésie ne sera plus qu'une note de bas de page. Virdika Rizky Utama, alias Virdi, est chercheur en sciences politiques et directeur exécutif du syndicat PARA à Jakarta. Il est titulaire d'une maîtrise en sciences politiques de l'université Jiao Tong de Shanghai (SJTU), en Chine, et ses recherches portent sur le Sud global, la politique étrangère de la Chine et les relations entre la Chine et l'Indonésie.
  15. https://www.theguardian.com/world/2025/jul/26/attempt-to-unseat-24-pro-china-opposition-politicians-in-taiwan-appears-to-fail Échec de la tentative de destitution de 24 politiciens d'opposition « pro-Chine » à Taïwan Les électeurs rejettent toutes les motions de rappel dans le cadre d'une tentative soutenue par le DPP de renverser les députés de l'opposition et d'obtenir une majorité législative. Les alliés de l'opposition avaient utilisé leurs voix pour bloquer les projets de loi du DPP, y compris les budgets de la défense, geler les nominations à la cour constitutionnelle et proposer des projets de loi qui, selon les critiques, affaibliraient les défenses de Taïwan. Ces obstructions avaient donné lieu à des manifestations de masse qui ont donné naissance au mouvement de destitution. Le Kuomintang devrait être enhardi par sa victoire retentissante de samedi.
  16. Il n'est pas qu'importé. Il est surtout fabriqué en Russie. Il a juste changé de nom et s'appelle désormais "Dobry Cola" : https://www.20min.ch/fr/story/le-substitut-russe-de-coca-cola-a-des-liens-avec-la-suisse-250916216304 (19 janvier 2023) Les grands détaillants russes vendent désormais un substitut. Son nom? Dobry Cola. Et cette nouvelle boisson est très similaire au Coca-Cola original, rapporte le «Tages-Anzeiger» (article abonné). En analysant le Registre du commerce russe, le journal alémanique a découvert que le Dobry Cola est produit par Multon Partners, une entreprise dont le siège est à Moscou et qui jusqu’à fin juillet s’appelait encore… Coca-Cola HBC Russie. Et cette dernière appartient à une entreprise suisse dont le siège social est à Steinhausen dans le canton de Zoug. source : https://theins.ru/en/news/270576 (5 avril 2024) Les bénéfices de Multon Partners LLC, la division russe de Coca-Cola HBC Holdings B.V., ont atteint 10,25 milliards de roubles (un peu plus de 111 millions de dollars) en 2023, soit plus de quatre fois plus qu'en 2022 (2,3 milliards de roubles), selon les états financiers de la société. Alors que les investissements ont été suspendus et que le concentré destiné à la production des boissons traditionnelles de Coca-Cola HBC n'a plus été fourni, la division russe de l'entreprise a commencé à acheter des matières premières sur le marché intérieur. À la fin de l'année 2023, « Dobry Cola » est devenue l'une des dix marques de produits de consommation courante les plus populaires auprès des consommateurs russes, selon une analyse du cabinet d'études NTech. « Dobry » est également devenu le leader du marché dans la catégorie des boissons gazeuses sucrées, dépassant « Chernogolovka » et Cool Cola. Dans un commentaire adressé à Reuters en août 2022, Coca-Cola HBC a déclaré que « Dobry Cola n'a aucun lien avec Coca-Cola ou la société Coca-Cola ». En fait, la société elle-même, anciennement Coca-Cola HBC (Coca-Cola HBC Eurasia LLC), a changé de nom pour devenir Multon Partners, mais elle reste la propriété de la société néerlandaise Coca-Cola HBC Holdings B.V., qui fait elle-même partie de la société mondiale Coca-Cola Hellenic Bottling Company (HBC). La société Coca-Cola, dont le siège est à Atlanta et qui est cotée à la bourse de New York, détient notamment une participation de 23,2 % dans Coca-Cola HBC AG. source : https://united24media.com/latest-news/despite-exit-coca-colas-russian-operations-seem-to-continue-under-new-branding-803 (18 juin 2024) Malgré le retrait de Coca-Cola de Russie à la suite de l'invasion totale, la boisson reste accessible aux consommateurs par le biais d'importations en provenance de pays voisins tels que la Géorgie et le Kazakhstan. Une loi récemment adoptée autorise la vente de ces produits de marque même sans le consentement du détenteur de la marque. Cette disponibilité continue a permis à Coca Cola de devenir la troisième marque de soda en Russie, avec une part de marché de 6 % selon Prodazhi.
  17. https://kyivindependent.com/24-hours-inside-pokrovsk-battle-for-key-ukrainian-city-enters-its-final-act/ (17 juillet 2025) Dans ce qui pourrait être l'une des dernières visites de journalistes dans la ville, le Kyiv Independent a passé 24 heures à Pokrovsk, embarqué dans une équipe de drone à vue subjective (FPV) de la 68e brigade Jaeger d'Ukraine. « La ville [Pokrovsk] tient bon, mais on peut voir ce qui se passe sur les flancs, » explique Venia. "L'ennemi s'approche par le côté et cherche à couper la route principale. S'il se rapproche, nous devrons nous replier." "Malheureusement, ce n'est qu'une question de temps, et une fois que ce sera fait, ils pourront prendre la ville elle-même sans trop se battre".
  18. https://www.cvce.eu/obj/compte_rendu_des_entretiens_entre_le_general_de_gaulle_et_harold_macmillan_rambouillet_15_decembre_1962-fr-90656072-8af5-49ae-9230-b34bbb032a15.html Compte rendu des entretiens entre le général de Gaulle et Harold Macmillan (Rambouillet, 15 décembre 1962) p. 538 Macmillan : C'est un fait que l'Angleterre dispose d'une force nucléaire ; que la France en aura une bientôt. Il convient que l'une et l'autre demeurent sous le contrôle national. Cela est capital pour les deux pays s'ils veulent maintenir leur indépendance, politique et morale, dans le monde et ne pas être des satellites des États-Unis. p. 540 De Gaulle : Il se pourrait, par exemple, que la France se sente menacée et se défende en conséquence si les Russes attaquaient Hambourg ou Munich, alors que les États-Unis ne lanceraient pas pour cela leurs fusées. La France doit donc disposer d'une force qui lui soit propre et être en mesure d'agir éventuellement la première. p. 542 MacMillan : le vieux monde ne doit pas, entre les deux géants, être balkanisé. Cette unité européenne pourrait être l'égale des deux grands en richesse, en population et en force militaire. p. 542 De Gaulle : Cela se fera plus facilement lorsque les pays d'Europe seront indépendants et qu'ils seront décidés - en particulier et surtout l'Angleterre - à se rendre maîtres de leur propre destin. (...) Or l'Angleterre n'a pas renoncé à maintenir des liens particuliers avec l'Amérique, ni l'Allemagne pour de tout autres raisons. Aussi lorsqu'on parle au Chancelier ou à M. Macmillan de faire quelque chose d'européen, on n'aboutit à aucun résultat, car tous les deux en réfèrent toujours aux États-Unis, et l'on se retrouve à l'OTAN. Ce n'est pas un reproche que de constater cet état de fait qui a été imposé par la dernière guerre. Pour gagner celle-ci, l'Angleterre a dû accepter le leadership de l'Amérique, puis elle est restée liée à celle-ci pour des raisons d'ordre politique aussi bien que militaire. L'Allemagne, elle, a peur de l'URSS. Elle a donc besoin d'être protégée par les États-Unis. Ni l'Angleterre, ni l'Allemagne n'ont encore fait assez de chemin en direction d'une Europe indépendante. p.,543 De Gaulle : Je ne vois pour l'instant que la Russie et les États-Unis qui soient réellement indépendants. Un jour peut-être verrons nous l'Europe le devenir. Pour l'instant elle ne peut pas se faire, car les pays qui la composent n'y sont pas résolus. S'il y a des gens en Allemagne, en Belgique et en France même pour réclamer une fédération, à la suite de M Jean Monnet, c'est précisément pour se dispenser d'avoir une politique nationale et, au moyen d'une Commission de sages, faire celle que souhaitent les États-Unis. Quand les Anglais seront redevenus assez anglais pour n'être que cela, les Français français, et les Allemands allemands, on pourra faire beaucoup de choses, mais on n'en est pas encore là. p. 545 De Gaulle : En ce qui concerne l'Europe, je dois constater que l'essai d'organisation politique n'a pas abouti. Les Cinq ont cherché tous les prétextes pour ne pas organiser une politique commune de l'Europe. Les Allemands ont invoqué les États-Unis, les Belges et les Hollandais, l'Angleterre. L'Italie, toutes sortes d'arguments. Au fond, ces pays ne désirent même pas organiser une défense européenne et, si l'Angleterre venait à adhérer à l'Europe, il n'en irait pas différemment. Il y a certes des points communs entre la France et l'Angleterre, mais il n'y a ni politique européenne, ni défense commune. Les relations n'en restent pas moins bonnes et si la guerre éclatait on se retrouverait nécessairement côte à côte. p. 553 M De Gaulle reconnaît le chemin parcouru par la Grande-Bretagne depuis la guerre et l'époque où M Churchill déclarait qu'entre l'Europe et les États-Unis, son pays choisirait toujours les États-Unis. Il souligne toutefois qu'au sein du Marché Commun, le poids de la France est considérable. Si la Grande-Bretagne y entrait, bientôt suivie des Norvégiens, des Danois, des Irlandais, nul ne peut dire ce que deviendrait le Marché Commun, et l'Europe elle-même. N'est-il pas normal qu'on hésite avant de considérer cette éventualité ?
  19. https://www.bbc.com/news/articles/cy854585r32o (26 juillet 20025) Le président américain a écrit sur Truth Social que les deux nations « ont accepté de se rencontrer immédiatement et de travailler rapidement à un cessez-le-feu et, en fin de compte, à la PAIX ». Le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a confirmé « qu'en principe, la partie thaïlandaise a accepté le cessez-le-feu ». Mais il a ajouté que la Thaïlande « aimerait voir la sincérité de la partie cambodgienne dans cette affaire ». M. Trump a déclaré qu'il était impatient de reprendre les négociations commerciales avec le Cambodge et la Thaïlande, mais qu'il n'était pas approprié de tenir des discussions tant que les « combats ne cessent pas ». Il est intervenu une semaine avant l'entrée en vigueur des droits de douane américains sur le Cambodge et la Thaïlande. À partir du 1er août, les entreprises américaines qui expédient des marchandises en provenance de Thaïlande ou du Cambodge devront payer une taxe de 36 %, à moins qu'un accord ne soit conclu avant cette date. L'implication de M. Trump dans cette situation n'est pas claire, étant donné que le ministre thaïlandais des affaires étrangères, Maris Sangiampongsa, a déclaré il y a tout juste un jour : « Je ne pense pas que nous ayons encore besoin de la médiation d'un pays tiers ».
  20. https://www.leparisien.fr/international/tensions-thailande-cambodge-cest-quoi-le-gripen-39-lavion-suedois-utilise-pour-la-premiere-fois-au-combat-26-07-2025-INP5MFUHIBCPTL3OF2H7AV7JYQ.php Deux JAS Gripen 39 de confection suédoise ont également été utilisés pour frapper des cibles stratégiques dans les zones frontalières, selon les médias thaïlandais. Le JAS Gripen 39 n’avait jusqu’ici jamais été déployé sur un théâtre d’opérations militaire, se contentant d’opération de reconnaissance comme en 2011 lors de la guerre en Libye ou d’une simple batterie de test comme en 2015 lors d’un exercice mené par les forces aériennes thaïlandaises et chinoises.
  21. https://responsiblestatecraft.org/huckabee-israel-2673371123/ (19 juillet 2025) Dans une lettre adressée récemment au ministre israélien de l'intérieur, Moshe Arbel, obtenue par le Times of Israel, Huckabee a exprimé sa frustration face à la politique israélienne, apparemment nouvelle, consistant à empêcher les chrétiens américains d'entrer dans le pays et a même menacé de faire de même avec les Israéliens souhaitant se rendre aux États-Unis si rien ne changeait.
  22. Alors voilà : j'ai remis la main sur le bouquin. Il s'agit de Maurizio Peleggi, Thailand : the worldly kingdom, 2007. Peleggi est un Italien prof à l'Université Nationale de Singapour. p.58 Les sociétés précoloniales d'Asie du Sud-Est accordaient peu d'importance à la délimitation des frontières. Les bornes et les maisons de garde placées par intermittence sur les voies de passage et les points stratégiques marquaient l'extension de l'autorité du souverain mais ne délimitaient pas son royaume. La souveraineté d'un royaume se confondait avec celle d'un autre en fonction des allégeances changeantes des petites entités situées à la marge. Les conflits dans l'Asie du Sud-Est précoloniale tournaient autour du contrôle non pas de la terre, qui était abondante, mais des populations, qui étaient rares et constituaient donc une ressource précieuse. Les guerres se soldaient souvent par le transfert forcé de populations captives, l'un des derniers exemples en date étant la réinstallation massive de populations lao sur le plateau de Khorat après la victoire de Bangkok face au roi de Vientiane dans les années 1820.2 L'historien O. W. Wolters a décrit la dimension spatiale de la gestion de l'État en Asie du Sud-Est, en se référant à la conception cosmographique hindou-bouddhiste du mandala, comme "une situation politique particulière et souvent instable dans une zone géographique vaguement définissable, sans frontières fixes, où les petits centres avaient tendance à chercher la sécurité dans toutes les directions". Dans les régions de peuplement thaï, l'orbite du mandala se composait de entités politiques non délimitées centrées sur la ville royale principale, ou parfois sur une ville plus petite dirigée par un vice-roi (Lopburi avait cette fonction dans le royaume d'Ayutthaya), et sur les campagnes environnantes, qui produisaient les denrées agricoles nécessaires au soutien de la cour et de la noblesse. Plus qu'une entité géopolitique définie, l'entité politique traditionnelle thaïlandaise, appelée muang, est mieux comprise comme la configuration spatiale d'une relation hiérarchique de pouvoir ; les dirigeants des muang plus petits se soumettaient à l'autorité du suzerain du muang plus grand en acceptant le statut de tributaire. L'absence de frontières territoriales fixes entre les muang souligne la fluidité de la souveraineté dans les régions frontalières, où les seigneurs tributaires passaient d'un suzerain à un autre si le premier ne les protégeait pas, et se soumettaient même à deux ou plusieurs suzerains en même temps s'ils étaient jugés aussi puissants l'un que l'autre. p.59 Les techniques cartographiques et topographiques, développées sur les océans et perfectionnées sur les champs de bataille depuis les années 1500, sont devenues des outils essentiels de l'État moderne en raison de l'importance politique que la délimitation des frontières a acquise en Europe après la guerre de Trente Ans (1618-48). Les Français et les Britanniques, qui avaient réalisé des levés topographiques exhaustifs de leurs propres pays dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, étaient bien équipés pour entreprendre la cartographie de leurs empires d'outre-mer : L'Égypte a été étudiée au cours de la première décennie du XIXe siècle pendant l'occupation napoléonienne, tandis qu'entre 1818 et 1840, les Britanniques ont réalisé ce que l'on appelle la Grande étude trigonométrique de l'Inde. Après l'occupation britannique de la Basse-Birmanie en 1824, les levés topographiques ont été associés, littéralement et métaphoriquement, à la formation de l'État thaïlandais moderne. Les Britanniques ont soulevé pour la première fois la question de la frontière entre la Basse-Birmanie et le Siam auprès de Bangkok en 1824, mais les Thaïlandais ont refusé d'entamer des négociations. Dix ans plus tard, les Britanniques s'adressent au roi de Chiang Mai et lui proposent de considérer la rivière Salween comme la frontière naturelle entre la province du Tenasserim et le royaume de Lanna (un muang thaïlandais tributaire de Bangkok). Le souverain de Chiang Mai accepta et donna même aux Britanniques certains territoires sous son contrôle en guise de geste de bonne volonté, mais refusa de participer à la démarcation de la frontière, que les Britanniques entreprirent avec l'aide des anciens karens en 1849. Cette frontière fut ratifiée en 1874 par le premier traité stipulé entre le Siam et le vice-roi des Indes. En 1880, les autorités de l'Inde britannique demandèrent à Bangkok l'autorisation de laisser entrer des géomètres sur son territoire afin d'achever la triangulation de la Basse-Birmanie du côté siamois. Malgré les inquiétudes initiales, les Thaïlandais ont finalement consenti à la demande et ont fini par employer un géomètre anglais, J. F. McCarthy, pour entamer en même temps les triangulations d'une carte du Siam. Le Royal Survey Department, qui dépend du ministère thaïlandais de l'Intérieur, a été créé cinq ans plus tard, en 1885. La même année, les Britanniques ont conquis la Haute-Birmanie ; par la suite, une équipe de fonctionnaires britanniques et thaïlandais a mené une enquête conjointe le long de la frontière nord, qui a abouti à la démarcation de la frontière en 1893. p.60 L'espoir mal placé de faire de la Grande-Bretagne un allié contre la France est probablement à l'origine de l'empressement des Thaïlandais à coopérer à la délimitation de la frontière avec la Birmanie britannique, sans compter la valeur commerciale considérable des forêts de teck situées le long de la frontière. L'intervention britannique dans le conflit entre les sultanats malais et la création consécutive des Etats malais fédérés en 1895 ont donné à Bangkok l'occasion d'établir un contrôle direct sur ses principautés tributaires dans la péninsule. En 1909, Bangkok a toutefois cédé à la Grande-Bretagne quatre principautés malaises (Kedah, Perlis, Kelantan et Trengganu) en raison de leur résistance à l'incorporation dans l'État thaïlandais, en échange de concessions diplomatiques et financières ; les négociations pour la démarcation de la frontière entre le Siam et la Malaisie britannique ont été entamées peu après5. En revanche, la délimitation des frontières entre le Siam et les protectorats voisins du Laos et du Cambodge, qui étaient désormais [*] des protectorats français, a donné lieu à un différend qui s'est étalé sur quatre décennies - de 1867, lorsqu'un envoyé thaïlandais a signé à Paris un traité reconnaissant l'autorité exclusive de la France sur le royaume du Cambodge (tributaire de Bangkok), à 1907, lorsque le roi Chulalong-Korn a ratifié le traité qui a réglé le différend frontalier, toujours à Paris. Entre les deux, les armées thaïlandaises et françaises se sont affrontées en 1888 à Dien Bien Phu, où elles avaient convergé pour réprimer une bande itinérante de bandits chinois, les Ho, et, ce qui est plus célèbre, en juillet 1893 à l'embouchure de la Chaophraya, où les Français avaient organisé un blocus à l'aide de canonnières. Cet épisode occupe une place centrale dans le récit historique national de la Thaïlande en tant qu'acte d'agression impérialiste qui a finalement conduit à la mutilation du territoire du Siam. Pourtant, l'historien Thongchai Winichakul a soutenu de manière controversée que la Thaïlande en tant qu'entité géopolitique avait en fait été créée par la cartographie coloniale et que le véritable perdant de la lutte pour la délimitation des frontières n'était pas le Siam mais les muang semi-autonomes, dont le statut ambigu sous le régime précolonial de souveraineté multiple n'était plus viable dans l'ordre mondial moderne d'États nationaux et coloniaux délimités.6 [*] Ils étaient avant la conquête française vassaux du Siam.
  23. Encore une fois je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de guerres. Et le sac et le pillage étaient une pratique de guerre courante jusqu'à il y a relativement peu de temps. La France et la Grande Bretagne ont pillé le palais d'été de Pékin en 1860, et le trésor du palais royal d'Abomey dans ce qu'on appelle aujourd'hui le Bénin a été pillé par la France en 1891. Pour revenir à la Thaïlande, tout le monde connaît l'histoire du Bouddha d'émeraude, qui était dans le royaume indépendant de Chiang Mai puis fut saisi au XVIe siècle par les rois du Laos qui l'amenèrent à Louang Prabang puis à Vientiane et qu'il fut enfin saisi par le Siam lors d'une guerre à la fin du XVIIIe siècle, et placé à Bangkok où il se trouve encore de nos jours. Le coeur de la question c'est "pas de frontières". "Aucun Etat constitué ne s'appuie sur une absence de frontières" Tu étales ton préjugé. Mais justement affronter l'histoire d'un autre pays, l'histoire thaï en l'occurrence, permet de tordre le cou à ce préjugé. Je remets la main sur le bouquin et je te réponds plus en détail.
  24. En trois phrases, comment pourrait-ce ne pas être "simplifié" ? "Faux" ? Cela m'étonnerait, car je m'appuie sur un bouquin très sérieux. "On a presque l'impression que chacun y trouvait son compte". Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de guerres. Nous t'écoutons. Et montre nous en quoi l'histoire du sanctuaire d'Angkor contredit ce que je dis.
  25. https://www.foreignaffairs.com/india/indian-system-breaking-down (23 juillet 2025) D'après la constitution, le nombre de députés envoyés à New Delhi par chaque État doit être révisé périodiquement en fonction des chiffres du recensement. Mais le processus est bloqué depuis 1973, date où l'on a fixé pour la dernière fois le nombre de députés, sur la base du recensement de 1971. Depuis les États du nord, pauvres, sont devenus proportionnellement plus peuplés et ceux du sud, riches, avec des taux de fécondité moindres, proportionnellement moins peuplés. En revanche le système de péréquation prévu dans la constitution, fait en sorte que les États riches contribuent plus au budget fédéral que les États pauvres. Le gouvernement actuel prépare un recensement en mars 2027, et une révision du nombre de députés pour l'élection de 2029. Muthuvel Karunanidhi Stalin, ministre en chef du Tamil-Nadu (sud) demande à ses administrés de faire plus d'enfants. Le tout sur un fond de suprémacisme nordiste : Le BJP, parti nationaliste hindou, est idéologiquement hostile aux principes de l'accommodement fédéraliste, privilégiant plutôt, pour reprendre le slogan de l'Hindutva « Hindi, Hindu, Hindustan », une identité nationale singulière définie par la religion hindoue et la langue du nord de l'Inde, l'hindi.
×
×
  • Créer...